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LA FACE AVEUGLE DE L'AMOUR10

Page history last edited by PBworks 15 years, 10 months ago

LA FACE AVEUGLE DE L'AMOUR

 

 

 

 

par Dreams

 

 

Traduction : Keegan (keegan@libertysurf.fr)

 

et Emilie(happymeal@hotmail.fr)

 

Table des matières

 

 

Démentis etc : voir Part 1

 

Ecrivez-moi : Parce que j'adorerais savoir ce que vous en pensez. On peut me joindre à dreams@midnightisland.com

 

 

Chap.11

 

" Où étais-tu bon sang ? " cria Leigh. " J'étais morte d'inquiétude ! "

 

Kris entra dans l'appartement après avoir erré des heures dans New York. " Je me suis baladée, " répondit-elle en jetant sa veste sur le divan.

 

" Eh bien Nathan devenait fou, " l'informa Leigh. " Il a appelé il y a une vingtaine de minutes. Puis il est passé ici. Puis il est venu voir si tu étais là. Puis il est revenu. Puis il est parti. Alors je te propose de l'appeler. Et d'appeler tes parents aussi parce qu'ils ont appelé ici cinq fois. Carlos devient fou. "

 

Kris leva les yeux au ciel et s'affala sur le divan. Après avoir tant marché, la dernière chose qu'elle voulait faire était d'affronter les gens qu'elle avait fuis. Tout ce qu'elle voulait était du calme. Pourquoi ne pouvait-elle pas avoir ça ? Juste un peu de temps pour elle-même. Pas de famille. Pas de petit ami. Pas d'essais à écrire. Juste elle et son art. " Appelle-les, " dit-elle. " Dès que je récupère assez d'énergie, je vais prendre une douche. Et ensuite je vais me coucher. "

 

Leigh regarda sa meilleure amie un bon moment. " Kris, que s'est-il passé ? "

 

" Rien, " répondit Kris. " Le dîner était vraiment génial. Mon petit copain est vraiment génial. Adorable au maximum. Je suis bien plus qu'amoureuse de lui. Tellement que je vais me faire transférer à Harvard pour qu'on soit proches l'un de l'autre. Ensuite on pourra commencer notre vie ensemble. Je resterai à la maison avec les enfants pendant qu'il sortira et vivra ses rêves. Ca a l'air parfait. J'ai hâte. "

 

Leigh s'assit à la table de la cuisine, en regardant son amie prudemment. " Ca va ? "

 

Kris se redressa immédiatement. " Si ça va ? Non. Ca ne va pas. Je ne veux pas aller à Harvard. Et je ne veux vraiment pas d'enfants maintenant. Ou même me marier, pour ce que ça change. "

 

" Alors ne le fais pas. "

 

" Ne le fais pas, " répéta doucement Kris, comme si cette possibilité ne lui était pas venue à l'idée. " C'est exactement ce que je vais faire ! Je ne ferai aucune de ces choses. " Elle se leva et se dirigea vers sa chambre.

 

" Alors, que vas-tu faire ? " lui demanda Leigh.

 

" Je vais prendre une douche, " répondit Krs. " Parce que c'est ce que je veux faire. "

 

" D'accord, " dit Leigh, confuse face à l'accès de colère de son amie.

 

Un peu plus tard, Kris revint, portant un peignoir. " Tu sais ce qui m'énerve ? C'est qu'ils ne m'aient même pas demandé. Ils ne m'ont jamais soutenue. Tu penserais que ma mère voudrait afficher une de mes peintures dans l'appartement, mais est-ce qu'elle le veut ? Non ! Et Nathan ? Tu penses qu'il s'intéresse à ce que je fais de mon temps ? Non ! Tout ce qui l'intéresse, c'est sa voiture. Et sa… son école de droit. Et sa… sa… sa voiture ! " Elle sortit de la pièce en courant et claqua la porte.

 

Deux secondes plus tard, elle l'ouvrit de nouveau. " Et pourquoi m'a-t-il engueulée pour ne pas lui avoir dit à propos de William ? C'est ma famille ! En quoi ça l'intéresse ? Et pourquoi tout doit tourner autour de lui ? Simplement parce qu'il est le mâle ? J'y crois pas ! Qu'ils aillent se faire voir, lui et son pénis ! " Elle repartit en trombe dans la salle de bain.

