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reflectionsfromthepast4B

Page history last edited by Fausta88 14 years, 9 months ago

Reflets du passé

(Reflections of the past)

 

 

De Missy Good

 

Traduction: Fryda

 

 

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Partie 4B

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Dans chaque vie, il y a des moments où le fardeau du monde devient trop pesant, et l'obscurité s'installe et submerge la brillance du soleil. Et ceci est un tel moment de ma vie.

 

Je suis allée dans un village aujourd'hui. Il n'a qu'un tout petit marché, mais j'ai trouvé un morceau de tissu qui valait la pièce que j'ai donnée et qui m'est bien rendue. Je me tourne et je commence à traverser le chemin boueux lorsque des bruits de sabots de chevaux frappent mes oreilles et je bondis pour me mettre à l'abri des animaux.

 

Je n'ai pas autant de chance cette fois. Un frôlement de son épaule me cloue et je sens des mains agripper mon épaule, et le contact rugueux d'une corde autour de mon cou. Je n'ai pas le temps de me retourner ou de courir, je suis capturée et jetée sur le dos de l'animal, et j'entends des rires en même temps que les cris d'autres âmes.

 

Et je ne vois aucune issue… car Elevown n'est pas avec moi. Nous avons eu une dispute aujourd'hui, et elle est allée dans une direction et moi dans une autre, et nous nous sommes séparées, c'est triste, parce que nous nous sommes fait du mal avec nos mots, et cela pèse sur mon cœur alors que je lutte pour me libérer des cordes qui m'enserrent.

 

Une main se plaque sur ma bouche, blessant mes lèvres avec mes dents, et je sens le goût âcre du sang, qui coule sur mon visage, et qui fâche mon ravisseur, qui jure dans leur langue rude et envoie son poing sur mon crâne, des étoiles brillantes colorent ma vision puis diminuent alors que les ténèbres m'emportent.

 

Je me réveille… ses mains sur moi, me frappant fort pour m'ouvrir les yeux, et ils s'ouvrent, pour voir ce visage au-dessus du mien, et je connais ses intentions, en lisant la rougeur sur son visage, et la puanteur qui s'échappe de son corps.

 

Oh ma Dame… est-ce que je dois souffrir le martyre pour ça ? Qu'ai-je fait pour entacher votre souvenir ?

 

Nous sommes dans une petite maison, avec trois couchettes, sur lesquelles se trouve d'autres personnes. Je prierais bien la Dame pour elles, mais je pense que mes prières seront nécessaires… ailleurs.

 

Il me touche, et je sens mes intestins qui se rebellent, mais ses mains couvrent ma bouche et il rit, alors que l'acier froid découpe les vêtements sur mon corps, et que je sens les courants d'air de ses mouvements au-dessus de moi.

 

Il me touche de nouveau et je le combats, luttant pour l'empêcher d'avoir du plaisir, mais son corps est bien plus grand que le mien et il me cloue sur place et jouit.

 

Et il jouit en moi.

 

Oh ma Dame… cela fait mal. C'est comme si on m'arrachait les tripes et qu'on me les tordait; alors que ses mains vont et viennent, et arrachent des hurlements de ma bouche comme si j'étais une enfant.

 

Je perds la notion du temps, alors qu'il prend son plaisir, pas une seule fois, mais encore et encore, et mon esprit perd les sentiments et la sensation que ses actions mettent en moi. Je l'amuse, parce qu'il rit.

 

Il rit, et mon âme s'effondre en moi, dans une honte si intense, que je souhaiterais un millier de morts à quiconque avant de ressentir ce que je ressens.

 

La Dame m'a abandonnée, je le sais, parce que ce que j'ai fait pour mériter ce destin, je ne le sais pas.

 

Elevown m'a abandonnée, sa colère l'emportant ailleurs.

 

Je suis seule.

 

Je ne suis… rien.

 

Plus rien.

 

Est-ce qu'il est seul ? Sont-ils deux ? Plus ? Je ne sais pas. Je m'en moque. Il n'y a que la douleur, et elle devient ma compagne de tous les instants, alors que le temps ne compte plus et que je vais dans un endroit gris où il n'y a ni amour, ni amitié… Il n'y a que le mouvement, le son de ses grognements et le déchirement de mon âme.

 

Les ténèbres tombent et je reste immobile, sachant que je suis couverte de sang, parce qu'il a causé des dommages en moi, mais je m'en moque. Mon cœur est si lourd en moi, je souhaite qu'il s'arrête de battre, parce qu'alors, je pourrai reposer enfin, et quitter cette agonie, dont le vide que je ressens est le pire.

 

Il est revenu. Je ne lui apporte plus de plaisir, parce que je suis abîmée, et je ne peux pas bouger pour son plaisir. Il se laisse aller avec moi, utilisant un… je ne sais pas ce que c'est, mais cela fait mal, et ça m'arrache, envoyant une vague de sang sur mes jambes et une vague de sang si violente, que c'est comme si des piques me traversaient.

 

Je hurle, mais aucun son ne sort. Le vide a aussi avalé ça.

 

Il me frappe, et le sombre silence tombe enfin.

 

 

 

Gabrielle prit une inspiration hésitante, et sentit des bras chaleureux l'entourer, calmant ses mains tremblantes et une voix basse murmura des mots apaisants à son oreille. " C'est bon… c'est bon… je suis là. "

 

 

 

Elle déglutit. "Xena..."

 

 

 

"Chut." La guerrière glissa derrière elle et l'attira contre elle. " Tout va bien. "

 

 

 

Gabrielle plongea dans leur connexion ressentant sa solidité, sa chaleur et son réconfort, la laissant éloigner l'horreur des mots de son imagination. " Xena... C'est... C'est... Comment a-t-elle pu... Si cela m'arrivait, jamais je ne pourrais... "

 

 

 

Xena caressa doucement ses cheveux. " Je sais. " Elle retira le parchemin des mains amorphes du barde, et le posa. " Bien... Allons marcher un peu... Je pense avoir vu les premiers bourgeons aujourd'hui. "

 

 

 

Le barde resta silencieux pendant un moment, absorbant la présence réconfortante de Xena. " Comment s'est passée ta balade ? " Demanda-t-elle enfin, levant les yeux vers le visage anguleux au-dessus d'elle, notant que les minuscules lignes de tension autour de ses yeux avaient disparu. " Comment va Arès ? ".

