DES DIFFERENTES FACONS DE PECHER


Des différentes façons de pécher

 

Par Vivian Darkbloom

 

Traduction : Marie Bouard

 

 

AVERTISSEMENTS : Tous les personnages de X:WP sont la propriété de MCA/Universal/Renaissance Pictures. Ils ne sont pas inclus dans cette histoire, de manière précise. Mais aucune infraction à la loi du copyright n'est recherchée, ainsi qu'aucun profit. Néanmoins, l'histoire m'appartient et si vous en faites des cochonneries sans m'avoir demandé la permission, je vous forcerai à manger un Spamburger pas cuit.

SUITE A LA DEMANDE DU PUBLIC : ou, peut-être pour assurer à toutes les personnes qui me disent "t'es dingue", que, eh bien oui, elles ont raison, ceci est une suite de l'histoire Uber-xénique "Amour et mort au caravanning". Il est recommandé de lire cette dernière avant de commencer celle-ci, si vous ne l'avez pas déjà fait.

ATTENTION : Femmes amoureuses (l'une de l'autre), beaucoup de gros mots, beaucoup de voitures, beaucoup de beuveries et de hasch, quelques classiques de la grande littérature, du fanatisme religieux qui s'égare, et une vache morte.

COMMENTAIRES, NOTES BROUILLONNES, CHOCOLAT (Nous sommes en pénurie, vous savez) : lat18@columbia.edu

COMMENTAIRES DE LA TRADUCTRICE : Il est fait référence dans ce texte à Dudley Do-Right et Sidney Whiplash. Dudley est héros de dessin animé, un policier de la police montée canadienne, très honnête mais vraiment très con, et Sidney Whiplash est son ennemi juré. Un film a récemment été fait à partir de ce dessin animé, avec Brendan Fraser dans le rôle de Dudley.

 

Je n'ai jamais prétendu être ton sauveur. J'ai dit que je parlais très mal.

Garbage - "Dumb"

 

 

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Suite de AMOUR ET MORT AU CARAVANNING

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La caravane qui appartenait autrefois à Zina se tenait avec contentement sur ses fondations, arborant une nouvelle couche de peinture sur ses parois extérieures -- un rouge assez flamboyant pour éblouir et aveugler les infortunés habitants du caravanning, et leur faire savoir que le pompier réservé qui autrefois vivait ici et qui avait avec beaucoup de succès fait défiler toute une série de blondes, l'une après l'autre, femmes au foyer égarées "en vacances", serveuses, victimes récentes d'incendie, pom pom girls du lycée, la directrice du Prisunic local, et enfin l'ouvrière aspirante poète qui avait volé son coeur -- n'était désormais plus la maîtresse de ladite résidence.

 

Sa solitaire occupante était assise à l'intérieur du mobile-home écarlate, en train de jouer avec les mèches de ses cheveux blond-clair et regardait , pour la douzième fois en vingt minutes, un petit chihuahua articuler les mots "Yo quiero Taco Bell". Elle grinça des dents et son ventre plat grogna. Une fois encore la batte du consumérisme avait heurté de plein fouet le front écervelé d'un téléspectateur joyeusement complice. Avec un grognement, elle sauta sur ses pieds, attrapa les clés de sa Camaro posées sur la table, et s'enfuit dans la nuit.

 

Une heure plus tard, elle s'assit, l'estomac enfin rassasié des libéralités de Taco Bell, et son esprit, toujours tournant, tournant, tournant... Finalement, les synapses lâchèrent et elle s'endormit.

 

Et elle rêva. Une voix éthérée lui parla. Callie, murmurait-elle avec ferveur.Ecoute. Elle secoua la tête, espérant faire disparaître la voix. "Non, assez", gémit-elle dans son sommeil.

 

Callie ! N'essaie pas de me résister, mon enfant ! Qui était-ce ? On aurait dit...

 

Callie, tu dois changer de vie. Zina t'a pardonnée, tu dois faire de même à son égard. Tu dois relâcher la rage dans ton âme, tu dois te purifier de nouveau.

 

C'était... Charlton Heston ? C'était pas le vieux mec qui jouait Moïse dans le film ? Et il lui parlait -- l'image floue devint plus nette -- par l'intermédiaure du chihuahua de Taco Bell.

 

Tu dois te donner au Seigneur, Callie. Laisse Jesus Christ entrer dans ton coeur.

 

"Non !" Cria-t-elle encore. Silence. Elle était contente, et commençait à retourner dans un niveau plus profond d'inconscience... Mais...

 

Pourquoi pas ? demanda la voix avec irritation.

 

"Je n'en suis pas digne, je n'en suis pas digne !" vagit-elle.

 

Ah, mais si, mon enfant, tu en es digne. Tu vaux la peine d'être sauvée. C'est pourquoi je suis ici. Tu as le feu en toi, Callie.

 

"Oui, Oui !"

 

Tu dois accepter Jésus comme ton sauveur personnel. Et tu dois aller dans le monde et répandre ma parole, car je suis la lumière et le chemin vers la rédemption. Tu sais ce que tu dois faire, maintenant ?

 

"Oui, Oui !"

 

Callie se réveilla. A part une douleur importante, pratiquement handicapante à l'estomac, elle se sentait merveilleusement bien. Elle se leva de son lit, courut à la porte et l'ouvrit violemment. Une légère brise repoussait ses cheveux en arrière, et la lune luisait.

 

"Seigneur, je t'ai entendu !" cria-t-elle dans la nuit. "Je ferai comme tu me l'as dit ! A partir de ce moment, je suis ressuscitée !!!"

 

Les criquets caquetèrent leur approbation. Les étoiles pétillèrent avec bienveillance. Et une voix masculine solitaire, venant de deux caravanes plus loin, hurla "La ferme, conne débile !"

 

******

 

Gabrielle était allongée sur le canapé et lisait à voix haute des extraits du livre qu'elle tenait : "J'ai vu les esprits les plus brillants de ma génération détruits par la folie..." Elle s'arrêta et ferma les yeux. "Oh, ouah... T'avais vraiment raison. Plus je le lis, plus ça devient clair..." dit-elle à sa partenaire, en serrant le mince exemplaire en livre de poche de Howl.

 

Cyrène, assise par terre, se pencha et tendit un joint à Gabrielle, le deuxième de la journée. "Tu vois, chérie, je te l'avais dit. T'avais juste besoin de te détendre et de laisser ton esprit s'ouvrir..." Elle fit quelques gestes de ses mains, et ses bijoux cliquetèrent leur assertion.

 

"Ouais...". Gabrielle aspira le joint avec un sifflement. "Quand ils nous ont donné ça à lire en cours, j'ai juste cru que c'était un paquet de conneries écrites par un hippie cinglé... sans vouloir t'offenser, Cyrène."

 

"Pas de problèmes, chérie." Elle reprit la cigarette des mains de Gabrielle. "Passque tu sais quoi ?" Elle aspira un coup.

 

"Hmmm ?"

 

"C'est un paquet de conneries écrites par un hippie cinglé !"

 

Elles se répandirent de rire, lesquels se transformèrent en rires hystériques après que Gabrielle eut jeté de nouveau un coup d'oeil à la photo d'Allen Ginsburg placée au dos du livre.

 

"Tu savais qu'il était gay ?" Cyrène informa Gabrielle, en lui montrant la photo du doigt.

 

"Vraiment ? Ouah !" Gabrielle était encore à une étape de sa jeune existence où l'on est continuellement étonné d'apprendre que d'autres dans le monde partagent vos propres penchants.

