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tropicalstorm1B

Page history last edited by Fausta88 14 years, 9 months ago

TROPICAL STORM

 

Tempête tropicale

 

de Melissa Good

 

 

traductrice : Fryda

 

 

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Partie 1B

*******

 

Elle passa les quelques heures qui suivirent à mettre les choses en ordre, à étudier les dernières statistiques que leur système de compte-rendu avait générées, et à mettre à jour son courrier interne. Elle avait la tête penchée sur le dernier bilan de productivité lorsqu'un léger coup fut donné à la porte. Elle leva les yeux pour y voir Ray Ramierez, avec un coca à la main. " Oh... salut ! "

" Déjeuner ? " Le grand et filiforme superviseur technique leva un sourcil sombre et interrogateur. " J'ai entendu dire qu'ils avaient du pico de gallo au café. "

Kerry fit la grimace. " Beurk. " Elle reposa son travail, et s'étira, pour faire disparaître une vrille dans son dos. " Deux ans, et tu penses que je me serais habituée à ce truc... mais à chaque fois que je le mange, je tombe de sommeil sous mon bureau. " Elle joua avec un crayon. " Par ailleurs, je n'ai pas très faim. "

" Allons, allons... ne les laisse pas te mettre hors de toi, Kerrisita... viens, je vais t'avoir un peu de flan, je sais que tu aimes ça. " Ray essaya de la persuader en bougeant ses sourcils en signe d'invitation.

Elle sourit mais secoua la tête. " Non merci... peut-être demain, Ok ? " Elle ouvrit son tiroir et en tira un sac de carottes minuscules. " Par ailleurs, j'ai apporté de quoi. "

" Un de ces jours, des oreilles pendantes vont te pousser. " L'homme aux cheveux foncés rit. " Toi et tes petites carrotas. " Il soupira. " Tu es sûre ? "

Elle hocha la tête. " Oui... vas-y, sors d'ici pendant un moment... j'aurai probablement besoin de toi lorsque ces gars se montreront. "

Il leva une main et la laissa retomber, et il se rendit. " Je reviens bientôt. " Promit-il puis il se baissa pour passer la porte.

 

Kerry fixa pensivement la porte, puis soupira et jeta le crayon, retournant ses yeux vers l'évaluation, la tête posée sur une main. A quoi ça pouvait bien servir Les évaluations ne vaudraient pas grand-chose pour les nouveaux.

Un coup léger l'interrompit de nouveau. " Ecoute, Ray... je t'ai dit... " Elle leva les yeux, légèrement ennuyée, puis s'arrêta.

 

Il y avait une étrangère à l'entrée. Une femme grande à la peau dorée avec des cheveux noirs comme la nuit, la regardait également, le corps svelte installé contre l'entrée dans une posture de confiante arrogance. Kerry cligna des yeux et regarda de nouveau, et elle fut capturée par les yeux les plus bleus, les plus clairs qu'elle ait jamais vus, qui passaient au travers d'elle avec une rafale d'intensité froide, et un éclair étrange, presque obsédant de quelque chose de familier. " Hum... désolée... je pensais que vous étiez quelqu'un d'autre. " Réussit-elle à dire faiblement, et elle se leva.

 

La femme se repoussa de l'encadrement de la porte, et entra, posant une épaisse mallette de cuir sur la chaise de visiteur et tendant une main. " Dar Roberts. " La voix était basse, et plaisante, et semblait gronder dans ses oreilles, et lorsqu'elle bougea pour prendre la main de la femme, une douce senteur de parfum musqué mêlée au cuir l'atteignit.

" Kerry Stuart. " Elle prit la main tendue et l'agrippa, sentant la force lorsque la femme rendit la pression. " Etes-vous... hum... " Elle s'interrompit. " Je veux dire, vous venez du nouveau quartier général, n'est-ce pas ? Je suis désolée... Je dois vous paraître un peu timbré... je n'attendais personne avant le déjeuner. "

Dar l'étudia calmement pendant un moment. " Oui... j'en suis... je suppose que mon déjeuner ne correspond pas vraiment au vôtre. " Répondit-elle froidement. " Désolée. "

" Oh... bien. " Répondit Kerry maladroitement. " Et bien... c'est bien, parce que je... j'ai fini de déjeuner moi aussi... mais mon équipe est toujours dehors. Que... je veux dire, je peux vous servir un café, ou autre chose ? "

" Non merci... j'ai un planning à respecter. " Répondit la grande femme brusquement. " Commençons simplement... ça ne sera pas long. " Elle bougea vers le bureau. " Asseyez-vous. " Dar regarda la jeune femme retourner à son bureau, et s'asseoir, en posant les avant-bras sur le dessus et la regardant avec un mélange de trépidation et de curiosité.

 

Elle avait étudié brièvement la photo que Mark avait si gentiment fourni, mais l'impression statique ne donnait aucune indication de la douce présence que la femme projetait, ni la claire stabilité de ses yeux, dont la couleur correspondait étrangement à celle de l'océan que Dar voyait de sa fenêtre chaque matin ensoleillé. Il y avait également quelque chose de familier à son sujet sur laquelle Dar n'arrivait pas à poser le doigt. Pas le temps pour ça, cependant. Elle s'assit dans la chaise du visiteur. " Vous savez pourquoi je suis ici, n'est-ce pas ? " Les doigts de Kerry firent tourner un bout de ficelle. " Je sais que vous prenez le contrôle... ils ne nous ont pas vraiment dit grand-chose au sujet de ce qui va se passer, non. "

 

Dar jura silencieusement, notant mentalement d'envoyer un message incendiaire à qui que ce soit de l'équipe comptable qui s'occupe de tout ça. " Ils étaient supp... Ok. " Elle leva une main. " Je ne vais pas jouer avec vous ou tourner autour du pot. Le résultat est que, ce que nous avons acheté, c'est votre société. "

La femme blonde prit une inspiration. " Ok... mais qu'est-ce que ça veut dire... nous rendons des comptes à des personnes différentes... ou vous voulez que les choses soient faites différemment... j'ai des comptes-rendus... "

Elle fut interrompue par une main. " Cela veut dire que nous sommes intéressés par les services que vous fournissez. Pas par la façon dont vous les fournissez, ou qui le fait. " Répliqua-t-elle fermement. " Il n'y a rien ici que vous ne fassiez, que nous ne puissions mieux faire, et à un coût moindre, ce qui est l'essentiel. "

Kerry la regarda. " Qu'êtes-vous en train de dire ? " Demanda-t-elle doucement. " Vous dites que vous n'avez pas besoin de nous, c'est ça ? "

Des yeux bleus, froids croisèrent les siens. " Oui. "

" Vous ne pouvez pas simplement entrer ici et renvoyer tout le monde... nous avons fait ça pendant des années... vous ne pouvez pas nous remplacer comme ça. " Protesta la directrice.

" Si, je peux. " Répliqua Dar. " C'est ce que nous faisons. " Elle fit un geste vers la porte. " J'ai un groupe de programmeurs à Huntington, un groupe de soutien juste à l'ouest de l'aéroport qui peut prendre vos appels, et une division d'installateurs de matériels qui travaillent déjà tous pour moi. " Elle se leva et contourna sa chaise, s'appuyant contre elle. " Vos employés sont innefficaces, ils prennent deux jours de maladie toutes les trois semaines, la moitié d'entre eux est en retard chaque jour, vos programmeurs n'ont pas respecté un délai depuis deux ans, et vous avez eu dix-huit plaintes de travailleurs dans les quatre derniers mois. "

 

Silence. Kerry regarda simplement le dessus de son bureau, et se concentra sur sa respiration. Sa poitrine lui fit mal à la suite de l'attaque soudaine et inattendue, lorsqu'elle réalisa qu'elle n'avait aucune réponse à ces charges. Elle savait qu'elles étaient vraies, mais c'était une bonne équipe... c'était de braves gens... juste un peu paresseux parfois, comme tout le monde l'était. Ses yeux voyagèrent vers le profil de faucon qui la regardait, et elle ressentit un désespoir tranquille. Plus personne. Plus jamais.

