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tropicalstorm2B

Page history last edited by Fausta88 14 years, 9 months ago

TROPICAL STORM

 

Tempête tropicale

 

de Melissa Good

 

 

traductrice : Fryda

 

 

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Partie 2B

*******

 

Chapitre 10

 

" Dar... quand partez-vous ? " Maria se tenait dans la porte, son sac par-dessus son épaule. C'était vendredi soir, à la fin de l'une des pires semaines dont la secrétaire pouvait se souvenir. Elle regarda sa chef avec inquiétude, assise derrière le grand bureau en bois, le soleil pâlissant derrière elle. " Dar ? "

" Hmm ? " La cadre leva les yeux de son moniteur, lançant un regard désabusé à la femme. " Je dois finir ce maudit rapport financier, Maria... ça prendra encore quelques heures. " Son bureau était couvert de rapports pliés, la plupart d'entre eux personnalisés, la plupart d'entre eux avec son nom d'utilisateur apparaissant de manière évidente sur la page de garde, indiquant qu'elle les avait sortis elle-même. " Ça s'appelle 'enterrer les corps', Maria... je dois cacher deux désastres complets dans ces chiffres, et, d'une manière ou d'une autre, les faire passer... je pense en avoir couvert un, mais si Travel et Transportation n'envoie pas ses chiffres dans une heure au plus, je vais y aller et les leur faire cracher à coup de batte de base-ball.

Elle s'assit en arrière et révisa les feuilles de calculs pour la douzième fois. C'était comme construire un puzzle qui avait trop de pièces. Vous deviez prendre celle que vous utilisiez, et les pioches devenaient horribles ce soir.

 

Bien sûr... Dar jeta un coup d'oeil au dossier contenant le fichier Associated. Ce serait facile de considérer le nouveau compte dans sa totalité comme une nouvelle affaire dans les zones applicables, et de déstructurer le côté coût, en dissolvant la société. Plus facile, et cela ferait correspondre les chiffres, par-dessus tout, ce qui lui permettrait de rentrer à la maison après presque trente-six heures fermes de travail sur le projet.

Elle n'aurait pas besoin de cacher quoi que ce soit d'autre, et les chiffres de T et T n'auraient pas d'importance.

En fait, elle avait fait cela deux fois, ses doigts planant au-dessus de la touche d'envoi, et puis elle avait reculé, pour des raisons qu'elle ne maîtrisait pas vraiment.

Peut-être était-ce l'optimisme persistant des notes de Kerry, alors que la jeune responsable travaillait et retravaillait ses chiffres, se rapprochant de plus en plus du but que Dar avait fixé.

Un but qui était probablement sans fondement maintenant, à moins qu'un miracle ne se produise.

Elle savait qu'elle devrait simplement appeler la maudite femme, et lui dire d'abandonner... de rentrer à la maison, et de se réconcilier avec la réalité déplaisante de la situation, mais chaque fois qu'elle commençait à composer le numéro, ses yeux tombaient sur le dernier plan de Kerry, et elle s'arrêtait, et retournait chercher dans ses feuilles de calcul de nouveau.

 

Le téléphone bourdonna, et elle le frappa. " Oui ? "

La voix de Duks. " Les chiffres de T et T viennent juste d'être traités. " Il brassa quelques papiers. " Ils sont merdiques. "

Dar ferma les yeux, et rafraîchit sa page pour les ouvrir lorsqu'elle entendit le disque dur s'arrêter de tourner. La ligne du bas cligna vers elle, et elle sentit une lassitude submergeante s'installer sur ses épaules. " Il faudra virer quelqu'un là-bas. " Commenta-t-elle d'une voix lasse.

" Mm. " Duks approuva, sa voix sonnant également de fatigue. " Trop tard pour ça, malgré tout... je te préparerai une liste de mes candidats préférés pour la queue au Burger King. " Le vice-président chargé des finances, l'un des alliés les plus proches de Dar, était un pragmatique s'il en était.

" Merci, Dukky. " Répliqua la grande femme. " Très bien... est-ce que Mariana est toujours là ? " Mariana Cruz était la vice-présidente chargée du personnel, qui travaillait main dans la main avec Dukky, et qui, disaient certains, couchait avec lui. Dar s'en fichait, et pensait qu'ils faisaient un joli couple, mais les règles de la compagnie étaient les règles de la compagnie.

" Elle est là. "

" Je vais devoir me défaire de tout Associated, Mari. " Dit Dar calmement. " Tu ferais aussi bien de commencer à préparer les paquets... envoie-moi les listes d'employés. "

" Très bien, Dar. " La voix au léger accent lui répondit. " Ils n'ont jamais vraiment été transférés, alors c'est juste une question de notification W4. "

" Je sais... les andouilles n'auront même pas deux semaines. " Dar expira. " Laisse-moi terminer ça... tu auras une mise à jour dans peu de temps. "

 

Elle raccrocha le téléphone et fixa l'écran, tirant son plan de rechange au premier plan pour le traiter. La ligne du bas bougea puis se résolut, et elle eut un petit hochement de la tête. " Désolée, petite. " Elle inspira profondément et prit le téléphone, elle composa un numéro et attendit. Tous ceux qui pensent que ce n'est que du glamour n'ont jamais eu à faire ça, songea-t-elle, puis elle se raidit lorsqu'on répondit au téléphone, et qu'elle entendit la voix douce de Kerry.

" Associated Synergenics, Kerry Stuart. "

" Ms Stuart. " Dar fit une pause pour rassembler ses pensées.

" Oh... bonjour. " Kerry s'éclaircit la voix. " Ecoutez... je sais que vous approchez de la fin de votre délai... mais je pense que je l'ai... ça a pris une éternité mais j'ai finalement trouvé un peu de mou dans le budget des services. "

" Je suis désolée, Ms Stuart. Ça ne rentre malheureusement pas dans nos plans. C'était un bon essai, et vous étiez sur la bonne piste, mais ce ne sera pas possible. "

Silence de mort. " Oh espèce de salope . " La voix de Kerry était étranglée, à la fois par la rage et par les larmes, Dar ne pouvait pas le dire. " J'espère que vous irez droit en enfer, parce que c'est exactement l'endroit auquel vous appartenez. "

Le téléphone fut raccroché violemment et devint silencieux.

 

Dar replaça calmement le combiné et laissa tomber les mains sur ses cuisses. Ce n'était certainement pas la première fois qu'on lui disait ça, et probablement pas la dernière, mais après trente-six heures sans sommeil, ses défenses émotionnelles étaient en loques, et cela fit mal. Cela passa au travers de son attitude cultivée et durcie avec soin, et elle laissa sa tête reposer sur le haut dossier de la chaise avec les yeux fermés très fort alors que le silence de l'immeuble pratiquement vide s'installait au-dessus d'elle.