 

"Les années 60 étaient une époque formidable Gabrielle. Et c'est reparti pensa Gabrielle. "Par exemple, tu pouvais être homo et tout le monde s'en fichait. Pas d'étiquettes, mec. Tu pouvais expérimenter plein de trucs au niveau du sexe, et tout le monde s'en fichait. J'veux dire, j'ai pas honte de dire que j'ai eu une aventure avec une autre femme." Elle mit sa main sur son coeur pour prouver sa sincérité.

 

"Vraiment Cyrène ?" Gabrielle était impressionnée.

 

"Ouais, c'était après que j'ai rompu avec le batteur de Réveil-Fraise. Putain, c'était un moment craignos. Enfin, j'voulais plus avoir affaire aux mecs pendant quelques temps, alors j'me suis retrouvée avec une nana. C'a été une merveilleuse et apaisante expérience."

 

Gabrielle avait ingéré assez de platitudes de talk show pendant des années pour savoir que les "merveilleuses et apaisantes expériences" étaient souvent les plus ennuyeuses que l'on puisse imaginer. Néanmoins, elle acquiesca de façon solennelle devant Cyrène. Puis elle entendit un faible grondement. Au début elle pensa que c'était son estomac. Ma vieille, t'as mangé deux burritos y a à peine une heure et demie... Puis le son s'intensifia, et devint plus distinct. C'était la Harley de Zina. Elle se redressa d'un coup. "Merde ! Zina arrive !"

 

"Bordel !" Cyrène écrasa l'extrémité rougeoyante du joint sur le plancher en utilisant sa canette de bière. Puis, prise de panique, elle utilisa l'exemplaire de Howl pour balayer le mégot et les cendres sous le canapé.

 

"Va chercher le Wizard !" cria Gabrielle en même temps qu'elle se ruait à la fenêtre. Elle et Cyrène étaient restées assises, en haut, à "l'étude". Elle espérait que si elle ouvrait la fenêtre, ça aérerait la pièce avant que les narines hypersensibles de Zina ne détectent la moindre odeur.

 

Elle ouvrit violemment la fenêtre et regarda en bas. Elle glapit de nouveau. Le seul défaut de son plan était que la pièce surplombait le devant de la Ferme ; en fait, elle était juste en-dessous de l'endroit où Zina garait habituellement sa moto. Sa copine pompier leva les yeux de surprise en entendant le bruit de la fenêtre qui s'ouvre.

 

"Salut, ma chérie !" cria Gabrielle, décontenancée.

 

"Hey", répliqua Zina avec un sourire. Elle descendit de sa Harley. "Quelque chose ne va pas ?"

 

"Oh, non, non, rien du tout."

 

"Pourquoi t'as ouvert la fenêtre ?" Il faisait froid dehors.

 

"J'voulais juste te dire bonjour, bébé !"

 

"Tu pouvais faire ça à l'intérieur." Zina était étrangement logique aux moments les plus inattendus.

 

"Je sais, mais bébé, je t'aime tellement que je pouvais pas attendre !" Gabrielle entendit Cyrène derrière elle, le bruit de ses bijoux faisant ressembler la femme mûre à un groupe entier de Hare Krishna pendant qu'elle agitait dans la pièce un aérosol chuitant de Wizard.

 

"Uh, huh" grogna Zina, sceptique. Elle se dirigea vers la porte d'entrée en portant son casque de pompier. Probablement encore en train de fumer du hasch avec ma mère pensa-telle, tout en jetant un oeil à la coccinelle Volkswagen bleue de Cyrène. La petite blonde se dirigea droit sur elle et lui sauta dans les bras, couvrant ses lèvres d'un baiser. Le casque de pompier tomba sur le sol avec un clang.

 

"Purée, c'est toujours la lune de miel entre vous deux !" dit Cyrène. Cela faisait pratiquement huit mois qu'elles avaient emménagé ensemble, six qu'elles vivaient à la ferme, par ordre d'Effie. Effie, son nouvel amant Hank, et son groupe, Les Amazones, étaient tous à Memphis, et enregistraient un nouvel album de rockabilly.

 

"Comment s'est passée ta journée, mon p'tit clou ? Tu veux du poulet en cocotte ?" roucoula Gabrielle.

 

"Oui, merci. Laisse-moi t'aider..." Zina porta Gabrielle jusque dans la cuisine. Cyrène secoua la tête. "Impossibles gamines" murmura-t-elle, puis elle se rua au premier pour récupérer le mégot laissé sous le canapé.

 

******

 

Callie zigzagua dans Chakram Creek Road au volant de sa Camaro. Elle accompagnait la radio d'une voix forte : "J'suis tombée, tombée, tombée, tombée dans un cercle de feu brûlant... tombée, tombée, tombée dans les flammes rugissantes... et ca BRULAIT BRULAIT BRULAIT, ce cercle de feu rugissant..." Elle était en route pour voir la seule personne qui pourrait à coup sûr l'aider dans sa mission pour servir le Seigneur et sauver Zina. Elle se devait de sauver Zina, réalisait-elle, parce que cette femme, aussi corrompue que les flammes de l'enfer, avait commencé son propre voyage vers Jésus en lui donnant un foyer où vivre.

 

Elle se gara dans le parking du mini centre commercial Morphée, une petite étendue désolée de magasins et bureaux sous-utilisés. Il y avait un magasin de spiritueux, un magasin vidéo avec une affiche jaunie d' "Ernest va en prison" accroché à la vitrine, un magasin de yaourts, un magasin de tissus, et, près de l'extrémité du complexe, une pancarte toute blanche sur une porte, marquée "Ministère Arès, SARL".

 

Callie, bien sûr, s'attendait à le trouver seul, et il l'était en effet. Artie, autrefois ami de Zina, ex-de temps-en-temps-amant, et peut-être une espèce de cousin au premier degré ou demi-frère (Cyrène refusait de dire quoi que ce soit), était assis à sa table dans son bureau aux cloisons en imitation chêne, lisant "Armes et Munitions". Il portait un costume gris clair, qui avait l'air de gratter, et qu'il avait acheté au Monoprix local pour 29,95 dollars, et sa cravate verte et marron était lâchement nouée autour de son cou. Quand Callie entra il leva les yeux vers elle choqué au plus haut point et, incrédule, fit courir sa main dans ses longs cheveux noirs, puis caressa son bouc. "Callie" murmura-t-il.

 

"Artie". ils s'observèrent.

 

"Je ne peux pas dire que je sois surpris de te voir ici. J'ai toujours su que tu trouverais ton chemin vers moi et vers le Seigneur."

 

Callie cligna des yeux. "Vraiment ?" Elle voulait le croire, si fort...

 

Il hocha la tête solennellement. "Mes prières ont été exaucées, Callie. Tu es là, et je sais pourquoi."

 

"Ah oui ?" dit Callie impatiemment.

 

"Oui !" affirma-t-il fermement. Il essaya de ne pas regarder de trop près le short hyper-court qu'elle portait... Même en février. Il espérait qu'elle n'était pas là pour encore une fois lui emprunter de l'argent, mais il avait le sentiment ce matin, pendant qu'il priait, que Dieu la lui enverrait... "Tu es déjà prête à servir, avec moi, à la tête de l'armée du Christ, Callie."

 

"Je le suis, Artie. Vraiment. J'ai eu une vision la nuit dernière. Le Seigneur m'a parlée, et--"

 

"Et à quoi ressemblait le son de sa voix ?" Artie plissa les yeux et sa voix descendit d'un octave.

