Avis de tempête

Hurricane Watch

 

 

par Missy Good

 

Traduction : Fryda

 

 

Pour les démentis, voir la première partie.

 

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Partie 3B

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Chapitre 24

 

Il faisait noir lorsqu'ils partirent, après deux arrêts sur la route pour prendre des médicaments, et un autre au Dairy Queen, qui leur fournit, non seulement la glace pour Dar, mais des hamburgers et tout le tralala pour le groupe épuisé. Même Skippy avait laissé ses manières agitées au camp et se joignit à eux, mâchant son hamburger en silence, en essayant d'éviter les regards noirs des trois voyageurs qui souffraient le plus.

 

Steve était resté tranquille après s'être réveillé, ruminant ses griefs en silence et se grattant sans arrêt. La plus grande partie de sa peau nue, tout comme celle d'Eléanor, de Charles et de José, était couverte de plaques rouges, et ils prirent chacun possession d'une grande bouteille de lotion, l'appliquant en couches tellement épaisses qu'ils commençaient à ressembler à des créatures de science-fiction.

 

Mark avait repris sa Harley et roulait devant eux, avec Mary Lou à l'arrière de la moto. Duks et Mariana sommeillaient après avoir fini leur dîner.

 

Dar était affalée dans un siège au fond, mordant des morceaux de chocolat et léchant des gouttes de glace à la vanille avec une expression absorbée sur le visage. Kerry se trouvait dans le siège de l'autre côté de la rangée, avec un énorme sundae au caramel chaud et des cerises.

 

" Tu sais quoi, Dar ? " Elle leva les yeux, suçant un morceau.

 

" Mm ? " Les yeux bleus se levèrent au-dessus du cornet de chocolat à moitié mangé.

 

" On se sent mieux quand on mange de la glace ", admit Kerry. " C'est dû à quoi ? "

 

La jeune femme brune mordilla un morceau de chocolat. " Je n'en ai aucune idée. " Elle mâcha avec contentement. " Et je m'en fiche un peu… je sais juste que quand je me sens à plat, un cornet de glace me fait toujours beaucoup de bien. "

 

" Mm. " Kerry prit une bouchée de caramel chaud. " C'est probablement parce que c'est mauvais pour toi. "

 

" Probablement ", approuva Dar, doucement.

 

Elles mâchèrent en silence pendant un moment. " Qu'est-ce qui va se passer lundi ? " demanda finalement Kerry, tranquillement.

 

" Ne t'inquiète pas pour ça ", répondit sa compagne.

 

" Il va nous faire pas mal d'ennuis. " Kerry montra l'avant du bus. " Ils vont tous en faire. "

 

" Je sais. Ne t'inquiète pas pour ça ", répéta Dar. " laisse-moi m'en occuper. " Elle attrapa une goutte errante de glace avec une langue agile. " J'ai quelques ennuis en réserve dans mon sac moi aussi. "

 

Kerry absorba cela. " Dar… je … je préfèrerais démissionner, plutôt que de te voir traverser tout ça ", dit-elle très doucement.

 

" Je ne veux pas que tu démissionnes ", objecta Dar instantanément. " Laisse-moi arranger ça, Kerry… tu as dit que tu me faisais confiance. "

 

" Et… et bien, oui, c'est vrai… c'est juste que… " La jeune blonde soupira. " Je ne veux pas que tu sois blessée. "

 

Un léger sourire passa sur les lèvres de Dar. " Tout ira bien… oublions ça jusqu'à lundi, d'accord ? "

 

Kerry soupira. " Très bien. " Elle accepta à contrecœur. Mais le dire était plus facile que le faire.

 

 

 

Chapitre 25

 

" Hé Col ! " Kerry surveillait attentivement le trafic en dirigeant la Lexus sur la chaussée Rickenbacker. " Nous sommes rentrées. "

 

" Bon Dieu, ma grande… qu'est-ce qui s'est passé ? " gazouilla Colleen dans le combiné. " Vous ne deviez pas rentrer avant demain après-midi. "

 

" Je sais. " Kerry jeta un coup d'œil à Dar qui s'appuyait contre la portière les yeux à demi-clos. " Nous avons eu quelques ennuis. " Dar avait voulu conduire mais Kerry avait insisté et elle en était très contente à cet instant. Le trajet de retour avait été calme, la plupart d'entre eux sommeillant tout le long, et se dispersant rapidement lorsqu'ils arrivèrent au parking du bureau.

 

" Oh bon sang ", gloussa la jeune femme rousse. " Bon, tout va bien ici… votre chiot a été un ange et je viens juste de paresser au salon à regarder du football américain sur votre merveilleux téléviseur ", lui dit-elle. " Est-ce que vous avez mangé quelque chose ? "

 

" Et bien… pas vraiment ", répondit Kerry. " Continue à traîner… nous prendrons quelque chose en arrivant… ou en tout cas, moi ", ajouta-t-elle. " Dar ne se sent pas vraiment bien. "

 

" Je vais bien ", marmonna la jeune femme brune. " J'ai juste une migraine. "

 

" Oh ? OK.. je vais allumer dans sa chambre alors… " La voix de Colleen diminua un peu alors qu'elle se déplaçait. " Et installer l'édredon… tu veux que je prépare du café ? "

 

" Ce serait génial ", approuva Kerry. " Nous arrivons sur le ferry… on se voit dans un quart d'heure. " Elle raccrocha et posa le téléphone, puis elle fit monter la voiture sur le bateau et la gara, elle couvrit ensuite la main de Dar de la sienne. " Nous sommes presque arrivées. "

 

" Kerry… je vais bien. " Les yeux bleus se tournèrent vers elle. " Vraiment. "

 

" Dar, écoute… nous savons toutes les deux que tu détestes que les gens soient autour de toi, mais tu boîtes et je sais que tu as mal… est-ce que tu pourrais garder le côté 'je suis si coriace que je pourrais mâcher des tableaux de circuits' pour les autres ? " Kerry la réprimanda. " C'est normal de ne pas se sentir bien, pour l'amour de Dieu. "

 

Dar s'affala dans le siège, passant un peu sa lèvre inférieure.

 

" C'est une moue très adorable, Dar… mais ça ne marche pas avec moi. " La jeune blonde sentit un sourire tirer ses lèvres malgré tout. " Je pense que ce serait une bonne idée que tu te changes et que tu t'allonges… est-ce que c'est trop demander ? "

 

La grande femme soupira. " Non… non, tu as raison… " Elle se massa les tempes. " Il me faut de l'aspirine, et un pack de glace pour ce maudit genou, et… " Elle se renfrogna un peu. " Encore de la glace. "

 

Kerry mit le moteur de la Lexus en marche lorsque le ferry accosta, et elle lui fit descendre la rampe, prenant le premier virage avant de se diriger vers l'appartement. " Je pense que nous avons de la glace au moka dans le congélateur ", dit-elle ironiquement. " Bien que tu pourrais peut-être penser à prendre un sandwich au fromage ou un truc comme ça avec. "

 

" Beurk. " Dar tressaillit. " Non.. je… mon estomac n'y est pas disposé… je veux juste de la glace. "

 

Kerry gara la voiture et sortit, elle ouvrit le coffre et attrapa les deux sacs. Elle était un peu inquiète pour sa compagne mais elle savait que bousculer Dar sur son état ne la mènerait nulle part. Mais demain… " Viens… " Elle attendit que Dar la rejoigne à l'escalier, et se retint de lui attraper le bras alors qu'elle montait en boîtant. " Tu es un peu raide, hein ? " commenta-t-elle avec désinvolture.