 

" Je présume que John avait raison. " Dit-elle finalement, avec un ton de calme défaite.

Dar la fixa, légèrement déconcertée. La réaction habituelle à son exposé était la colère, des protestations indignées... pas... " Raison à propos de quoi ? "

Ces yeux semblables à l'océan se levèrent. " Vous êtes ici juste pour nous détruire. "

La grande femme tressaillit intérieurement, elle ne s'attendait pas à ça. " Ce n'est pas la façon appropriée d'y faire référence. "

Kerry haussa les épaules. " Qu'allez-vous faire, me virer ? " Elle prit une inspiration. " Y a-t-il quelque chose que je puisse faire pour vous, Ms Roberts ? Vous semblez avoir toute l'information dont vous avez besoin. " Elle étudia le trombone dans sa main. " Et. J'ai beaucoup de papiers sur lesquels il faut que je commence à travailler, je présume. " Elle essaya, mais ne put empêcher la pointe d'enrouement d'entrer dans sa voix, et elle refusa de lever les yeux et de donner la femme plus âgée la satisfaction de voir combien elle l'avait bouleversée.

 

Dar sentit un soudain pincement de honte. Elle pouvait voir la tension d'angoisse dans les minces épaules en face d'elle, et elle pencha la tête pendant un moment.

" Ils ne sont pas si horribles. " Dit Kerry doucement. " Nos clients nous aiment bien... nous faisons du bon travail... je ne... vois pas pourquoi nous devons être jetés comme des ordures. " Elle continua à fixer ses mains.

" Ecoutez. " Dar se trouva à court de mots, contrairement à son habitude. " Ce sont les affaires... Ça n'a rien de personnel, compris ? " La tête blonde bougea dans un signe de tête, puis elle leva les yeux, le visage fermé, et les yeux verts prudents s'assombrirent d'une calme colère. " Vous avez une semaine... j'ai besoin d'une liste de vos responsables, de manière à arranger des sessions avec eux pour commencer à examiner ce que vous faites exactement, et quand et comment vous le faites. "

Kerry déglutit. " Vous êtes en train de dire que vous voulez que nous formions les gens qui vont prendre nos emplois. "

Dar la regarda calmement. " Oui. "

 

La colère se dissolva en quelque chose d'autre, et la femme blonde serra la mâchoire. " Très bien. " Sortit-elle, les doigts serrés sur le crayon qui se trouvait sur son bureau. " Je verrai ce que je peux arranger. " Arranger que tous soient partis d'ici avant de pouvoir dire n'importe quoi à n'importe qui, sûr.

" Vous voulez me dire d'aller me faire voir. " Remarqua la femme aux cheveux noirs. " N'est-ce pas ? "

Kerry lécha sa lèvre supérieure. " Non, madame, je ne le veux pas. Je n'ai pas été élevée comme ça. "

Dar se rassit dans sa chaise et se pencha en avant, penchant la tête pour fixer le visage baissé de Kerry. " Bien sûr que vous le voulez. " Contra-t-elle. " Je le voulais... lorsque nous avons été assimilés en 84. "

Les yeux verts se levèrent lentement pour croiser les siens. " Ce sont des gens, auxquels vous allez prendre le gagne-pain. Ce n'est pas drôle. "

" Et chacun d'eux vous dirait vite au-revoir si le gars en bas de la rue leur offrait un dollar de plus par heure. " Répliqua Dar. " Ce sont les affaires, Ms. Stuart... ce n'est pas de la charité. "

Le menton de Kerry se leva. " Vos gens ne seront pas capables de faire la moitié du travail que font les miens. " Déclara-t-elle platement. " Alors, quand vous perdrez tous ces comptes, je serai là pour rire. "

 

Dar se pencha en arrière et l'étudia. Elle n'avait pas eu ce genre de défi depuis très, très longtemps... la plupart de ses clients étaient des jeunes tout juste diplômés en GSI, qui se défilaient et essayaient d'atteindre son bon côté, juste assez longtemps pour se rendre compte qu'elle n'en avait pas. Une de ses tâches annexes, en dehors du déshabillage de sociétés, était de trouver de nouveaux talents pour la compagnie. Parfois, pensa-t-elle, elle trouvait du potentiel dans les endroits les plus bizarres. " Très bien... prouvez-le. " Ronronna-t-elle, regardant l'expression de surprise s'installer sur le jeune visage de l'autre côté du bureau. " Je peux faire ceci pour la moitié du budget avec lequel vous le faites actuellement. Trouvez un plan pour le faire pour ce montant, dans une semaine... et je le regarderai. " La mâchoire de Kerry s'affaissa. " Cinquante pour cent ? C'est impossible. "

 

Dar haussa les épaules. " A vous de voir... vous voyez, nous pouvons avoir un effet de levier sur les coûts parce que nous diminuons les frais généraux par clients... si quelqu'un a besoin de soutien, par exemple, nous l'ajoutons simplement à la charge actuelle du centre de gestion, et nous n'avons pas à payer de loyer, d'autocommutateur, des consoles... des bureaux... toutes ces conneries de nouveau. " Elle sourit. " Vous pouvez le faire. " Mordrait-elle à l'hameçon ?

 

" Non... mais ça veut dire... " Kerry s'arrêta et expira. Des gens devraient partir. C'était le plus grand facteur de coût, elle le savait. En regardant le visage fermé et froid en face d'elle, elle savait que cette maudite femme iceberg le savait aussi. Mais peut-être pourrait-elle en sauver quelques-uns... ça valait la peine d'essayer. " Très bien... vous aurez de mes nouvelles. " Dit-elle, froidement.

Parfait, elle me hait. Dar soupira. Une parmi tant d'autres. " Très bien... vous pouvez me l'envoyer par messagerie - vous devriez être ajoutée à notre bureau de poste maintenant. " Elle leva son téléphone portable et composa un simple code, le maintenant contre son oreille jusqu'à ce qu'elle entende une voix bourrue à l'autre bout. " Mark... tout est prêt ? "

Un rire court parvint par le téléphone. " Verrouillage, stock, tonneaux, singes, sèche-cheveux, et la dernière liste de déjeuner de leur comptable. " Lui recommanda-t-il. " Les messageries sont en route, les serveurs verrouillés... autre chose que je puisse faire aujourd'hui ? "

" Merci. " Dar referma le téléphone. " Vous êtes sur la messagerie... dites à vos gens de ne pas faire de changements administratifs sur vos serveurs et vous pouvez vous attendre à une équipe ici demain pour commencer à examiner les procédures. "

 

Kerry croisa les mains au-dessus de son bureau. " Comment saviez-vous tout ça sur nos statistiques de personnel ? "

Des yeux bleu clairs percèrent les siens. " Nous sommes entrés dans la base de données de votre serveur ce matin et nous l'avons extrait. " Dar sourit. " Votre sécurité est merdique... vous voudrez peut-être commencer votre vérification par-là. " Elle ressentit une sensation de calme triomphe qui s'évanouit lorsque Kerry lui retourna son regard avec une aversion glaciale. " Rien de personnel. " " Non. " Déclara la blonde calmement. " Je peux le voir. " Elle se leva. " Voulez-vous faire une visite guidée ? "

La dernière chose dont Dar avait besoin, c'était le tour du propriétaire. Elle se souvint qu'elle avait six ou sept réunions téléphoniques dont elle devait s'occuper au bureau, aussi fut-elle très surprise lorsqu'elle s'entendit répondre. " Bien sûr. "

 

Kerry avait simplement hoché la tête, et avait fait le tour de son bureau, passant les doigts dans ses cheveux clairs pour les repousser de son visage. Elle portait des jeans confortables et une chemise à dentelle à manches courtes qui montrait un bronzage d'extérieur, et qui se serra contre son corps lorsqu'elle prit une profonde inspiration. " Très bien... suivez-moi. "

 

Cela avait été un après-midi très hostile, songea Dar. Elle avait eu l'impression que le mot avait été passé rapidement, parce qu'elles étaient à peine arrivées au nid des programmeurs qu'elle recevait ces regards acérés des occupants. Elle s'attendait à moitié à ce que sa voiture soit rayée avec une clé d'ici à ce qu'elles aient fini, mais apparemment, personne n'avait imaginé laquelle c'était, pas surprenant, parce qu'un véhicule utilitaire LX470 était sûrement loin de ce à quoi ils s'attendaient d'une VP des opérations.