 

 

 

" Roo ? " Le loup posa sa tête contre son épaule et la lécha.

 

 

 

" Il va bien, et... je hum... " Xena mâchouilla sa lèvre. " La balade s'est bien passée jusqu'à ce que j'aie le sentiment que quelqu'un avait besoin de moi ici. " Elle se fit une note mentale pour s'excuser auprès du meunier dont elle avait bousculé le chariot, effrayant sa mule au plus haut point et envoyant voler tout son chargement.

 

 

 

Gabrielle sentit la légère humidité de la sueur sous sa tunique, et pencha la tête. " Puis ça a cessé d'être une balade, hein ? " Elle baissa les yeux. " Désolée. "

 

 

 

Xena se frotta le nez. " Ça va bien... J'étais... Hum... L'exercice ne m'a pas dérangée. " Murmura- t-elle. " Ça m'a un peu éclairci les idées. "

 

 

 

" Ah ouais ? " Le barde soupira. " Merci... Je ne m'attendais pas à être... " Ses yeux allèrent vers le parchemin. " Xena c'était horrible. "

 

 

 

" Je sais ", répondit la guerrière doucement. Je pense que je ferais mieux de la distraire un peu. " Hum… et je… euh… me suis souvenue de ce qui s'est passé ", ajouta-t-elle dans un murmure.

 

 

 

Gabrielle leva les yeux. " Vraiment ? " Elle nota la vague expression de dépit sur le visage de sa partenaire et s'interrogea. " C'est génial… alors, qu'est-ce qui s'est passé ? "

 

 

 

" Il y avait ce… hum… " Les mains de Xena dessinèrent une petite boule. Bon… peut-être que je peux laisser cette partie de côté… je n'y survivrai pas. " Enfin… j'ai dû ramper pour sortir de cette petite corniche… et je présume qu'elle a cassé sous moi. " Elle s'interrompit et joua avec une boucle des cheveux de Gabrielle, sans la regarder. " On… hum… dirait qu'il a découpé une partie de la corniche… alors en quelque sorte je suis… "

 

 

 

" Tombée. " Gabrielle hocha la tête. " Alors… il n'est pas arrivé derrière toi pour te pousser. "

 

 

 

" Hum… non ", admit Xena d'un air penaud.

 

 

 

" Et tu ne pouvais pas voir ce qu'il avait fait à cette corniche ", insista le barde.

 

 

 

Un mouvement de la tête à contrecœur. " Non mais… " Bon sang… j'aurais dû… j'aurais dû… Bon sang !

 

 

 

Gabrielle la regardait avec une calme intensité.

 

 

 

Xena soupira. " Non… et je n'avais aucune raison de soupçonner qu'on y avait fait quelque chose ", admit-elle finalement en grognant.

 

 

 

" Tu te sens mieux ? " La voix de Gabrielle était douce.

 

 

 

" Un peu ", confessa Xena à contrecœur. " Viens… on sort. "

 

 

 

Gabrielle montra le dernier parchemin du doigt. " Xena… je voudrais… je voudrais vraiment savoir ce qui lui est arrivé… si… Je veux dire, je voudrais… le lire maintenant… si tu… restes avec moi. " Elle s'interrompit. " A moins que ça ne t'ennuie… je veux dire… je sais… que tu… "

 

 

 

Xena secoua la tête, et soupira. " Non… ce n'était pas… ce genre de choses que je faisais, mon amour. " Elle repoussa doucement les cheveux du barde de son front. " Je le lirai avec toi si tu veux. "

 

 

 

Gabrielle prit une profonde inspiration, et retourna son regard vers le parchemin, enroulant son corps tout autour de celui de sa compagne avant de commencer à lire.

 

 

 

Je me réveille dans le silence, et je me rends compte que je ne suis plus sur une couche mais sur des fourrures douces, et les odeurs que mon esprit m'impose ne sont plus celles de la saleté et de la puanteur, mais au contraire, celles de pin et de granit.

 

Comme c'est cruel, de m'apporter les odeurs de chez moi, ici dans cet endroit cauchemardesque. Je peux presque entendre le doux craquement du foyer et le raclement léger et irrégulier du souffle éternel de la montagne autour de nous.

 

Tout ça ne disparaît pas. J'en pleure, car j'ai tant besoin de sentir les contours de ce rocher solide autour de moi, et quitter cet endroit, même si Elevown n'est plus là pour me saluer.

 

Et soudain, un son s'impose, et je gémis, alors que la douleur perce mon corps, et j'attends qu'il revienne.

 

Mon esprit essaie de reconnaître le bruit de ses lourdes bottes, mais il ne le peut pas. Il m'apporte le son léger de pas sur le sol granitique, et le cliquetis subtil d'une armure qui ne correspond pas à son équipement crasseux.

 

Je ne peux pas me débarrasser de l'illusion de l'endroit où je me trouve, alors je force mes yeux à s'ouvrir avec lassitude, pour peindre à nouveau l'horreur sur mon âme.

 

Mais ma vision, toute troublée, ne voit pas la saleté de la maison.

 

Elle voit les murs de rochers, animés par les ombres mouvantes du feu, et mon corps ne repose pas sur une paillasse crasseuse, mais sur mon propre couchage, entouré de linges légers en lin.

 

Je suis chez moi. Je ne peux pas le croire.

 

Les pas se rapprochent, et je sens la peur me happer, m'implorant de me cacher… il ne peut pas venir ici… pas à la maison.

 

Mes yeux vont vers l'entrée, et une silhouette l'emplit, s'arrêtant un moment avant de se voûter pour entrer dans la lueur reconnaissante de la lumière.

 

C'est Elevown.