 

" Oui ", admit Dar à contrecœur. Pour être honnête, c'était un peu plus que raide. L'articulation avait gonflé et marcher lui causait maintenant des élancements de douleur le long de la jambe jusqu'à l'aine. C'était la douleur qui malmenait son estomac, et elle dut se retenir de s'agripper à Kerry pour se soutenir.

 

Elles s'arrêtèrent sur le palier avant de monter les dernières marches, et elles se regardèrent. Kerry ne sut pas plus tard laquelle des deux avait bougé la première, mais en tout cas, elle avait passé le bras autour du dos de Dar, et Dar avait mit son long bras autour des épaules de Kerry, dans une calme reddition qui les surprit toutes les deux.

 

" Merci ", dit Dar.

 

" A ton service ", répliqua Kerry en l'aidant à monter l'escalier. La porte s'ouvrit à leur arrivée et l'accueil amical de Colleen se transforma en une explosion de jurons irlandais colorés lorsqu'elle vit la condition de son amie.

 

" Jésus, Marie, Joseph, Kerry… que diable vous est-il arrivé ? " Colleen retint un Chino remuant et recula pour les laisser entrer. " Qu'est-ce qui est arrivé à ta main ? Et, tu boîtes, Dar ? "

 

" C'est une longue histoire. " Kerry soupira en aidant Dar à aller dans sa chambre. " Laisse-moi mettre les choses en ordre et je te raconterai cette histoire sordide. "

 

Dar s'appuya contre le mur et laissa sa tête tomber en arrière, elle posa son poids sur sa jambe valide et ôta la boucle de sa ceinture.

 

Kerry repoussa doucement ses mains et le fit, libérant la ceinture et déboutonnant ensuite le jean doux et délavé. " Ce café sent bon ", murmura-t-elle en glissant le tissu sur les hanches de Dar avant de le laisser tomber, puis elle emmêla ses doigts dans le tissu léger de la chemise en coton et se pencha en avant pour mettre le nez sur la poitrine de Dar. " Mais tu sens encore meilleur. "

 

Un rire léger. " Heureusement que nous nous sommes douchées avant de partir ", fit remarquer la jeune femme brune ironiquement, tout en mordillant une oreille. " Ou tu n'aurais certainement pas dit ça. "

 

Kerry sourit, l'embrassant légèrement sur les lèvres avant de tourner son attention sur la jambe blessée. " Oh… merde, Dar. "

 

Dar soupira. " Oui… je présume que ça a un peu gonflé. " Elle regarda le genou avec irritation. La peau était gonflée et tendue sur la blessure, et joliment teintée de rouge, de bleu et de pourpre. Elle passa la chemise par-dessus sa tête et la posa proprement sur une chaise proche. " Tu peux me passer mon short ? "

 

Kerry prit son pyjama et le lui tendit, puis elle s'agenouilla et toucha doucement le genou de sa compagne, qui était légèrement plié alors que Dar évitait d'y faire porter son poids. " Dar, ça a vraiment l'air moche. " Elle leva les yeux, jouissant de la vue de manière irrévérencieuse. " Je pense que tu devrais le faire ausculter. "

 

" Nan. " Dar désapprouva. " Ça ira mieux demain… il faut juste le laisser reposer. " Elle tressaillit en pliant la jambe pour passer le short sur sa jambe blessée, puis faillit tomber lorsqu'elle mit son poids sur cette dernière pour enfiler l'autre jambe.

 

" D… " Kerry se leva rapidement, et l'attrapa, la soutenant jusqu'à ce qu'elle réussisse à se mettre debout. " Maintenant tu m'écoutes ", lâcha-t-elle brusquement, en relevant le short de sa compagne, puis elle tira sur l'élastique de la taille pour attirer son attention. " Ça n'ira pas mieux… et demain, tu appelles le Dr Steve. "

 

" Allons, Kerry… ce n'est pas… " Dar s'arrêta alors qu'une douleur fulgurante la traversa, et elle serra la mâchoire. Très bien, peut-être bien que oui. Elle attendit un moment que les étoiles arrêtent de tourner dans sa tête et elle soupira. " D'accord. "

 

Une main douce lui tapota le ventre. " Brave fille. "

 

" Je n'irai pas à l'hôpital ", l'avertit Dar. " Je déteste les hôpitaux. "

 

" Je sais. " Kerry lâcha un sourire. " Voyons ce que dira le Dr Steve… peut-être qu'il pourra te recevoir lundi à la première heure, hm ? "

 

" Lundi, c'est hors de question… nous avons trop de truc à faire ", contra Dar.

 

" Dar. " Kerry lui lança un regard. " Très bien, nous lui demanderons de nous retrouver au bureau demain alors. " Elle fit un sourire narquois et triomphant à sa compagne. " Je suis sûre qu'il fera ça pour toi. "

 

Ouais, il le fera probablement. Dar ronchonna en approuvant. " Et bien, on verra. " Elle redressa un peu sa chemise. " Peut-être que ça ira mieux demain. "

 

Comme une petite fille. Kerry mit un bras autour de sa taille et l'étreignit doucement. " Viens… au lit. "

 

Dar résista. " Je préfèrerais m'asseoir dans le séjour un moment… pour me détendre ", objecta-t-elle. " Par ailleurs, c'est dur de manger de la glace allongée. "

 

Kerry commença à rire. " Toi, quand tu as une idée en tête…" Elle se radoucit. " D'accord… tu peux m'écouter raconter notre triste histoire… et je te donnerai de cette sacrée glace. "

 

La grande femme la laissa l'aider jusqu'au séjour, un long bras passé autour des épaules de Kerry. " J'aime t'écouter raconter des histoires ", dit-elle. " Tu le sais bien. "

 

" Hein ? " La jeune blonde leva les yeux. " Qu'est-ce que tu veux dire ? "

 

Dar garda le silence, réfléchissant à ses mots. " Je ne sais pas.. je pense que j'ai besoin de ce café ", marmonna-t-elle finalement, un peu consternée, regardant Colleen réapparaître de la cuisine. " Merci Colleen. " Elle s'assit sur le divan, et Chino trébucha, grimpant sur ses pieds en piaulant. " OK… OK… " Elle se pencha en avant et souleva le chiot, acceptant les minuscules griffes et la langue enthousiaste.

 

Colleen déposa un plateau avec des tasses et fixa le genou de Dar. " Jésus, Marie, Joseph, on dirait que tu as joué au rugby. " Elle s'assit et tendit les tasses. " Alors… qu'est-ce qui s'est passé ? "

 

Chino remua pour se libérer et alla vers Kerry pour l'accueillir, mettant son museau sur son bras jusqu'à ce qu'elle le soulève et le berce. " Hé, ma chérie… on t'a manqué ? "

 

Chino bâilla en émettant un couinement puis il mordilla le bras de Kerry alors que la jeune blonde lui chatouillait le ventre.

 

Dar se réinstalla dans le cuir confortable et posa sa jambe sur la petite table, sirotant son café en essayant de se détendre. Dans le bus, elle avait fait un petit somme parcouru d'images étranges et de scènes obsédantes qui l'avaient plutôt fatiguée qu'autre chose.

