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hurricanewatch5B

Page history last edited by Fausta88 14 years, 9 months ago

Avis de tempête

Hurricane Watch

 

 

par Missy Good

 

Traduction : Fryda

 

 

Pour les démentis, voir la première partie.

 

**********

Partie 5B

**********

Chapitre 47

 

" Ouais, c'est vrai, Col. " Kerry étira ses jambes et ferma les yeux, inspirant profondément l'air chaud qui entrait par la fenêtre de la Mustang. " Nous allons en Caroline du Nord… il faut qu'on s'occupe d'un énorme bazar là-bas. "

 

" OH… ah oui… oui, j'ai entendu parler de ça ", lui dit Colleen. " Mon chef hurlait… les transferts interbancaires ne passaient pas. " Elle s'éclaircit la voix. " Pas de problème, Ker… être là-bas n'est pas vraiment une plaie, tu sais ? Le petit déj' devant l'océan… les petits mannequins en smoking qui se baladent… pas un problème du tout. "

 

" Génial. " La jeune blonde soupira. " J'ai jamais pensé qu'un désastre me ravirait… mais je ne peux pas dire que je regrette celui-là. " Elle étouffa un bâillement. " Après avoir arrangé les choses, nous allons à un endroit que Dar connaît par-là… pour nous reposer et nous amuser un peu. "

 

" Oh ? " Colleen avait l'air plus intéressée. " Bon alors, ma fille… tu ne m'as rien dit… alors comme ça, toi et la grande brune vous allez enfin passer du bon temps ensemble… c'est génial. " Elle avait été proprement outrée des événements de la semaine écoulée, et étonnée quand Kerry lui avait parlé de la démission de Dar.

 

" Oui. " Kerry sourit en regardant le toit ouvrant. " Ça sera une première… même à Noël, il y avait tellement à faire que nous avions à peine le temps de respirer, encore moins de nous détendre… j'ai vraiment envie de quelques jours seule avec elle. " Et comme c'était vrai. Kerry avait vraiment envie que la crise soit passée et résolue, pour les libérer de tous les problèmes techniques et les laisser se concentrer l'une sur l'autre.

 

Elle savait d'instinct qu'après les quelques derniers jours, elles en avaient besoin. Il y avait bien trop d'épines en elles. Trop de petites fêlures causées par le traumatisme et la tension... elle se sentait un peu tremblante et elle suspectait Dar de la même chose. L'idée d'un week-end à faire de la randonnée dans le calme de la campagne était très, très tentante et cela donnerait à Dar le temps pour récupérer de ses coups et de ses bleus. " Tu penses qu'ils auront un jacuzzi ? " songea-t-elle.

 

Colleen rit. " Et bien, si c'est le genre d'endroit que Dar aime à mon avis, je suis sûre que oui… tu peux faire du ski sympa dans les montagnes, tu sais ", dit-elle. " Trouve-toi une cheminée sympa et faites-vous des marshmallows grillés, ma fille. "

 

" Mm. " Kerry pouvait sentir les morceaux chauds et légèrement brûlés dans son imagination. Puis elle imagina les partager avec Dar, et elle sourit, sentant la peau autour de ses yeux se plisser d'amusement. " Ça me va. "

 

" Eh… tes habitudes alimentaires ont bien changé. " Colleen la taquina. " Et puis, il y a la nourriture aussi. "

 

Kerry en avala presque sa langue. " Colleen ! ! ! ! "

 

" Ah… ah… ne me donne pas du Colleen, petite Mademoiselle 'une boule de neige ne fondrait pas dans ma bouche',' la railla son amie. " Je blague, Kerry… honnêtement, je pense que Dar est la meilleure des choses qui te soit arrivées. "

 

" Oh oui… elle me transforme en une petite boule de plaisir toute molle, voilà ce qu'elle fait. " Kerry se mit à rire. " Mais merci… " ajouta-t-elle calmement. " Je suis contente que tu aies fini par l'apprécier. " Elle passa une vitesse au moment où le ferry accostait. " Je vais préparer nos affaires… à plus tard, Col… merci de venir garder le chien. "

 

Elle raccrocha et conduisit avec précaution sur l'île, s'arrêtant près de l'arrosage des jardins avant de tourner sur la route circulaire et de se diriger vers l'appartement. Les sprinklers fonctionnaient au centre de l'île, dessinant une figure intéressante, et envoyant des jets d'air brumisé au nez de Kerry. Elle alla jusqu'au parking, puis s'arrêta, et fit une petite marche arrière. " Ohh… " Elle s'aperçut qu'elle souriait stupidement. Le département d'entretien avait peint son nom sur le muret en béton. " K. Stuart… regardez-moi ça. " Elle sortit de la voiture et l'examina, les lettres noires bien tracées sur le béton blanc, qui allaient avec le " D. Roberts " juste à côté, à moitié masqué par les pneus de la voiture de Dar.

 

C'était une chose si minuscule, si insignifiante, mais ça touchait profondément quelque chose en Kerry, renforçant le sentiment que ceci était, en fait, sa maison. Elle tapota doucement la Lexus, puis mit sa mallette sur l'épaule et se dirigea vers l'escalier, attrapant le courrier dans la boîte avant de taper son code de verrouillage. Chino commença à piauler à la minute où la porte s'ouvrit, et elle laissa tomber sa mallette sur la bergère tout en se dirigeant vers la cuisine. " OK… ok ma douce… je t'entends. " Elle traversa le sol carrelé et ouvrit la porte, laissant le chiot attaquer ses pieds sauvagement. " Hé… hé… doucement… " Elle posa le courrier et s'accroupit, caressant la douce fourrure de Chino. " Ok… ok… je sais… je suis contente de te voir aussi. "

 

Chino piaula de manière extatique, tout son corps remuant de joie alors qu'elle mâchouillait les doigts de Kerry. Puis elle pencha la tête et regarda derrière la jeune blonde avec espoir. Kerry se mit à rire. " Désolée, gamine… elle n'est pas avec moi. " Elle gratta les oreilles du chiot. " Je sais que c'est ta copine, hein ? "

 

Chino cligna des yeux, puis abandonna apparemment l'idée de voir Dar, et se concentra sur une attaque des chaussures de Kerry. " Raowr. " Le chiot tira sur un lacet, le laissant tomber et aboyant outrée lorsque la chose persista à rester attachée à Kerry, et que toute la force de l'animal ne parvint pas à la faire bouger.

 

" OK… pourquoi tu ne sors pas pendant que je fais des trucs, hein ? " Kerry ouvrit la porte de derrière et le chiot put filer dehors dans le petit jardinet entouré de murs. L'endroit était sûr pour elle depuis que Dar avait passé tout un week-end à le sécuriser, ce qui incluait qu'il n'y ait aucun trou sous la clôture, et d'enlever les minuscules cailloux que le chiot pourrait avaler. Elle regarda Chino renifler partout pendant une minute, puis elle rentra et commença à préparer deux sacs, en commençant par celui de Dar.

