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hurricanewatch4B

Page history last edited by Fausta88 14 years, 9 months ago

Avis de tempête

Hurricane Watch

 

 

par Missy Good

 

Traduction : Fryda

 

 

Pour les démentis, voir la première partie.

 

**********

Partie 4B

**********

 

Chapitre 38

 

Ils étaient tous les deux un peu nerveux et un peu gênés pour parler, Dar s'en rendit compte, alors qu'ils étaient tranquillement assis, elle étendue sur le divan avec Chino sur l'estomac, et lui sur la bergère, le dos tourné à la fenêtre, le visage dans l'ombre sous sa capuche de sweat-shirt. Et bien, aucun d'eux n'était vraiment fort en conversation… mais il fallait bien que quelqu'un commence. " Tu… as un endroit où aller ? " demanda-t-elle calmement, en faisant tourner un verre de lait au chocolat.

" Quelques-uns ", répondit son père. " Ici, là… tu sais. " Il la regarda en silence pendant un moment. " Je fais des petits trucs ici ou là… ils me donnent cette carte. " Il sortit un petit portefeuille de sa poche à la ceinture et montra une plaque argentée qui ressemblait à une carte de crédit. " Je mets tout là-dessus… ils s'en occupent. "

Dar hocha lentement la tête. " A cause de maman ? " hasarda-t-elle, en se souvenant des méthodes parfois obscures, parfois insondables du gouvernement.

" Ouais. " Il remit le portefeuille à sa place. " Elle reçoit ma retraite… les avantages sociaux… c'est ce que je voulais. Ils s'occupent de moi. " Sa voix semblait mettre un point final à la question.

Très bien, deuxième round. Ding ding. Dar hocha de nouveau la tête en jouant avec une des oreilles douces de Chino. Puis elle leva les yeux et étudia son visage, regardant pensivement les cicatrices qui tordaient la chair dans un masque presque méconnaissable. " Qu'est-ce qui s'est passé ? " Elle s'interrompit. " Si tu peux en parler. " Puis elle attendit simplement.

Il réfléchit un bon moment. " C'est juste un coup qui a mal tourné ", dit-il finalement, presque sans émotion. " Nous sommes allés vérifier des trucs sur une arme chimique… c'était un coup monté… trois gars sont morts, et j'ai fini en souhaitant être l'un d'eux. "

Dar réfléchit à ça. Parler d'émotions et de sentiments était quelque chose à quoi ils étaient franchement mauvais, et elle le savait, mais… " Je ne vais le dire qu'une seule fois ", dit-elle doucement. " Maman se ficherait pas mal de ce à quoi tu ressembles. "

Il étudia ses mains en silence. " Je sais ", admit-il en gardant le silence un moment. " Elle ne voulait pas que j'y aille cette fois-là ", finit-il par ajouter tranquillement.

" Je m'en souviens ", dit Dar doucement dans un soupir. " Mais je pensais que… " Ils avaient fini par s'entendre… du moins, c'est ce que Dar avait compris… sa mère n'avait pas été contente, oui, mais elle avait donné son soutien comme d'habitude.

" Oui, et bien… elle a fini par me dire que si j'y allais, elle ne serait plus là quand je reviendrais ", répliqua Andrew platement. " Elle a dit que c'était à moi de décider. " Il cligna plusieurs fois des yeux qui bougeaient sans arrêt sur son visage plein de cicatrices.

Dar était vraiment choquée. " Elle ne t'aurait pas quitté. "

Les yeux bleus blessés se levèrent vers elle. " Ce n'était pas qu'elle parte… c'était moi, la façon dont elle voyait ça. " Il déglutit. " Elle avait raison… c'était ma décision… et j'ai décidé d'y aller. " Il inspira. " Je pensais que je pourrais arranger ça en rentrant. "

Dar absorba l'information. " Elle essayait juste de te faire rester ", dit-elle enfin. " Elle avait peur pour toi… elle avait peur de te perdre ", protesta-t-elle. " Elle aurait été là à ton retour, et tu le sais bien. "

Il ferma les yeux. " J'aime à le penser. " Sa voix était calme et triste. " C'est ce petit jeu que je joue avec moi-même… ça m'empêche de perdre la boule et de sauter d'un pont quelque part. " Sa voix était un peu rauque.

" Papa…pourquoi ne l'appelles-tu pas ? " Dar se pencha en avant, espérant qu'il l'écoute. " Tu peux rentrer à la maison… elle comprendrait… je le sais. "

Un soupir très las. " Je ne peux pas ", répondit-il doucement. " Parce que sinon, je saurais… t'vois ? Et si elle ne comprenait pas… si elle l'avait pensé, ou si elle… " Une pause pénible. " Je ne peux pas affronter ça, Dar… je ne peux pas vivre avec ça… tu me comprends ? " la supplia-t-il doucement. " Je ne peux pas affronter le fait qu'elle ne… " Il s'arrêta, la gorge émettant un son audible.

Dar lâcha un soupir retenu en un filet douloureux. " Oh, papa ", murmura-t-elle.

Il soupira. " Ça ne veut pas dire grand-chose pour toi, je présume. " Il se frotta les yeux d'une main impatiente. " Bon sang. "

Elle le fixa avec une compréhension blafarde " Si, ça veut dire quelque chose. "

Andrew absorba cette phrase pendant un long moment pensif, puis il leva les yeux vers sa fille. " Quelqu'un a fait du mal à ma petite fille ? " Un soupçon de danger froid entra dans sa voix. Il attendit un peu, en regardant sa mâchoire se serrer et se détendre.

Dar secoua la tête avec une douleur gardée depuis si longtemps. " L'eau a coulé sous les ponts, papa… disons que je suis partie à la recherche de ce que Maman et toi aviez, et que je pensais l'avoir trouvé ", lui dit-elle calmement. " Et j'avais tort. " Sa première fois… les yeux bien brillants et la tête dans les nuages … et si persuadée d'avoir mis son cœur au bon endroit.

Sa dernière année en fac, et tout avait l'air merveilleux … de bonnes notes, des bonnes perspectives dans la société pour laquelle elle avait travaillé pendant quatre ans, et une plongée délirante et excitante dans l'amour, qui l'avait laissée étourdie, et sûre d'avoir trouvé l'amour de sa vie.

Ouais.

Quatre mois de bonheur, suivis de deux en enfer alors que tout se liquéfiait, et que ses cauchemars étaient remplis d'une voix moqueuse qui lui disait combien elle était inutile. Elle n'avait aucun souvenir d'avoir même eu son diplôme, bien que le talent pur et brutal et l'intelligence lui avaient permis de se maintenir à un niveau de notes honorifiques. " Tu n'es qu'une fille ignare, grossière et médiocre, qui passe toute sa vie comme cadre moyen à rêver de ce qui aurait pu être. "

Et une partie d'elle qui venait de se mettre à nu l'avait presque cru.