Elle se leva finalement et ouvrit le premier tiroir pour prendre ses clés et elle jeta sa veste par-dessus ses épaules. Elle avait jusqu'à minuit pour terminer les comptes. Là maintenant, tout ce qu'elle voulait, c'était trouver un espace vide, et de l'air salé.

 

 

Chapitre 11

 

Kerry repoussa violemment sa chaise en arrière et se leva, elle marcha à grands pas vers le mur et le fixa. Elle laissa sa colère monter jusqu'au seuil de rupture, puis elle la laissa se libérer, frappant son poing contre la surface sèche avec un craquement. Le choc douloureux courut le long de son bras, et elle tira sa main en arrière, pour voir un renfoncement de la taille d'une balle de base-ball dans le mur qui fit peu pour apaiser sa fureur.

" Quelle petite... je ne peux pas croire qu'elle a fait ça. " Elle pesta en laissant sa tête se poser sur le mur maltraité. " Une semaine complète à me tuer pour rien. Pour RIEN ! " Elle savait qu'elle n'avait pas à s'inquiéter que quelqu'un l'entende, parce qu'elle était seule dans le bâtiment. Elle avait renvoyé le reste du personnel chez eux tôt, se disant qu'elle aurait de bonnes nouvelles pour eux lundi.

Ça avait si bien marché... ses deux derniers projets avaient reçu un encouragement prudent de Dar, et elle s'était permis d'espérer qu'elle avait bien été capable de boucler ça. Tout le monde était parti de bonne humeur et elle avait entendu plusieurs groupes prévoir de se réunir à Grove, ou à Bayside, qui était un de ses endroits préférés.

Elle s'assit sur le bord de son bureau et se sentit au bord des larmes. Puis elle décida qu'elle était trop fatiguée et trop fâchée pour ça. " Je ferais aussi bien de sortir d'ici. " Elle prit ses affaires et laissa le bureau dans l'état, couvert de brouillons de propositions et de piles de rapports, sans même un regard en arrière lorsqu'elle éteignit et ferma la porte.

 

Elle conduisit sans but pendant un moment, descendant la I-95 qui coupait le centre-ville pour voir les lumières poindre alors que le crépuscule tombait sur la ville. Le soleil qui se couchait à l'ouest envoyait une vague de lumière orange tropicale au-dessus des hauts bâtiments, reflétant leur surface de verre. Le ciel était couvert de couches de nuages, et chaque couche prenait une ombre couleur pastel différente, de l'orange bruni, au rose, puis lavande alors qu'elle s'étendait sur l'horizon.

 

Kerry serra sur le côté près de la rampe d'intersection, ignorant le trafic qui déboulait, et ouvrant le toit de sa Mustang décapotable alors que la brise chaude et humide entrait. Le coucher de soleil peignait ses nuances alors qu'elle regardait, le crépuscule à l'est provoquait l'émergence des lumières pendant que les derniers rayons formaient des rayures sur l'autoroute.

Ça sentait la pluie, et la brise se rafraîchit, effleurant son bras de vrilles humides là où il reposait sur le bord de la vitre.

C'était beau et là les larmes coulèrent, et elle les laissa, elles roulèrent le long de son visage alors que quelques notes de musique explosaient, riches du rythme caraïbe.

 

Elle s'assit là, jusqu'à ce que le ciel s'obscurcisse et que les lumières de phosphore orangé apparaissent, baignant l'autoroute d'une lumière irréelle, et faisant pâlir les étoiles au-dessus de sa tête. Puis elle démarra son moteur à contrecoeur et rejoignit le trafic, débattant pendant un instant, puis choisissant une sortie quelques minutes plus tard pour tourner vers l'est.

Les lumières diminuèrent alors qu'elle se dirigeait vers Rickenbacker Causeway, traversant Virginia Key pour passer le vieil auditorium de Dinner Key. Elle y avait participé à une messe matinale de Pâques l'année dernière, et il contenait des souvenirs affectueux pour elle alors que le soleil levant et l'air frais apportaient une nouvelle signification au jour saint.

Au-delà du second long pont, Key Biscayne, la première d'une longue chaîne d'îles en barrage, qui gardaient la côte de Floride, et s'étendait jusqu'à la dernière, Key west, qui était le point le plus au sud des Etats-Unis. Là-bas, même l'écologie était différente, et Kerry avait appris à aimer le parc Crandon en bord de plage, dans lequel elle roulait maintenant et elle sortit de sa voiture.

Le sable était doux, et crissait doucement sous ses chaussures alors qu'elle marchait difficilement vers l'eau, passant une jungle d'algues, qui bruissaient dans l'air du soir. L'océan émettait un doux sifflement en courant le long de la rive, la brise du large apportant un picotement lourdement salé à son nez lorsqu'elle trouva un banc érodé et s'y laissa tomber.

 

Tout était si différent ici. Elle soupira et prit une profonde inspiration de l'air épais. Elle pouvait voir le blanc doux des déferlantes par-dessus la barre de sable au large, et les lumières clignotantes des navires qui entraient au port. Un chemin vert et rouge marquait la ligne du canal de navigation au nord, et juste là un bateau de croisière se frayait son chemin majestueux, chevauchant les vagues comme un château bien éclairé. Il y avait tellement de gens et d'attitudes différentes ici... vous n'aimiez pas la culture ? Attendez cinq minutes, disait un proverbe local. C'était un mélange de caraïbe et d'américain du sud, de natifs et d'immigrants, d'exotique et de vieux Sud enraciné. En une heure de conduite, elle pouvait visiter un rodéo western, une réserve indienne, La Petite Havane, La Petite Haïti, la Vieille Floride, ou la vue scintillante de Miami Beach.

Si différent. Tellement plus ouvert et prêt à accepter que le monde fermé où elle avait grandi.

 

Ses doigts jouèrent nonchalamment avec le bois rugueux, frottant les grands grains de sable entre eux alors que l'air salé déposait un sentiment de sécheresse perceptible sur sa peau. Elle fixa le sol entre ses pieds, se penchant vers l'avant pour prendre un coquillage brun et blanc, parfaitement dessiné, qui tenait dans la paume de sa main, sa douce surface striée se ridant sous ses doigts.

Peut-être pourrait-elle trouver un autre emploi. Si elle faisait vite, elle pourrait dire que c'était voulu, et d'ici à ce que ses parents se rendent compte de ce qui s'était passé, ce serait loin, et elle serait installée dans un nouveau poste... qui sait ? Peut-être même trouverait-elle quelque chose de mieux que ce qu'elle avait. Robert lui donnerait une excellente recommandation, et Susan avait mentionné un recruteur, un qu'elle aimait vraiment bien.