 

Ce qui était facile. Un jean, des polos fraîchement repassés, deux pulls, les seuls qu'elle avait en fait, sa chemise en flanelle, le sweat-shirt que Kerry adorait la voir porter, et des chaussettes douces et chaudes. Et des sous-vêtements, bien sûr. Kerry s'amusait à choisir ceux qu'elle préférait, et qui incluaient les mignons avec les petites images de Dogbert. Oh, et le maillot et le short de base-ball, et la trousse de toilette, qui contenait du shampooing, du savon, sa brosse à dents et la petite bouteille de poudre à l'odeur épicée intéressante dont Kerry adorait l'asperger. Elle renifla et ferma les yeux, avec un petit bruit de chantonnement qui sortit vivement de sa gorge et qui la surprit presque.

 

" Mon Dieu. " Elle se frappa le front de la main. " Je suis devenue une telle hédoniste ", murmura-t-elle en mettant le sac de côté avant d'ouvrir la fermeture éclair du sac souple que Dar utilisait toujours. Mais c'est comme ça que Dar la faisait se sentir, se dit-elle… totalement sexy et sensuelle, comme si elle prenait un bain de phéromones en permanence. Tout semblait si intense… son odeur… la couleur riche et profonde de ses yeux…

 

" Oh bon sang. " Kerry s'arrêta et prit plusieurs inspirations. " OK… je pense qu'il me faut un verre d'eau. " Elle transporta le sac jusqu'au divan et le laissa tomber, puis elle continua vers la cuisine et se versa un verre de thé glacé à la pêche, qui glissa dans sa gorge dans une vague fraîche et agréablement sucrée. Elle s'appuya sur le comptoir et sirota, en pensant aux tables de routines TCP/IP jusqu'à ce que son corps reprenne son calme, et qu'elle puisse monter jusqu'à sa chambre.

 

Son sac fut un peu plus difficile à faire, surtout parce qu'elle avait des vêtements d'hiver et qu'elle devait choisir. Mais elle prit un jean, parce que c'était bien plus confortable que l'épais velours côtelé qu'elle pouvait aussi choisir, le fait que Dar l'avait informée qu'elle aimait vraiment son allure en jean n'avait bien sûr aucune incidence sur sa décision.

 

Bien sûr. Kerry sourit en passant en revue sa collection de pulls en laine douce, elle choisit ses deux préférés, et un dont la couleur lui rappelait les yeux de Dar. Celui-là était un cadeau de son frère et il épousait ses courbes, amenant un sourire appréciatif sur le visage de Dar la dernière fois qu'elle avait eu l'occasion de le porter. Elle le mit dans son sac en cuir, avec deux t-shirts à manches longues qu'elle pouvait porter dessous. Elle ajouta également une paire de moufles, et ses chaussettes chaudes, ainsi qu'un nécessaire de bain, contente que ses règles n'arrivent pas avant une semaine.

 

Une fois que tout fut rangé, elle commença à descendre, puis s'arrêta, posant le sac sur le lit avant d'aller à la commode dont elle ouvrit le tiroir, et sortit une petite boîte en en velours. Elle l'ouvrit pensivement, ses yeux traçant les lignes maintenant familières de la bague si joliment fabriquée qui s'y trouvait. Etait-ce le moment ?

 

Kerry soupira et referma la boîte, la reposant dans le tiroir. Une part d'elle voulait repousser l'insécurité, et donner le cadeau… mais l'autre partie hésitait, prise entre la peur que Dar ne voudrait pas de ce genre d'engagement, et le sentiment intérieur qu'elle, Kerry… en avait besoin d'une façon profonde et inconfortable.

 

Peut-être… elle mâchouilla sa lèvre. Peut-être le jour de la Saint Valentin ? C'était dans deux semaines seulement… une boule nerveuse se forma dans son estomac. Peut-être qu'elle pourrait un peu tester Dar ce week-end… juste pour s'assurer qu'elle n'allait pas totalement se ridiculiser quand elle le ferait.

 

Oh, allons, Kerry… tu sais qu'elle t'aime. Elle se réprimanda. Mon Dieu… elle ne va pas se mettre à rire.

 

N'est-ce pas ? Kerry pianota sur sa cuisse puis attrapa la boîte et la mit dans son sac, tira sur la fermeture et le mit en bandoulière. Peut-être bien qu'elle allait s'entraîner, décida-t-elle, en descendant l'escalier, et elle mit son sac près de celui de Dar, puis s'assit et feuilleta le courrier. " Oh. " Elle retira les trois ou quatre lettres qui lui étaient adressées, transférées depuis Kendall. Il y avait deux factures, la troisième était une offre pour un test bêta des nouvelles applications de Microsoft, et la quatrième... " Je n'ai pas entendu parler d'elle depuis un moment… " Kerry retourna la lettre de sa grand-tante dans ses doigts avant de l'ouvrir et de sortir le doux papier couleur crème, légèrement parfumé de poussière et de souvenirs. Elle le déplia et l'étala sur ses genoux, étudiant la fine écriture arachnéenne.

 

Chère Kerrison.

 

Ma chérie, on m'a rapporté que tu t'étais éloignée de tes parents, et ceci me perturbe grandement. Pas à cause d'eux, parce que tu sais que je ne me suis jamais bien entendue avec ton père, mais pour toi, parce que je sais combien la famille compte pour toi.

 

Ta sœur me dit que tu vas bien, et que tu vis là-bas à Miami, avec une personne que tu aimes beaucoup. Avec son habituel bavardage insouciant, elle a réussi à contourner le sujet, mais je vais présumer que cette personne est une femme, et bien que tu penses que mes nerfs âgés ne peuvent pas supporter cette idée, je t'informe avec joie que ce n'est pas le cas.

 

C'est splendide, ma chérie. J'adorerais rencontrer cette personne, et je veux t'assurer que, quoique tes parents semblent penser, ta famille éloignée n'est pas coupée de toi quoi qu'il en soit. Tu es la bienvenue chez moi, et je sais que Michael aimerait te voir. Appelle-moi s'il te plaît, si tu en as l'occasion, parce que je voudrais connaître le vrai côté de l'histoire, comparé à la version expurgée que ta sœur a gracieusement offert à mes oreilles supposées délicates.

 

Avec ma plus grande affection,

 

Tante Penny.

 

Kerry sourit en relisant la lettre. " Cette brave vieille tante Penny. " Elle secoua la tête en se souvenant de la femme âgée mais vive qu'elle avait vue pour la dernière fois avant son départ pour Miami.

