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terrors9b

Page history last edited by Fausta88 14 years, 9 months ago

Dar & Kerry

 

Terrors of the High Seas

Aventures en Haute Mer

 

 

Par Melissa Good

Traduction : Fryda

(fryda@orange.fr)

 

Voir les avertissements dans la partie 1

**********

Partie 9b

*********

 

Kerry sortit de la cabine et repéra Charlie assis sur le banc de la poupe qu’elles utilisaient pour ranger leur équipement. Elle s’avança et s’assit près de lui, appuyant son bras à l’arrière du bateau tout en regardant la marina.

 

« T’sais. » Charlie parla le premier. « C’est pour ça que Bud a jamais pu supporter Andy, je pense. »

 

« Qu’est-ce que vous voulez dire ? » Demanda Kerry.

 

« Il avait tout. Tout le monde l’aimait bien, il était vraiment bon à ce qu’il faisait, il avait fait un bon mariage, avait une gamine dont il était fier… il donnait l’impression que tout le monde devrait être comme lui. » Il regarda la porte. « Elle est comme lui. »

 

Kerry réfléchit à ces mots. « J’aimerais que plus de gens soient comme lui », dit-elle. « J’aimerais que mon père l’ait été. »

 

Charlie bougea et la regarda.

 

« Quand j’ai rencontré Dar la première fois, et qu’on allait apprendre à se connaître, chaque fois qu’elle parlait de son père, je trouvais ça difficile à croire, tout au fond de mon cœur, ce qu’elle disait. » Kerry parlait doucement. « Parce que ma propre expérience avait été si différente. »

 

« Dar a eu de la chance », dit Charlie. « La plupart d’entre nous non. »

 

« C’est vrai », approuva Kerry. « Mais quand je l’ai rencontré. » Elle tourna la tête et croisa le regard de Charlie. « Il m’a donné quelque chose que ma famille n’avait jamais eu et je chéris ça, et lui aussi, plus que je ne peux vous le dire. »

 

L’ex-marine se carra sur le banc et posa les bras sur le bastingage de la poupe. « Je ne vais pas m’excuser pour ce qu’on a fait pour garder la tête hors de l’eau », dit-il. « J’ai un gamin dont il faut que je m’occupe. »

 

Kerry le regarda. « Je ne suis pas du genre à juger les gens. J’ai été soumise à ça moi-même trop souvent », dit-elle. « Je pense que la chose importante maintenant c’est simplement de résoudre ceci, et de sortir Bud des serres de cet abruti. »

 

Charlie haussa un sourcil. « Je pensais que t’étais pas du genre à juger », dit-il d’une voix traînante. « Appeler ce fils de pute un abruti comme ça. »

 

Kerry produisit un léger sourire.

 

« Bref. » Charlie secoua la tête. « Dar est tout comme Andy. La même attitude. Elle me l’a fortement rappelé pendant un moment. Je sais qu’elle a raison, un peu, mais quelquefois, on n’a pas d’autres choix dans la vie que les mauvais. »

 

« C’est vrai. » Kerry pencha la tête, entendant des bruits de pas approchant sur le quai. Elle se leva et se pencha sur le côté de la poupe, repérant une silhouette familière qui s’approchait. « Ah », dit-elle dans un souffle. « Bob. »

 

Charlie se leva et s’avança. « Ce petit trouduc. »

 

« Mm. » Kerry grimpa sur le pont de côté et sauta sur le quai juste au moment où Bob trottinait vers le bateau. « Salut. »

 

« Oh ! Hé ! » Bob semblait un peu à bout de souffle. « Content de vous avoir trouvée ; Ecoutez, les flics me cherchent. Je peux me cacher ici un moment ? » Il regarda derrière Kerry et vit le regard noir de Charlie. « Oh. Ah… d’accord, peut-être pas. »

 

Kerry soupira. « Venez. On a besoin de toute l’aide possible. » Elle s’interrompit. « Même de la vôtre. »

 

« Hein ? »

 

Kerry attrapa sa chemise et le tira derrière elle alors qu’elle sautait sur le bateau. Laissé avec le choix de la suivre ou d’y perdre sa chemise, Bob la rejoignit. « Notre ami DeSalliers a été plus occupé que vous ne le pensez », lui dit Kerry.

 

« Hum. » Bob se cacha derrière elle alors qu’ils avançaient vers la poupe. « Ecoutez Kerry vous a expliqué ce qui s’est passé l’autre soir, n’est-ce pas ? » Demanda-t-il à Charlie avec espoir.

 

« Je sais ce qui s’est passé l’autre soir, espèce de morveux », lui dit Charlie. « Vous avez filé et nous avez laissés. Venez par ici que je vous botte votre foutu petit… » Charlie boita vers eux.

 

« Euh… euh… » Bob commença à reculer.

 

« Attendez ! » Kerry, entre eux deux, leva les mains. « Allons les gars. On n’a pas le temps pour ça. » Elle leva la voix lorsque Charlie continua à avancer. « Arrêtez ça ! »

 

Un, deux, trois, quatre,…

 

La porte de la cabine s’ouvrit brutalement et Dar bondit sur le pont, son regard jaugeant immédiatement la situation. Elle fonça sur Charlie, attrapa sa chemise et le tira en arrière sans cérémonie. « Hé ! » Aboya-t-elle. « Du calme ! »

 

« Lâche-moi ! » Charlie remuait sous sa poigne. « J’en dois une sacrée à ce salaud. »

 

Dar se mit devant lui et bloqua son chemin. « J’ai dit, du calme. » Elle se hérissa. « On n’a pas le temps pour ce merdier. Comme tu l’as dit à l’hôpital, tu as fait le choix de lui faire confiance. Personne ne t’a forcé. »

 

« Dar, sors de mon chemin. » Charlie essaya de passer à côté d’elle.

 

« Non. » Dar ne bougea pas. « Ne pense même pas à essayer de me faire bouger. »

 

Il s’arrêta et la fixa. « Tu penses être Andrew ? Sors tes fesses de mon chemin. » Il posa la main sur l’épaule de Dar et poussa.

 

Dar ne bougea pas. Elle leva la main et referma ses doigts autour du poignet de Charlie, serrant sa prise avec une explosion soudaine. « Charlie. » Elle le fixa droit dans les yeux. « C’est mon bateau et tu es dessus », dit-elle. « Arrête ça. »

 

Ils se clouèrent du regard.

 

« Je ne suis PAS mon père », l’avertit doucement Dar.