 

" Attends… je reviens tout de suite ", dit Kerry en allant dans la cuisine, déposant Chino sur les genoux de Dar au passage. " Tiens… garde-la une seconde. " Elle sourit lorsque le chiot s'installa immédiatement sur l'estomac de Dar ; la jeune femme brune changea de position, s'étirant sur le divan avant de poser la tête sur l'accoudoir. " Elle a été calme ? " demanda-t-elle à Colleen plus pour combler le silence que pour autre chose.

 

" Plutôt, oui ", répondit Colleen en repoussant ses cheveux cramoisi avec une main couverte de tâches de rousseur. " Elle a été gentille… sauf qu'elle a réussi à mettre la patte sur une banane et que j'ai dû faire la moitié du tour de la Terre pour la récupérer. "

 

Dar sourit et frotta la tête du chiot. " Tu as fait ça ? " Elle regarda Chino pencher la tête, ses oreilles souples tombantes. " Les bananes, c'est sûrement mauvais pour les chiots, hein ? "

 

" Oh oui. " Colleen se mit à rire. " La nôtre en a piqué un régime quand elle était jeune… et elle en a eu les intestins dérangés toute la semaine qui a suivi. " Elle leva les yeux alors que Kerry revenait portant un bol et quelque chose dans l'autre main.

 

La jeune blonde s'agenouilla près de l'endroit où Dar était allongée et lui tendit le bol. " Tiens. " Elle lui tendit l'autre main. " Et de l'aspirine pour le genou. "

 

Dar mit le bol en équilibre sur sa poitrine et prit l'aspirine, l'enfournant au fond de sa bouche avant de la faire passer avec une gorgée de café. " Merci. " Elle posa la tasse et sauva la glace d'une Chino qui reniflait avec intérêt. " Arrête un peu… c'est à moi. "

 

Kerry se mit à rire et se leva. " Tu veux un pack de glace ? "

 

Dar secoua la tête. " Nan ", marmonna-t-elle la bouche pleine de crème glacée , en regardant Kerry retourner à la cuisine, et en revenir avec un bol plein de quelque chose de fumant et une fourchette. " Col, il y en a encore si tu en veux ", dit Kerry en remuant la fourchette vers elle.

 

" Nan… j'ai pris quelque chose juste avant que tu n'appelles, merci ", répondit la jeune rousse. " Maintenant, raconte ton histoire, et je partirai… les chats seront contents de me voir. "

 

Kerry soupira. " Par quoi je vais commencer… " Elle donna une rapide explication du but supposé de ce voyage.

 

" Oh… Seigneur… ils ont envoyé nos cadres à ce genre de truc, et une responsable de branche en est revenue enceinte ", répondit Colleen. " Il n'y en a pas eu d'autre depuis. "

 

Dar rit doucement. " J'ai le sentiment que nous n'en aurons pas beaucoup d'autres après ça non plus. "

 

" Probablement pas. " Kerry lui jeta un regard puis mâcha une bouchée de son reste de poulet séchuan. " Quoi qu'il en soit, nous y sommes allés et… "

 

Il y avait quelque chose de rassurant dans la voix de Kerry, décida Dar en suçant sa glace. Même si elle n'écoutait pas tous les mots, le ton, montant et descendant, plus fort pour marquer un point précis, puis retombant, était doux à ses oreilles, tout comme l'adorable beauté de Kerry était douce à ses yeux.

 

Elle savait que lundi allait être un désastre total. Elle souhaitait presque pouvoir se faire porter pâle, mais Kerry devrait se débrouiller et ce n'était pas juste. Dar prit la dernière bouchée de sa friandise glacée, et elle était sur le point de lécher la cuillère lorsque les yeux marron suppliants qui la fixaient entre ses seins eurent raison d'elle. " Oh… très bien. " Elle leva la cuillère et regarda Chino la nettoyer, une petite tâche de glace barbouillant son nez noir de jais. " Tu aimes aussi la glace, hein ? "

 

Le chiot fit un bruit vorace et rampa, fourrant son museau tout entier dans le bol vide et mettant du chocolat partout sur sa fourrure crème. " Hé… hé… "

 

" Dar, serais-tu en train de donner de la glace à ce chiot ? " La voix de Kerry semblait outragée avec humour. " Je ne peux pas croire ça. "

 

" Ben, non… ce n'était pas mon intention ", protesta Dar en essayant de sortir le chiot du bol. " Hé… sors de là… "

 

Chino finit par abandonner et retira la tête du bol pour se lécher les côtes, puis elle rampa vers le haut et commença à lécher le visage de Dar. " Oooohhh… allons. "

 

Kerry se mit à rire. " Je sais que tu me l'as donnée, Dar… mais il faut que je te dise… je pense que c'est ton chien. "

 

" Non… " Dar réussit enfin à ce que le chiot s'installe sur son estomac. " Ce n'est pas mon chien, c'est le tien… c'est juste qu'elle aime bien s'asseoir sur moi. "

 

" Si tu le dis. " Kerry sourit et reprit son histoire.

 

Dar écouta une minute puis mit le bol de côté et gigota pour se mettre dans une position plus confortable. Elle sentit son corps se détendre enfin, s'installant un peu plus dans le cuir lisse, et elle décida de fermer les yeux pour pouvoir mieux se concentrer sur l'histoire.

 

" Alors, Dar a en quelque sorte nettoyé le plancher avec tous ces types, et nous… " Kerry leva les yeux lorsque Colleen la poussa. " Quoi ? "

 

La jeune rousse lui montra du doigt et sourit.

 

Kerry jeta un coup d'œil et vit sa compagne endormie sur le divan, le chiot sommeillant sur elle, tous les deux l'air aussi satisfait qu'on peut l'être. " Oooohhhh… " Elle ne put s'empêcher de sourire. " Attends… il faut que je prenne une photo… chut… " Elle se leva et se précipita en haut, pour attraper l'appareil sur la commode et redescendre.

 

" Chut… elle va t'entendre ", murmura Colleen en la regardant se faufiler et prendre position.

 

" OK… OK… " Kerry régla la lentille avec expertise, elle voulait la meilleure vue possible parce qu'elle savait que le flash réveillerait probablement Dar. Elle cadra la tête et la poitrine de la grande femme, en même temps que le chiot endormi, et elle appuya sur le déclencheur ; elle entendit le clic et vit l'éclair brillant du flash.

 

Comme prévu, les yeux bleus endormis clignèrent alors qu'elle baissait l'appareil, puis regardèrent la pièce un peu brumeux. " Oh… tu n'as pas fait ça ", grogna piteusement Dar.

 

" Si. " Kerry sourit, la caméra contre elle. " Tu avais l'air siiiii mignonne , je n'ai pas résisté. "

 

Dar se couvrit les yeux d'un bras et soupira.

 

Colleen se mit à rire. " Et bien, il est temps pour moi de partir… il est tard et vous me raconterez le reste demain. " Elle se leva et embrassa Kerry. " Doucement, toutes les deux… et j'espère que ton genou ira mieux demain, Dar. "

 

" Merci. " Dar lui fit un sourire. " Et merci de t'être occupée de Chino. "

 

La jeune rousse leur fit signe et trotta vers la porte, les laissant en face l'une de l'autre. " Tu m'as prise en photo ? " gémit Dar. " Keerrryyy ! "

 

" Oh, allons donc… l'objectif t'adore, et tu le sais bien… tu pourrais être couverte de boue, avec un cochon sur la tête et tu aurais toujours l'air aussi fantastique, alors calme-toi, Dar Roberts. " Kerry mit l'appareil sur la table et alla vers sa compagne, s'agenouillant pour gratter les oreilles de Chino endormie. " Tu es prête à aller au lit ? "

 

" C'est une question ou une invitation ? ", répondit Dar avec un sourire espiègle.

