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L'ECOLE KENNEDY

Page history last edited by PBworks 16 years, 11 months ago

L’école Kennedy

 

de Ladywarrior

 

 

 

 

 

Pas d’avertissement particulier pour cette petite histoire.

 

Ce texte est le mien et par conséquent les personnages et son contenu m’appartiennent.

 

 

 

 

Tara Price arriva tôt et se gara sur le petit parking de l’école. Elle attrapa son gobelet de thé et le journal du matin, posés sur le siège passager et descendit de sa Ford Mustang 1968 noire. Elle aimait sa voiture comme on aime un membre de sa famille, c’était son bijou et la chose la plus précieuse qu’elle possédait. Elle passa tant bien que mal son sac à main sur une épaule et se dirigea vers l’entrée de l’école élémentaire Kennedy où elle enseignait depuis quatre années maintenant. Elle était passionnée par son travail et être en compagnie de jeunes enfants toute la journée lui donnait le sentiment d’avoir une vie utile à quelque chose. Elle était institutrice auprès des enfants qui étaient au 2ème grade et prenait un plaisir sans limites à enseigner à ses petits bouts de choux les bases de la lecture, de l’écriture, des mathématiques et de la science. Ses journées à l’école étaient bien occupées et elle n’aurait changé de job pour rien au monde.

 

 

 

- Bonjour Melle Price. Lança le gardien en souriant en la regardant arriver avec un sourire affectueux.

 

- Bonjour Mr Fugushi, comment allez-vous ce matin ? Vos rhumatismes se sont arrangés pendant le week-end ?

 

- Oh, là, là, non, je suis resté coincé samedi en aidant ma petite fille à faire de la bicyclette. Ça me fait un mal de chien.

 

- Pourquoi ne pas être resté au lit aujourd’hui ? Vous y seriez sûrement mieux qu’ici.

 

- Et qui aurait été là si tôt pour vous ouvrir l’école ?

 

 

 

Tara ricana en secouant la tête et attendit que le gardien vienne lui ouvrir. Il boitait en se tenant le bas du dos et avait du mal à avancer.

 

 

 

- Bonne journée Melle Price.

 

- A vous aussi, et faites attention à ne pas vous blesser plus que cela.

 

- Je n’y manquerais pas. Répondit le vieux veilleur en lui ouvrant la porte pour la laisser passer.

 

 

 

Le vieil homme regarda s’éloigner la jeune femme non sans en profiter pour l’admirer avec un air rêveur. Elle était de taille plutôt moyenne, blonde avec les cheveux courts, des yeux verts clairs étincelants, un visage fin et crémeux, un corps mince et musclé qui révélait qu’elle s’entretenait, et elle portait toujours ce sourire charmeur qui lui ouvrait toutes les portes, quelles qu’elles soient. La jeune femme semblait affectionner de porter des jeans bleus délavés serrés et des chemisiers noirs qui épousaient son corps, et habillée ainsi, Mr Fugushi la trouvait vraiment ravissante. Il soupira pour lui même et retourna à sa lecture de la page des sports du journal.

 

 

 

Tara entra dans le bâtiment et fut aussitôt saisit par l’odeur habituelle de craie, de tableau noir, de vieux chiffons, typique d’une école. Elle aimait cette odeur, tout comme elle aimait cette école et les personnes qui y travaillaient. Mme Kruzewski, l’infirmière de l’école, Mr Carlosa, l’agent d’entretien, Mme Andrews, la secrétaire du directeur, et bien sure Melle Clary, la vieille documentaliste, tout ce petit monde constituait une petite famille pour elle qui n’en avait plus, ou presque plus, puisque sa sœur ne voulait plus entendre parler d’elle depuis qu’elle avait découvert Dieu, ne voulant pas être en contact avec un démon de l’enfer pervers sous peine de manquer le paradis promis. Tara, n’étant ni croyante, ni vraiment proche de sa sœur, avait juste haussé les épaules et continué son chemin.

 

 

 

Bientôt les premiers enfants arrivèrent dans la cour, la sonnerie retentit et une nouvelle journée de classe commença. A la pause déjeuner, Tara alla rendre visite à son amie, la vieille Melle Clary à la bibliothèque pour lui rendre le livre qu’elle avait emprunté et sortit dans la cour pour profiter du chaud soleil de cette fin de printemps avant de retourner à ses cours. Lorsque la sonnerie résonna à nouveau, les enfants entrèrent en rang dans l’école et rentrèrent dans leur classe respective. Tara allait fermer la porte quand un mouvement attira son attention. Un homme brun assez grand s’approcha d’elle en regardant partout autour de lui, il semblait plutôt nerveux.

 

 

 

- Je voudrais voir Josh Tanner.

 

- Bonjour à vous aussi. Belle journée n’est-ce pas ?

 

 

 

S’il y avait une chose que Tara ne supportait pas c’était l’impolitesse et les comportements cavaliers. L’homme la regarda un moment puis baissa les yeux.

 

 

 

- Oui, euh, excusez moi, bonjour, je dois voir Josh Tanner, c’est important.

 

- Et vous êtes ?

 

- Je suis son père, il faut que je le voie.

 

 

 

Elle le regarda de plus prés. Il avait à peu près la quarantaine, les cheveux et les yeux bruns, le crâne un peu dégarni. Son allure semblait être celle d’un sans abri, il portait un long manteau noir déchiré à certains endroits qui cachait le reste de son corps, ses mains étaient couvertes d’une paire de gants sales déchirés au bout de chaque doigt, et ses baskets marron foncé qui avaient dû être claires à une époque étaient complètement usées et trouées.

 

 

 

- Bien sure, qu’est-ce qui passe ?

 

- Ce ne sont pas vos affaires ! Répondit l’homme brutalement.

 

 

 

Tara recula instinctivement. L’homme semblait excité et en colère, et il commençait à faire les cents pas devant elle en regardant vers l’entrée de l’école, à l’extrémité du couloir.

 

 

 

- Josh est-il là ou non ?

 

- Monsieur, vous ne semblez pas dans votre état normal, peut-être que…

 

 

 

Soudain, sans qu’elle ait le temps de voir ou d’anticiper quoi que ce soit, l’homme passa une main sous son manteau et brandit un revolver juste devant son visage.

 

 

 

- La ferme, je veux voir mon fils !

 

 

 

Tara mit ses mains devant elle dans une tentative d’apaiser l’homme.

 

 

 

- Calmez-vous, je vous en prie, vous êtes dans une école élémentaire, il y a plein d’enfants ici.

 

 

 

La main qui tenait l’arme à hauteur de son front tremblait.

 

 

 

- Fermez la ! Pourquoi ne voulez vous pas m’amener mon fils ?

 

 

 

Du coin de son œil, l’institutrice vit le gardien, Mr Fugushi, s’approcher d’eux maladroitement en tenant lui aussi son arme de service. L’homme l’aperçut aussi et se retourna rapidement en tirant dans la direction de vieil homme qui s’effondra aussitôt. Tara cria de surprise et regarda le veilleur s’écrouler par terre avec terreur. Des cris résonnèrent dans l’école et une alarme se mit bientôt en route, provoquant un vacarme assourdissant. L’homme se précipita derrière elle et lui passa un bras autour de la gorge en brandissant son arme dans la direction des adultes sortis des salles de classe pour voir ce qui se passait.

 

 

 

- Ne bougez pas, si un seul d’entre vous essaie d’approcher, je lui fais sauter la tête.

 

 

 

Il appuya le bout de l’arme contre la tempe de Tara qui essayait de se dégager.

 

 

 

- Reculez, reculez tous !

 

 

 

L’homme recula dans la classe en agrippant toujours l’institutrice et claqua la porte devant eux, les enfermant ainsi dans la salle et les isolant du reste de l’école.

 

 

 

**********

 

 

 

- Lockwood, on a une urgence !

 

 

 

La grande femme, qui était en train de déguster ses nouilles chinoises en relisant un rapport, jeta sans réfléchir son déjeuner dans une poubelle proche et se rua sur le dernier tiroir de son bureau pour en sortir son arme de service qu’elle rangea dans le holster à sa taille.

 

 

 

- Qu’est-ce qu’on a ? Demanda-t-elle en enfilant sa légère veste en cuir noir tout en se déplaçant vers la sortie du commissariat.

 

- Une prise d’otage à l’école Kennedy. L’informa son partenaire en la devançant.

 

 

 

La femme s’arrêta et le regarda avec surprise.

 

 

 

- Mais il n’y a que des tous petits dans cette école, pourquoi là-bas ? Fit-elle remarquer.

 

- J’en sais rien, mais c’est pour ça qu’on ferait mieux de se magner, allez grouille toi !

 

 

 

Leur voiture banalisée démarra en trombe et ils quittèrent le parking sur les chapeaux de roue, suivis de près par d’autres véhicules de police, toutes sirènes hurlantes.

 

 

 

La circulation était quasi-inexistante en ce début d’après-midi et ils arrivèrent très vite devant l’école. Des policiers en uniforme étaient déjà en train d’évacuer les jeunes élèves qui étaient escortés par le personnel scolaire et assuraient la sécurité de leur sortie. Il y avait des cris et des pleurs parmi les enfants qui étaient complètement affolés face à l’urgence et à la précipitation imposées par les adultes.

 

 

 

- Nom de dieu ! Laissa sortir son partenaire en arrivant sur les lieux.

 

- Quelle est la situation ? Demanda la femme flic à un homme en uniforme qui s’approchait d’eux.

 

 

 

L’homme les salua et leur exposa rapidement les faits.

 

 

 

- Un homme armé est entré dans l’école il y a une dizaine de minutes. Il a tiré sur le gardien de l’école et s’est enfermé dans une salle tout au bout de l’école avec environ une vingtaine d’enfants et leur institutrice. Le gardien a déjà été emmené à l’hôpital, il est hors de danger.

 

- Est-ce qu’on sait ce qu’il veut ?

 

- Non, lieutenant, l’homme n’a pas encore pris contact et n’a fait aucune exigence. Nous n’avons aucune nouvelle depuis que le coup de feu est parti.

 

- A-t-il d’autres armes ?

 

- Nous l’ignorons pour le moment. Le directeur de l’école est là-bas, il attend que vous alliez l’interroger.

 

- Très bien, merci, sergent. Vérifiez toute l’école au cas où quelqu’un serait resté planqué quelque part, faites les sortir et disposez vos hommes tout autour de l’école en vous faisant discret, je ne veux pas qu’il panique en se voyant cerner, puis attendez nos consignes. Y-a-t’il un téléphone dans cette classe ?

 

- Oui, lieutenant, toutes les classes en sont équipées.

 

- Bien, trouvez moi le numéro et mettez la ligne sur écoute.

 

- Entendu.

 

 

 

Le policier les laissa et alla exécuter ses ordres.

 

 

 

- Quelle merde ! Moi qui pensais que la journée serait calme en arrivant ce matin. Dit son collègue en la suivant pour aller parler au directeur.

 

- On ne sait jamais comment peut tourner une journée, tu le sais pourtant. Ne jamais faire de supposition, tout peut arriver.

 

 

 

L’autre ne répondit rien et se contenta de soupirer.

 

 

 

- Monsieur ?

 

 

 

Un petit homme rondouillard, aux cheveux poivre et sel se tourna vers eux avec un air d’ennui sur le visage et un maintien un peu guindé.

 

 

 

- Oui ?

 

- Lieutenant Logan Lockwood, et voici mon partenaire, le lieutenant Rick Valenti. Les présenta-elle rapidement. Vous êtes le dirigeant de cette école ? Votre nom s’il vous plait ?

 

- Charles Mc Cutridge, et j’ai en effet la lourde responsabilité de mener cet établissement. Répondit le directeur avec un peu de condescendance, et en bombant le torse avec fierté.

 

- Mr Mc Couridge, racontez-nous ce qui s’est passé ?

 

 

 

Rick camoufla un sourire derrière sa main sous prétexte de tousser en entendant sa partenaire écorner volontairement le nom du dirigeant de l’école.

 

 

 

- C’est Mc Cutridge. Eh bien, j’étais après signer des courriers à destination de parents, oui, vous voyez, nous avons l’obligation de fournir aux parents les résultats de leurs enfants, semaine par semaine, ce fut décidé lors de la dernière réunion de parents d’élèves, je n’ai pas eu mon mot à dire dans tout ça, ce sont les parents qui dirigent les écoles de nos jours…

 

- Les faits s’il vous plait.

 

 

 

Le directeur la regarda avec exaspération.

 

 

 

- Donc, je faisais de la paperasse quand Mr Fugushi, notre gardien m’a appelé pour me signaler l’intrusion d’un indigent dans l’école.

 

- Un indigent ? Le coupa Logan, pas sûre de comprendre.

 

- Oui, vous voyez, un SDF, un clochard, de la vermine quoi, et il m’a dit qu’il allait à sa rencontre pour voir ce qu’il voulait. Peu de temps après, j’ai entendu le coup de feu et j’ai immédiatement appelé la police et exigé de l’aide.

 

 

 

Logan et son partenaire échangèrent un regard de dégoût.

 

 

 

- Avez vous une idée de qui il pourrait s’agir ? Demanda Rick.

 

- Etes-vous sérieux ? Bien sûr que non. Je ne connais personne de la sorte.

 

- Personne de votre personnel ne le connaît ? Demanda à son tour Logan qui se maîtrisait visiblement pour ne pas agresser le directeur.

 

- Comment le saurais-je ? Demandez leur.

 

- Combien y a t’il d’enfants dans cette classe ?

 

- Vingt mais il y a trois absents aujourd’hui.

 

- Et qui est l’institutrice ? Vous pensez qu’elle tiendra le coup ?

 

- C’est Tara Price, elle enseigne ici depuis quatre ans. C’est une jeune femme extrêmement compétente quoi que un peu caractérielle si vous voulez mon avis, je plains presque le preneur d’otage. Dit-il en ricanant froidement.

 

- Bien, merci, Mr Mc O’Curty.

 

 

 

Le directeur les laissa en leur lançant un regard assassin.

 

 

 

- Quel connard ! Dit Rick en le regardant partir. Il a le cul tellement serré qu’on pourrait y décapsuler une bouteille de bière.

 

 

 

Logan rigola et se tourna vers l’école en réfléchissant.

 

 

 

- Envoie des agents interroger le reste du personnel, si quelqu’un ici le connaît, je veux lui parler.

 

 

 

Rick se tourna vers un agent et lui donna les consignes, puis il ramena son attention vers elle.

 

 

 

- Dix-sept gamins Rick, Dix-huit en comptant leur prof, ça fait beaucoup de monde à la merci de ce type.

 

- Ouais, tu l’as dit, ça va vraiment être coton de les tirer de là. Répondit-il en suivant son regard.

 

- Espérons seulement que l’instit a du sang froid et la tête sur les épaules pour que les gosses…

 

 

 

Un coup de feu retentit soudain et l’empêcha de terminer sa phrase.

 

 

 

**********

 

 

 

La porte se ferma sur eux et le silence les entoura.

 

 

 

- Lâchez moi !

 

 

 

Tara essayait de se dégager de la prise de l’homme, sans succès.

 

 

 

- Melle Price ? C’est qui le monsieur ?

 

- Qui c’est ?

 

- Pourquoi il vous tient comme ça ? Ça fait mal ?

 

- C’était quoi ce bruit, j’ai peur.

 

- Du calme les enfants, du calme.

 

 

 

Elle essaya de calmer ses jeunes élèves du mieux qu’elle le pouvait vu sa situation. Elle sentit l’homme derrière elle se raidir et les tourner vers les enfants qui étaient au fond de la classe autour de tables mises en rond sur lesquelles se trouvaient toute sorte de dessins.

 

 

 

- Lâchez moi je vous en prie, cette classe est pleine d’enfants.

 

 

 

L’homme semblait hésiter et regardait entre les enfants qui commençaient à s’agiter et elle.

 

 

 

- S’il vous plait lâchez moi. Dit-elle doucement pour que seul l’homme l’entende.

 

- Melle Price, qu’est-ce qui y a ?

 

- Je peux aller faire pipi ?

 

- Timmy m’a pris mon dessin et il veut pas me le rendre.

 

- C’est pas vrai, c’était le mien et c’est toi qui me l’a pris.

 

- Tu mens !

 

- Si c’est vrai !

 

- C’est qui ce monsieur ?

 

- Je peux dessiner un cheval Melle Price ?

 

- Moi je veux faire un bateau comme ceux qu’on voit à la télé.

 

- SILENCE ! SILENCE ! FERMEZ LA TOUS ! Finit par hurler l’homme.

 

 

 

Plus un bruit ne sortit de la bouche des enfants et ils regardèrent tous leur institutrice avec des regards apeurés et curieux. L’homme lâcha enfin son otage et la poussa en direction des élèves.

 

 

 

- Faites les se taire ou je ne réponds de rien !

 

 

 

Tara se précipita vers les enfants et en prit le plus possible contre elle pour les protéger. Ils se rapprochèrent de leur maîtresse et se blottirent les uns contre les autres. Des sanglots et des pleurnicheries s’entendirent bientôt.

