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terrors4b

Page history last edited by Fausta88 14 years, 9 months ago

Dar & Kerry

 

Terrors of the High Seas

Aventures en Haute Mer

 

 

Par Melissa Good

Traduction : Fryda

(fryda@orange.fr)

 

Voir les avertissements dans la partie 1

**********

Partie 4b

*********

 

Kerry suivit Dar vers la plage, sentant sa foulée changer alors qu’elles passaient de la plate-forme en bois au sable. « Ah, il n’y a rien de mieux que de venir dans les îles pour trouver de la cuisine vraiment exotique », dit-elle.

 

Dar se mit à rire. « Je pensais que les beignets étaient plutôt bons. »

 

« Ils l’étaient », approuva Kerry. « Je n’ai cependant jamais imaginé venir à St John, Îles Vierges, pour les beignets et le saumon. »

 

« Et faire le marché. » Dar la guida vers l’endroit où étaient rangées les planches à voile. « Tu veux t’étirer quelques minutes ou commencer la torture tout de suite ? »

 

« Tch. » Kerry la poussa de la hanche. « Hé, si tu ne veux vraiment pas faire ça, on n’a pas à le faire. »

 

Dar recourba les lèvres. « Nan », dit-elle. « C'est juste que je préfère passer du temps sous l’eau plutôt que de glisser dessus. Je survivrai. »

 

Kerry passa devant elle alors qu’elles atteignaient le kiosque, et elle croisa le sourire amical de l’homme derrière qu’elle lui rendit. « Deux. » Elle se montra, puis Dar, puis lui tendit sa carte de crédit. « Nous en avons déjà fait. »

 

Il leur fit quand même la leçon de sécurité, nota Kerry. Probablement parce qu’il avait déjà entendu des touristes raconter des bobards avant. Elle écouta attentivement, vérifiant pour s’assurer qu’il n’y avait rien de nouveau ni d’inhabituel. Elles avaient fait de la planche plusieurs fois auparavant, à la fois sur l’île et la dernière fois qu’elles étaient allées à Key West. Kerry avait vraiment aimé, bien que ça n’avait été que la dernière fois qu’elle avait réussi à vraiment maîtriser le mât sans être mise sens dessus dessous par le vent. « Merci. » Elle accepta la fin des instructions et attrapa la barre. « Prête ? »

 

Dar finit d’inspecter sa planche puis hocha la tête. « Prête. » Elles allèrent ensemble jusqu’à l’eau peu profonde et claire comme du cristal, se dirigeant vers des sections plus profondes. « Y a pas beaucoup de vent aujourd’hui », dit Dar.

 

« Assez. » Kerry sentit la brise remuer ses cheveux. Elles portaient toutes les deux des combinaisons de plongée courtes et elle avait hâte d’aller dans l’eau profonde parce que le néoprène était plutôt chaud sous le soleil.

 

Ça lui avait pris du temps de s’habituer à porter la matière et à son odeur. Le shortie était serré, avec une fermeture-éclair dans le dos et après qu’elle avait pris le temps d’user le sien, il était devenu plutôt confortable. Il avait tendance à couiner un peu quand il était sec, et à moins d’être dans l’eau, on pouvait y transpirer des tonnes d’eau si on ne faisait pas attention.

 

Leurs combinaisons étaient surtout noires, mais la sienne portait du pourpre aux épaules et aux bras, et un trait d’orange vif de chaque côté des jambes. Celui de Dar, en plus d’être plus ancien et plus usé, portait un empiècement gris sobre autour du cou, et des décorations bleu marine.

 

Elles atteignirent les eaux plus profondes et Kerry saisit l’occasion de plonger sous les vagues, laissant l’océan frais pénétrer sa combinaison et la rafraîchir. Elle resta ainsi un moment, puis émergea, se secouant les cheveux des yeux et envoyant de l’eau sur la surface verte cristalline et frissonnante.

 

« Fais attention. » Dar lui donna une tape sur le derrière en s’éloignant et se prépara à monter sur sa planche.

 

« Oui maman. » Kerry l’arrosa. « Fais attention aussi. Ne tombe pas sur une méduse comme la dernière fois. »

 

Dar lui tira la langue puis se hissa sur sa planche et mit les pieds dans les poches, avant de se pencher et de soulever la voile. Le vent saisit d’un coup le nylon et l’emplit d’un froissement. « La dernière sur la plage paye une bière », cria-t-elle.

 

« Impertinente ! » Kerry se tortilla pour monter sur sa planche, prenant son équilibre avec précaution avant de tenter de tirer sur la voile. C’était vraiment la partie la plus difficile, une fois qu’elle était levée, on pouvait utiliser son poids pour la maintenir, mais la soulever contre la tension de l’eau et du vent rendirent Kerry contente d’avoir passé du temps en plus à la gym récemment. « Quand je t’attrape, tu coules ! Tu m’entends ! ! «

 

Le rire de Dar flotta en retour.

 

« Tu ris maintenant, Sudiste. » Kerry sentit le vent emplir sa voile et l’eau commencer à glisser sous elle. « Si je gagne, tu vas me devoir bien plus qu’une bière ! ! ! »

 

*************************************

 

Le bar de la plage était une structure ouverte, de type tiki, avec un comptoir fait de bois tiré directement d’un arbre natif. Dar et Kerry entrèrent du côté de la plage et s’installèrent sur des tabourets l’une à côté de l’autre dans l’endroit modérément occupé.

 

« Qu’est-ce que je peux faire pour vous ? » Le serveur se penchait de l’autre côté du bar.

 

Dar s’interrompit au milieu de son geste de dézipper sa combinaison. « Donnez une bière sympa et fraîche à la dame. » Elle montra sa compagne. « Une Pina Colada pour moi », ajouta-t-elle. « Puisque je paye. »

 

« Eh. » Kerry sourit d’un air supérieur. Elle tira sur la fermeture de sa propre combinaison et en descendit la partie haute, la laissant tomber sur le bas de son corps. Elles avaient toutes les deux été battues par le vent et le soleil, et légèrement couvertes de sable récupéré sur le chemin sur la plage. Kerry posa les bras sur le bar et savoura la sensation d’être un vrai rat de plage, même si ça n’était que pour un moment. « Si vous avez quelque chose d’ambré, à la pression, ça sera génial », dit-elle au serveur.

 

« Ça marche. » Le garçon lui sourit et se tourna vers les manettes.