 

Kerry se pencha pour l'embrasser. " Est-ce que ça répond à ta question ? "

 

Dar l'entoura d'un bras et la tira vers elle pour lui rendre son baiser avec enthousiasme. " Oh oui. "

 

Chino bâilla, puis rota, posant la tête le long de la jambe de Dar pour se cacher les yeux.

 

 

 

Chapitre 26

 

Kerry se réveilla avec le soleil sur le visage et elle cligna des yeux vers le réveil. " Mm… c'est dimanche, et je ne suis pas dans une cabane infestée d'insectes au nord, au milieu de nulle part… c'est bien. " Elle était sur le côté et faisait face à la porte, un long bras drapé autour d'elle, appartenant à la femme endormie blottie derrière elle.

 

Elle leva la main et la fléchit, et elle fit une grimace à la tension douloureuse dans ses doigts. " Seigneur… personne ne dit jamais que ça fait mal. Comment font tout le temps ces types à la télé ? " Elle laissa retomber sa main sur l'oreiller, laissant la bonne odeur des draps chauffés par le soleil pénétrer ses poumons.

 

C'était drôle. La plupart du temps, elle pensait à elle commme à cette jeune gamine, surtout au travail, quand elle entrait dans cet immense bureau et devait se pincer et se dire 'Tout ça est à moi'. Et puis, voilà qu'elle était là, à se réveiller dans cet endroit merveilleux, avec cette femme merveilleuse enroulée autour d'elle, et du diable si elle devait encore se pincer et dire 'Tout ça est à moi. "

 

Elle enroula ses doigts autour de ceux de Dar et apprécia la sensation chaude et vivante lorsqu'ils bougèrent sur la peau nue de son estomac, et la légère pression du souffle de Dar contre son dos. Tout ça est à moi. Et comment j'ai fait pour avoir cette chance ? Elle tourna la tête et regarda le visage de sa compagne, ouvert et détendu dans le sommeil.

 

Confiant. Avec un soupçon de sourire. Les cheveux ébouriffés de Dar masquant un œil fermé.

 

Qui s'ouvrit et accueillit la lumière du soleil dans son bleu profond alors qu'elle regardait sa compagne et que le sourcil fin et parfaitement recourbé se dressait. " Quelque chose ne va pas ? "

 

Kerry secoua la tête en silence.

 

Dar se blottit un peu plus et haussa les épaules, puis elle referma les yeux. " Tant mieux… parce que je n'ai pas envie de bouger ", murmura-t-elle.

 

Kerry s'appuya doucement contre elle, en fermant elle aussi les yeux. Dar ne traînait pratiquement jamais au lit et elle soupçonnait que la journée précédente l'avait plus secouée qu'elle ne voulait bien l'admettre, mais si ça lui donnait à elle une excuse pour paresser au lit toute la matinée, de quoi allait-elle se plaindre ?

 

De rien du tout. Elle adorait faire la grasse matinée et elle le faisait à chaque fois qu'elle pouvait. Elle enroula ses doigts plus fermement autour de ceux de Dar et se rendormit.

 

Chapitre 27

 

Dar n'avait vraiment pas envie de bouger. Elle avait finalement trouvé un endroit confortable, son genou était légèrement soutenu par les jambes musclées de Kerry et la douleur avait un peu diminué, lui permettant de dormir.

 

Mais en soulevant une paupière, elle vit que la matinée était avancée, et elle savait bien qu'il fallait au moins s'occuper de la pauvre Chino. Elle regarda Kerry toujours endormie et sourit légèrement, savourant l'expression de plaisir enfantin que celle-ci avait toujours lorsqu'elle rêvait. Dar se dégagea lentement et roula sur le dos, étirant sa jambe avec précaution.

 

Ooh. Elle expira de dégoût. Cette fois-ci, c'est sérieux. Elle repoussa l'édredon et regarda son genou d'un sale œil, notant l'étendue de l'hématome, et le gonflement continu de l'articulation blessée. Elle le leva avec hésitation, un peu encouragée par le fait qu'elle pouvait le plier un peu plus que la veille, et que les élancements aigus semblaient s'être transformés en une douleur plus sourde.

 

Elle roula sur le côté avec un soupir et se mit sur le bord du lit à vagues, se soulevant hors de sa chaleur confortable en utilisant principalement ses bras. Puis elle mit avec précaution un peu de poids sur la jambe, et tressaillit, retenant sa respiration et s'agrippant à la commode.

 

Merde de merde de merde. Elle boita lourdement tout autour de la commode, et enfila un short en s'asseyant sur le bord du lit. Puis elle fouilla dans le tiroir du bas et y trouva une vieille genouillère qu'elle utilisait autrefois lorsque ceci était quasiment quotidien. " Bon… c'est mieux que rien ", murmura-t-elle en l'examinant, puis elle l'enfila et l'ajusta sur l'articulation.

 

Elle se releva et se rendit compte qu'elle pouvait mettre un peu plus de pression sur la jambe, assez pour qu'elle puisse marcher, en boitant cependant, et elle alla dans le séjour après avoir enfilé un sweat-shirt coupé court. Chino l'entendit arriver et elle commença à sautiller, poussant des cris plaintifs jusqu'à ce que Dar la laisse sortir de la buanderie. " Viens ma mignonne. " Elle ouvrit la porte de derrière et laissa sortir le chiot ; elle alla ensuite sur le porche pour regarder l'animal bondissant courir autour de la petite zone clôturée, et dépenser une énergie mentale immense à choisir un endroit pour se soulager.

 

" Un autre exemple de la supériorité mentale humaine ", dit Dar au chiot. " Nous ne perdons pas de temps à choisir l'endroit où pisser. " L'air frais remua les manches courtes de sa chemise et effleura la peau nue de son estomac, et elle prit un moment pour respirer l'air salé en s'étirant dans la lumière chaude du soleil.

 

Puis elle passa la main dans ses cheveux en désordre et rentra en boitant, suivie par le chiot affamé, qui bondit dans toute la cuisine jusqu'à ce que Dar prenne la cuillère et lui serve de la nourriture. " Oooh… oooh… doucement, Chino… mâche, d'accord ? Ne t'étouffe pas. " Elle regarda l'animal dévorer la nourriture comme une sorte d'aspirateur animé, gloussant alors en secouant la tête.

 

Puis elle se retourna et s'appuya sur le comptoir en démarrant la cafetière. " Voyons, Chino… est-ce qu'on a quelque chose pour le petit déjeuner ? " Elle ouvrit le placard et prit une boîte bleue brillante, la secouant légèrement. " Hé… et si je faisais une surprise à ta maman pour le petit déj ? "

 

Chino se retourna et la regarda, puis elle renifla et se remit à manger.

 

" C'est facile de critiquer ", répliqua Dar avec un grognement. " D'accord, je ne suis pas Paul Bocuse... mais je peux préparer un petit déjeuner. " Elle jeta un coup d'œil dans le réfrigérateur. " Je suis sûre que je peux le faire… je dirige une division de plusieurs milliards de dollars, bon sang… je peux trouver comment marche un grille-pain. "

 

Chino aboya vers elle.