Une dépression cauchemardesque, l'alcool et le désespoir avaient suivi, la conduisant une nuit sous un pont, avec un revolver, et un moment de haine contre elle-même si intense qu'elle pouvait encore le ressentir.

Elle ne savait toujours pas ce qui l'avait arrêtée. Elle se souvenait juste s'être réveillée sous le pont le matin suivant, et elle était partie à l'assaut d'un nouveau jour, décidant qu'elle n'en avait pas encore fini avec la vie.

La vengeance lui tendait encore les bras.

Cela avait pris quelques années mais elle s'était sentie, tellement, mais tellement satisfaite lorsque toutes les pièces s'étaient mises en place, et que la compagnie avait fait l'acquisition d'une société de conseil prestigieuse. Dar Roberts avait brandi le couteau de la décision et avait proprement tranché la division 'conception et recherche', en la qualifiant de…

Médiocre.

Elle était dirigée par son ancienne amante.

Dar avait signé les papiers de fin de contrat personnellement, et elle s'en était immensément réjouie. Tout comme de l'expression de Shari quand elle les lui avait tendus.

En même temps que sa carte professionnelle.

Passe une bonne journée.

" J'ai… fini par abandonner en quelque sorte après ça. " Dar repoussa ses souvenirs.

" Hum. " Son père grogna. " Jusqu'à maintenant. " Il la regarda astucieusement. " Parce que je n'sais pas ce que tu ressens pour elle, mais cette petite aux yeux verts est folle de toi, morveuse. "

Dar sourit avec agitation. " Jusqu'à maintenant ", reconnut-elle. " Lorsque j'ai rencontré Kerry, je me suis rendue compte que j'avais enfin trouvé le vrai truc. " Ses yeux trouvèrent ceux de son père. " Alors, je comprends, Papa. "

Il s'avança et s'assit près d'elle, et ils se regardèrent dans un silence confortable.

 

 

Chapitre 39

 

Le téléphone bourdonna pour ce qui semblait être la millième fois, et Kerry leva les yeux, la tête posée sur une main. " Non, non, je ne sais pas, non, ce n'est pas encore prêt, je n'en ai aucune idée, non, elle ne me l'a pas dit, non et non ", marmonna-t-elle, puis elle appuya sur le bouton. " Opérations, Stuart. "

 

" Salut. "

 

Ce fut comme une gorgée d'ambroisie. Kerry sentit un sourire se frayer un chemin sur son visage avant même que les syllabes ne s'effacent et elle laissa passer un léger soupir. " Tu n'as pas idée de ce que ça fait d'entendre une voix amicale. "

 

" Mmm… dur, hein ? " grogna Dar doucement à travers l'écouteur. " Comment ça va ? "

 

" C'est merdique. " Kerry se frotta les yeux. " J'ai l'impression d'avoir été traînée derrière un camion de vidange plein de merde de volaille toute la journée ", répondit-elle. " Les est ici… il est en réunion avec Mari et les autres depuis plusieurs heures. " Elle s'interrompit. " Comment te sens-tu ? "

 

" Eh ", répondit Dar. " J'ai dormi tard… je me suis sentie lessivée toute la journée. Papa et moi avons parlé un moment… puis on a déjeuné… on regarde le Chasseur de Crocodiles. " Elle hésita. " Merci… à propos… pour lui avoir demandé de rester. "

 

Kerry sourit et tapota sa lèvre supérieure avec son stylo. " Je pensais que tu apprécierais la compagnie ", répliqua-t-elle calmement, puis elle leva les yeux au son du téléphone. " Attends une minute. " Elle mit Dar en attente et prit l'autre ligne. " Opérations. "

 

" Ms Stuart. " La voix de Les avait l'air calme et plutôt souriante.

 

" Oui, c'est moi ", répondit Kerry, en sentant son estomac plonger. " Que puis-je pour vous ? "

 

" Nous avons une réunion dans la salle de conférence… pouvez-vous nous y rejoindre, s'il vous plaît ? "

 

" Bien sûr ", répondit Kerry d'un ton neutre. " J'arrive. " Elle raccrocha puis inspira avant de reprendre l'autre ligne. " Hé. "

 

" Mauvaises nouvelles ? " demanda Dar.

 

" Je ne sais pas… c'était Les… il veut que j'aille dans la grande salle de conférence ", lui dit Kerry. " Ecoute… le pire qu'ils puissent me faire, c'est de me virer, Dar… et tu sais… je m'en fous un peu, tu vois ? " Elle secoua légèrement la tête. " Après la journée d'aujourd'hui, je le remercierai probablement. "

 

" Mm " Dar réfléchit à ça. " Détends-toi, sois honnête, ne le laisse pas t'agacer. " Elle donna doucement ses instructions à Kerry. " Garde la tête droite… tu n'as fait que du bien à la compagnie, Kerry. "

 

Elle se sentit calmée à ces mots. " Très bien… je pense que je peux faire ça ", répondit-elle. " Mais si lui ou n'importe qui commence à te descendre, ils sont cuits. "

 

Un léger rire lui répondit. " Ça, c'est ma Kerry. "

 

La jeune blonde sourit. " Ça tu l'as dit . " Elle se leva et redressa son col, puis elle enfila sa veste. " Souhaite-moi bonne chance. " Elle soupira. " Je t'appellerai d'une façon ou d'une autre lorsque je sortirai de là. "

 

" Bonne chance ", répondit Dar obéissante. " Je suis de tout cœur avec toi. "

 

Les yeux verts étincelèrent doucement dans le soleil de l'après-midi. " Je le sais ", répliqua-t-elle. " A tout à l'heure. " Elle raccrocha et passa la main dans ses cheveux. " Très bien… allons-y. "

 

La salle de conférence n'était pas loin et elle rassembla ses esprits, ainsi que la conscience de la confiance de Dar en elle, et elle atteignit la porte et frappa légèrement.

 

" Entrez. " La voix résonna de l'intérieur et elle poussa la poignée, tira la porte et entra, dans une pièce où l'hostilité était si épaisse qu'on aurait dit un mur de fumée. José, Eléanor et Steve s'y trouvaient, ainsi que Mariana, et Les bien entendu. Kerry releva un peu le menton puis marcha sur la moquette jusqu'à la chaise au bout de la table, juste en face du P.D.G., elle posa les mains sur le dossier et les regarda froidement.