 

Très bien. Mais d'abord il fallait qu'elle passe lundi, et elle n'avait aucune illusion sur le fait que Ms Cruella di Salope les aiderait d'une manière ou d'une autre... ils trouveraient probablement l'escouade de gorilles de nouveau au matin, s'assurant qu'ils n'avaient pas volé de crayons en partant.

Se souvenir des voix optimistes de ses amis était un sentiment solitaire. Elle espérait qu'ils lui pardonneraient d'avoir avivé leurs espoirs, et de ne pas être capable de fournir ce qu'elle s'était promis de faire. Ce dernier plan aurait marché, aussi... oui, il y avait des coupes. Cinquante-et-une personnes, en fait. Mais cent soixante-dix seraient restées, et auraient été productives... elle avait fait des sacrifices partout, y compris la formation, et les fourniture de bureau, les bénéfices et les augmentation prévues, le nouvel autocommutateur qu'ils avaient prévu, et le subventionnement des machines à friandises. Cela aurait été serré et pas aussi confortable que ça l'avait été, mais... Mais.

 

Kerry jeta le coquillage dans le vent, le regardant tomber dans le sable épais et de couleur crème. Tout ça pour rien. Elle marcha au bord de l'eau, laissant la marée lécher et noircir le bout de ses chaussures, et elle fixa l'océan Atlantique insouciant, jusqu'à ce qu'une goutte de pluie grande et grasse frappe son bras. Elle se tourna avec un soupir et reprit le chemin vers la voiture, l'odeur de la pluie frappant le trottoir chauffé par le soleil montant vers elle lorsqu'elle l'atteignit.

Elle traversait la chaussée et elle prit l'autoroute avant de jeter un oeil pour repérer son niveau d'essence. Un doux juron sortit, alors que la lumière rouge clignotait vers elle implacablement, et elle regarda autour d'elle pour chercher la sortie la plus proche. " Merde. "

Northeast 2nd Street était le choix le plus proche, et elle s'y dirigea en descendant la rampe, tournant à gauche lorsqu'elle arriva au feu pour descendre les rues arrières calmes au bord de la ville. Elle dût s'arrêter au feu suivant, et le moteur toussa. Elle regarda autour d'elle, puis dépassa le feu lorsqu'il passa au vert, mais il toussa de nouveau, puis mourut et elle lutta pour amener la voiture sur le côté de la route alors qu'elle perdait de la force pour diriger.

" C'est ma journée. " Elle soupira en laissant sa tête reposer sur le volant, écoutant la pluie tambouriner sur le toit convertible. Dehors des formes sombres couraient pour s'abriter sous les porches des bâtiments silencieux, leurs occupants étant partis pour la journée. L'autoroute apparaissait à sa droite, et elle pouvait entendre les voitures qui passaient vite, laissant la ville proprement dite à ses habitants en transit nocturne.

 

Elle réfléchit à l'endroit où elle se trouvait, et se rendit compte qu'il n'y avait pas de station d'essence dans un rayon de plusieurs kilomètres, et même les plus près signifiaient une marche à travers la pluie le long des pistes, ou à travers la ville, ce qui n'était pas le meilleur choix pour une jeune femme seule la nuit.

Une autre chose la frappa. Elle avait quitté le bureau sans son attaché, ce qui voulait dire qu'elle n'avait pas son portefeuille, pas de carte d'identité, ni ses cartes de crédits ou de retrait. Elle fouilla dans sa boîte à monnaie et découvrit qu'elle avait exactement six dollars et seize cents, suffisamment pour acheter assez d'essence pour revenir au bureau, mais pas assez pour un taxi pour l'amener à la station, et son agenda avec tous les numéros, y compris l'Automobile-Club se trouvait sur son bureau.

Elle laissa passer une expiration puis fouilla pour trouver son téléphone portable. Elle n'eût pas de réponse à un rapide essai chez Colleen, et les deux ou trois numéros qu'elle connaissait par coeur connurent le même sort. Bien sûr... on était vendredi soir. Ils étaient tous dehors.

 

Elle regarda le téléphone avec dégoût, puis se rendit compte qu'un morceau de papier était collé au clip à l'arrière. Elle le tira et fixa le numéro qui y était inscrit, puis elle le laissa tomber sur le siège à côté d'elle. Elle tambourina sur le tableau de bord, puis se pencha en avant et jeta un oeil à travers la pluie, vers l'endroit où plusieurs silhouettes sombres se tenaient, semblant l'observer.

Ses yeux retournèrent vers le morceau de papier, et elle le prit. " Et bien, cette salope me doit un appel à l'Automobile-Club, au moins. " Murmura-t-elle puis elle composa le numéro. " Je vais appeler son larbin et le faire m'envoyer quelques litres d'essence. "

Ça sonna quatre fois et elle fut sur le point de raccrocher, avant que la sonnerie ne s'arrête et qu'un craquement n'indique que la ligne était ouverte. " Allo ?. " La voix calme était presque méconnaissable.

Kerry hésita, surprise, puis elle s'éclaircit la voix. Oh bon sang... auriez-vous imaginé que c'était son maudit numéro ? " Salut... hum... laissez tomber. " Elle raccrocha, incapable de continuer et de demander de l'aide à une femme qu'elle venait d'engueuler une heure et demie plus tôt.

 

La pluie tambourinait plus fort et elle rata pratiquement le doux son de la sonnerie de son téléphone. Surprise, elle jeta un coup d'oeil vers lui, puis pressa la touche de réponse. " Allo ? "

" Ms Stuart ? " La voix de Dar était plus familière maintenant, et contenait un ton de calme interrogation. " Est-ce que vous vouliez quelque chose ? "

Et bien. Kerry soupira. Au moins elle ne m'engueule pas. " C'est un peu stupide, et je... et bien, je ne savais pas que c'était votre téléphone, vraiment... je cherchais juste quelqu'un qui puisse passer un coup de fil pour moi. Je suis... je n'ai pas mon calepin téléphonique avec moi. " C'était très embarrassant.

Un silence momentané à l'autre bout. " Alors... quel est le numéro ? "

Kerry hésita. " Et bien, je ne... je ne sais pas, c'est le problème... je suis un peu coincée, et j'ai besoin de l'Automobile-Club. " Elle prit son courage à deux mains et continua. " Ecoutez... je suis en panne d'essence, et j'ai juste besoin qu'ils m'apportent quelques litres pour que je puisse retourner au bureau. "

" Oh. " Dar semblait y réfléchir. " Où êtes-vous ? "

Kerry le lui dit.

" Ce n'est pas une bonne zone. " Commenta la cadre.