 

Dar baissa sa combinaison et ajusta la bretelle du maillot de bains qu’elle portait dessous. « J’aurais dû savoir que je n’avais aucune chance s’il y avait une bière dans le coup. » Elle se passa les mains dans ses cheveux mouillés et sourit. « C’était quoi à propos sur quoi tu sautais ? »

 

Kerry étendit les bras, sentant une douleur plaisante dans ses épaules. « Je pensais avoir vu un dauphin », confessa-t-elle avec un rire. « Je ne voulais pas le toucher. Mais j’ai eu l’impression d’être sur un cheval qui ruait pendant un instant. »

 

« Ahh… » Dar jeta un coup d’œil au menu. « Ça te dit un hamburger ? »

 

Kerry sentit son estomac gronder à la simple suggestion. On était tard dans l’après-midi et le petit déjeuner semblait très loin. « D’accord. » Elle sourit à la chope fraîche que le serveur posa devant elle et elle le tint tout près pour en siroter une gorgée. Ça avait un goût de noix, c’était très froid et elle soupira joyeusement lorsque Dar leur commanda à déjeuner. « Quelle journée géniale. »

 

Dar était affairée à mâchouiller l’ananas de sa boisson. Elle avala et se tourna vers Kerry. « On s’est bien amusées », admit-elle. « Je peux comprendre pourquoi tu en veux une motorisée. »

 

« Oh oui ! » Kerry se redressa et fit mine de tenir la barre de contrôle. « Vroum ! Vroum ! »

 

« Sauvageonne. » Dar lui tendit la cerise de sa boisson. « Tiens. »

 

Kerry prit avec soin le fruit entre ses dents et le détacha de sa queue. « C’est pas juste. » Elle suçota la cerise et la fit rouler dans sa bouche. « Je n’en ai pas à te donner. »

 

Le regard de Dar brilla malicieusement et Kerry se rendit compte de ce qu’elle venait de dire. Elle mâcha et avala la cerise, puis tira sa langue maintenant rouge à Dar. « Bien sûr, tu as toujours eu la mienne. »

 

« Ahem. » Dar s’éclaircit légèrement la gorge, jetant un coup d’œil alentours alors que sa peau prenait une teinte plus foncée.

 

« Oh Seigneur. Ne me dis pas que je viens de te faire rougir. » Kerry baissa la voix, étouffant un rire.

 

« Je ne rougis pas. » Dar rassembla sa dignité. « C’est un coup de soleil. »

 

« Oui oui », ricana Kerry. « Je vois la rougeur. »

 

« Ce n’est pas une rougeur. »

 

« Eh. »

 

Dar posa le coude sur le bar et se tourna à demi sur le tabouret, prenant une expression très séductrice alors que son regard allait paresseusement du bout des orteils de Kerry au sommet de sa tête blonde.

 

Au moment où elle atteignait la poitrine de Kerry, celle-ci était rose vif. « Là. » Dar croisa son regard, allongeant le mot dans un accent traînant du Sud. « C’est une rougeur. » Elle tendit la main et mit le doigt sur le nez de Kerry, qui se plissa alors que sa compagne ne pouvait s’empêcher de sourire.

 

« Tu es une vraie fauteuse de troubles », dit Kerry en soupirant.

 

« C’est toi qui as commencé. » Dar se tourna à nouveau et prit une autre gorgée de sa boisson alors qu’elles regardaient leur produit laitier pasteurisé et la demi-livre de protéine animale hachée devenir deux cheeseburgers joliment cuisinés et accompagnés de quelque chose appelé frites de l’île. Dar en inspecta une et s’aperçut que c’était une frite « française » couverte d’épices et de noix de coco. « Mm. »

 

Kerry plaça une tranche de tomate au centre de son cheeseburger et mit de la laitue par-dessus, puis elle arrosa le pain de ketchup et de mayonnaise avant de le replacer. Elle était sur le point de le prendre pour en mordre une bouchée quand un mouvement attira son attention du coin de l’œil. « Oh oh » Elle poussa Dar dans les côtes.

 

Celle-ci leva les yeux au milieu de sa bouchée et repéra le petit groupe de gens qui marchaient sur les quais. Trois femmes et deux hommes, leurs vêtements plutôt en pagaille, étaient escortés par deux policiers. Ils semblaient très agités et l’un des hommes avait passé le bras autour d’une des femmes dans une attitude protectrice. « Euh. Je me demande de quoi il retourne ? »

 

« Un autre ? » Le barman poussa l’une des serveuses qui venait juste de prendre une commande au bar.

 

« Ouais. » La fille secoua la tête. « Des pirates tordus. Des démons si tu veux mon avis. » Elle prit le plateau et s’éloigna.

 

« Des pirates ? » Kerry se pencha en avant projetant sa voix.

 

Le barman sursauta légèrement puis se retourna. « Oh, c’est rien, madame… on disait juste… »

 

« Vous ne vouliez pas nous effrayer, oui, mais c’est quoi cette histoire de pirates ? » L’interrompit Kerry.

 

Il avait l’air d’avoir été pris dans des phares de voitures qui existaient à peine sur St John. « Madame… » Il regarda autour de lui mais la plupart des clients étaient assis en train de manger. Dar et Kerry étaient les seules de ce côté du bar. Avec un second coup d’œil prudent, il vint près d’elle. « On n’est pas supposés en parler », expliqua-t-il.

 

« Bien sûr », dit Dar. « Vous ne voulez pas ficher la trouille aux touristes. »

 

« Ouais », dit le garçon en souriant. « Content que vous compreniez. »

 

« Nous ne sommes pas des touristes », dit Kerry en lui souriant. « Alors ne vous inquiétez pas pour ça. Racontez nous tout sur les pirates. »

 

Rassuré, le barman s’appuya sur son coude. « Y a eu six arraisonnages ce mois-ci », leur dit-il. « Les bateaux arrivent, ils sont attrapés par ces types, et hop. Plus de bateau, plus de cartes de crédit, plus de cash, plus rien. »

 

Dar et Kerry échangèrent un regard. « Wow », finit par dire Kerry. « Pas étonnant que vous ne vouliez pas que ça sorte. »

 

« Ça fait beaucoup d’argent, vous savez ? » Le garçon haussa les épaules. « Ils ont juste eu de la chance. Personne n’a été blessé jusqu’à maintenant. » Il leva les yeux en entendant son nom. « Excusez-moi. »

 

Kerry laissa ses poignets reposer sur le bar. « Bon sang, Dar. »

 

Dar regarda le groupe entrer dans le bâtiment avec une expression inquiète sur le visage. « Comment diable peuvent-ils laisser les gens dans l’ignorance ? » Dit-elle, d’un ton outragé. « Il y aurait au moins dû y avoir un foutu conseil de l’agence de tourisme ! »

 

« Six arraisonnages ? » Kerry secoua la tête d’incrédulité. « Je sais que c’est dur pour l’économie, mais… Mon Dieu ! »

 

Dar entremêla ses doigts et posa le menton dessus. Son regard passa rapidement l’intérieur du bar en revue, une soudaine intensité dans son comportement qui était absente un instant plus tôt, mais très familière pour Kerry. « Ça aurait pu être nous », dit-elle en fronçant les sourcils.