 

" Asseyez-vous, Ms Stuart ", lui dit Les avec courtoisie, ses yeux posés sur elle avec intérêt.

 

Kerry s'assit sur la chaise du bout, celle d'habitude réservée à Dar et elle s'y installa, croisant les mains sur la table et penchant la tête dans une attitude d'écoute.

 

Elle attendit, patiemment. Laisse-les parler les premiers, lui avait conseillé Dar. Laisse-les exprimer leur point de vue avant que tu ne le fasses.

 

" Bon. C'est plutôt le bazar par ici. " Les s'éclaircit la voix et commença à parler.

 

" Oui, on peut le dire. " Kerry approuva légèrement. " J'ai fait ce que j'ai pu compte tenu des circonstances. "

 

" C'est des conneries, oui ! " Steve se leva. " Vous n'avez rien fait d'autre que de foutre le bordel… "

 

" Fermez-là ! ", lança Kerry. " Espèce de con de macho imbécile, sans tripes, et inutile. " Elle vit le sourcil gris de Les se lever de l'autre côté de la table, et elle se leva, sentant le sang pomper en elle. " Je n'ai jamais vu une réunion de personnes aussi inutiles de ma vie. "

 

" Hé, vous ne pouvez pas dire ça. " José se leva et la défia.

 

" Bien sûr que je peux ", répondit Kerry échaudée. " Vous étiez incapables de trouver une aiguille dans une botte de foin jusqu'à ce que Dar vous écrive les directions à suivre, et vous avez le culot d'être là à critiquer une situation que VOUS avez créée ! " Sa voix monta jusqu'à crier, relâchant toute la colère bouillonnante qu'elle avait gardée pendant ces deux jours.

 

" Nous ne lui avons pas demandé de démissionner ! " répondit José.

 

" Oh, mais c'est bien ce que vous cherchiez, non ? " contre-attaqua Kerry, en s'avançant appuyée sur ses mains. " Sinon, pourquoi engager quelqu'un avec l'intention particulière de l'attaquer ? " Elle pointa vers Steve, qui bouillonnait à côté de lui. " Quelqu'un qui avait des instructions écrites PAR VOUS. " Elle pointa vers José. " Pour 'trouver le point faible de cette garce et y planter un couteau'… je vous cite bien ? "

 

Un silence.

 

" Et bien… vous avez ce que vous vouliez ", continua Kerry. " Et maintenant le problème, c'est que tout le monde sait que celle qui faisait tourner cette foutue compagnie, c'était elle. Vous, vous ne le pouvez sûrement pas. " Une longue pause. " Moi, je ne le peux pas… après une journée, je ne peux diablement pas imaginer comment elle a réussi à supporter tout ça si longtemps. "

 

José regarda Mariana, qui mâchouillait un crayon. " Tu vas la laisser s'en tirer comme ça ? "

 

La directrice du Personnel haussa les épaules. " Le code d'honneur, José… j'ai laissé M. Fabricini dire bien pire sur Dar… je n'ai pas de raison pour empêcher Ms Stuart d'exprimer sa pensée. "

 

" C'est parce qu'elle et toi êtes comme cul et chemise… " déclara Eléanor d'un ton enflammé. " Pas étonnant qu'on ne puisse rien obtenir… "

 

" Excusez-moi ", aboya Les.

 

Tout le monde le regarda en silence. " Merci. " Il ajusta sa cravate " Je voudrais que tout le monde ici sorte, à l'exception de Ms Stuart. " Il fit une pause. " Maintenant. "

 

Ils sortirent un par un en silence, évitant le regard de Kerry, à l'exception de Mariana, qui lui tapota l'épaule en passant.

 

Le bruit de la porte se refermant derrière eux parut incroyablement fort à Kerry, mais elle n'y réagit pas, préférant s'asseoir et croiser les mains sur la table.

 

Les la regarda par-dessus toute la longueur de la table de conférences, puis il se leva et alla vers elle, pour s'asseoir sur le bord de la table en bois, les bras croisés sur la poitrine. " C'était de l'insubordination grossière, Ms Stuart ", fit-il remarquer froidement.

 

" Je le sais ", répliqua Kerry en levant les yeux vers lui. " J'ai entendu dire que c'était courant dans mon département. "

 

Les Roesenthal avait des yeux bleu-gris, presque aussi pénétrants que ceux de Dar. Et à cet instant précis, ils la regardaient avec un soupçon de… quelque chose. " Votre ex-chef n'était pas connue pour jouer en équipe. "

 

Ex. Kerry se sentit un peu triste. " Non… elle ne voulait simplement pas jouer dans une équipe de perdants ", rétorqua-t-elle.

 

Il hocha légèrement la tête. " Je dois combler son poste, Ms Stuart… vous êtes intelligente, maligne… je pense que vous conviendriez. "

 

Kerry le fixa. " Avec le respect que je vous dois, monsieur… je ne travaillerais pas pour quelqu'un qui aurait permis à quelqu'un comme elle de partir sans défendre sa cause. "

 

Il pencha la tête. " Je crois que c'est la façon la plus polie de dire 'va te faire voir' que j'ai jamais entendue, Ms Stuart ", fit remarquer Les. " Donc, vous ne voulez pas du poste ? Il y a une jolie augmentation à la clé… de bons avantages… un sérieux avancement pour quelqu'un de votre âge et votre niveau d'expérience. "

 

Les yeux verts brillèrent dangereusement. " Je crois que je ne me suis pas bien fait comprendre. " Kerry s'éclaircit la voix. " Allez vous faire voir. " Elle fit une pause. " Monsieur. "

 

Le P.D.G. se frotta la mâchoire, puis descendit du bureau et tira la chaise près d'elle, il s'y assit de telle façon qu'ils soient genou contre genou. " Vous savez, Ms Stuart… quand votre nom a été cité la première fois en conseil, je pensais que Dar était cinglée. " Il entremêla ses doigts. " Je n'avais aucune idée de ce qu'elle avait en tête, mais je l'ai laissée faire parce que j'ai confiance en son jugement. " Il s'interrompit pensif. " Elle a gagné cette confiance. "

 

Kerry garda le silence, le regardant simplement attentivement.

 

" Pensez-vous que vous pourriez la persuader de me rencontrer ? " Les yeux bleu-gris étincelaient très légèrement.

 

La jeune blonde regarda la table, cachant un sourire, puis elle leva les yeux. " Oui… je peux faire ça ", répondit-elle doucement. " Elle est chez elle. "

 

Les lui sourit. " Bien. "

 

Kerry inspira. " C'était un test, n'est-ce pas ? " hasarda-t-elle avec précaution. " De m'offrir le poste "

 

Les yeux étincelaient visiblement maintenant.