 

La chef programmeur avait des capacités, elle le concédait, si vous pouviez la sortir de sa coquille assez longtemps pour parler code avec elle, ce qu'avait fait Dar. Les responsables du soutien et du SI étaient inutiles, et en écoutant les appels lorsqu'elle passait apparemment inconsciente, elle avait pu saisir au moins deux individus qui mentaient complètement aux clients, et deux autres qui utilisaient l'opportunité pour faire des arrangements sociaux. Stuart avait entendu le dernier, Dar s'en rendit compte, en voyant l'expression de consternation sur le visage ouvert et surpris de la jeune femme.

 

Kerry Stuart. Dar s'appuya contre le cuir et se permit le luxe de quelques minutes de pensée tranquille. La petite n'était pas stupide, et elle avait du cran... mais bon sang, comme elle était innocente. Elle n'avait pas vraiment été préparée à ça, mais l'un dans l'autre, elle avait plutôt bien accusé le choc, après tout.

Ce que Dar ne pouvait s'enlever de l'esprit, c'était ce sentiment familier qui la harcelait... est-ce qu'elles faisaient leurs courses au même endroit ou quelque chose comme ça ? Non... Kerry vivait à Kendall, après les autoroutes dans l'un des labyrinthes d'îlots de locations de la banlieue, fréquentés par les cols blancs de leur domaine. Peut-être venait-elle souvent à la plage ? Pas que Dar passait beaucoup de temps à South Beach, mais elle y descendait de temps en temps, et marchait sur les planches.

 

Oh, bon. Elle abandonna, sachant que ça lui reviendrait finalement. Sa montre bipa lentement et elle baissa les yeux, surprise de voir qu'il était déjà tard. Elle tambourina sur le volant, puis pianota sur son téléphone cellulaire monté sur le tableau de bord. Un moment plus tard, Maria répondait d'une voix chantante. " Bonjour, Maria. "

" Dar... où êtes-vous ? " Sa secrétaire baissa la voix.

" Dans ma voiture, je reviens de chez Associated... pourquoi ? " Répliqua la cadre, un peu étonnée. " Vous saviez où j'étais. "

" Restez loin, restez très, très loin, Dios Mio... un homme, il a reculé avec un camion dans les toilettes en bas, et il a détruit tous les contrôle d'air conditionné. " Répliqua Maria, avec un grognement. " C'est comme dans un four ici, Dar... ma tête est en train de rôtir. " La cadre tressaillit. " Et merde... " Pensa-t-elle. " Ont-ils arrêté les serveurs au moins ? " Demanda-t-elle, puis elle se frappa la tête. " A quoi est-ce que je pense... Maria, sortez de là avant de vous évanouir. "

" Aye... j'ai mon petit ventilateur, mais c'est comme si j'étais en train de cuire... de devenir croustillante. " Lui dit la secrétaire. " Merci beaucoup... je vais ranger mes affaires, et partir. "

" Il y a quelqu'un d'ETA (NDLT : services d'électricité de l'état) pour restaurer ? " Demanda Dar avec un soupir, alors qu'elle arrivait sur la State Road 836, qui lui faisait traverser la ville jusqu'au bureau.

" Non, non... Ils se disputent... à qui la faute, c'est la première chose. " Maria parut dégoûtée, une chose inhabituelle pour la Cubaine. " Très bien... appelez avant de venir demain, Maria... je ne veux pas que vous veniez si c'est toujours hors service, ce sera juste pire. " Décida Dar en se frottant les tempes. " Sortez de là. "

" Je me fiche de ce qu'on peut dire, Dar, vous êtes un ange. " Répliqua Maria chaleureusement. " Ils peuvent tous me baiser les... comment vous les appelez ? Boyaux. "

Cela valut un sourire de la part de la cadre aux cheveux noirs. " Merci, Maria... c'est agréable d'entendre ça après être sortie de chez Associated... ils ne m'aiment pas beaucoup là-bas. " Son esprit évoqua le regard de séparation qu'elle avait eu de la part de Kerry, qui était autant rempli de dégoût que tous ceux qu'elle avait eu le malheur d'avoir depuis un moment. Normalement, elle aurait dû s'en inquiéter moins, mais ça... " Quoi qu'il en soit, bonne nuit, Maria. "

" Bonne nuit, Dar... conduisez avec prudence, s'il vous plaît. " Lui rappela la secrétaire. " Il y a des dingues là-dehors. "

 

Dar sourit tranquillement. C'était agréable parfois, d'avoir quelqu'un qui s'inquiètait pour vous, même si ça faisait partie de leur travail. " Je le ferai. " Elle déconnecta, et se réinstalla pour négocier le trafic, mettant en sourdine un C.D. New Age et massant son cou pour essayer de soulager la douleur qui la harcelait et qui s'était manifestée pendant le trajet.

 

 

 

Chapitre 3

 

Kerry retourna à son bureau après avoir regardé partir son invitée indésirable, et elle ferma la porte. Elle se tint en silence au milieu de la pièce pendant une minute puis regarda autour d'elle. De la moquette bleu clair, des murs gris clairs, un bureau en bois... ce n'était pas grand-chose, mais...

" J'ai travaillé tellement dur pour ça. " Murmura-t-elle, en s'asseyant dans la chaise du visiteur. " Bon sang... ce n'est pas juste. " Elle laissa sa tête s'enfoncer dans ses mains, les coudes sur les accoudoirs.

Le doux bruit de la porte qui s'ouvrait se fit derrière elle. " Ker ? "

" Ouais. " Répliqua-t-elle sans même bouger.

 

Un bras glissa autour de ses épaules et elle leva les yeux pour voir le visage inquiet de Ray. " Jefa, ne laisse pas ça te mettre hors de toi comme ça... envoie-la au diable, la grande garce. " Il émit un gloussement vers elle, massant son cou. " Quelle personne effrayante... je pense qu'elle est de la famille de Cruella DeMachinchose de ce film de chiens. "

Kerry laissa échapper un petit rire. " Ray... John avait raison... ils veulent se débarrasser de nous tous. " Elle leva les yeux vers lui. " Elle me donne une chance de trouver un plan... si je peux réduire le budget de moitié, elle va en tenir compte, et peut-être que certains pourront garder leur emploi, mais... "

 

Ray mit les mains sur ses hanches. " Elle te donne une chance de faire ça ? " Répéta-t-il, un ton de surprise dans la voix. " C'est quelque chose de... d'inattendu à ce que j'ai pu comprendre... comment as-tu réussi à obtenir ça d'elle ? "

Kerry fit une pause et réfléchit. " C'est vrai ? " Son front s'agrandit. " Je ne sais pas... j'ai juste... je présume que je n'ai pas été très gentille avec elle et on aurait pu penser que ça l'aurait rendue furieuse, mais ça ne l'a pas fait... je pense qu'elle a aimé ça en fait. " Elle eut une expression malicieuse à son intention.