 

"Comme, tu sais, ce vieux machin, là, truc, Ben-Hur." Sagement, elle omit de lui dire à quoi il ressemblait physiquement.

 

Artie approuva d'un hochement de tête. Il savait alors que la vision était authentique. "Continue".

 

"Et Dieu m'a dit que je devais répandre sa parole ! Et je savais, Artie, je savais que tu étais la seule âme à pouvoir m'aider. Et, Dieu a dit que je devais sauver Zina.

 

"Zina ?" Son intérêt était piqué par la mention du nom de son ex-maîtresse/cousine/demi-soeur. Il maudit le pouvoir que cette diablesse avait toujours sur lui. Zina, c'était sa croix, elle était une épreuve envoyée par Dieu, et doux enfant Jésus, elle avait l'air divin lorsqu'elle faisait sa musculation (Désolé, Seigneur). Il caressa de nouveau son bouc. Il connaissait l'incroyable culpabilité que Zina ressentait à l'égard de Callie, à cause de la maison à Cirra. Techniquement, il était impliqué dans ce désastre, mais Callie n'avait pas besoin d'être au courant -- cela ne ferait que la bouleverser et la détournerait de sa mission. De plus, il paierait sa dette au Sauveur. Si Callie pouvait utiliser cette culpabilité contre elle, elle pourrait ramener Zina d'un mouvement, et ils mèneraient l'armée de l'amour du Seigneur ensemble ! Il pourrait le faire, avec Zina à ses côtés... L'émission pour le câble redémarrerait, il aurait un autre contrat pour un bouquin, on pourrait même lui demander d'être l'invité d'honneur du Club 700...

 

Il se leva et se dirigea vers Callie. L'attrapant par ses frêles épaules, il dit "Ma soeur, qu'il en soit ainsi. Je vais t'envoyer en mission. Je t'enverrai sauver cette pauvre âme perdue."

 

"Loué soit Dieu, Artie."

 

"Mais tout d'abord... On va faire des courses."

 

******

 

Callie tira sur le col étroit de son chemisier à dentelles. Elle n'avait pas l'habitude de porter des vêtements aussi ras du cou. Mais, pensa-t-elle en soupirant, son corps n'était plus une chose à exhiber, à utiliser stupidement - non, son corps était aussi sacré qu'une église, et il avait besoin d'être protégé et abrité comme telle. Elle ajusta la jupe du léger tailleur rose qu'Artie avait sélectionné pour elle chez Sears. Inspirant un bon coup et serrant la nouvelle Bible qu'il lui avait également donnée, elle ouvrit la porte de sa Camaro garée et avança avec circonspection en direction de la Ferme, ce lieu de turpitudes. Quels péchés ont bien pu être commis dans cet endroit ? pensa-t-elle virtueusement, se souvenant de ses anciennes occupantes. Evidemment, Zina y vivait aujourd'hui avec cette petite salope... Les narines de Callie frémirent à la simple pensée de cette pétasse. Elle s'arrêta. Puis elle inspira un bon coup, de manière purificatrice. "On inspire l'amour, on expire la colère..." murmura-t-elle pour elle-même. Se préparant encore une fois, elle s'approcha de la Ferme. Je suis un pilier de rectitude, je suis remplie et bénie d'amour, je serai forte face au Mal...Elle inspira de nouveau profondément et sonna à la porte. Le Seigneur est mon berger, je serai...

 

Zina ouvrit la porte. Elle ne portait qu'un marcel blanc qui collait à ses larges épaules, son torse musclé, et ses seins parfaits ; son short en lycra noir lui ceintrait encore plus férocement ses cuisses apétissantes. Elle portait une haltère dans une main ; un film de sueur recouvrait sa peau exposée, faisant luire et briller son corps. Elle secoua ses cheveux noirs humides et fixa son regard bleu lumineux sur Callie.

 

... pleine d'envie. Elle me ferait m'allonger sur des draps de satin noir, et.... arrête, arrête donc !

 

Toute pensée à propos de Dieu avait fuit l'esprit de Callie, à l'exception d'un remerciement bref au tout puissant pour avoir créé une créature aussi magnifique.

 

"Callie ?" demanda Zina, complètement désorientée en présence de son ennemie de toujours. "Euh, Y a queque chose qui va pas avec le mobile-home ?"

 

"zugzug...." Elle essaya de parler, mais ne put point. Mais, qu'est-ce que c'était que ces bruits ? Eh, je parle en langues ! Super cool !

 

Zina l'examina des pieds à la tête, remarquant le tailleur. "T'as un entretien, ou un truc comme ça ?"

 

Seigneur, je m'éteins vite. Aide moi, envoie-moi un signe !

 

Zina bougea, un peu nerveusement ; ce faisant, elle aggripa son haltère un peu plus fort, provoquant l'apparition d'un biceps parfait. Ses sourcils se froncèrent.

 

C'en était trop.

 

"Oh, Zina !" s'exclama Callie. Elle lança ses bras autour du cou du pompier et planta un baiser humide sur ses lèvres. Sa langue sauvagement agitée chercha à pénétrer la chaude bouche de Zina, mais hélas, ses lèvres étaient dans la même bonne forme que le reste de son corps (grâce à Gabrielle), et parvinrent à soutenir l'assaut. Elle plaça l'extrémité d'une haltère sur le menton de Callie dans un effort de se séparer de la bête ressuscitée. Callie ne comprit pas comment cela s'était passé, mais avant qu'elle ne réalise quoi que ce soit, elle embrassait l'haltère. Elle se retira en crachant.

 

"Qu'est-ce qui te prends bon dieu ?" grogna Zina.

 

"Oh Zina" gémit Callie, au souvenir de ces lèvres parfaites sur les siennes, "J'ai été envoyée pour te sauver, mon enfant". Elle balança la Bible au visage du pompier.

 

Zina était tellement choquée par la tournure des événements, qu'elle laissa échapper l'haltère de sa poigne glissante, laquelle tomba sur le pied, engoncé dans une paire de tennis de supermarché, de Callie .

 

"Oh Zina !" Cette fois-ci, c'était un cri d'atroce douleur.

 

******

 

Gabrielle bondit dans l'entrée de la Ferme, portant avec une grande dextérité une pizza, un pack de bière, deux sachets de Doritos, une bouteille de deux litres de 7-Up, et un bac de glace Ben&Jerry avec plein de morceaux dedans... la plupart desdits produits étant habilement en équilibre au-dessus de la pizza. "Chérie, je suis rentrée !!" meugla-t-elle. Elle entendit la radio qui marchait à l'étage, et supposa que Zina était dans sa salle de muscu, en train de s'exercer. Ses suppositions se renforcèrent lorsqu'elle trébucha sur une haltère abandonnée près de la porte et envoya joyeusement en l'air la nourriture posée au-dessus de la pizza lorsqu'elle s'effondra par terre. Elle atterrit sur le ventre, le poids de son sac à dos la plaquant au sol (Pourquoi donc ai-je bien pris Gros Roman 101 ce semestre ?). Néanmoins, elle parvint à conserver la pizza en position horizontale.. Se tournant, elle jeta un oeil à l'objet diabolique et cria "Bon Dieu, Zina, je t'ai déjà dit de ne pas laisser tes haltères traîner partout !" La semaine passée, elle s'était déjà foulé un orteil sur une petite haltère qui traînait sur le sol de la cuisine, par Jésus.