 

« Et bien. » Kerry prit une bouchée de son cheeseburger. « Ça l’a presque été, Dar, sauf que c’était toi qu’ils pourchassaient, pas eux, et que tu ne t’en laisses pas conter par des pirates, pas vrai ? »

 

« Mmph », marmonna Dar. « Ça n’a pas de sens… ce type est trop public pour être un pirate et Charlie disait que… » Elle s’arrêta de parler un instant. « Qu’est-ce qu’il essayait de dire ? » Continua-t-elle doucement. « Peut-être qu’il avait tort. Peut-être que ce gars dirige vraiment les pirates ? »

 

Kerry mordilla une frite. « Pourquoi ? » Demanda-t-elle. « Dar, ce type vaut des millions, si ces données sont justes. Pourquoi diriger une tapée de pirates dans les Caraïbes ? Je veux dire que, oui, d’accord, les bateaux sont chers, mais tu imagines ce que ça coûte d’en maquiller un pour pouvoir le vendre ? Et combien de cash ou de bijoux ces gens-là pouvaient-ils avoir avec eux ? Ça ne colle pas. »

 

Dar fronça les sourcils.

 

« Et bien, non », murmura Kerry.

 

« Je sais, je sais », dit Dar. « Mais quelles sont les chances qu’on ait été pourchassées par quelqu’un qui ne fait pas partie des malfaiteurs de bas étage qui pourchassent d’autres bateaux de prix dans la zone ? »

 

« Hm. » Kerry soupira. « Oui, c’est plutôt une coïncidence. » Elle leva la chope et prit quelques gorgées. « Mais tu penses qu’on devrait parler à la police de ce qui s’est passé ? Surtout maintenant qu’on sait qui l’a fait ? »

 

Dar prit quelques instants pour finir son cheeseburger avant de répondre, ce qui lui donna aussi du temps pour réfléchir à la question. « Je ne sais pas », finit-elle par admettre. « Si le bruit court de ne rien dire à personne, comment on peut faire confiance à la police ? »

 

« Peut-être que ce n’est pas eux qui mettent le couvercle ? »

 

« Peut-être », murmura Dar. « Si on leur dit, quoi après ? On ne va pas porter plainte, pas ici en tous cas. »

 

« Il pourrait les acheter en plus », répliqua Kerry avec un scepticisme durement gagné. « Mais au moins, si la police est au courant, alors qu’ils cherchent vraiment à trouver ces types, ils auront l’information. »

 

« Tu te sentirais mieux ? » Demanda Dar. « Si on leur dit ? »

 

Kerry hocha la tête puis recourba légèrement les lèvres. « En plus, si on leur dit ce qui nous est arrivé, peut-être qu’ils nous diront ce qui se passe. »

 

Dar haussa les sourcils et eut une expression d’approbation envers Kerry. « Bien vu », concéda-t-elle.

 

Kerry souffla sur ses ongles puis les frotta sur son épaule nue. « En plus ils ont quelque chose d’autre en commun », ajouta-t-elle sérieusement. « Ces gars et les pirates, si on en croit notre barman, personne n’a été blessé dans les vols. »

 

« Tout comme pour nous », songea Dar. « Une fois qu’ils avaient les bateaux, ils pouvaient simplement les tuer. »

 

Kerry hocha la tête. « Pas de témoins vivants », dit-elle. « Qui sait Dar, peut-être que ce type a une idée en tête sur tout ça. Peut-être que… » Son imagination partit en flèche. « Peut-être qu’il prend ces bateaux, les maquille et les vend deux fois leur prix aux mêmes gars qui lui achètent ces trucs d’art. »

 

Dar suçota sa paille, réfléchissant à cette possibilité. « Ça serait le bon marché », dit-elle. « Plus d’argent que de cervelle. »

 

Kerry se mit à rire. « Tu sais, j’ai de la parenté comme ça », dit-elle. « En fait tu en as rencontré la plupart. » Un frisson la parcourut à ces mots alors qu’elle reconnaissait une certaine distance en les entendant. La rudesse qu’elle avait ressentie à la mort de son père, et l’horreur qu’elle avait affrontée avec sa famille après ça, diminuait, elle s’en rendit compte.

 

« C’est d’accord. » Dar la fixait tranquillement. « Tu as croisé ma contribution à la mare des quatre bits aussi. »

 

C’était vrai. Impulsivement Kerry tendit la main par-dessus le bar et prit celle de Dar, la pressant brièvement avant de la relâcher. « Notre famille n’a pas ce problème. Même notre chien est un génie. »

 

Dar se mit à rire. « Je te rappellerai ça quand elle piquera tes chaussettes la prochaine fois. » Elle jeta un coup d’œil au bar. « Tu as fini ? »

 

Kerry hocha la tête. « Allons au devant des ennuis. » Elle se glissa du tabouret et suivit Dar hors du bar tiki pour se diriger vers le bâtiment principal.

 

*************************************

 

Dar déverrouilla la porte de leur chambre et l’ouvrit. « On ferait aussi bien de se changer d’abord », dit-elle. « J’ai horreur de parler à des flics dans une combi pleine de sable. »

 

Kerry se glissa près d’elle et alla directement sur le porche, retirant complètement sa combinaison pour la laisser à l’envers sur une des chaises. « Donne-moi la tienne, je vais la rincer », cria-t-elle par-dessus son épaule.

 

« D’accord. » Dar ôta le vêtement en néoprène et le mit par-dessus son épaule, puis elle s’arrêta et regarda autour d’elle, avertie par un léger frisson de ses sens. La pièce était nette, comme elles l’avaient laissée, seul le lit fraîchement frais était une indication du passage des femmes de ménage.

 

Ni elle ni Kerry n’avaient l’habitude de laisser traîner des choses, et avant de partir elles avaient rangé leurs affaires soit dans le tiroir soit dans leurs sacs. Aussi rien n’était dérangé.

 

Et pourtant. Dar fronça les sourcils, puis elle leva les yeux lorsque Kerry passa la tête à l’intérieur. « Tiens. » Elle s’avança et lui tendit la combinaison. « Y a un truc qui me taraude au sujet de cet endroit. »

 

Kerry entra en partie puis complètement dans la chambre, se tenant à l’intérieur à regarder Dar avec curiosité. « C’est quoi ? »

 

Dar fit un tour sur elle-même. « Je n’en suis pas sûre. » Son regard balaya la pièce, cherchant ce qui pouvait bien la perturber. Rien ne manquait, tout était exactement à l’endroit où elle l’avait laissé, y compris son ordinateur posé sur la table, son étiquette antivol à l’extérieur.

 

Avec curiosité, elle s’approcha et souleva l’écran, entrant la séquence de login avant de taper une série de commandes vers le système. Non, on n’avait pas touché à la machine depuis qu’elles étaient parties. Ce n’était pas l’ordinateur, ce n’était pas leurs affaires…

 

Puis elle s’en rendit compte, ça n’était pas du tout quelque chose de visuel. Elle pinça le nez et l’odeur étrangère qu’elle avait détectée lui revint alors que son esprit essayait de l’identifier. « Tu sens ça ? »

 

Kerry entra et ferma la porte. « Sentir quoi, chérie ? »

 

Dar remua vaguement la main. « Dans la pièce. Quelque chose qui n’est pas nous. »

 

Résistant au besoin d’approcher et de vérifier si Dar avait la fièvre, Kerry renifla obligeamment l’air. « Et bien, je sens de l’eau salée, du néoprène, et du lait solaire. Je présume que c’est nous, non ? »

 

Dar hocha la tête.