" Je sais. " Répondit la femme blonde. " C'est plutôt sinistre en ce moment. " Elle s'interrompit. " Merci de ne pas me raccrocher au nez. "

Un autre long silence. " Jusqu'à ce que je traite ma liste lundi, vous êtes toujours une de mes employées. Vous avez utilisé le téléphone cellulaire de ma compagnie. Quelque chose vous arrive maintenant, et vous aurez de bonnes bases pour nous poursuivre sérieusement en justice."

Kerry manquait de mots. " Pou... pourquoi pensez-vous que je le ferais ? "

" Vous avez assumé le pire de moi, je présume que je peux vous retourner le compliment. " Répliqua Dar. " Ne quittez pas, je cherche le numéro. " Le bruit d'un second téléphone était à peine audible à l'arrière.

Kerry était trop fatigué pour être fâchée. " Très bien. Et bien, merci d'appeler pour moi. " Répondit-elle doucement. Un mouvement attira son regard, et elle jeta un coup d'oeil par le pare-brise, qui était un peu couvert de buée par sa respiration. " Hum. " Le groupe de silhouettes avait changé de seuil de maison et se tenait maintenant juste en face d'elle. " Peut-être que vous feriez plutôt mieux d'appeler la police. "

" Pourquoi ? " La voix de Dar se durcit.

 

" Oh... mon Dieu. " Kerry baissa la tête lorsque la batte frappa le pare-brise, projetant du verre sur son corps. Des mains se tendirent pour l'attraper et le téléphone portable fut arraché de ses mains. Elle se tordit, en entendant des jurons en espagnol et perdit le souffle lorsque des doigts agrippèrent son bras, la tirant vers la vitre abîmée. Son chemisier se déchira, et elle sentit la pluie contre la peau nue de sa poitrine, puis des doigts cruels attrapèrent la bretelle de son soutien-gorge et la tirèrent un bon coup.

Une main s'emmêla dans ses cheveux et tira durement, et elle fut forcée de lâcher le volant auquel elle s'agrippait avec désespoir, alors que de l'eau tombait maintenant par la vitre ouverte et elle pouvait sentir la saleté, l'alcool et le vieil aïl pourri.

Le rugissement de la pluie devenait plus fort, et elle luttait contre les mains, son corps se griffait sur le verre brisé alors que des éclairs illuminèrent soudainement la scène. Elle entendit un craquement, puis un cri, et une des prises se libéra. Elle tordit durement l'autre et entendit un craquement bizarre, puis les mains avaient disparu, et elle haletait de terreur, se pelotonnant sur le siège avant et couvrant sa tête de ses bras.

 

Puis de la lumière frappa ses yeux fermés et elle entendit la serrure bouger du côté passager. Une rafale de vent et de bruit s'engouffra lorsque la porte s'ouvrit, et elle se blottit encore plus dans le siège, mordant durement sa lèvre au point de sentir le sang dans sa bouche. Une main sur son bras. Douce, pas agressive. " Hé ! "

Kerry ressentit une onde de choc la parcourir, et elle leva la tête, ouvrant les yeux pour voir les yeux bleu clairs qui la fixaient, esquissés par la lumière puissante d'une lampe de poche. " Oh... c'est vous. "

Dar cligna des yeux et retira sa main. " Oui, c'est moi. "

" Où... " Kerry regarda autour d'elle avec peur, cherchant ses attaquants. " Où sont-ils... "

" Ils sont partis. " Répliqua Dar calmement. " Je présume qu'ils ont pensé que j'étais la cavalerie ou quelque chose de stupide comme ça. "

 

La femme blonde laissa passer une expiration vibrante. " Oh mon Dieu. " Elle se déroula lentement, et prit un morceau du pare-brise abîmé et le laissa tomber. " Une fin parfaite pour une journée parfaite. " Murmura-t-elle doucement, fatiguée. " Mais merci... d'être venue et de leur avoir fait peur. "

Dar plia une main en dehors du champ de vision de Kerry, et tressaillit à la douleur. " Pas de problème. " Elle regarda l'état du temps puis vers la forme affalée en face d'elle. Une partie d'elle savait qu'elle devrait juste s'en aller, et laisser cette femme qui la haïssait se débrouiller avec ses propres problèmes.

 

Elle soupira, se laissant fléchir par l'autre partie d'elle qui ne voulait pas en entendre parler. " Très bien... venez dans ma voiture... je vais appeler les flics. " Elle attendit que Kerry ouvre la bouche pour protester, et leva une main lorsqu'elle le fit. " Ecoutez, je vais juste attendre qu'ils arrivent, et puis je sortirai de votre vue... je sais que je ne suis pas la personne que vous préférez en ce moment. "

" Non. " Kerry mit une main sur son bras. " S'il vous plaît, n'appelez pas la police. " Elle passa sa main tremblante en râteau dans ses cheveux humides. " J'ai un ami qui peut réparer ça... je ne veux pas de rapports et tout ça. " Pas où son père pouvait en entendre parler et elle savait qu'il avait beaucoup d'amis dans la police qui gardaient les yeux ouverts sur des choses comme ça.

Dar étudia les doigts clairs enroulés autour de son poignet, puis elle leva les yeux vers le visage de Kerry avec un doux étonnement. " Très bien. " Elle fixa la femme plus petite. " Vous avez besoin qu'on s'occupe de ces coupures. "

Kerry baissa les yeux vers ses bras d'un air fatigué. " Je m'en occuperai. " Elle tira les pans de son chemisier autour d'elle de manière inconsciente, et leva les yeux vers Dar. " Je crois que j'ai juste besoin de ces quelques litres d'essence. "

La grande femme aux cheveux sombres la fixa pensivement pendant un moment, puis fit un petit mouvement négatif de la tête. " J'ai une meilleure idée. " Annonça-t-elle. " Je vais faire remorquer votre voiture où vous la voulez, et je vous ramène à la maison. "

" Je ne peux pas vous demander ça. " Répliqua doucement la blonde. - " Mais merci pour l'offre. "

" Vous ne le demandez pas et ce n'est pas une offre. " Répondit Dar. " Il faut que ce soit fait, et j'insiste. " Elle tira un téléphone portable de sa poche arrière et l'ouvrit, composant un numéro de mémoire. " John ? " Demanda-t-elle lorsqu'une voix répondit. " J'ai besoin d'un camion de remorquage. C'est Dar. "

Une longue pause. " Non, pas moi cette fois-ci. Intersection de 2ème Northeast et Flagler... un cabriolet Mustang vert forêt. "Une autre pause. " Ne quittez pas. " Elle jeta un coup d'oeil à Kerry. " Où la voulez-vous ? "

Kerry débattit, puis se rendit et donna son adresse, que Dar répéta avec précaution au téléphone. " Couvrez la vitre du passager, elle est cassée. " Ajouta-t-elle puis elle raccrocha. " Okay, allons-y. "

Un soupir. " Vous n'allez pas accepter que je dise non, n'est-ce pas? "

" En général, je n'accepte pas, alors non. " Lui dit la grande femme avec un ton crispé. " Venez. " Elle libéra le côté passager et attendit que Kerry émerge avec précaution côté conducteur, tressaillant lorsque la pluie la frappa, et perdant le souffle lorsqu'elle mit son poids sur sa jambe gauche. " Ouille ! "

 

Dar soupira et marcha vers la Lexus, qui était garée au petit bonheur la chance en face de la Mustang, ses phares illuminant la scène. Elle ouvrit la porte et guida Kerry à l'intérieur, puis la ferma avec précaution derrière elle et marcha vers l'autre côté pour entrer.