 

Charlie examina les yeux bleus brillants, froids comme la glace, cloués sur lui. Puis il recula. Dar relâcha son bras et il s’assit sur le banc à nouveau. « Quand on descendra de ce bateau », dit-il à Dar. « Tu m’arrêteras pas. »

 

Dar se retourna, satisfaite de la réponse. « Très bien. » Elle regarda Bob. « Ça devient plus sérieux. Vous pouvez rester dans le coin, mais fermez-la et si on a besoin de vous pour quelque chose, que je n’ai pas à vous l’expliquer en mots de moins d’une syllabe. »

 

« Euh. » Bob recula d’un pas. « Peut-être que je ferais mieux d’aller traîner ailleurs. »

 

Kerry se tourna. « DeSalliers a kidnappé notre ami Bud et il menace de le tuer », dit-elle. « Vous êtes sûr de vouloir aller vous balader ? »

 

Bob eut l’air honnêtement choqué. « Sans blague ? Je ne pensais pas qu’il… je veux dire, oui il est célèbre pour tout ce merdier de récupération, mais je n’ai jamais pensé qu’il pourrait devenir sérieux comme ça. »

 

« Entrons à l’intérieur. » Dar ouvrit la porte. « Heureusement, il va bientôt appeler et on saura où on en est. »

 

Kerry laissa Bob entrer, prenant un moment pour lancer un regard ironique à Dar et la tapoter sur le côté en la dépassant. « Et qui veut du café ? »

 

Dar émit un minuscule bruit de gémissement en réponse. Elle se tourna et attendit que Charlie se lève et vienne en boitant, se reculant pour le laisser entrer. Il s’arrêta en arrivant à son niveau et leurs regards se croisèrent à nouveau. Après un instant, il secoua la tête et la dépassa.

 

Dar se retourna et surveilla brièvement les alentours. Elle passa en revue les bateaux proches, évaluant leurs occupants. Rien ne lui sauta à l’esprit, et bien entendu, le yacht de DeSalliers n’était pas en vue. Mais elle repéra deux policiers. L’un d’entre se tenait près de l’entrée du quai en bois, et l’autre allait et venait le long de la plage.

 

Elle entendit le bruit de moteurs derrière elle et elle alla de l’autre côté du bateau, pour jeter un coup d’œil vers l’eau. Un bateau de course avançait paresseusement dans la marina, grand, avec des grondements de moteurs rauques alors qu’il les dépassait Un homme se tenait derrière les contrôles, avec ce que Dar ne put se décrire que comme un bébé près de lui. L’homme regarda autour de lui et croisa le regard de, fit un sourire et un geste dans sa direction.

 

« Joli bateau ! » Cria l’homme.

 

« Pareil pour vous », répondit Dar avec une civilité ironique. Elle regarda le bateau passer, notant son nom et elle vit le nom du port d’origine de Miami Beach dessous. Le navire entra dans un emplacement à deux places du leur, et déversa ses occupants sur le quai. L’homme donna une tape sur les fesses de la femme et montra un restaurant tout proche. Il se tourna et alla de l’autre côté, en direction du bateau de Dar.

 

« Couru d’avance. » Dar passa la tête par la porte. « On a de la compagnie. Ker, surveille mon téléphone, tu veux bien ? »

 

Kerry avait ingénieusement positionné Bob et Charlie aussi loin l’un de l’autre qu’elle le pouvait dans la zone de séjour, et elle préparait du café dans la cuisine. « Ouais, ouais, Capt’aine Dar. »

 

Dar ferma la porte et alla sur le côté du bateau pour rencontrer leur visiteur.

 

*********************************

 

« Bref, comme vous êtes une voisine, je pensais que je ferais passer le mot », dit l’homme avec un sourire désabusé. « C’était une purée de phénomène météo et comme ça vient de ce côté, vous pourriez avoir envie de vérifier votre plan de navigation. »

 

Dar soupira. « On a eu une mauvaise tempête l’autre jour », dit-elle. « Je pensais qu’on en avait fini avec le temps tropical cette année. »

 

L’autre plaisancier secoua la tête. C’était un homme de relativement belle allure, de taille moyenne, et le type de carrure qui indiquait qu’il se permettait la gym plusieurs fois par semaine. « Ouais, et vous savez, j’ai juste entendu dire qu’on va se payer un El Nino à nouveau cette année. Le temps a été vraiment bizarre. »

 

Dar leva les yeux. « Et bien, si ce qu’on dit sur le réchauffement global est vrai, on ferait mieux d’apprécier les îles maintenant », dit-elle. « On va aller plonger dessus comme sur des récifs un de ces jours. » Sa main s’étendit vers les eaux. « Merci pour l’avertissement, Roger. J’ai apprécié. »

 

« A votre service. » L’homme lui serra la main. « Hé, vous avez dit que votre nom était Roberts ? »

 

Oh oh. « Oui. » Dar opina avec prudence.

 

Il pencha la tête et la regarda. « Vous n’êtes pas de la famille d’Andrew et Cécilia Roberts par hasard ? Ce sont mes voisins à la Marina de South Beach. »

 

Oh. Dar réussit à produire un sourire de soulagement. « Oui, ce sont mes parents. »

 

« Je me disais. » Roger la montra du doigt. « Vous ressemblez à Andy. C’est un super gars. Bon, c’était sympa de vous rencontrer. Bon retour chez vous et attention à cette tempête. » Il leva la main et repartit vers les quais.

 

« Le monde est petit », murmura Dar perplexe. « Vraiment, vraiment petit. »

 

*************************************

 

« Alors voilà ce qui s’est passé ? » Kerry posa la thermos de café sur le plateau et ajouta de la crème et du sucre. Elle le prit et l’apporta à la table. « Quoi que vous cherchiez, Bob, ça doit vraiment être là. »

 

Bob soupira. « Ouais, c’est ce que je pensais aussi quand les flics sont venus me chercher. Pas de fumée sans feu, non ? »

 

Kerry leva les yeux. « Oui. » Elle posa le plateau et puis sursauta quand le téléphone de Dar sonna. Avec un rapide coup d’œil vers le portable, elle le prit et l’ouvrit. « Allô ? »

 

« Roberts ? »

 

Kerry pensa mentir, mais refoula l’idée. « Non », répondit-elle.

 

« Mettez-moi la garce en ligne tout de suite. »

 

La porte s’ouvrit et Dar entra. Kerry tint le téléphone en l’air et puis fit un mouvement rude vers lui. Dar plissa les yeux en traversant le pont et prit l’appareil. « Oui ? »

 

Kerry se laissa tomber sur le canapé et tira le portable vers elle, cliquant sur la fenêtre que Dar avait lancée pour le mobile. Le programme s’était activé. Elle remarqua que Charlie avait bougé au bord de sa chaise, écoutant attentivement la conversation de Dar.