 

A la voir, l'horreur me quitte un long instant, alors que j'essaie de comprendre ce que mes yeux me montrent.

 

Elle est couverte de sang.

 

Il colle ses cheveux, et dégouline de ses vêtements, de longues traînées courent le long de ses bras, et couvrent ses jambes, et sa hache, qu'elle porte d'une main lasse, en est si pleine, que je ne peux même pas voir le moindre de ses motifs.

 

Par-dessus le feu tremblotant, ses yeux croisent les miens, et pendant un instant, juste un instant, mes peines sont oubliées et j'absorbe la colère, et la pâleur que j'y trouve.

 

Ma Dame, que lui est-il arrivé ? Un sort plus funeste que le mien ?

 

Elle laisse tomber la hache, un son rude contre le rocher, et marche lentement vers moi, se laissant tomber à genoux près de moi, ses mains rougies devant elle.

 

" Son sang. " Sa voix est si dure que je ne la reconnais pas. " Plus rien ne vit où il était. "

 

Oh ma Dame.

 

Je comprends alors ce qui lui est arrivé. Ce qu'elle a fait, dans une rage telle que ses mains en tremblent et sa gorge se serre.

 

Nos deux âmes nous ont été prises cette nuit-là, et je me demande, alors que je la regarde s'effondrer en silence près de moi, si nous les retrouverons jamais.

 

 

 

Gabrielle écarta le parchemin avec précaution, et le posa sur le tapis, les yeux sur le feu vacillant devant elles. Elle resta silencieuse pendant un moment, puis soupira. " Tu sais à quoi je pense ? "

 

 

 

Xena posa le menton sur l'épaule du barde. " A une promesse ", répondit-elle doucement.

 

 

 

" Mm ", approuva doucement le barde. " Je me demande… si la vengeance est toujours le meilleur choix, Xena. "

 

 

 

La guerrière laissa sortir un rire léger et sans humour. " Jusqu'à il y a trois ans, j'aurais dit 'oh oui, à chaque fois' " Elle ferma les yeux. " Le feu qui t'embrase… le désir de passer ta colère sur quelqu'un d'autre… Gabrielle, c'est si… si… fort. "

 

 

 

" Je me souviens ", murmura Gabrielle.

 

 

 

Cela s'était installé dans son troisième œil, rejouant et rejouant sans cesse jusqu'à ce qu'elle pense qu'elle allait hurler.

 

 

 

L'épée de Callisto pourfendant Perdicus. Son rire. Le choc réel sur le visage de Xena, alors qu'elles se précipitaient à son côté, et l'attrapaient au moment où il tombait.

 

 

 

Il mourut dans ses bras, avec une légère expression de confusion et de surprise sur le visage, ne s'attendant sûrement pas à ce que son premier jour de mariage soit aussi le dernier.

 

 

 

C'était comme si son esprit s'était juste… refermé, et était devenu un pot écumant de haine et de rage, qui bouillonnait et la poussait à penser rendre à Callisto la douleur qu'elle lui avait infligée. Oh… comme elle l'avait imaginé… lui passer une lame au travers du corps… n'importe quelle lame dans ce visage narquois… jusqu'à ce qu'elle finisse par dérailler et attrape la poignée de l'épée de Perdicus, traînant l'arme avec elle jusqu'à un vieux chêne dans la clairière où elle avait joué enfant.

 

 

 

Comme l'épée lui avait paru encombrante, et elle avait essayé de l'équilibrer, avec peu de succès… ce qui la rendit encore plus enragée, et encore plus frustrée, alors qu'elle commençait seulement à faire tournoyer l'arme lourde contre l'arbre, ôtant sauvagement des morceaux d'écorce et envoyant des copeaux partout sur elle, et l'herbe autour d'elle.

 

 

 

Même ça, ça n'y avait rien fait, ça l'avait juste fatiguée, et elle s'était rendu compte qu'il lui fallait savoir comment apprivoiser l'épée, pour qu'elle tue Callisto. Tuer Callisto. C'est ce qu'elle voulait faire. Elle voulait sentir la lame de son épée ouvrir cette garce si profondément que cela devenait une litanie dans son esprit.

 

 

 

Mais il lui fallait apprendre… et la seule personne qui pouvait lui apprendre se trouvait maintenant près d'elle, essayant, à sa façon maladroite, de lui apporter du réconfort. Je ne veux pas être réconfortée, Xena, criait son esprit. Je veux son sang sur mes mains.

 

 

 

Oh non… mais Xena n'allait pas lui apprendre… non. Xena voulait se garder le plaisir de le faire elle-même. Pas question. Elle avait donné un petit coup dans l'estomac de la guerrière avec la pointe de l'épée, une fois… deux fois.

 

 

 

Et elle avait senti la brûlure lorsqu'elle lui fut enlevée des mains d'un coup de pied latéral donné à moitié à contrecœur.

 

 

 

Pourquoi est-ce que Xena était aussi têtue ? Elle savait ce qu'était la vengeance… si ça avait été son mari, elle aurait été la première à poursuivre Callisto, pas vrai ? Ou bien… son esprit se calma un instant… Je regarde dans ses yeux et je sais ce qu'est la vérité. Alors apprends-moi, Xena.

 

 

 

Apprends-moi. Libère-moi de ça… lorsque je l'aurai tuée, peut-être que je trouverai la paix. Et elle avait essayé… oh… c'est sûr… elle n'y mettait pas beaucoup de cœur, et le barde pouvait le sentir, et plus tard cette nuit-là, après l'arrivée de la lune, elle s'était promenée, ses pieds la menant sans direction précise, et elle s'était arrêtée près d'une petite clairière baignée par la lumière argentée de la lune.

 

 

 

Qui tombait sur une tête sombre, penchée, et faisait luire le métal poli d'une épée levée, serrée entre les mains puissantes de Xena.

 

 

 

Elle se souvenait de chaque mot.

 

 

 

" Je ne suis pas… douée pour les prières. Mais… je ne… sais pas quoi faire d'autre. " Elle n'avait jamais entendu la voix de Xena comme ça avant, et cela la captura totalement.