 

 

 

- J’ai peur !

 

- J’ai peur aussi.

 

- Moi aussi.

 

- Chuuuut les enfants, tout ira bien. Calmez vous et n’ayez pas peur, je suis là avec vous.

 

- Faites les taire je vous dis !

 

- A quoi vous attendiez-vous ? Ces enfants ont cinq ans, six ans tout au plus. Vous rentrez dans leur classe en tenant leur institutrice par la gorge et en pointant une arme, puis vous hurlez sur eux, alors à quoi vous attendiez-vous ? Je ne peux pas faire l’impossible !

 

- Taisez-vous, j’ai besoin de réfléchir et vos jérémiades m’en empêchent. Fermez la, fermez la tous.

 

 

 

L’homme se tourna en se massant les tempes, son revolver toujours à la main. Les premières sirènes de voitures de police s’entendirent dehors. Il semblait y en avoir des dizaines et toutes paraissaient s’arrêter devant l’école. Les cris et les bruits de pas résonnèrent dans les couloirs pour bientôt laisser place à un silence assourdissant. L’école était maintenant vide.

 

 

 

- Je veux juste voir mon fils.

 

- Je ne connais pas votre fils.

 

- Quoi ?

 

- Il n’y a pas de Josh Tanner dans cette classe, vous vous êtes trompé.

 

- Non, il est ici, sa mère me l’a dit.

 

- Et bien elle s’est trompée. Josh n’est pas un de mes élèves. Que vous a-t-elle dit exactement ?

 

- Elle m’a dit distinctement que Josh était dans la plus petite classe à l’école Kennedy et que si je voulais le voir je devais y aller moi même, qu’elle ne ferait pas le moindre geste pour m’aider, nous sommes séparés, vous voyez et…

 

- La plus petite classe ? Mais elle est de l’autre côté du couloir, vous vous êtes trompé de classe !

 

- Quoi ? Non, c’est impossible, vous mentez ! Dit-il en haussant la voix.

 

- Et pourtant c’est le cas ! répondit Tara avec agacement sur le même ton. Vous êtes dans la classe du deuxième grade et il n’y a pas de Josh Tanner avec nous alors laissez nous partir ! S’énerva-telle.

 

- Vous mentez, vous me mentez tous, vous, ma femme, mon avocat, tout le monde me ment. Je veux voir mon fils ! Hurla-t-il de plus belle.

 

 

 

Les enfants se recroquevillèrent encore plus derrière leur maîtresse et n’osèrent plus bouger.

 

 

 

- Peut-être qu’il ne veut pas vous voir !

 

 

 

L’homme paraissait avoir reçu un coup en plein visage. Il était manifestement au bord de l’évanouissement.

 

 

 

- Je ne vous connais pas, je ne vous juge pas. J’ignore pourquoi vous pensez que tout le monde vous ment, mais nous n’y sommes pour rien. Alors laissez nous partir maintenant avant que la police n’intervienne. Vous pouvez encore vous rendre et tout arrêter. Il n’est pas encore trop tard.

 

- Si, il est déjà trop tard, ils sont là, murmura-t-il, et ils ne me laisseront jamais sortir d’ici.

 

- Ils vous laisseront une chance si vous vous rendez tout de suite sans aggraver votre situation. Laissez nous partir, s’il vous plait. Supplia presque Tara.

 

- Oui, s’il vous plait monsieur. Dit une des enfants serrée contre elle.

 

- Laissez nous partir. Ajouta un autre gamin.

 

- On veut partir.

 

- Je veux ma maman.

 

- J’ai peur, il est méchant le monsieur.

 

 

 

Tous les enfants s’y mirent, et bientôt le bruit de leurs plaintes et de leurs pleurs remplirent la pièce.

 

 

 

- J’ai dit SILENCE !

 

 

 

L’homme leva son arme et tira une balle dans le plafond. Le calme se fit aussitôt, entrecoupé de sanglots et de reniflements que les enfants essayaient de maîtriser pour ne pas énerver à nouveau le grand homme si impressionnant et terrifiant. Tara s’installa par terre contre le mur du fond et rapprocha les enfants d’elle pour les réconforter.

 

 

 

- Alors qu’est-ce que vous allez faire de nous ?

 

- Je ne sais pas, je ne sais pas ! Arrêtez de me parler, arrêtez de faire du bruit. Vous me donnez tous mal au crâne, pour le moment je veux juste du silence.

 

 

 

L’homme s’approcha rapidement des fenêtres et baissa rapidement tous les stores comme si il venait enfin de se rendre compte de la situation dans laquelle il se trouvait. Il écarta discrètement deux lames de store et regarda dehors.

 

 

 

- Bon sang, il y en a partout. Dit il pour lui même.

 

- La police est là, vous devriez sortir pendant que vous le pouvez encore.

 

 

 

L’homme se tourna vers eux et pointa son arme vers l’institutrice. Un halètement général de surprise et de peur s’entendit.

 

 

 

- Je vous ai dit de ne plus me parler, alors fermez votre grande gueule une bonne fois pour toute ou je vous explose la tête !

 

 

 

Tara fit un vague hochement de tête pour lui signifier que cette fois elle avait compris, et qu’il n’aurait pas à le répéter une autre fois.

 

 

 

- Vous voyez que vous êtes capable de comprendre quand on vous le demande gentiment. Bon dieu, comment fait votre bonhomme pour vous supporter ?

 

 

 

Il se tourna à nouveau vers la fenêtre et se concentra sur ce qu’il voyait. Tara passa une main dans les cheveux ou posa une paume sur une joue à chacun des enfants réunis autour d’elle avec un sourire tendre pour les rassurer.

 

Le téléphone, accroché au mur à côté de la porte d’entrée, sonna et tout le monde ou presque dans la pièce sursauta.

 

L’homme regarda l’appareil avec suspicion et s’en approcha lentement comme si il pouvait être piégé. Il décrocha finalement après une vingtaine de sonneries.

 

 

 

- Allô ? Dit il prudemment.

 

- Allô, bonjour, à qui est-ce que je parle ?

 

- Euh… L’homme hésita un moment. Barry, je m’appelle Barry.

 

- Barry, je suis le lieutenant de police Lockwood. J’aimerais qu’on discute un peu tous les deux, ça vous dit ?

 

- Je n’ai rien à vous dire, laissez moi.

 

- Il y a eut un coup de feu, est-ce que quelqu’un est blessé ?

 

- Non, il n’y a rien et puis je vous dis que je n’ai rien à dire.

 

- Allons, tout le monde à quelque chose à dire, si ce n’était pas le cas nous ne serions pas tous ici pour résoudre cette situation.

 

- Je vous répète que je n’ai rien à dire !

 

 

 

Et il raccrocha brutalement le combiné.

 

 

 

**********

 

 

 

- Merde, il a raccroché.

 

 

 

Logan enleva le casque récepteur et le posa sur la console du camion des communications de la police avant d’en sortir.

 

 

 

- Tu n’as pas engagé le dialogue ? Qu’est-ce qui s’est passé, Il a blessé un gamin ou l’instit ?

 

- Il n’a pas insisté mais il a dit que ça allait. Il refuse tout contact pour le moment. Mais il aura bientôt besoin de nous, même si il ne le sait pas encore et à mon prochain appel, il me parlera.

 

- Comment peux-tu être aussi confiante ? Rick secoua la tête pour lui signifier son scepticisme.

 

- Cher partenaire, je le suis parce que je suis celle qui a suivi cette formation sur les situations d’urgence et les prises d’otages, et surtout parce que je fais confiance à ces gosses.

 

- Quoi ? Comment ça tu leur fais confiance, ce ne sont que des gamins, Logan, qu’est-ce que tu racontes ?

 

- Rick, que fait un enfant quand il a peur ?

 

 

 

Son partenaire réfléchit, conscient que Logan était tout à fait sérieuse.

 

 

 

- Eh bien, je dirais qu’il risque de pleurer.

 

- Exact, mais encore, qu’est-ce qu’un enfant ne peut maîtriser ?

 

- Je ne sais pas, ses rires, ses pleurs, tout un tas de choses en fait, mais viens en au fait, s’il te plait.

 

- Un enfant ne contrôle ni son estomac, ni sa vessie. Ce type a voulu prendre des gamins en otages mais je crois qu’il n’a pas conscience que c’est lui qui va bientôt avoir besoin de notre aide et à ce moment là, crois moi, il acceptera de me parler.

 

- Comment tu sais tout ça sur les gamins, t’en as eu un pendant le week-end ?

 

- Rick, j’ai trois neveux de trois, cinq et six ans, et je te jure que parfois, je suis vraiment heureuse de savoir que ce sont ceux de mes frères et pas les miens. De savoir que je vais rentrer tranquillement chez moi et les laisser à leurs parents me remonte le moral parce que, tu sais, j’adore mes neveux, mais au bout d’un après-midi, j’ai envie de les étrangler.

 

 

 

Logan tourna tout à coup la tête vers la rue, attirée par l’arrivée d’un véhicule au bout de la rue.

 

 

 

- Et merde, il ne manquait plus que les charognards pour que cette journée soit définitivement merveilleuse.

 

 

 

Rick regarda à son tour et vit une camionnette blanche de télévision se garer. Une deuxième, d’une autre chaîne, arrivait aussi et se garait plus loin.

 

 

 

- Lieutenant ?

 

 

 

Logan se tourna vers le sergent qui arrivait vers elle d’un pas rapide.

 

 

 

- Nous sommes prêts pour installer la micro-caméra.

 

- Bien, on arrive.

 

 

 

Elle se tourna vers son collègue.

 

 

 

- Je crois que c’est le moment de vérité, nous allons enfin savoir à qui nous avons affaire.

 

 

 

Ils remontèrent à l’intérieur de la fourgonnette. Chacun prit un siège devant toute une série d’écrans devant lesquels s’affairait un technicien de la police spécialiste du son et de l’image.

 

 

 

- On doit regarder quel écran ? Demanda Rick au technicien.

 

- Celui-ci répondit l’autre homme en leur montrant un grand écran en haut à gauche.

 

- Nous sommes en place et prêts à installer le matériel. Annonça une voix dans les talkies-walkies que Logan et Rick avait chacun à la main.

 

- Très bien, allez y. Ordonna la grande femme en répondant.

 

 

 

Ils patientèrent quelques instants et puis une image couleur terne d’abord floue, puis beaucoup plus nette, apparut sur l’écran qu’ils regardaient impatiemment. Le technicien s’efforçait de stabiliser l’image pour la garder la plus nette possible.

 

 

 

- Messieurs, je vous présente notre preneur d’otages. Dit Logan en fixant l’écran.

 

- Il a l’air nerveux. Remarqua Rick.

 

- Trop nerveux. Mais qui ne le serait pas avec près de cent cinquante flics à l’extérieur qui ne sont là que pour toi.

 

 

 

Un téléphone sonna quelque part dans la fourgonnette. Le technicien tendit le bras pour répondre et le passa à Logan.

 

 

 

- Lieutenant, c’est le capitaine Mendosa.

 

 

 

La grande femme leva les yeux au ciel et prit le combiné.

 

 

 

- Chef ?

 

- Lockwood ? Comment ça se passe vers vous ?

 

- Pour le moment nous maîtrisons les choses, le bâtiment est évacué, il n’y a plus personne à part le forcené et les otages. Nous avons essayé d’établir le contact avec lui mais ça a échoué. Nous venons d’installer une micro-cam, nous avons enfin une bonne vue de ce qui se passe à l’intérieur, et les équipes d’intervention sont en position. Pour le moment rien de mieux, rien de pire.

 

- Allez y prudemment Lockwood, ce sont des gosses que ce type retient avec lui. La moindre erreur et tout nous pète à la gueule.

 

- Nous allons faire notre possible pour que tout se passe bien chef, mais nous avons un problème, la presse est là.

 

- Bon sang, surtout pas de gaffes, Lockwood, et pas d’actions à la super héros dont vous êtes la spécialiste. Sinon je vous botterai les fesses moi même avant de vous retirer votre plaque, est-ce que je me fais bien comprendre ?

 

- Oui, monsieur.

 

- Très bien et n’oubliez pas, c’est votre opération, vous êtes la plus qualifiée pour cette situation, ne foirez pas tout. Et faites moi sortir ces gamins et leur institutrice de là. Appelez moi s’il y a un changement ou une complication.

 

- Entendu capitaine, je vous tiens au courant.

 

 

 

Elle raccrocha en soupirant et se tourna vers l’écran qui leur montrait la classe.

 

 

 

- Qu’est-ce qu’il a dit ? demanda Rick sans lâcher l’écran des yeux.

 

- Comme d’habitude, si je déconne il ne me ratera pas. Mais il me laisse gérer ici, alors je suppose que c’est à moi d’assurer.

 

 

 

Rick hocha la tête et se concentra sur l’image.

 

 

 

- C’est l’instit la petite blonde au-milieu des gosses ?

 

- Sûrement, je vois pas trop qui ça pourrait être d’autre.

 

- Elle a l’air super canon.

 

- Tu penses vraiment que c’est le moment de mater l’instit ?

 

- J’ai des yeux et ils sont faits pour voir. Désolé, mais ils agissent malgré moi. Oh ban sang, j’aurai adoré avoir une instit comme elle quand j’étais gamin.

 

- Et qu’est-ce que tu aurais fait, lui offrir ton nounours ? Les mecs ! Murmura Logan en quittant la fourgonnette, non sans un dernier regard vers l’écran. Elle y vit une image très nette de la femme qui avait la lourde tâche de s’occuper des enfants pendant cette prise d’otages et un petit sourire apparut sur ses lèvres. C’est vrai qu’elle était vraiment mignonne.

 

 

 

- Logan, attends, qu’est-ce qu’on fait maintenant ? Lui cria son partenaire du fourgon.

 

- On attend. Répondit elle en s’éloignant.

 

 

 

**********

 

 

 

Tara regarda discrètement sa montre. Une heure et demie, ils étaient tous là à attendre que l’homme prenne une décision depuis une heure et demie. Elle était vraiment étonnée et fière du calme des enfants. Ils semblaient avoir réalisé que la situation était différente des autres jours et qu’ils devaient rester tranquilles pour ne pas envenimer les choses.

 

 

 

- Melle Price ?

 

 

 

J’ai parlé trop vite, pensa-t-elle en soupirant mentalement.

 

 

 

- Qu’est-ce qu’il y a Lucy ?

 

- J’ai vraiment envie d’aller au petit coin. Chuchota la gamine.

 

- Moi aussi. Chuchota à son tour le petit Peter.

 

- Moi aussi.

 

- Moi j’ai faim, et j’ai soif. Dit un autre enfant.

 

- Moi aussi.

 

- Moi aussi Melle Price.

 

 

 

Et tous les enfants s’y mirent, leurs voix augmentant exponentiellement.

 

 

 

- Chuuuut, les enfants, il faut que vous soyez grands et que vous vous reteniez. Leur dit-elle doucement en regardant vers leur gardien.

 

- Mais il faut vraiment que j’y aille, Melle Price, je me retiens depuis trop longtemps. Insista Peter en se tortillant.

 

- Je sais Peter, mais on ne peut pas y aller. Tara fit signe du menton vers le preneur d’otages.

 

 

 

Tous les enfants baissèrent la tête de déception en jetant un regard vers l’homme debout à côté d’une des fenêtres et qui scrutait l’extérieur. Tara sentit son cœur se serrer en voyant ces petits bouts de choux faire preuve d’un tel courage et d’une telle patience malgré leur peur. Elle leur offrirait le monde si elle le pouvait mais pour le moment elle pouvait seulement essayer de convaincre leur ravisseur que les enfants avaient besoin de se soulager.

 

 

 

- Excusez-moi ?

 

 

 

Elle appela l’homme qui se tourna vers elle, encore plongé dans ses pensées.

 

 

 

- Certains des enfants ont besoin d’aller aux toilettes.

 

- Qu’ils patientent.

 

- Ils sont trop petits, ils ne peuvent pas se retenir longtemps. Si vous ne voulez pas que cette pièce empeste bientôt l’urine, je vous suggère de me laisser les emmener aux sanitaires.

 

 

 

L’homme se tourna à nouveau vers la fenêtre. Tara pensait qu’il allait juste continuer à les ignorer.

 

 

 

- Où se trouvent les sanitaires ? Demanda l’homme.

 

- Tout au bout du couloir, à gauche.

 

- Très bien, combien d’entre eux ont besoin d’y aller ?

 

- Eh bien, tous.

 

- Vous vous moquez de moi ?!

 

 

 

Et là les enfants firent ce que Tara n’aurait pu prévoir, ils demandèrent pour les toilettes tous en même temps, prouvant ainsi à leur ravisseur qu’elle disait vrai.

 

 

 

- SILENCE ! Cria encore le grand homme.

 

 

 

Plus un son ne sortit de la bouche des enfants.

 

 

 

- Très bien, vous allez les emmener deux par deux, à tour de rôle. Je ne vous donne pas plus de cinq minutes par trajet, si vous ne revenez pas à temps, je prendrais des mesures.

 

- Quel genre de mesures ? Osa demander la jeune femme.