 

« Ecrivez ça, Roberts. Si vous merdez, votre petit copain est grillé. »

 

Dar prit une inspiration de patience. « Allez-y. »

 

« Je vais vous donner deux coordonnées. Soyez-y ce soir à minuit. Apportez ce que vous avez, plus vingt-cinq mille dollars », dit DeSalliers. « C’est pour couvrir les frais de réparation de mon bateau. »

 

Dar réfléchit, sortant sa nouvelle montre de la poche de son short pour l’ouvrir. « Oubliez ça », dit-elle à DeSalliers d’un ton brusque. « Essayez encore. »

 

Un silence momentané. « Vous ne comprenez pas vraiment la situation, hein ? Vous ne me dites pas quoi faire, Roberts. Vous faites ce que je vous dis de faire. »

 

« Ecoutez, abruti. La banque est fermée », dit Dar. « Alors si vous voulez récupérer la brèche dans votre coque, donnez-moi la facture ou revoyez votre plan. »

 

« Ce n’est pas mon problème, Roberts. C’est le vôtre. Apportez le cash et la relique, ou je vais tailler en pièce cette merde et l’utiliser comme appât. »

 

La ligne devint silencieuse. Dar ferma le téléphone. « Merde. »

 

Kerry étudia l’écran. « On dirait qu’il est en mer, Dar », dit-elle. « Les coordonnées les plus proches sont juste à l’ouest de Saint John. » Elle pianota sur plusieurs touches. « Mon Dieu, tu as capturé la sortie numérisée ? »

 

« Je ne fais jamais les choses à moitié. » Dar s’assit. « On a un problème. Il veut vingt-cinq mille dollars. » Elle étudia le téléphone. « Alors maintenant, en plus d’une relique que je n’ai pas, je dois aussi donner une mallette de fric que je n’ai pas non plus. C’est de mieux en mieux de minute en minute. » Son expression de dégoût était évidente. « Et pour couronner le tout, un foutu phénomène météo se dirige par ici et ça pourrait empirer. »

 

Kerry fronça les sourcils. « A cette époque de l’année ? Dar, on est en décembre ! »

 

« Sans blague. » Dar se frotta les yeux. « Très bien. Voyons ce que sont ces coordonnées. »

 

Charlie se leva et s’avança, se penchant sur l’accoudoir du canapé pour voir ce que faisait Dar. « Le mauvais temps c’est des ennuis », dit-il. « Mais pas après que ce truc sera fini. »

 

Dar tapa les deux coordonnées que DeSalliers lui avait données, et elle attendit que le programme les envoie sur une carte. La grille se dessina, puis un contour léger des îles, ensuite un pointeur-croix clignotant. Il était au milieu de l’eau comme elle s’y attendait, dans une bande solitaire d’eau au sud des îles.

 

« Le désert », grogna Charlie. « A environ deux heures d’ici. Pas grand chose d’autre qu’un trou dans l’océan. »

 

« Alors il doit partir de là… » Kerry mit le bout de son doigt sur l’endroit où le signal cellulaire avait été pisté. « Pour ici. Et nous devons partir d’ici… » Elle bougea vers l’endroit où ils se trouvaient à Saint Thomas. « Pour ici. Bien plus court. »

 

« On pourrait y être les premiers », dit Bob. « Vous pensez qu’ils auront votre ami dans le bateau avec eux ? Je présume qu’oui, hein ? »

 

Dar étudia l’écran. « S’ils ont l’intention de faire l’échange, oui. » Elle entendit Charlie prendre une inspiration. « Je me dis que je dois lui demander de me montrer Bud avant d’accepter quoi que ce soit. »

 

« Tu penses qu’il pourrait nous doubler… oh, quelle question stupide. » Kerry se frotta le visage d’une main. « Dar, si on n’a pas vraiment quelque chose à lui donner, qu’est-ce qu’on va faire ? » Demanda-t-elle. « Tu peux pas le bluffer aussi loin. »

 

Dar croisa les mains et posa le menton dessus. « Je le sais. » Son regard clair se couvrit, ses paupières se plissant légèrement. « Si ça nous prend deux heures d’aller là-bas, on a jusqu’à neuf heures trente avant de quitter le quai. On a jusque là pour trouver quelque chose à lui donner qui semble assez réel pour passer. »

 

« Et l’argent ? » Demanda Charlie. « Je peux appeler des gens. »

 

« Pas ce salaud de ce matin ! » Lâcha Kerry. « Mon Dieu, je préfèrerais mettre le bateau au clou plutôt que de revoir son visage. » Elle tendit la main et rapprocha le plateau de café, installa deux tasses et commença à les préparer.

 

« Non. » Charlie s’éclaircit doucement la gorge. « Quelqu’un d’autre. » Il se leva et prit le téléphone. « Ces maudits trucs vont me coûter un bras ce mois-ci. » Il boita vers la porte et sortit, fermant derrière lui.

 

Kerry et Dar échangèrent un regard. Cette dernière prit le portable et ouvrit un autre programme. « Je vais faire un transfert, mais ça ne sera pas arrivé avant demain. Peut-être qu’il peut accepter quelque chose de temporaire d’ici là. »

 

« Vacances coûteuses. » Kerry s’appuya sur l’épaule de sa compagne. « La prochaine fois, et si on faisait quelque chose de traditionnel, comme de visiter les Chutes du Niagara ? »

 

« Elles s’arrêteraient probablement de couler pendant qu’on serait là et il faudrait qu’on arrange ça aussi. » Dar finit sa requête et frappa ‘entrée’ avec un clic agacé. « D’accord. » Elle examina ses autres programmes en cours. « Rien d’autre pour l’instant. »

 

« Tu penses qu’on va avoir quelque chose ? » Demanda Kerry.

 

Dar haussa les épaules et secoua la tête. « Je ne sais pas. Et tu sais quoi ? Je suis vraiment fatiguée de dire que je ne sais pas. » Elle reposa sa tête entre ses mains, frappant légèrement son front contre ses poings alors qu’elle se balançait d’avant en arrière.

 

Kerry mit le bras autour d’elle, lui massant le dos légèrement du bout des doigts. « Bien, Bob, qu’est-ce que vous avez spécifiquement trouvé là-bas ? Vraiment, je veux dire. »

 

Bob avait fixé Dar avec fascination. Maintenant il regardait Kerry avec des yeux surpris. « Hum… je sais pas, vraiment. Je m’attendais à … hum… et bien, Tanya pensait que le vieux bonhomme ferait peut-être un marché avec nous s’il savait que nous étions en train d’essayer de remonter quelque chose. »

 

« Non, hein ? » Kerry plissa le front. « D’une certaine façon, un type qui peut voler sa propre mère ne me semble pas le genre à faire un marché. » Elle recula doucement le portable de Dar et fit craquer ses phalanges, puis elle ouvrit une requête de base de données et commença à taper. « Bon, si on suppose que Grand-père Wharton n’était pas cinglé, alors il était ici pour une bonne raison, d’accord ? »

 

« Mm », grogna Dar.

 

« D’accord. Je vais rechercher les exportations depuis ici pendant cette période de temps, et voir ce que je peux trouver. S’il était ici, ça a dû être pour quelque chose qui valait le temps qu’il y passait. Comme c’était un pêcheur, je doute que c’était du bois. » Kerry tapa rapidement et avec précision. Elle leva les yeux quand elle sentit de la chaleur sur son épaule, pour voir le menton de Dar posé dessus.

 

Sa main s’arrêta de taper un instant, puis recommença. Elle était très consciente du regard scrutateur de Bob mais le réconfort de la joue de Dar pressée contre sa mâchoire submergeait le léger embarras de l’intimité et elle appuya sa tête contre celle de Dar.