 

Lorsqu'elle lui avait donné la bague, et avait ri, en faisant tourner Kerry dans la lumière, la regardant avec des yeux brillants de la même teinte que ceux de Kerry.

 

Qui était la seule personne dans sa vie qui lui avait dit, tout de go, qu'elle était jolie, repoussant des années de harcèlement sur son allure par sa mère. Kerry l'aurait chérie rien que pour ça, mais elle avait toujours reçu une chaude affection de sa tante et elle était contente que ce désastre récent n'ait pas rompu le lien. Elle s'était fait une note mentale d'appeler sa tante après le week-end, et, avec un piaulement, elle retourna dans sa chambre pour prendre une petite boîte de papier à lettres, qu'elle mit dans son sac avec quelques-uns de ses crayons préférés. " Voilà ce que je vais faire, Chino… je vais lui écrire un mot… elle aimera ça ", dit-elle au chiot qui s'était blotti avec satisfaction à ses pieds. " Je parie qu'elle t'adorerait… elle avait une terreur Scottish. Je veux dire un terrier qui me bouffait toujours les chaussures quand j'allais chez elle. "

 

Chino leva les yeux puis posa son menton sur le pied de Kerry et soupira.

 

Kerry soupira aussi et se cala au fond du canapé en cuir, absorbant la paix de l'endroit. Elle prit Chino et la berça, souriant lorsque le chiot s'étala sur sa poitrine, la chaude respiration s'infiltrant sous les boutons de sa chemise.

 

Elle allait juste se détendre une minute, puis retourner au bureau.

 

Chapitre 48

 

" Et voilà, Dar. " Maria s'engouffra dans la pièce en lui tendant deux pochettes de billets d'avion. " Je vous ai fait les réservations d'avion et pour la chambre, ça marche. " La secrétaire lui fit un sourire coquin. " Ils n'ont que des chambres avec… comment vous dites, un jaguar. "

 

Dar arrêta ce qu'elle faisait et leva les yeux, surprise. " Quoi ? " Elle jeta un coup d'œil aux billets. " Un jaguar ? "

 

" Si… avec les bulles… " Maria fit un geste en rond avec la main. " Dans l'eau. ".

 

" Oh… oh… un jacuzzi. " Dar gloussa et lui lança un regard sévère. " C'est strictement pour le travail, Maria. "

 

" Si… si… mais vous savez que c'est important de rester très propre, Dar ", rétorqua Maria, vertueusement. " Vous savez, ce ne serait pas bien que vous reveniez avec des microbes. "

 

Lentement, les yeux bleu clair se levèrent vers elle, un sourire espiègle tirant le coin des lèvres de Dar. " Maria… si je ne vous connaissais pas, je dirais que vous êtes en train de m'encourager à faire quelque chose en contradiction avec la politique de la compagnie, avec mon assistante très talentueuse. "

 

Maria cligna des yeux. " Oh, si. " Elle hocha la tête sérieusement. " On se revoit lundi, Dar… amusez-vous bien. " Elle sortit en trottinant, laissant une chef très perplexe et un peu désarçonnée derrière son bureau. " Un jaguar, hein ? " Elle mit les pochettes dans sa veste et regarda sa montre. " En parlant de ma gracieuse et talentueuse assistante… " Elle prit le téléphone et composa le numéro du portable de Kerry.

 

Il fallut quatre sonneries avant d'obtenir une réponse, et la voix avait l'air un peu endormi. " Oh, merde. "

 

Dar regarda le téléphone avec un peu d'amusement. " Et bon après-midi à toi aussi, Kerrison ", dit-elle d'une voix traînante. " Que se passe-t-il ? "

 

" Merde, merde, merde… " Kerry soupira. " Je suis désolée, Dar… j'ai préparé les affaires, puis je me suis assise et j'ai joué avec Chino pendant une minute, et je me suis endormie. " Des bruits de froissements passèrent sur la ligne. " Je suis en route… je ne sais pas ce qui m'a pris, bon sang. " Elle avait l'air dégoûté. " Mon Dieu… "

 

" Hé… calme-toi. " Dar rit. " On s'est levées tôt, on n'a pas beaucoup dormi la nuit dernière et si tu es fatiguée, c'est normal que tu fasses une bonne sieste… tu n'as rien raté. " Elle prit une gorgée de café. " Le centre est toujours hors-service, ils ont toujours besoin de notre aide, j'ai nos billets, et Maria nous a réservé une chambre d'hôtel avec un jacuzzi. "

 

Un silence passager. " Oh vraiment ? " Kerry avait fermé la porte de la voiture et on entendait le bruit du moteur. " Un jacuzzi, hein ? Elle est subtile. " Une pause. " Ça me va, en tout cas… Colleen me tentait avec des visions de toi, un feu de cheminée et des chamallows . "

 

" Oooh. " Dar ronronna. " Je suis partante… j'adore les chamallows. " Elle se leva et commença à ranger son micro portable. " J'attendrai en bas… on peut prendre un en-cas rapide à l'aéroport avant de prendre l'avion. "

 

" D'accord. " Kerry étouffa un bâillement. " A tout de suite. "

 

Chapitre 49

 

L'avion était tranquille, à moitié plein seulement, et Dar saisit l'occasion pour se détendre dans son siège confortable, un verre de vin blanc en équilibre sur la tablette entre elle et Kerry. La jeune blonde était à moitié blottie sur son côté, enveloppée dans une couverture douce et bleue et elle regardait nonchalamment le profil de Dar. " Il faudra qu'on aille au bureau dès notre arrivée ", dit Dar en posant la main naturellement sur celle de Kerry. " La nuit va être longue. "

 

" D'accord ", marmonna Kerry, en remuant pour enrouler ses doigts avec ceux de Dar. " Tant que je peux la passer avec toi, peu importe si elle est longue. " Elle ferma les yeux et souffla.

 

Dar la fixa calmement, absorbant le compliment inattendu. " Merci ", finit-elle par dire doucement. Un œil vert océan apparut et l'étudia. " C'était vraiment gentil de dire ça. "

 

Kerry rougit légèrement, et referma les yeux, en pressant un peu les doigts qu'elle serrait. " Tu fais ressortir le poète en moi ", admit-elle doucement. " C'est une chose très étrange. "

 

" Oh vraiment ? " Dar roula à demi sur le côté pour faire face à la jeune blonde. " Tu en as sous la main ? "

 

Un œil vert alarmé. " J'ai quoi sous la main ? "

 

" Des poèmes ", répliqua sa compagne, avec un éclat diabolique dans les yeux. " Tu as dit que je faisais ressortir ce côté en toi… je sais que tu en écris… j'aimerais en entendre un. "

 

" M… " L'esprit de Kerry fit quelques tours pendant un moment. " Je… m… "

 

" Et bien, ça rime un peu, c'est vrai", dit Dar d'un air songeur. " Mais ça n'a pas beaucoup d'impact émotionnel, je dois dire. " Elle prit une gorgée de son vin. " Est-ce que c'est un de ces trucs qu'on appelle haïkus ? "

 

Kerry éclata de rire. " Dar ! " Elle réprimanda sa chef. " Je… hum… tu sais je… ce genre de choses m'embarrasse. " Elle leva les yeux pour voir une expression de déception voilée sur le visage de Dar. " Bon alors, peut-être un. " Elle finit par accepter avec hésitation. " Mais je vais devoir sortir mon carnet de notes en arrivant… je ne les mémorise pas. "

 

Les yeux bleus continuaient de la regarder.