 

" Est-ce que tu te moques de moi, Mademoiselle Petitchien ? " Dar mit la main sur sa hanche et lança un regard noir à l'animal. " On verra bien si je vais te donner des friandises aujourd'hui. " Elle boita dans la cuisine et sortit le pain et le beurre, ainsi que de la confiture. " OK… je peux me débrouiller pour les toasts… tu crois que je saurais faire des pancakes ? "

 

Chino écarquilla ses doux yeux marron.

 

" Non… tu as sûrement raison… il vaut mieux s'en tenir à quelque chose de simple, comme des œufs ", décida Dar, en sortant une boîte. " Elle les aime brouillés… on met combien d'œufs pour faire ça " Elle inspecta les objets blancs et ronds. " Hmmm. ils ont l'air petits… cinq ou six, je pense, hein ? " Elle sortit les œufs et les mit sur le comptoir où ils roulèrent légèrement. " Bon… est-ce qu'on a… " Elle regarda dans le congélateur. " Ah… oui. " Elle sortit un paquet de saucisses congelées. " Faire dorer et servir… déjà cuites… c'est bien. Personne n'aura le botulisme à cause de moi. " LOL

 

Le chiot aboya puis remua la queue.

 

" Pas de commentaire du dernier rang. " OK… il me faut deux poêles, un plat pour les œufs, et quelque chose à y ajouter. " Elle regarda dans le placard. " Non… pas du gruau, c'est pas une bonne idée… la dernière fois que j'en ai fait, j'ai dû finir par jeter tout le pot. " Elle rit d'elle-même d'un air ironique, en sortant les deux poêles et un bol. " OK… tout d'abord, il faut casser les œufs. "

 

Elle cassa les coquilles blanches et vida leur contenu dans le bol, en faisant attention de ne pas y mettre de morceaux. " Non… Kerry a suffisamment de calcium comme ça… elle n'a pas besoin de ces petits trucs craquants. " Elle prit une fourchette et remua les œufs après avoir percé les jaunes pour les faire saigner dans les blancs. " Est-ce que je dois y mettre quelque chose ? " Elle regarda les épices avec doute. " Mm… peut-être juste une pincée de sel et de poivre. " Elle fit tomber un peu des deux épices et continua à remuer. " OK… ça a l'air bon. "

 

Elle alluma deux plaques et mit les poêles à chauffer. " Je me demande s'il faut y mettre quelque chose ? ". Elle se rappela avoir vu une émission culinaire de Louisiane sur un de ses derniers vols et elle se souvint que le chef mettait la moitié d'une motte de beurre. " Oh… oui… quelque chose qui empêche que ça colle… d'accord. " Elle boita jusqu'au réfrigérateur et en retira le beurre, puis elle en coupa un morceau honorable et le mit dans la poêle. Il grésilla immédiatement et l'éclaboussa. " Ouille ! "

 

Chino aboya et alla se cacher sous la table.

 

" OK… OK… " Dar remua le beurre et le regarda fondre. " Ils ont oublié de prévenir que ça fait ça, hein ? " marmonna-t-elle en versant les œufs avant de baisser la flamme. Puis elle versa le contenu du paquet de saucisses dans l'autre poêle.

 

" Je pense que je maîtrise la situation, Chino ", dit Dar en remuant les œufs avec une cuillère en bois. " Ouais… c'est parti… de l'état liquide à celui de marmelade. " Elle fit une pause et prit une fourchette pour retourner les saucisses lorsqu'elles commencèrent à grésiller. " Hé… ça sent plutôt bon, hein ? " Elle baissa les yeux pour voir le chiot collé à son pied. " Oh… oui, je présume que ça sent bon. " Elle remua encore les œufs. " Ah… du stade marmelade au stade mousseux. " Elle retira triomphalement la poêle de la plaque. " Ouille ! " Elle la laissa retomber et éteignit le feu rapidement. " Bon Dieu… c'est brûlant. "

 

Elle fouilla pour trouver une pince puis réussit à retirer la poêle du feu, faisant tomber les œufs sur une assiette. " OK… jusque là, c'est bon. " Elle tourna son attention vers les saucisses, les piquant avec hésitation. " Bon, elles ont l'air cuites. " Elle les retourna. " Oh… roussies, je comprends… faire roussir et servir. Ça doit être ce qu'ils appellent roussi. "

 

Elle les laissa cuire encore un moment et mit quelques morceaux de pain dans le grille-pain, avant de l'allumer. " Bon, ça je ne peux pas le rater. " Elle hocha brusquement la tête vers le grille-pain. " Kerry a sécurisé les contrôles après que ce maudit petit pain a déclenché l'alarme. " Elle retourna encore les saucisses plusieurs fois pendant que le pain grillait, puis elle les ajouta à l'assiette d'œufs, et attrapa le pain lorsqu'il bondit. " Hé… on s'en sort bien, Chino… plutôt bien… et j'ai même réussi à ne pas… "

 

Un léger raclement de gorge interrompit son monologue et elle leva les yeux, surprise, pour voir Kerry appuyée au chambranle de la porte, un léger T-shirt la couvrant jusqu'aux cuisses, ses cheveux en désordre autour du visage. " Qu'est-ce que tu fais ? "

 

Dar sentit un sourire stupide passer sur son visage alors qu'elle regardait sa compagne encore à moitié endormie, qui l'observait d'un air paresseux de dessous ses cils blonds. " Hum… "

 

Kerry entra dans la cuisine et jeta un coup d'œil à l'assiette pleine qui fumait légèrement. " D'où est-ce que ça vient ? "

 

Dar tendit l'assiette. " C'est moi qui l'ai fait ", annonça-t-elle fièrement. " J'allais te faire une surprise au lit, mais… hum… "

 

Kerry prit un morceau d'œuf et le mordilla. " Mm. " Elle lança un regard de surprise ravie vers Dar. " C'est très bon. " Elle prit l'assiette des mains de son amie et la posa sur le comptoir en laissant son regard balayer le corps de Dar.

 

J'ai conclu des contrats de millions de dollars qui ne m'ont pas fait cet effet, pensa Dar dans un moment de clarté tranquille. " J'ai préparé des toasts. " Elle bougea un peu embarrassée pour prendre le pain, et elle sentit une main chaude sur sa peau nue. " Hmmm ? "

 

" Tu veux que je te dise ? " Kerry se pencha en avant et lui embrassa doucement le nombril. " Je vais emporter ça dehors, et toi… " Elle lui tendit le portable, " Tu appelles le Dr Steve. " Elle laissa tomber sa main pour toucher la genouillère. " D'accord ? "

 

" Hum… ça va bien mieux aujourd'hui ", objecta Dar avec espoir. " Vraiment… Kerry… je t'assure… cette genouillère arrange vraiment les choses. "

 

Les yeux vert océan se levèrent pour la regarder.