 

« Hé », lui souffla Dar dans l’oreille. « Pendant que tu y es, fais une recherche dans les archives publiques pour des activités de contrebande pendant cette période. »

 

Kerry tourna légèrement la tête et regarda Dar dans les yeux de très près. « De la contrebande ? »

 

« De la contrebande ? » Demanda Bob.

 

« Et fais une recherche publique sur lui dans le Maine », dit Dar. « Nous supposons qu’il était ici pour une bonne raison. Rien ne dit qu’elle devait être légale. »

 

« Hé ! » protesta Bob. « C’était un brave type ! »

 

Kerry hocha légèrement la tête en tapant.

 

************************************

 

Charlie revint, le visage très rouge. Il boita vers le fauteuil et s’assit, jonglant avec le mobile comme s’il voulait le jeter contre le mur de la cabine. « Un coup de fil pour rien. »

 

Dar leva les yeux de la conversation dans son propre téléphone et secoua la tête.

 

Kerry lui fit signe de venir à la cuisine où elle se tenait. « Vous voulez une bière ? » Proposa-t-elle avec sympathie.

 

Charlie s’assit sur le tabouret vissé au pont et posa les bras sur le comptoir de la cuisine. Il joua avec le téléphone, visiblement bouleversé. « Tout ce qu’on a fait pour eux et ils me disent d’aller me faire voir. » Il posa le poing contre sa mâchoire. « Je pensais qu’après tout ce temps, les choses changeraient. Je présume que je me trompais. Attendez la prochaine fois que ces salauds se montrent avec la tête en pétard pour avoir l’aide de Bud… » Il s’arrêta de parler, et cligna plusieurs fois des yeux. « Bon Dieu, j’espère qu’il va bien. »

 

Kerry posa une bouteille ouverte de bière devant lui et s’appuya sur le comptoir. « Je suis sûre qu’oui, Charlie. On va faire du mieux qu’on peut pour ça », lui dit-elle d’un ton doux.

 

Charlie la regarda. « Je me sens comme un idiot de première classe. Penser que ces gens-là pouvaient être nos amis. »

 

Dar s’avança et s’appuya près de lui. « Très bien. J’ai arrangé un mandat pour demain. Quand je parlerai à DeSalliers ce soir, il faudra que je conclue un marché avec lui. Je ne peux pas l’avoir plus tôt. Il n’y a pas assez de liquide sur cette fichue île, l’endroit le plus près où je pouvais l’avoir, c’était un de ces bateaux de croisière, et le plus près n’arrivera pas avant demain soir. »

 

Charlie la regarda. « Il va pas accrocher. Il veut foutre le camp d’ici. »

 

« Je sais », acquiesça Dar. « Alors il faudra que je fasse en sorte que ce que je lui donne soit suffisant pour qu’il oublie le liquide. »

 

Kerry la tapota sur le bras. « Dar, on n’a rien. »

 

« Il ne le sait pas », dit Dar.

 

« Tu ne peux pas prendre le risque », protesta calmement Kerry.

 

« Kerry, quel choix on a ? » Demanda Dar, tout aussi calmement. « Les recherches sont revenues avec zéro. On n’a aucune idée de pourquoi il est venu ici. On n’a aucune preuve qu’il était cinglé, aucune preuve qu’il ne l’était pas. Tout ce qu’on a c’est cette fichue boite à cigares et ma capacité à mentir effrontément. »

 

Kerry ferma les yeux. « Mon Dieu. » Elle soupira, fixant le comptoir. Puis elle leva les yeux. « DeSalliers va probablement se diriger vers Saint Thomas et le point de rencontre autour de la partie est de l’île, non ? »

 

« Probablement. Pourquoi ? »

 

« Pourquoi est-ce qu’on n’irait pas plonger sur le site ? Qu’est-ce qu’on a à perdre ? Peut-être qu’on peut trouver quelque chose », dit Kerry. « On a deux heures devant nous »

 

« Hé, c’est une idée géniale ! » Bob les avait rejoints. « Il ne va pas s’intéresser au site maintenant ! » Il avait l’air excité pour la première fois depuis qu’il les avait rejoints. « Allons-y ! »

 

Dar calcula les horaires, puis se retourna et se dirigea vers la porte sans un mot. Peut-être qu’ils trouveraient quelque chose, peut-être pas, mais c’était quelque chose de physique qu’elle pouvait faire et qui valait mieux que de rester sur le bateau pendant quatre heures à se tirer les cheveux.

 

Et parfois, reconnut-elle, elle avait de la chance.

 

Dar espéra juste que c’était une de ces fois-là.

 

****************************************

 

Tout était très calme sur le site de l’épave. Le soleil brillait vers l’océan et l’eau remuait juste légèrement. L’air était frais et sec, et Kerry pencha la tête en arrière pour voir un ciel sans nuages au-dessus d’elle. « Joli. » Elle portait son shortie pour la plongée du soir, le néoprène comprimant son corps avec un resserrement légèrement agaçant qui se détendrait une fois qu’elle serait sous l’eau.

 

Dar se tenait près de leur équipement, également en combinaison. Elle posa son chausson sur le banc et accrocha un couteau de plongée à sa jambe, puis se tourna et s’assit, enfilant sa stab pour l’accrocher sur sa poitrine.

 

« Vous êtes sûres que je ne peux pas venir aussi ? » Demanda Bob pour la quatrième fois. « Honnêtement, je pense que je sais mieux que vous ce qu’il faut chercher. »

 

« Non. » Dar se leva et serra un peu plus ses lanières. Elle attacha une torche supplémentaire à sa ceinture. « Vous avez dit que vous n’aviez aucune idée de ce que vous recherchiez. Ne changez pas votre histoire maintenant. » Elle fit signe à Kerry d’avancer pour prendre sa bouteille. « On n’a pas assez de temps. »

 

Kerry ne nia pas le sentiment de semi-excitation, semi-nervosité qui titillait ses entrailles. Elle s’avança, s’assit et passa les bras dans sa stab puis se leva. La bouteille était lourde, et elle dut prendre une inspiration avant de se secouer pour la mettre en place et attacher la lanière ventrale.

 

Elle n’était pas vraiment habituée à porter la combinaison, et elle plia les bras, passant un doigt dans la manche qui serrait son biceps. Elle semblait plus serrée que dans son souvenir, mais la dernière fois qu’elle l’avait portée, c’était l’an dernier et tous ces exercices à la gym avaient probablement quelque chose à voir avec ça.

 

Dar s’avança et serra la boucle avant, puis elle la tapota sur le côté. « Prête ? »

 

« Prête. » Kerry vérifia les attaches des divers tuyaux, et tapota la valve de gonflage de sa stab. Elle prit son masque et suivit Dar jusqu’à la porte de la poupe, déjà ouverte pour leur donner accès à l’océan.