 

Kerry alla vers le lit. « Désolée Dar. Je ne… » Elle s’interrompit. « Attends, tu veux dire ce genre d’odeur rosée et d’alcool ? » Ça lui semblait vaguement familier, mais rien ne lui vint vraiment à l’esprit.

 

« Ouais. » Dar fit le tour de la commode. « C’est plus fort ici », déclara-t-elle d’un ton ferme.

 

« C’est quoi ? » Demanda Kerry. « Ce n’est pas un produit de nettoyage. Je connais ce genre d’odeur. Tous les hôtels utilisent le même. »

 

« Du parfum », répondit tranquillement Dar. « Le parfum de notre petite copine Christina. »

 

Kerry la regarda. « Tu es sûre ? » Demanda-t-elle. « Je n’ai même pas remarqué qu’elle en portait un. » Un sourcil blond se rehaussa légèrement.

 

« J’ai remarqué », répondit Dar. « Parce que je déteste cette marque. C’est la même qu’utilise Eléanor. »

 

« Ah ! » Bingo. Kerry se frappa la tête. « Pas étonnant que ça avait l’air familier. » Elle s’interrompit. « Est-ce que tu es en train de dire qu’elle est venue dans notre chambre ? »

 

Dar s’assit sur le lit, les coudes posés sur ses genoux. « Je ne vois pas comment son parfum aurait pu venir ici autrement, alors oui. »

 

« Ohh. »

 

« Ouais. » Dar fronça les sourcils. « Je vais aller vérifier le bateau. » Elle se leva et se dirigea vers la porte.

 

« Dar. » Kerry avait ouvert le sac de voyage de Dar. « Tiens… Ce n’est pas que ça me gêne que tu sortes en trombe comme une fugitive de la compétition de maillot de bains de Ms Amérique Dynamique, mais… » Elle jeta un long tee-shirt noir avec un tigre grondant dessus.

 

« Merci. » Dar passa le tee-shirt sur son maillot de bains et prit le petit sac dans lequel elle portait leurs clés. « Je reviens tout de suite. »

 

« Sois prudente », lui cria Kerry, en regardant la porte se refermer derrière elle. Pendant un instant, elle se contenta de rester là, puis elle mit les mains sur ses hanches et secoua la tête. « Bon sang, c’est merdique. » Elle ouvrit son sac et farfouilla à l’intérieur, se demandant ce que cette femme inquiétante pouvait vouloir. Elles n’avaient emporté que quelques tee-shirts, leurs maillots de bains, et quelques vêtements classiques et même le plus avide des détectives n’aurait probablement pas tiré beaucoup d’information de leur choix de produits de toilettes, autre que leur préférence pour le dentifrice à la menthe et la crème gommante de corps à l’abricot.

 

Bien sûr le portable était une source immense d’information, mais il aurait aussi bien pu se trouver à Fort Knox pour tout le bien qu’il aurait pu faire à quiconque. La sécurité sur la machine, qui contenait les clés à leur société, était si complète que même Mark ne pouvait entrer. Même d’enlever le disque dur n’apporterait rien, sans l’algorithme de cryptage de Dar, les données étaient brouillées au-delà de toute reconnaissance et elle ne gardait pas grand chose en local dans tous les cas.

 

Alors qu’est-ce qu’ils cherchaient ?

 

Puis une autre pensée lui vint. Et s’ils ne cherchaient pas quelque chose ? S’ils avaient installé un micro ? « Nom de Dieu. » Kerry s’assit et ouvrit le portable, puis le démarra et attendit que le login apparaisse. Elle se connecta, attendit d’être validée, puis démarra le programme à large spectre d’analyseur de données que Dar avait mis sur le disque.

 

Les micros n’étaient pas vraiment aussi complexes, et l’une des premières choses que Dar lui avait enseignée était comment les retrouver. Elle avait trouvé un peu drôle d’apprendre combien on les utilisait dans leur domaine particulier, mais la compétition était féroce et les vendeurs n’étaient pas à l’abri de les utiliser pour obtenir quelque avantage qu’ils pouvaient.

 

Dar, lui avait-on dit, ne s’inquiétait jamais de ça. Quelques fois, quand elle savait qu’il y en avait, elle s’amusait avec et faisait passer l’information la plus incongrue, attendant qu’elle ressorte dans une réunion d’appel d’offres, ce qui se produisait parfois.

 

Le programme démarra et elle le configura, l’ajustant pour qu’il scanne en utilisant deux ports spécialisés pour toutes fréquences sur la largeur de bande utilisée pour les radiotransmissions. Elle démarra le processus et posa le menton sur son autre poing, en attente. On pouvait faire ça avec des téléphones mobiles, et tout ce qui utilisait des signaux électroniques qui passaient dans l’air comme les réseaux sans fil, ce pour quoi le programme avait en fait été réellement créé.

 

Cela ne montra rien, jusqu’à ce qu’elle commence à réciter le serment d’allégeance. Puis le programme attrapa des scans sur deux fréquences, et Kerry secoua la tête avec irritation. Elle laissa le programme continuer et marcha lentement en continuant son discours tout en regardant l’écran. Près de la lampe décorée, le signal monta. Kerry regarda la lampe, puis elle la débrancha, la prit et la porta dehors. Elle la mit sur le porche, dans le coin éloigné et revint à l’intérieur.

 

Le programme montrait maintenant un scan propre à nouveau. Kerry lui fit faire le test acide, elle commença à chanter. Même à son niveau le plus haut, le scan resta tranquille. Avec un hochement de satisfaction, elle retourna dehors et prit le petit tuyau attaché au robinet, ouvrit l’eau et nettoya leurs combinaisons avec soin et minutie.

 

Il n’y avait rien. Kerry arrosa l’intérieur des combinaisons. Rien sur terre qui ne sentait plus mauvais qu’une combinaison sale.

 

Après un moment, elle jeta un coup d’œil, puis arrosa la lampe pour faire bonne mesure. Sauf l’eau de rose à dix balles que portaient des détectives odieux.

 

***************************************

 

Dar se dirigea vers les quais, consciente d’une colère grandissante dans ses tripes. Elle n’avait pas demandé à avoir des problèmes ici, en fait, elle avait tout fait pour l’éviter, mais bon sang, ces salauds continuaient à lui courir après et maintenant elle commençait à en avoir vraiment marre de tout ça.

 

Elle se fraya son chemin jusqu’à l’emplacement où elles étaient amarré et utilisa la clé qu’on lui avait donnée pour déverrouiller le portail en acier qui bloquait l’endroit. Il semblait en état mais c’était le cas pour leur chambre d’hôtel et Dar n’était pas assez stupide pour penser que qui que ce soit payait ces sacs à merde n’avait pas fait la même chose pour le portail.