 

L'accusée s'élança dans les escaliers. "Salut Bébé. Désolée pour le truc". Zina entreprit de ramasser les provisions éparpillées. "C'était comment, l'école, aujourd'hui ?"

 

"Euh... Pas mal". Zina remarqua que Gabrielle n'avait pas bougé. Elle restait allongée sur la moquette, le regard dans le vide.

 

"Tu t'es fait mal ?" demanda-t-elle, en avançant doucement vers Gabrielle.

 

"Zina ?" le ton était glacial. C'était un ton que Gabrielle utilisait lorsqu'elle était soit vraiment en pétard, soit lorsqu'elle développait d'importants syndromes pré-menstruels.

 

Le pompier avala difficilement. "Euh, oui bébé, qu'est-ce qu'y a ?"

 

"Pourquoi est-ce qu'il y a du rouge à lèvres sur ton haltère ?"

******

 

"Détachez-vous de votre existence stupide, lecteurs; Lavez-vous dans les eaux magnifiques et bienfaisantes du Christ, réveillez-vous dans le pardon pour vos péchés passés. Parce que les chariots de guerre sont sur nous, le passage des rêves trompeurs de Satan vous subtilisera votre boîte de Pandore. Ensemble, nous embarquerons vers la résurrection de notre destinée, afin de repayer une dette et de réaliser une cérémonie sacrificielle par le fer et par le poison".

 

Réverende Callie De Ash, citation extraite de son livre Je n'ai pas trouvé Dieu, mais lui m'a trouvée, pour sûr, p.25

 

Callie émergea de son profond sommeil induit par les tranquillisants. Ses rêves avaient été relativement plaisants - elle avait rêvé qu'elle possédait une Porsche et qu'elle avait gagné l'Indy 500, et puis ensuite qu'elle avait déboulé dans une prairie remplie de pâquerettes, les écrasant toutes, et écrasant Gabrielle par la même occasion, ainsi qu'un groupe de lapins stupides, et qu'elle avait attrapé Zina et l'avait jetée dans sa voiture et...

 

Alors elle était maintenant complètement réveillée et fixait le visage légèrement désapprobateur et totalement condescendant d'Artie. Le prêtre était assis au pied de son lit d'hôpital. "Ma pauvre enfant " soupira-t-il. Il rapprocha sa chaise et lui prit la main. "Le démon s'est révélé trop fort pour toi, n'est-ce pas ?"

 

Démoralisée, Callie hocha la tête tristement. L'haltère de Zina lui avait cassé le pied en de nombreux endroits, et, alors qu'elle avançait en boîtant vers la voiture (refusant l'aide d'une quelconque Infirmière du Diable) son talon s'était pris dans des racines et elle était tombée, se foulant la cheville du même coup.

 

"Callie" dit Artie d'une voix contrite "C'est autant ma faute que la tienne. Je n'aurais jamais dû t'envoyer à elle. C'est une puissante, cette Zina. Je n'ai aucun doute qu'il faudra la traîner criant et ruant des pieds vers le salut. Je sais que tu voulais être celle qui l'amènerait vers Dieu, mais peut-être..." il lui caressa le menton "peut-être est-ce moi qui dois essayer. En aucun cas je ne dois la confronter directement, après ce qu'elle t'a fait." Callie lui avait dit que le pompier sadique lui avait sauté dessus et lui avait écrabouillé le pied avec ses écrase-merde, et avait même piétiné sa Bible immaculée !

 

"Je dois reconnaître que tu as raison, Artie. J'ai été trop faible - trop tentée par elle. Mais ne crois pas un mot de ce qu'elle pourra bien te raconter !"

 

"Ne t'inquiète pas mon enfant. Je suis préparé à affronter le Diable."

 

******

 

Cyrène coupa le contact de sa Volkswagen haletante. Elle se saisit de son sac de provisions, qui contenait des yaourts bio et des burgers au tofu (elle avait été absolument terrifiée de voir Zina la semaine précédente en train de dévorer un maxiburger et avait repris de plus belle sa campagne visant à faire de sa fille une végétarienne). Elle sortit de sa voiture et se dirigea vers la maison. Avec une certaine confusion, elle vit que la Harley était présente, mais pas la Ford Escort - alors qu'elle était supposée "étudier" ce soir même avec Gabrielle - En fait, elle avait même apporté son meilleur gong, sachant qu'elles devaient aborder la question du Modernisme, et donc que Gabrielle aurait besoin de toute l'aide qu'on pourrait lui offrir.

 

Elle entra dans la ferme et trouva Zina boudant devant la télé, en train de regarder le championnat auto.

 

"Hey, mon sucre" appela Cyrène.

 

Sa fille grogna.

 

Rien ne va plus chez nos deux tourterelles pensa Cyrène. "Où est Gabrielle ?" demanda-t-elle gentiment.

 

"Chez Lila".

 

"Oh. Elle revient bientôt ?"

 

"Nan."

 

"Allez mon sucre, accouche. Vous vous êtes disputées ?"

 

"Ouais".

 

Cyrène soupira. C'allait être une longue nuit. "Je reviens dans quelques minutes". Elle avait définitivement besoin de quelques bouffées avant de pouvoir s'attaquer au problème. Farfouillant dans son sac en macramé, elle se dirigea vers la salle de bains.

 

******

 

"Je vous avais dit que votre relation dénaturée allait s'écrouler", dit Lila. Elle tenait un bébé braillard dans ses bras - sa fille, prénommée Tiffani Amber.

 

Gabrielle était assise à la table de la cuisine, les bras croisés. "La ferme", grogna-t-elle à sa soeur.

 

Lila souffla sur une mèche de ses cheveux qui cachait son visage. Hochant tristement de la tête, elle emporta le bébé dans la chambre pour sa sieste.

 

Purdy, qui avait emménagé avec Lila après le départ de Gabrielle, se tenait debout, hésitant, dans la cuisine. Il venait de rentrer de son travail pour trouver son ex-copine en pleine déprime à la cuisine avec Lila, son actuelle copine, laquelle passait son temps à lancer des reproches à sa soeur. En fait, il compatissait avec Gabrielle - et il appréciait même Zina, une fois qu'il avait appris à la connaître. A chaque fois qu'il la voyait, ils avaient toujours une conversation sympa à propos de motos. Il sortit deux canettes de Budweiser du frigo et en tendit une à Gabrielle. "Allez, Gab, tu te sentiras mieux".

 

"Merci" répondit-elle en prenant la canette. Elle la décapsula et en avala une grosse lampée. "Purdy, tu ne penses pas que je suis bizarre, ou dégénérée, non ?" Ses yeux verts se firent suppliant, tandis que sa lèvre supérieure restait recouverte de mousse.

 

Est-ce qu'elle était bizarre ? Il avait été surpris par toute l'affaire, mais pas trop - il se souvenait que lorsqu'ils étaient ensemble, il avait fait l'erreur de jeter un oeil dans son journal intime et avait lu un fantasme sexuel plutôt détaillé et explicite impliquant Kate Jackson. Il l'avait trouvé très... intéressant et d'une certaine manière stimulant. Pas étonnant qu'elle se ruait toujours à la maison en sortant de l'école pour aller regarder Drôles de Dames. "Quoi ? Nan, putain nan, c'est ta vie, Gab. J'ai rien à juger. Et pis" ajouta-t-il timidement, "Zina est plutôt mignonne".

 

Gabrielle sourit, remplie de gratitude. "Merci".