Kerry était blottie contre la porte, ses bras enroulés autour d'elle, une expression choquée et fermée sur son visage pâle. Elle tira sur les morceau arrachés de son chemisier sans but.

" Tenez. " Dar tendit la main derrière elle et tira un sweat-shirt bleu sombre qu'elle tendit à la jeune femme. " Mettez ceci... l'air est un peu frais ici. "

La blonde fixa le sweat-shirt. " Non... ça va. " Elle recula un peu.

" Ecoutez... faites comme si vous ne me haïssiez pas à mort pendant encore quarante-cinq minutes, et ça sera fini, d'accord ? " Dar repoussa sa colère poussée au paroxysme à cause du stress de la situation.

Des yeux vert clair la fixèrent à leur tour. " Ce n'est pas vrai. " Kerry prit le sweat-shirt avec précaution. " Je ne peux pas... " Elle continua alors que Dar gardait le silence. " Je sais que je devrais, mais je ne sais pas pourquoi, je ne peux pas. " Elle passa le sweatshirt avec un air engourdi au-dessus de sa tête et l'installa autour d'elle. Il y avait le mot Navy brodé en doré en travers, et il était légèrement imprégné du parfum de Dar.

C'était étrangement réconfortant.

Dar démarra la voiture en silence et dégagea de la bordure.

 

 

Chapitre 12

 

Kerry entra lentement dans son bureau, se sentant comme dans un brouillard. Elle s'était souvenue, alors qu'elles roulaient sur l'autoroute, que toutes ses affaires étaient encore là-bas, alors Dar avait hoché la tête et l'avait conduite là sans commentaire.

La grande femme aux cheveux sombres entrait maintenant derrière elle, et Kerry remarqua pour la première fois qu'elle n'était pas dans l'un de ses tailleurs de pouvoir. Des jeans couverts d'eau et des tennis montantes, avec un sweat-shirt à capuche sans manches, donnaient une image très différente de celle que son esprit avait insisté pour lui décrire.

Elle semblait bien plus jeune, au moins, et Kerry réalisa soudain que la cadre n'était pas beaucoup plus âgée qu'elle. Sa peau bronzée semblait absorber la lumière et les fluorescences impitoyables révélaient des muscles bien toniques aux bras et aux épaules, qui roulèrent doucement lorsqu'elle bougea dans le bureau.

 

Les yeux de Dar s'arrêtèrent lorsqu'elle atteignit le bureau, et elle étudia les piles de feuilles de travail répandues désespérément par-dessus. Une expression de regret passa sur son visage, et elle leva les yeux pour croiser ceux de Kerry. " Je sais que vous y avez beaucoup travaillé. "

Kerry se percha sur le bord de son bureau et feuilleta une impression. " Je me dis presque que j'aurais mieux fait de ne rien faire... j'avais l'impression d'être si près... " Elle laissa tomber les papiers, et leva les yeux. " Pourquoi ? "

Dar s'assit dans la chaise près d'elle, et laissa ses avant-bras reposer sur ses cuisses. " C'est compliqué. " Répliqua-t-elle calmement. " Beaucoup de choses... ne se mettaient pas en place, et j'avais besoin de chiffres. " Elle bougea. " C'est la dernière chose que j'ai essayée. " Elle tendit la main et poussa le rapport. " Un dernier jeu de rapports est arrivé, et je ne pouvais simplement pas le faire. " Kerry contourna son bureau et s'assit dans sa chaise, relevant les manches trop longues du sweat-shirt. " Alors... nous sommes juste devenus des chiffres. " Commenta-t-elle doucement. " Je ne pense pas comprendre ça très bien. "

Un haussement d'épaules. " C'est ce que nous sommes tous. "

" Mm. " Murmura la blonde. " Même vous ? "

Dar hocha la tête d'un air las. " Si ça peut vous consoler, je suis vraiment désolée. "

Kerry la regarda pensivement. Elle ne lui apparaissait plus comme la cadre glaciale et pratique. C'était une personne. Une qui, dans d'autres circonstances... " Moi aussi. " Répliqua-t-elle. " Je vais probablement finir par rentrer à la maison... beaucoup de choses vont me manquer ici. "

 

La femme aux cheveux noirs leva les yeux. " Il y a d'autres emplois.... nous pourrions même avoir quelque chose que vous pourriez... " Kerry secoua la tête. " Non. " Elle absorba l'expression étonnée de Dar. " C'est compliqué. " Elle joua avec un crayon sur son bureau, le tournant et le retournant. " Vous savez... c'est vraiment trop bête, Ms Roberts... parce qu'à un autre endroit... un autre moment... je pense que vous et moi, nous aurions pu être amies. " Elle leva les yeux avec regret et fut capturée par ces yeux bleus qui l'avalèrent tout entière de manière inattendue.

Mais ça ne dura qu'un moment, et puis Dar soupirait et se levait. " Peut-être. " Elle passa une main dans ses cheveux. " Mais en ce moment précis, vous devriez rentrer chez vous. " Déclara la cadre. " Je dois filer à mon bureau et terminer des trucs. "

Kerry joua avec son crayon, mordant la gomme pendant un moment avant de lever les yeux. " Puis-je venir regarder vos chiffres ? "

C'était... scandaleux. C'était hors de question, complètement insubordonné, et au-delà des frontières du bon sens des affaires. Elle était fatiguée, elles étaient toutes les deux trempées, Kerry était blessée... il était tard... c'était même de la folie d'y réfléchir.

" Bien sûr. " Dar ne fut pas sûre que la voix était bien la sienne. Par le diable, que pensait-elle être en train de faire ? Puis elle y réfléchit. Et bien, quel mal cela pouvait-il faire ? La gamine était aiguisée, et peut-être que des yeux neufs... " J'ai des trucs de premier secours là-bas pour ces coupures. "

 

 

Chapitre 13

 

Kerry se réinstalla dans le siège en cuir, refusant de penser à ce qu'elle faisait. Cela lui laissa l'esprit libre pour regarder la pluie frapper le pare-brise pendant la traversée de la ville, alors qu'elle écoutait la douce musique que Dar avait choisie.