 

" Je l'ai réussi ? " osa-t-elle dire.

 

" Comme une championne ", répliqua-t-il avec un rire. " Vous avez prouvé que vous étiez une vraie disciple de Dar, Ms Stuart… alors calmez-vous. "

 

Kerry soupira. " Désolée… la journée a été vraiment longue " admit-elle en se levant pour aller vers un téléphone posé sur une desserte murale. " Attendez. " Elle composa un numéro, et ne fut pas surprise lorsque quelqu'un décrocha, avant même qu'il ne sonne une fois. " Salut. "

 

" Hé. " La voix de Dar contenait de l'inquiétude. " Tout va bien ? "

 

" Je pense, oui ", lui dit Kerry à voix basse. " Les veut te voir. "

 

" Ah. " Sa compagne rumina. " Ouais… bien sûr… pourquoi pas ? " répondit-elle. " Si tu peux l'amener ici et ramener Papa sur le continent… Donne-nous quelques minutes pour remettre de l'ordre. "

 

" Compris. " Kerry ressentit un soulagement tranquille la traverser. " A tout de suite. " Elle raccrocha et retourna à la table de conférences. " Je vous emmène là-bas si vous voulez ", dit-elle au P.D.G.

 

" C'est la meilleure offre qu'on m'ait faite de la journée ", répliqua joyeusement Les. " Allons-y. "

 

Chapitre 40

 

Dar posa le téléphone et regarda son père. " Bon. " Elle se frotta le visage. " Je pense que je ferais mieux d'aller prendre une douche et d'enfiler des vêtements… mon patron arrive. "

 

Andrew mit les mains derrière la tête et s'étira de tout son long, un peu tendu après toute une soirée à regarder les crocodiles. " Il est bien ? "

 

" Plus ou moins… ouais ". Dar se souleva et attrapa ses béquilles, pour se diriger vers sa chambre. " Je reviens tout de suite. "

 

Son père gratta la tête de Chino et croisa les chevilles. " Sois prudente, Dardar… fais attention de pas glisser là-dedans. "

 

La jeune brune s'arrêta à la porte, hors de sa vue, et le fixa avec une affection tranquille. Puis elle secoua la tête et alla vers la salle de bains, où elle retira son pyjama et commença à faire couler l'eau. Elle attendit un moment le temps de retirer la genouillère, puis elle entra avec précaution dans la douche. Sa jambe lui faisait un peu mal mais rien à côté de ce que ça avait été l'autre jour, et elle était prudemment optimiste en boitant pour aller sous l'eau chaude.

 

C'était génial. Elle se frotta le corps avec précaution, en évitant les éraflures de la balade, et elle se lava prudemment les cheveux autour du coup encore sensible au-dessus de son oreille. Ça semblait avoir diminué tout de même, et elle se tint sous la force de l'eau pendant quelques minutes, laissant la pression faire passer un peu de la tension qu'elle retenait.

 

Puis elle coupa l'eau à contrecœur, et sortit de la douche, elle attrapa une des longues serviettes duveteuses qu'elle gardait dans la salle de bains. Elle se l'enroula autour du corps puis en prit une seconde et sécha rapidement ses cheveux avant de sortir de la salle de bains et de se mouvoir avec précaution dans la chambre sans ses béquilles.

 

Hmm. Elle testa la jambe avec précaution, contente de la réponse. Pas mal, se dit-elle, puis elle haussa les épaules et enfila un polo qu'elle rentra dans un jean, avant de se donner un coup d'œil en coin dans le miroir. " Il faudra bien que ça aille. " Elle se fit une grimace, puis passa rapidement une brosse dans ses cheveux.

 

" Hé, Dardar ? " Son père l'appelait depuis l'autre pièce.

 

" Oui ? " Elle boita jusqu'à la porte qu'elle passa, pour le trouver près de la baie vitrée. " Qu'est-ce qui se passe ? "

 

Il se retourna. " Hé… où sont les foutues béquilles ? "

 

" Dans la chambre… ça va. Ma jambe va vraiment mieux ", dit Dar en mettant une main sur la vitre.

 

" Oui, oui. " Il avait l'air sceptique. " Je voudrais bien te croire, mais si c'était moi qui disais ça, je mentirais comme un arracheur de dents. "

 

Dar le regarda, puis rit d'un air ironique, en remuant la main. " Ça me fait mal, mais mon dos me tue à utiliser ces foutus trucs... j'ai besoin d'une pause ", admit-elle. " Je vais m'asseoir de toute façon… tu voulais me montrer quelque chose ? "

 

Andrew sembla soudain nerveux. " Nan… eh ben… " Il s'éclaircit la voix. " Ça t'arrive encore de sortir? " Sa tête pointait vers la mer.

 

Dar hocha la tête. " J'ai arrêté un moment ", admit-elle doucement. " Mais Kerry adore ça… elle a eu son diplôme et nous sortons pratiquement tous les week-ends. "

 

" Tant mieux pour elle ", déclara Andrew.

 

Un léger rire. " Elle m'a fait revenir à pas mal de trucs… " La jeune brune soupira. " Je réfléchissais à… " Elle hésita. " reprendre la compétition. "

 

Les yeux de son père s'allumèrent. " C'est vrai ? " Il l'étudia sérieusement. " Tu as l'air de pouvoir le faire. " Il la poussa pour la tester. " Mieux qu'certains gamins qu'ils m'ont envoyés la dernière fois, j'te l'dis. "

 

Dar rit, un peu embarrassée. " Oui… je garde la forme… ", murmura-t-elle. " Et c'est de ta faute, tu sais… j'ai toujours pensé que tu aurais été déçu si je ne l'avais pas fait. "

 

Andrew garda le silence un moment, puis il mit légèrement la main sur son bras. " Morveuse, tu ne pourrais jamais me décevoir. " Sa voix était sincère. " Quoi que tu fasses… avec qui tu te retrouves… tu es ma fillette, et rien pourra jamais changer ça. "

 

Dar se retrouva incapable de répondre, et elle refoula une boule dans sa gorge.

 

" Assez d'sentimentalisme. " Andrew s'éclaircit la voix. " Si tu reprends, tu me le fais savoir, t'entends ? " Il fouilla pour trouver une carte blanche dans sa poche et la lui tendit. " Avec ça tu me trouves. "

 

Un numéro de bipeur. Dar sourit en le regardant et le mit dans la poche de son polo. Puis elle boita vers sa mallette, posée sur une chaise à côté et elle retira une de ses propres cartes professionnelles. Elle inscrivit le numéro de l'appartement au dos et la lui tendit. " Donnant-donnant ", lui dit-elle. " Appelle de temps en temps. "

 

Il regarda la carte, la tournant entre ses doigts. Puis il la mit de côté avec précaution et sans un mot.