 

Le bateau flottait tranquillement amarré à ses pylônes, les cordons branchés dans les prises du quai pour activer les quelques petits trucs qu’elles avaient laissés comme le réfrigérateur. Dar grimpa sur le pont et descendit à l’arrière, regardant avec soin autour d’elle avant d’aller à la porte de la cabine.

 

C’était un petit verrou en cuivre, pas vraiment destiné à sécuriser sérieusement, et Dar mit la clé à l’intérieur et la tourna sans rencontrer de véritable résistance. Elle jeta un coup d’œil à la plaque en cuivre puis poussa la porte de la cabine et se glissa à l’intérieur, refermant rapidement derrière elle.

 

Et enfin, elle se détendit. Tout comme le léger soupçon de parfum avait activé ses sens dans la chambre d’hôtel, l’absence de quoi que ce soit auquel elle s’était attendue, la rassura ici. Dar inspecta l’intérieur quand même, allant jusqu’à la proue, puis vérifiant la chambre principale où l’odeur, puisque les hublots étaient fermés, lui était complètement familière. « Bien. » Elle parla dans le vide. « Tant que je suis là, je ferais aussi bien de prendre une douche et de me changer. »

 

Elle alla à la commode et prit une salopette courte délavée et un tee-shirt bleu marine, les laissant sur le lit pour aller dans la salle de bains et ouvrir l’eau. Elle se glissa hors de son maillot de bains et se mit sous l’eau, avant de frotter rapidement le sel de sa peau.

 

Encore un instant et elle rinça le savon de ses cheveux et sortit de dessous la douche, ferma l’eau et attrapa une des serviettes enroulées autour du porte-serviettes du petit espace. Elle se sécha et s’enroula dans la serviette, puis émergea et se dirigea vers la chambre.

 

Maintenant qu’elle était sûre que le bateau était en sécurité, elle commençait à réfléchir à la fois à ce qui s’était passé et à ses options. Elle s’habilla en réfléchissant, enfonçant le tee-shirt dans sa salopette avant de boucler les bretelles. Quand elle eut fini, elle vérifia le résultat dans le miroir. « Mignonne et conservatrice. Tu commences à ressembler à Kerry », dit Dar en soupirant, puis elle déboucla une des bretelles et laissa l’avant du vêtement pendre à demi d’un air désinvolte. « C’est mieux. » Elle ajouta ses lunettes de glacier puis grogna, satisfaite des changements.

 

Elle traversa la partie séjour et s’arrêta, puis elle alla vers le casier des équipements. Elle ouvrit le dessus, mit le fusil de Kerry de côté pour prendre une boîte couleur bleu-lait dessous. Dedans se trouvait un morceau épais de chaîne en acier trempé, qu’elle sortit, ainsi qu’un cadenas. Elle enroula la chaîne autour de son cou et prit le cadenas, le soulevant avant de quitter la cabine et de verrouiller la porte derrière elle.

 

Elle s’arrêta sur le pont, reconnaissant sa réaction territoriale au sujet du bateau. Ça n’était pas comme si elle avait quelque chose de vraiment de valeur à bord, ou même de si personnel, mais elle considérait ce vaisseau comme une partie de leur espace privé et la pensée que quiconque puisse l’envahir lui dressait les poils.

 

Avec un léger ricanement elle monta sur le bord du bateau puis sauta sur le quai, atterrissant avec légèreté avant d’avancer à pieds nus vers le portail. Elle ralentit à son approche, entendant des voix de l’autre côté, puis elle s’arrêta en reconnaissant l’une d’elles comme celle de Juan Carlos.

 

Il se tenait avec un garde de la sécurité de l’autre côté du portail et ils s’arrêtèrent tous deux de parler quand ils regardèrent à travers les barreaux pour repérer Dar.

 

Celle-ci s’appuya sur le portail et les regarda directement de derrière ses lunettes. « Je peux faire quelque chose pour vous ? » Demanda-t-elle d’un ton qu’elle utilisait habituellement pour les réunions de budget.

 

Le garde de sécurité avait l’air particulièrement soulagé. « Madame, ce monsieur demandait à ce qu’on le laisse entrer. »

 

« Pourquoi ? » Dar gardait son regard pointé sur Juan Carlos dont le visage était de pierre.

 

« Monsieur ? » Le garde se tourna vers lui d’un air interrogateur.

 

« J’ai des raisons de penser qu’une chose m’appartenant se trouve là », dit Juan Carlos doucement. « J’aimerais jeter un coup d’œil. »

 

« Alors appelez les flics », répliqua Dar calmement. « Portez plainte et laissez-les obtenir un mandat de perquisition au lieu d’essayer de forcer le personnel à faire quelque chose que vous, et eux… » Elle lança un regard au garde. « Savez être illégal. »

 

« Ça n’a pas besoin de devenir mauvais », dit le détective.

 

« Ça l’est déjà », dit Dar. « Et ça va le devenir encore plus quand j’irai voir les responsables de cette résidence pour déposer une plainte, pas seulement pour ça, mais parce qu’ils ont laissé entrer votre petite copine dans notre chambre d’hôtel. »

 

Imperceptiblement, le garde se rapprocha de Dar et s’éloigna de Juan Carlos.

 

« Ms Roberts, je ne pense pas que vous sachiez à qui vous avez affaire. »

 

Dar sourit puis elle retira ses lunettes et le cloua d’un regard. « Non. » Sa voix baissa jusqu’à un grondement sourd. « Je ne pense pas que vous sachiez à qui vous avez affaire. » Elle ouvrit le portail et émergea sur le quai. « Alors prenez votre patron visqueux, votre partenaire puante, et l’affaire idiote dans laquelle vous êtes impliqué et sortez de ma vue sauf si vous voulez avoir plus d’ennuis que vous ne pensez pouvoir en gérer et finir sur le cul. » Elle pointa la poitrine de Juan Carlos. « Maintenant fichez le camp. »

 

« Si vous nous forcez à faire appel aux autorités, vous allez le regretter », dit-il, apparemment non intimidé. « Je peux obtenir un mandat de perquisition et je le ferai. » Il se retourna et s’éloigna lentement, en prenant un air de désintérêt profond.

 

Dar secoua la tête. « Quel crétin. » Elle se retourna et enroula la chaîne autour du portail. « Combien il vous offrait pour le laisser entrer ? » Demanda-t-elle soudain en se tournant vers le garde qui se tenait toujours là à la regarder.

 

Le garde eut la grâce d’avoir l’air embarrassé.

 

« Allons. » Dar s’appuya sur le portail. « Les petits malingres comme lui ne peuvent pas effrayer quelqu’un comme vous. »

 

Le garde bougea ses épaules bien musclées, répondant au compliment avec un sourire penaud. « Vingt dollars », admit-il. « Il était sur le point de monter à cinquante quand vous êtes arrivée. »

 

« Quel radin. » Dar finit de mettre le verrou au portail, le refermant avec un clic distinct. Elle ouvrit la petite pochette qu’elle portait et en sortit deux billets, tendit la main et les glissa dans la poche du short kaki du garde. Il ouvrit grand les yeux au vu de la somme. « Je peux acheter son patron avec de la menue monnaie », dit Dar. « Alors vous dites à tout le monde que s’ils reçoivent une offre de leur part, ils viennent me voir d’abord. Je ferai mieux. »

 

« Oui madame ! » Le garde répondit avec enthousiasme. « Je vais m’assurer que tout le monde le sache ! » Il lui fit un petit geste puis trottina le long du quai, prenant un moment pour examiner sa poche tout en courant.