Il renifla. " Oh oui... ça a l'air d'être le genre. " Remarqua-t-il d'un ton méprisant. " Je vois le cuir et le fouet craquer autour de celle-là, tu parles. "

La directrice soupira. " Je ne sais pas si je peux tirer quelque chose, mais je vais essayer, Ray... essayer de sauver autant de gens que je peux. " Elle lui fit un sourire pincé. " Mais je pense que tu devrais appeler Mona chez Alternative Resources... dis-lui que nous pourrions avoir quelques perspectives pour son groupe. "

" Mañana. " Ray lui tapota l'épaule. " Viens... nous descendons chez Fat Tuesdays pour la 'happy hour' (NDLT : 1 heure pendant laquelle toute boisson consommée est doublée pour le même prix. )... viens avec nous. "

 

Un coup. " Ms Stuart ? "

Ils levèrent les yeux. " Entrez, Anita. " Kerry regarda la petite et mince employée de la comptabilité entrer précipitamment, les bras chargés d'impressions sur papier continu. " C'est le truc ? "

" Le budget, oui, et le bordereau de paye, les comptes fournisseurs et clients. " Répliqua la femme, les posant sur le bureau. " Autre chose dont vous avez besoin là maintenant ? " Elle souleva ses verres cerclés d'écailles et renifla. " Je dois recharger l'imprimante si c'est le cas. "

" Non.. merci... ça va m'occuper pendant un moment. " Kerry lui sourit d'un air las. " Vas-y, Ray... laisse-moi commencer ce truc. "

Il cligna des yeux dans sa direction. " Tu ne peux pas faire ça toute la nuit... pourquoi ne pas le faire la tête à la fraîche demain matin ? "

" Allez, vas-y. " Répéta Kerry, en se levant pour aller vers le bureau, où elle commença à trier les différents rapports. Ça allait être une longue, longue nuit, elle pouvait le voir. " Attends... Ray, peux-tu me trouver une caisse en carton ? " Il n'y avait aucune raison d'être assise là pour passer la vérification initiale. Son divan serait bien plus confortable.

 

 

Chapitre 4

 

Le ferry était très calme et Dar s'y tenait assise dans une splendeur solitaire, sa voiture proprement installée au centre du pont, alors que le véhicule s'agitait sur les vagues en route vers l'île. Le vent soufflait sur son visage et assourdissait le bruit des moteurs, et elle reposa sa tête battante contre la porte alors que les eaux noirs glissaient sous la quille.

Elle avait très chaud, et était épuisée, et en avait un peu plus qu'assez, ayant passé les dix dernières heures dans un immeuble très élevé, sans air conditionné, faisant ce qu'elle pouvait pour arranger les choses. Ce qui était considérable, assurément, et lorsqu'elle avait finalement intimidé un contractant pour obtenir un panneau de remplacement, et qu'il le fasse installer à minuit, les quelques personnes présentes dans l'immeuble l'avaient acclamée et applaudie.

 

Tous les trois, deux personnes du nettoyage et le garde de la sécurité, leurs uniformes collés à la peau et humides de sueur. Tout comme elle. Elle avait renvoyé le reste du personnel et était restée là, ouvrant les portes de secours du quatrième étage pour amener un soupçon de brise humide à l'intérieur. Des appels aux responsables de l'immeuble, à son propre service de gérance informatique, aux infrastructures parce que les liaisons du panneau de sécurité avaient été détruites... aucun résultat, alors elle avait finalement appelé les contractants de l'immeuble et avait obtenu le propriétaire au téléphone à dix heures du soir.

 

Dieu merci, ils n'avaient qu'un bail de cinq ans et il venait à terme. Le levier de menace avait été suffisant pour le faire bouger ses fesses et obtenir l'intervention de cinq techniciens grognons. Son regard furieux derrière eux avait fait le reste, et à une heure du matin, une vibration basse passait dans l'immeuble alors que les énormes unités sur le toit revenaient à la vie en ronronnant.

 

Il était maintenant deux heures et elle rentrait enfin chez elle. Le travail continuerait comme d'habitude demain matin, sans interruption, et c'était la chose qui importait, parce qu'ils ne pouvaient pas mettre en service l'énorme cascade de serveurs jusqu'à ce que la ventilation fonctionne. Elle avait mis une note sur son bureau de trouver une unité de ventilation de secours pour la pièce informatique, pour la prochaine fois. Elle soupira et ferma les yeux laissant l'air conditionné de la Lexus l'atteindre totalement. Un autre problème résolu, et elle était plutôt sûre que personne ne la remercierait pour ça le lendemain.

Sauf peut-être les femmes de ménage, qui étaient timidement apparues à la porte de son bureau alors qu'elle braillait sur le contractant, portant une cruche de thé glacé fait maison et une tasse en plastique.

C'est la seule chose qui l'avait fait sourire de la nuit.

 

Enfin, presque. Elle avait attendu que l'immeuble se rafraîchisse un peu, puis était allée dans la pièce du serveur sécurisé, et avait marché vers les tableaux, allumant les commutateurs, qui fourniraient du courant aux six macroordinateurs IBM, aux deux AS400 et aux vingt-sept serveurs NT qui composaient le noyau de leur centre informatique.

Puis elle s'assit au bureau des administrateurs de réseau, un bureau en bois long et courbé, couverts par huit moniteurs différents, et quatre claviers, reliés à un autocommutateur cybex qui permettait à l'opérateur d'entrer dans n'importe quel système depuis un seul endroit. Un long doigt poussa les commutateurs sur l'équipement, et elle attendit pendant que les divers systèmes menaient à bien leurs procédures de démarrage.

 

Paresseusement, elle jeta un coup d'oeil au bazar rassemblé sur le bureau, lisant les dessins de Dilbert avec un sourire amusé (NDLT : bande dessinée qui caricature les aventures d'un employé de firme américaine dans son quotidien au bureau.), puis elle pencha la tête pour mieux voir les minuscules légendes, où le personnel d'administration avait inscrit les noms de membres de la haute hiérarchie en face des personnages de la bande dessinée.

" Alors... je suis Catbert, hein ? (NDLT : le chat,diabolique directeur des resources humaines où travaille Dilbert.) Cela provoqua un gloussement malicieux. " Mieux que Ratbert (NDLT : le rat, qui cherche à faire partie de la famille de Dilbert et qui est rejeté en permanence), et certainement mieux que Dilbert... j'aurais bien aimé Dogbert (NDLT : le chien de Dilbert, un " philosophe " du business, qui travaille en consultant free-lance et se fait payer très cher pour faire du " pipeau "), en fait. " Elle prit un crayon et tira sur le dessin, puis elle gribouilla une note dans la marge. Je n'ai pas craché une boule de poils depuis longtemps, merci les gars. DR

" Ça devrait attirer leur attention. "

 

Elle recolla le dessin sur le moniteur, puis se connecta sur le système principal et commença à initier des sessions. Il fallut vingt minutes pour que tout remarche et elle eut un sourire narquois en imaginant le personnel de l'admin. parcourant les comptes-rendus de démarrage demain matin et trouvant son identifiant partout.

" Ils oublient qui a conçu cette chose en premier. " Elle ricana. Normalement il y aurait dû y avoir deux opérateurs de nuit, mais elle avait appelé Mark et avait annulé l'équipe, parce qu'ils n'avaient aucune idée de quand le système reprendrait, et il n'y avait aucune raison d'envoyer Pedro et Celeste suer à grande eau.

 

Elle poussa le bouton du haut-parleur avec un sentiment de soulagement, et composa le numéro personnel de Mark, tambourinant légèrement sur le bureau en attendant. Trois sonneries, puis quatre, puis un grognement. " Bonjour. "

" Bord... oh merde. " Mark se tirait très vraisemblablement hors du sommeil au son de sa voix. " Dar... est-ce qu'il t'arrive de dormir, Nom de Dieu ? "

" Pas quand j'ai des choses à faire, non. " Répondit Dar brièvement. " Tu es sur pieds. "

" Bien sûr que je suis sur pied... tu me par... oh... tu veux dire nous sommes debout ? " Mark s'éclaircit la voix. " Je croyais que la ventilation était en panne jusqu'à demain midi au moins. "

Dar renifla. " Nan... nouveaux panneaux de commutation en place, Plano est sécurisé, et je viens de démarrer les serveurs. " Elle vérifia un moniteur d'activité. " Bon Dieu... le serveur de messagerie vient juste de recevoir... où allons-nous chercher un transfert de huit cents mégas ? Tes gars se sont remis à télécharger des pingouins nus ? "

" Merde. " Mark soupira. " Je vais appeler et vérifier... vas-y, sors de là... il est deux heures du matin, pour l'amour de Dieu. "

" Bonne nuit. " Répliqua Dar; en se frottant les yeux. " Je te vois demain matin. " Puis tout ce qui lui restait à faire était de fermer boutique, et de prendre l'ascenseur au silence inquiétant jusqu'à la porte d'entrée, où le garde de sécurité l'attendait, pour l'amener à sa voiture qui restait seule dans le parking.