 

Ils entendirent ensemble le bruit de la voiture dehors. " Je présume que c'est eux ", dit Dar tranquillement. " Merci d'être resté aujourd'hui. "

 

" Tu peux remercier le kumquat pour ça… c'était son idée ", marmonna Andrew. " Bon, je vais faire le tour par derrière et l'attendre… tu fais attention à toi, t'entends, morveuse ? "

 

Dar le serra dans ses bras, le sentit tendu un moment, puis il se détendit et lui rendit son étreinte. " Je t'aime, Papa ", murmura-t-elle. " Tu m'as manqué. "

 

Il prit une inspiration tremblotante et lui tapota le côté. " Moi aussi. " Il se sépara d'elle et s'éclaircit la voix. " Sois gentille. " Il tapota une fois de plus son bras, puis il se glissa par la porte de derrière dans l'obscurité.

 

Dar regarda jusqu'à ce que son ombre ne se mêle au feuillage, ne se retournant que lorsqu'elle entendit des bruits de pas à la porte de devant.

 

 

Chapitre 41

 

Kerry gara la Mustang près de la Lexus de Dar, et elle jeta un coup d'œil à son passager. Les avait regardé autour de lui avec intérêt, et cela lui avait donné l'occasion de l'étudier à son tour. Il avait dans les soixante ans, était trapu et de taille moyenne , les cheveux grisonnants, avec des yeux intelligents. Il avait le visage rond et le nez aplati, des sourcils épais, qu'il dirigea vers elle en se tournant pour lui parler.

 

" Joli coin. " Il avait discuté aimablement au sujet de l'endroit pendant qu'elle conduisait, évitant de mentionner le boulot.

 

Kerry hocha la tête. " OK… bien, voilà l'appartement, alors… " Elle ouvrit la portière et sortit, attendant qu'il la rejoigne pour prendre la tête le long du chemin jusqu'en haut des escaliers. Elle hésita en approchant de la porte, levant la main pour frapper, puis elle prit calmement sa décision et ses doigts frappèrent le code, entrant son code pour déverrouiller la porte.

 

Les ne fit aucun commentaire.

 

" Après vous. " La jeune blonde poussa la porte et la tint ouverte, lui faisant signe de l'autre main. Un coup d'œil rapide à l'intérieur lui montra Dar installée nonchalamment au fond de la bergère, et qui les regardait. Il n'y avait aucun signe de la présence d'Andrew, mais elle ne s'y attendait pas. " Salut. "

 

Les yeux de Dar allèrent vers les siens et elle lui fit un petit clin d'œil. " Salut. " Puis elle tourna son attention vers Les. " Bonjour, Les… entrez. "

 

Kerry leva la main et fit un pas en arrière. " A plus tard. "

 

Dar leva la main pour lui répondre, et regarda la porte se refermer derrière sa compagne, puis elle tourna son regard vers son chef.

 

Ils se regardèrent en silence pendant un moment, puis Dar soupira et se leva. " Asseyez-vous… vous voulez boire quelque chose ? "

 

" Je crois que j'aurais bien besoin d'un verre, oui ", répondit Les d'un ton ironique en acceptant l'invitation, puis il s'installa sur le divan, calé au fond et jeta un coup d'œil alentour. " Bel appartement, Dar. "

 

La jeune femme brune hocha la tête. " Merci. " Elle boita jusqu'au placard mural et en sortit une bouteille, en retira le bouchon et versa une rasade d'un liquide couleur miel dans deux verres. Puis elle remit le bouchon et revint à sa place.Elle tendit son verre à Les et s'installa dans la chaise en face de lui.

 

" Alors. " Il prit une gorgée, en levant les sourcils au goût. " Très bon ", ajouta-t-il d'un ton approbateur.

 

" Je pensais bien me souvenir que vous aimez le scotch ", dit Dar en prenant une gorgée de son propre verre. L'alcool doux de vingt ans d'âge se fit un passage brûlant dans sa gorge.

 

" Ah ça oui ", approuva Les. " ça oui. " Il regarda autour de lui. " Vous savez, Dar… je n'ai pas particulièrement passé mon temps à penser à ça, mais je ne vous ai jamais imaginée dans un endroit comme celui-ci. " Ses yeux tombèrent sur le paysage spatial. " Un appartement Hich tech dans un coin huppé de Brickell, sûrement, mais… "

 

Dar sourit rapidement. " Une de mes tantes me l'a légué. "

 

Un silence embarrassant s'installa.

 

" Alors ? ", dit Les de nouveau. " Qu'est-ce qu'on fait maintenant, Dar ? " Il sirota son scotch et la regarda par-dessus sa monture de lunettes. " Je pense que vous vous rendez bien compte que j'ai quelqu'un de costaud pour pallier votre demande de démission. "

 

Dar réfléchit à ça. " C'est flatteur ", dit-elle brièvement.

 

" Ne nous racontons pas d'histoires ", lui dit Les. " Nous savons tous les deux que je vous considère comme un rouage essentiel de mon équipe de direction, et ça me tuerait de vous perdre. " Il fit une pause. " Surtout au sujet de quelque chose d'aussi ridicule. " Il attendit mais elle ne fit aucun commentaire. " Alors, qu'est-ce qui s'est vraiment passé, Dar ? J'ai entendu le son de cloche de Mari, et celui de José, et je ne comprends vraiment pas. Qu'est-ce qui vous a amenée à décider à baisser les bras et à partir ? "

 

Dar le regarda un moment en silence, puis elle soupira. " Bonne question. " Elle s'interrompit et secoua doucement la tête. " Nous en sommes arrivés au point où j'ai été plus attaquée par ma propre compagnie ce dernier mois, que par n'importe lequel de nos concurrents… et peut-être que j'ai commencé à me demander ce que je pouvais bien foutre ici. "

 

Les réfléchit un moment à ça en sirotant doucement sa boisson. " Vous êtes une fille de haut niveau, Dar… vous avez toujours attiré les pierres et les flèches, vous le savez bien ", risqua-t-il. " Est-ce que ce type était vraiment une épine dans votre pied ? "

 