Ses coupures lui faisaient mal, mais elles n'étaient pas si mauvaises, et son genou semblait simplement foulé. Cela ne lui donnait pas trop de souci lorsqu'elle était assise, bien qu'elle suspectait qu'elle allait boiter pendant quelques jours. Okay. Ainsi... elle avait survécu à un détournement de voiture. Ses yeux glissèrent de côté pour étudier le profil aiguisé de celle qui venait de la sauver. Grâce à l'intervention opportune de Dar Roberts.

 

La grande femme modifia sa prise sur le volant, jetant un coup d'oeil à droite lorsqu'elle changea de voie, et Kerry remarqua un gros bleu qui couvrait ses phalanges. L'une d'elles était même griffée, et une marque de sang séché était visible à la pâle lumière du tableau de bord. " Qu'est-ce qui est arrivé à votre main ? "

Dar baissa les yeux, puis les retourna vers la route. " Je me suis cognée dans quelque chose. " Répondit-elle d'un air absent.

Kerry regarda vers sa propre main, bleuie par l'impact contre le mur quelque temps avant, et elle leva un sourcil vers les marques similaires. Hmm. Elle supposait qu'elle devrait être en état de choc, encore... et peut-être l'était-elle, mais elle pouvait sentir son optimisme naturel qui refaisait surface, et elle était un peu surprise de se sentir aussi à l'aise d'être là avec l'énigmatique Dar.

Elle ne tenait que par pure adrénaline, malgré tout, et elle le savait, et elle espérait être à la maison dans son propre lit lorsqu'elle s'effondrerait. Elle n'avait dormi que quelques heures la nuit précédente, travaillant sur son rapport, et les longues heures commençaient à lui peser.

 

Un autre coup d'oeil au profil de Dar la fit se demander si l'autre femme n'avait pas le même problème. Il y avait des ombres sous ses yeux révélées par la lumière basse, et elle clignait beaucoup, ce que Kerry faisait lorsqu'elle était très fatiguée. " Je présume que vous avez travaillé dur sur ce truc vous aussi, , hein ? "

Des yeux bleus glissèrent vers son visage. " Ca a été une longue nuit, oui. " Dar guida la Lexus dans le parking du siège de la compagnie et la rangea sous l'avancée de l'entrée, ignorant le signe d'interdiction. Elle sortit et fit un geste au vigile lorsqu'il sortit. " Ce n'est que moi, Jack. "

L'homme fit un geste à son tour et rentra dans la station de garde, hors de la pluie. Dar attendit que Kerry la rejoigne, puis les mena dans le bâtiment, passant rapidement sa carte de sécurité à l'entrée dans un mouvement doux et gracieux.

Kerry pencha la tête en arrière lorsqu'elle entrèrent dans l'accueil, levant les yeux le long de l'atrium qui faisait toute la longueur du bâtiment. " Whoa. " Elle serra le sweat-shirt autour d'elle, contente de sa chaleur lorsque l'air froid les entoura. " C'est... hum... " Elle essayait de trouver un terme politiquement correct. " Hum... c'est... "

" Prétentieux. " Commenta Dar sèchement en appelant l'ascenseur. " C'est voulu. " Elle tint la porte pour sa petite compagne, puis la laissa se fermer et poussa le bouton du quatorzième étage, glissant sa carte magnétique lorsque l'ascenseur bipa une plainte. " Les êtres inférieurs sont censés rester à l'accueil avec crainte. "

Kerry s'appuya contre le mur et étouffa un bâillement. " Soyez prudente, Ms Roberts. " L'avertit-elle. " Je pourrais avoir l'idée que vous avez le sens de l'humour si vous continuez comme ça. "

Dar la regarda, puis lentement, le faible indice d'un sourire pinça ses lèvres. " Désolée. " Elle nia l'accusation. " Ils vous font laisser ça à la consigne lorsque vous récupérez votre carte magnétique. " Elle leva l'objet, puis fit un geste à Kerry de la précéder pour sortir de l'ascenseur lorsqu'il atteignit sa destination.

 

Le bureau de Dar était faiblement éclairé par son écran de 53 cm, et par la petite lampe de bureau qu'elle utilisait habituellement quand elle travaillait la nuit. Son economiseur d'écran était allumé, des animaux de la jungle rôdant sur la surface sombre avec des sons doux. Lorsqu'elles approchèrent du bureau, un ara cria doucement, et Dar tendit la main et fit tourner sa boule de commande, amenant la feuille de calcul qu'elle regardait avant de partir un peu plus tôt. " Jetez un coup d'oeil. " Offrit-elle. " Je vais chercher quelques bandages... vous voulez du café ? "

Kerry se percha sur le bord de la très confortable chaise en cuir de Dar et regarda autour d'elle. " Alors... c'est comme ça que l'autre moitié vit, hein ? " Murmura-t-elle, puis elle retourna son attention vers la femme aux cheveux sombres. " Hum... où allez-vous trouver du café à cette heure ? "

Dar la regarda. " La cuisine. Oui ou non ? "

Un sourcil blond se dressa. " Vous avez une cuisine ici ? Laissez-moi deviner... ça marche avec un microprocesseur qui cuit les trucs pour vous, pas vrai ? " Elle vit les lèvres de Dar se pincer de nouveau et sourit elle-même. " OK... ok... j'aimerais du café. "

" Lait et sucre ? "

Kerry soupira. " Si j'étais sérieuse, je dirais non, et non, mais... "

Dar grogna doucement et disparut.

 

La blonde tourna son attention vers l'écran, mais pas avant d'avoir regardé autour d'elle, embrassant la grande pièce avec des yeux émerveillés. Le bureau était fait d'un bois lisse, sa surface couverte de rapports comme l'avait été le sien. La moquette était d'une texture rouge épaisse, et il y avait un divan long et bas sur la droite. Le mur arrière tout entier était en verre, et la vue donnait par-dessus la baie vers l'océan, montrant à l'instant même des éclairs brillants et les coups épais de pluie qui fouettaient la surface transparente.

Ça sentait le bois ciré, et la laine de la moquette, avec un faible soupçon du parfum que portait Dar comme elle l'avait remarqué.

Que le sweat-shirt enroulé autour de son corps portait également.

Elle décida que ça lui plaisait.

 

Dar revint un moment plus tard, portant deux tasses fumantes et un petit kit sous son bras. Elle posa l'une des tasses en face de Kerry et se percha sur le bord de son bureau, plaçant une jambe sous elle et se penchant en avant pour pointer vers l'écran. " Le problème est juste ici. " Elle traça une colonne. " Regardez ce qui se passe lorsque j'entre votre scénario. " Elle le fit, et les chiffres changèrent. " Je ne peux pas avoir cela. " Elle pointa le dernier champ du bout du doigt.