 

" Allons, Dar… je ne peux pas en faire un comme ça sur commande, tu sais. " Kerry essayait d'éviter de regarder l'expression nostalgique. " Ça ne marche pas comme ça. "

 

Dar soupira. " D'accord. " Elle laissa retomber sa tête sur le siège et baissa le regard.

 

Kerry mâchouilla sa lèvre, les sourcils froncés en regardant le profil anguleux devant elle.

 

Nous marchons dans les ténèbres du monde,

 

Pions involontaires, et victimes de la nuit,

 

Sans autres guides que les faux prophètes.

 

Mais je traverse dans les ombres et ne crains leurs dangers,

 

Mon cœur protégé par les boucliers éclatants

 

De l'armée de ton amour.

 

Elle se sentit très embarrassée et put à peine regarder Dar lorsqu'elle eut fini, une rougeur profonde et solide colorait ses joues. " Je sais que c'est plutôt bébête… et je n'ai aucune idée de ce qui m'a… oh. "

 

Des lèvres effleurèrent très légèrement les siennes et elle en goûta la douceur.

 

" Ce n'est pas bébête ", gronda Dar dans son oreille. " Je trouve que c'est incroyable. " Elle embrassa de nouveau Kerry, contente de la faible lueur dans la cabine. " Comme toi. "

 

" Mm… " La jeune blonde sentit ses mains bouger irrésistiblement vers le corps chaud tout près d'elle. " Ben ça… laquelle de nous est la poétesse ? "

 

Chapitre 50

 

C'était une nuit sombre et orageuse. Kerry roula les mots dans sa tête, en regardant dans l'obscurité qui les entourait. Elles étaient arrivées à l'aéroport saines et sauves, et avaient retiré leur voiture de location, puis elles s'étaient dirigées vers le bureau du réseau.

 

" C'est plutôt loin de tout par ici ", commenta Dar, les petits muscles de son visage tendu alors qu'elle essayait de voir au travers de la pluie. La route était à deux voies, bordée d'arbres et montait et descendait le long des collines. Seul un réverbère apparaissait de temps en temps, et la pluie était si drue qu'elle reflétait les phares de Dar dans un brouillard menaçant.

 

" Tu l'as dit. " Kerry approuva. " Quelque chose comme le coin d'où je viens… mais plus vallonné. " Elle s'accrocha à la ceinture lorsque Dar prit un tournant inattendu, puis elle cligna des yeux alors que la route filait à gauche en descendant. " Ouaouh. "

 

" Ouais. " Dar se mordilla la lèvre inférieure. " Je ne suis pas une pro des descentes… désolée. " Elle ralentit consciencieusement et se passa la main dans les cheveux, avec le désir qu'il y ait de la lumière. " Mais ce n'est plus très loin… ouah ! " La voiture glissa et elle perdit le contrôle, elle tourna le volant instinctivement dans le même sens, résistant au désir d'appuyer sur le frein. Elle fit un tour complet sur elle-même et faillit sortir de la route avant que la grande femme ne lutte pour redresser la voiture, et ne ralentisse jusqu'à une allure d'escargot. " C'était quoi, ça, Bon Dieu ? "

 

Kerry mit doucement la main sur son bras. " Du verglas ", dit-elle dans un souffle. " Hum… tu veux que je conduise ? Je pense que je suis plus habituée à ça que toi… il n'y a probablement pas beaucoup de routes verglacées à Miami. "

 

Dar y réfléchit et quitta prudemment la route, elle s'arrêta et redressa sa veste avant de sortir de la voiture. " D'accord… oui… on a des routes glissantes à cause de la pluie, mais rien de tout ça. " Elle sortit dans l'air glacé teinté de neige, et changea de place, pour s'installer dans le siège en tissu encore chaud du corps de Kerry.

 

C'était un moment étonnamment sensuel, surtout depuis qu'elle avait senti l'odeur de sa compagne sur le tissu. Elle s'assit au fond, un peu intriguée, et regarda Kerry ajuster le siège pour que ses bottes atteignent les pédales. " Désolée… j'aurais dû bouger ça. "

 

Les yeux vert océan se levèrent, teintés d'un soupçon de malice. " Ou tu aurais pu simplement rester là et je me serais assise sur tes genoux. "

 

Un sourcil grimpa sur le visage de Dar pratiquement à l'intérieur de sa frange. " Oh vraiment ? " Elle fut tentée puis soupira. " Peut-être après que nous serons sorties de là… ça se remarquerait un peu d'arriver sur le site comme ça. "

 

Kerry finit les ajustements puis démarra la voiture et alla lentement sur la route. " Mm… ouais, sans doute. " Elle étudia la route. " Tout droit ? "

 

Dar hocha la tête. " Oui… tourne à droite au carrefour sur la route principale… il y a un panneau d'autoroute. " Elle laissa sa tête reposer sur le siège et s'étira les jambes, en lançant un regard à Kerry tout en ajustant le siège du passager. Elle décida qu'elle aimait être passagère parce que ça lui donnait l'occasion d'étudier le profil de sa compagne à tout loisir, d'admirer le nez légèrement retroussé, et la ligne souple de sa mâchoire, les muscles qui bougeaient un peu alors qu'elle se concentrait sur la route.

 

Kerry avait douloureusement conscience des yeux posés sur elle, et elle combattit l'instinct de jouer nerveusement avec ses cheveux, ce qui était une de ses habitudes. " Hum… " Elle essaya de penser à quelque chose pour distraire Dar. " Bon, qu'est-ce qu'on va faire une fois là-bas ? "

 

" Et bien. " Dar croisa les bras sur sa poitrine, resserrant sa veste en cuir autour de son corps. " Ça va dépendre de la situation… il faudra probablement qu'on bouscule quelques personnes, qu'on botte quelques fesses, qu'on soit méchantes… hé, Kerry ? "

 

" Botter des fesses… prendre des noms… être méchantes… hein ? " Kerry lança un coup d'œil vers elle. " Quoi ? "

 

" Tu es vraiment mignonne. " Dar sourit.