 

 

 

" Je vous en prie… je vous en prie… ne laissez pas cette lumière quitter son visage… je ne pourrais pas supporter l'obscurité qui prendrait sa place. "

 

 

 

Xena, priant les dieux. Elle s'était éloignée sans bruit, et avait trouvé le repaire de Callisto, et elle avait tenu le bord tremblant de son épée contre la gorge de la criminelle. Si proche.

 

 

 

Et son esprit lui avait montré cette tête penchée, et l'angoisse dans la voix de Xena, et elle avait compris ce que la guerrière avait essayé de lui dire. Le chemin de Xena… n'était pas le bon chemin.

 

 

 

C'est le pardon qui l'était.

 

 

 

Alors elle avait pardonné.

 

 

 

Xena appuya sa tête contre celle de sa compagne. " Je m'en souviens aussi. "

 

 

 

Gabrielle tourna légèrement son visage et frotta sa joue contre celle de sa compagne. " Je t'ai vue dans cette clairière, tu sais. " La guerrière cligna des yeux de surprise, et Gabrielle put sentir la douce sensation de chatouillis lorsque ses cils effleurèrent sa joue. " J'ai écrit un poème là-dessus. "

 

 

 

Xena soupira doucement. " Ça a été… deux longs jours pour moi. " Elle déglutit. " Je ne savais pas que tu avais entendu ça. " Un bref sourire douloureux vint sur ses lèvres. " Un poème ? "

 

 

 

Gabrielle hocha la tête, se mordant un peu la lèvre. " Oui… je hum… il me fallait mettre à plat beaucoup de choses après ça… ça m'a pris un moment. Alors j'ai commencé à écrire quelques petits poèmes et des choses sur ce que je ressentais… ce qui s'était passé. "

 

 

 

Evidemment. Xena soupira intérieurement. Elle ne pouvait pas m'en parler. " Désolée, je n'ai pas été d'un grand secours. " En plus… j'avais deux ou trois trucs à mettre au point, moi aussi.

 

 

 

Gabrielle se retourna et glissa les bras autour du corps de Xena, la poussant doucement sur l'épaule avec sa tête. " Tu m'as aidée ", rassura-t-elle sa compagne doucement. " Je ne pense pas que tu savais que tu le faisais… après tout ce truc avec l'épée d'Arès, tu as eu… " Elle s'interrompit, cherchant le mot juste. " Au moment où j'avais besoin d'un petit encouragement, tu étais là. " Elle laissa passer un petit souffle. " Ça a fait toute la différence. "

 

 

 

Xena pinça les lèvres et baissa les yeux. " Je… hum… me disais que j'avais… fait pas mal d'erreurs stupides te concernant ", admit-elle doucement. " J'ai essayé d'arranger ça… petit à petit. "

 

 

 

Gabrielle inspira plusieurs fois avant de parler. " A cause de Perdicus. "

 

 

 

Un long silence. " Oui ", répondit enfin la guerrière, rapidement.

 

 

 

" Mm ", murmura sa compagne. " J'ai… remarqué le changement. " Elle leva les yeux et sourit. " C'était vraiment bon. "

 

 

 

Xena eut un sourire incertain. " Je me demande comment elles vont vivre avec ça " Son regard alla vers la pile de parchemins, curieux, à la recherche d'un changement de sujet.

 

 

 

Gabrielle se pencha en avant et prit le suivant entre ses doigts, le mettant dans les mains de Xena pendant qu'elle versait de l'eau chaude sur du thé dans deux grandes tasses et remuait une cuillère de miel dans chacune. " Comment va ta tête ? "

 

 

 

" Hmm ? " La guerrière leva la tête et accepta la tasse que Gabrielle lui tendait avec un sourire. " Merci… hum… c'est un peu douloureux… mais pas trop mal. " Elle se réinstalla contre l'âtre, et sourit alors que le barde s'appuyait sur elle, rapprochant une assiette de pain plat et de fromage qu'elle commença à découper et à partager. " Gabrielle. " La guerrière mâcha et avala. " Il faut que tu arrêtes ça si tu veux que je lise… oh. " Le morceau de fromage suivant lui fut passé d'entre les dents du barde, donnant à Xena une excellente occasion de prolonger le contact. " Mmmm… "

 

 

 

Le goût subtil du miel était prenant, et Xena s'aperçut qu'elle perdait tout intérêt dans le parchemin, qu'elle posa avec précaution, libérant une main qui s'emmêla immédiatement dans les cheveux de Gabrielle. Elle pencha doucement la tête du barde et se fraya un chemin en mordillant le long de la mâchoire ferme, sentant la chaleur de la respiration de sa compagne augmenter soudainement alors qu'elle passait près de son oreille. Le pouls sous ses lèvres s'affola, et elle sourit, laissant son autre main se balader doucement entre elles, libérant la ceinture de la tunique de Gabrielle, et glissant à l'intérieur pour trouver la peau chaude.

 

 

 

Elle laissa ses doigts caresser les côtes du barde et glisser vers le haut, alors que le corps de Gabrielle venait à sa rencontre, et que les mains du barde trouvaient délicatement des points sensibles et familiers sous sa chemise maintenant déboutonnée, ce qu'elle ne se souvenait pas d'avoir remarqué Gabrielle faire. Un toucher léger caressant son côté attira son attention, et son corps réagit alors que les doigts glissaient sur son ventre laissant une ride inconsciente de mouvement dans leur sillon.

 

 

 

Elle se laissa glisser sur le tapis et attira Gabrielle ; elles se mirent sur le côté sans briser le contact des lèvres ou des mains. Elle réalisa que sa chemise était complètement ouverte… et elle se demanda nonchalamment comment le barde avait réussi cela, puis elle décida qu'elle s'en fichait alors que les lèvres de Gabrielle commençaient à se frayer un chemin le long de sa clavicule.