 

"Tu veux aller à la Selle et te bourrer la gueule ?"

 

"Et comment !"

 

"Crois-moi mon sucre, j'ai eu deux ans du meilleur séminaire".

 

Zina s'agita nerveusement sur sa chaise. Les tentatives de sa mère pour l'aider dans les étapes importantes de sa vie laissaient jusqu'à présent beaucoup à désirer. Elle se souvint quand, à l'âge de 12 ans, elle commença à avoir ses règles ; elle avait alors ces sentiments de confusion et d'ambivalence à ce sujet que rencontraient la plupart des filles de son âge. Cyrène choisit de marquer l'occasion avec ce qu'elle appelait un "rituel féministe" : un jour où Zina revenait de l'école, la serviette périodique toute gratouillante, elle trouva la maison plongée dans les ténèbres et sinistre, illuminée seulement par des bougies, et "White Rabbit" hurlant de manière inquiétante de la stéréo. Cyrène, portant un boubou hawaïen, marmonna une ânerie du genre "Zina boira son propre sang menstruel, parce que Germaine Greer a dit que c'était le test véritable d'une femme". Zina ne savait pas qui c'était cette putain de Germaine Greer, mais tout était assez bizarre pour lui faire penser que sa mère était impliquée dans un espèce de culte et de ce fait s'enfuit de la maison, passant le mois suivant chez Artie et sa famille, jusqu'à ce qu'elle lui ait fait jurer que (1) elle n'était pas dans un culte, et (2) allait ralentir un peu sur les hallucinogènes pendant quelques temps.

 

Toujours est-il qu'elle se retrouvait là, assise à la table du salon avec Cyrène, qui disait que son enfant "sous-émotif" avait besoin de rentrer en contact avec ses sentiments et qu'elle allait l'aider à ça. Elle lui dit qu'elle devait améliorer ses "talents communicatifs" avec Gabrielle... peu importe ce que ça voulait dire... et qu'elle devait apprendre à "accepter d'être responsable" de ses actes... Même si CE N'ETAIT PAS DE SA FAUTE si Callie était devenue folle et l'avait embrassée, ce n'était pas de sa faute si Gabrielle n'avait pas compris et l'avait frappée... inconsciemment elle porta sa main à sa joue. Jamais elle n'avait eu aussi peur - même pas dans un immeuble croulant et en flammes - que lorsque Gabrielle avait sorti de son sac à dos le plus gros volume relié qu'elle ait jamais vu, lui avait sauté dessus et balancé le gros tome moderniste - Zina avait eu à peine le temps de lire le titre Ulysses- sur le côté de sa tête.

 

Cyrène s'assit en face d'elle avec un papier et un crayon. "Maintenant, je veux que tu me dises toutes les choses que tu aimes chez Gabrielle. Soit aussi précise que tu veux."

 

Le pompier abaissa sa tête aux cheveux sombres sur ses avant-bras musclés, qu'elle appuya sur la table. Exactement comme elle avait l'habitude de la faire à l'école.

 

Quest-ce que j'aime chez Gabrielle ? Bon, elle a un sourire mignon... de jolis cheveux... elle sent bon... elle fait une super poule au pot... miam ! J'adore ses abdos, la façon dont ils ondulent quand elle va jouir... oh, et son pain de viande est assez extraordinaire... sa peau est si douce... et elle embrasse super... et... j'adore son intelligence, et la façon dont elle comprend tout si vite... j'adore sa tendresse... sa gentillesse... comment elle a pleuré quand elle a entendu comment on assommait les bébés phoques... J'adore quand elle arrive à se dresser contre sa soeur et qu'elle lui hurle "Va te faire mettre" à sa conne de soeur... j'aime même quand elle me récite sa stupide poésie que je comprends pas...

 

"T'es sûre que tu veux pas un peu de...?" dit Cyrène en simulant la fumette d'un joint. "Ca pourrait t'aider".

 

"Non" répondit brusquement Zina. Elle soupira, excédée. "Ah, merde, manman, j'aime tout chez elle", grogna-t-elle à contre-coeur. Elle avait horreur de toute cette mièvrerie.

 

Cyrène sourit et gribouilla quelque chose sur le papier.

 

******

 

Il était presque 3 heures du matin. Zina avait à peine réussi à dormir depuis minuit, une fois sa mère partie. Néanmoins, elle était enfin entrée dans un stade plus profond d'inconscience quand un bruit soudain l'arracha brutalement à son rêve agréable dans lequel elle allait devenir la première femme quarterback de l'équipe des Broncos :

 

"FUMEE SUR L'EAU ! FEU DANS LE CIEL !"

 

Toute la maison vibrait au son de Deep Purple. Elle s'assit toute droite, les yeux exorbités. Elle tâtonna sous le lit à la recherche de sa batte de base-ball, bien qu'il soit douteux que les intrus fussent réellement des voleurs. Quand même, pensa-t-elle diaboliquement en soupesant la batte, je vais tuer n'importe quel connard qui se trouve en bas.

 

Au moment où elle bondissait hors de la chambre et s'approchait des escaliers, elle entendit un personnage monter lentement vers le sommet, oublieux de sa présence. Elle alluma soudainement les lumières de l'entrée.

 

Ed leva les yeux vers elle, sa casquette John Deere à l'envers et légèrement de travers sur le crâne. Bien davantage que légèrement parti, il vacillait sur les marches. "Z !" s'écria-t-il en guise de bienvenue. "J'espère qu'on t'a pas réveillée."

 

Grâce à ses grands bras, Zina le saisit par sa chemise en flannelle et le hissa en haut des dernières marches, jusqu'à ce que son visage grimaçant soit à quelques centimètres du sien. "Bordel de merde, qu'est- ce que tu fous ici ?" dit-elle dans son registre le plus grave.

 

"Hey, calme-toi ! On a ramené Gabby à la maison."

 

"On ?"

 

Elle le relâcha et il tituba contre les escaliers, pratiquement tombant jusqu'à ce qu'elle le rattrape. Il ricana. "Moi et Purdy. Ils sont en bas." Il regagna son équilibre et elle le relâcha précautionneusement. "Mais, faut qu'j'te dise, euh, j'ai eu un p'tit problème avec le camion, Z..."

 

Elle s'appuya contre la batte de base ball comme si c'était une canne et soupira, résignée. "Ne me dis pas que tu l'as encore démoli."

 

"Ben, non, pas exactement. J'ai heurté quelque chose."

 

"Un chevreuil ?"

 

Il hocha la tête négativement.

 

"Quoi ? Le chien de quelqu'un ? Un chat ?"

 

Encore une fois, hochement négatif.

 

Elle commençait à perdre patience. "Quoi alors, Ed ?"

 

"Une vache", murmura-t-il en s'excusant.

 

Elle l'attrapa de nouveau par la chemise. "Une vache ? Est-ce que Gabrielle va bien ?"

 

Il hocha la tête affirmativement.

 

"J'ai essayé de prendre un raccourci", gémit-il. "Ecoute Zina, faut vraiment que j'aille pisser."

 

Elle le relâcha de nouveau. "Alors, vas-y," grogna-t-elle, le poussant vers la salle de bain. Elle descendit les escaliers d'un pas lourd.

 

Elle vit les cheveux roux-blonds de Gabrielle étalés sur le bras du canapé. "Gabrielle?" Appela-t-elle doucement en s'approchant.

 

La jeune femme était recroquevillée dans une position foetale, serrant une verrine vide qui empestait la bière. Elle était en train de ronfler. Zina se saisit de la couverture en laine posée sur le dos du canapé et l'enroula autour du corps endormi.