Un haussement d'épaules. " Peut-être. " Dar regarda la table. " Peut-être parce que c'était personnel et pas professionnel… peut-être parce que je savais qu'il avait été amené par un collègue pour m'attaquer délibérément… " Elle bougea le verre dans ses mains. " Mais je pense que j'aurais pu m'arranger avec ça. "

 

Les hocha deux fois la tête. " Mais ? "

 

" Mais il s'en est pris à mon personnel ", conclut Dar. " Et j'en ai eu assez, voilà. " Elle leva les yeux vers Les. " J'en ai eu assez d'être la salope de service. "

 

Les se pencha en avant. " Dar, le fait que les Opérations sont totalement inertes, et que j'ai plus de cinquante bureaux vides devrait vous dire que personne ne pense ça ", répliqua-t-il sérieusement. " Et je pense que vous savez bien que je ne le pense pas non plus, ou bien je ne serais pas là à cet instant. Je serais chez moi à Plano, à regarder un match, surtout si on tient compte de qui je voulais promouvoir comme directrice des Opés. "

 

Dar s'éclaircit un peu la voix. " J'aurais dû vous appeler en premier ", admit-elle. " Je vous le devais. "

 

Un sourire minuscule traversa le visage de Les. " Une excuse de Dar Roberts… Dieu merci, je suis assis. " Il la taquina gentiment. " Mais je suis content d'être venu… juste pour me rendre compte de moi-même. " Il se ré-adossa. " Vous avez des problèmes ici, je vous l'accorde. Et je voulais rencontrer votre mystérieuse assistante qui semble provoquer des problèmes qui dépassent sa propre taille. "

 

" Elle ne cause pas de problèmes ", claqua Dar. " Elle les résout. "

 

Les rit doucement. " Je m'en suis rendu compte… c'est pour ça que je lui ai offert votre poste. "

 

Il fallut toute sa maîtrise à Dar pour garder une expression d'intérêt moyen sur le visage, et pour ne pas être tendue. " Et ? " demanda-t-elle en se forçant à avoir un sourire paresseux sur le visage. " Elle serait très bien. "

 

Le P.D.G. la regarda avec attention puis il hocha légèrement la tête. " C'est ce que je lui ai dit… et elle m'a dit d'aller me faire voir ", dit-il sèchement. " Ce qui a l'air d'être une tradition dans votre département. "

 

Le sentiment de soulagement la fit presque s'étouffer. Dar dut prendre quelques inspirations, qu'elle masqua en sirotant sa boisson, avant de pouvoir répondre. " Ça fait partie de la description de poste ", dit-elle en traînant la voix. " Elle a pris le pli plus vite que d'autres. " Que Dieu te bénisse, Kerry… j'ai suivi mon cœur quand je suis allée vers toi, et tu es la première personne qui ne l'ait pas poignardé. " Et quel est votre second choix ? "

 

Les soupira en regardant pensivement ses mains. " Je n'en ai pas… je pensais pouvoir vous convaincre de rester. " Il fit une pause. " Je voulais juste voir ce que dirait Ms Stuart, et elle a dit en gros ce que je m'attendais à entendre. " Il s'interrompit de nouveau et leva les yeux vers elle. " Je savais que vous lui faisiez confiance, et je voulais savoir pourquoi. "

 

L'expression de Dar s'adoucit un peu. " Et vous avez votre réponse ? "

 

Il hocha la tête. " Oui. " Il attendit qu'elle continue, mais elle garda le silence. " Alors… qu'en dites-vous, Dar ? Je vous offrirais bien encore plus d'argent, mais je ne pense pas que ça vous intéresse vraiment. "

 

La jeune femme brune s'éclaircit la voix. " Non… vous avez raison. " Elle leva la main et la laissa retomber. " J'ai besoin de deux choses. "

 

Les se pencha en avant, attentif. Il plissa les yeux et attendit.

 

" Ma structure organisationnelle reste intacte ", dit Dar en prononçant avec soin. " Complètement intacte. "

 

Le P.D.G. pinça les lèvres. " D'un point de vue politique, c'est un meurtre. "

 

" Je sais ", répondit Dar. " Mais j'en ai besoin. "

 

Il pianota. " Nous allons devoir consentir aux rapports et tout ", murmura-t-il " Très bien, c'est un cauchemar pour le Personnel, mais je le ferai. " Il s'interrompit. " Quoi d'autre ? "

 

" José aura un nouvel assistant. "

 

Les rit. " Celui-là, je l'avais vu arriver. " Il se ré-adossa, visiblement soulagé. " Mon problème c'est qu'il me faut une raison pour le virer légitimement ", dit-il à Dar. " Autrement, ce petit pourri va nous poursuivre en justice pour renvoi indu, et je ne veux pas de publicité. "

 

Un sourire lent et sexy traversa le visage de Dar. " Je vous la donnerai… si vous me laissez être celle qui donne le coup de hache " Ses yeux brillaient dangereusement. " De façon absolument légitime. "

 

Les la fixa du regard puis laissa passer une expiration. " Ça veut dire que vous restez ? " répliqua-t-il. " J'ai longuement parlé avec Mariana… elle se sent en grande partie responsable, que les choses aient pu se dérouler ainsi alors qu'elle aurait dû intervenir. "

 

Dar le laissa attendre un moment, puis elle hocha la tête. " Très bien… mais je vais vous dire une chose, je ne vais plus supporter de conneries de leur part. " Elle l'avertit doucement.

 

Les se mordilla la lèvre. " Ça va secouer pendant quelques semaines… il y a pas mal de rancœurs ", rétorqua-t-il. " Mais j'ai confiance en vous… je ne m'inquiète pas. " Il finit son scotch. " Vous êtes libre pour dîner ? Je n'arrive plus à vous voir, Dar… ça fait combien de temps… deux ans ? "

 

Dar tordit les lèvres. " En fait, j'avais des projets… mais vous êtes le bienvenu ", déclara-t-elle d'un ton neutre. " Il y a un Italien génial de l'autre côté de l'île... et c'est détendu. "

 

Les yeux de Les brillèrent un peu. " Et bien, j'ai apprécié ma conversation avec l'énigmatique Ms Stuart… vous êtes sûre que ça ne va pas la déranger ? "

 

Dar s'en voulut de rougir et elle était contente que la lumière basse le cache. " Je suis sûre qu'elle sera d'accord. " Elle se leva et boita jusqu'à la cuisine. " En fait, je vais la biper. "

 

Les se détendit, il étendit les jambes en les croisant aux chevilles. " Qu'avez-vous fait à votre jambe ? " Lui cria-t-il.