 

« Charlie, si quoi que ce soit se produit ici, utilise ceci. » Dar lui tendit un marteau de carrossier. « Tu le frappes sur l’échelle, pas sur la coque, hein ? »

 

L’ex-marine prit le marteau et hocha la tête avec tension. « Si le téléphone sonne, je répondrai », dit-il. « Je vais voir si je peux obtenir de ce trouduc qu’il me laisse parler à Bud. »

 

Dar le tapota sur l’épaule.

 

« Bonne chance. » Bob mit les mains dans ses poches, avec l’air spectaculairement inutile. « Je peux faire quelque chose pendant que vous êtes en bas ? »

 

« Vous savez faire cuire une soupe ? » Dar s’interrompit, ajustant son masque. « Il y en a dans le placard. Donnez-nous quarante minutes et on remonte, qu’on ait trouvé quelque chose ou pas. »

 

« Okay. D’accord ! » Acquiesça Bob volontiers. « Il fait un peu frais ici. Bonne idée ! »

 

« Merci, trésor », murmura Kerry entre ses dents.

 

Dar sourit puis sauta dans l’eau avec un léger clapotis, disparaissant presque immédiatement sous la surface.

 

Kerry fit un dernier ajustement de son couteau, et la suivit, s’abandonnant à l’océan.

 

**********************************

 

Cette plongée était différente. Kerry le ressentit aussitôt qu’elle entra dans l’eau et échangea le chaud coucher de soleil pour la fraîcheur trouble de l’eau. Elle pouvait voir Dar qui l’attendait, une main légèrement posée sur la ligne d’ancre et elle se dirigea vers elle alors que son corps s’ajustait au changement.

 

La combinaison compensait vraiment la fraîcheur. Ça n’était qu’un shortie mais il gardait la partie principale de son corps un peu plus chaude qu’elle ne l’aurait été dans un simple maillot de bains, et une fois que le néoprène fut mouillé et détendu, il devint bien plus confortable.

 

Elle rattrapa Dar, et elles commencèrent à descendre. C’était plus rapide que d’habitude et Kerry dut égaliser la pression dans ses oreilles plusieurs fois alors qu’elle augmentait pendant leur descente. Elle pouvait voir légèrement l’épave en dessous, Dar avait ancré le bateau bien plus près cette fois-ci que lors de la plongée précédente. Le soleil s’estompait également au-dessus et alors qu’elles se rapprochaient, Dar alluma la torche. Kerry fit de même.

 

Sur le fond, elles s’arrêtèrent pour se rejoindre. Dar accrocha sa torche à sa veste, et étendit les mains pour évaluer l’épave. Puis elle indiqua un point à mi-chemin et remua de nouveau la main. Elle montra quelque chose à Kerry.

 

Celle-ci hocha la tête, comprenant qu’elles allaient se séparer et explorer chacune une moitié de l’épave. Puis Dar pointa vers l’intérieur du bateau et ferma le poing, le secouant. Elle se montra puis Kerry et ensuite frappa les mains ensemble avant de remontrer l’intérieur.

 

Un autre mouvement de tête. Kerry était d’accord avec le fait qu’elle ne voulait pas explorer l’intérieur du bateau sans Dar. Celle-ci leva un pouce et un index dans un signe d’accord.

 

Elles se séparèrent et se dirigèrent dans des directions opposées. Kerry prit un moment pour faire un tour complet de 360°, juste pour se situer dans l’océan. Elle fixa la localisation de la ligne d’ancre dans son esprit juste au cas où, puis alla tout au début des débris de l’épave et commença à chercher.

 

L’épave n’était pas vraiment en un seul morceau. Des parcelles étaient parsemées, des morceaux de bois et d’acier à demi enfouis dans le sable doux et blanc. Kerry s’avança en nageant lentement vers eux, laissant le bout de ses gants effleurer légèrement leur surface incrustée. Rien d’autre que l’ordinaire, les morceaux de métal étaient des taquets et d’autres pièces marines qu’elle reconnut facilement.

 

Elle avança de quelques mètres puis s’arrêta et se retourna, regardant derrière elle vers les débris. Attends une minute, elle plissa le front. Je reconnais tout ça. Elle passa à nouveau l’épave en revue, puis regarda plus loin. Des chaînes d’ancre, des rambardes, des étais… tout y était.

 

Ce qui la tracassait c’était ce qui n’y était pas. Elle n’avait jamais mis les pieds sur un bateau de pêche auparavant, et c’était ça le point. Il devrait y avoir un tas de machins dont elle n’avait pas idée posés en morceaux, même après tout ce temps. Des trucs comme des filets, et des treuils, et quoi que ce soit que les pêcheurs utilisaient quand ils travaillaient. Kerry s’arrêta et réfléchit à ce qu’elle avait vu à l’intérieur du corps du bateau.

 

Des caisses. Des boites. Des couchettes.

 

Elle se mit sur le dos et étudia l’épave comme un tout, repérant la torche de Dar en bas vers la zone de la poupe. Le soleil diminuait, et le bateau s’installait dans une lueur morose, se mêlant au récif qui l’environnait.

 

Avec un léger grognement, Kerry se remit à la verticale et continua sa recherche. Elle repéra un morceau culbuté d’épave sur un côté et nagea dans sa direction, s’installant à genoux sur le sable en faisant sortir l’air de sa stab. Elle repoussa doucement le vieux bois, puis souleva le morceau et l’examina. Le bois était couvert de verdure marine qu’elle repoussa doucement sur un coin. Elle pouvait voir des marques plus sombres dessous et elle s’y attela jusqu’à ce qu’elle ait éclairci le petit espace de bois. Sa torche révéla un bout de mot, ou quelque chose qui pourrait être un mot. Ça ne signifiait rien pour elle cependant. Elle mit le morceau de bois dans son sac et continua son exploration.

 

************************************

 

Dar se retrouva à l’arrière du bateau, ne trouvant rien de remarquable dans le sillage de débris qui en sortait. Elle alla jusqu’au fond et regarda la poupe à demi-enfouie, où on voyait les traces encore légères du nom du bateau sur le métal incrusté. Elle passa les mains le long du pont incliné, sursautant vers l’arrière quand une anguille se tortilla pour sortir de ce qui avait autrefois été l’échappement des moteurs.

 

Un diesel intégré, nota Dar, pas très différent de celui qui propulsait son propre navire maintenant à près de vingt-cinq mètres au-dessus de sa tête. Elle se dirigea vers la poupe et sur le pont, surprenant un mérou. Un petit banc de poissons-anges bleus et jaunes magnifiques filèrent près d’elle alors qu’elle nageait lentement, cherchant un signe quelconque de quelque chose dont elle savait qu’elle ne le reconnaîtrait pas si elle le repérait.

 

Un taquet sur le pont attira son attention, et elle descendit, touchant le cercle rond et lourd en acier de sa main. Prévu pour retenir une pièce verticale d’équipement, elle en trouva le centre en bois incrusté de corail indiquant qu’il n’avait pas été en cours d’utilisation quand le navire avait coulé. Son regard trouva un second taquet et puis un troisième, bien plus grand.