 

Dar soupira. " Très bien… " Elle regarda sa compagne emporter l'assiette sur le balcon et elle boita à sa suite, contente de s'installer dans une des chaises-baquets avec la brise salée, alors que Kerry repartait chercher le café et des couverts. Elle réfléchit un moment puis composa un numéro, elle attendit que le service lui réponde. " Allô… oui, s'il vous plaît. " Elle attendit. " C'est pour le Dr Steve… je vous laisse mon numéro. " Elle le donna ainsi que son nom. " Je me suis un peu cogné le genou hier et je voulais juste lui en parler. " Elle écouta un moment. " OK, merci. " Elle raccrocha alors que Kerry s'installait dans sa chaise. " Tu es contente ? "

 

Kerry mit un morceau de saucisse sur sa fourchette et le lui offrit. " Dar, ça ne sert à rien que tu sois malheureuse, n'est-ce pas ? " Elle regarda sa compagne mâcher la saucisse et l'avaler. " Quoi, pas de gruau ? "

 

" Je sais, et non… je ne voulais pas tenter la chance ", l'informa Dar. " C'était déjà à la limite de mes compétences. "

 

Un léger rire. " En tout cas, c'est très bon… je suis impressionnée. " Elle prit des œufs avec sa fourchette. " Bons et mousseux, et pas de coquilles… parfaits. "

 

Dar étudia ses mains. " Je regardais mon père les faire ", dit-elle calmement. " C'était l'une de ses rares spécialités et il ne les faisait pas pour tout le monde… juste pour les gens qu'il aimait vraiment beaucoup, beaucoup. "

 

Kerry mâcha avec satisfaction. " Oh… est-ce que c'est comme ça que je sais que je suis totalement acceptée ? " Ses yeux brillèrent. " Parce que tu me prépares le petit déjeuner ? "

 

Un sourire pensif marqua les lèvres de Dar. " Je ne sais pas… tu es la première personne pour qui je le prépare. " Le téléphone sonna et elle le prit. " Allô ? "

 

Kerry s'était arrêtée, la fourchette dans la bouche alors qu'elle en suçait les dents. Les œufs prirent un nouveau goût alors qu'elle absorbait les mots que venait de prononcer Dar. Ceci n'avait rien à voir avec la nourriture mais plutôt avec la volonté de Dar de l'accepter comme un élément de sa vie. Une partie d'elle-même.

 

" Oui.. bonjour, Dr Steve. " Dar se pencha en arrière et posa son pied avec précaution sur le balcon, étudiant la chair bleuie autour de la genouillère. " Non… je… nous avons fait un peu de randonnée au nord de l'état hier, et nous avons eu un petit accident… je me suis horriblement tordu le genou et il est en train de prendre toutes sortes de couleurs dégueulasses. "Une pause pendant que la jeune femme brune écoutait. " Non… non, pas d'hôpital… ce n'est pas si méchant, juste un peu douloureux. " Une autre pause. " Non… et bien, oui. " Un soupçon de résignation entra dans la voix de Dar. " Oui… ça l'est… non, je ne peux pas. " Une pause plus longue, pendant laquelle les épaules de Dar s'affaissèrent. " D'accord… oui… non, je vous retrouverai là-bas. " Elle soupira. " Oui, une heure c'est bon… d'accord, au revoir. " Elle raccrocha et lança un regard désabusé en direction de Kerry. " Bon, il veut faire une radio. "

 

" Un bon point pour lui ", répondit Kerry. " Je pense que c'est une idée géniale. " Elle tendit une fourchette d'œufs à Dar. " Nous le voyons dans une heure ? Bien… j'avais hâte de le rencontrer. "

 

Un sourire hésitant passa sur le visage de Dar. " Lui aussi voulait te rencontrer ", admit-elle. " Oh bon… au moins c'est juste son cabinet. " Elle se pencha en arrière et laissa le soleil inonder son corps. " Qu'est-ce qu'il pourrait bien me faire au pire, hein ? "

 

Chapitre 28

 

Dar s'assit calmement sur la table d'examen, s'appuyant sur ses mains alors qu'elle regardait son genou d'un air morose. Le Dr Steve avait fait ce qui semblait être une centaine de radios et se trouvait maintenant dans son sanctuaire, à faire ce qu'il fallait pour qu'elles lui parlent. Au moins, elle n'avait pas à porter cette maudite blouse parce qu'il s'agissait de son genou, après tout, et qu'elle portait un short.

 

A sa demande, Kerry l'avait déposée et était allée chercher des trucs dont elles avaient besoin ; elle avait promis à Dar de lui apporter une friandise pour la récompenser d'avoir été si gentille, et de revenir rapidement la chercher. Un son l'alerta et elle leva les yeux pour voir entrer le Dr Steve, en fête dans sa chemise de golf bleu-vert et son bermuda. " Alors… c'est mauvais ? "

 

" Dar, pourquoi penses-tu toujours au pire ? " Le Dr Steve remua un doigt dans sa direction. " Tu es tellement pessimiste… et où est donc ce charmant parangon de vertu qui t'accompagne ? "

 

La jeune femme brune étudia ses mains. " Si vous vous attendez au pire, quand il n'arrive pas, vous êtes plaisamment surpris ", dit-elle au docteur. " Et Kerry sera là dans une minute. "

 

" Mmhmm… bien. " Il accrocha deux radios et alluma. " Bon… redis-moi comment tu t'es fait ça ? " Il traça la zone avec son crayon. " Tu as une compression de l'articulation ici, et ici, et tu t'es étiré les tendons ici et ici… on dirait que tu as cogné une voiture. Tu n'as pas fait ça, n'est-ce pas ? "

 

Dar soupira. " Non... nous avons été surpris par un affaissement de terrain… je suis tombée d'environ quinze mètres, je crois… et j'ai mal atterri. " Elle descendit du divan et avança en boitant. " Il y a quelque chose de cassé ? "

 

Le docteur étudia la radio avec précaution. " On ne dirait pas, ma grande. " Il tapota le bras de Dar. " Tu as eu de la chance… ça aurait pu être méchant… tu aurais pu avoir besoin d'une opération. "

 

Dar tressaillit. " Mm… bon qu'est-ce que je dois faire ? Juste prendre de l'aspirine jusqu'à ce que la douleur s'en aille ? " Elle boita pour retourner au divan et se souleva pour soulager sa jambe.

 

" Oh non… tu n'auras pas cette chance, Dar… " Le Dr Steve se mit à rire. " Je vais te mettre une genouillère serrée et te donner des béquilles. "

 

" Non non… pas de béquilles ", objecta Dar immédiatement. " Je déteste ces trucs. "

 

" Dar… "

 

Ils se retournèrent tous les deux au bruit léger frappé à la porte. " Entrez ", cria le Dr Steve en souriant lorsque la porte s'ouvrit et que Kerry passa sa tête blonde. " Bonjour. " Il rayonna. " Entrez… entrez… "

 

Kerry entra et lui fit un sourire hésitant à son tour alors que son regard allait vers Dar. " Comment ça va ? "

 

Dar soupira. " Kerry, je te présente le Dr Steve. " Elle leva la main et fit un geste vers le docteur. " Steve, voilà Kerry. "

 

" Ravie de vous rencontrer. " Kerry tendit la main et rendit sa poignée ferme au docteur.

 

" Ah… c'est bon de vous rencontrer, Kerry… vous n'imaginez pas à quel point. " Le docteur lui rendit son salut. " Bon, peut-être que la personne qui sait amener un sourire sur ce visage de chat borné m'aidera à la convaincre d'utiliser une simple paire de béquilles, hein ? "

 

" Hé ! " Dar fronça les sourcils.

 

" Dar, est-ce que tu ferais des difficultés ? " Kerry se mit à rire doucement et alla vers sa compagne, elle s'appuya sur le divan et posa une main sur la cuisse de Dar. " Qu'est-ce que vous voulez qu'elle fasse ? " demanda-t-elle au docteur.