 

" J'ai démis l'articulation quand nous sommes tombés dans ce foutu trou ", répondit Dar en revenant avec le portable sur lequel elle composait un numéro. " Vous me devez beaucoup pour cette petite ballade, Les. "

 

Il rit. " J'ai entendu parler de vous et du serpent… après que j'aie demandé à Béatrice d'appeler le Président de cette compagnie de demi-tordus et que j'aie lancé les mots de négligence et de procès. "

 

Dar rit doucement en portant le téléphone à son oreille, et en écoutant les sonneries. " Hé. " Elle parla doucement en entendant la réponse. " Où es-tu ? "

 

La voix de Kerry avait l'air soulagé. " Vers Southpoint… j'allais juste aller sur la plage, pourquoi ? " demanda-t-elle. " Je viens d'arriver… je me disais que vous alliez avoir besoin de temps. "

 

" Nan ", l'informa Dar. " Nous t'attendons pour dîner… alors tu reviens ici. "

 

" Vraiment ? " demanda Kerry.

 

" Vraiment ", l'assura Dar.

 

Une pause légère. " Tu reviens ? "

 

" Ouaip. "

 

" Tu es toujours ma chef ? "

 

" Ouaip. "

 

" Génial. " La voix de Kerry prit une immense tonalité légère. " Tu es géniale, Dar… Je suis contente d'entendre ça, tu n'as pas idée. " Des bruits de quelque chose qu'on rayait. " J'étais là dans ma voiture à essayer de penser à qui je pourrais proposer de m'employer… voir si je pouvais avoir des offres décentes dans le coin. "

 

" Et bien, ils ne peuvent pas t'avoir. " Dar se tourna et baissa la voix. " Tu es à moi. "

 

" Ooh. " Kerry se mit à rire de profond ravissement. " Tu viens de me faire frissonner. "

 

Dar sourit, sentant que son monde tout retourné reprenait place autour d'elle. " A propos, j'ai entendu dire que tu as refusé une très bonne offre. " Elle regarda Les se lever et se balader dans le séjour, s'arrêtant pour examiner les photos sur les étagères.

 

" Qu'est-ce que… oh ", grogna Kerry. " Ça… oui, c'est vrai. Oui. " Elle s'éclaircit un peu la voix, changeant de sujet. " Ton père est un chou… il m'a donné un cadeau pour toi. Il a dit qu'il était trop gêné pour le donner lui-même. "

 

" Un cadeau ? Pour quoi faire ? " demanda Dar avec curiosité.

 

" Hum… ton anniversaire ? " lui rappela Kerry. " Tu te souviens… la fête et tout ? "

 

" Oh ", dit la jeune femme brune. " Ça. " Elle s'interrompit pour jeter un coup d'œil à Les. " Qu'est-ce que c'est ? "

 

Kerry gloussa doucement. " Une boîte ", la taquina-t-elle.

 

" Kerrryyyyy ", grogna doucement Dar.

 

" Ben si, c'est une boîte ! " rétorqua sa compagne. " Je n'ai pas de vision aux rayons X, tu sais. "

 

La jeune femme brune soupira. " Dépêche-toi donc et reviens ici. "

 

" Mon Dieu, Dar… je suis sur le ferry… tu veux que je sorte et que je pagaie ? " protesta Kerry. " Je le ferais bien… mais les hommes de pont vont avoir une attaque… tu sais comment ils sont. " Elle s'interrompit, à l'écoute des légers bruits de la respiration de Dar contre le combiné. " Je t'aime ", murmura-t-elle. " Tu n'as pas besoin de répondre à ça… je sais que Les est là ", ajouta-t-elle.

 

" Je t'aime aussi ", répondit Dar sans attendre. " A tout de suite. " Elle raccrocha et Kerry resta assise, là, à regarder le téléphone pendant un moment, avant de le replier et de le mettre dans son sac.

 

" Ouaouh. " Elle s'appuya dans le siège et posa un genou sur le tableau de bord.

 

Chapitre 42

 

Dar regarda sa montre alors qu'elles entraient dans l'appartement. " Mon Dieu… il est plus de minuit ", dit-elle surprise. " Je ne pensais pas qu'il était aussi tard. "

 

" Oui, oui. " Kerry bailla, en entrant péniblement avant de s'effondrer sur le divan. " Mais le dîner a été sympa… il est plutôt intéressant. " Elle souleva Chino qui avait bondi de la buanderie quand Dar avait ouvert la porte. " Hé, ma puce… oooh… oooh… ne mâchouille pas les doigts de maman, OK ? "

 

Dar revint en boitant en portant deux grands verres de lait chocolaté et en posa un sur la table. " Tiens. " Elle se laissa tomber sur le divan près de sa compagne, et se mit au fond, étendant ses jambes en grognant. " Aïe. "

 

" Je t'ai dit d'utiliser les béquilles ", la réprimanda Kerry en lui tapotant la jambe. " Je t'ai vu essayer de ne pas boiter devant Les. "

 

" Ce n'est pas ça. " Dar prit une gorgée de lait. " C'est que le reste de mon corps essaie de compenser… mon dos me fait un mal de chien ", se plaignit-elle.

 

" Ah… je vois. " Kerry glissa une main dans le dos de Dar et massa doucement. " Ouaouh… tu es toute tendue. " Elle posa la joue contre l'avant-bras de Dar. " Que penserais-tu de passer quelques minutes dans le jacuzzi ? "

 

Les yeux bleus se tournèrent vers elle et brillèrent. " Ça c'est une idée géniale ", la complimenta Dar. " La nuit est belle… viens. " Elle permit à Kerry de la soutenir jusqu'à la chambre, et elles échangèrent leurs jeans contre des maillots de bain.

 

" J'aime bien quand tu portes celui-là. " Dar s'était glissée derrière Kerry et passait maintenant les bras autour de son estomac, l'étreignant doucement. " Il a la couleur de tes yeux. " Le maillot de Kerry, d'un bleu-vert chatoyant et presque translucide brillait dans la lumière basse, accentuant son corps musclé.

 

Kerry s'appuya sur elle et replia les bras sur ceux de Dar. " Merci. " Elle se tourna pour prendre une petite boîte. " Nous avons failli oublier ça… de la part de ton père. " Elle la lui tendit.

 

" Oh. " Dar la prit, l'examinant avec soin comme si elle craignait qu'elle ne s'ouvre d'un coup. Elle défit lentement le papier simple, et en sortit une boîte ferlée, en coquillage qu'elle ouvrit doucement. " Ouaouh. "

 

A l'intérieur, sur le velours gris sombre, étaient nichées deux perles noires, qui scintillaient de manière opalescente. Elles étaient de la taille de deux pois chiches et se ressemblaient comme deux gouttes d'eau.