 

Leigh regarda la porte close. " Elle perd finalement patience. "

 

  • * *

 

Plus tard cette nuit là, après avoir réussi à se calmer, Kris s'assit à la table de la cuisine, face à son ordinateur. Elle se sentait mieux depuis son accès de colère. Et la douche avait aidé. Elle avait appelé Nathan et lui avait assuré qu'elle allait bien. Elle avait aussi appelé ses parents et leur avait assuré qu'elle allait bien. Et que, non, elle n'avait pas besoin de voir un psychiatre. Et que, non, ça n'avait rien avoir avec le fait que William soit gay.

 

Mais maintenant, au moins, elle était au calme. Leigh était partie se coucher. L'appartement était silencieux. A ce moment, la vie était relativement belle. Soulagée, et dans de meilleures conditions, elle se connecta à internet pour vérifier ses messages.

 

Un message.

 

 

Chère Kris (puis-je vous appeler ainsi ?),

 

J'adorerais savoir ce qui vous a conduit à créer une œuvre d'art aussi fascinante. Le dessin était celui d'une silhouette se tenant au milieu d'une foule, le regard fixé sur quelque chose au loin. Actuellement il est accroché dans ma chambre pour que je puisse l'admirer chaque soir. Je crois que c'est le seul tableau dans ma maison que j'aie choisi moi-même. Je ne suis pas très portée sur la décoration et j'ai peur que ce ne soit douloureusement évident dès la minute où on pose le pied dans ma maison. Mais heureusement, ce n'est pas le cas pour beaucoup de gens.

 

Ce n'est pas souvent que j'ai l'occasion d'égayer la journée de quelqu'un ou de les aider dans leur procrastination, alors je suis ravie d'avoir pu donner quelque chose en retour à la communauté artistique. Si je peux vous être utile à l'avenir, merci de me le faire savoir. :o)

Prenez soin de vous,

J.R.

 

Le sourire aux lèvres, Kris tapa 'répondre'

 

 

Chère J.R.,

C'était mon dessin préféré, à vrai dire. Je pensais le placer dans une collection. Avec des peintures en couleurs et peut-être des figurines d'argile. Ils décoreront mon appartement, au moins.

Je dois l'admettre, votre intérêt me fait frémir. Parfois, c'est vraiment désillusoire d'être artiste. Vous ne savez jamais si les gens apprécient vos œuvres. Une fois de temps en temps, ils passeront et souriront en signe d'approbation. Mais la plupart du temps ils passent sans même jeter un coup d'œil. Dans ces moments je me demande si ça vaut vraiment le coup. Je me mets à me dire que, peut-être, mes parents ont raison et que je devrais plutôt me concentrer sur quelque chose de concret.

Mais je reçois alors un e-mail de votre part et tous mes doutes se dissipent et mon inspiration revient.

Je suis désolée si je m'étends.

A propos du dessin, je pense que la raison pour laquelle je l'aime est que lorsque je l'ai commencé, je ne savais pas vraiment ce que je dessinais. Normalement j'ai une idée d'ensemble à l'esprit puis je la mets sur papier ou sur toile. Mais celui-ci m'est venu comme ça. Je dessinais quelque chose et ça a soudain pris forme. Désolée, ce n'est pas une histoire très intéressante. :)

Quoi qu'il en soit, merci de m'avoir une fois de plus encouragée. Je n'ai pas passé une très bonne semaine et vos emails ont été très appréciés.

Merci,

Kris.

P.S : Oui, vous pouvez m'appeler ainsi :)

 

Chap.12

 

Au grand regret de Julianne, Dimanche arriva. Elle se retrouva assise dans un auditorium bondé, à regarder une bande d'acteurs gaffeurs détruire ce qui aurait pu être une pièce magnifique. Sa très chère sœur était parmi eux. Elle jouait Juliette, rien que ça.

 

" Oh Romeo, Romeo… "

 

Tuez-moi. Tuez-moi tout de suite, pria silencieusement Julianne. Son carnet de poèmes reposait ouvert sur ses genoux et elle griffonnait des lignes de poésie quelconques dans le noir. Elle regrettait seulement de ne pas avoir emmené son ordinateur. Elle aurait trouvé quelqu'un avec qui chatter et passer le temps.

 

Si Dieu était effectivement compatissant, il aurait pris pitié d'elle et l'aurait abattue. Elle leva les yeux au plafond, attendant que quelque chose se produise. Mais rien.

 

Je suis en enfer. Elle regarda les acteurs sur scène. Et ma sœur est le Diable.