 

La voiture glissa sur le côté, avec Kerry qui s'accrochait et qui jura quelques minutes avant de reprendre le contrôle. " Dar, ne fais pas ça ", dit-elle d'un ton suppliant, en espérant que le rougissement diminue. " Nous allons finir dans le fossé. "

 

Dar rit doucement. " Désolée. " Elle devint silencieuse, et laissa sa compagne se concentrer sur la navigation sur la route glissante.

 

La campagne obscure passa lentement, coupée de temps en temps par le passage d'une voiture ou d'un camion dans l'autre direction. Il passa une autre heure avant que Dar ne fasse un signe de tête vers une route transversale à demi cachée. " Par-là… tu vois, là où les guirlandes lumineuses sont installées ? "

 

Kerry hocha la tête. " Ouais… attends… oh, oui, je vois la route… d'accord. " Elle dirigea la voiture vers le parking, où elle distingua plusieurs camions au travers de la pluie. " On dirait un cirque. " Des groupes de personnes étaient agglutinées autour, et elle se gara près d'un grand groupe, mit le frein à main et défit sa ceinture. " Bon, chef… c'est ton tour maintenant. " Elle leva les yeux vers Dar qui regardait l'activité avec des yeux acérés et très mobiles.

 

" Bien ", murmura Dar en laissant le côté chaleureux de sa personnalité de côté, et en appelant l'agressivité froide dont elle savait avoir besoin pour gérer la situation. " Ok… tu as ton téléphone et le portable, OK ? "

 

Kerry hocha la tête, en la regardant avec une fascination mal à l'aise. " Oui. "

 

" Bien. Allons-y. " La jeune femme brune remonta la fermeture de sa veste et ouvrit la portière, se glissant sous la pluie avant de la refermer derrière elle.

 

" OK ", murmura Kerry, en mettant le téléphone dans une poche de sa veste avant de prendre sa mallette. Elle sortit par la portière du conducteur et la referma, la verrouilla et suivit à grands pas sa chef qui était déjà à mi-chemin du bâtiment.

 

Chapitre 51

 

" Très bien, quand est-ce qu'on pourra entrer là-dedans ? " dit Dar, qui se tenait sous une bâche dégoulinante tout au centre de la pelouse devant le bâtiment. Deux hommes se trouvaient en face d'elle, clairement mal à l'aise.

 

" Ms Roberts… " dit l'un d'eux avec un soupir. " Ecoutez, les gens de l'environnement ne nous laissent pas passer parce qu'on a confirmé que la substance chimique était toxique. " Il lui lança un regard qui montrait bien que la dernière chose à laquelle il s'était attendu, était la présence d'un directeur sous sa tente, où ils étaient en train de manger une pizza et de boire une bière.

 

Le visage de Dar se tendit. " Combien de temps ? " dit-elle d'un ton brusque.

 

Il secoua la tête. " Je ne sais pas… la régulatrice m'a dit il y a une heure qu'il n'aurait pas d'équipe ici avant demain midi. "

 

Les yeux clairs presque argentés dans les lumières crues l'étudièrent pensivement. " Où est-elle ? " La voix de Dar descendit d'un octave et prit une teinte de prédateur.

 

L'homme lui jeta un coup d'œil nerveux. " Et bien, elle est par-là… dans leur van, mais il faut que je vous dise, madame, qu'elle n'écoute pas les conneries… j'ai travaillé avec elle déjà. "

 

" Comment s'appelle-t-elle ? " Le ronflement s'approfondit.

 

" Anne Simmonds ", répondit l'homme. " Mais… je veux dire que, vraiment, madame… si elle décide de nous causer des ennuis, on va être là pendant des semaines. "

 

Dar se retourna et marcha sans un mot, laissant la pluie battre contre elle en fléchettes glacées, consciente de la silhouette tranquille de Kerry un pas derrière elle. Elle fut rejointe par un jeune homme lorsqu'elle s'approcha du van, il était habillé d'une combinaison blanche. " J'aimerais voir la personne responsable ", lui dit-elle calmement.

 

Il s'éclaircit la voix et repoussa les lunettes sur le dessus de son nez. " Et bien… Le Dr Simmonds est à l'intérieur… mais elle est occupée… je peux vous aider ? "

 

Dar fit un pas en avant et le regarda de haut, ses yeux quelques centimètres au-dessus des siens. Elle laissa le silence s'installer pendant un moment, le regardant déglutir plusieurs fois par réflexe. " Non ", lui dit-elle enfin. " J'aimerais parler au Dr Simmonds, s'il vous plaît. "

 

" Euh… " Il regarda derrière elle vers la tête mouillée de Kerry. Elle lui sourit brièvement. " Euh… et bien, je… je peux lui demander… mais… hum… d'accord, vous êtes de cette société ou… "

 

Dar pencha la tête et le cloua du regard. " J'aimerais beaucoup… je m'appelle Dar Roberts… et je suis de notre bureau de Miami. "

 

" D'accord. " Il hocha la tête. " D'accord… hum… attendez ici… je reviens tout de suite. " Il se retourna et alla vers le van, surpris de voir Dar à côté de lui. " Oh… nous… nous faisons des expériences… je… "

 

" J'aimerais sortir de cette pluie. " Dar le coupa. " Je ne casserai rien, je le promets. "

 

Il regarda derrière elle.

 

" Moi non plus. " Kerry lui sourit gentiment. " Vraiment… ma mère m'emmenait dans les boutiques de porcelaine quand j'étais petite. "

 

Dar s'essuya rapidement le visage de la main, tout en étouffant un rire, puis elle s'éclaircit la voix alors qu'ils approchaient du van, d'où partait une bâche depuis le côté du passager, qui protégeait plusieurs tables de travail avec des gens occupés tout autour. Le jeune homme alla vers une silhouette penchée sur un microscope et lui toucha le bras.

 

" Quoi ? " La femme parla brusquement sans lever les yeux. " Vous venez de secouer toute cette plaquette… j'essaie de prendre des photos, Michael. " Elle était très petite, plus petite encore que Kerry, et mince, avec des cheveux auburn foncé tirés en arrière sous une casquette très serrée. Mais sa présence était puissante et suintait d'impatience.

 

" Hum… oui… docteur, je sais… mais il y a ces deux personnes de Miami ici… elles voulaient vous parler… et je… "

 

" Dites-leur de retourner à Miami… je ne veux pas de costumes trois-pièces qui puent le cigare cubain autour de moi à poser des questions à la con ", répondit brusquement le docteur. " Rien à faire, Michael, alors vous retournez au trot dehors et… " Elle jeta un coup d'œil par-dessus son épaule, là où deux silhouettes sombres et étranges se trouvaient. " vous vous débarrassez d'eux. "

 

" En fait. " La voix basse de Dar parla clairement, et avec précision, alors qu'elle s'avançait dans la lumière avec un impact stupéfiant. " Je ne pense pas aller nulle part. " Elle s'arrêta précisément au centre de la tente, laissant la lumière brutale la dessiner avec des détails précis.