Kerry but une gorgée de café puis jeta un oeil à cela. " Qu'est-ce que c'est que ça ? " Elle se lécha les lèvres. " Mm. "

" Café con leche. " Répondit Dar d'un air absent. " Du café cubain avec du lait et du sucre. "

" Diable. " Kerry se mit à rire. " Si on me l'avait servi comme ça, j'en aurais bu plus souvent. "

 

Elles passèrent une heure sur les différentes approches, et Kerry eut une meilleure compréhension de ce que Dar essayait de faire. " Oh... mon Dieu... vous devez montrer tout ça en tant que dépenses ? " Elle pointa vers sa section. " Mais vous ne pouvez rien montrer de ceci en recettes, parce que la date est dépassée ? "

" C'est ça. " Dar soupira en mordant le bord de sa tasse.

Kerry se rassit, abasourdie. " Mais ce n'est pas juste ! " Protesta-t-elle.

La grande femme ferma les yeux momentanément et les frotta. " Je sais. Mais c'est la loi. " Elle approuva avec lassitude.

" Qu'est-ce qui se passe si vous ne faites pas ce chiffre ? " Kerry pointa vers le dernier champ.

Dar jeta un oeil vers l'écran en clignant. " Et bien... si nous ne montrons pas une croissance consistante... les actionnaires piquent une crise. Cela veut dire que nous devons montrer des mesures d'austérité, et cela... signifie habituellement un niveau de licenciement minimum. "

Kerry réfléchit à cela. " Combien de gens ça fait ? "

" Entre cinq et sept mille. " Répondit tranquillement la cadre.

Des yeux verts se levèrent vers elle. " Juste comme ça ? "

Dar hocha la tête.

Kerry absorba cela. " Alors je présume que mes malheureux petits 230 employés sont un truc mineur en quelque sorte. " Commenta-t-elle doucement, en levant les yeux vers Dar. " Rien de personnel, n'est-ce pas ? "

Dar pinça les lèvres et baissa les yeux. " En général, oui. " Admit-elle. " On n'aime pas gâcher des ressources, mais... " Une épaule nue se souleva dans un haussement. " Parfois vous devez faire ce que vous avez à faire. "

 

Kerry étudia l'écran, basculant les douze scénarios différents sur lesquels Dar avait travaillé. Tous sauf un incluaient sa solution. Elle laissa sa main reposer sur le genou de Dar, recherchant le visage de la femme plus âgée avec intention. " Je ne comprenais pas. " Déclara-t-elle calmement. " Et je ne comprends toujours pas, pas vraiment... mais merci d'avoir essayé. "

Dar jeta un coup d'oeil à sa montre. " Vingt-trois heures trente. Je dois mettre ceci à jour avant minuit. " Elle regarda l'écran. " Bon sang... si seulement je pouvais trouver... " Elle traça une colonne avec un doigt. " Un moyen de mettre un plus ici. "

" Mm. " Kerry examina les champs. " Comme vous le pouvez avec ce groupe de Miami... parce qu'ils prennent du truc de l'extérieur, aussi vous pouvez compenser leurs dépenses. "

Dar se figea, ses yeux bleu clair fixant le large écran. " Merde. " Murmura-t-elle. " Est-ce que vos gars peuvent faire du soutien Internet ? TCP/IP ? "

Kerry la regarda. " Euh... hum... quoi, ouais, bien entendu... le groupe de soutien tout entier travaille sur un intranet... nous avons trois responsables de sites Web résidents... mais qu'est-ce que... " Elle cria, et s'enleva du chemin précipitamment lorsque Dar plongea dans son siège, ses doigts courant sur le clavier dans un crépitement de touches.

" Nom de Dieu... de nom de Dieu... " La cadre jurait doucement. " Où es-tu... ah ! " Elle appela un écran et parcourut son contenu. " J'tai. " Elle tendit une main et composa une série de chiffres sur le clavier du téléphone. Il y eut trois sonneries puis une voix répondit. " Hello, Peter. "

Un silence figé. " Bon Dieu, qu'est-ce que vous voulez ? "

" Je prends ces deux contrats supplémentaires. " L'informa Dar. " Ne cherchez pas à protester. Bonne nuit. " Elle raccrocha et murmura entre ses dents, en recodant les projets, leur donnant une nouvelle classification. Quelques clics, puis elle tambourina, attendant que le serveur retrace les colonnes. " Ahhhhh.... " Une main serpenta, coupant une rangée pour cliquer sur la feuille de calcul, puis elle colla. Elle recalcula le document, puis se rassit au fond de la chaise et sourit, l'air triomphant.

Kerry la regardait, confuse.

Dar pointa vers le dernier champ. " J'ai mon chiffre. "

La femme blonde étudia la feuille. " Mais il y a notre truc dedans. "

" Oui. " Dar approuva. " Ça c'est sûr. "

" Comment avez-vous fait ça ? " Demanda Kerry, fascinée par le sourire qui transformait maintenant le visage de la cadre.

Qui s'agrandit encore plus. " J'ai fait de cinquante pour cent de votre personnel un centre de profit... et je leur ai confié deux contrats de soutien importants du gouvernement. "

" Vraiment ? " La réponse arriva avec un ton de surprise. " Vous pouvez faire ça ? "

Un sourcil sombre grimpa petit à petit. " Je viens de le faire. " Dar sourit puis elle se dégrisa. " Vous devez toujours faire ces coupes. " Elle frappa quelques touches à la vitesse de l'éclair, puis la touche envoi. " C'est fait. "

Kerry cligna des yeux. " Mais tous les autres restent ? "

Dar hocha la tête. " J'ai la liste de vos gars en transit ... je pense que c'est ici... "

" Je ne suis pas dessus. " Dit la blonde, très calmement.

Dar se figea, puis la regarda. " Quoi ? "

Kerry expira. " Une comme moi... en valait deux d'entre eux... je ne pouvais pas prendre deux places. " Elle leva les yeux vers Dar.