 

 

 

L’homme prit un air menaçant en montrant son arme.

 

- Croyez moi, vous ne voulez pas le savoir.

 

 

 

Tara hocha la tête et se dégagea du groupe d’enfants.

 

 

 

- Très bien, je vais vous emmenez à tour de rôle aux toilettes. Ceux qui restent ici, restez silencieux. Je vous en supplie les enfants, ne faites aucun bruit, vous comprenez ? Ne donnez pas d’excuse au monsieur de crier, d’accord ?

 

 

 

Les enfants la regardèrent avec angoisse et hochèrent la tête.

 

 

 

- D’accord, je me dépêche de revenir, soyez sages.

 

 

 

Tara prit les mains de Lucy et Peter et les tira avec elle vers la porte d’entrée.

 

L’homme s’approcha et lui bloqua la porte.

 

 

 

- Surtout n’oubliez pas que les autres restent ici avec moi, ne vous égarez pas en chemin, compris ?

 

 

 

Tara hocha à nouveau la tête en serrant plus fort les deux petites mains dans les siennes. L’homme ouvrit la porte en prenant soin de se cacher derrière et les laissa sortir.

 

 

 

- Vite, vite, les enfants dépêchons nous. Les hâta Tara.

 

 

 

Et ils partirent en courant le long du couloir.

 

 

**********

 

 

 

Logan choisit de faire elle même le tour du bâtiment pour avoir une complète notion du lieu en tête. Rick lui avait dit que c’était inutile, que des policiers se chargeaient de cerner les lieux, mais elle avait refusé de l’écouter. C’était son opération et elle n’avait pas l’intention de commettre une erreur au moment d’une éventuelle intervention ou risquer de laisser filer leur gars parce qu’ils n’auraient pas repéré une issue de secours ou une sortie de cave. Elle avait laissé son partenaire en charge à sa place le temps de sa petite escapade, avec l’instruction de rappeler le preneur d’otages d’ici trente minutes pour voir s’il restait sur ses positions, même si Rick lui avait catégoriquement affirmé qu’il ne voulait pas du boulot. Mais elle savait qu’il agirait avec raison, il était presque aussi qualifié qu’elle pour ce genre de situation. Il avait juste raté le concours d’admission à la formation c’est tout.

 

Logan sourit en tournant au coin opposé de l’école. Ce bâtiment était vraiment très grand. Il était en forme de croix en plus, ce qui voulait dire de longs couloirs et des coins pour se cacher de partout. Elle fit signe à la dizaine d’agents présents là, prêts à intervenir, arme à la main, et se baissa pour avancer sous une fenêtre. Elle resta en-dessous et remonta doucement sa tête pour regarder à l’intérieur. Elle avait vue sur une aile de l’école. C’était un petit couloir qui menait à ce qui semblait être les bureaux de l’administration.

 

 

 

Elle fit signe à un agent d’approcher. L’homme arriva prudemment à côté d’elle sans un bruit.

 

 

 

- Avez-vous repéré une autre sortie ? Murmura-t-elle.

 

- Oui, lieutenant, il y en a une autre à une dizaine de mètres d’ici, vers la droite. C’est un escalier qui descend dans la chaufferie et qui remonte ensuite dans un cagibi, à côté des toilettes de cette aile.

 

- Très bien, merci. Surtout gardez vos positions, c’est calme pour le moment, mais tout peut arriver.

 

 

 

L’homme hocha la tête et retourna à son poste avec la même prudence.

 

 

 

Logan rejoignit l’escalier descendant et prit rapidement la décision qui, elle le savait pourrait certainement lui coûter son job si les choses tournaient mal. Mais elle ne supportait pas de rester sans rien faire d’autre qu’attendre que le ravisseur se décide. Elle emprunta l’escalier et poussa une lourde porte en métal qui s’ouvrit en grinçant légèrement, faisant jurer Logan en silence. Elle attendit un quelconque signe que le ravisseur l’avait entendu puis avança au milieu des machines et des tuyaux, arme en main. Elle arriva à l’entrée de la chaufferie et ouvrit une autre porte, en bois celle-ci, et emprunta les quelques marches qui l’amenèrent dans une espèce de grand placard où se trouvaient toutes sortes de matériaux de nettoyage. La porte d’entrée du placard était sans poignée. Logan jura mentalement à nouveau et regarda autour d’elle à la recherche de quelque chose qui pourrait lui servir à ouvrir la porte. Soudain elle entendit des pas venant dans sa direction. Elle se précipita derrière la porte et attendit en écoutant.

 

 

 

- Dépêchez-vous les enfants, nous n’avons pas beaucoup de temps. Je vous aiderai à vous rhabiller pour aller plus vite.

 

 

 

Les pas s’éloignèrent rapidement. Logan regarda par le trou de la serrure et ne vit rien de suspect. Elle trouva un large tournevis sur une étagère et le rentra dans le trou de serrure. Elle tourna le poignet et la porte s’ouvrit. Elle la retint d’une main pour l’empêcher de trop s’ouvrir et jeta un coup d’œil à l’extérieur. Rien à signaler. Elle suivit le bruit des voix et se retrouva dans les sanitaires de l’aile.

 

Personne à l’horizon. Une chasse d’eau fut tirée et une porte s’ouvrit. Logan se retrouva nez à nez avec l’institutrice qui poussa un petit cri de surprise. Elle lui mit vite une main sur la bouche en lui faisant signe avec un doigt devant ses lèvres de se taire. L’institutrice hocha la tête et attendit que Logan retire sa main pour pousser un soupir de soulagement.

 

 

 

- Vous m’avez fichue une trouille bleue. Chuchota Tara en étudiant avec suspicion la grande femme brune devant elle.

 

 

 

Elle avait des yeux magnifiques qui l’avalèrent, et elle en oublia presque le danger. Elle se secoua mentalement.

 

 

 

- Qui êtes-vous ?

 

- Je suis le lieutenant Logan Lockwood, de la police de Salinas. Et vous êtes Tara Price c’est ça ? Répondit Logan en chuchotant elle aussi.

 

- Oui, je suis le professeur des enfants pris en otages. Il m’a autorisé à les accompagner aux toilettes. S’il vous plait, dites moi comment va Mr Fugushi ?

 

- Le Gardien ? Il va mieux, on l’a déjà conduit à l’hôpital. Ce type ne sait apparemment pas très bien tirer. Dites moi, est-il agressif, est-il seul et savez vous de combien d’armes il dispose ?

 

- Il est plutôt nerveux oui, mais il est seul et je ne crois pas avoir vu une autre arme que son pistolet mais il porte un long manteau alors on ne voit pas grand chose.

 

- Et comment vont les enfants ?

 

- Très bien pour le moment mais il ne les supporte pas. Il recherche son fils, Josh Tanner. Mais il n’est pas avec nous, il s’est trompé de classe.

 

- Melle Price, j’ai fini. Dit Peter en sortant des toilettes. Qui c’est ?

 

 

 

Logan s’approcha de lui alors que Tara s’agenouillait devant lui pour lui rattacher son pantalon et s’accroupit. Logan s’accroupit à son tour.

 

 

 

- Salut mon grand, je m’appelle Logan et je suis de la police.

 

 

 

L’enfant écarquilla les yeux.

 

 

 

- Une vraie policière ? C’est géant ! Dit tout fort le petit Peter.

 

- Chuuut, lui dit Tara, ne parle pas trop fort Peter.

 

- Dis moi Peter, vous êtes bien dans la classe ?

 

- Oui mais le monsieur il est méchant, il arrête pas de nous crier dessus.

 

 

 

Lucy sortit à son tour des toilettes et alla vers sa maîtresse pour se blottir contre elle.

 

 

 

- Melle Price, j’ai peur, je veux pas y retourner.

 

- Il le faut petite, sinon, tes petits camarades seront en danger. Lui expliqua Logan, toujours accroupie à côté de Tara. Surtout ne dites pas que vous m’avez vue ou le monsieur sera encore plus en colère, vous comprenez ?

 

 

 

Les gamins hochèrent la tête et se blottirent de plus belle contre leur institutrice.

 

 

 

- Ecoutez, il faut qu’on y retourne, nous n’avons que cinq minutes et je ne veux pas laisser les enfants seuls avec lui trop longtemps. Mais je vais revenir tout de suite avec un autre groupe. Lui dit Tara en se relevant.

 

 

 

Logan les laissa partir et se cacha dans une des cabines pour attendre le prochain groupe. Elle entendit à nouveau des pas et releva les jambes, juste au cas où.

 

 

 

- Dépêchez vous les enfants, je vous attends ici.

 

 

 

C’était la voix de Tara et Logan sortit de sa cachette.

 

 

 

- Et vous, comment vous allez ? Demanda-t-elle à l’institutrice en la regardant avec sollicitude.

 

 

 

Tara se passa une main dans les cheveux en soupirant. Elle s’appuya contre le mur et regarda Logan à son tour.

 

 

 

- Je vais bien, mais c’est dur de calmer les enfants. Ils sont petits et ne comprennent pas ce qu’il se passe. J’ai du mal à les garder tranquilles.

 

- Continuez comme ça, nous faisons notre possible pour résoudre la situation. Faites le parler, essayer de le toucher en utilisant sa fibre paternelle, ça le fera peut être réfléchir.

 

- Je lui ai déjà conseillé de se rendre, il a hurlé. Je crois qu’il ne sait pas trop quoi faire.

 

- Oui, il ne semble pas avoir de plan, j’ai eu cette impression aussi, et ça le rend encore plus dangereux.

 

- Pourquoi ?

 

- Il est venu sur un coup de tête et ça le rend instable car pas préparé, et donc dangereux.

 

 

 

Tara regarda sa montre.

 

 

 

- Je dois y retourner. Les enfants ne dites rien de la présence de la dame d’accord ?

 

 

 

Les enfants hochèrent la tête et passèrent devant Logan.

 

 

 

- Je reviens. Dit Tara.

 

- Je vous attends. Répondit Logan.

 

 

 

Elles se regardèrent dans les yeux un moment et le groupe repartit.

 

 

 

**********

 

 

 

Quand Tara revint avec le quatrième couple d’enfants, le téléphone sonna.

 

L’homme lui fit signe d’entrer et de rester où elle était. Il prit le combiné et écouta.

 

 

 

- Barry ?

 

- Qui le demande ?

 

- Je suis le lieutenant Valenti, j’aimerai savoir comment vont les enfants ?

 

- Ils vont bien. Grogna le ravisseur.

 

- Ont-ils demandé quelque chose, à manger, à boire peut être ?

 

- Non, juste le petit coin. Ces mômes ne sont pas capables de s’arrêter de couiner pendant une minute.

 

- Avez vous besoin de quelque chose ? Répéta Rick, espérant qu’il mordrait à l’hameçon tendu.

 

 

 

Tara prit à nouveau tout un groupe d’enfants dans ses bras et les réconforta un peu. Certains tremblaient, d’autres reniflaient. Ils étaient vraiment mal et mourraient de peur.

 

 

 

- Melle Price, j’ai faim.

 

- Moi aussi.

 

- Moi, j’ai vraiment soif.

 

 

 

L’homme écouta la voix dans le combiné et prit un moment pour réfléchir. Les enfants se plaignaient de plus en plus.

 

 

 

- Très bien, faites nous parvenir à manger et à boire, ces gosses vont me rendre dingue à réclamer comme ça.

 

- D’accord, on va vous faire parvenir tout ça, mais en échange, il va falloir que vous montriez un peu de bonne volonté.

 

- Qu’est-ce que vous voulez dire ? Grogna-t-il encore en resserrant sa poigne sur le téléphone.

 

- Vous aurez le ravitaillement en échange de la libération d’un groupe d’otages.

 

- C’est hors de question ! Hurla-t-il.

 

- Allons, faites un petit geste. Il vous en restera d’autres. Ce sont des enfants, ils n’ont pas besoin de vivre tout ça. Si vous voulez ce que vous nous demandez, libérez des otages.

 

 

 

L’homme prit encore un moment pour réfléchir en regardant vers le groupe réuni au fond de la classe. Tara vit son regard sur eux s’adoucir un peu mais cette étincelle disparut rapidement et la dureté reprit la place.

 

 

 

- D’accord, j’en libérerai la moitié mais à une condition.

 

- Laquelle ? Demanda Valenti en soupirant de soulagement et en maudissant sa partenaire de ne pas avoir mené elle-même le dialogue.

 

- Je veux voir mon fils, faites le venir.

 

- Nous pouvons vous le montrer mais il ne rentrera pas dans l’école. Vous le regarderez à distance.

 

- Non, pas question. Il vient jusqu’ici ou je ne libère personne.

 

- Vous savez que c’est impossible, par contre nous pouvons faire en sorte que vous vous parliez. Vous pouvez l’avoir au téléphone.

 

- Mais je veux le voir !

 

- C’est ça ou rien. Répondit le flic d’un ton plus ferme.

 

 

 

Rick fit rapidement une prière pour n’importe laquelle des divinités l’écoutant pour que l’homme ne décide pas de raccrocher purement et simplement, et que la situation ne dégénère pas.

 

Le preneur d’otages regarda encore vers les enfants et hocha la tête.

 

 

 

- Entendu, faites le venir pour me parler au téléphone, donnez nous à boire et à manger, et je libèrerai la moitié des otages.

 

 

 

Rick pompa un poing de victoire imaginaire.

 

 

 

- Et pourquoi pas un peu plus ? Osa-t-il encore.

 

- Vous en demandez trop, lieutenant, ce sera la moitié et pas un de plus !

 

 

 

Puis l’homme raccrocha violemment, comme si en colère contre lui même d’avoir accepté la marché. Tara le regarda dans l’expectative.

 

 

 

- Ils nous apportent à manger et à boire. Après ça, la moitié pourra sortir, c’est le marché.

 

- Merci. Dit doucement Tara. Il y a encore des enfants qui ont besoin d’aller aux toilettes, je peux les y emmener ?

 

 

 

Le ravisseur hocha la tête pour donner son accord et s’approcha de la porte encore une fois pour lui ouvrir.

 

 

 

**********

 

 

 

- Lieutenant Lockwood ?

 

- Je suis là. Répondit Logan en sortant de sa cachette en regardant autour d’eux. Vous avez mis du temps, j’ai pensé qu’il ne vous laisserait pas sortir cette fois.

 

- Il était au téléphone avec un de vos collègues. Il va relâcher des enfants.

 

- C’est vrai ? S’étonna Logan en souriant. Je pensais qu’il n’écoutait pas un mot de ce que je lui racontais après chaque séance de formation, apparemment j’avais tort.

 

- De qui parlez-vous ? Demanda Tara qui ne comprenait rien.

 

- Mon partenaire, c’est lui qui a appelé. Bon, essayez de faire sortir les plus fragiles et les plus anxieux. C’est dur de choisir entre eux, je sais. Mais la moitié va sortir, vous serez plus tranquille pour vous occuper des autres.

 

 

 

Tara fit un signe d’accord et entendit les deux enfants s’approcher d’elles.

 

 

 

- Les enfants, pas un mot au monsieur sur la dame que vous avez vu dans les toilettes, d’accord ? Leur dit-elle en montrant Logan du doigt.

 

- J’ai l’impression d’être une dame pipi. Répondit Logan avec un sourire à son attention.

 

 

 

Tara lui rendit le sourire en la regardant de la tête aux pieds.

 

 

 

- Vous n’avez certainement pas l’allure d’une dame pipi. Lança-t-elle en s’éloignant.

 

 

 

Logan la regarda partir, gentiment surprise. Si je ne savais pas dans quelle situation nous sommes, je jurerais qu’elle flirtait avec moi.

 

 

 

Le même processus se déroula encore une ou deux fois, Logan ne comptait plus le nombre de fois où elle dut se dissimuler. A chaque fois, Tara arrivait en courant aux toilettes, discutait un peu de la situation avec elle et repartait le plus vite possible en traînant pratiquement les enfants de force derrière elle pour ne pas perdre de temps. Et à chaque départ vers le ravisseur, Logan sentait monter de plus en plus l’angoisse de la laisser y retourner. Quelque chose allait se produire. Ses tripes le lui disaient et elle avait toujours fait confiance à la partie de son anatomie qui lui sauvait généralement la vie, à savoir son instinct. L’institutrice revint encore, à bout de souffle. Elle s’appuya contre le mur à côté de Logan et ferma les yeux en essayant manifestement de reprendre un contrôle que Le lieutenant ne s’était pas rendu compte qu’elle avait perdu.

 

 

 

- Vous allez bien ? Demanda Logan avec inquiétude en la regardant dans les yeux.

 

- Il faudra bien. Répondit Tara en souriant d’un air las.

 

- Vous vous en sortez vraiment bien. Ces enfants ont de la chance d’avoir quelqu’un comme vous avec eux.

 

- Ouais, je suis merveilleuse. Ironisa Tara. Allez dire ça à leurs parents. Je n’ai pas été capable d’empêcher ce type d’entrer dans ma classe. Normalement, je suis censée protéger mes élèves contre ce genre d’événements, c’est mon rôle et j’ai échoué. Je m’estimerai heureuse si je ne perds pas mon job à la fin de cette histoire, et ça bien sûr ce sera si nous nous en sortons, car rien n’est moins sûr.