 

Enfin, une éternité plus tard, le rideau tomba et les lumières s'allumèrent. Les acteurs revinrent pour le salut final, et Julianne applaudit avec le reste de l'enthousiaste public. La foule se dispersa et Julianne parvint à la sortie principale de l'auditorium pour retrouver le reste de sa famille.

 

Les gens la reconnaissaient en la croisant, et elle se forçait à leur sourire, espérant que personne ne l'approche et ne lui parle. Juste au cas où l'un d'eux y penserait, elle s'assura de paraître la plus inabordable possible. Heureusement, la technique marcha.

 

" Oh tu es là, " nota Jan, toujours sur scène pour pouvoir regarder de haut tous les autres.

 

Julianne leva la tête. " Je t'avais promis que je viendrais. " Elle embrassa la joue de sa mère puis celle de son père. " Maman, Papa, " les salua-t-elle au passage.

 

" N'était-elle pas formidable ? " demanda Susan Frank, souriant fièrement à sa plus jeune fille. " Un de ces jours, elle te dépassera. "

 

Julianne essaya de ne pas rire à cette idée. " Je vis dans la crainte de ce jour, " répondit-elle sèchement.

 

Jan leva les yeux au ciel. " Tu es juste jalouse, Jules. Parce que même si tu es une grande actrice, tu ne seras jamais aussi belle que moi. "

 

" Jan, contrôle-toi, " dit Timothy Frank, parlant pour la première fois. " Va te changer. Nous avons réservé pour 21h. "

 

Jan partit en direction de la salle d'habillage pour se changer, laissant Julianne combattre les démons secondaires.

 

" Qu'est-ce que tu portes ? " demanda Susan, visiblement dégoûtée.

 

Julianne se regarda. Uniquement pour énerver sa mère, elle avait choisi une chemise à manches longues avec les manches retroussées. Une veste de cuir noir, un jeans noir, et des bottes noires. " Tu n'aimes pas ? " demanda-t-elle innocemment.

 

Susan laissa échapper un long soupir. " Tu ressembles à un de ces poètes dérangés. "

 

" Oh merci, mère, " répliqua Julianne avec un grand sourire. " C'est le plus grand compliment que tu m'aies fait jusqu'ici. "

 

Timothy se racla la gorge. " Alors Julianne, comment t'apparaît ton prochain film ? "

 

" Plutôt bien, Papa, " répondit Julianne. " Le budget du film est beaucoup plus important que pour la série TV alors on a des effets spéciaux assez sympa. La directrice, Gia Loeb, est vraiment bien. J'aime beaucoup les différentes facettes qu'elle a données au personnage de Kiara. "

 

" Combien as-tu été payée ? " demanda Susan.

 

Julianne soupira. Pourquoi tout tournait autour de l'argent avec elle ? " Quatre millions, " répondit-elle.

 

Susan fronça les sourcils. " C'est tout ? "

 

" Comment ça, c'est tout ? " demanda Julianne, essayant de ne pas crier. " Combien es-tu payée ? "

 

" Julianne, " l'avertit Timothy.

 

Julianne se mordit la langue pour s'empêcher de continuer. Quel culot !

 

Ils restèrent là tous les trois en silence jusqu'au retour de Jan. " Tout est prêt, " annonça-t-elle, sautant au pied de la scène. " Où allons-nous dîner ? "

 

" Quelque part où la nourriture est bon marché, " répondit Julianne. " Puisque apparemment, je suis pauvre. " Elle marcha vers la sortie, laissant sa famille derrière. Elle avait besoin de s'éloigner d'eux quelques minutes, ne serait-ce que pour se calmer. Elle ne pourrait jamais survivre au dîner sans perdre son sang froid. Pas si sa mère continuait de tester sa patience comme ça.

 

Sur le parking, elle s'adossa contre son Rav4. Elle se concentra sur sa respiration. C'était supposé avoir un effet calmant, mais elle n'arriva qu'à avoir le tournis.

 

Son père fut celui qui l'approcha, finalement. " Rejoins-nous au Ramone, " lui indiqua-t-il. " Tu connais le chemin ? "

 

" Oui, " répondit-elle. " A tout à l'heure. " Elle monta dans sa voiture et accéléra, impatiente de mettre de la distance entre eux.

 

  • * *

 

Le restaurant était luxueux. Le père de Julianne gagnait beaucoup d'argent, et sa mère n'avait pas peur de l'utiliser. Le Ramone était bien connu pour servir les stars d'Hollywood. Quiconque était célèbre était sûr d'y faire une apparition un jour ou l'autre.