 

" Et bien, c'est pas mal gonflé par ici, et il y a des sécrétions ", expliqua brusquement le Dr Steve. " On peut s'en débarrasser de deux façons… soit nous attendons et laissons Dar se reposer pour voir si son corps les absorbe, soit… " Il leva une longue aiguille creuse.

 

Dar écarquilla les yeux mais elle ne dit rien.

 

" Alors je voulais mettre une genouillère pour tenir tout ça en place, et convaincre mon amie ici présente de ne pas toucher à ce maudit truc et de lui donner une chance de guérir. "

 

Kerry le regarda puis Dar. " Et alors… quel est le problème ? "

 

Sa compagne soupira. " Je déteste les béquilles ", grogna-t-elle. " Je me suis cassé la jambe quand j'étais en fac et j'ai dû me coltiner ces trucs pendant quatre mois… ça m'a rendue dingue. "

 

" Ah... bon, Dar… nous parlons d'une semaine, là, hmmm ? " Le Dr Steve tenta de la persuader. " Allons… c'est soit ça, soit rester au lit. "

 

Un léger sourire d'elfe rida le visage de Kerry et amena une étincelle dans ses yeux. " Hmm… " Puis elle rit. " Pense à ça comme à un plus stratégique, Dar… si tu arrives au boulot avec des béquilles, ça va tous les désarçonner. "

 

Les yeux bleus la regardèrent avec une expression maussade.

 

Kerry soupira. " D'accord… alors prends-le comme ça… si tu te montres avec des béquilles, et qu'ils t'ennuient, tu pourras les cogner sur la tête pendant la réunion du comité exécutif. " Elle fit une pause pour voir l'effet de ses mots, et elle vit un sourire grognon arriver sur le visage de Dar. " Ce n'est que pour une semaine. "

 

Dar soupira. " Bon… ça me donnera une excuse pour venir au bureau en jean… je ne porterai sûrement pas une jupe et une veste avec une genouillère et des béquilles. " Elle finit par s'adoucir. " Il faudra qu'ils fassent avec, puisque c'est arrivé pendant leur maudit voyage. "

 

" Tu vois ? Pas de problème. " Kerry se retourna et fit un clin d'œil au Dr Steve. " Et maintenant ? "

 

Le docteur rit doucement. " Allonge-toi, Dar… je vais te mettre cette genouillère et te donner un moment pour t'y habituer. " Il sortit et revint avec une genouillère blanche en coton à l'aspect robuste, la glissa sur la jambe de sa patiente contrariée et la positionna sur la blessure. " Heureusement que tu gardes ça en bonne condition. " Il frappa des phalanges sur sa cuisse. " Je pense que c'est pour ça que ta jambe est restée en un seul morceau. " Il serra les sangles et tira sur les lanières en velcro, ajustant les petits lacets sur le côté pour la faire bien tenir. " Voilà… comment c'est ? "

 

Dar fléchit les muscles de sa cuisse et leva la jambe, puis elle la laissa retomber et se mit en position assise, pliant l'attelle raide avec difficulté. " C'est serré. "

 

" C'est censé être serré", lui dit joyeusement le Dr Steve. " Très bien… je vais chercher des béquilles… tu préfères le bois ou l'aluminium ? "

 

" Le bois ", répondit Dar d'un air absent alors qu'elle tripotait la genouillère. Elle lui jeta un coup d'œil quand il sortit puis son regard croisa celui de Kerry. " Je suis chiante, hein ? "

 

" Humm… non… ben… " Kerry s'éclaircit la voix. " Je pense qu'admettre une faiblesse est vraiment dur pour toi, Dar. " Elle traça une ligne minuscule le long des poils fins et doux du bras de Dar. " Je sais que ça t'ennuie, surtout pour le bureau, et surtout cette semaine, qui va être rude. "

 

Elle avait raison sur tous les points, reconnut Dar en silence. " Et bien, je ferais mieux de m'habituer un peu à ces maudits machins… est-ce que ça te dirait d'aller déjeuner et de faire une petite marche sur la plage ? " proposa-t-elle.

 

Les yeux de Kerry s'allumèrent. " Bien sûr… que dis-tu d'un brunch chez Joe, puis nous pourrons marcher sur la passerelle. " Elle avait développé un certain goût pour les coquillages frais depuis qu'elle avait commencé à vivre avec Dar, et elle salivait un peu en imaginant le buffet du brunch. Et, décida-t-elle vertueusement, c'est bon pour toi.

 

" Ça me va ", acquiesça Dar alors que le Dr Steve revenait avec des béquilles en bois, qu'il tendit à sa victime. " Laisse-moi d'abord ajuster ça. " Elle retourna les béquilles et libéra l'ailette qui retenait le pignon pour ajuster leur hauteur. " OK… " Elle posa le bout sur le sol et se leva en les plaçant sous ses bras. " Il y a autre chose, Dr Steve ? "

 

Il l'étudia. " Tu veux quelque chose contre la douleur ? " proposa-t-il.

 

Dar réfléchit. " Non ", décida-t-elle finalement avec un soupir pensif. " J'ai tendance à me reposer un peu trop là-dessus… ce n'est pas une bonne idée ", répondit-elle honnêtement. " Je vais m'en tenir à l'aspirine. "

 

Steve lui tapota le côté. " Brave fille. " Puis il tira les cheveux blonds de Kerry. " Vous vous occupez bien d'elle, d'accord ? " Il lui prit la main puis s'arrêta, l'observant. " Et qu'est-ce que vous vous êtes fait ? " Il leva les yeux. " Vous êtes tombée dans ce trou, vous aussi ? "

 

" Hum… pas exactement. " Kerry se massa l'oreille. " Je… hum… j'ai cogné quelque chose. "

 

Elle a cogné quelqu'un ", dit Dar pour l'aider.

 

Le Dr Steve dressa les sourcils. " C'est vrai ? " Il rit de surprise, en la tirant vers la lumière. " Venez… laissez-moi jeter un œil. "

 

Le regard direct de Dar défiait Kerry de protester et la jeune femme blonde soupira simplement, puis se laissa faire, tressaillant lorsque le docteur toucha des points très douloureux. " Ouille. "

 

" Vous pouvez fermer la main ? " demanda-t-il.

 

" Hum… pas vraiment ", confessa Kerry en bougeant les doigts autant qu'elle le pouvait. " Pas plus que ça… après ça fait vraiment mal. " Elle fut conduite vers la plate-forme de radiographie et entendit le rire léger de Dar. " Au moins, je ne discute pas ! " cria-t-elle par-dessus son épaule alors que le Dr Steve positionnait la machine.

 

Elles sortirent enfin dans la rue ensoleillée, Dar manœuvrant ses béquilles avec précaution, et Kerry se tenant une main qui portait maintenant un fin plâtre en fibre de verre. " Je n'avais aucune idée que c'était cassé ", se plaignit la jeune blonde. " Ça ne faisait pas si mal. "

 

" Ah… j'en aurai fini avec ça avant toi ", la taquina Dar avec un sourire.