 

 

 

Logan s’approcha d’elle et lui posa une main sur l’épaule.

 

 

 

- Tout ira bien, je vous en fais la promesse. Je ne laisserai rien arriver à aucun de ces enfants ou à vous.

 

 

 

Tara leva les yeux pour la regarder à son tour, pas très étonnée d’y trouver un regard de compassion et de tendresse dans lequel elle accepta de se noyer complètement. Cette femme dégageait une telle assurance, qu’elle était contagieuse. Et surtout, elle avait envie de la croire. Cela faisait trop longtemps qu’elle n’avait pas accordé sa confiance à qui que ce soit, et elle avait vraiment très envie de faire confiance à cette grande femme aux longs cheveux noirs et aux yeux si envoûtants.

 

 

 

- Faites moi confiance, je vous sortirai de là. Ajouta encore Logan.

 

 

 

Elles restèrent ainsi un moment, à se fixer. Cette Mademoiselle Price était vraiment adorable. Et Logan fut soudain prise de l’envie de lui caresser la joue, mais elle se retint. Elles ne connaissaient pas et surtout ce n’était ni le lieu ni le moment pour ça. Tara, quand à elle, se sentait plonger dans une mer fraîche et limpide. Et elle se trouvait de plus en plus à se dire que cette femme un peu ténébreuse était vraiment très attirante.

 

Puis le charme fut rompu par une chasse d’eau et le bruit de petits pas. Tara se redressa tout de suite, un peu gênée de l’avoir fixé de la sorte.

 

 

 

- Je ne reviendrais pas, tous les enfants se sont soulagés.

 

 

 

Logan hocha la tête.

 

 

 

- Entendu. N’oubliez pas ce que je vous ai dit, faites sortir les gamins les plus fragiles. Et soyez forte pour eux, d’accord ?

 

- Je vais essayer. Répondit Tara avec peu de conviction.

 

- Ces gosses n’ont que vous, vous devez tenir pour eux. Je sais que vous pouvez le faire.

 

 

 

Tara hocha la tête et prit les deux petites mains tendues vers elle. Elle emmena les enfants hors des toilettes, avec un dernier regard vers Logan qui lui sourit en retour. Après un moment, Logan laissa sortir un énorme soupir.

 

 

 

- Allez Lockwood, bouge tes fesses, y’a encore du boulot à faire et une jolie fille à sauver.

 

 

 

 

**********

 

 

 

- Où en est la bouffe ? Demanda Logan en arrivant à proximité de la fourgonnette de la police.

 

 

 

Un des agents embusqué à l’arrière de l’école l’avait mise au courant des derniers détails de l’accord entre son partenaire et le ravisseur.

 

Rick se tourna rapidement vers elle. La colère inscrite sur son visage.

 

 

 

- Ne me mets plus jamais dans une merde pareille Lockwood, tu m’entends ? Ou je demande mon transfert.

 

 

 

Logan ricana en lui tapotant le dos.

 

 

 

- Tu t’en es sorti comme un chef. Tu as établi le dialogue et tu as négocié la libération de la moitié des otages, je trouve que tu patauges plutôt bien dans la merde.

 

- Arrête de déconner Logan, si j’avais foiré, tu crois que le boss ce serait posé la question de qui a merdé ? Non, il nous aurait tous les deux gentiment foutu à la circulation, sans chercher à savoir si tu étais la femme la plus imprudente et la plus irresponsable de la police de cet Etat. J’aime mon boulot Lockwood, et je n’ai pas…

 

 

 

Sa voix montait crescendo, et Logan décida d’une diversion.

 

 

 

- Du calme lieutenant Valenti, j’étais avec l’instit figure toi.

 

 

 

Rick resta sans voix et la regarda sans comprendre.

 

 

 

- Quoi ?! Mais qu’est-ce que…

 

- J’ai réussi à m’introduire dans le bâtiment jusqu’à hauteur des sanitaires, et là je suis tombée sur Melle Tara Price qui avait l’autorisation de notre gars pour emmener les enfants aux toilettes par groupe de deux. Elle tient le coup mais c’est dur. Je pense qu’elle est beaucoup plus effrayée que ce qu’elle laisse paraître.

 

- Qui ne le serait pas, enfin à part toi bien sûr, puisque même un flingue pointé sur toi ne te fait pas t’inquiéter le moins du monde.

 

 

 

Logan leva les yeux au ciel et monta dans la fourgonnette.

 

 

 

- Allez, arrête avec cette histoire. C’était une arme en caoutchouc, il n’y avait aucun danger réel.

 

 

 

Rick la suivit à l’intérieur.

 

 

 

- Oui, mais à ce moment là tu ne le savais pas. Ce barje aurait pu te faire sauter la tête.

 

- Mais il ne l’a pas fait alors arrête de ramener cette histoire sur le tapis, ça ne sert à rien.

 

- Du nouveau ? Demanda Logan à un technicien.

 

 

 

Celui-ci secoua la tête et se re-concentra sur un des nombreux écrans.

 

 

 

- Lieutenant, un journaliste de ABC insiste pour vous parler. L’informa un autre technicien présent.

 

- Aucun commentaire. Répondit Logan, les dents serrées.

 

- Mais il insiste vraiment, il dit qu’il connaît des gens haut placés…

 

- J’ai dit aucun commentaire.

 

- Bien lieutenant.

 

 

 

L’agent s’empressa d’obéir.

 

 

 

- Bien, j’ai demandé où en était la nourriture ? Continua-t-elle en se tournant vers son partenaire.

 

- Elle arrive.

 

- Qu’est-ce que c’est ?

 

- Des pizzas principalement, c’était le plus rapide.

 

- Et pour son fils ?

 

- Nous l’avons trouvé pas très loin d’ici avec sa mère qui avait été prévenue en même temps que les autres parents de l’évacuation de l’école. Ils attendent juste dehors.

 

- Parfait, bon boulot. Complimenta Logan en regardant vers l’écran de contrôle de la micro-cam.

 

 

 

Elle se concentra sur la forme de l’institutrice qui avait repris sa place par terre au fond de la classe, les enfants blottis à nouveau contre elle. Logan lui envoya un encouragement mental et sortit de la fourgonnette pour aller rencontrer le fils de Barry et sa mère, Rick sur les talons.

 

 

 

- Mme Tanner ?

 

 

 

Une petite femme rousse se retourna vers eux, son petit garçon serré contre elle.

 

 

 

- Non, je ne suis plus Mme Tanner depuis un an et demi. Mon nom est Barbara Collins et voici mon fils, Josh Tanner.

 

- Mme Collins, je suis le lieutenant Lockwood et voici mon partenaire le lieutenant Valenti. Madame, nous avons des raisons de penser que le preneur d’otages serait votre mari, Barry Tanner.

 

- Oui, c’est ce qu’un de vos agents m’a dit. Je ne sais pas quoi dire, je n’arrive pas à le croire.

 

- Madame, apparemment votre ex-mari était venu ici pour voir Josh. Pouvez vous nous dire ce qu’il s’est passé entre vous ? Ça nous aiderait.

 

 

 

La femme hocha la tête nerveusement puis passa la main dans les cheveux de son fils, apparemment pour se détendre, en lui souriant.

 

 

 

- Mon mari était psychotique. Quand je vois ce qu’il est en train de faire, je suppose qu’il l’est toujours et que son dernier traitement a échoué.

 

- C’est pour cela que vous vous êtes séparés ?

 

- Je l’ai quitté. Courageux de ma part n’est-ce pas ? Il était colérique et violent. Je ne supportais plus de ne pas être en sécurité dans ma propre maison. J’avais trop peur.

 

- Mais il existe des traitements pour permettre aux gens qui souffrent d’une telle maladie de vivre presque normalement. Intervint Rick, formulant tout haut ce que Logan pensait tout bas.

 

- Oui, ils existent mais encore faut-il que le malade accepte de les prendre. Barry a toujours refusé de s’y soumettre prétextant que les médicaments faisaient de lui un légume.

 

- N’y avait-il pas moyen de l’obliger à les prendre ? Continua Logan.

 

- Quoi, l’interner vous voulez dire ?

 

 

 

La grande femme hocha la tête.

 

 

 

- J’ai essayé, mais j’ai cru qu’il en mourrait. Je n’ai pas pu me résoudre à le laisser là-bas, alors je l’ai fait ressortir puis je l’ai quitté.

 

- Mme Collins, comment se manifestent ses crises ?

 

- L’agressivité principalement, il hurle et frappe sur tout ce qui bouge. J’avais peur qu’un jour il ne fasse plus la différence entre moi et mon fils.

 

- Est-ce qu’il vous frappait ?

 

- C’est arrivé plusieurs fois oui, et je refusais que cela arrive à Josh.

 

- A part être violent, comment sa psychose se manifeste-t-elle ?

 

- Il déteste le bruit, ça lui fait perdre tout contrôle. Il est aussi paranoïaque comme beaucoup de psychotiques, il voit des choses, des images qui le font partir ailleurs.

 

- Quoi, vous voulez dire comme une transe ? Demanda Rick.

 

- Non, je veux dire qu’il suit les images qu’il voit. Une fois, j’ai dû faire près de treize kilomètres pour le retrouver.

 

- Et a-t-il déjà agressé des gens, autre que vous ou votre fils ?

 

- Non, jamais. Il s’est énervé, a battu des poings, bien sûr, mais il n’est jamais passé à l’acte, comme s’il avait conscience que les gens à l’extérieur pouvaient lui faire du mal.

 

- Madame Collins, Barry veut parler à votre fils. Annonça Logan en se rapprochant.

 

 

 

La femme se recula en prenant son fils dans les bras.

 

 

 

- Je refuse. Je ne veux plus qu’il ait de contact avec Josh.

 

- Madame, votre ex-mari s’est mis dans une situation très compliquée. Il retient dix sept enfants ainsi que leur institutrice dans cette école. A force de patience et de dialogues avec lui, il a accepté de libérer la moitié de ses jeunes otages, à une condition, c’est de pouvoir parler avec Josh au téléphone. Expliqua calmement Logan à la mère qui semblait terrorisée.

 

- Nous avons besoin de votre aide Madame Collins. Laissez votre fils lui parler, s’il vous plait. Continua Rick.

 

- Je ne veux plus qu’il nous fasse du mal. Commença à sangloter la mère en étreignant plus fort son fils.

 

 

 

Logan s’approcha jusqu'à pouvoir passer une main dans les cheveux bruns du jeune garçon. Elle lui sourit doucement et l’enfant la regarda avec inquiétude.

 

 

 

- Nous ne laisserons rien arriver à votre fils, Madame. Vous avez près de cent cinquante policiers autour de vous dont le seul but est de protéger Josh.

 

 

 

La femme sanglotait toujours en serrant son fils, complètement paralysée par la peur de son ex-mari.

 

 

 

- Madame Collins, il y a autour de nous les parents de dix sept enfants qui attendent de pouvoir serrer leurs enfants contre eux comme vous le faites en ce moment avec votre fils.

 

- Est-ce qu’il le verra ? Demanda doucement la mère contre l’épaule de son fils.

 

- Non, pas si vous ne le voulez pas. Ce sera uniquement un contact téléphonique, et bien sûr vous, moi et une demi douzaine d’agents de police écouterons cette conversation. Il n’y a vraiment aucun danger, je vous assure.

 

- Pleure pas maman, dit le garçon pour la première fois, je vais parler avec papa et les autres enfants pourront rentrer chez eux.

 

 

 

Sa mère lui sourit en reniflant. Rick lui tendit un mouchoir jetable qu’elle accepta avec un hochement de tête.

 

 

 

- Merci Josh, tu es un petit garçon très courageux. Le félicita Logan en lui ébouriffant les cheveux avec un sourire.

 

 

 

L’enfant donna un baiser à sa mère et se serra à nouveau contre elle.

 

 

 

**********

 

 

 

- Très bien, il est temps de prendre des nouvelles de notre bonhomme. Dit Logan en regardant l’horloge électronique du tableau de bord de la fourgonnette.

 

 

 

Elle prit place dans un siège, devant tous les écrans de contrôle, mit le casque et attendit qu’un technicien lui donne le feu vert pour appeler. Elle le reçut, composa le numéro et attendit la tonalité. Rick et trois autres techniciens du son écoutaient également.

 

 

 

- Qu’est-ce que vous voulez ? Dit nerveusement Barry en décrochant au bout de plusieurs sonneries interminables.

 

- Nous voulons des nouvelles des enfants et de l’adulte. Dit tout de suite Logan sans tourner autour du pot.

 

- Ils vont bien.

 

- Ça c’est vous qui le dites. Je veux parler à l’institutrice.

 

- Hors de question.

 

- Alors il n’y a plus de marché entre nous. C’est à dire pas de nourriture et pas de coup de téléphone avec votre fils.

 

- Vous bluffez, vous n’allez pas laisser ces gamins mourir de faim.

 

- Et vous, vous n’allez pas prendre le risque de perdre un coup de fil avec Josh. C’est bien pour ça que vous êtes venu non ? Pour parler avec lui ?

 

 

 

Un moment de silence à l’autre bout du téléphone l’informa qu’il hésitait et réfléchissait au sérieux de sa menace. Un long moment s’écoula puis ils entendirent des bruits étouffés.

 

 

 

- Allô ?

 

 

 

C’était la voix de Tara. Logan sentit son cœur s’accélérer et se retint de sourire.

 

 

 

- Allô, Melle Price ?

 

- Lieutenant Lockwood, c’est bien vous?

 

- Oui, c’est moi. Comment allez-vous ?

 

- Ça va, le temps est long mais nous allons tous bien. Les enfants ont faim et ont hâte que de la nourriture arrive.

 

 

 

Logan se laissa aller à sourire cette fois. Rick la regarda, étonné par ce sourire béat. Il ne savait pas ce qu’il s’était passé dans ces toilettes mais il connaissait bien sa partenaire et savait reconnaître un sourire charmé quand il en voyait un, surtout de Logan, parce que cela n’arrivait vraiment pas souvent.

 

 

 

- Tenez le coup, le ravitaillement arrive. Avez vous choisi les enfants ?

 

- Oui, je vais garder avec moi les plus silencieux, c’est le maximum que je puisse faire. Choisir lequel doit rester ou partir est un vrai cas de conscience.

 

- Je sais mais vous avez bien fait. Nous faisons de notre mieux pour que ce ne soit plus très long.

 

- Je sais que vous faites ce que vous pouvez lieutenant, mais ne nous oubliez pas d’accord ? Vous me l’avez promis.

 

- Ne vous inquiétez pas, je tiendrai ma promesse. Repassez moi Barry.

 

 

 

Logan regarda autour d’elle pour voir les gars la regarder à leur tour.

 

 

 

- Qu’est-ce que vous regardez ?

 

 

 

Un peu gênés, les hommes détournèrent vite le regard pour se concentrer sur leurs postes respectifs. Elle grogna un peu et reprit la communication.

 

 

 

- Allô Barry ? Nous allons vous faire parvenir la nourriture.

 

- Je ne veux pas que qui que ce soit s’approche de cette porte.

 

- Alors comment faisons nous ? Nous devons vous l’apporter mais vous ne voulez pas que l’on approche, alors comment fait-on ? Expliqua tranquillement Logan en parcourant la fourgonnette en long et en large.

 

 

 

Encore le silence à l’autre bout du fil. Logan fit signe à Rick de se tenir prêt pour emporter les pizzas à l’intérieur. Celui-ci hocha la tête et sortit du fourgon bleu marine.

 

 

 

- Barry, vous êtes là ? j’attends votre proposition.

 

- Arrêtez de me parler, je réfléchis, et vous m’embrouillez à me parler tout le temps.

 

- C’est parce que nous n’avons pas le temps Barry, les enfants ont faim. Je vous propose quelque chose. Vous restez dans la classe et nous venons déposer des pizzas devant la porte, comme ça personne ne se croise, vous restez où vous êtes et nous, nous faisons juste le dépôt, qu’en pensez-vous ? Rapide et simple.

 

 

 

Encore le silence puis un soupir soulagé voire résigné.

 

 

 

- D’accord, je vous donne trois minutes, après j’ouvre la porte. La nourriture devra y être. Je ne l’ouvrirai plus après ça.

 

- Excepté pour laisser sortir les enfants, n’est-ce pas Barry ? Vous allez tenir parole ?

 

- Oui, oui, excepté pour laisser sortir les enfants. Répondit l’homme, complètement excédé au téléphone. Vous avez trois minutes à compter de maintenant.

 

 

 

Logan fit signe à un technicien qui changea de fréquence radio pour informer le lieutenant Valenti d’emmener les vivres dans l’école. Ses bras étaient encombrés de grandes boites à pizzas et il portait un sac à dos, remplit de bouteilles d’eau et de jus de fruits. Il disparut dans l’école rapidement et en ressortit quelques courtes minutes plus tard. Le technicien fit un signe à Logan.