 

 

 

" Hé. " La voix du barde était très rauque alors qu'elle se penchait en avant, et poussait doucement sa compagne sur le dos. " N'en fais pas trop. "

 

 

 

Xena pensa brièvement à résister, puis elle céda, se détendant sous le toucher insistant du barde, et elle soupira lorsqu'elle sentit la chaleur confortable de l'épais tapis de fourrure qui réchauffait ses épaules nues. " Ce n'est pas éreintant ", objecta-t-elle paresseusement, en penchant la tête vers l'avant pour mordiller la peau douce à l'intérieur de l'avant-bras du barde.

 

 

 

Gabrielle sourit contre la douce courbe sur laquelle elle se frayait un chemin. " Pas encore. " Elle s'arrêta un moment, pour respirer l'odeur de sa compagne. " Mais je vais devoir faire tout le travail cette fois-ci. "

 

 

 

Un sourcil se dressa soudainement, et elle bougea, l'embrassant légèrement, puis elle reprit sa progression. " En plus… j'apprécie vraiment la vue. " Le gloussement bas du barde résonna, alors qu'elle laissait son regard vert brume voyager le long de la silhouette élancée de sa compagne. Elle passa légèrement les doigts sur la peau chaude sous elle, et elle regarda les muscles se rider à ce contact. " Oh oui. " Ses mains glissèrent un peu plus et elle se pencha en avant, reprenant la douce exploration de ses lèvres, son toucher glissant le long de la courbe de la hanche de Xena, et traînant sur sa cuisse. Elle sentit la poitrine de la guerrière se soulever et se baisser doucement de plaisir sensuel.

 

 

 

Xena sentit tout contrôle lui échapper et elle se laissa aller, s'étant depuis longtemps permis de faire confiance au barde bien plus qu'à quiconque. Gabrielle savait… tout… avait pisté et exploré, avec cette note particulière d'insistance, jusqu'à ce qu'elle connaisse chaque coin et recoin du corps de la guerrière. Elle connaissait les points sensibles, et ceux qui chatouillaient, et les quelques endroits où les vieilles cicatrices se faisaient encore douloureusement sentir. Tout comme elle connaissait ceux de Gabrielle, bien sûr, y compris l'endroit sensible au creux de la cuisse du barde qui la faisait partir à chaque fois.

 

 

 

Puis elle arrêta d'y penser… ou à quoi que ce soit d'autre alors que le barde devenait sérieux, sa respiration chatouilleuse se frayant un chemin vers le centre du corps de Xena, avec de minuscules mordillements de peau chaude sur son passage, alors que la vague insistante de passion les submergeait toutes les deux.

 

 

 

**************

 

 

 

" Mmff. " Xena se permit un bâillement, en jetant un coup d'œil à côté d'elle vers le museau d'Arès posé près de son oreille, sa respiration légère faisant bouger ses cheveux d'un souffle chaud. " Salut. "

 

 

 

Un œil jaune s'ouvrit d'un coup, et la regarda, suivi d'une langue rose, qui s'enroula et lécha son oreille. " Arrête ça ", siffla-t-elle doucement, en regardant Gabrielle bouger, et se nicher un peu plus contre elle, resserrant sa prise sur le corps allongé de la guerrière. " Hé… " Elle sentit un rire. " Ça… hum… "

 

 

 

" Chatouille ", marmonna le barde contre sa peau. " Je pensais que c'était à moi de faire tout le travail cette fois-ci. " Elle leva la tête et regarda Xena à travers un œil à demi-ouvert. " Ce n'est pas que je me plaigne. " Elle bougea un peu et mit son menton sur la clavicule de Xena. " Je ne t'écrase pas, hein ? " En se souvenant un peu tard des bleus de sa compagne.

 

 

 

" Nan. " Xena soupira d'aise. " C'est génial. " Elle ferma les yeux et chantonna doucement.

 

 

 

Le sourcil du barde se souleva très légèrement. " Quoi… que je t'écrase ? "

 

 

 

" Ouais. " La réponse parvint d'une voix somnolente, au travers du chantonnement paresseux.

 

 

 

" Oh… alors je t'écrase vraiment ", dit Gabrielle tout en raisonnant. " Tu es en train de dire que je suis trop grosse ? "

 

 

 

Les deux sourcils bondirent d'un coup. " C'est pas ça que je voulais dire, objecta Xena. " Pas du tout. "

 

 

 

" C'est la faute de ta mère. " Le barde fit la moue. " Tous ces gâteaux. "

 

 

 

" Gabrielle. " Xena se mordit la lèvre pour s'empêcher de rire.

 

 

 

" C'est vrai, tu sais… et tu ne fais rien pour m'aider non plus… tu as une mauvaise influence… ouille ! ! ! " Gabrielle cria alors qu'elle était soulevée au-dessus de la silhouette détendue de sa compagne. " Xeeeennnnna…. Tu sais que j'ai le vertige ! "

 

 

 

" Ok... tu m'écoutes maintenant ? " Demanda Xena d'un ton nonchalant, alors qu'elle étudiait avec soin le corps du barde suspendu au-dessus du sien.

 

 

 

" Oui. " La réponse était mitigée. " Fais-moi descendre. "

 

 

 

" Tu ne m'écrases pas ", déclara Xena. " Compris ? "

 

 

 

" Euh… oui. " Gabrielle hocha la tête. " J'ai compris. Fais-moi descendre. "

 

 

 

Les yeux de la guerrière s'abreuvèrent de la vue de la silhouette élancée et puissante de sa compagne, depuis les jambes tendues jusqu'aux hanches où les mains de Xena la retenaient, en passant par la taille musclée et vers les épaules et les bras étendus, alors qu'elle essayait de se tenir en équilibre sans que Xena ne la laisse tomber. La lumière du foyer rendait hommage à sa chevelure dorée, et mit un vrai sourire d'admiration sur le visage de la guerrière. " Tu es vraiment belle, tu sais ça, Gabrielle ? " Dit-elle affectueusement sincèrement au barde.