 

" Ouaouh. " Kerry inspira en les regardant. " Elles sont superbes. "

 

" Oui ", dit Dar dans un souffle. " Elles le sont. " Elle referma doucement la boîte et la tint simplement, en secouant légèrement la tête. " Ses cadeaux étaient toujours comme ça… on ne savait jamais quand il allait venir, mais quand il le faisait… c'était toujours… " Elle regarda la boîte. " Toujours quelque chose de spécial. "

 

" Tu pourrais en faire des boucles d'oreilles ", suggéra Kerry. " Elles seraient magnifiques sur toi. "

 

Dar posa la boîte sur la commode et la tapota de son long doigt. " Peut-être ", admit-elle. " Viens… allons faire trempette un moment. "

 

Elles sortirent en prenant leurs verres, et Kerry les tint pendant que Dar se glissait dans l'eau..

 

" Ooohh… " La jeune femme brune étira les bras et prit le lait. " C'est génial. " Elle regarda Kerry qui la rejoignait, se nichant immédiatement contre elle. " Je vais poser ça ", lui dit Dar en les mettant sur le bord, puis elle mit le bras autour des épaules de Kerry.

 

Elles restèrent ainsi pendant quelques minutes, absorbant la sensation de l'eau, une brume d'eau chaude et chlorée leur baignant le visage. L'océan était à marée haute et frappait contre la digue, et au loin, elle pouvait entendre les clochettes des bouées qui sonnaient au vent.

 

" C'est beau ", murmura Kerry en penchant la tête pour regarder le ciel étoilé, parsemé de nuages floconneux occasionnels.

 

Dar tourna la tête et regarda le profil éclairé par la Lune. " Oh oui. "

 

Kerry surprit le regard et sourit un peu, rougissant légèrement. " Alors. " Elle s'éclaircit la voix. " Tout a bien marché aujourd'hui, non ? "

 

" Mmm. " Dar remua les orteils avec contentement. " Les m'a demandé de revoir ma position, je lui ai dit oui à deux conditions, il a accepté, tout de suite. C'était fait. " Elle étouffa un bâillement. " Tu étais l'une de ces conditions, l'autre c'était Steve. "

 

Kerry réfléchit à ça. " Alors… est-ce qu'il savait à notre sujet, ou… " Elle laissa la pensée en suspens.

 

" Il savait. " Dar rit doucement. " Il a dit qu'il savait depuis qu'il avait vu ce premier jeu de photos… à Orlando… mais il était content de laisser ça à l'arrière plan. "

 

" Ce n'est pas un problème ? " demanda Kerry. " Je veux dire… nous avons joué au chat et à la souris pendant des mois, parce que c'était la grande règle… alors ? "

 

Dar haussa les épaules. " La réalité c'est… qu'est-ce qui est le plus important ? Le règlement de la compagnie ou les bénéfices ? " dit-elle à sa compagne sans rire. " Il peut faire des exceptions… et oui, c'est un problème, mais ce n'est pas comme si ça n'était jamais arrivé, Kerry… et le règlement est surtout fait pour protéger le subordonné. "

 

" Protéger ? " Kerry pencha la tête. " Oh… contre le harcèlement, ce genre de truc ? "

 

Un signe de tête. " Exactement… c'est pour que les patrons ne puissent pas profiter de leurs subordonnés… et c'est une bonne règle. " Elle tendit la main et retira doucement une goutte d'eau de la joue de Kerry. " Mais je lui ai dit que j'avais besoin de toi… et il est satisfait que tu ne sois pas sous pression ou contrainte de quelque façon que ce soit, alors il va laisser passer. "

 

" Oh. " Kerry y réfléchit. " Génial. " Elle embrassa l'épaule de Dar. " Alors je peux t'apporter à manger et ne pas me sentir coupable, c'est ça ? "

 

Les yeux bleus clairs se tournèrent vers elle. " Alors je peux emprunter le couloir arrière plusieurs fois par jour sans craindre qu'on me remarque ", répliqua Dar sans rire. " Je veux dire que c'est juste comme le reste… nous nous comportons de manière professionnelle au bureau, nous n'avons simplement pas à nous inquiéter que les gens découvrent ce que nous faisons en dehors des heures. "

 

" Hmm. " Kerry hocha un peu la tête. " Alors… je peux appeler le reste du personnel pour leur dire de revenir demain ? " demanda-t-elle d'un air agité. " Parce que je ne pense pas pouvoir gérer d'autres journées comme aujourd'hui. "

 

Dar hésita. " Je… hum… je pourrais les appeler dans la matinée ", risqua-t-elle.

 

Un œil vert océan se tourna pour se fixer sur elle. " Tu pourrais si tu retournais travailler ; ce que tu ne feras pas. " Kerry cligna des yeux. " N'est-ce pas ? "

 

La jeune femme brune tambourina sur le bord. " Ma tête va bien mieux ", déclara-t-elle. " Vraiment… et le genou aussi… ça me ferait plus de bien de démarrer plutôt que de rester ici à m'inquiéter pour toi. " Elle repoussa les cheveux humides du front de Kerry. " Par ailleurs, je dois faire quelque chose ici demain. "

 

Kerry soupira. " Comme j'aimerais que tu restes à la maison. " Elle passa les doigts sur le cuir chevelu de Dar et effleura légèrement le coup. Elle devait admettre que c'était presque parti. " Mais je vois bien que ça n'arrivera pas… alors est-ce qu'on pourra au moins partir tôt ? "

 

Un sourire lent. " Je te le promets… un dîner… au soleil couchant… sur l'eau ", proposa Dar, un sourcil levé en invitation. " Toi, moi, le bateau… quelques mouettes… qu'en penses-tu ? " Elle se pencha lui vola un baiser. " Hmmm ? "

 

Kerry se fraya un passage en mordillant le long du cou de Dar. " Très bien. " Elle accepta, en susurrant les mots directement dans l'oreille de sa compagne. " Ça marche. "

 

" Bien. " Dar baissa de nouveau la tête et trouva les lèvres baladeuses de Kerry, qu'elle tira sur ses genoux, glissant un bras sécurisant autour de la taille de la jeune blonde. Elle sentit les mains de Kerry glisser le long de ses épaules, et ses yeux se fermèrent par réflexe alors que leurs corps se pressaient l'un contre l'autre avec une parfaite familiarité.

 

Elles s'arrangeraient avec tous ces problèmes demain. Demain était un autre jour. A cet instant, tout ce qui importait, c'était la riche brise nocturne, et les étoiles, et elles.

 

A suivre - 5ème partie

 

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