 

Le ferry se mit à quai avec un doux bruit métallique, et elle attendit que les hommes de pont enlèvent les cales autour de ses roues avant de lancer la voiture, et elle avança avec précaution le long de la rampe inclinée, sur l'île. Quelques minutes plus tard, elle garait la Lexus à sa place sous l'immeuble, et montait les escaliers pour passer la porte, le son de sa clé déverrouillant la serrure retentit fort dans tout ce calme.

 

Elle était épuisée, mais n'avait pas sommeil, même après une longue douche chaude et quatre Advil pour son mal de tête, alors elle alla péniblement dans la cuisine, attrapa une tasse pour la remplir de lait à partir du dispensateur avant d'ajouter une pleine cuillère de miel, et de la coller dans le four à micro-ondes. Elle lança un regard à l'ordinateur sur le comptoir, puis plissa le front en voyant la boîte clignoter dans le coin. " Je pensais que j'avais vidé ma boîte d'arrivée avant de quitter le bureau... Messages ? "

" Messages, Dar Roberts, un. " Répondit le terminal connecté directement au bureau par sa liaison RNIS.

" Lire. " Dar croisa les bras et s'appuya contre le comptoir, en attendant que la sonnerie du micro-ondes résonne.

" Envoyé par : Kerry Stuart, Heure : 1:20 " " Tiens, tiens. " Murmura doucement Dar. " Qui l'eut cru ? " Elle vit la longueur. " Ne pas lire. "

 

La sonnerie retentit mais Dar resta près de l'écran, lisant le message long et détaillé avec intérêt. Ça commençait avec : " J'ai besoin que certains détails soient éclaircis. " Et finissait avec : " Merci de m'envoyer cette information le plus tôt possible compte tenu du délai que vous avez imposé. "

" Elle est bien bonne celle-là ! " Au lieu d'être fâchée, Dar sourit. Les questions étaient bien écrites, et bien qu'un peu naïves par certains côtés, intelligentes et pensées. Juste comme cette petite, je présume. Elle tira l'une des chaises hautes de la cuisine près de l'ordinateur, et retira son lait chaud, en sirotant en même temps qu'elle composait une réponse détaillée au message.

 

" Ça devrait lui aller... au moins pour l'instant. " Commenta la grande femme, et elle s'interrompit avec la souris au-dessus du bouton d'envoi. Elle étudia le message, puis ajouta une simple ligne en bas, et ses initiales. Un clic et c'était parti. Elle prit le lait et se promena dans le séjour, se laissant tomber sur le doux divan en cuir, qui faisait face à la baie vitrée. Elle voyait l'Atlantique la nuit, des eaux noires séparées par la percée argentée de la lune, et les minuscules lumières colorées des bouées. A l'horizon, un bateau de croisière glissait silencieusement, une tache étincelante dans l'obscurité, et brièvement, Dar souhaita y être.

 

 

Chapitre 5

 

Kerry étouffa un bâillement en vérifiant le verrou de sa porte d'entrée, une habitude avant de se mettre au lit. On aurait dit que son appartement avait été attaqué par une fabrique de papier, des piles de feuilles blanches étaient étalées partout, mais elle était modérément satisfaite de sa première nuit de travail. Pas qu'elle soit arrivée à quelque chose, mais au moins elle savait quelles questions commencer à poser à Cruella, son surnom pour l'autoritaire Dar Roberts.

" Jolie surprise pour elle au matin, hein ? " Dit-elle au panda, qui était assis avec les bras étendus sur la seconde des deux chaises rembourrées du petit séjour. Le reste de l'espace était pris par un divan en tissu, une petite table où quatre personnes pouvaient s'asseoir, deux grandes bibliothèques débordantes de livres, et un petit bureau sur lequel se trouvait son ordinateur. La pièce était claire et gaie, des tapis en tissu pastel et de style indien apportaient une touche de couleur, et sur les murs étaient accrochées des scènes de ses environs subtropicaux. Sa préférée, un coucher de soleil sur Key West, était au-dessus du téléviseur, flanquée de deux petites broderies, un dauphin que sa tante lui avait fait, et un ours en peluche d'une vieille amie de sa mère.

 

" Oh... zut ! " Elle soupira, se souvenant qu'elle avait oublié d'envoyer un message au personnel au sujet des visites par les gens sur les procédures le jour suivant. Elle alla vers son PC et l'alluma de nouveau, se laissant tomber sur sa chaise de bureau et tirant une jambe sous elle en attendant qu'il démarre. Après la présentation du bureau, elle entra dans la messagerie, et composa un mot rapide pour le personnel, leur disant de coopérer gentiment avec les gens qui venaient, et elle dit au système d'envoyer le message.

 

Il composa le numéro et se connecta au serveur de messagerie de leur bureau, et elle regarda le message en court de transfert, puis cligna les yeux de surprise lorsque le système lui indiqua qu'il téléchargeait un message. " Quelle est l'andouille debout à cette heure de la nuit pour envoyer des messages ? " Se demanda-t-elle. Le message finit de se télécharger et tomba dans sa boîte d'arrivée.

Roberts, D Re : Vos questions, Heure : 2h55

" Oh... cette andouille. " Murmura-t-elle, hésitant avant de cliquer sur le message, surprise de sa nervosité. " Et bien, cela explique bien des choses... c'est évident, c'est une extra-terrestre qui ne dort jamais, et qui a un port de communication dans la tête où elle connecte des trucs. " Elle en décida ainsi, puis prit une inspiration, et ouvrit la messagerie. Elle lit au travers des paragraphes, notant que la cadre n'avait pas daigné répondre aux commentaires désagréables dont elle avait parsemé son message. " Bien, Ok... je pense qu'elle a tort là, mais... " Elle trouva un autre sujet. " Oh... je n'avais pas pensé à ça. "

 

Le style de Dar était puissant, et allait à l'essentiel ; elle pouvait presque entendre les mots sortir de la bouche de l'autre femme, et ce qui était surprenant, ils manquaient de cette condescendance qu'elle avait à moitié attendue. Son dernier point ayant reçu réponse, elle baissa les yeux vers la fin du message et cligna. " Quoi ? " Elle relut.

" La politique de l'entreprise statue que tout le personnel doit acquérir une quantité raisonnable de sommeil pendant chaque période de vingt-quatre heures. Vous voudrez bien adhérer à ces règles à partir de maintenant. DR. "

" Qu'est-ce que ça veut bien dire ? Qui est-elle, une sorte de cinglée ? Elle me donne un délai dingue d'une stupide semaine pour faire quelque chose, puis elle dit que je dois m'assurer de dormir ???? " Kerry laissa passer un soupir vexé, puis prépara une réponse, et coupa la plus grande partie du message, excepté l'en-tête, et la dernière ligne. " Ok, Ms l'Extra-Terrestre Maligne de Mars, prenez ça. " Elle souligna l'heure sur l'en-tête de Dar, et la mit en gras, puis alla à la dernière ligne de la cadre et tapa un commentaire. " Je garderai cela en tête. "

 

Elle envoya le message avec un petit sourire narquois, puis éteignit son moniteur, et alla avec peine vers la lampe pour l'éteindre, puis elle se dirigea vers sa chambre. Elle comportait un lit à deux places bien fait, contre un mur sous la petite fenêtre, qui était couvert d'une couette rayé aux couleurs du sud-ouest, un meuble à cinq tiroirs contre un mur, et un long meuble à trois tiroirs avec un miroir à mi-hauteur, le tout en bois blanc. Le tapis en poil était d'un bleu pale, et elle tortilla ses orteils dans la douce matière avec un soupir d'aise en traversant la pièce, et elle se mit sous les couvertures.