 

 

 

- C’est bon Barry, c’est fait. De la nourriture et des boissons viennent d’être déposées devant la porte. Maintenant à vous de respecter votre part du marché. Faites sortir neuf enfants.

 

- Donnez moi cinq minutes.

 

- Pour quoi faire ?

 

- Le temps que l’instit rentre la bouffe dans la classe et habille les mômes pour sortir.

 

- Les habiller ? C’est inutile, nous nous occuperons d’eux.

 

- J’ai dit dans cinq minutes !

 

- D’accord Barry, je vous laisse cinq minutes pour vous organiser. Je rappellerai d’ici là.

 

 

 

Le contact fut coupé. Logan enleva son casque et sortit rejoindre son partenaire.

 

 

 

**********

 

 

 

- Bien, vous, levez vous. Ordonna-t-il à Tara en la pointant avec l’arme.

 

 

 

Les enfants commencèrent à protester en retenant leur maîtresse de toutes leurs petites forces.

 

 

 

- C’est bon, les enfants, n’ayez pas peur, je ne vais nulle part. Je vais juste ouvrir la porte et faire rentrer la nourriture. N’est-ce pas ? Demanda-t-elle à l’homme.

 

 

 

Celui-ci se mit derrière la porte, comme il l’avait fait à chaque fois qu’elle était sortit et lui fit signe d’approcher. Il ouvrit soigneusement la porte, prêt à refermer au moindre bruit suspect. Tara se baissa et ramassa les vivres, très consciente de l’arme pointée vers sa tête et recula dans la classe. Elle déposa son fardeau sur les tables occupées par les dessins et attendit une instruction de leur ravisseur.

 

 

 

- Qu’est-ce que vous attendez ? Donnez leur à manger, que je ne les entende plus geindre. Grogna-t-il en retournant vers la fenêtre pour vérifier l’activité à l’extérieur.

 

 

 

Tara ouvrit une première boite et détacha une part de pizza pour chacun. Elle était au jambon, fromage et poivrons.

 

 

 

- Melle Price, j’aime pas les poivrons. Se plaignit Susan.

 

- Alors enlève les. Répondit patiemment Tara.

 

 

 

L’enfant se renfrogna et se concentra sur sa tâche.

 

 

 

- Melle Price, c’est trop chaud, je me suis brûlé.

 

- Kévin, souffle dessus avant de mettre dans ta bouche. Répondit encore Tara avec douceur.

 

- Y’a pas un autre parfum ? Demanda Peter en lorgnant vers les cinq autres boites.

 

- Je ne sais pas Peter, je n’ai pas encore vérifié. A quoi tu l’aimerais ?

 

- Toute au fromage, avec plein de mosarena, ma maman en met plein quand elle fait une pizza.

 

- Mosarena ? Tu veux dire Mozzarella, c’est ça ? Rigola Tara devant tant de maladresse. Je vais regarder s’il y en a.

 

 

 

Tara regarda chaque boite mais il semblait que les policiers n’avaient pas beaucoup d’imagination, toutes les pizzas semblaient être au même goût. Peter fut déçu et se consola en mordant une grosse bouchée de la part devant lui.

 

 

 

- Melle Price, j’ai soif.

 

 

 

Toujours avec patience, Tara ouvrit une petite bouteille d’eau et la tendit vers le petit Billy.

 

 

 

- Je sais pas boire à la bouteille.

 

- Mais il n’y a pas de verre chéri, il faut que tu te débrouilles comme ça.

 

- Je vais essayer.

 

 

 

L’enfant approcha la bouteille et en renversa un peu sur le tee-shirt bleu qu’il portait, mais il réussit à boire à satiété.

 

 

 

- Vous n’en avez jamais assez ? Demanda finalement l’homme en les observant de son coin vers la fenêtre.

 

- Parfois, mais c’est rare. J’ai choisi ce métier et tous les matins, lorsque j’arrive à l’école et que je vois leurs visages confiants et souriants, je suis heureuse.

 

- Vous êtes très douce et très patiente avec eux.

 

- Merci, je fais ce que je peux étant donné les circonstances.

 

 

 

Le téléphone les interrompit. Barry poussa un petit cri d’agacement et se rua sur le combiné.

 

 

 

- Vous n’en avez pas assez de me déranger tout le temps, je veux la paix ! Hurla-t-il.

 

- Vous l’aurez lorsque vous aurez respecté votre part du marché. Nous avons un accord, vous vous souvenez ? Insista fermement la femme à l’autre bout du fil. Vous vouliez cinq minutes, vous les avez eues. Laissez sortir neuf enfants.

 

- Neuf ?

 

- Oui, la moitié de dix-huit, ça fait neuf.

 

- Il n’y a que dix-sept enfants, la dix-huitième, c’est l’institutrice.

 

- La moitié des otages, c’était notre accord. La moitié de dix-huit otages, ça fait neuf Barry. Il en restera neuf autres avec vous. Allez, cessez de discuter, et faites sortir les neuf enfants maintenant.

 

 

 

Barry raccrocha doucement le combiné.

 

 

 

- Préparez neuf enfants à sortir de la classe.

 

 

 

Tara fit s’approcher d’elle tous les enfants et s’agenouilla devant eux.

 

 

 

- Bien, les enfants, je veux que vous m’écoutiez bien. Neuf d’entre vous vont sortir. Je vais garder avec moi les plus silencieux, d’accord ?

 

- J’ai peur, Melle Price, je ne veux pas rester. Pleurnicha une gamine à sa gauche.

 

- Très bien Leïla, tu vas sortir.

 

- Moi aussi, je veux ma maman.

 

- Bien, toi aussi, Robbie, tu vas sortir. Répondit Tara en soupirant de défaite.

 

 

 

C’était vraiment trop dur de choisir. Elle aimait ces enfants comme si ils étaient les siens, et être obligée d’en garder avec elle lui brisait le cœur. Les enfants se mirent tous à pleurer et Tara en prit encore une fois un maximum dans ses bras pour les réconforter.

 

 

 

- Je sais que vous voulez tous sortir et que vous avez peur, mais vous ne pouvez pas. Le monsieur avec nous ne veut pas. Ceux qui allez rester avec moi, vous devrez rester calme et silencieux, qui peut le faire ?

 

- Moi je peux le faire Melle Price, je veux rester avec vous. Annonça fièrement le petit Peter en bombant le torse.

 

 

 

Tara lui sourit chaudement.

 

 

 

- Merci Peter, tu es très courageux.

 

 

 

Et devant ce compliment, six autres garçons décidèrent courageusement de rester aussi.

 

 

 

- Très bien, plus que deux. Il y a des volontaires ?

 

 

 

Silence. Aucuns des autres enfants ne se désignèrent.

 

 

 

- D’accord, alors je vais choisir. Répondit l’institutrice en essuyant une larme de tristesse tout en souriant à ses petits protégés. Lucy et Mina, vous restez avec nous. Ajouta Tara en retenant un sanglot.

 

 

 

Mina éclata en larmes et hurla en essayant de se dégager de la prise de Tara.

 

 

 

- Je veux aller voir ma maman et mon papa, je ne veux pas rester.

 

- Je sais ma chérie, mais tu le dois.

 

- Non, non, je veux partir.

 

 

 

L’enfant se débattait malgré les efforts de Tara pour la garder tranquille.

 

 

 

- Laissez là sortir. Coupa Barry d’une voix profonde.

 

 

 

Le silence se fit dans la classe.

 

 

 

- Vous m’autoriser à en laisser partir dix, c’est ça ?

 

- Choisissez en douze et qu’ils sortent. Je ne veux plus de bruit, ou je crois que je ne vais plus rien contrôler. Dit-il entre ses dents en la regardant avec des yeux dans lesquels Tara aperçut une folie nerveuse malgré son apparente retenue.

 

 

 

- D’accord, je vous remercie.

 

- Ne me remerciez pas, faites les juste sortir.

 

 

 

Tara acquiesça et joignit Mina, Lucy, et les petits Amadou, Eric et Lucas au groupe d’enfants près de l’entrée. Les gamins restant les regardèrent se réunir autour de leur maîtresse et des reniflements et des sanglots s’entendirent bientôt. L’homme s’approcha de la porte et attendit que le groupe s’approche.

 

 

 

- Accompagnez les jusqu’à l’entrée de l’école, je ne veux pas que ces pourritures de flics leur tirent dessus, ils en seraient bien capables. Vous avez deux minutes, juste le temps de les emmener, faire signe aux flics et revenir. Et surtout pas de surprises, ne vous arrêtez pas pour tailler une bavette avec eux, vu ? Je garde les cinq autres gamins avec moi, ne l’oubliez pas.

 

- Je ne risque pas de l’oublier. Précisa Tara en franchissant la porte devant les enfants.

 

 

 

 

**********

 

 

 

- Lieutenant, il est en ligne. Informa un technicien son.

 

- Merci. Répondit Logan en enfilant le casque récepteur. Allô ?

 

- Je libère douze enfants à l’instant même.

 

- Douze ? C’est généreux de votre part. Qu’attendez vous en échange des trois otages supplémentaires ?

 

- Rien du tout, j’ai fais ça pour avoir la paix. L’institutrice les amène, elle n’a que deux minutes alors n’essayez pas de lui bourrer le crâne avec vos conneries de flics, elle n’a pas le temps. Et vous, de votre côté, contentez vous de m’amener mon fils. La prochaine fois que mon téléphone sonne, je veux qu’il soit en ligne ou j’abattrai un otage. Fini les faveurs.

 

 

 

Et il raccrocha. Logan soupira en enlevant l’écouteur pour le poser sur la console de contrôle. Elle se passa les mains sur le visage pour réunir un peu ses idées. Ils étaient tous ici depuis maintenant cinq heures et les nerfs commençaient à être sérieusement mis à rude épreuve. Et l’obscurité à l’extérieur n’arrangeait rien, dans le noir, tout pouvait arriver.

 

Il avait accepté de relâcher douze otages au lieu de neuf, c’était un progrès, c’est sûr, mais Logan avait senti qu’il était à bout de nerfs lui aussi. Ce retournement de situation ne laissait envisager rien de bon, et son instinct continuait à lui hurler que quelque chose allait mal tourner.

 

 

 

- Lockwood ! L’appela Rick de l’extérieur du fourgon.

 

 

 

Logan sortit pour le rejoindre et suivit son regard vers l’entrée de l’école. Des formes apparaissaient. Elle courut à leur rencontre, comme d’autres flics avec elle, et ouvrit la double porte battante pour laisser passer les enfants. Les parents qui reconnaissaient leurs enfants commencèrent à crier et la foule alentour se réveilla de sa torpeur. Les premiers enfants sortaient, escortés par des agents vers les ambulances toutes proches, les parents sur leurs talons.

 

 

 

Logan vit Tara pousser doucement les enfants vers l’extérieur et se préparer à retourner d’où elle venait.

 

 

 

- Tara ! Appela-t-elle en la suivant dans l’ombre du couloir.

 

 

 

La jeune femme blonde se retourna et marcha à reculons lentement, Logan avançant au même rythme qu’elle.

 

 

 

- Tout sera bientôt fini, faites moi confiance, je vous sortirai de là. Mais soyez prudente, il a l’air au bord de la crise de nerfs.

 

 

 

Tara s’arrêta dans son avancée à l’envers et revint rapidement vers elle en la fixant du regard. Elle s’arrêta juste devant elle. Logan pouvait sentir son souffle frais sur sa gorge et se retint de tendre le bras pour l’attirer contre elle. Un regard vert marin, brillant comme une étoile la clouait sur place, l’engloutissant toute entière.

 

 

 

- Alors dépêche-toi. Dit l’institutrice avec un sérieux mortel.

 

 

 

Tara se retourna et se mit à courir en direction de la classe et de ses cinq derniers élèves qui devaient l’attendre avec anxiété. Logan la suivit du regard, une boule lui serrant la gorge. Quand elle ne vit plus la jeune femme blonde, elle repartit vers les otages libérés et se retrouva au-milieu d’un désordre incroyable. Des policiers et des infirmiers s’affairaient autour des enfants qui étaient encerclés par les parents, et essayaient de gérer les badauds, la presse et les familles. Logan retourna vers la fourgonnette, le seul lieu a peu près tranquille.

 

 

 

- Il en a libéré douze, soit ce mec ne sait pas compter, soit nous sommes des putains de chanceux. Lui dit Rick en regardant un père cajoler son fils, assis au bord d’une civière d’ambulance.

 

- Il sait compter, il perd patience c’est tout. Je pense qu’il se rend compte de ce qu’il est en train de faire et il essaie de limiter les dégâts sans risquer de perdre ce que nous lui avons promis.

 

- Parler à son fils ?

 

- Hum, hum. Mais cet homme est une bombe à retardement Rick, si on ne sort pas ceux qui restent très vite, il pourrait arriver un drame. Je le sens.

 

- Encore ton foutu instinct ? Demanda Rick en plaisantant.

 

 

 

Logan s’approcha nez à nez avec lui, le surplombant vu sa haute taille, et le regarda dans les yeux, le visage grave, sans qu’il ait eu le temps de bouger un cil.

 

 

 

- Ce foutu instinct nous a sauvé la peau à tous les deux plus d’une fois, n’oublie pas ça. Si je te dis qu’on doit faire vite, c’est qu’on doit faire plus que vite, cet homme est une pile électrique et je ne veux pas qu’il explose à la gueule des six personnes qu’il reste avec lui, tu me comprends ?

 

 

 

Rick hocha la tête, l’air soudain sérieux.

 

 

 

- Ok, là je te suis. Dit-il en déglutissant.

 

- Bien, maintenant il est temps de respecter notre deuxième part du marché et de le laisser parler à son fils. A mon avis tout se décidera après ça.

 

 

 

Logan rejoignit Barbara Collins et son fils.

 

 

 

- Madame Collins ?

 

 

 

La femme se tourna vers elle, clairement nerveuse.

 

 

 

- Il est temps. Lui dit Logan en leur faisant signe de monter dans le camion.

 

 

 

Ils pénétrèrent dans la fourgonnette bleue marine, qui était le centre névralgique de l’opération.

 

 

 

- Installez vous ici Madame Collins, nous allons vous donner un casque pour que vous puissiez suivre toute la conversation entre votre fils et votre ex-mari. Expliqua Rick en lui désignant un siège.

 

- Merci. Est-ce qu’il saura que je suis là ?

 

- Nous ne lui dirons pas si vous ne le voulez pas. Précisa Logan avec un sourire pour la rassurer.

 

 

 

Le petit Josh s’installa sur les genoux de sa mère. Logan s’accroupit devant lui, consciente de sa taille impressionnante pour un enfant.

 

 

 

- Josh, tu vas bientôt pouvoir parler à ton papa. Il est dans l’école pour le moment. Ecoute, je voudrais que tu fasses quelque chose pour moi, tu peux faire ça ?

 

 

 

L’enfant qui l’écoutait attentivement acquiesça de la tête.

 

 

 

- Je voudrais que tu lui demandes de laisser les autres enfants sortir. S’il ne veut pas, ne t’inquiète pas, ce ne sera pas ta faute. Tu comprends ce que je te demande ?

 

- Oui, je comprends. Tu veux que je demande à papa de laisser les enfants aller voir leurs mamans.

 

- Josh, ne tutoie pas le lieutenant Lockwood, c’est très mal élevé. Excusez le lieutenant, il est petit.

 

 

 

Logan rigola franchement.

 

 

 

- Non laissez le, ça ne me gène pas. Tu peux même m’appeler Logan si tu veux. Ajouta-t-elle à l’attention du garçon avec un clin d’œil.

 

 

 

Josh lui sourit de toutes ses dents et Logan rigola à nouveau en découvrant le trou laissé par une dent de lait manquante.

 

 

 

- Bien, Josh, tu vas mettre ce casque sur ta tête et tu parleras ici, dans le micro, d’accord ?

 

- D’accord.

 

- Ok, c’est parti. Agent Travis, composez le numéro, mais ne branchez pas l’enfant tout de suite, je veux lui parler d’abord.

 

 

 

Le technicien en question hocha la tête et composa le numéro de téléphone de la classe. Logan enfila son écouteur et attendit que Barry réponde.

 

 

 

- Allô ?

 

- Barry, votre fils est ici.

 

- Passez le moi tout de suite. Exigea l’homme à l’autre bout du combiné.

 

- D’abord Barry, j’aimerais vous remercier d’avoir libéré les enfants. Ils sont en bonne santé et ne semblent pas trop choqués. Vous vous êtes bien occupé d’eux.

 

 

 

Cette déclaration le prit totalement de court. Il se retrouva muet pendant quelques secondes.

 

 

 

- Euh, merci.

 

- Vous aimez les enfants Barry, ça se voit. Vous savez, un des gamins nous a dit que vous étiez gentil, vous pouvez croire ça. Se força à plaisanter Logan.

 

- Oui… Enfin non je ne peux pas le croire, c’est incroyable. Répondit l’homme en hésitant fortement.

 

- Barry, je vais vous passer Josh maintenant. Vous pourrez lui parler pendant quelques minutes. Et si on décidait tous les deux qu’après cette conversation avec votre fils, vous laissez sortir d’autres otages ? Qu’est-ce que vous en dites ?