 

 

 

Une rougeur colora la peau de cette dernière, rougissant la teinte déjà dorée. " Je peux descendre maintenant ? " demanda-t-elle doucement, en soupirant lorsque Xena la redescendit doucement et la remit à sa place préférée. " Tu le penses vraiment ? "

 

 

 

" Oui. " La guerrière la rassura. " Je le pense vraiment. "

 

 

 

Elles restèrent blotties encore un moment, puis se levèrent, et enfilèrent leurs vêtements ; puis Xena se remit à l'aise contre l'âtre, et reprit le parchemin. " Où en étions-nous ? "

 

 

 

Gabrielle s'installa à son aise et offrit une figue à sa compagne. " Tu veux vraiment reprendre où nous nous étions arrêtées ? Ce n'est pas que ça m'ennuie… mais ce parchemin ne sera jamais lu. " Elle tapota doucement Xena dans les côtes.

 

 

 

" Mmff. " Xena mordit la figue et l'avala. " Des figues dans du miel ? Ce n'est pas un peu trop copieux, Gabrielle ? "

 

 

 

Le barde suça le bout de son doigt. " Tu te plains ? " Elle mit une autre figue dans la bouche de la guerrière. " On dirait bien que non. "

 

 

 

Xena marmonna quelque chose et retourna son attention vers le parchemin, lisant un moment, puis elle soupira. " Pauvre Ardwyn. "

 

 

 

Combien de temps je restai là, je ne le sus point. La douleur est devenue une souffrance sans fin, et je me roule en boule et bouge peu, sentant les larmes couler à la simple pression de ma respiration.

 

Elevown s'est levée, son corps sans aucune grâce, et a ôté ses vêtements, le bruit de son tissu durci parvenant à mes oreilles, puis le clapotis de l'eau alors qu'elle se lave.

 

Je ne peux pas le supporter. Mon esprit me hurle de retourner vers l'aube et de changer de chemin, de reprendre mes mots de colère, et de remettre ma vie sur le chemin qu'elle suivait.

 

Je me retrouve à reculer, cherchant la place vide à l'intérieur pour que je puisse y grimper, et me libérer de la douleur, et de la colère, et du sentiment qu'a mon âme de la honte qui me couvre plus sûrement que le morceau de lin dont chaque contact brûle ma peau.

 

Des bruits de pas, et je tressaille. Une main sur mon épaule, et je frissonne, un cri de frayeur s'échappe de ma gorge avant que je ne puisse le retenir. Mon esprit ne veut pas croire que ce n'est qu'Elevown… je vois des images de mon agresseur. J'entends sa voix. Je le sens.

 

La Dame a pitié de moi, et je retourne aux ténèbres, où la douleur n'existe pas, et je peux croire que ce jour n'est jamais arrivé.

 

*************************

 

Je me réveille à nouveau, et je sens des mains sur moi, et je hurle. Je lutte, ne sachant pas où je suis, mais le contact est doux, et les mots ne sont pas dits par sa voix à lui, mais par une voix qui m'est bien connue.

 

Je me calme, et j'accepte le contact, mais la douleur me noue comme si des animaux me mangeaient les entrailles, et je crains que tous ses efforts ne servent à rien.

 

Et pour dire la vérité, je le souhaite.

 

Je ne souhaite pas que ceci fasse partie de la tapisserie de ma vie.

 

Des jours ont passé, peut-être, je ne peux pas me souvenir… tout ce que je connais, c'est la douleur, et la grisaille qui m'appelle, dans laquelle je passe de plus en plus de mon temps, laissant le monde ensoleillé derrière moi, comme des murmures dans une langue que je ne souhaite plus comprendre.

 

Dans la grisaille se trouve la sécurité. Rien ne peut m'atteindre. Je n'ai pas à écouter la voix du monde.

 

Mais le murmure revient. Il dit mon nom. Mère, dois-je écouter ? Vous êtes tous partis maintenant… il n'y a plus personne que je ne veuille entendre prononcer les notes de mon nom.

 

A part une.

 

Oui.

 

Celle qui vous a tués. Est-ce que c'est ma punition, alors… pour permettre qu'une telle personne entre dans mon cœur ?

 

Ça doit être ça. Je vais l'arracher de mon cœur maintenant, pour pouvoir vous rejoindre bientôt, avec une pensée claire et sans regrets.

 

Tu me manques, ma mère. Je serai contente de te revoir.

 

Des murmures. Laissez-moi. Je ne veux plus vous entendre.

 

" Ardwyn " C'est mon nom, mais sa voix est si étrange, je m'étonne, mais je ne peux pas faire autrement que d'écouter.

 

" S'il te plaît. " La voix tremble, et je l'entends, incapable de bloquer sa rugosité de mes oreilles. " Ne me quitte pas. "

 

Je suis saisie. La brume grise m'appelle, ma vie n'est que souffrance, et une tristesse sans nom me recouvre. Et pourtant….

 

Et pourtant. Puis-je lui refuser ceci ? Elle m'appelle, et je sens que je dois répondre. Quel est ce pouvoir qu'elle a sur moi ? Je ne sais pas… mais je sais qu'elle a un jour combattu les ténèbres pour rester à mes côtés, et je ne peux faire moins que répondre à sa demande.

 

Mais quelle utilité peut avoir pour elle ce vaisseau brisé ? Le peu de respect qu'elle a pour moi est ténu, notre dispute a tourné autour de mon usage de ma propre langue, ce qui la met en colère.

 

Je pense que c'est le sentiment de culpabilité. Elle ne peut pas le supporter.

 

" Ardwyn. " La voix revient, et je me sens soulevée et bercée comme un enfant. Ma tête retombe sur sa poitrine, et j'entends, comme un bruit de tambour au loin, son cœur. " Crefu ar. "

 

Je ne peux pas avoir entendu cela. C'est sa voix, mais le son vient de moi dans le berceau. " Ou i ? " J'imagine avoir dit cela, bien que je ne reconnaisse pas ce son léger comme ma propre voix.

 

Les bras se referment si doucement sur moi. " Aros… crefu ar. "

 

Reste, je t'en supplie. Jamais ces mots ne se sont posés aussi lourdement sur moi. Ce sont ceux de ma langue, et elle a lutté pour les former….en cherchant le sens de quelle source, je ne le sais pas.