 

Dar fronça les sourcils, réfléchissant aux navires de pêche qu’elle avait vus dans la marina. Les treuils de filets avaient été rivés ici, se rendit-elle compte, ainsi que les lourds moteurs, pour traîner les filets épais de sorte que leur contenu puisse être déversé dans l’ouverture.

 

Les portes se trouvaient là, démolies et ouvertes et offrant l’accès à l’intérieur du bateau qu’elle et Kerry avaient utilisé la fois précédente, mais alors qu’elle faisait le tour du pont, elle se rendit compte que rien d’autre ne subsistait. Pas de caisse, pas de treuil, pas de mécanisme que les pêcheurs auraient utilisés pour retirer leur prise.

 

Elle sentit que quelque chose s’approchait et elle leva brusquement la tête, pour voir que ce n’était que Kerry qui s’élevait au-dessus de l’abri de navigation pour se diriger vers elle. Sa compagne ralentit puis s’arrêta, et sortit sa petite ardoise et son crayon gras pour commencer à gribouiller. Dar la laissa écrire en se dirigeant lentement vers l’abri de navigation.

 

Il faisait plutôt sombre à l’intérieur. Elle alluma sa torche et examina l’endroit faiblement éclairé et silencieux où le capitaine avait assurément passé ses derniers instants. Pendant un moment, sa peau la démangea et elle regarda autour d’elle, admonestant son imagination pour qu’elle choisisse un meilleur moment pour se réveiller. L’intérieur de la structure était couvert de corail et elle devait bouger avec précautions pour ne pas voir son équipement emmêlé ou accroché.

 

Le fauteuil rivé au sol était pratiquement détaché. Dar en fit le tour et examina la console qui soutenait le gouvernail du navire. Le bois de vieille facture était étonnamment intact et elle enroula la main autour d’un des rayons. Le gouvernail comportait une incrustation en cuivre et elle se pencha plus près, l’éclairant de sa torche. L’océan l’avait méchamment corrodée, mais elle pouvait voir que la plaque était détachée, et elle sortit son couteau pour la soulever doucement.

 

Elle se détacha et flotta vers le fond. Dar fit le tour du gouvernail et l’attrapa d’une main près du sol de l’abri de navigation. Elle se retournait juste pour remonter quand elle repéra un objet bizarre sous la console avant.

 

Avec curiosité elle se mit sur le dos et se tortilla sous l’étagère de métal, éclairant sa trouvaille. Elle était couverte de végétaux, mais Dar put voir quelque chose de bloqué et elle se rapprocha, écartant une partie du corail.

 

Le contour était sinistre. Dar sentit un frisson le long de sa colonne et elle regarda derrière elle par pur réflexe. Secouant la tête d’agacement, elle se rapprocha et oeuvra sur la chose, essayant de la libérer.

 

Une main saisit sa cheville. Avec un jaillissement de bulles surpris, Dar se jeta vers le haut, se cognant la tête contre la console et s’assommant presque bêtement. Désorientée, elle frappa de son bras, puis sentit une prise familière sur sa main et se rendit compte que c’était Kerry.

 

Elle s’affaissa de soulagement et se massa la tête à l’endroit où elle avait impacté le métal. Kerry se rapprocha et retira son détendeur, puis posa un baiser sur l’endroit.

 

Dar se mit sur le dos et regarda vers sa compagne au-dessus d’elle avec un air de reproche. Kerry lui lança un regard d’excuses mais lui tendit l’ardoise pour la lire. Dar parcourut le message et hocha vigoureusement la tête, les deux pouces levés. Puis elle montra sa découverte sous la console.

 

Kerry flotta vers elle, se mettant ventre contre ventre dans le petit espace. Elle dirigea sa torche vers l’objet, puis recula de surprise, regardant Dar d’un air interrogateur.

 

Celle-ci, confortablement piégée sous le corps de Kerry, écarta les deux mains dans une attitude interrogative. Kerry montra l’objet, puis fit un geste de tirer. Dar hocha son approbation et lui donna un petit coup sur le côté.

 

Kerry se repoussa hors du chemin, laissant Dar se remettre sur le ventre et attraper la relique incrustée. Elle bandit ses muscles et tira. L’objet ne bougea pas. Avec un froncement, Dar assura mieux sa prise, pressant ses palmes contre la console et tirant en arrière avec toute la force de ses puissantes épaules et cuisses.

 

Il y eut un son qu’elles purent entendre même sous l’eau alors que le métal s’arrachait brutalement, envoyant Dar brusquement vers l’arrière dans Kerry, et toutes les deux dans le gouvernail dans un entrechoc de corps, de bouteilles et de corail éparpillé.

 

Kerry se mit hors du chemin mais son tuyau se prit dans un des rayons du gouvernail et la tira brusquement. Elle tournoya de surprise et avec un claquement, le tuyau se rompit et se détacha de son second niveau.

 

L’air s’arrêta d’arriver. Kerry ouvrit brusquement grand les yeux et elle tendit la main derrière elle, son autre main attrapant le bras de Dar tout près. Elle cracha son détendeur et le mit dans sa poche, tendant la main pour son secours. Mais le tuyau arraché crachait des bulles et elle se rendit compte que c’était sa vie qui s’échappait et se rejoignait le long du plafond.

 

Dar tournoya au bruit de l’air relâché, et leva les yeux, comprenant immédiatement le problème. Elle lâcha sa relique durement gagnée et se précipita sur Kerry, l’attirant contre elle pour attraper son second niveau. En un instant, elle attrapa la main de Kerry, puis sortit son propre détendeur de secours et lui tendit.

 

Kerry agrippa son ordinateur et le montra à Dar. Celle-ci se contenta de pousser le détendeur vers elle, alors qu’elle tournait la valve sur le dessus de la bouteille de Kerry pour fermer l’arrivée d’air. Celle-ci prit le détendeur et l’échangea, respirant de la même bouteille que Dar. Elle saisit l’ordinateur de sa compagne et le regarda, serrant le bras de celle-ci d’un air alarmé.

 

Dar lui tapota la joue pour la réconforter, mais continua à travailler.

 

Il commençait à faire sombre. Dar leva sa torche et regarda le tuyau arraché de Kerry, examinant l’extrémité. Elle le repoussa un instant plus tard et sortit un petit paquet de sa stab et le déballa, sortant un outil multifonctions et quelques petites choses brillantes qui ressemblaient à des balles raccourcies.

 

Kerry attendit avec tension, incapable de voir ce que faisait Dar, et très consciente de l’air que toutes deux utilisaient. Sur la bouteille de Dar, elles n’auraient pas assez pour remonter toutes les deux avec un palier de sécurité, les exposant toutes deux au danger d’un accident de décompression.

 

Elle essaya de rester calme, respirant très lentement, et de manière très égale. L’eau l’entoura, maintenant dense et sombre, des traits de vie inconnue visibles à la périphérie de sa vision.