 

Dar se frotta les mains puis le suivit. « Quand vous vous arrangez pour acheter les meilleurs… » Murmura-t-elle en secouant la tête. Maintenant les choses en arrivaient à un point où elle savait qu’elle devait s’en occuper. La question était, quoi faire ?

 

Bien. Dar réfléchit en marchant. Habituellement elle résolvait les problèmes en coupant court et en allant à la tête. Elle ne savait pas qui était John DeSalliers, mais elle paria que si elle allait assez haut même dans cette résidence, quelqu’un le savait.

 

Et elle paria qu’elle pourrait obtenir qu’on le lui dise.

 

********************************

 

Kerry se passa une brosse dans ses cheveux mouillés, jetant un coup d’œil à son reflet dans le miroir de la pièce. Elle avait pris une douche et avait enfilé un short kaki et un tee-shirt blanc immaculé qu’elle avait rentré à l’intérieur. Le tissu faisait un joli contraste avec son bronzage et elle sourit en retour au visage dans le miroir en faisant sortir la chaînette pour que l’anneau qui y était passé repose dans le creux de sa gorge.

 

Le bruit d’une porte qu’on ouvrait lui fit jeter un coup d’œil alentours et elle recula du miroir alors qu’il s’avançait dans la pièce pour laisser passer la grande silhouette de Dar. « Salut. »

 

Dar lui lança un regard bleu orageux puis mit un doigt sur ses lèvres.

 

« Je l’ai déjà trouvé », répondit Kerry d’un ton normal. « Il est dehors. » Elle s’avança et accepta le baiser sincère sur les lèvres. « Hé, j’ai eu un grand professeur. »

 

Dar lui fit également un câlin. « Bon travail. Je viens juste d’empêcher son partenaire visqueux de chercher sur le bateau »

 

« Tu es mignonne », fit observer Kerry en jouant avec la bretelle pendante de la salopette de Dar.

 

« Mignonne n’est pas ce que je recherchais », dit Dar en soupirant. « Ils pensent que nous avons quelque chose à eux. »

 

« Vraiment ? » Kerry lui prit la main et la conduisit dans la chambre, s’assit sur le canapé et l’attira avec elle. « Quoi ? »

 

« Je n’en ai aucune idée. » Dar posa un pied nu sur la table et l’étudia. « J’allais aller directement au bureau du responsable pour commencer à crier sur des gens, mais je me suis rendue compte que je n’avais pas assez de données pour crier intelligemment. »

 

« Je déteste quand ça arrive. »

 

« Moi aussi », acquiesça Dar. » Alors j’ai décidé de revenir ici et peut-être qu’à nous deux on peut commencer à réfléchir à ce truc. »

 

« Très bien. » Mais Kerry ressentit une vague de fierté à cette déclaration. C’était bon d’entendre la confiance dans sa capacité dans la voix de Dar. « J’aurais bien besoin de café. Et toi ? »

 

« Ouais. »

 

Kerry se leva et alla jusqu’à la cafetière bien pourvue sur le dais près de la fenêtre. Elle s’activa à préparer un pot tout en assemblant ses pensées. « Okay. Tout d’abord, voici ce que nous savons. »

 

Dar remua et se mit à l’aise, étirant un bras le long du dossier du canapé tout en écoutant Kerry.

 

« Premièrement, nous avons rencontré un grand navire, qui agissait d’une manière très rude en croisant le détroit de Floride », commença Kerry en préparant deux tasses. « Malgré ton avertissement amical, ils nous ont répondu sans considération. »

 

« Exact. »

 

« Deuxièmement, nous avons rencontré un petit bateau, qui a fait un cercle après que nous avons plongé dans cette petite épave pas très loin de l’île de Charlie et Bud. Le bateau ne nous a pas approchées ni contactées, mais il a semblé être en train de regarder ce que nous faisions. »

 

« Exact », approuva à nouveau Dar.

 

« Troisièmement, après que nous sommes allées sur l’île de Bud et Charlie, le petit bateau nous a suivies là, et deux personnes en sont descendues et nous ont posé des questions sur l’endroit où nous plongions. » Kerry se retourna et s’appuya contre la console alors que le café passait. « Mais ils ne nous ont rien demandé de spécifique, ils ont juste mis une option sur cette zone. »

 

« Exactement. »

 

« Quatrièmement, quand nous sommes sorties pour dîner dans cette même zone, nous avons été accostées par ce qui semble être le même vaisseau rudoyant, qui a tenté de nous aborder. Nous avons également été pourchassées sans explication. »

 

« Mais ils ne nous ont pas tiré dessus », ajouta Dar.

 

« Même s’ils ont dû me voir sur l’arrière avec un fusil de chasse », dit Kerry en hochant la tête. « Okay, cinquièmement, nous récupérons un homme d’un bateau naufragé, qui est apparemment là par coïncidence pour récupérer quelque chose de la même épave que toi et moi avons visitée la veille. »

 

Dar haussa le sourcil.

 

« Et qui, par coïncidence, semble être mêlé aux deux personnes du petit bateau, et probablement à qui que ce soit en charge du grand bateau sur cet endroit de l’océan. »

 

« Ouais », murmura Dar.

 

« Est-ce que ces coïncidences s’ajoutent pour toi comme pour moi ? »

 

« Oh oui. »

 

« Sixièmement, nous arrivons ici, et par coïncidence, nous trouvons les gens du petit bateau qui se trouvent à la même résidence que nous et qui maintenant fourrent leur nez dans notre chambre d’hôtel et essayent de fouiller notre bateau pour une raison inconnue » Kerry se retourna et versa le café dans les deux tasses, le remua et les apporta vers le canapé. Elle tendit la sienne à Dar et s’assit jambes croisées près d’elle. « Alors, qu’est-ce qui se passe, bon sang ? »

 

Dar sirota son café pensivement. « Et bien, je pense qu’on peut raisonnablement se dire qu’ils pensent qu’on a remonté quelque chose de cette épave », dit-elle. « La question est, qu’est-ce qui peut avoir de l’intérêt dans un vieux chalutier de pêche ? »

 

« Il n’y avait pas grand chose à voir, Dar », dit Kerry. « Juste des vieilles caisses. »

 

« Non il n’y avait rien », répondit Dar. « Ce n’est pas une mauvaise épave, il y a pas mal de bon corail là-dessous, mais pourquoi ça intéresse un groupe de… » Elle s’interrompit, le front agrandi pensivement. « Nous avons remonté quelque chose. »

 