 

A travers le froid, l'obscurité, ses mots me touchent. Ils créent une ligne dans les rudes eaux dans lesquelles je dérive, et contre ma volonté, je m'y accroche, me demandant pourquoi ce qui m'est arrivé ne l'a pas éloignée. Elle ne supporte pas la faiblesse, et je me suis soumise à cette horreur bien que je ne sois pas une enfant, sans défense.

 

Puis-je faire confiance à ces mots? Lui faire confiance ? Elle aussi est une conquérante. Mais le cœur qui bat sous mon oreille et le tremblement de ses bras autour de moi la trahissent, et ses mots ne sont pas des ordres, mais plutôt une prière.

 

Mon cœur sent qu'il faut répondre. Si la Dame le veut, je vais repousser les brumes grises, et vivre avec ce qui m'est arrivé, et essayer de le pardonner.

 

Je ne sais pas si je le peux.

 

Une fois de plus, je choisis la vie, et je choisis de supporter son horreur.

 

 

 

Une bûche craqua dans le silence qui s'ensuivit, envoyant quelques étincelles paresseuses dans la cheminée. Xena passa le doigt sur le bord du parchemin et hocha un peu la tête. " Elle est coriace. "

 

 

 

" Je parie que ce n'est pas ce qu'elle pense ", répondit le barde avec un tout petit sourire. " Moi je ne le pensais pas… jusqu'à ce que j'aille dans des endroits où j'ai commencé à raconter des trucs sur ce qu'on faisait, et que tout le monde en ait la mâchoire qui tombe. "

 

 

 

Xena lui lança un coup d'œil en coin. " J'ai su que tu t'en étais rendu compte la première fois où tu t'es vraiment plainte. "

 

 

 

Gabrielle la regarda. " Tu me poussais à bout, non ? " Murmura-t-elle, réalisant soudain. " Tu essayais de me décourager. " Elle se leva et alla vers la fenêtre, les bras autour de sa poitrine. " Bon sang. " Elle se retourna brusquement. " Tu sais comme c'était difficile parfois, de simplement… " Elle s'interrompit. " Ou bien est-ce que tu te disais que si tu me mettais par terre, je partirais de mon plein gré ? "

 

 

 

Les yeux bleus de Xena semblaient presque gris dans le mélange de lumière du jour et celle du feu. " La seule façon pour moi de vivre avec la culpabilité, je présume. " Elle lança un regard contrit au barde. " Une telle partie de moi était convaincue que tu n'aurais pas… dû être là-dehors avec moi. " Elle prit une inspiration malaisée. " Je… pensais que si je te menais la vie dure… et bien… au moins je savais que tu ne restais pas à cause de satanées idées romantiques. "

 

 

 

Gabrielle la fixa un long moment, le visage impénétrable. Puis, finalement, la fine peau autour de ses yeux se plissa lorsqu'elle sourit. " Oh bon sang, ce que tu pouvais avoir tort. " Elle baissa la tête et soupira. " C'était la seule chose qui m'empêchait de partir parfois. " Sa mâchoire remua alors qu'elle réfléchissait en silence, puis elle leva la tête, et elle cloua Xena d'un regard direct. " Mais tu as toujours su quand il fallait arrêter, n'est-ce pas ? " Un rire léger. " J'étais au bout du rouleau, juste… sur le point de céder, d'abandonner… et tout à coup… pouf ! Tu décidais d'arrêter. Ou de me proposer de monter à cheval … une boisson fraîche… ou… comme si ça te venait juste à l'esprit . " Son sourire s'élargit. " Tricheuse… tu ne voulais pas vraiment que je parte, hein ? "

 

 

 

Xena lui fit un sourire en coin. " Et bien… " Démasquée. " Hum… non. Je ne le voulais pas. " Elle se leva et s'étira. " Il y avait… ce petit… faible qui grandissait pour toi… et il… mm… devenait de plus en plus grand. "

 

 

 

Gabrielle gloussa. " Ouais… j'avais remarqué comme tu commençais à être tendre au bout d'un moment. "

 

 

 

Un sourcil très haut l'accueillir. " Tendre ? "

 

 

 

" Tu sais ce que je veux dire. " Le barde roula les yeux. " Tendre à ta façon… mais ne t'inquiète pas, je suis la seule qui ait remarqué, je pense. " Elle s'interrompit, puis son expression s'obscurcit. " Xena, qu'est-ce qu'il lui a fait ? " Elle posa calmement la question alors que Xena prenait une longue gorgée de thé pour s'adoucir la gorge. " C'est vraiment horrible. "

 

 

 

Xena garda le silence pendant une minute, puis posa sa tasse et avança vers le barde, qu'elle entoura de ses bras. " Il… hum… d'après les descriptions qu'elle donne… je pense qu'il… a utilisé quelque chose… pour… hum… " Le nez de Xena se plissa de dégoût. " la pénétrer. "

 

 

 

Gabrielle tressaillit. " Quelque chose ? "

 

 

 

Un léger haussement d'épaules. " Un bâton ou… les dieux savent quoi. "

 

 

 

" Oh ", murmura le barde, atterrée. Ses yeux se levèrent lentement. " Rien de tel n'est jamais… "

 

 

 

Xena ferma les yeux. " Non. " Elle posa sa tête contre celle du barde un moment. " Non… j'étais juste… très jeune, et très… hum… confiante. "

 

 

 

Un silence.

 

 

 

" Tu veux en parler ? " La voix de Gabrielle s'éleva doucement selon leur vieux code.

 

 

 

Elle fut presque tentée de dire non. Gabrielle ne la brusquerait pas là-dessus, et avait-elle vraiment besoin de ressortir ça ? Ça faisait si longtemps. Puis son regard croisa les yeux verts patients, si proches qu'elle pouvait voir les légers points dorés qui y flottaient. " Je n'étais qu'une gamine. "

 

 

 

Les doigts de Gabrielle se fermèrent sur les siens, et elle pressa.