 

Purdy se trouvait devant la chaîne stéréo qui jouait un air de guitare lorsqu'il aperçut Zina. "Hey, vieille branche !" cria-t-il, trébuchant dans sa direction. Il était encore plus parti qu'Ed. Il lui lança un bras autour des épaules. "On t'a ramené ta nana à la maison !" dit-il fièrement. Puis il rota.

 

"C'est super Purdy. Merci." répondit sincèrement Zina, tout en grimaçant en sentant les relents de son rot.

 

Soudain, il commença à pleurer et l'enlaça. "J't'adore, t'es ma copine !"

 

"Moi aussi, j't'adore" lui répondit-elle, à deux doigts d'exploser. "Maintenant, tire-toi."

 

******

 

Hélas, elle ne réussit pas à faire partir Ed et Purdy avant encore une heure ; elle se sentit obligée d'aider Ed à essuyer les traces de sang de vache étalés sur l'avant de son pick-up Ford (apparemment, son "raccourci" passait par les prés du fermier Draco). Il y avait une grosse bosse à l'avant, mais elle avait tout vérifié sous le capot et le moteur semblait marcher sans problèmes. Quand Ed fut assez sobre pour conduire, elle renvoya les garçons à leur domicile.

 

Gabrielle était toujours inconsciente sur le canapé quand finalement elle put se trainer dans son lit à 4h30. Elle avait envisagé de porter la jeune femme au lit, mais elle ne voulait pas troubler son sommeil. Et, franchement, elle était vraiment fatiguée et devait se relever pour aller travailler moins de trois heures plus tard.

 

Zina n'avait pas dormi depuis plus de deux heures lorsqu'elle sentit quelque chose de lourd s'étaler sur son corps. Une brise écoeuramment douce, qui avait l'odeur d'un sirop antitussif (ou plutôt de la Jagermeister, pensa-t-elle plus tard) glissa doucement sur son visage. Puis elle sentit quelque chose de chaud et humide contre sa joue, comme si un chien la léchait.

 

Elle ouvrit les yeux. Dans la lumière tremblottante de l'aube, elle devina le visage souriant de Gabrielle juste au-dessus du sien. "Ma quiche au potiron !" rota-t-elle joyeusement.

 

Zina ne savait pas si c'était un mot doux ou une envie.

 

"Gabrielle ?" murmura-t-elle, à moitié endormie.

 

"Bébé, j'suis vraiment désolée à propos d'hier. J'étais tellement jalouse. Je ne voulais pas du tout revenir à la maison, mais Ed et Purdy m'ont tellement saoulée que que je n'ai pas pu trop protester. Et puis j'ai lu ce que tu avais écrit sur le frigo.

 

"Hein ?"

 

"Tu sais bien !" elle frappa le bras de Zina de manière espiègle. Et Zina se souvint : sa mère avait collé le résultat de leur "session thérapeutique" - le message qui disait "Zina aime tout chez Gabrielle" - sur le frigo avec un magnet coca.

 

"C'est vrai" dit Zina. C'était vrai, et peu importe qui l'avait écrit, comprit-elle finalement.

 

"Je t'aime, ma tombeuse sucrée !"

 

******

 

 

Si tu veux la séduire

Tu vas devoir lui plaire

Avec un baiser au goût sucré

D'une grande et belle pompière !

 

"Incendie dans la maison de l'amour", interprété par Effie et les Amazones. Musique d'Effie Phantès, paroles de Gabrielle Hockenberry.

 

La gueule de bois était tellement atroce qu'écouter quoi que ce soit à la radio était horrible. Particulièrement Céline Dion. A entendre les vagissements à plein poumons de cette femme, Gabrielle avait l'impression au plus profond de sa conscience qu'on lui arrachait un ongle faisandé. Je crois que je comprends pourquoi Zina ne l'aime pas, pensa Gabrielle, en éteignant la radio d'une main pendant qu'elle se tenait la tête de l'autre.

 

Elle était assise à la cuisine, grimaçant sous l'effet du goût amer du café instantané, quand la sonnette se fit entendre.

 

Toujours en se tenant la tête, elle se dirigea vers la porte, habillée de son t-shirt marqué université du Comté d'Olympus et de son boxer-short uni et trop large qu'elle portait tout le temps quand elle restait à la maison.

 

Un homme élégant attendait à la porte, vêtu d'un costume et d'une cravate sombres. Ses longs cheveux noirs lui arrivaient aux épaules et il portait une barbichette. Il était très remarquable, pensa-t-elle, et vaguement familier. Son esprit se mit fébrilement en marche et sa gueule de bois diminua.

 

"Oh, mon DIEU", glapit-elle, le prenant par surprise, "vous êtes le chanteur vedette de Metallica, n'est-ce pas ??"

 

Ses yeux sombres s'écarquillèrent d'horreur. "Quoi ?" dit-il.

 

"Mais oui, c'est vous ! Ouah, c'est trop cool ! Vous êtes perdu, ou quelque chose comme ça ? Eh, ma copine ADORE Metallica ! Vous pourriez signer un autographe quelque part?" Avant qu'il ne puisse répondre, elle courut au salon et s'empara d'un de ses cahiers et d'un stylo. "OK, est-ce que vous pourriez écrire quelque chose du genre 'Zina, t'es une super gonzesse' et le signer ?"

 

Il leva les yeux au ciel. "Je ne suis pas le chanteur vedette de Metallica !" grogna-t-il. "Je suis Artie Guerre. Un vieil ami de Zina..."

 

L'excitation de Gabrielle disparut et fut remplacée par la méfiance. Ainsi c'était le tristement célèbre Artie. "Tu es le cousin de Zina", déclara-t-elle platement, ses yeux verts brillant de soupçons, "ou bien est-ce son demi-frère?" ajouta-t-elle de manière accusatoire.

 

"Personne n'a jamais pu le prouver," dit-il, agitant un doigt devant son visage. "Où est Zina ? Je veux lui parler."

 

"Elle travaille, tiens. Tu vois sa moto quelque part ?" Gabrielle indiqua les environs d'un bras.

 

"Ecoute jeune fille, ne prends pas ce ton avec moi. Je suis un ministre de Dieu" dit Artie fièrement.

 

Gabrielle émit un gloussement de doute.

 

"Tu peux bien rire autant que tu veux, femme de petite vertu, mais je sais que la nature de ta relation avec Zina est loin d'être pure."

 

"Pure ?" elle renifla de dédain. "T'es bien placé pour parler de pureté, Artie. T'as mis le feu à une maison et couché avec quelqu'un qui pourrait bien être ta soeur. Alors pas de leçon svp. J'aime Zina."

 

"Tu l'aimes assez pour la voir retourner en prison, mam'zelle ? Passque c'est ce qui va se passer, à moins que je puisse lui parler !" demanda Artie avec force.

 

"De quoi est-ce que tu parles, bon dieu ?"

 

"Zina a attaqué une de mes disciples, Callie."

 

"Conneries ! Cette pute dégénérée a agressé Zina !"

 

Artie haussa un de ses sourcils noirs. "Vraiment ?" demanda-t-il onctueusement. "Eh bien, qui crois-tu qu'un tribunal croirait - une disciple de Dieu ou une gouine avec un casier ?"