 

" Ouais, ouais, ouais… " Kerry soupira en examinant le plâtre. " Mais il faudra que tu le signes… c'est le premier que je porte. " Elle remua les doigts. " Je suis contente que ce ne soit que des petites fêlures. " Elle repoussa son agacement et regarda devant elle. " Viens… j'entends des grosses crevettes sympas qui m'appellent par là. "

 

Elles descendirent lentement la rue, s'évadant de la foule du dimanche qui allaient et venaient, les plus jeunes étaient surtout là pour être vus et les plus vieux pour regarder, certains avec appréciation, d'autres secouant la tête de désespoir moqueur à la vue des vêtements et des comportements scandaleux.

 

Kerry regardait les gens autour d'elle, elle fit un pas de côté alors que deux très jeunes gens et un homme très athlétique passèrent à toute vitesse sur leurs patins, leurs shorts très courts révélant pratiquement leur religion. Kerry se mit doucement à rire et secoua la tête, puis s'excusa lorsqu'elle faillit percuter deux femmes qui traversaient la foule. Elles lui sourirent puis leurs yeux traînèrent et Kerry rougit un peu aux regards approbateurs en baissant les yeux.

 

" Quelque chose ne va pas ? " demanda Dar en jetant un coup d'œil au couple qui s'éloignait.

 

" Hum… non, non… j'ai juste… " Kerry tira sur son T-shirt blanc serré et ajusta la boucle sur son short bien repassé. " Elles… hum… "

 

" Elles te regardaient ? " Les yeux de Dar brillèrent et elle baissa la voix. " Ne leur en veux pas… tu es vraiment mignonne. " Elle laissa ses yeux traîner sur le corps de sa compagne jusqu'à ces cheveux tirés en arrière dans une tresse.

 

Kerry redressa un peu ses épaules sous ce regard et jeta un coup d'œil à son amie. " Alors pourquoi est-ce que tout le monde ne te regarde pas ? " Elle montra le short en jean délavé de Dar et son polo cramoisi. La grande femme portait également sa casquette de base-ball préférée qui retenait ses cheveux noirs en arrière, et contenait la queue de cheval.

 

" Ah, ah… fixer une estropiée est de mauvais goût ", lui dit Dar avec hauteur. " Détends-toi… regarder est un passe-temps par ici… que ça ne te gêne pas. " Elle manœuvra pour contourner des tables de café sur le trottoir ; elle était en fait assez contente d'épargner son genou, qui avait commencé à l'ennuyer vraiment même pendant la courte marche de la voiture au cabinet du médecin. Et une semaine, ce n'était pas si mal, surtout si ça permettait d'éviter cette énorme aiguille d'un mètre quatre-vingts. Dar frissonna involontairement.

 

" Hé vous ! " Une voix étrange attira leur attention et elles s'arrêtèrent pour éviter de se cogner dans une grande rousse accompagnée d'une femme plus petite aux cheveux blond cendré. " Comment ça va ? "

 

Ah… Dar remua son plateau mental et les replaça. La chef de chœur et son amie de l'église. " Pas mal et vous ? " répondit-elle poliment. " Nous avons reçu le bulletin l'autre jour… merci de nous l'envoyer. "

 

" Pas de problème. " La femme rousse sourit. " Qu'est-ce qui vous est arrivé ? " Elle montra la jambe de Dar. " Un accident de voiture ou quoi ? "

 

" Presque . " Kerry sourit largement. " Bonjour, Anne… c'est une jolie chemise. "

 

La jeune femme blonde lui sourit. " Merci… vous alliez où ? Juste jeter un œil ? " Elle évita le trafic. Les deux femmes portaient des jeans et des T-shirts du Festival d'Art du mois précédent, et elles semblaient de bonne humeur.

 

" Nous allons chez Joe pour déjeuner… puis marcher. Dar essaie de s'habituer à ses béquilles ", expliqua Kerry en jetant un coup d'œil autour d'elle. " Et vous ? "

 

Anne haussa les épaules. " Nous nous baladions… ça vous ennuie si on se joint à vous ? " Elle poussa sa compagne. " Liz disait justement qu'elle avait faim. "

 

Kerry jeta un coup d'œil au visage de Dar essayant de juger son sentiment sur le sujet. La grande femme avait une expression d'intérêt mitigé et elle ne sentit aucune objection violente. " Bien sûr… ce serait sympa… vous pourrez me parler de ce programme d'arts dont parlait le bulletin. "

 

Elles marchèrent lentement par égard pour le genou de Dar jusqu'au restaurant, et elles s'assirent à une table près de la fenêtre, avec une jolie vue sur l'eau. " Tu restes là. " Kerry mit la main sur le bras de Dar. " Je vais te chercher une assiette… d'accord ? "

 

Ce n'était pas du goût de Dar mais même elle dut reconnaître que d'essayer de jongler avec une assiettes et des béquilles serait stupide. " D'accord ", elle accepta, se penchant en arrière pour étirer les muscles de son dos tendus par la pression inhabituelle. Elle regarda par la fenêtre jusqu'à ce que les autres reviennent ; Kerry posa une assiette devant elle, puis alla s'en chercher une. Anne et Liz s'assirent et posèrent des serviettes sur leurs genoux. " Alors, Dar... qu'est-ce qui est arrivé à ta jambe ? " demanda Anne en prenant de la pâte de crevette avec sa fourchette.

 

" Nous faisions de la randonnée… nous avons eu un petit problème avec un affaissement de terrain ", répondit Dar brièvement en choisissant un morceau de crabe froid pour le tremper dans la sauce à la moutarde. " Et comment va le chœur ? " demanda-t-elle poliment à Liz.

 

" Mmm… il irait bien mieux si je pouvais te convaincre de te joindre à nous ", dit Liz en prenant une gorgée de son thé sucré.

 

Dar sourit rapidement, acceptant le compliment. " Mon boulot m'empêche de m'engager dans ce genre de chose ", expliqua-t-elle. " Et je suis souvent en déplacement. " Elle leva les yeux au retour de Kerry, qui s'installa dans la chaise près de la sienne avec une assiette joliment remplie. " Tu as assez de crevettes, là ? " Elle la taquina doucement, souriant lorsque Kerry passa rapidement la langue.

 

" Alors… " Kerry prit un morceau de pain à l'ail. " Parlez-moi de votre programme d'art… il y a quelques cours auxquels j'aimerais vraiment participer… celui sur la peinture à l'huile par exemple. "

 

Anne se lança dans une explication enthousiasmée et Liz ajouta quelques commentaires, laissant Dar écouter et consommer l'assiette que Kerry avait apportée. La jeune femme blonde rit à certains des commentaires, et toucha souvent le bras de Dar en répliquant elle-même, et Dar se contentait d'offrir de brefs signes de tête et des réponses courtes aux deux autres femmes.

 

" Ah… Dar, il faut que je te donne de ça ", Kerry l'interrompit en remuant une langoustine . " Tu vas vraiment aimer ça… tiens… " Elle arracha une queue et la trempa dans du beurre puis l'offrit à sa compagne. Dar sourit aimablement et se pencha pour la prendre proprement entre ses dents et la mâcher judicieusement. " Alors ? "

 

" C'est bon ", approuva Dar alors que tout le monde riait. Un mouvement attira son œil et elle tourna la tête pour voir un photographe qui faisait le point sur l'une des tables extérieures, mesurant les angles avant de prendre une photo. Il cherchait probablement des célébrités, songea la jeune femme brune, alors qu'elle repoussait l'image de l'homme en pantalon de toile et retournait à son déjeuner.

 

A suivre - 4èmepartie.

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