 

Le docteur fut… surprise. C'est ce que pensa Kerry, qui regardait les yeux de la petite femme balayer la forme imposante de sa chef avec précaution.

 

Un silence inconfortable tomba sur elle, jusqu'à ce que Dar ne fasse un pas en avant et ne tende la main. " Dr Simmonds ? Je m'appelle Dar Roberts. " Elle attendit impassiblement que le docteur l'étudie longuement avant de tendre la main à son tour. " J'ai besoin de réponses. "

 

C'était le charisme. Kerry fit un bref sourire au docteur alors que Dar relâchait la main et se retournait. " Voici mon assistante, Kerry Stuart. "

 

" Je n'ai pas de réponse. " La petite femme se recomposa et se renfrogna, elle fit un signe de tête brusque en direction de Kerry. " J'ai dit à vos gens il y a des heures… que cette foutue société d'incendie a mis tellement de toxines dans ce système, que c'est une foutue bonne chose que les gens de chez vous aient évacué, ou ils seraient en train de luire comme des lucioles. "

 

Dar soupira. " Qu'est-ce que c'est ? "

 

" Je n'en ai pas la moindre idée… et ces gens-là ne veulent pas le dire ", déclara le docteur, d'un ton dégoûté. " Ils ont tellement peur d'un procès qu'ils n'admettraient même pas avoir un nom et un prénom. "

 

Dar jeta un coup d'œil à Kerry qui lui tendit le téléphone sans un mot. Elle composa un numéro et attendit. " Bonsoir, Les "

 

" Mon Dieu, Dar… il est… " Un bâillement. " Minuit… bon s… vous êtes en Caroline du Nord ? " Il s'éclaircit la voix. " Ecoutez… douze comptes vont être annulés si tout n'est pas réparé demain matin. "

 

" Et c'est maintenant que vous me le dites ? " aboya Dar. " Bon Dieu, Les ! "

 

" Je n'étais pas inquiet… j'ai entendu dire que vous étiez en route… en fait, je suis allé me coucher ", lui dit le P.D.G. joyeusement. " Vous savez que j'ai toute la confiance du monde en vous, Dar "

 

La responsabilité s'abattit sur ses épaules avec un craquement presque audible. " De combien de fric parle-t-on ? " demanda Dar avec précaution. " Ça n'a pas l'air très bon ici, Les. "

 

" Et bien… " Il fit une pause. " Ce n'est pas bon, Dar. " Sa gaieté disparut. " En fait, ce n'est pas bon du tout… nous ne pouvons pas les perdre… pas comme ça, et rester compétitifs. "

 

Le regard de Dar alla vers le sol mouillé. " Je vois. " Un battement sourd commença à l'arrière de son crâne. " J'aurais souhaité que vous m'en parliez plus tôt. "

 

" Je ne l'ai pas su avant six heures, vous étiez déjà partie pour l'aéroport ", lui dit Les. " Et de toutes façons… qu'est-ce que je pouvais faire de plus ? Vous êtes la meilleure, Dar… si vous ne pouvez pas résoudre ça, personne ne le peut. "

 

Dar se massa les tempes. " Très bien… j'ai besoin que quelqu'un du service juridique appelle le responsable de cette foutue société d'incendie, quel qu'il soit, et le menace d'un procès en bonne et due forme, en nommant les dirigeants comme responsables s'ils ne donnent pas aux gens ici le nom du truc qu'ils mettent dans leur fichu système. "

 

" Au diable le service juridique… je vais l'appeler… je le connais… c'est le beau-frère du troisième ex-mari de ma seconde femme ", lui dit-il. " Je vous rappelle plus tard. "

 

" Très bien. " Dar déconnecta en étudiant le bâtiment pensivement. Puis elle composa de nouveau, en jetant un coup d'œil par-dessus son épaule. " Appelle Bellsouth… je vais avoir besoin de quelqu'un de très haut placé dans leur département production. " Sa voix avait pris un ton grimaçant.

 

" D'accord. " Kerry prit son téléphone et son organiseur de poche, et elle vérifia le numéro puis le composa, sentant le changement soudain dans sa compagne, et ressentant un pincement nauséeux dans son estomac.

 

Dar écouta une minute, puis entendit la voix de Mark. " Bonsoir. "

 

" Ah… Dar… salut. " La voix de Mark avait l'air embrumée. " Hum… j'étais… euh… "

 

" Endormi sur ton bureau ", fit remarquer Dar sans rire. " Ecoute… j'ai besoin d'un inventaire… est-ce qu'on peut dupliquer la configuration en Caroline ? "

 

Un silence passager. " Tu blagues, hein ? " répondit Mark faiblement. " Tu sais bien qu'on ne peut pas le faire. "

 

" C'est ce que je pensais… appelle Cisco et trouve ce qu'ils ont sous la main. " Dar soupira. " On ne peut pas rentrer. " Elle raccrocha et fit face au docteur. " Il faut que j'entre là-dedans et que je sorte l'équipement. "

 

" Pas question ", répondit instantanément la femme.

 

" Ecoutez… " commença Dar.

 

" Hé… j'ai dit pas question. " Anne leva la main. " Alors n'essayez même pas … j'ai dit non à bien pire que vous. "

 

Kerry mit la main sur le micro de son téléphone et se glissa avec art entre les deux femmes, en voyant le regard glacé soudain menaçant de sa chef. " Tiens… Dar… c'est un des directeurs exécutifs ou quelque chose comme ça… c'est assez haut ? " Elle lui passa le téléphone, en regardant les narines de Dar s'écarter alors qu'elle prenait l'objet.

 

" Ouais. C'est bien ", marmonna-t-elle en inspirant avant de se tourner à demi pour parler.

 

" Bon. " Kerry fit un sourire grimaçant au docteur. " Il y a du café par ici ? "

 

Chapitre 52

 

" Bon, ça y est. " Anne Simmonds ferma son téléphone portable. " Très bien, les gars… on range ", cria-t-elle à son équipe, puis elle se retourna vers Dar qui attendait. " Désolée. Ils vont devoir amener une équipe pour récurer l'endroit. Mais merci de m'avoir obtenu une réponse. "

 

Kerry lança un regard à sa chef. " Qu'est-ce que ça veut dire ? " demanda-t-elle.