 

******

 

La seule chose que Zina savait, c'est qu'à un moment elle regardait une rediffusion des Simpsons, et puis tout d'un coup elle se retrouvait nez à nez avec l'abdomen de Gabrielle. Sa petite compagne, dans son effort pour attirer son attention, s'était plantée devant la télé. Cela voulait dire, au choix, trois choses :

 

1. Gabrielle était en chaleur (Ca m'étonnerait, pensa le pompier, remarquant la mine renfrognée de la jeune poétesse.)

2. Gabrielle voulait avoir une Discussion Sentimentale. (Encore, ce renfrognement. Nan, elle a toujours ce regard de cocker dépressif quand c'est le cas ; c'est pas ça.)

3. Gabrielle était en colère à propos de quelque chose (Ouais, je crois que c'est ça. J'ai laissé un autre poids traîner sur le sol quelque part ? Foutu de la boue sur le tapis ? Elle a finalement remarqué la trace de suie que j'ai laissée sur l'ouverture du litre de lait l'autre jour ?)

 

Zina était une femme courageuse et prête à assumer son destin. "Okay, qu'est-ce que j'ai fait encore ?" Elle soupira.

 

"Comment se fait-il," commença lentement Gabrielle, les mains sur les hanches, "que tous les gens avec qui tu as couché soit meurent soit deviennent dingues ?"

 

"Hein ?"

 

"Allez, dis-moi."

 

"C'est pas vrai. J'veux dire, J'ai couché avec Hank, et il est vivant et plutôt normal, tu ne crois pas ?"

 

"Bon, c'est l'exception à la règle, je suppose. Quoique qui sait, peut-être qu'écouter Effie et les Amazones 24h/24, 7 jours/7 le rendra dingue."

 

"... Et y' a eu Ed, et il est à peu près normal..."

 

Gabrielle cligna des yeux, encore sous le choc. "Ed ? tu as couché avec Ed ?"

 

"Juste une fois Gabrielle. Et c'était pour rendre Hank jaloux." Elle sourit d'une fierté toute penaude. "Et ça a marché, en plus".

 

Gabrielle gémit et hocha la tête. "J'ai rencontré Artie aujourd'hui, Zina."

 

"Artie ? Où ça ?"

 

"Il est venu ici, il te cherchait. C'est un sacré marteau."

 

"Tu crois pas si bien dire Sherlock. Qu'est-ce qu'y voulait ?"

 

"Il est très en rogne à cause de Callie. Il a raconté comment tu l'avais agressée et a dit qu'il allait porter plainte contre toi..."

 

Zina leva les mains au ciel (après avoir posé sa cannette de Rolling Rock sur le bout de la table), n'en croyant pas ses oreilles. "Très bien, laisse-les porter plainte ! J'ai rien fait de mal !"

 

"Il a dit que lui et Callie acceptaient de laisser le passé à sa place si tu venais à son show sur le câble. Il veut que tu viennes te repentir à la télé, que tu acceptes le Christ dans ton coeur, et que tu effectues des demandes de dons."

 

Les yeux bleus du pompier virèrent au bleu glace. Ce qui effrayait et excitait Gabrielle tout à la fois. "J'ai toujours su qu'on en viendrait là" grommela-t-elle.

 

******

 

Gabrielle attrapa le combiné du téléphone qui sonnait. "Bienvenue au Lieu de Perdition !" cria-t-elle en guise de bienvenue.

 

"Jesus H. Christ, t'en apprends de ces gros mots, à l'école" répondit Effie.

 

"Effie !" le hurlement grinçant résonna dans toute la maison, poussant Zina à grimacer et à grincer des dents, et toute une colonie de termites à abandonner les lieux. "Comment ça va bon dieu ! TU ME MANQUES !!!!!!"

 

"Ca va super, Gabbie chérie. Notre nouvel album sort la semaine prochaine, avec ta chanson dessus, bien sûr. Hank l'a adorée."

 

"Super. Comment ça va pour Polly et Sally ?"

 

"Ouille. Ca a été un peu dur ces temps-ci."

 

"Oh, oh. Qu'est-ce qui s'est passé ?"

 

"Eh bien, euh, promets-moi de ne le répéter à personne..."

 

"OK. Quoi ?"

 

"Bon, eh bien Sally a eu une aventure avec Wynonna Judd...."

 

"Non !"

 

"Oh, si ! C'a été sauvage. Mais elles ont réussi à arranger les choses."

 

"Comment ?" demanda Gabrielle, perplexe. Pony n'était pas parmi les créatures de Dieu les plus raisonnables.

 

"Eh bien, Pony a couché avec Wynonna, et elles ont décidé qu'elles étaient quittes".

 

"Je peux le dire à Zina ?"

 

"Oh, pas de prob. Je vois pas Madame Grande, Sombre et Renfrognée aller raconter ça partout."

 

Gabrielle aperçut Zina dans la cuisine, en train d'enfiler son blouson de cuir. "Eff, faut que j'y aille. Faut que j'aille aider Madame Grande, Sombre et Renfrognée à faire quelque chose."

 

"Et vous connaissant toutes les deux, ça a un rapport avec la chambre. OK, Gab, j'te parlerai plus tard."

 

Elle raccocha le combiné et courut à la cuisine. "OK, j'suis prête, on y va."

 

Zina lui jeta un regard vide de toute expression. "Gabrielle, je ne veux pas que tu viennes. Ca pourait devenir dégueu." Elle était en route pour rencontrer Artie chez Roy Roger, dans l'espoir de pouvoir parvenir à une solution à l'amiable concernant le problème Callie.

 

"Oh, non, canaille. Tu ne me laisses pas derrière. On est une équipe, tu te souviens ? Tu pourrais avoir besoin de moi. Et j'ai promis que je te soutiendrais toujours, peu importent les circonstances." Elle arrêta de parler et plongea son regard dans le regard bleu profond de sa chérie. "J'étais peut-être complètement défoncée quand je l'ai dit, mais ça tient toujours."

 

Zina lui accorda l'un de ses charmants sourires en coin. "OK, bébé."

 

"En plus, j'ai vraiment envie d'un Triggerburger."

 

******

 

Artie était assis à une table chez Roy. Son plateau était maculé des restes de son repas. Les bras croisés, il jeta un oeil à Zina et Gabrielle, qui arrivaient dans sa direction. Zina aspirait un milkshake et Gabrielle tenait un plateau recouvert de trois burgers et une grande frite.

 

Elles s'assirent en face de lui.

 

"Z'êtes en retard" grogna-t-il.

 

Zina haussa les épaules. Sa petite compagne affamée arracha le papier entourant un hamburger et entreprit de le dévorer.

 

"Mon Dieu, quelle sauvage", dit Artie d'une manière condescendante, observant les joues gonflées de Gabrielle.

 

"Ca suffit, Artie, arrête tes conneries. Gabrielle m'a dit ce que tu voulais. J'le ferai pas. J'suis désolée rapport au pied de Callie, mais c'était un accident."

 

"Tais-toi, Pécheresse !" Artie leva la main. "J'en ai assez de tes mensonges et de ta duperie, Zina. Tu as blessé un membre de mon troupeau. Une femme qui s'est révélée être d'une plus grande valeur que ce que j'aurais pu imaginer. J'ai une confiance tellement totale en Callie que je lui ai confié la direction de mon association pour anciens gay, Aide aux Homos"

 

******

 

Callie étendit la main et agrippa gentiment l'épaule du jeune homme. "Nous allons commencer doucement, pour commencer. Pas de nu pour l'instant. J'veux juste que tu aies une connaissance des formes féminines."