 

 

 

Silence à l’autre bout du téléphone. Rick pointa son pouce vers Logan pour la féliciter. Utiliser sa fibre paternelle semblait le déstabiliser. Logan fit une grimace en retour à son partenaire, lui signifiant que rien n’était encore joué. Il pouvait perdre les pédales à tout moment.

 

 

 

- Barry, vous êtes toujours là ?

 

 

 

Surtout ne pas lui laisser trop de temps pour réfléchir. Se dit Logan en recommençant les cent pas dans le fourgon. Cela semblait manifestement l’aider à se concentrer.

 

 

 

- Oui, je suis là, je…Passez moi mon fils.

 

- Est-ce que vous allez laisser sortir d’autres otages après ?

 

- JE VEUX PARLER A MON FILS ! Nous avons un accord, je veux lui parler maintenant ! S’énerva soudain l’homme en hurlant dans le téléphone.

 

- D’accord Barry, ne vous énervez pas. Tenta de tempérer Logan.

 

 

 

Elle fit un signe de tête vers le technicien et celui-ci connecta les lignes de Josh et de sa mère.

 

 

 

- Allez y Barry, il vous entend.

 

- Allô ? Josh, c’est toi champion ?

 

- Oui papa, c’est moi.

 

 

 

L’homme se mit à pleurer au téléphone. Il renifla en tentant de se reprendre.

 

 

 

- Mon chéri, tu m’as manqué. Tu dois être grand maintenant, je ne t’ai pas vu depuis tes quatre ans.

 

- Toi aussi tu m’as manqué papa. J’ai cinq ans et demi et je vais à l’école et maman me dit que je suis grand pour mon âge et que je te ressemble.

 

- Elle a dit ça ?

 

- Ouais, elle dit aussi que je suis aussi têtu qu’une bourrique. Papa, c’est quoi une bourrique ?

 

 

 

Barry éclata de rire au-milieu de ses larmes.

 

 

 

- Une bourrique c’est un âne, ça ressemble à un cheval.

 

- Comme le cheval de Mr O’Connor ?

 

- Oui comme celui là. Parle moi de toi Josh, est-ce que tu fais du sport ? Tu aimes l’école et as-tu de bonnes notes ?

 

 

 

Le discours entre le père et le fils semblait ne plus pouvoir finir. Logan se sentit presque mal à l’aise d’écouter ainsi leur discussion. C’était leur intimité de père et fils, et elle se donnait l’impression de la violer. Mais les six derniers otages lui revinrent très vite à l’esprit. Le visage lumineux de Tara trotta dans sa tête et Logan eut tout à coup envie d’être près d’elle. Tiens, c’est étrange, ça ne m’est jamais arrivée auparavant. Se dit-elle, perplexe.

 

 

 

- Maman dit que je pourrais faire du Base-ball à la saison prochaine, j’adore ça. Mais l’école, j’aime pas trop. Ma maîtresse est méchante et elle sent mauvais de la bouche.

 

 

 

Barry éclata de rire, et toute l’équipe réunit dans la camionnette pouffa également. Même la mère de Josh, plutôt nerveuse de cette situation périlleuse sourit aux dires de son fils.

 

 

 

- Josh, mon fils, je t’aime tu sais, et tu me manques infiniment.

 

- Papa, c’est vrai que tu gardes des gens prisonniers ?

 

- Non, ils… Ils ne sont pas…Josh, qui t’a dit ça ?

 

- Les policiers. Ils disent que tu gardes l’institutrice de mon copain Eric et d’autres enfants avec toi, c’est vrai papa ? Tu vas leur faire du mal ?

 

- Euh, non, je… Je ne vais rien leur faire mon chéri, rassure toi. Je vais les laisser sortir.

 

 

 

Logan fit immédiatement un signe au technicien qui s’empressa de couper la communication du jeune garçon.

 

 

 

- Barry ?

 

- Qu’est-ce… Qu’est-ce que vous avez fait ? Où est mon fils ? FAITES LE REVENIR !

 

 

 

L’homme hurla à nouveau au téléphone et Rick enleva son casque pour ne plus supporter ses cris.

 

 

 

- Nous pouvons vous repasser Josh si vous le voulez.

 

- Oui, oui je veux lui parler, laissez le revenir.

 

- Moi je veux bien Barry, mais il faut que vous fassiez quelque chose pour nous en échange. Libérez d’autres otages. Annonça calmement Logan.

 

- Non, c’est hors de question. Si je les libère, plus rien ne vous empêchera de débarquer ici et de me mettre une balle dans la tête.

 

- Nous ne ferons pas ça. Si vous laissez partir vos derniers otages et que vous vous rendez, vous avez ma parole qu’aucun mal ne vous sera fait.

 

 

 

L’homme se tut un moment, réfléchissant à la nouvelle marche à suivre.

 

 

 

- Si je me rends, je vais aller en prison ?

 

- Eh bien, il y a de fortes chances oui. Mais il n’y a pas de victimes et le juge prendra en compte le fait que vous vous êtes rendu, il fera preuve de clémence. Vous pourriez sortir de prison d’ici trois ou cinq ans. C’est un bon marché Barry. Dans cinq ans, Josh sera encore un enfant.

 

- Mon fils aura presque onze ans dans cinq ans. J’aurai tout raté de son enfance.

 

- C’est mieux que de ne pas être là du tout, qu’en pensez vous ?

 

 

 

Encore un silence. Logan pouvait entendre un enfant pleurer derrière et la voix de Tara qui cherchait à le réconforter.

 

 

 

- Repassez moi mon fils, je veux encore lui parler. Demanda Barry d’un ton grave.

 

- Je regrette Barry mais vos minutes avec Josh sont écoulées. Si vous voulez lui reparler, il faut que vous libériez des otages. C’est à prendre ou à laisser.

 

- Très bien, vous le REGRETTEREZ ! Finit-il en hurlant encore.

 

 

 

Et il raccrocha brutalement.

 

 

 

- Merde ! Lâcha Logan en lançant son casque. Je le tenais !

 

 

 

Elle sortit énervée du fourgon, Rick sur ses talons.

 

 

 

- Logan, tu as été irréprochable, ne t’en prends pas à toi même.

 

- Rick, si j’avais été si irréprochable, les six derniers otages seraient en train de sortir. J’ai tout foiré en le poussant trop loin.

 

- Non, ce n’est pas ta faute. Ce type est barje, tu te rappelles, ses réactions ne sont pas logiques. Là où d’autres types auraient accepté de se rendre, lui voit une machination pour l’éliminer. Tu as fais du mieux que tu as pu, et à mes yeux, c’était exactement ce qu’il fallait faire.

 

 

 

Logan arpentait le trottoir comme un fauve en cage.

 

 

 

- Je me suis plantée, Rick, arrête de me trouver des excuses. Je n’aurais pas dû lui poser cet ultimatum, et tu le sais très bien. C’était trop tôt.

 

- Nom de Dieu Logan, ce type est là-dedans depuis plus de six heures. Nous avons cédé à toutes ses demandes, c’est quand pour toi le bon moment ?

 

 

 

Ils se criaient l’un sur l’autre au-milieu de la rue sans se soucier de la foule ou des journalistes.

 

 

 

- Le bon moment c’et quand le type accepte ton ultimatum parce qu’il était temps de le faire ! PAS QUAND IL ATTEND SON FILS !

 

- Qu’est-ce que c’est que ce merdier ?

 

 

 

Les deux partenaires se tournèrent vers la voix de leur patron pour le trouver face à eux, les oreilles dégageant de la fumée.

 

 

 

- Vous pouvez me dire pourquoi vous hurlez au-milieu de la rue des éléments concernant une enquête en cours ? Rentrez dans ce putain de fourgon avant que je ne vous foute à la circulation ! Hurla à son tour le capitaine Mendosa.

 

 

 

Les deux lieutenants obtempérèrent sur le champ. Leur chef les suivit dans le véhicule et ferma soigneusement la porte en métal derrière lui.

 

 

 

- Maintenant est-ce que l’un d’entre vous va m’expliquer pourquoi vous hurliez comme ça ?

 

- Le lieutenant Lockwood s’en veut que notre type n’ai pas mordu à l’ultimatum que nous lui avons lancé, et je lui expliquais qu’elle n’y était pour rien.

 

 

 

Il se tourna vers son boss.

 

 

 

- Elle a mené ces négociations d’une manière irréprochable. Mais elle n’est apparemment pas du même avis.

 

- Ça non, je ne suis pas d’accord. A cause de moi, nous avons peut être perdu nos dernières chances de communiquer avec lui. Capitaine je me rends compte que j’ai failli et je vous demande d’accepter ma…

 

- Lieutenant Lockwood, notre gars vient d’appeler. Il nous dit de regarder par la fenêtre dans la classe avec nos jumelles. Dit un technicien son en se tournant vers eux avec trois paires de jumelles.

 

 

 

Ils se précipitèrent dehors et observèrent tous à l’intérieur de la classe dans l’angoisse la plus totale. Les stores avaient été relevés mais il faisait très sombre. Les tireurs d’élite postés sur les toits voisins ne pouvaient certainement rien voir. Logan sentit ses tripes faire des nœuds et elle faillit vomir sur place.

 

 

 

- Je ne le sens pas. Ça va mal finir. Dit-elle entre ses dents.

 

- Je suis d’accord, j’ai un mauvais pressentiment moi aussi. Répondit Rick.

 

- Il était temps. Commenta Logan en resserrant sa prise sur les jumelles.

 

 

 

Un store fut relevé. Barry apparut dans l’encadrure de la fenêtre. Il tenait Tara par la gorge devant lui, face à eux.

 

Logan manqua une respiration en découvrant ce qu’il se passait. Elle baissa ses jumelles et se mit soudain à courir comme une folle vers l’école.

 

 

 

- Lockwood, qu’est-ce que vous faites ? Lui cria son boss.

 

- Il va la tuer, il faut intervenir. Cria-a-t-elle en retour en sortant son arme de son étui.

 

 

 

Et elle courut le plus vite qu’elle put. Mais malgré ses efforts, elle vit bientôt la corps de Tara tomber à terre en même temps que retentissait le bruit assourdissant d’un coup de feu.

 

 

 

- NOOOOOOON !!! Hurla-t-elle en pénétrant dans l’école telle une furie.

 

 

 

Elle entendait les pas de Rick et d’autres policiers derrière elle mais ils étaient loin, trop loin pour l’aider ou pour l’empêcher de faire ce qu’elle s’apprêtait à faire.

 

 

 

 

**********

 

 

 

Tara entendit leur ravisseur raccrocher violemment le téléphone. Il semblait hors de lui. Dans l’obscurité de la classe, elle le vit faire les cent pas en regardant dans leur direction fréquemment. Il refusait d’allumer la lumière pour avoir une meilleure couverture. Il savait que si les lumières étaient éclairées, il deviendrait une ombre que les snipers de la police ne manqueraient pas de repérer.

 

 

 

- Melle Price, c’est quand qu’on peut rentrer chez nous, je suis fatigué.

 

- Je sais Billy mais ce ne sera plus très long maintenant. Enfin je l’espère continua-t-elle mentalement.

 

- Je peux dessiner ? Demanda Aaron.

 

- Oui mais ne fait pas de bruit.

 

- Moi aussi je veux dessiner.

 

- SILENCE ! FERMEZ LA ! JE NE VOUS SUPPORTE PLUS !

 

- Alors laissez nous partir. Osa demander Tara. Nous non plus nous ne supportons plus cette situation. Les enfants sont fatigués et ils ont peur.

 

 

 

L’homme la regarda soudain avec intérêt, une lueur de folie apparaissant au coin de son œil qui glaça le sang de Tara.

 

 

 

- Et vous, Melle…Price ? Etes-vous fatiguée de tout ceci ? Lui demanda-t-il d’une voix sirupeuse en s’approchant d’elle.

 

 

 

Tara hésita à répondre. Les enfants se blottirent instinctivement contre elle dans un besoin de la protéger elle aussi.

 

 

 

- Oui, je le suis un peu. La journée n’a pas été facile. Dit-elle en le suivant des yeux.

 

 

 

Il se rua soudain sur elle et l’attrapa par le col de sa chemise noire. Il la mit debout et la tira avec lui vers le téléphone.

 

 

 

- Non, monsieur, s’il vous plait, ne faites pas de mal à notre maîtresse. Dit Peter en se jetant contre son institutrice pour l’empoigner.

 

 

 

Les autres garçons firent de même et Barry se retrouva à tirer derrière lui toute une équipe d’écoliers.

 

 

 

- Dégagez bande de morveux ou je tue votre institutrice sur le champ.

 

 

 

Barry s’était arrêté et pointait maintenant son arme sur Tara qui pâlît immédiatement. Les enfants la lâchèrent sans quitter des yeux leur ravisseur.

 

 

 

- Très bien, vous voyez que vous pouvez être gentils quand vous le voulez.

 

- On ne le fait pas pour vous. Grogna le petit Peter.

 

- On obéit parce qu’on ne veut pas que vous lui fassiez mal.

 

- Oh elle n’aura pas mal, je vous le promets.

 

 

 

Tara essayait de se dégager mais la prise de l’homme sur sa chemise était trop forte. Il faisait presque deux fois sa taille, elle se débattait pour rien et elle le savait. Mais elle continuait en espérant qu’il se fatiguerait. La lueur qu’elle avait vue dans ses yeux ne lui disait rien qui vaille et elle ferait tout pour qu’il la lâche.

 

Mais il ne céda pas. Il attrapa le combiné et fit un numéro au hasard, sachant très bien que la police serait au bout du fil.

 

 

 

- Dites à votre salope de chef de regarder ici ce qu’il se passe, donnez lui des jumelles au cas où elle serait bigleuse, je veux qu’elle ne rate rien.

 

 

 

Il raccrocha et emmena Tara vers la fenêtre. Il la plaça devant lui et ouvrit un store.

 

 

 

- Regardez, ils ne sont là que pour vous. Et ils vont avoir ce qu’ils veulent.

 

 

 

Barry leva son arme et la posa sur la tempe de Tara. Celle-ci tenta encore plus fort de bouger, apeurée et sentant le danger jusque dans ses veines mais la prise sur sa gorge se resserra encore. Elle ne pouvait plus respirer. Elle ferma les yeux et envoya un message d’amour à tous les gens qui comptaient pour elle. Elle entendit le barillet tourner et retint sa respiration. Un bruit sourd résonna dans toute l’école et elle sentit une douleur atroce à côté de son sein droit. Elle essaya de crier mais la douleur lui fit bientôt perdre conscience et elle s’effondra au sol, face à terre.

 

 

 

- ESPECE DE PETIT MERDEUX ! JE VAIS TE TUER ! Hurla Barry au petit Peter.

 

 

 

L’enfant lui avait sauté sur le dos au moment où il s’apprêtait à tirer, l’empêchant ainsi de tuer son institutrice. Il lui avait fait rater son coup.

 

Peter courut vers la porte et l’ouvrit au moment où le tir d’une balle éclatait dans le mur à côté de lui. Il sortit de la classe en trombe et prit la direction des bureaux sans regarder derrière lui, Barry le poursuivant.

 

 

 

Logan arriva dans la classe à pas de loup. Elle jeta un coup d’œil pour découvrir que leur preneur d’otages n’y était plus. Elle entra prudemment et se précipita vers le corps sans vie de Tara qui reposait dans une mare de sang. Elle la retourna et prit rapidement son pouls. Un battement, puis deux. Le soulagement faillit la faire s’évanouir. Elle inspecta la blessure sanguinolente et laissa sortir un soupir de contentement en découvrant que la blessure n’avait touché aucun organe vital.

 

Rick et les autres flics arrivèrent aussi. Il vit la situation et se tourna vers les hommes derrière lui.

 

 

 

- Appelez une ambulance. Dit-il à un agent qui s’empressa de prendre son talkie-walkie pour exécuter son ordre.

 

 

 

Les enfants étaient serrés les uns contre les autres au fond de la classe et Rick dut approcher lentement en leur parlant pour ne pas les effrayer plus qu’ils ne l’étaient déjà.

 

Logan les regarda attentivement.

 

 

 

- Il en manque un.

 

- Quoi ?

 

- Il manque un gamin. Où est-il ? Demanda-t-elle à un des jeunes garçons.

 

- Il…il…il a empêché le monsieur de tu…tuer Melle Price et il s’est enfui. Le méchant monsieur l’a suivi dehors, par là. Bégaya le gamin, complètement choqué en montrant la direction prise par l’autre enfant.

 

 

 

Logan reprit immédiatement son arme et s’approcha de la porte.

 

 

 

- Faites sortir ces gosses d’ici et bouclez le périmètre, si notre homme revient faites une sommation puis tirez à vue. Ordonna-t-elle à un agent qui hocha la tête. Rick, amène toi.