 

" Ça veut dire que ce truc est si toxique que nous ne pouvons pas entrer là-dedans sans combinaison de protection ", répondit le docteur succinctement. " Et je serais contente de me sortir de ce temps pourri… vous feriez bien d'en faire autant. "

 

" Combien de temps ? " Dar parla pour la première fois, la voix aiguë.

 

Le docteur haussa les épaules. " Qui sait ? Il faudra une journée à l'équipe pour arriver ici… peut-être deux… puis environ une semaine. " Elle rangea son kit.

 

" Je ne peux pas laisser ce bureau fermé pendant une semaine ", déclara Dar d'un ton neutre.

 

" Et bien, c'est dommage ", répliqua Simmonds. " Parce que je laisse un homme de troupe ici pour garder tout le monde à distance. " Elle fit un sourire grimaçant à Dar. " Bonne journée. " Elle mit son sac sur l'épaule. " Oh, et Ms Roberts ? "

 

Les yeux bleus la regardèrent en silence.

 

" Ma chef, Shari, vous souhaite aussi une bonne journée. " Elle se retourna et partit, pour rejoindre son groupe qui entrait dans le van avant de refermer la porte, de démarrer et de les laisser dans la pluie agitée et glacée.

 

Kerry les regarda, puis se retourna et étudia le visage de sa chef, qui était devenu sombre et froid, une colère brillante dans les yeux bleu clair qui lui envoya un frisson dans le dos. " De quoi elle parlait ? "

 

Dar sentit le goût amer au fond de sa bouche. " Une vieille histoire ", répondit-elle puis elle retourna son attention vers le bâtiment. " Très bien. Viens… il faut qu'on emploie la manière forte. " Elle commença à avancer d'un pas brusque vers la bâche sous laquelle le reste du groupe était blotti.

 

" Mais… " Kerry la rattrapa en tirant légèrement sur son col. " Dar… je ne… hum… "

 

" Très bien, les gars ", dit Dar en passant sous le plastique bleu. " Mauvaises nouvelles. Nous ne pourrons pas entrer avant une semaine, au moins. " Elle montra le coordinateur régional de Bellsouth qui venait d'arriver. " Je veux que tous les circuits de ce bâtiment soit démontés et remontés… et je veux que ça soit fait ce soir. "

 

Sa mâchoire s'affaissa. " Vous blaguez, hein ? "

 

" Non. " Dar le regarda de haut. " Commencez maintenant… je vous ferai savoir quand je les veux… " Elle se retourna pour faire face au responsable du bâtiment. " Soixante-dix Cisco 7200 sont en route par charter… trouvez quelqu'un pour aller les chercher. "

 

Sa mâchoire s'affaissa également. " Qu'est-ce que vous êtes en train de faire, bon sang, Dar ? A vous entendre, on dirait qu'on reconstruit ce foutu complexe. "

 

Un sourcil noir se dressa. " C'est exactement ça. "

 

" C'est impossible ", lui dit-il platement. " Il n'y a aucun moyen de dupliquer les équipements en une nuit. "

 

" Vous avez déjà essayé ? " contra Dar, sa colère montait. " Non ? Alors comment est-ce que vous savez que ce n'est pas possible ? Vous vous bougez… et trouvez-moi quelqu'un avec un camion, qui connaisse cette zone… et vous… " Elle pointa vers une autre femme qui était emmitouflée dans un grand imperméable. " Commencez à faire revenir vos gars. " Le personnel avait été renvoyé un peu plus tôt.

 

" Ecoutez… Dar… " objecta le responsable régional.

 

Elle tournoya vers lui et pointa un doigt sur sa poitrine. " Vous voulez avoir un boulot demain ? "

 

Un silence.

 

" Alors bougez-vous le cul ", dit-elle d'un ton brusque. " Vous tous ! "

 

Un murmure bas courut alors que les gens commençaient à bouger, plus d'un " complètement dingue " revint aux oreilles de Dar. Elle leur tourna le dos et alla vers le bord de la bâche, elle regarda l'obscurité et essaya de calmer la tension qui grignotait son estomac.

 

Kerry inspira puis s'avança à côté d'elle. " Hé… écoute, Dar… je pense qu'il a raison… c'est vraiment dingue. "

 

Le dos devant elle se raidit et il fallut un long moment avant que Dar ne tourne la tête et ne regarde Kerry droit dans les yeux. Son visage était un masque indéchiffrable, mais le tumulte dans ses yeux était immanquable. " Si tu ne veux pas m'aider… retourne à la voiture et attends-moi là-bas. " La grande femme parla avec une basse intensité. " Mais ne reste pas là à me dire ce que je ne peux pas faire… je n'ai pas besoin de ça de ta part. "

 

Kerry sentit ses genoux commencer à trembler, et elle prit une inspiration choquée ; elle ne s'attendait pas à cette réponse. Elle essaya de trouver quelque chose à dire mais avant qu'elle ne puisse, Dar se retourna et partit dans l'obscurité. Seule.

 

Chapitre 53

 

La pluie glacée allait très bien avec son humeur. Dar regarda à travers, elle sentait à peine la piqûre contre son visage alors que le dernier espace de chaleur se dissolvait derrière elle, remplacé par une tristesse humide et qu'elle regrettait déjà ses mots à Kerry.

 

Bon sang. Elle mit les mains sous ses aisselles, ignorant la douleur que la pluie causait à ses articulations, et elle lança un coup d'œil rapide par-dessus son épaule. Kerry avait disparu. Le fait plongea à l'intérieur de l'estomac de Dar, et elle ressentit longuement le souhait de rayer toute la nuit et de lui courir après.

 

Et de lui dire quoi ? Désolée d'avoir été conne… c'est juste une chose à laquelle tu dois t'habituer ? N'était-ce pas cette bonne vieille Shari qui lui avait dit qu'elle n'aurait jamais de relation durable, parce qu'elle faisait toujours passer tout le reste avant ?

 

Ouais. Marrant qu'elle surgisse juste à ce moment. Elle laissa la pluie glacée la frapper, paralysant son visage jusqu'à ce que des pas lourds approchent ; elle se retourna pour voir le responsable de Bellsouth serrer son imperméable jaune autour de lui.