 

Dar referma le bout de ses fils sur le morceau de tuyau coincé dans le second niveau, le faisant rudement tourner et détachant le bout de la partie brisée. Elle se coinça légèrement mais elle réussit finalement à l’enlever et la laissa tomber sur le sol. Dans le choix de petites balles, elle en prit une et l’inséra dans le trou, oeuvrant doucement pour visser la prise maillée en place. Elle la serra et puis rouvrit lentement la valve, surveillant attentivement d’éventuelles bulles.

 

Aucune. Elle tapota l’épaule de Kerry, et lui fit signe d’échanger à nouveau les détendeurs. Sa compagne obéit volontiers, aspirant l’air de sa propre réserve avec une expression de soulagement intense. Dar rangea ses outils, puis vérifia sa montre. Elles étaient restées en bas trop longtemps, se rendit-elle compte, et de l’expression dans le regard de Kerry, celle-ci s’en rendait compte aussi. Dar montra l’entrée de l’abri de navigation, sachant qu’elles n’auraient pas le temps de fouiller la coque du navire.

 

Mais elle ne pouvait rien y faire. Elle suivit Kerry dans l’océan obscur. Maintenant il n’y avait pratiquement aucune lumière en provenance de la surface, et l’épave s’était repliée dans une ombre mystérieuse. Dar souleva son morceau de métal d’une main et prit ses affaires, s’éloignant lentement du bateau vers leur ligne d’ancre.

 

Kerry vérifia son compas, éclairant de sa torche devant elle jusqu’à ce qu’elle découvre une chaîne argentée qui montait vers la surface. Elle attrapa la ligne d’ancre avec gratitude, contente de sentir sa sécurité alors qu’elles commençaient leur remontée.

 

C’était la première fois qu’elle rencontrait un problème d’équipement, et elle se devait de l’admettre, ça l’avait méchamment secouée. Elle savait que si elle n’avait pas eu Dar avec elle, et que celle-ci n’ait pas été préparée comme elle l’était toujours, elle aurait fait face à une remontée d’urgence et à la très réelle possibilité du cauchemar d’un plongeur. L’accident de décompression signifiait que des bulles de nitrogène étaient emprisonnées dans son sang, et augmentaient alors qu’elle remontait à toute vitesse vers la surface et pouvaient potentiellement couper sa circulation sanguine. Une remontée normale donnait au gaz assez de temps pour être réabsorbé graduellement, mais n’importe quoi d’autre vous mettait en face du risque d’un accident cardiaque, un arrêt, une paralysie, ou même la mort.

 

Kerry n’était pas encore prête à mourir, et la simple pensée d’un arrêt comme son père l’avait vécu lui glaçait le sang.

 

Mais elle avait eu de la chance, et Dar avait été là. Kerry sentit une boule dans sa gorge, alors qu’elle s’arrêtait pour un palier de sécurité. Dar entoura sa jambe d’un bras et serra, la regardant de derrière son masque. Avec l’eau sombre autour d’elles, c’était un moment bizarrement intime. Kerry se pencha en avant et pressa son masque contre celui de Dar, se contentant de la regarder dans les yeux.

 

Elle en oublia leur mission. Elle en oublia où elles étaient, et pendant ce court instant, Kerry fut simplement contente d’être en vie.

 

Dar effleura sa mâchoire du bout de ses doigts. Ses yeux souriaient.

 

Kerry prit sa main et la serra. Elle pouvait sentir l’émotion puissante passer entre elles si fort, que les mots n’auraient été qu’une simple vitrine.

 

Au-dessus d’elles, leurs bulles conjointes tournoyaient paresseusement vers la surface.

 

*****************************************

 

Dar brisa la surface, et retira son masque avant de secouer ses cheveux de devant ses yeux. Elle repéra le bateau, Charlie et Bob qui attendaient anxieusement sur le pont, et elle se dirigea dessus. Kerry émergea juste derrière elle, surprise par les vagues que l’eau avait développées.

 

Elle garda son détendeur en bouche en suivant Dar à travers les vagues, contente que leur plongée soit terminée. Elle s’accrocha à l’échelle pendant que sa compagne se hissait à bord, le sac de celle-ci lourd de la relique qu’elle avait récupérée alors qu’il cognait contre son genou.

 

Alors que Dar vérifiait l’échelle, Kerry jeta ses palmes à bord, puis attrapa les barreaux et avec un élan d’énergie, elle se tira elle et son équipement hors de l’eau. Elle montait déjà sur le pont au moment où Dar se retourna et elle fit un petit geste à sa compagne alors qu’elle se dirigeait vers le banc et s’y asseyait.

 

Alors Kerry, se moqua doucement son esprit. Tu voulais te la jouer macha devant les gars, hm ? Elle accrocha sa bouteille sur le crochet et défit sa stab, se rassit et se détendit alors que le poids était enlevé de ses épaules.

 

« Vous avez trouvé quelque chose ? » Demanda Bob. « On dirait bien ! »

 

Dar posa son sac qui cogna le pont avec un bruit. « Quelques trucs », dit-elle. « Est-ce qu’on est dans les temps ? »

 

« C’est bon », lui dit Charlie. « Le vent se lève. »

 

« J’ai remarqué aussi. » Dar posa son équipement et se redressa, tira ses cheveux en arrière et les essora. « On a trouvé quelques trucs que je ne peux pas vraiment expliquer, mais je vais vous dire ce qu’on n’a pas trouvé. » Elle mit les mains sur ses hanches couvertes de néoprène. « « On n’a pas trouvé d’équipement de pêche. »

 

Charlie et Bob se regardèrent. « Hein ? » Dit Bob. « Qu’est-ce que vous voulez dire… c’était un bateau de pêche. »

 

« Ouais. » Kerry se leva et alla au placard, en sortant deux serviettes. L’air de la soirée était frais et elle commençait à frissonner. « Mais Dar a raison. Il n’y avait aucun équipement de pêche dessus. Pas de filet, aucun de ces trucs qu’on utilise pour tirer les filets, rien. » Elle jeta une des serviettes à Dar. « J’ai trouvé un morceau de caisse que j’ai apporté. » Elle s’enroula dans la serviette, fermant la mâchoire pour s’empêcher de claquer des dents. « Il faut que je passe quelque chose de sec. »

 

« Vas-y. » Dar la poussa doucement vers la cabine. « Où est cette soupe ? » Demanda-t-elle à Bob en lui lançant un regard direct.

 

« Oh. Hum… à l’intérieur ! » Montra Bob. « Je vais la chercher. » Il ouvrit la porte et laissa entrer Kerry devant lui, puis referma derrière eux.

 

Dar alla vers son sac et l’ouvrit.

 

« S’il ne pêchait pas, qu’est-ce qu’il faisait ici ? » Demanda Charlie avec curiosité.