Kerry la regarda puis soupira. « La boîte. » Elle se serait frappée si elle n’avait pas tenu une tasse de café. « Mais Dar… c’est juste une vieille boîte en bois à moitié couverte de corail », protesta-t-elle. « On ne pouvait pas l’ouvrir tellement elle était incrustée. »

 

« Je sais », acquiesça Dar. « Toi et moi nous le savons, mais si quelqu’un nous a vues remonter notre sac, et qu’il cherche quelque chose, comment saurait-il ce que c’était ? » Elle se leva et fit les cent pas. « Alors la question est, qu’est-ce qu’ils cherchent, et qu’ils pensent qu’on pourrait avoir trouvé ? »

 

Quoi en effet ? Kerry mit les mains autour de sa tasse et but lentement. « Tout d’abord, nous devons en savoir plus sur ce chalutier, d’accord ? »

 

Dar lui sourit. « D’accord. Plus à son sujet et plus au sujet du grand-père de ton ami, qui le pilotait. » Elle prit l’ordinateur et se rassit près de Kerry. « Je pense qu’il faut qu’on commence à rassembler les canards, pour pouvoir les clouer dans une belle petite rangée. »

 

Kerry se blottit plus près, mit le bras autour de Dar et s’appuya contre son épaule alors que le portable démarrait. Le login de Dar apparut et sa compagne entra l’information, puis elles regardèrent ensemble les systèmes automatiques se lancer et commencer à établir la connexion satellite vers leur réseau mondial.

 

Cela prenait moins de temps que les gens s’y attendaient. Après environ soixante secondes, Dar reçut à l’écran le même affichage que celui qu’elle avait au travail sur sa machine, depuis la collection de messages diffusés envoyés à leur groupe de Miami jusqu’aux violations de parking et à un test du système d’alarme.

 

Dar démarra le programme d’analyse de la base de données et fit craquer ses phalanges en attendant que l’écran apparaisse. Lorsqu’il le fit, elle entra sa requête.

 

« C’est le nom du bateau ? » Demanda Kerry.

 

« Lucky Lady ? C’est ce que disent les cartes de pongée », répondit Dar ajoutant quelques autres détails. « Est-ce que Bob a donné le prénom de son grand-père ? »

 

« Non », dit Kerry. « Tu ne vas pas me demander d’aller le trouver pour l’avoir, hein ? »

 

Dar rit pince-sans-rire. « Non. Voyons ce que ceci nous donne d’abord. »

 

« Bien. » Kerry posa la joue contre l’épaule de Dar. La longue journée sur l’eau sous le soleil commençait à peser, et elle se sentait un peu somnolente, alors que le crépitement des touches de Dar la berçait. « Ils essayaient vraiment de monter sur le bateau ? »

 

« Mm », Murmura Dar.

 

« Gluant. »

 

« Ouais. »

 

« Et s’ils recommençaient ? » Demanda Kerry.

 

« Je m’en suis occupée », dit Dar en regardant la réponse sur l’écran. « Bon sang. Rien à ce nom. » Elle secoua la tête puis tapa une autre commande. « Okay, on fait de la manière brutale. Donne-moi tous les incidents maritimes rapportés dans ce secteur… bon sang », jura Dar en fermant les yeux. « C’était quoi les fichues coordonnées de cette foutue épave. »

 

« Oh. » Kerry remua puis se leva et alla vers son cahier de notes. Elle l’ouvrit à la page de sa plongée et l’étudia. « Et voilà. » Elle récita la longitude et la latitude. « Je l’ai noté. »

 

« Tu es géniale. » Dar entra les chiffres et tapa sur retour. « Ça va prendre quelques minutes », dit-elle en mettant le bras autour de Kerry qui reprenait sa place. « Tu sais quoi ? »

 

« Quoi ? » Kerry se blottit contre elle, une main caressant la cuisse de Dar d’un air absent.

 

« Nous formons une sacrée bonne équipe. »

 

Les yeux de Kerry brillèrent de joie. « C’est vrai ? » Approuva-t-elle.

 

« Oui. » Dar l’embrassa sur la tête. « Je ne pourrais pas demander mieux. »

 

« Ni moi. » Kerry se détendit, reposant la tête sur l’épaule de Dar. Elle regarda le scan se dérouler sur l’écran, ses paupières se fermant après quelques minutes.

 

Dar entendit le léger changement dans la respiration de Kerry et elle jeta un coup d’œil, réfrénant un sourire à la vue de sa compagne endormie. Elle bougea légèrement avec soin pour une position plus confortable et posa la tête contre celle de Kerry, contente de laisser son programme bien conçu faire son travail.

 

***************************************

 

« Ker ? »

 

La voix de Dar la poussa hors d’un rêve très plaisant, qui l’impliquait elle, ainsi que Dar et une grappe de raisin. Kerry ouvrit lentement les yeux, absorbant le soleil brillant avec complaisance avant que son esprit ne se mette en marche et s’éveille totalement. « Oh. » Elle leva la main pour étouffer un bâillement. « Désolée. »

 

« De quoi ? » Demanda Dar. « Dormir n’est pas une offense punissable, même dans notre division. »

 

« Je sais mais nous sommes supposées résoudre un mystère. » Kerry regarda le portable. « Quelque chose ? » Elle pouvait voir un tableau d’information dans la structure habituelle de Dar sur l’écran.

 

« Beaucoup », dit Dar d’un ton sec. « J’ai réussi à exclure toutes les épaves non pertinentes. Ça m’a pris une éternité parce qu’il y en a dix à la douzaine par ici. » Elle rapprocha le portable. « L’épave doit être celle-ci, ici. »

 

« Lucky Johnny ? » Kerry lut l’écran. « Oh, je peux voir pourquoi ils l’ont confondue avec Lucky Lady.

 

« Mm. » Dar amena un écran. « Le problème c’est qu’il n’y a rien de spécial sur ce fichu truc. C’était juste un chalutier de treize mètres, qui attrapait des crabes. »

 

« Ah. » Kerry lut les détails. « Une tempête ? »

 

« Oui oui », dit Dar. « Il s’est retourné et a coulé. Deux survivants, deux marins. Le capitaine a coulé avec le navire. » Elle amena un autre écran. « Voilà le grand-père de Bob. »

 

Kerry regarda l’homme avec des favoris et à l’air maigrichon dans le MacIntosh bleu. « Bon Dieu. C’est Popeye. »

 

« Ça explique pas mal de choses », dit Dar en riant. « Il a pêché principalement dans l’Atlantique Nord. Je ne sais pas ce qui l’a amené au sud, mais le bateau n’a pas résisté. C’était sa première, et sa dernière sortie dans les Caraïbes. » Elle étudia la photo. « Rien sur lui, c’était juste un marin qui travaillait. »

 

Kerry pencha la tête d’un côté. « Ah oui ? Mais je pensais que Bob avait dit que sa famille avait de l’argent. Du moins c’est l’impression qu’il m’a donnée », ajouta-t-elle avec une touche d’humour. « Comment ont-ils pu en tirer avec un truc comme ça ? »

 