 

" Très bien… les paires sont tirées ", lui dit-il, en se frottant le visage. " Et maintenant ? Je ne peux pas garder les gars sur ces pylônes, Ms Roberts… il faut nous donner des directives… nous faisons le maximum mais je ne vais pas mettre mes gars en danger, et ça gèle. "

 

Plus que tu ne crois. Dar se frotta les bras, puis soupira. " Ok… voyons où se trouvent tous les autres. " Elle le ramena vers la bâche, ignorant les regards coléreux du reste de l'équipe, canalisant ses pensées sur le but. " On en est où ? "

 

" L'avion vient juste d'atterrir avec les routeurs ", admit un homme d'un ton grognon, en soufflant sur ses mains. " J'ai un camion… nous allons partir pour aller les chercher. "

 

" Bien. " Dar hocha la tête. " Allez-y. "

 

" Le personnel est en route… ceux que j'ai pu joindre ", lui dit la femme d'âge moyen. " Mais j'ai dû être plutôt dure… personne n'est content… et quelques-uns ont purement et simplement refusé. "

 

" Très bien ", lui dit la jeune femme brune. " Ok, maintenant nous avons besoin d'un… "

 

" L'entrepôt à côté est vide. " La voix de Kerry l'interrompit calmement. " Ils ont un répartiteur télécom, et le propriétaire est en route avec une clé. "

 

Le claquement de la bâche devint soudain bruyant, alors que tout le monde se retournait pour la regarder, et Dar sentit un sursaut irrationnel dans son estomac. Elle étudia le visage sérieux et calme pendant un moment. " Merci, Kerry… bon travail. "

 

Kerry hocha la tête et regarda vers la boue remuée et à moitié gelée sur laquelle ils se tenaient.

 

" Très bien… on emmène tout là-bas… nous entrerons dès qu'il ouvrira… il fera plus chaud et plus sec au moins ", dit Dar calmement. " John… c'est l'endroit où il faudra amener les lignes… je pense avoir repéré un bloc au bout de ce bâtiment. "

 

" Vous avez raison. " Le responsable de Bellsouth hocha brusquement la tête, prit un talkie-walkie dans lequel il parla. " C'est un coup facile… il se pourrait bien qu'il soit déjà câblé… il y a eu une opération de télémarketing. "

 

Kerry écouta la conversation, la laissant rouler en elle, jusqu'à ce qu'elle soit consciente du bruit des pas qui s'éloignait, et puis du silence. Avec un soupir, elle leva la tête, sursautant presque lorsque les yeux bleus croisèrent les siens. " Oh. " Elle avait pensé que Dar était partie avec eux.

 

Elles s'étudièrent pendant un long moment pensif.

 

" Désolée… je… " commença Kerry.

 

" Désolée de t'avoir crié dessus… je " grommela Dar en même temps.

 

Le silence retomba puis Dar laissa échapper un souffle et passa une main fatiguée sur son visage. " Tu ne le méritais pas. "

 

Kerry s'approcha. " Non… je n'aurais pas dû te remettre en cause, Dar. " Elle tendit une main hésitante, et toucha le bras de Dar, comme pour se rassurer elle-même. " Tu avais besoin de mon soutien à ce moment-là, et je t'ai lâchée. "

 

Dar baissa les yeux vers le sol. " Je ne veux pas que tu penses ça ", dit-elle après un moment pensif. " Parfois, tu as besoin de me remettre en cause, Kerry… je ne connais pas toutes les réponses, et parfois je pousse trop fort… et la fin ne justifie pas toujours les moyens. " Ses yeux se relevèrent, pleins d'une honnêteté surprenante. " Tu devrais le savoir. " Elle soupira et regarda autour d'elle. " Je ne sais pas si c'est la chose à faire… mais je ne sais pas quoi essayer d'autre… et il faut que j'essaie quelque chose. "

 

Kerry hocha la tête et avança d'un autre pas. " Je sais… je suis allée au camion et je me suis assise là… et j'ai réfléchi. " Elle fit une pause. " C'est pour ça que j'ai appelé au sujet de cet entrepôt… je savais que c'est ce que tu ferais, toi. "

 

Dar leva la main et la posa doucement sur sa joue. " Merci ", murmura-t-elle sincèrement. " C'est vraiment du bon travail… comment as-tu su pour le répartiteur ? "

 

Kerry sourit, sentant ses muscles faciaux se raidir au froid en protestation. " La technologie moderne… je me suis connectée sur la page immobilière locale et j'ai fait une recherche sur les propriétés commerciales disponibles dans les environs… j'ai décrit mes besoins et c'est sorti comme ça. " Ses yeux brillèrent gravement quand ceux de Dar s'agrandirent. " Il y avait même le numéro de téléphone du propriétaire ", ajouta-t-elle. " Il n'était pas content que je l'appelle à deux heures du matin, mais comme je lui ai offert vingt pour cent de plus que ce qu'il demandait, il a fait une exception et a dit qu'il arrivait directement. Il habite à dix minutes d'ici. "

 

Dar secoua légèrement la tête puis elle tira impulsivement Kerry à elle pour une étreinte, se laissant aller dans la chaleur alors que les bras de la jeune femme s'enroulaient autour d'elle et la serraient très fort. " Tu es la meilleure. "

 

Kerry sourit de pur soulagement, ignorant l'humidité de la veste de Dar. Puis elle relâcha sa chef et la tapota doucement sur le côté. " Et… hé, Dar ? "

 

" Mm ? " Les yeux bleus maintenant chaleureux la regardaient.

 

Kerry leva le menton. " Si et quand tu veux parler de cette vieille histoire… je suis là. "

 

Dar cilla en penchant la tête pour un moment puis elle la releva. " Merci ", répondit-elle calmement. " Peut-être que nous aurons le temps ce week-end. " Pour un tas de choses, songea-t-elle.

 

" D'accord ", dit Kerry dans un souffle. " Et bien, je crois que c'est notre propriétaire qui arrive là… je pense que nous ferions mieux de commencer… mais Dar, il faut que tu me dises… on remplace les routeurs, mais qu'est-ce qu'on fait pour les serveurs ? On ne peut pas les dupliquer… même pas si tu commandes la moitié des forces aériennes. "

 

Dar glissa un bras autour de ses épaules et commença à marcher vers le bâtiment maintenant éclairé derrière le centre des opérations. " Non… mais les serveurs sont dans une pièce séparée… ils se connectent à travers un pont LAN en fibres optiques. " Elle pointa. " Et le bloc d'accès est sur le toit. "

 

Kerry regarda le toit puis son regard glissa vers un nouveau camion qui venait juste d'arriver, transportant l'insigne de la division 'fibres optiques' de la compagnie de téléphone. " Oh… tu es vraiment trop bonne. " Elle tourna un regard admiratif vers sa chef. " C'est limite, Dar… comment on sait s'ils ont du courant et s'ils sont allumés ? Je pensais que ces gens de l'environnement avaient tout éteint ? "

 

Dar laissa passer un souffle. " Nous verrons bien… mais il y a pas mal de choses à faire avant… et ça va être la course. "

 

Kerry leva la tête et regarda la foule qui s'amassait à l'endroit vers lequel elles se dirigeaient. " J'ai le sentiment que je vais assister à l'émergence d'une nouvelle légende Dar Roberts. "

 

" Hmmm… espérons que ce ne sera pas mon chant du cygne ", marmonna Dar.

 

A suivre - 6ème partie

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