 

« Bonne question. » Dar leva la relique qu’elle avait retirée et la lui tendit. « J’ai trouvé ça bloqué sous la console de pont. »

 

Charlie ouvrit grand les yeux en prenant le grand objet incrusté de corail. « Putain de merde, Dar. C’est un M-16 ! »

 

« Mm. » Dar fouilla dans le sac et en sortit le morceau en cuivre. « Il faut que je nettoie ceci », dit-elle en soupirant. « Alors on sait qu’il ne pêchait pas, mais on n’est pas plus avancés pour savoir ce qu’il faisait. »

 

« Il y a des chances que c’était pas quelque chose de légal », dit Charlie. « Pas avec ça à bord. Tu penses qu’il dealait ? »

 

Dar haussa les épaules. « Ça me dépasse . » Elle se sécha les cheveux et soupira. « On s’est pas amusées en bas. Kerry a perdu un de ses tuyaux dans l’épave. » Elle s’avança et examina la bouteille. « Heureusement mon père m’a appris à emporter un kit rapide il y a des années. »

 

Charlie était près d’elle et regardait le tuyau. « Putain de merde. » Il toucha la jonction. « T’as raison, c’est du pot. » Il mit la main sur l’épaule de Dar. « Je vais te dire, Dar. Pourquoi tu rentrerais pas à l’intérieur pour avaler du chaud. Je vais monter la caisse et nous diriger vers le sud. »

 

Dar soupira. « D’accord. » Elle lui fit un sourire reconnaissant. « Fais attention en grimpant à cette échelle. »

 

Charlie ricana. « Moqueuse. » Il lui donna une petite poussée, comme celle que Dar avait fait à Kerry un peu plus tôt, vers la porte. « Vas-y. Lance ta cervelle pour savoir ce qu’on va dire à ce cinglé quand on y sera. »

 

Dar prit la plaque en cuivre et le sac de Kerry et se dirigea vers la porte. Quelque chose de chaud et des vêtements secs semblait être une bonne idée. Au loin, elle entendit un léger grondement, et elle se souvint d’allumer la radio de bord.

 

Avec leur chance, cette foutue tempête arrivait.

 

Elle avait, au mieux, cinq heures pour trouver ce qu’elle allait utiliser pour accrocher DeSalliers. Dar secoua la tête en entrant dans la cabine, contente d’être sortie de la brise fraîche et dans l’espace bien éclairé. Bob était dans la cuisine à remuer quelque chose dans un plat, et Kerry était probablement dans leur chambre à se changer.

 

Dar fit un bref sourire à Bob et passa près de lui, vers la porte fermée derrière. Elle posa le sac sur le pont près de la salle de bains et continua, frappant légèrement à la porte de la chambre avant d’ouvrir.

 

Kerry était inclinée sur le lit, la tête sur un poing, complètement nue. Elle leva son autre main et fit signe à Dar d’approcher.

 

Dar se demanda soudain qui avait besoin de cette fichue soupe ? Elle entra rapidement et ferma la porte derrière elle. « Salut. »

 

« J’ai besoin de ton aide », dit Kerry d’une voix douce et traînante. « Mais enlève ta combinaison d’abord. Je ne veux pas que tu dégoulines partout sur le lit. »

 

Prise un peu par surprise, Dar sentit ses yeux s’agrandir en regardant sa compagne. « Hum… d’accord. » Elle tendit la main derrière elle et attrapa la lanière de la fermeture, la tirant vers le bas pour libérer la combinaison. Elle enleva les manches, puis le reste, ce qui la laissait en maillot de bains. « Quelque chose ne va pas ? »

 

Kerry pencha la tête d’un côté. « Pas avec toi », dit-elle. « Viens, viens. »

 

Dar enleva son maillot et se sécha, puis elle s’assit sur le lit près de Kerry. « Tu sais que nous avons des invités dehors », dit-elle ironiquement à sa compagne.

 

« Oui, je le sais », dit Kerry en soupirant et elle roula sur le ventre, la tête posée sur la cuisse de Dar. « Mais quand je suis tombée sur le bateau, quelque chose s’est coincé dans ma nuque et je n’arrive pas à l’attraper, ça me rend dingue. »

 

Dar cligna des yeux. « Oh. » Elle étouffa un petit rire. « Attends. » Elle appuya sur la peau douce du dos de Kerry, voyant un point rouge là où sa colonne entrait dans le crâne.

 

« Mm. » Kerry soupira. « Tu es douce et chaude, Dar. Comment tu as fait ça si vite ? »

 

« Chérie », murmura Dar, les yeux sur sa tâche. « Tu es allongée là devant moi, nue. Si j’étais ne serait-ce qu’un peu fraîche, on aurait un problème. »

 

Le rire bas et riche de Kerry les surprit toutes deux.

 

« Ah. Je l’ai. » Dar attrapa doucement l’écharde en métal et la sortit de la peau de Kerry. Un petit point de sang suivit et elle pressa l’endroit avec précautions, serrant un peu plus pour s’assurer qu’elle avait tout sorti. « Méchant bateau. Qui a piqué ma Kerry. » Elle sentit celle-ci soupirer, un léger souffle chaud le long de sa cuisse. « Ça va mieux ? »

 

« Oh oui. Merci », dit Kerry en se remettant sur le dos. Elle passa sa main le long de la jambe de Dar et leva les yeux vers elle avec une profonde affection. « Et merci d’être là et d’avoir su quoi faire aujourd’hui. »

 

Dar posa l’éclat et s’allongea près de Kerry. « Merci à papa. Il m’a bourré le crâne avec la sécurité en plongée. » Elle mit la main sur le genou de Kerry. « Tu vas bien ? Je sais que c’était effrayant. »

 

Kerry hocha la tête. « Je vais bien », dit-elle. « J’étais un peu nerveuse quand c’est arrivé parce que remonter vite à la surface n’était pas quelque chose que j’avais envie de faire vraiment. De risquer. »

 

« Non », murmura Dar. « Un endroit tordu pour prendre le risque d’un accident de décompression », admit-elle. « J’en ai eu un légèrement une fois, et ce n’est pas quelque chose que je veux répéter. » Elle plia la main devant son visage. « J’ai perdu la sensation dans mon bras pendant une semaine. »

 

Kerry se rapprocha et s’enroula contre Dar. « Je pensais à mon père », dit-elle doucement. « A ce qu’il avait dû ressentir. » Une inspiration. « Oui, j’avais peur. »

 

Dar mit les bras autour de Kerry. « Je ne laisserais pas quelque chose comme ça t’arriver », lui dit-elle. « Crois-moi, Ker. C’est mon boulot de te garder en sécurité en bas. »

 

Kerry se sentit bercée dans l’étreinte de Dar, son corps se réchauffant maintenant alors que la crainte persistante s’éloignait. « Je te crois », murmura-t-elle. « Je sais que je suis en sécurité avec toi. »

 

Elles se balancèrent en silence pendant quelques minutes, écoutant les moteurs gronder en se mettant en route et l’ancre se rétracter.

 

« On a quelque chose à donner à DeSalliers, Dar ? »

 

« Un peu. »

 

« Assez ? »

 

« Je ne sais pas », dit Dar. « Je ne sais vraiment pas. »

 

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Fin de la partie IX

A suivre partie X

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