 

 

 

Et elle s’élança dans le couloir consciente de la présence de son partenaire juste derrière elle. Ils avancèrent doucement le long du couloir, vérifiant chaque porte et chaque classe. Ils arrivèrent à hauteur des sanitaires. Ils s’arrêtèrent chacun du côté du mur. Logan fit un signe à son partenaire et ils rentrèrent tous les deux dans la pièce claire, armes prêtes à tirer. Ils avancèrent côte à côte, en inspectant chaque recoin, chaque cabine. Il n’y avait personne.

 

Ils ressortirent et continuèrent leur chemin plus rapidement cette fois. Il n’y avait plus de classe. Dans cette aile de l’école, il n’y avait plus que les bureaux de l’administration. Logan se posta du côté gauche et Rick du côté droit et ils avancèrent ensemble vers l’unique porte à l’extrémité du couloir. Ils se mirent chacun d’un côté du mur et Rick ouvrit prudemment la porte. Un signe de tête de Logan et ils s’engouffrèrent dans la grande pièce. Il faisait très sombre. Ils étaient de l’autre côté du bâtiment, les projecteurs des voitures de patrouille n’éclairaient pas ici. Ils examinèrent la pièce de fond en comble et se retrouvèrent devant le bureau du directeur. Il ne pouvait être qu’ici.

 

 

 

- Barry, vous m’entendez ?

 

 

 

Aucune réponse.

 

 

 

- Barry, nous allons rentrer dans cette pièce. Je vous conseille de mettre les mains en l’air et de vous rendre.

 

 

 

Elle fit signe à Rick et celui-ci ouvrit la porte prudemment. Ils déboulèrent dans le bureau prêts au combat mais il était vide.

 

 

 

Ils se redressèrent.

 

 

 

- Merde, où il peut être ce barje ?

 

- Je crois que je sais, suis moi.

 

 

 

Elle repartit en courant, Rick sur les talons.

 

 

 

- Où on va ?

 

- Il y a une issue à côté des toilettes. C’est un placard mais il mène à la chaufferie, j’ai dû le laisser ouvert tout à l’heure je pense. Il a dû trouver l’entrée et y aller. Passe par ici, moi je fais le tour par derrière. Donne moi cinq minutes et fonce.

 

- Compris.

 

 

 

Logan entra dans une classe le long du couloir et passa par une fenêtre pour se retrouver au coin du bâtiment. Elle retrouva les agents qu’elle avait laissés là quelques heures plus tôt. Elle vit qu’ils n’avaient pas bougé malgré les longues heures qu’ils avaient passées ici. Dix sept enfants, ça motive même le plus fainéant des hommes. Elle les prévint de l’éventuelle présence du ravisseur juste au-dessous d’eux et les somma de garder soigneusement l’entrée de la chaufferie. Les hommes se réunirent devant et attendirent. Logan descendit les marches et rentra dans le bâtiment en tentant de faire un minimum de bruit. Mais elle avait oublié le grincement de la porte en métal. Elle avait à peine franchi l’entrée qu’un coup de feu retentit dans sa direction. Elle se baissa et avança le long des gros tuyaux. Un autre coup de feu perça un trou dans un tuyau à quelques centimètres de son épaule gauche. Il est tout près. Pensa-t-elle en avançant encore.

 

 

 

- Barry ? Relâchez le gamin. Il ne peut plus vous aider maintenant.

 

- Non, il est mon assurance vie. Si je le tiens contre moi, personne n’osera me tirer dessus.

 

- Et comment comptez vous sortir d’ici ? L’école est cernée.

 

- Il va me servir de sauf conduit.

 

- Vous rêvez, vous ne sortirez pas de cet endroit avec cet enfant. Je ne vous laisserai pas faire.

 

 

 

L’homme ricana. Logan avait repéré le coin où il se cachait mais elle ne pouvait pas l’approcher d’où elle était sans être vue. Rick arriva sans bruit de l’autre côté de la chaufferie. Barry ne l’avait pas encore aperçue. Logan lui indiqua l’endroit où elle pensait que se trouvait leur homme. Il fit un signe de tête et se faufila à travers la tuyauterie sans être inquiété.

 

 

 

- Vous ne me laisserez pas faire ? Vous voulez dire comme vous m’avez empêché de tuer l’institutrice ? Ricana encore Barry.

 

- J’ai une mauvaise nouvelle, elle est vivante, et elle pourra témoigner contre vous à votre procès. Vous allez en prendre pour vingt ans minimum Barry.

 

- Non, vous mentez. J’ai vu son sang avant qu’elle ne s’écroule. Pourquoi est-ce que tout le monde me ment ?

 

- Je ne vous mens pas Barry, je ne vous ai jamais menti. Vous auriez pu vous en sortir avec une peine légère. Mais vous avez refusé mon offre, maintenant votre peine sera longue. Vous n’êtes pas prêt de revoir votre fils, croyez moi cette fois.

 

- FERMEZ VOTRE GRANDE GUEULE ESPECE DE SALOPE ! VOUS N’AVEZ FAIT QUE M’EMBROUILLER DEPUIS LE DEBUT. Cria-t-il en bougeant de son coin.

 

 

 

Rick se leva et le tint en joue dès qu’il le vit.

 

 

 

- Plus un geste ! Posez votre arme Barry.

 

 

 

Il tenait l’enfant devant lui comme un bouclier. Logan se leva à son tour en pointant son arme sur lui et avança à sa rencontre.

 

 

 

- Logan ! hurla le gamin en la reconnaissant.

 

- Salut bonhomme. Répondit-elle avec un sourire.

 

- Vous vous connaissez ? Demanda Barry un peu dérouté.

 

- Ouais, on s’est croisé cette après-midi pendant sa petite escapade aux toilettes. Les informations que les enfants nous ont données ont été très utiles. Mentit-elle pour le faire enrager.

 

- J’aurai du tuer cette pute quand j’en avais l’occasion.

 

- Ouais mais vous l’avez ratée. Maintenant posez votre arme, Barry, ne nous obligez pas à tirer. Ajouta Rick de son côté pour détourner l’attention du preneur d’otages.

 

 

 

Logan regarda vers le petit Peter qui ne la quittait pas des yeux. Elle lui fit un clin d’œil et montra le sol. Peter sourit diaboliquement et lui rendit son clin d’œil. Logan compta sur ses doigts devant lui. Barry était concentré à insulter Tara et regardait vers Rick qui ne le lâchait pas. Elle leva un doigt, puis un deuxième et au troisième, Peter donna un grand coup de pied vers l’arrière à hauteur de l’aine du ravisseur et sauta à terre dès qu’il sentit les bras autour de lui se desserrer pour aller s’occuper ailleurs.

 

 

 

- Espèce de…Jura Barry en douleur.

 

 

 

Il était plié en deux et essayait manifestement de reprendre sa respiration, son arme complètement oubliée.

 

Peter courut jusque derrière Logan qui le poussa de l’autre côté d’un gros tuyau en gardant toujours les yeux sur l’homme à terre. Rick avança vers Barry, arme levée, et le débarrassa de la sienne en la prenant et en la mettant dans la ceinture de son jean, derrière son dos. Logan s’approcha à son tour, arme levée également. Rick rangea son pistolet dans son holster et sortit ses menottes, sous la bonne garde de Logan. Il tira les deux bras de Barry derrière son dos et le menotta en lui récitant ses droits. Logan baissa enfin son arme. Elle vit le petit sourire victorieux de Barry.

 

 

 

- Pourquoi souriez vous ? Vous allez vous retrouver en taule pour au moins vingt ans, c’est ça qui vous amuse ?

 

- Ouais ou en asile. Ajouta Rick en poussant son prisonnier devant lui.

 

 

 

Mais celui-ci refusa de bouger et resta sur place, souriant de plus belle. Puis Logan remarqua enfin un détail dont Tara lui avait parlé.

 

 

 

- Où est votre manteau ? Vous en portiez bien un pas vrai ?

 

 

 

Barry se mit alors franchement à rire d’une manière complètement aliénée. Logan resta perplexe puis écarquilla soudain les yeux en comprenant ce qu’il se passait. Elle attrapa Peter dans ses bras et se mit à courir.

 

 

 

- Rick, il y a une bombe !

 

 

 

Elle vit du coin de l’œil son partenaire la suivre en laissant sur place leur prisonnier. Ils sprintèrent comme des fous à travers les tuyaux pour atteindre l’entrée de la chaufferie. Ils passèrent la porte de justesse avant qu’une énorme explosion n’éventre toute l’aile du bâtiment. Logan se jeta à terre et serra Peter sous elle pour le protéger de la déflagration et des débris. Tous les flics présents furent éjectés à plusieurs mètres, et elle entendit Rick hurler pas très loin d’elle. Puis tout redevint calme. Elle leva la tête et regarda en arrière vers ce qui avait été l’administration et une partie de l’école. Il n’y avait plus rien. Cette partie de l’école n’était plus qu’un amas de gravas et de poussière. Elle se releva, tenant toujours Peter dans ses bras et le déposa à terre.

 

 

 

- Ça va ? Tu n’es pas blessé ?

 

 

 

Le gamin la regarda avec des lumières dans les yeux et lui sourit rêveusement.

 

 

 

- C’était trop coooool !

 

 

 

Logan rigola et chercha son partenaire. Elle le vit quelques mètres plus loin, toujours à terre et immobile. Une tâche de sang apparaissait rapidement au centre de son torse, transpercé par un morceau de métal.

 

 

 

- Rick ?! Riiiiiiick ! Hurla-t-elle en courant vers lui.

 

 

 

Elle se jeta à ses côtés et prit son pouls. Aucun signe de vie. Elle s’empressa de lui faire les points de compression pour tenter de le ranimer, les larmes brouillant déjà sa vision.

 

 

 

- Faites venir les urgentistes, viiiiiiite ! Et emmenez le gamin. Hurla-t-elle aux agents autour d’elle.

 

 

 

Un des agents s’approcha et l’aida en faisant le bouche à bouche à son partenaire pendant qu’elle lui faisait le massage cardiaque. Ils s’acharnèrent plusieurs minutes avant que les ambulanciers arrivent et prennent le relais. Logan était en état de choc. Elle avait du sang partout, le sang de son partenaire, de son meilleur ami. Les urgentistes firent tout ce qui était en leur pouvoir pour finalement tenter un choc cardiaque avec le défibrillateur. Premier choc, aucune réaction, deuxième choc, aucune réaction.

 

 

 

- Allez Rick, bats toi ! Ne cessait de lui répéter Logan en lui serrant la main. Bats toi, tu peux le faire.

 

 

 

Troisième choc.

 

 

 

- On a un pouls. Dit un des ambulanciers.

 

 

 

Logan crut s’évanouir de soulagement et rigola à travers ses larmes qu’elle ne s’était pas rendu compte de verser.

 

 

 

- Son pouls est faible mais il est stable. C’est bon, on peut l’emmener.

 

 

 

Logan suivit le brancard en tenant la main de son partenaire, complètement ailleurs, choquée.

 

 

 

- Madame, vous êtes blessée, nous devons vous examiner. Entendit-elle un ambulancier lui dire.

 

- Non, ça ira. Je me ferai examiner à l’hôpital, merci. Répondit-elle machinalement.

 

- Lockwood !

 

 

 

Logan sortit de sa torpeur en entendant la voix de son capitaine.

 

 

 

- Capitaine, je suis désolée. Dit Logan, totalement défaite.

 

- De quoi ? Répondit-il surpris.

 

- J’ai tout foiré. Acceptez ma démission, je ne supporterai pas de faire la circulation.

 

 

 

Son chef rigola un peu puis la regarda sérieusement.

 

 

 

- Vous voulez rire. Vous avez assuré comme une chef. Vous avez sauvé les otages et il n’y a pas eu de bain de sang. Ce type est mort c’est vrai, mais aucun membre de votre équipe ou des otages n’a été tué. J’ai écouté les conversations téléphoniques, vous avez suivi le protocole. Il n’y a rien à vous reprocher, à part bien sûr, votre petite escapade où vous avez laissé votre partenaire inexpérimenté dans ce genre de situation négocier avec le preneur d’otages. Mais nous en reparlerons plus tard.

 

- Mais l’explosion ?

 

- Allons Lockwood, même une super nana comme vous ne pouvait deviner que ce malade transportait une bombe sous son manteau. Et puis une école ça se reconstruit. Le gouverneur est très satisfait de votre travail. Allez, maintenant laissez vous emmener à l’hôpital et reposez vous. Je vous accorde votre journée de demain, mais je vous veux au bureau dès mercredi, à la première heure pour faire votre rapport.

 

- Merci capitaine. Oh, et comment va l’institutrice ?

 

- Elle s’en sortira, sa blessure est profonde mais pas mortelle. L’ambulance l’a emmenée il y a un moment déjà.

 

 

 

Logan monta dans l’ambulance avec Rick et se laissa emporter à l’hôpital le plus proche. Quand ils arrivèrent les médecins s’emparèrent immédiatement de son partenaire et ils l’emmenèrent en salle d’opération. Un médecin examina son épaule droite démise et les coupures sur ses jambes, plutôt minimes. Logan ne savait plus le jour ou l’heure qu’il pouvait bien être. Pourtant il n’était que onze heures du soir. Elle se retrouva avec une écharpe autour du bras pour soulager son épaule pendant quelques jours et elle fut enfin autorisée à rentrer chez elle.

 

 

 

Avant de partir pour prendre un bon bain et manger un morceau, elle demanda des nouvelles des enfants, de Tara et Rick. Aucun des enfants n’était blessé, juste très choqué. Rick était encore en salle d’opération mais ses jours n’étaient plus en danger. Les médecins avaient extrait le morceau de métal sans trop de difficultés, et son cœur avait tenu le coup. On lui indiqua enfin que Tara avait été conduite dans une chambre, au troisième étage, mais qu’elle risquait de dormir jusqu’au lendemain. Logan décida de monter quand même la voir, même pour la trouver endormit. Il fallait juste qu’elle la voit encore.

 

 

 

Elle arriva devant sa chambre et hésita avant de frapper, si elle dormait, elle n’allait sûrement pas lui répondre. Elle poussa doucement la porte. A l’intérieur, tout était calme. Tara était allongée et dormait comme on lui avait annoncé. Elle semblait plus petite dans ce lit et plus jeune aussi. Logan s’approcha sans bruit et s’assit dans une chaise à côté du lit. Elle regarda Tara dormir un petit moment avant de céder à son envie et de finir par lui prendre la main. Elle la serra, la porta à ses lèvres et la reposa doucement. Tara bougea dans son sommeil et poussa un petit gémissement quand Logan embrassa la dos de sa main. La grande femme sourit et se leva pour prendre congé. Un dernier regard sur Tara et elle sortit de la chambre pour aller elle-même prendre un peu de repos.

 

 

 

 

**********

 

 

 

Tara se réveilla douloureusement. Elle ouvrit un œil, puis deux et se rendit compte qu’elle n’était pas chez elle. Une infirmière choisit ce moment pour venir vérifier ses pansement, comme si appelée par un bouton magique à son réveil. En la voyant réveillée l’infirmière lui sourit chaudement.

 

 

 

- Ah, voilà qui est mieux. Bonjour Melle Price, j’ai bien cru que je serais obligée d’appeler un médecin pour essayer de vous réveiller. Lui dit-elle en vérifiant son dossier médical.

 

- Où je suis ? Réussit à articuler Tara.

 

- A l’hôpital, ma chère. Vous ne vous rappelez pas ? Demanda l’infirmière un peu inquiète.

 

 

 

Tara chercha dans ses souvenirs ce qui avait bien pu l’amener ici, puis la journée précédente lui revint aussi réelle que si elle y était encore et elle se mit à trembler involontairement.

 

 

 

- Allons chérie, c’est fini. Vous êtes en sécurité maintenant. La réconforta la femme.

 

- J’ai soif.

 

 

 

L’infirmière l’aida à boire un demi verre d’eau et la rallongea délicatement.

 

 

 

- Qu’est-ce qui s’est passé ? Articula difficilement Tara.

 

- Je ne sais pas grand chose, juste que vous avez été prise en otage par un cinglé hier, et que vous avez été blessée par lui.

 

- Les enfants, comment allaient les enfants ?

 

 

 

La femme lui sourit encore.

 

 

 

- Ne vous inquiétez pas, ils vont tous très bien. Ils sont jeunes, ils oublieront avec le temps.

 

 

 

Tara laissa sortir un souffle de soulagement.

 

 

 

- Mais je pense que votre amie vous racontera tout ça quand elle reviendra vous voir. Continua l’infirmière en se dirigeant vers la porte.

 

- Mon…mon amie ?

 

- Oui, cette magnifique jeune femme policière. Elle est venue vous voir hier soir mais vous dormiez profondément. Elle a semblé un peu déçue de ne pas pouvoir vous parler mais contente que vous alliez bien.

 

 

 

Tara sourit en pensant à Logan. Elle avait tenu sa promesse finalement. Elle les avait sorti de ce cauchemar et tous les enfants allaient bien.

 

 

 

- Savez vous si elle viendra aujourd’hui ?

 

- Je n’en sais vraiment rien mais son collègue est aussi hospitalisé, elle viendra sûrement le voir.

 

- Qu’est-il arrivé à son collègue ?