 

Elle pouvait voir les étoiles de là, et elle les regarda briller, essayant de chasser l'horrible sensation de pessimisme funeste qui avait pesé sur sa poitrine depuis la visite de Dar. Elle se sentait mal, c'est sûr, pour son personnel, et elle espérait pouvoir les aider. Mais pour elle-même... elle jeta un coup d'oeil circulaire à la chambre proprette, et déglutit, se rappelant comme elle s'était sentie bien lorsque les choses s'étaient passées comme elle voulait, et comme elle était fière de l'allure que tout ça avait. Elle aimait cet endroit, ses voisins étaient sympathiques, et le complexe était amical, il y avait une galerie marchande tout près et elle avait même un petit grill sur le porche pour faire un barbecue lorsque quelques amis venaient.

 

C'était tellement agréable de dépendre de soi. Personne ne lui posait de question si elle restait debout tard le soir, ou si elle sortait, pas qu'elle le faisait, bien entendu... ou lui reprochait sa façon de s'habiller, ou à qui elle parlait. Elle était... très heureuse ici.

Et maintenant ceci.

 

Une partie d'elle-même haïssait la compagnie. Une partie d'elle-même voulait aussi haïr Dar Roberts, mais elle était assez intelligente pour comprendre que la femme ne faisait que mettre en oeuvre une politique, bien que ce serait plus facile si elle ne donnait pas l'impression de l'apprécier autant. Il était évident que Dar était intelligente, et elle avait une façon d'être qui faisait croire à Kerry qu'on ne se fâchait pas souvent avec elle, et lorsque c'était le cas, les résultats étaient imprévisibles. Mais lors de la visite, elle avait posé des questions très pointues, et ces yeux bleus incroyables n'avaient pas raté grand-chose.

Whoa. Incroyables ? A quoi je pense là ? Kerry ferma très fort les yeux, et tira la couverture jusqu'à son menton. La seule chose incroyable au sujet de Dar était son arrogance.

C'est tout.

 

 

Chapitre 6

 

" Bonjour. " Dar fit un signe de tête à l'intention de ses compagnons d'ascenseur lorsque les portes se fermèrent et qu'il commença l'ascension. Elle reçut des murmures polis en retour de la plus grande partie du personnel d'exécution qui arrivait à cette heure le matin. 8 h du matin était l'heure d'arrivée de la plupart des employés de saisie, et du personnel administratif, et elle était plus ou moins redoutée et ils n'étaient pas enclins à papoter en sa présence.

 

Elle les laissa aux étages inférieurs, et continua solitairement jusqu'au quatorzième étage, attendant que les portes s'ouvrent au niveau exécutif. Son bureau était à un coin, les fenêtres en rond lui donnaient une vue, à la fois de l'océan et de l'horizon, et elle poussa la porte du bureau extérieur avec un soupir. " Bonjour, Maria. "

Sa secrétaire se retourna et sourit. " Bonjour, Dar... c'est bien plus agréable aujourd'hui, laissez-moi vous dire... je ne sais pas quel miracle de notre Dame s'est produit cette nuit, mais... c'est bien. " Elle finit d'asperger de l'eau sur une plante près de son bureau, puis alla vers le petit comptoir à côté. " Je vais vous faire du café... je suis contente que vous ne soyez pas venue hier. "

 

Dar sourit tranquillement et alla dans son propre bureau, posant sa mallette et allumant son poste fixe. Après trois heures de sommeil, le café était définitivement une bonne idée, décida-t-elle, en s'asseyant avec un soupir, et elle passa les doigts dans ses cheveux. La machine bipa, puis demanda son identifiant, qu'elle fournit avec impatience, tapant sur les touches avec un doux mouvement. Sa messagerie s'ouvrit et elle déroula les messages matinaux, s'arrêtant lorsqu'elle vit une réponse avec un nom devenu familier.

Elle le lut puis sourit. " Court mais gentil. " Et la petite a le sens de l'humour, aussi, nota-t-elle, en voyant les caractères gras. Elle souriait toujours lorsque Maria entra, portant un petit plateau qu'elle posa sur le bureau de Dar. " Ooo... C'est quoi ça ? " Elle leva un sourcil arqué vers la secrétaire.

Maria la regarda avec les sourcils sévèrement froncés. " Carisita me dit que Gerardo de l'équipe de nettoyage a donné ça spécialement pour vous, parce que vous êtes restée ici toute la nuit pour tout arranger... est-ce que c'est vrai, Dar ? "

Dar piqua adroitement une des friandises feuilletées marron du plateau et la mordit. " Mm... " Elle adorait les pastiltos, les spécialités cubaines qui pouvaient contenir pratiquement n'importe quoi, mais contenaient habituellement des couches de pâte feuilletée remplies de fromage, ou de viande, ou de jambon finement tranché... ceux-ci faisaient partie de la dernière catégorie, mais Dar en repéra un avec de la goyave et du fromage, qui venait en second dans sa préférence.

 

" Dar ? " Maria tapota ses ongles, proprement manucurés et vernis d'un rouge étonnant sur le bureau.

" Quelqu'un devait le faire, Maria. " La cadre haussa les épaules, en finissant un délicieux et en sélectionnant un autre. " Par ailleurs, ceux-ci en valent la peine... où les prend-il ? Ils sont supers. "

La Cubaine soupira. " Vous êtes trop, je le pense. " Elle poussa un peu plus le plateau. " Tenez... je dois taper ces lettres au sujet des changements de service. " Elle se précipita vers la porte qu'elle ferma derrière elle, laissant son chef en privé avec ses gâteaux.

Dar lut le reste de ses messages en finissant les pâtisseries, et engloutit la grande tasse de café que Maria y avait ajoutée. Elle marmonna en répondant à la plupart d'entre eux, envoyant des réponses brusques, et un exemple d'un simple mot de pipeau.

 

Le téléphone bourdonna. " Dar... j'ai Les sur la numero uno pour vous. "

" Oh... numero dos. " La grande femme écarquilla les yeux. " Très bien. " Elle poussa le bouton. " Comment ça va à Plano, Les ? "

" Je n'en sais rien. " Répondit la voix joyeuse. " Je suis à Troy... j'espère qu'ils suent à mort là-bas. Comment ça va avec Associated ? "

" Pas mal... je leur ai appris la nouvelle hier, et j'attends les retombées. " Répliqua Dar. " J'imagine qu'un quart d'entre eux vont simplement quitter volontairement, ce qui va résoudre la moitié de mon problème. "

Un gloussement bas émergea du téléphone. " C'est ma Dar... j'ai entendu dire que nous avions un problème chez vous ? "

" Mineur. " Dar le repoussa d'un haussement d'épaules. " Un idiot a reculé un chariot élévateur dans l'entrée arrière où sont les commandes, et il a détruit les six panneaux de contrôle, en même temps que le matériel qui gère l'air conditionné. " Elle se pencha en arrière en croisant les bras. " J'ai dû faire une scène terrible. "

" Je l'ai entendu dire. " Répliqua Les. " J'ai eu le président de l'association d'immeubles en ligne ce matin. C'est un de mes vieux camarades de classe. "

Les relations. Dar soupira. Ça n'en finissait jamais... quoique vous fassiez, vous deviez finalement en entendre parler à un moment ou un autre. " Et ? "Elle attendit la réprimande.

" Et je lui ai dit qu'il avait de la chance que vous ne soyez pas venue personnellement lui botter les fesses. " Lui dit le P.D.G. joyeusement. " Vous avez bien fait, Dar... bon travail. "

 

Dar absorba le compliment avec un sourire tranquille. " Merci. " Cela n'arrivait pas souvent. En fait, elle pouvait se souvenir d'avoir entendu ces mots de cet homme exactement six fois pendant toutes ces années. Les était un casse-pieds, un bigot, et un phallocrate, mais il avait un certain charisme personnel contre lequel même elle n'était pas immunisée.