« Et bien. » Dar frappa d’autres touches. « Il ne mentait pas. Si on en croit ces formulaires d’impôt, le vieux Popeye a laissé un tas de cash à mme Popeye, et ils ont un endroit qui en vaut un autre tas dans le Maine. » Elle se gratta la joue. « Peut-être qu’il en a eu assez et qu’il a juste décidé de pêcher parce qu’il pouvait. »

 

« Peut-être ici, Dar. » Kerry secoua la tête. « J'ai passé du temps dans le Maine. Personne ne fait ça s’il a le choix. C’est une vie dangereuse de pêcher dans l’Atlantique Nord. »

 

« Okay. » Dar envoya une autre recherche, cette fois dans la base de données financière. « On va voir ce qui ressort avec Popeye du côté de Duks. » Elle s’adossa. « Ça n’explique toujours pas pourquoi une épave coulée par une tempête remue tout cet intérêt, après tout ce temps. »

 

« Non », acquiesça Kerry. « Si quelque chose de bizarre se passait, ils seraient déjà venus le chercher. »

 

Dar pianota légèrement sur le clavier. « C’est vrai », dit-elle d’un ton songeur. « Sauf… » l’écran bipa et elle leva les yeux. « Euh. »

 

Kerry regarda par-dessus son épaule. « Wow », murmura-t-elle en passant le doigt sur les données. « Ça a dû être des pêches incroyables. »

 

« Mm. » Dar fronça les sourcils. « Mais ça n’a toujours aucun sens, à moins qu’il n’ait pris un tas de cet argent, l’ait converti en pièces d’or et qu’elles soient parties avec lui dans la tempête », dit-elle. « Pourquoi est-ce qu’ils seraient intéressés par cette carcasse maintenant, voilà la question. »

 

Elles gardèrent le silence un moment.

 

« A moins que le pourquoi derrière ces chiffres ait coulé avec lui », dit Dar lentement. « Et maintenant ce pourquoi vaut quelque chose. »

 

« Est-ce que c’est une société familiale maintenant ? » Demanda Kerry soudainement.

 

Dar la fixa d’un air bizarre. « Je ne sais pas ma chérie. Où est-ce qu’on vérifie ce genre de choses ? »

 

Kerry glissa les mains entre celles de Dar et commença à taper. « C’est facile. » Elle entra quelques touches. « Le journal local, et espérons qu’ils utilisent des archives publiques. »

 

»Disons qu’oui », dit Dar. « Tu penses que ça a quelque chose à voir avec tout ce truc ? »

 

« Je pense que les gens feraient beaucoup de choses pour éviter les embarras familiaux », déclara Kerry d’un ton calme et plat. « Surtout s’ils ont quelque chose à perdre. »

 

Dar mit les bras autour d’elle et l’attira plus près, sans dire un mot.

 

Kerry repoussa un peu l’ordinateur et accepta le réconfort. « Tu sais ce que je pense le plus, quand je pense à ce que mon père m’a fait l’an dernier ? »

 

« Quoi ? » Demanda Dar.

 

« Comme c’était horrible de ressentir le fait de savoir que j’étais une telle déception pour lui », murmura Kerry. « Quand je me suis réveillée dans cet hôpital, comme je me sentais honteuse. » Elle s’interrompit. « Avant de devenir si furieuse et de mettre ça de côté. »

 

« Tu n’as pas à être honteuse de quoi que ce soir », dit Dar.

 

Kerry soupira. « Je le sais maintenant », dit-elle. « Zut, je le savais alors, mais ça m’a rappelé combien la famille et l’amour peuvent devenir secondaires par rapport à l’image et l’ego… » Elle regarda l’écran. « La fierté fait des choses étranges aux gens. » Son doigt traça une ligne sur la liste qui était apparue. « Alors peut-être que tu as raison. Peut-être que ce qui a coulé avec ce bateau est une information, un secret que quelqu’un ne veut pas voir découvert. »

 

« Oui oui. » Dar étudia l’écran. « Si c’est ça le secret qu’ils pensent qu’on a remonté de cette épave, on pourrait se retrouver au beau milieu du jeu maintenant », dit-elle. « Et où, je me demande, se place Bob dans tout ça ? »

 

Kerry s’extirpa de l’étreinte de Dar, mais pas sans lui donner un gros câlin avant. Elle se leva et s’étira, faisant craquer une contracture dans son cou d’avoir dormi. Puis elle alla à la fenêtre et l’ouvrit, laissant la brise de l’océan lui souffler sur le visage.

 

Après un instant, Dar la rejoignit, se perchant sur le rebord pour regarder vers l’eau.

 

« Alors, c’est quoi le plan ? » Finit par demander Kerry.

 

Dar croisa les bras et se mordilla la lèvre inférieure pensivement. « Nous avons plusieurs options », dit-elle. « Nous pouvons juste ficher le camp d’ici et les laisser à leurs jeux. »

 

« Mm. »

 

« Nous pouvons faire appel à la justice, et mettre le bazar pour le micro et la tentative de corruption. »

 

« Mm. »

 

« On peut improviser et voir si on peut découvrir la véritable histoire, puis décider de ce qu’on veut faire. »

 

Kerry sourit.

 

« Ouais, c’est aussi mon choix », admit Dar.

 

« Tu penses qu’ils vont faire le prochain pas ? » Demanda Kerry. « Ou bien ils vont attendre de voir ce qu’on fait ? »

 

Dar réfléchit à la question. « Je pense qu’ils nous attendent », dit-elle. « Alors pourquoi on ne bouge pas pour aller se trouver de la musique calypso et voir ce qui se passe ? »

 

« J’en suis. » Kerry leva la main. « Ils ne vont pas voir ce qui leur arrive. »

 

Elles fermèrent l’ordinateur et sortirent main dans la main, se dirigeant sur le chemin vers le restaurant classique au bord de la plage, duquel elles pouvaient déjà entendre monter le son des tambours. « Hé Dar ? » Demanda soudain Kerry. « Tu te souviens de ce que j’ai dit au sujet du rhum et de la samba ? »

 

Dar la regarda. « Oooooouuuui ? »

 

« Ça pourrait être dangereux. »

 

« Ker ? »

 

« Ooouui ? »

 

« Je ne t’ai jamais dit ce qui arrive quand moi je bois trop de rhum, non ? »

 

Une pause. « Non, je ne pense pas que tu l’aies jamais mentionné », dit Kerry. « Je pense que ça peut devenir vraiment dangereux, hein ? »

 

« Seulement pour ta réputation. »

 

« Qu… Oh. » Une autre pause. « Tu veux dire que tu… pourrais, hum… »

 

« Tu aimes ma façon d’embrasser, non ? »

 

« Bien trop. » Kerry sourit d’un air cavalier. « Peut-être qu’on devrait s’en tenir à la bière. »

 

Elles rejoignirent un groupe de gens qui allaient dans la même direction, alors que la lumière diminuait au crépuscule. Dans les ombres derrière elles, deux autres silhouettes se glissèrent, les pistant avec des yeux très observateurs.

 

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Fin de la partie IV A

 suivre partie V 

 

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