 

Le jeune homme, terrifié, hocha rapidement de la tête. Un minute auparavant, il était assis à son bureau de l'Association étudiante gaie et lesbienne au Centre étudiant de l'Université du Comté d'Olympus, et avant qu'il ne comprenne quoi que ce soit, cette gonzesse cinglée habillée en tailleur rose, et avec un gros plâtre au pied, rentre, le frappe sur la tête avec une grosse Bible noire, et il s'évanouit. Puis il se réveille dans cet étrange bureau avec cette gonzesse cinglée qui commence à tchatcher comme une folle, à lui dire qu'il allait être sauvé, qu'il devait changer sa façon de vivre, etc.. et il était attaché à une chaise, avec une corde qui lui cisaillait son torse étroit, ce dernier juste couvert d'un vieux t-shirt Absolutely Fabulous. Mon gars, si tu te retrouves en plus avec des marques de corde, Patrick va vraiment devenir suspicieux, il commençait à se tracasser.

 

La folle blonde, qui s'était présentée sous le nom de Callie, était assise sur le bureau, face à lui. Elle avait un tas de photos à côté d'elle. "Maintenant, il ne faut pas avoir peur... C'est quoi déjà ton nom, gamin ?"

 

"Chad", murmura-t-il.

 

"Chad ! Tu vois, pas étonnant que tu sois gay, avec un nom pareil. OK, Chad, respire à fond..."

 

Ce qu'il fit.

 

Elle leva une photo de Gillian Anderson, qui portait un soutien-gorge noir. "Regard bien tout, Chad. Ca te fait quelque chose ?"

 

Il regardait la photo.

 

"Parle-moi, Chad. Qu'est-ce que tu aimes chez elle ?"

 

"Euh... C'est un super soutif, qu'elle porte."

 

"T'aimerais en voir plus, hein ?"

 

"Ouais, j'aimerais la voir couverte de lingerie noire. J'suis sûr que ce serait une tenue super vicieuse. Mon ami Kevin prépare un diplôme de designer de mode..."

 

"Non !! Bon dieu, gamin, arrête de jouer les tantouzes et concentre-toi sur son corps ! Son visage ! Qu'est-ce que tu vois ?"

 

"Ils l'ont super bien maquillée. Son rouge à lèvres est tout simplement parfait. C'est un belle teinte pour elle."

 

"Tu fais ça exprès pour me rendre folle, petit morveux. Regarde-la! Elle est magnifique ! Regarde ces nichons ! Ils sont adorables ! Ils sont parfaits !" Callie jeta un oeil à la photo elle-même. Et devint comme hypnotisée. "Ils sont... Oh Seigneur, ils sont divins", gémit-elle. Vaincue une fois encore, elle enfouit son visage dans ses mains.

 

"Euh, Callie, c'est ça ?" s'aventura Chad gentiment.

 

"Ouais, quoi ?"

 

"Ma douce, je pense pas que ça marche. Ecoute, c'est la Nuit Gaie au Temple de Dahak. Pourquoi est-ce qu'on y va pas ensemble pour un dernier petit coup ?"

 

Elle leva les yeux.

 

"Les margaritas sont à moitié prix" ajouta-t-il plein d'espoir.

 

******

 

"Bébé, est-ce que ça va ?" demanda anxieusement Zina, tout en scrutant Gabrielle attentivement. A la mention de Aide aux Homos, la petite poétesse s'était mise à rire si fort qu'elle avait craché un hamburger à moitié mâché sur le plus beau costume d'Artie (de chez Sears) et était tombée de son siège, au plus fort d'une crise d'hystérie.

 

La réaction de Zina, étant donné sa personnalité, était plus silencieuse ; elle avait juste recraché un peu de son milkshake par le nez.

 

"Aide aux Homos", Gabrielle rigolait sans pouvoir s'arrêter.

 

"Qu'est-ce que ça a de si drôle ?" demanda Artie pendant que Gabrielle reprenait sa place à table dans le box.

 

"Je pense que tu devrais songer à changer ce nom, Artie," s'esclaffa Zina. "Est-ce que t'as eu beaucoup d'appels de gens qui voulaient savoir où se trouvait le bar homo le plus proche ?"

 

Artie l'observa, l'oeil soupçonneux. "Comment est-ce que tu le sais ?"

 

"Juste le hasard de la déduction".

 

"C'était le mieux que je pouvais faire, considérant les circonstances ! Néanmoins, Zina, j'ai Callie toute prête à porter plainte contre toi. Elle peut à peine se déplacer. C'est une blessure très sérieuse."

 

A ce moment ils virent, depuis leur box près de la fenêtre chez Roy, la Camaro rouge de Callie s'arrêter au feu. La blonde folle en profita pour se lever dans la voiture et dancer au rythme palpitant des Pet Shop Boys qui émanait de la chaîne stéréo de la voiture. Un jeune homme, assis à côté d'elle, fit la même chose. Le feu changea. Un pickup derrière eux klaxonna. Callie lui fit un doigt d'honneur. Après une autre minute de dance frénétique, elle mit finalement la voiture en marche et s'éloigna.

 

Le trio restait assis dans un silence étonné.

 

"C'était qui ce mec avec Callie ?" demanda Zina, à personne en particulier.

 

"Oh, on aurait dit Chad. C'est le président de l'association étudiante gay à l'OCCC," dit Gabrielle. Elle retourna joyeusement à son activité bourrative.

 

"Par les trompettes de l'Enfer," grommela Artie, "le Seigneur rend mon travail vraiment difficile, n'est-ce pas." Il lança un doigt en direction de Zina. "Je te rends responsable de tout ça, Zina. il est évident que la blessure à affecté son entendement."

 

Zina lui balança une frite.

 

"Fais gaffe au costume !" cria-t-il. "C'est déjà assez énervant que ta petite pétasse ait dégueulé dessus une vache à moitié bouffée !"

 

"Va te faire foutre, Artie" grogna Zina, d'un ton ennuyé.

 

"Tu entendras encore parler de moi !" Il se leva de son siège et partit.

 

Il se retourna à moitié pour jeter un dernier regard haineux à Zina et trébucha sur un seau et une serpillère mal placés. Il grogna et chancela.

 

"Mon vieux, on dirait Sidney Whiplash," se plaignit Gabrielle.

 

Le pompier rit. "Alors laquelle d'entre nous est Dudley Do-Right ?"

 

"Toi, évidemment, ma tombeuse adorée." Gabrielle s'arrêta. "Bien que tu sois plus intelligente que Dudley Do-Right... et pas autant que Goody-Two-Shoes. Tu es davantage un anti-héros classique."

 

"Un... quoi ?" Zina fit grimacer son visage anguleux. "J'suis pas sure que j'aime comment ça sonne."

 

"C'est une bonne chose, bébé. Fais-moi confiance. Je l'ai apprise à l'école."

 

"A l'école ? Tu apprends des trucs sur les dessins animés à l'école ?"

 

"Non," répondit Gabrielle avec arrogance, "j'apprends plutôt comment employer mes capacités d'analyse à d'autres champs de connaissance et de formes d'art."

 

"Merde, si j'avais su que l'université, c'était dope et dessins animés, j'y serais allée !"

 

"T'as pas besoin d'aller à l'université, bébé. Tu as déjà de nombreux talents."

 

Le pompier se rallongea dans son siège. "J'ai de nombreux talents", murmura-t-elle pour elle-même, bien que sa compagne extatique l'entendit également. "J'aime bien comment ça sonne".

 

LA FIN

 

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