" Bon... j'ai un petit problème. " La voix de Les retomba un peu. " J'ai besoin que vous alliez au bureau de Washington pour les secouer un peu... Peter Weyhousen bousille les discussions sur les contrats avec le Pentagone... pouvez-vous les lui reprendre ? "

Bon sang. " Je pensais que vous vouliez que je me concentre sur Associated ? " Objecta-t-elle. " Je ne peux pas le faire depuis Washington. "

" Bien sûr que vous pouvez... vous avez le portable le plus chargé en testostérone de toute la compagnie, Dar... " Les la taquina. " National est un superbe endroit pour faire le travail pendant que vous attendez... j'en sais quelque chose. " Il bougea le téléphone provoquant un craquement. " Il va perdre ce client, Dar... et nous en avons besoin. Quelques jours au loin donneront à Associated une occasion de se calmer de toutes les façons. "

Vrai. " J'ai demandé à quelqu'un de travailler sur un plan budgétaire pour eux... ce serait bien de leur donner quelques jours pour sortir quelque chose. " Elle le concéda. " Quand sont les discussions ? "

" Pouvez-vous prendre l'avion ce soir ? Ils sont prévus pour demain de bonne heure... j'enverrai les informations comptables pertinentes par messagerie, et où je pense que Weyhousen merde. Il ne sait pas que vous venez, à propos. "

Génial. " Très bien. " Un sac était déjà prêt dans le coffre de la Lexus juste pour ce genre de situation. Peter Weyhousen n'était... pas un de ses amis. Ce serait une réunion sauvage, à coup sûr. " Vous me devrez quelque chose pour ça, Les. "

Le P.D.G. gloussa. " Chérie, vous me verrez au moment du bonus, d'accord ? " Il soupira. " Il faut que j'y aille... je parle à la conférence des ingénieurs dans cinq minutes. "

" Bonne chance. " Lui dit Dar.

" Vous aussi. " Ce fut sa réponse avant qu'un clic n'indique que le P.D.G. avait raccroché.

 

Dar posa les bras sur le bureau et expira. Elle pressa le bouton d'intercom. " Maria... j'ai besoin d'un billet d'avion pour IAD en fin d'après-midi, retour open. "

" Dios Mio. " Répliqua la secrétaire. " Il ne vous laisse pas vivre. " Un froissement de papier. " Je m'occupe de tout, Dar. "

" Merci. " Dar relâcha le bouton et s'installa au fond de sa chaise, en mâchouillant un ongle.

 

Puis elle approcha son clavier et tapa une requête à la base de données ouverte sur le bureau de son ordinateur. Un moment plus tard elle reçut une réponse, et elle reprit le téléphone pour composer un numéro.

" Kerry Stuart. " La voix à l'autre bout de la ligne semblait épuisée et ennuyée.

" Et bien. Bonjour, Ms Stuart. C'était agréable d'échanger des messages avec vous. " Répliqua Dar calmement.

Une pause momentanée. " Oh. " Kerry s'éclaircit la voix. " Bonjour... je... hum... merci de votre réponse, les informations étaient très utiles. "

Le ton était sur les gardes et hostile sur les bords.

 

Dar fronça le front. " Pas de problème. J'appelle pour vous dire que je quitte la ville pendant quelques jours... si vous avez d'autres questions, vous pouvez y aller et me les envoyer par messagerie, mais ça peut prendre quelques heures avant que je ne les consulte et vous adresse quelque chose. "

Un long silence. " Pourquoi ne pas vous adresser au salaud que vous avez envoyé ici ? " La frustration était évidente dans la voix de la femme et mêlée de colère. " Vous savez, je ne sais pas pour qui vous vous prenez à traiter des êtres humains comme une sorte de saleté que vous pouvez frotter sous vos talons. "

" Whoa. " Le ton de Dar était plus fort qu'elle ne l'avait voulu. " Attendez. " Une respiration épuisée passa dans un murmure dans le récepteur et Dar pouvait presque sentir l'émotion. " Qu'est-ce qui se passe ? "

Un autre silence. " Qu'est-ce qui se passe ? Que pensez-vous qu'il se passe... vos gorilles sont là à démolir l'endroit et à tout perturber... si vous vouliez juste vous débarrasser de la société, pourquoi ne l'avez-vous pas fait simplement ?

" Ms Stuart... "

" Fouiller dans les affaires personnelles des gens, verrouiller les employés du réseau hors de leurs bureaux... "

" Ms Stuart... "

" Me dire que je ne peux pas avoir accès à mes propres fichiers de paye ?? "

" Kerry. " Dar parla avec force, presqu'un aboiement.

Une pause presque essoufflée lui répondit. " Seuls mes amis m'appellent comme ça. "

 

C'était ridicule, réalisa Dar. Elle était la vice-présidente des opérations d'une grande compagnie internationale, et voilà que cette responsable de deux sous, de demi-choix de fournisseur de service qui opérait dans une seule ville l'engueulait.

Ce qui était vraiment surprenant, cependant, elle l'admit, c'était combien ça la blessait. " Laissez-moi parler à Brandy Evens. "

Le téléphone fut jeté sur le bureau et elle dut attendre, compter jusqu'à cent entre ses dents avant d'entendre deux bruits de pas revenir, et que le récepteur soit repris. " Voilà. " Elle entendit la voix de Kerry claquer puis le téléphone froisser.

" Brady ? "

" Ouais. "

" Gant de velours. "

" Oh merde... vous vous fichez de moi ? " La voix grognon du chef de l'équipe de sécurité chatouilla ses tympans.

" Nan, je ne plaisante pas. " Déclara-t-elle platement. " Stuart devient venimeuse. "

" Dar, vous ne savez pas ce que... Il y a des trous ici aussi gros que mon derrière, et Mark a déjà mis en place une liaison, pour l'amour de Dieu. "

" Je... m'en... fiche. " Aboya Dar. " Faites-le ! " Sa voix tomba dans un profond grondement.

" D'ac... d'accord... Ok. " Répondit Brady, d'une voix abattue. " Ok... désolé, je ne savais pas... mes papiers parlaient d'un balayage habituel. "

" Changez de papiers. " Répliqua Dar, la voix toujours furieuse.

" Oui, madame. " Répliqua tranquillement le chef d'équipe. " Attendez. " Il cliqua sur quelque chose. " Chef d'équipe à tous. " Un craquement d'électricité statique répondit, en même temps qu'un léger tollé. " Arrêtez ce que vous faites - nous devons passer en mode Or, terminé. "

Une douce cacophonie de protestations. " Ordre du sommet. " Brady passa outre. " Faites-le. " Puis il expira et parla de nouveau au téléphone. " C'est fait. "

" Merci. " Grogna Dar.

 

Le téléphone crissa doucement. " Ms Stuart, je vous présente mes excuses. " La voix de Brady était passée de rude à cultivée. " Nous allons essayer de rester en dehors de votre chemin. " Le bruit de ses pas diminua et le téléphone fut bousculé, une douce respiration devenant audible.

Dar attendit, laissant lentement passer une expiration. Elle sentait encore la bouffée de chaleur sur sa peau due à la colère, et elle ferma les yeux, la laissant s'échapper d'elle. Sa mauvaise humeur était légendaire, et Brady le savait... il savait qu'il ne pouvait pas pousser très loin avant qu'elle ne se mette en rogne et lui dans plus de problèmes qu'il n'était capable d'en gérer. Il circulait une histoire au sujet d'une réunion du conseil d'administration, où un VP l'avait défiée, poussant sur tous les boutons à la fin d'une journée très longue, et il se trouva pressé contre le mur, cloué par le poids de Dar alors qu'elle criait avec toute la puissance de ses poumons.

C'était la raison pour laquelle elle passait toutes ses soirées à la salle de gymnastique bien pourvue, travaillant avec l'artiste des arts martiaux résident, Teddy, à parfaire plusieurs mouvements de ceinture noire.