 

 

 

" Il avait l'air d'un gentil garçon… on faisait des trucs, on allait dans des endroits… ça a duré deux ou trois lunes, je pense. " La voix de Xena semblait lointaine. " Puis un soir… à la fin de l'été… on est allés dans l'écurie… il disait qu'il voulait jouer à un nouveau jeu. " Ses yeux clignèrent lentement. " Il… je l'ai laissé m'attacher à une des portes de stalles et il… " Un haussement d'épaule. " n'a pas mis longtemps. "

 

 

 

Les étincelles commençaient à voler dans les yeux de Gabrielle, et Xena pouvait presque sentir ses poils se hérisser. Elle sourit doucement à cette pensée, puis elle se calma. " Oui… et bien, il m'a ensuite laissée là tout simplement… il m'a dit que tout ça… c'était un pari. "

 

 

 

" Quoi ? " La voix de Gabrielle craqua. " Le jeu ? "

 

 

 

Elle prétendit que ça ne signifiait rien. Il n'y avait aucune raison de laisser Gabrielle s'énerver avec des vieux trucs. " Moi. " Mais elle ne put empêcher la vieille vague de honte de la submerger. " Je… ils ne pouvaient pas me battre avec ça… " Elle leva les mains, les étudiant. " Alors… ils ont trouvé un autre moyen. " Un autre haussement d'épaules. " Des gosses. C'était un jeu. "

 

 

 

Les mains de Gabrielle s'ouvraient et se fermaient sur le tissu de la chemise de Xena, et elle se leva à demi du sol. " Qui c'était ? " Grogna-t-elle. " Il vit toujours ici ? " Elle prit une inspiration et se calma visiblement. " Il comptait pour toi ? "

 

 

 

Xena regarda au loin. " Je le pensais. "

 

 

 

" Xena, qui c'était ? Dis-le moi. Ils vivent toujours ici, n'est-ce pas ? " Le barde la regardait attentivement. " Je vais… je vais… "

 

 

 

La guerrière prit doucement son visage entre ses mains. " Faire quoi, mon amour ? " Elle embrassa sa compagne sur le dessus de la tête. " Ma protectrice. "

 

 

 

" Depuis le premier jour ", confirma Gabrielle. " Je vais écrire une histoire sur lui, et la raconter tous les soirs à l'auberge, jusqu'à ce qu'il s'en aille ou qu'il change de nom. "

 

 

 

Xena toucha le front du barde avec le sien. " Pas besoin ", dit-elle calmement. " Je… hum… je me suis occupée de ça à l'époque… j'ai… perdu le contrôle, et… il n'était pas beau à voir quand j'ai eu fini. " Elle fit un sourire grimaçant à Gabrielle. " Il… est mort pendant l'attaque de Cortese. "

 

 

 

Gabrielle l'étudia pendant un long moment. " Désolée que tu sois passée par là, mon amour. " Ça explique pas mal de choses. Pourquoi elle ne fait pas si facilement confiance. Dieux. J'aimerais pouvoir botter les fesses de ce salaud. Elle se permit un moment de fantasme, qui incluait ce gamin, son bâton, et une haie d'épines, et elle soupira. " La raison était pire que l'acte, hein ?

 

 

 

Xena baissa les yeux et prit une profonde inspiration. " Oui. " Comme d'habitude, Gabrielle avait touché le point sensible. Ça s'était toujours niché dans un coin de son esprit, chaque fois qu'elle avait eu des …relations avec quelqu'un. Elle se demandait toujours ce que l'autre lui voulait vraiment. Ou ce qu'elle pouvait obtenir d'elle, pour être honnête. Qu'est-ce qu'elle s'était juré déjà ? Ah oui… qu'elle ne donnerait plus jamais son cœur.

 

 

 

Elle soupira. Elle n'avait jamais pu tenir cette promesse. " Bref… Ardwyn a vécu pire. " Elle secoua la tête. " J'aurais voulu avoir ce salaud sous la main. " Elle fit un sourire forcé au barde. " Hé… ça t'intéresse de t'entraîner un peu ? " Ses yeux allèrent vers la fenêtre. " Il fait beau. "

 

 

 

Gabrielle savait reconnaître un ras-le-bol de chalet quand elle en voyait un. " Bien sûr. " Sans même préciser que Xena devrait se reposer à l'intérieur. " Allez… on marche jusqu'à la source, et on pourra s'entraîner un peu dans la clairière. " Elle attacha la ceinture sur sa tunique, et attrapa son bâton, passant les doigts dans ses cheveux pour les arranger. " Tu va pouvoir m'apprendre ce coup tournant. "

 

 

 

*******************

 

 

 

Cyrène se laissa tomber dans une chaise, en approchant la tasse de bière juste versée avant de prendre une gorgée salutaire. " Ça n'est jamais ennuyeux, ça non, Jo. " Elle leva les yeux vers Johan, qui gribouillait quelque chose sur un morceau de parchemin posé sur la table entre eux.

 

 

 

Il leva les yeux et lui fit un sourire malicieux. " Pas avec tout ton petit monde, non. " Sa tête retomba. " T'sais qui c'est, hein ? "

 

 

 

L'aubergiste soupira. " Fais-moi plaisir… ne me dis rien. C'était un sale petit bonhomme. " Elle regarda avec un air maussade la lumière de l'après-midi qui se déversait par la fenêtre. Un autre coup tout près. Maintenant, au moins, elle comprenait mieux la réticence de Xena à rentrer à la maison. A les exposer à ce genre de… choses.

 

 

 

Cyrène y réfléchit pendant un moment, puis haussa les épaules. Ce n'était pas vraiment si mal… pas pire que les attaques des seigneurs de guerre, ou des voleurs, ou le bazar quand il y avait des ennuis. Les ennuis de Xena avaient toujours une cible spécifique, désignée. Elle. Et en général, elle faisait mieux que se débrouiller avec les ennuis, quels qu'ils étaient, ce qui finissait en général avec des problèmes plus calmes que certains dont ils avaient soufferts avant que la guerrière ne se décide à traîner dans le coin un moment.

 

 

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