 

Julianne savait que la seule raison pour laquelle elle avait été invitée dans cette petite aventure en compagnie de sa famille défectueuse était que sa mère espérait que, si Julianne était là, quelques reporters perdus dirigeraient leur caméra dans leur direction.

 

Ils ne la déçurent pas. Un reporter prit quelques photos d'eux entrant dans le restaurant. Susan et Jan apprécièrent l'attention, ou plutôt, s'amusèrent à prétendre qu'elles n'appréciaient pas. Les gens dans le restaurant regardèrent dans la direction de Julianne à son passage, la pointant du doigt en murmurant.

 

Julianne ignora tout le monde. Elle suivit à peine le maître d'hôtel jusqu'à ce qu'il disait être " la meilleure table de la maison " et prit un siège. Pendant que sa famille la rejoignait, elle disparut derrière le large menu. Avec un peu de chance, ils oublieraient qu'elle était là.

 

" Je suis honoré de vous servir de nouveau, Mme. Franqui, " dit le serveur s'inclinant légèrement. " Si je peux vous recommander quoi que ce soit, laissez-moi savoir. Le menu de ce soir est superbe. "

 

Julianne hocha la tête. " Je prendrai simplement la même chose que d'habitude, merci, " lui dit-elle.

 

Il hocha la tête et nota le plat, puis prit le menu de Julianne. Le reste de la famille demanda un moment pour choisir.

 

Son bouclier de protection parti, Julianne fit face au peloton d'exécution.

 

" Tu viens souvent ici ? " demanda Jan en regardant sa sœur.

 

" Non, " répondit Julianne.

 

Susan prit une gorgée de son verre d'eau. " Tu es de mauvaise humeur ce soir. Que se passe-t-il ? Tu sembles un peu fatiguée. "

 

" Je vais parfaitement bien, mère, " répondit Julianne. " Probablement juste la drogue. "

 

Susan choisit d'ignorer le commentaire. " Alors comment va Adrian ? Tu aurais dû l'inviter ce soir. "

 

" C'est vrai que vous êtes ensemble tous les deux, maintenant ? " ajouta Jan.

 

Julianne considéra les deux femmes qu'elle aimait le moins au monde. " Adrian est à San Francisco, il travaille sur un nouveau film. Et oui, nous sommes vraiment ensemble. " Elle aurait pu le nier, bien sûr, mais le visage déçu de sa sœur en valait la peine. Julianne savait que Jan était amoureuse d'Adrian depuis des lustres.

 

L'adolescente de seize ans soupira. " Un jour il sera mien. "

 

" Bien sûr. " C'était tout ce que Julianne put faire pour ne pas rire ouvertement à l'idée.

 

Susan sourit. " Ca serait un beau mariage, " dit-elle, aux anges. " Vous feriez des enfants magnifique, sans aucun doute. "

 

Le visage de Jan s'assombrit. " Et voilà, mon appétit disparaît. "

 

Le mien aussi, approuva Julianne. Coucher avec Adrian serait… " Bleh, " murmura-t-elle, frissonnant à l'idée.

 

Tout le monde la regarda.

 

Julianne se raidit. " Euh, je crois que j'ai vu un cheveu dans mon verre, " mentit-elle. " Mais c'était juste le reflet de la lumière.

 

" Où penses-tu vouloir te marier ? " demanda Susan, toujours sur ce sujet.

 

" On ne va pas se marier, " dit Julianne. " J'ai ma carrière. Adrian a la sienne. Nous … "

 

" Couchons juste ensemble ? " proposa Susan, en secouant la tête.

 

" Ecoeurant, " marmonna Jan.

 

" Nous ne couchons pas ensemble, " répliqua Julianne, terriblement embarrassée sans réelle raison.

 

Jan la regarda, surprise. " Tu parles sérieusement ? "

 

Tuez-moi. Tuez-moi maintenant. S'il vous plaît. Quelqu'un. N'importe qui. Aidez-moi. " Je ne parlerai pas de ça, " dit Julianne, en prenant l'air le plus provocant qu'elle put.

 

Jan se radossa et laissa échapper un petit rire. " Mais il est tellement sexy ! T'es folle ? Je serais sur lui comme une… "

 

" Jan ! " l'interrompirent Susan et Timothy en chœur.

 

Julianne se renfonça dans sa chaise, couvrant son visage d'une main. Cela allait être un très long dîner.

 

 

  • * *

 

 

Trois heures plus tard, Julianne s'affala sur son lit. Elle venait de vivre la plus longue journée de sa vie. Entre sa mère et sa sœur, elle allait avoir besoin de plus d'heures de thérapie par semaine. C'était une bonne chose qu'Adrian soit si bon marché où elle aurait déjà été ruinée.