 

" Hum. " La voix de Kerry s'éleva, hésitante. " Merci. "

Dar prit une inspiration. " A certains endroits, lorsque nous arrivons, beaucoup de gens essaient de détruire, ou de s'enfuir avec des informations déposées. " Expliqua-t-elle calmement. " Je sais que c'est difficile d'imaginer cela de la part de vos collègues, mais nous faisons cela par expérience, pas parce que nous avons simplement décidé d'être sur votre dos. "

" Je... je comprends ça. " Répliqua la blonde. " C'est... c'est juste si humiliant. "

Dar fit une pause, déconcertée. Elle n'y avait jamais pensé comme ça. " Je présume que ça l'est... je vous présente mes excuses. " Elle se souvint des yeux de Kerry, voulant tout d'abord lui faire confiance, puis déçus. " Mais ce n'est... "

" Pas personnel, je sais. " Répliqua Kerry platement.

 

Elles restèrent silencieuses toutes les deux pendant un moment. " Quinze personnes ont donné leur démission aujourd'hui. " Dit finalement Kerry, pas vraiment sûre de savoir pourquoi. " Le reste a dit qu'ils allaient traîner par ici et voir ce qui arrive. "

Dar regarda par la fenêtre, voyant à peine les nuages qui bougeaient au loin. " C'est plutôt bien. " Murmura-t-elle. " Vous avez un personnel loyal. "

" Ils comptent sur moi. "

Oh, petite... La grande femme aux cheveux sombres secoua lentement la tête vers le ciel. Ne mets pas ça sur tes épaules. " Très bien. "

" Je ne vais pas les laisser tomber. " La voix était très ferme. " Peu importe ce que vous ferez ou direz. "

Dar soupira. " Ms Stuart, je ne suis pas votre ennemie. "

" Vous n'êtes pas mon amie. " La réponse vint, plate.

" Non. " Une pause. " Je présume que je ne le suis pas. "

 

C'était maintenant le tour de Kerry d'être silencieuse. " Et bien, merci de lui avoir dit de s'arrêter, j'apprécie vraiment beaucoup. " Elle expira. " Et... hum... j'enverrai d'autres questions. "

" Très bien. " Dar hésita. " Ecoutez... notez ce numéro. " Elle attendit jusqu'à ce qu'elle obtienne un léger 'allez-y' sur la ligne. " 305-975-6647 "

" Je l'ai. " Dit Kerry.

" Si vous avez le moindre problème avec lui, appelez simplement ce numéro. "

Probablement son chien de garde ou quelque chose comme ça, pensa Kerry. " Très bien. " Elle s'interrompit. " Bon... hum... bon voyage. " Souhaiter qu'elle s'écrase aurait été politiquement incorrect, supposa-t-elle, et par ailleurs... elle avait juste rendu un grand service à Kerry. Il n'y avait aucun sens à s'aliéner une femme qui pouvait faire pâlir un homme de 1,95 m, de 150 kg comme le fantôme Casper et le faire pratiquement pisser sur sa moquette, n'est-ce pas ? Juste.

La voix de Dar baissa d'un cran lorsqu'elle répliqua. " Merci. "

 

C'était un ton chaud qui provoqua un sourire inattendu sur le visage de la jeune femme. " De rien. " Répondit Kerry doucement. " Au revoir. " Elle raccrocha et resta là pendant un long moment, regardant l'appareil et se demandant ce qui pouvait donc bien se passer chez elle. Puis elle soupira et s'assit de nouveau derrière son bureau, frottant son visage d'un air las. Elle leva les yeux lorsqu'un coup donné à l'encadrement l'alerta d'une présence nouvelle. " Entre, Ray. "

Le responsable du soutien glissa sur la moquette et dans la chaise du visiteur. " Qu'est-ce qui s'est passé ? "

Kerry le fixa. " Nous avons été assimilés par la troupe des Joyeux Mongols Mégalithiques, tu te souviens ? "

" Aye... chica... non... les gorilles. " Ray regarda autour de lui puis vers elle. " Qui leur a mis des laisses ? Ils sont si gentils maintenant, c'est alarmant. "

" Oh. " La blonde croisa les mains. " Et bien... je me suis en quelque sorte plainte auprès de... hum... "

" Cruella ? " Demanda Ray.

" Ouais. " Kerry hocha la tête. " Alors elle a parlé au chef gorille, et il leur a dit de laisser couler... je pense que ça ira mieux maintenant. "

" Notre héroïne. " Il sourit. " Vas-y, ma fille. "

La blonde regarda ses mains et sourit. " Ouais, c'était plutôt bon... je ne sais pas ce qu'elle lui a dit, mais il avait l'air d'un chiot qu'on venait juste de fesser. "

" Tch... il aimerait sûrement ça. " Ray rit. " Peut-être qu'elle est... comment on les appelle... sa maîtresse... tu sais, avec le truc des fouets et des chaînes. Elle lui met sûrement un collier, avec une clochette. "

Kerry se couvrit le visage d'une main, et étouffa un rire. Elle était si fatiguée de son travail de la nuit dernière, que l'image d'un Brady bourru, grognon avec un collier à clochette était trop pour elle. " Dieu, Ray... ne me fais pas ça... quelle image. "

Il se leva. " Teresita va chez Laurenzo... tu veux qu'elle t'apporte une colada ? "

La femme cligna des yeux. Elle avait tendance à voir le café cubain d'un oeil prudent, un croisement entre une substance noire visqueuse et du carburant pour fusée, mais à la façon dont elle se sentait aujourd'hui, peut-être que ça en valait la peine. " Ok... d'accord. Ça pourrait être une bonne idée... je suis plutôt fatiguée. " Elle prit le morceau de papier avec le numéro de téléphone et le regarda avec curiosité, puis elle le plia et le mit dans la poche de sa chemise.

 

Elle se tourna vers son ordinateur, relisant la douzaine ou presque de questions et d'explications qu'elle avait trouvées pour Cr... pour Dar Roberts. " Très bien... vous l'aurez voulu. " Elle s'assit au fond de sa chaise, réfléchissant sur ce qui venait juste de se passer, tapotant son crayon sur sa lèvre inférieure. Dar avait appelé, apparemment pour lui faire savoir qu'elle pouvait continuer à envoyer des trucs, et elle avait fini par exploser contre la cadre.

Pas autre chose, c'était exactement ce qu'elle avait fait... et au lieu de l'engueuler, ou de la virer, ce que Dar était certainement capable de faire, la VP de la société avait... arrangé son problème.

 

Bizarre. Très bizarre. Elle n'avait certainement donné aucune raison à Dar d'être gentille avec elle, en fait, elle avait été impolie, au point d'être insubordonnée, et deux fois, et la femme plus âgée avait simplement ignoré ses commentaires comme si elle ne les avait jamais faits.

Non... ce n'était pas vrai. Cette dernière fois lorsqu'elle avait dit que Dar n'était pas une de ses amies, elle avait répondu, en accord avec ça. Ça avait été presque... Kerry leva son genou couvert de jean et l'entoura d'un bras, et elle soupira. Elle ne savait pas ce que ça avait presque été, mais maintenant, elle s'en voulait un peu d'avoir été si impolie. Elle n'était pas comme ça habituellement, et elle n'avait aucune idée de ce qui, en Dar Roberts, avait amené ça chez elle.

 

Elle se tourna vers l'écran, où une douzaine ou presque de questions et d'explications étaient tapées, et les examina. Elle avait laissé les commentaires sarcastiques de côté cette fois-ci, parce qu'elle avait eu des réponses si raisonnables la dernière fois, et elle tapa maintenant une dernière ligne avec hésitation au bas du message, avant de frapper la touche d'envoi, le faisant vite avant de changer d'avis.

Voilà. Ce n'était pas grand-chose comme excuse, mais... après tout, c'était elle qui était en train de se faire marcher dessus, elle et le reste du personnel, alors... Dar Roberts pouvait ou non aimer ça, elle s'en fichait pas mal.

Pas vrai ?

 

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