 

- Je ne sais pas mon chou, les urgences ce n’est pas mon service, mais il était gravement blessé.

 

 

 

L’infirmière sortit finalement avec un sourire. Tara se remémora cette journée infernale, embellie, elle devait bien se l’avouer par sa rencontre avec Logan Lockwood. Et c’est en pensant à sa sauveuse qu’elle sombra à nouveau dans un sommeil réparateur.

 

 

 

Sa sœur était à son chevet à son réveil. Elle fut très surprise de la trouver là puisque sa sœur et elle ne s’entendaient pas plus que ça. Mais sa sœur semblait réellement affligée et elle la serra dans ses bras à plusieurs reprises avant de la quitter, avec la promesse de revenir bientôt la voir.

 

 

 

Puis ce fut son amie Tania qui passa la voir. Elle était sa meilleure amie depuis l’université et elles n’étaient jamais restées plus de trois jours sans se téléphoner. En fait, Tania était son ex-petite amie. Elles étaient sorties ensemble quelques temps mais elles s’étaient très vite rendu compte qu’elles n’étaient pas faites pour sortir ensemble mais bien pour être les meilleures amies du monde. Elle serra Tara dans ses bras à l’étouffer.

 

 

 

- Tu m’as foutu une de ses trouilles. Lui dit Tania en l’embrassant sur le front un moment plus tard.

 

- Toi ? Tu n’as peur que d’une chose et c’est de ne pas avoir les bonnes chaussures qui vont avec la tenue que tu as décidé de porter. La taquina Tara.

 

 

 

Elles rigolèrent ensemble puis se regardèrent avec amour.

 

 

 

- Je n’ai su ce qu’il se passait qu’en rentrant du boulot hier soir. J’allume les infos et devine qui je vois en gros plan sur ma superbe télévision haute définition écran plat ? Ma meilleure amie et confidente. J’ai vraiment flippé quand j’ai entendu que tu étais prise en otage.

 

- Ouais, moi aussi j’ai eu un peu peur pendant une minute. Mais Logan m’avait promit de nous faire tous sortir…

 

- Ouho, ouho, ouho, une minute ma belle reviens en arrière. C’est qui Logan ?

 

- Logan, c’est le flic qui nous a sorti de cette merde.

 

- Un flic ? Et qu’est-ce qu’il t’a promis ce flic ?

 

- De nous faire sortir, moi et les enfants, sains et saufs de cette histoire.

 

- Eh bien on dirait que ton nouvel ami est quelqu’un qu’il faut garder précieusement dans son cercle d’amis.

 

- C’est ce que je pense aussi. Répondit Tara avec un petit sourire rêveur.

 

 

 

Tania la regarda, totalement abasourdie.

 

 

 

- Ne me dis pas que tu en pinces pour un flic ?

 

- Et bien, oui, il se peut que j’en pince pour un flic. Avoua Tara en regardant ailleurs.

 

- Mon amie serais-tu passée du côté obscur de la force ?

 

 

 

Tara rigola sachant très bien que Tania faisait allusion à sa sexualité.

 

 

 

- Tania, ce n’est pas…

 

 

 

Un coup sur la porte l’empêcha de continuer.

 

 

 

 

**********

 

 

 

Logan arriva tôt à l’hôpital. Elle avait passé une nuit très revigorante et ce matin, elle était prête à manger du lion. Elle se rendit à l’accueil et demanda le numéro de chambre de son partenaire. Il se trouvait au troisième étage. Comme Tara, pensa Logan en souriant. Elle avait beaucoup pensé à la jeune femme blonde depuis hier soir, et elle avait vraiment très envie de la revoir. Elle passa devant le fleuriste de l’hôpital, sans y penser. Elle s’arrêta devant et réfléchit une fraction de seconde avant de décider d’entrer. Elle acheta deux bouquets, un tout simple, composé de marguerites jaunes, orange et rouges et un autre, un peu plus sophistiqué, composé de lys blancs. Dans l’ascenseur qui la montait jusqu’au troisième, elle se mit à rigoler en imaginant le visage d’indignation de son partenaire face à l’injustice dont il était victime, le bouquet de lys blancs étant bien sûr destiné à Tara.

 

 

 

Elle se rendit à la chambre de Rick et y trouva toute sa famille. Sa mère était en pleurs, soutenue par son père qui tentait de la réconforter. Ses trois sœurs discutaient calmement dans un coin et son frère suivait un match de Football à la télé, tout en jetant un œil de temps en temps vers la chambre de Rick, apparemment pour s’assurer qu’il allait toujours bien. Ils avaient tous le teint blême et des cernes sous les yeux, signifiant qu’ils avaient dû passer la nuit ici. Logan commença à s’inquiéter et accéléra son pas. La mère de Rick l’aperçut et elle se jeta dans ses bras en pleurant de plus belle. Logan la serra contre elle, un peu gênée mais n’osant pas la repousser. La sœur aînée de Rick, voyant son désarroi, vint à son secours et prit sa mère dans ses bras.

 

 

 

- Qu’est-ce qui se passe ? Il est arrivé quelque chose pendant la nuit ? Demandait Logan en rentrant dans la chambre, effrayée de ce qu’elle y trouverait.

 

 

 

Une autre sœur s’approcha d’elle en lui souriant et la prit par le bras.

 

 

 

- Non, pas du tout. Il va très bien, Logan, rassure toi. Tu viens seulement de voir une mère italienne inquiète pour son dernier fils.

 

 

 

La respiration de Logan redevint normal et elle tenta de calmer son cœur qui avait tout à coup accéléré à lui arracher la cage thoracique.

 

 

 

- S’est-il réveillé ?

 

- Oui, il y a environ une heure. Il a demandé si tu allais bien et il s’est rendormi.

 

 

 

Logan lui sourit et offrit les fleurs destinées à son frère.

 

 

 

- Je ne vais pas rester plus longtemps, vous êtes en famille et j’ai une autre visite à faire. Je voulais juste m’assurer qu’il allait mieux.

 

- Logan, tu fais partie de sa famille, tu le sais n’est-ce pas ?

 

 

 

Logan sentit une boule d’émotions monter dans sa gorge et elle se contenta de hocher la tête. Le père de Rick s’approcha d’elle et lui donna une petite accolade rapide, il n’était pas homme à exposer ses sentiments.

 

 

 

- Merci Logan, ce que tu as fais pour notre fils, nous ne l’oublierons jamais.

 

- Vous n’avez pas à me remercier. Il est mon meilleur ami et j’aurai fait n’importe quoi pour lui sauver la vie.

 

 

 

Le père lui serra encore la main et la laissa s’approcher enfin de son partenaire et ami. Rick respirait seul mais il était branché à une machine qui contrôlait son rythme cardiaque et à une machine qui envoyait régulièrement d’infimes doses de morphine dans son sang pour soulager la douleur. Il dormait paisiblement, Logan crut même apercevoir un petit sourire apparaître à son approche. Elle lui prit la main et la serra.

 

 

 

- Salut mon grand, je suis contente de te voir. Ta famille est là pour veiller sur toi et tu leur manques à tous, alors dépêche toi de revenir parmi nous, Ok ? Et puis si tu crois que je vais me taper tous les rapports toute seule, tu te fous le doigt dans l’œil. Je vais attendre que tu sois suffisamment en forme et je vais te ramener ta foutue machine à écrire avec du papier et tu vas t’y coller.

 

 

 

Logan lui dégagea une mèche de cheveux en lui souriant tendrement.

 

 

 

- Tu m’as vraiment fais flipper tu le sais ça ? J’ai eu vraiment peur de ne plus pouvoir te hurler dessus et de ne plus entendre tes blagues qui ne valent rien.

 

 

 

Elle ricana puis reprit son sérieux.

 

 

 

- Je reviendrai te voir, c’est promis. Au revoir mon ami.

 

 

 

Puis elle se pencha et l’embrassa sur la tempe. Elle sortit de la chambre un peu secouée mais contente de le savoir bien, entouré des siens. Elle fit ses salutations et se dirigea à l’autre extrémité du couloir. Après avoir arpenté en long et en large les couloirs de l’école hier, elle se jura que si un jour elle avait la chance de pouvoir faire construire sa propre maison, celle-ci n’aurait qu’une seule et unique pièce. Elle se sourit à elle même en arrivant devant la chambre de l’institutrice. Elle frappa et attendit qu’on lui réponde. Hier, elle était endormie, c’était différent, mais aujourd’hui, elle ne voulait pas rentrer sans s’annoncer. Elle entendit un faible « entrez » et poussa la porte. Elle sourit en voyant que Tara était bien réveillée mais ce sourire se figea un peu quand elle se rendit compte qu’une très jolie jeune femme noire lui tenait la main.

 

 

 

- Lieutenant Lockwood, quelle surprise. L’accueillit Tara en lui souriant chaleureusement.

 

- Bonjour, je suis passée pour voir comment vous alliez.

 

 

 

Un silence un peu tendu s’installa mais Tara ne lui laissa pas le temps de s’incruster.

 

 

 

- Lieutenant Lockwood, voici ma meilleure amie Tania Kendall. Tania, voici le lieutenant Logan Lockwood, elle m’a sauvé la vie.

 

- Je n’ai rien fait de la sorte mais je suis enchantée de vous rencontrer Madame Kendall. Offrit Logan secrètement ravie que Tara ait précisée qu’il s’agissait de sa meilleure amie.

 

- C’est Tania tout simplement, et je suis moi aussi ravie de vous rencontrer Logan Lockwood. Répondit Tania en ignorant le cruel pincement de Tara sur son bras quand elle mit l’accent sur le prénom de la nouvelle visiteuse.

 

 

 

Logan les vit échanger un regard complice et son malaise revint au galop.

 

 

 

- Si je vous dérange je peux revenir plus tard. Offrit Logan en toute innocence.

 

- Oh non, Logan, restez, je dois m’en aller de toute façon. Annonça Tania en se levant.

 

 

 

Elle ramassa ses affaires et s’approcha de Tara pour lui dire au-revoir. Elles échangèrent une étreinte, et Tania en profita pour lui murmurer quelque chose à l’oreille.

 

 

 

- Je pourrais redevenir Homo pour une femme comme ça, quelle bombe ! Murmura Tania à Tara, en lui faisant un clin d’œil en se relevant.

 

 

 

Puis elles se donnèrent un baiser tout à fait amical sur les lèvres qui ne fit rien pour calmer le malaise de Logan.

 

 

 

- A bientôt lieutenant, peut être serons nous amenées à nous revoir. Lança Tania en ouvrant la porte.

 

- Pense à ma Mustang ! Lui cria Tara alors qu’elle était déjà dans le couloir.

 

 

 

Et la porte se referma sur elle, laissant Logan et Tara seules toutes les deux pour la première fois depuis qu’elles se connaissaient. Logan s’avança vers elle et lui offrit les fleurs qu’elle venait d’acheter pour elle.

 

 

 

- Je ne savais pas ce que vous aimiez comme fleurs alors je vous ai pris celles là.

 

- Des lys blancs, je les adore. Répondit Tara en les prenant contre elle pour respirer leur parfum. Merci lieutenant, ils sont très beaux.

 

- Je ne suis pas lieutenant en ce moment, j’aimerais que vous m’appeliez Logan. Après tout, moi je vous appelle Tara.

 

- Entendu Logan. Bien dites moi comment vont mes élèves et ce qu’il s’est passé après que l’ambulance m’ait emmenée.

 

 

 

Logan prit le siège laissé libre par Tania, tout près de Tara, et commença à lui raconter les évènements qui avaient suivi.

 

 

 

- Attendez, vous voulez dire que Peter m’a sauvé la vie ? Mon petit Peter que j’ai vu une fois avoir peur d’une mouche?

 

- Oui, il a été très courageux et c’est également grâce à lui que nous avons pu arrêter Barry.

 

- Mais vous m’avez dit que Barry était mort dans l’explosion.

 

- Oui mais nous avions réussi à l’interpeller avant de deviner qu’il avait posé une bombe. Il l’avait cachée sous son long manteau. Personne n’aurait pu deviner qu’il dissimulait des explosifs. Tout porte à croire, qu’en arrivant à l’école, il savait qu’il n’en repartirait pas.

 

- Et votre collègue, comment va-t-il ?

 

- Beaucoup mieux, je suis passée le voir avant de venir ici, vos chambres sont au même étage.

 

- Vous reviendrez le voir demain ?

 

- Euh oui, sûrement, pourquoi ?

 

- Alors vous reviendrez me voir aussi n’est-ce pas ? Demanda timidement Tara.

 

 

 

Elles se regardèrent un moment et Logan lui sourit tendrement.

 

 

 

- Oui, j’aimerais beaucoup. Répondit elle en se penchant en avant.

 

- Logan, je dois vous remercier. Vous m’avez faite une promesse hier et vous l’avez tenue. Vous nous avez tous sauvés.

 

- C’est mon métier Tara, mais j’avoue avoir porté une attention toute particulière à cette promesse là.

 

 

 

Elles se regardèrent encore, avec intensité. Chacune plongée dans le regard de l’autre. Tara réussit du mieux qu’elle le put à se redresser et déposa un baiser de plume sur les lèvres de Logan. Elle s’écarta et regarda encore dans ces yeux bleus qui la fascinaient tant. Mais Logan n’était pas d’accord avec ça et elle se pencha pour venir lui donner un baiser à son tour. Ce baiser n’était pas léger, il était exigeant et très prometteur.

 

 

 

- Lorsque tu sortiras de cet hôpital, j’aimerais beaucoup t’inviter à dîner quelque part. Dit Logan en s’écartant d’elle mais sans la quitter du regard.

 

- Et je serai ravie d’accepter. Répondit Tara en lui souriant.

 

- Je peux te poser une question ? Tu es libre d’y répondre ou non. Osa Logan.

 

- Je t’écoute.

 

- Qu’est-ce que ton amie Tania t’a dit à l’oreille avant de partir ? Je l’avoue, je suis très curieuse.

 

 

 

Tara éclata de rire.

 

 

 

- Elle m’a dit qu’elle serait prête à redevenir gay pour sortir avec toi et qu’elle te trouvait vraiment canon.

 

 

 

Logan éclata de rire à son tour, s’attendant à tout sauf à ça.

 

 

 

- Et pourquoi cette accentuation sur mon prénom quand tu nous as présenté ?

 

- Là, ça fait deux questions. Avant que j’y réponde tu dois répondre à l’une des miennes.

 

- Entendu. Accepta Logan en lui souriant.

 

- Est-ce que c’était la première fois que tu venais me voir ?

 

- Eh bien, pas vraiment. Je suis passée te voir hier soir. J’étais vraiment inquiète pour toi, il fallait que je te voie.

 

 

 

Tara lui posa une main sur la joue et la caressa tendrement. Logan se pencha encore vers elle et la regarda dans les yeux avec une intensité électrique.

 

 

 

- Quand j’ai vu ce type se préparer à te tirer dessus, j’ai couru le plus vite que j’ai pu. J’ai couru, j’ai couru. Et quand j’ai entendu le coup de feu, et que je t’ai vu tomber, j’ai cru que j’allais m’évanouir. J’ai eu si peur, parce que je savais que si tu étais morte, j’aurais certainement perdu la femme avec laquelle j’aurais pu vivre des choses merveilleuses. Des choses que j’ai vues dans tes yeux lorsque nous nous sommes rencontrées. Les mêmes choses que je vois en ce moment quand tu me regardes.

 

 

 

Tara l’abaissa vers elle et l’embrassa. Cette femme qu’elle connaissait à peine venait de lui dire en quelques mots ce qu’elle avait rêvé d’entendre toute sa vie. Et elle sut à cet instant qu’elle ne la laisserait plus jamais partir.

 

 

 

- A moi. Dit Logan quand elles se séparèrent. Il y a toujours ma question à laquelle tu dois répondre.

 

- C’est vrai. Et bien Tania a insisté sur ton prénom parce qu’elle m’a entendu dire que nous devions la vie à un flic appelé Logan. Elle a dû détecter quelque chose dans ma voix ou mon comportement parce qu’elle a tout de suite insisté pour savoir qui était ce Logan, supposant qu’il s’agissait d’un homme. Elle sait que je suis gay, elle était intriguée c’est tout. Et sa surprise a été très grande, c’est le moins que l’on puisse dire, quand je vous ai présentées.

 

- D’accord, ça a du sens.

 

- A moi, où comptes tu m’emmener dîner ?

 

- Eh bien, j’avais pensé à…

 

 

 

 

 

Et elles parlèrent, parlèrent. Se découvrant l’une l’autre. Logan passa voir Tara tous les jours durant les dix jours que durèrent sa convalescence et elle l’invita à dîner le soir de sa sortie de l’hôpital. Elles étaient déjà amoureuses mais les liens qui se tissèrent ce soir là furent les prémices d’une vie à deux très épanouissante et très heureuse.

 

 

 

 

FIN.

 

 

 

 

J’écrirai peut être une suite à cette histoire mais rien n’est moins sûr.

 

 

 

Réactions et commentaires (si de bons goûts), envoyez les ici : cocowarrior78@hotmail.fr

 

 

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