 

Se reprenant, elle se leva et se prépara à aller se coucher. Elle se glissa dans un short Garfield et un large T-shirt blanc, puis s'empara de son ordinateur portable et grimpa sur son lit. " Ah, le paradis, " soupira-t-elle. Elle connecta son ordinateur à sa ligne téléphonique et l'alluma.

 

Chaque chose en son temps, décida-t-elle, tendant la main vers le bord du lit pour attraper son carnet de notes. Il était temps de mettre les poèmes du jour sur son site super secret. Elle ne savait pas si quelqu'un les lisait vraiment, mais elle aimait les savoir là, néanmoins. En jouant au cinéma et en écrivant des poésies, Julianne se sentait entière. Bon, plus qu'en temps normal, au moins. Peut-être qu'entière n'était pas le bon mot finalement.

 

Elle tapa son dernier poème, contente de ce qu'elle avait écrit. Avec un click d'un bouton, il devint propriété publique. Quiconque le voulait pouvait le prendre. Elle s'en fichait.

 

Continuant, elle ouvrit sa boîte de réception. Un message.

 

Chère J.R.,

C'était mon dessin préféré, à vrai dire. Je pensais le placer dans une collection. Avec des peintures en couleurs et peut-être des figurines d'argile. Ils décoreront mon appartement, au moins.

Je dois l'admettre, votre intérêt me fait frémir. Parfois, c'est vraiment désillusoire d'être artiste. Vous ne savez jamais si les gens apprécient vos œuvres. Une fois de temps en temps, ils passeront et souriront en signe d'approbation. Mais la plupart du temps ils passent sans même jeter un coup d'œil. Dans ces moments je me demande si ça vaut vraiment le coup. Je me mets à me dire que, peut-être, mes parents ont raison et que je devrais plutôt me concentrer sur quelque chose de concret.

Mais je reçois alors un e-mail de votre part et tous mes doutes se dissipent et mon inspiration revient.

Je suis désolée si je m'étends.

A propos du dessin, je pense que la raison pour laquelle je l'aime est que lorsque je l'ai commencé, je ne savais pas vraiment ce que je dessinais. Normalement j'ai une idée d'ensemble à l'esprit puis je la mets sur papier ou sur toile. Mais celui-ci m'est venu comme ça. Je dessinais quelque chose et ça a soudain prit forme. Désolée, ce n'est pas une histoire très intéressante. :)

Quoi qu'il en soit, merci de m'avoir une fois de plus encouragée. Je n'ai pas passé une très bonne semaine et vos emails ont été très appréciés.

Merci,

Kris.

P.S : Oui, vous pouvez m'appeler ainsi :)

 

Julianne sourit et cliqua sur répondre.

 

 

Chère Kris,

 

Si vous ouvrez cette collection, je vous l'achèterai. Peu importe le prix. Je paierai n'importe quoi. :o)

 

Je peux comprendre ce que vous ressentez pour votre art. C'est dur de mettre à nu votre âme jour après jour, et de vous sentir rejetée. Et je trouve cela admirable que vous persistiez à le faire. Mais croyez-moi quand je vous dis qu'il vaut mieux être rejeté pour être qui vous êtes, qu'accepté pour être quelqu'un que vous n'êtes pas.

 

Je trouve cela intéressant que nous nous voyions toutes deux dans le même dessin. Comme si nous nous tenions toutes les deux du mauvais côté d'un miroir à double face et que nous ne pouvions voir que nous-mêmes. Peut-être qu'en le retournant, nous pourrions nous voir l'une l'autre

 

Julianne fronça les sourcils devant le troisième paragraphe. " On dirait que je lui fais des avances. " Rapidement, elle l'effaça et en commença un nouveau à la place.

 

Vous devez passer une très mauvaise semaine pour que mes emails vous remontent tant le moral. Si un jour vous avez besoin de parler de quoi que ce soit, eh bien, je suis disponible.

 

Prenez soin de vous,

J.R.

 

 

Les sourcils froncés, Julianne laissa la flèche planer au-dessus du bouton envoi. Depuis quand fouinait-elle tant ? Et pourquoi cela lui importait ?

 

Elle surligna le dernier paragraphe, mais hésita à l'effacer. " Je n'ai rien à perdre, de toute façon, " décida-t-elle, cliquant sur envoi avant d'avoir une chance de changer d'avis.

 

 

 

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