" Une comme vous en vaut bien plus de deux. " Dar entendit les mots sortir et ne put les retenir. Son épuisement l'en empêcha, et elle envoya presque le téléphone valser hors du bureau lorsqu'il sonna. " Quoi ? " Elle pressa le bouton avec irritation. " Je viens de recevoir la mise à jour, Dar... c'est spectaculaire. " La voix joyeuse de Les gratta sur sa peau comme du sable. " Bon boulot... qu'est-ce que je vous dois pour ça ? Vous allez finalement accepter mon offre d'utiliser le chalet et de prendre des maudites vacances pour une fois ? "

Dar regarda le téléphone dans un silence frustré. " Qu'est-ce que vous me devez ? " Demanda-t-elle finalement. " Je vais vous dire ce que je veux. Je veux cinquante-et-un six et six, et une tête. "

Les était abasourdi. Elle pouvait l'entendre tousser un peu. " Qu... "

" Vous m'avez entendue. " Déclara la grande femme. " Allons, Les... ce nombre à deux chiffres va ajouter vingt pour cent de valeur au stock. Vous pouvez vous le permettre. "

" Et bien... bien sûr, Dar... je vais mettre les six et six... mais pourquoi avez-vous besoin d'une tête ? " Répliqua finalement Les, se recomposant. " Pour quel usage ? "

" Le mien. " Répliqua Dar calmement. " Je suis restée quarante-huit heures là-dessus sans dormir , Les... je ne peux pas continuer comme ça. Ça me tue. J'ai besoin d'une assistante. "

L'attitude de l'homme changea immédiatement. " Et bien, pourquoi ne le disiez vous pas simplement, vieille pirate... j'ai essayé de vous faire prendre une ombre depuis des années maintenant. " Le bruit d'un clavier auquel on accédait parvint clairement. " Vous m'avez inquiété pendant une minute, là... attendez... attendez... qu'est-ce que vous êtes, un 54010 ? "

" Mm. " Répliqua Dar en jouant avec un crayon.

" C'est fait. " Les rit doucement. " Sur votre liste d'employés, bébé... maintenant, je vais prendre un verre de champagne... vous devriez aussi. "

Dar ferma les yeux avec lassitude. " Bien sûr, Les. " Elle soupira. " Bonne nuit. "

 

Le silence s'installa sur le bureau. Dar garda les yeux fermés.

" Quarante-huit heures ? " Demanda finalement Kerry, incrédule.

La femme aux cheveux sombres hocha la tête.

" C'est de la folie... ce n'est pas un boulot, c'est une condamnation " Bredouilla la blonde.

Dar hocha de nouveau la tête.

" Vous devez avoir la meilleure sécurité de l'emploi du monde, vous le savez ? Personne de sensé ne voudrait de votre place. "

Un troisième hochement de tête. " Très vrai. " Dar ouvrit les yeux et fixa la jeune femme avec regret. " Vous êtes prête à rentrer chez vous, Ms Stuart ? " Demanda-t-elle tranquillement. " Nous pourrons négocier votre dénombrement lundi... je suis sûre que je peux vous caser là-dedans. " Elle s'interrompit. " Si vous voulez rester, bien sûr. "

Kerry était perchée sur le bord du bureau, enfouie dans ses pensées. " Je ne sais pas. " Répliqua-t-elle honnêtement. " Je dois y réfléchir. "

" Je comprends. " Dit Dar en se relevant.

" Ms Roberts ? "

" Mm ? "

" Qu'est-ce qu'un six et six ? " Demanda Kerry avec curiosité.

" Oh. " Dar étira son cou pour enlever une tension. " Des conditions de rupture de contrat pour vos gens. " Elle soupira. " Six mois de salaires, et six mois d'extension de vos prestations de santé. " Ses yeux cherchèrent le visage choqué de Kerry. " Ça devrait vous rendre lundi plus facile. " Elle contourna le bureau et marcha vers la porte. " Venez... sortons d'ici. "

Kerry était dans la brume lorsqu'elle suivit la grande femme. Six mois de salaires ? Si elle décidait de ne pas rester, cela lui donnerait six mois pour trouver quelque chose... et six mois de prestations de santé... la couvriraient jusque là. Ses parents n'auraient pas à le savoir, jusqu'à ce qu'elle s'installe dans un nouvel endroit.

 

Ses yeux étudièrent le dos de la femme qui marchait devant elle. Elle se demanda comment elle était passée de ce qu'elle ressentait vis-à-vis de Dar Roberts avant le coucher du soleil à ce qu'elle ressentait maintenant. C'était comme si la nuit avait duré la moitié d'une vie, pour lui permettre de connaître tant de choses dans une durée si courte. Elle était passée du désespoir à la colère, puis à la terreur... d'une haine frustrée à une admiration rancunière, le tout en une soirée.

Voulait-elle rester en charge d'Associated Synergenics ? Elle l'avait fait pendant deux ans et elle commençait juste à s'y sentir à l'aise. La routine devenait régulière... presque... ennuyeuse.

Elle suspectait que la vie ne serait jamais ennuyeuse auprès de Dar Roberts. Et soudain, elle sut exactement où elle voulait être.

Elle ne s'arrêta même pas à se demander pourquoi. " Bon. " Elle trotta derrière la grande cadre, la rattrapant lorsqu'elles atteignirent la porte. " Que sont ces autres contrats exactement ? "

" Oh. " Dar poussa la porte pour l'ouvrir. " Vous ferez le support de l'IRS. "

Kerry s'arrêta pile. " Vous blaguez. "

Des yeux bleu clair la regardèrent. " Ce n'est pas possible. Je n'ai pas le sens de l'humour, vous vous souvenez ? " Répliqua Dar, impassible. " Bonne nuit, Jack. " Elle fit un signe au vigile. " Ms Stuart ? " Elle tint la porte de la Lexus ouverte.

La blonde marcha près d'elle et leva les yeux. " Pourriez-vous m'appeler Kerry, s'il vous plaît ? " Demanda-t-elle avec un sourire ironique. " Vous ressemblez à la bibliothécaire de mon université quand vous m'appelez autrement ?. "

L'expression de Dar s'adoucit momentanément et un rapide sourire transforma son visage. " Je pensais que seuls vos amis vous appelaient comme ça. " Objecta-t-elle.

Kerry se frotta la mâchoire. " Et bien, les amis et les gens qui me sauvent la vie. Vous savez. " Elle se sentit rougir un peu. " Je dois faire une exception pour ce genre de chose. "

" Très bien. " La cadre accepta doucement. " Mais seulement si vous m'appelez Dar. "

Kerry sourit. " Marché conclu. " Elle secoua un peu la tête. " Vous savez, vous me semblez si familière... j'aimerais pouvoir me souvenir d'où je vous connais. "

" Ouais. " Dar approuva. " Je sens ça aussi... ça nous reviendra sans doute, un jour. "

" Sans doute. " Kerry grimpa dans le confort du siège en cuir, et attendit que la grande femme la rejoigne sur le côté du conducteur. " Alors. " Elle croisa les mains sur ses genoux. " Que fait votre assistante ? "

Dar lui lança un regard rapide tout en bougeant le véhicule pour avancer dans la pluie. " Je ne sais pas... je n'en ai jamais eu avant. " Elle s'interrompit. " Ce sera probablement un emploi dur, déplaisant, sans remerciement, une course sauvage. "

Kerry renifla d'un air pensif, puis boucla la ceinture autour d'elle et s'installa, croisant les bras sur sa poitrine et jetant des coups oeil de côté.

Elle vit que Dar la regardait aussi.

Elles partirent dans la nuit. 

 

 

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