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LA-FACE-AVEUGLE-DE-L-AMOUR36

Page history last edited by Fausta88 15 years, 3 months ago

TRADUCTIONS

 

LA FACE AVEUGLE DE L'AMOUR

 

 

 

 

par Dreams

 

 

Traduction : Emilie (happymeal@hotmail.fr)

 

 

Table des matières

 

 

67

 

Kris était éveillée lorsque Julianne avait quitté le lit ce matin-là. Elle avait écouté le moindre mouvement, le moindre son, jusqu’à ce que la porte s’ouvre et se ferme doucement. Elle avait écouté les bruits de pas s’estomper dans les escaliers, jusqu’à ce qu’enfin elle se sente assez en sécurité pour ouvrir les yeux.

 

Elle parcourut des yeux la chambre nouvelle, pas encore habituée à son environnement, et essaya de calmer ses émotions. Alors qu’elle observait les alentours, sans rien enregistrer, elle se demanda ce qui avait mené à cet instant. Une seconde elle espionnait depuis un coin sombre, trop timide pour approcher l’actrice, et la seconde suivante elle toquait à la porte de Julianne, elle avouait des choses qu’elle n’aurait jamais pensé dire, et abandonnait toute pensée rationnelle.

 

Si Kris avait pensé normalement, elle se serait arrêtée au pied des escaliers, aurait regardé la porte de la chambre de Julianne, puis aurait continué jusqu’à la chambre d’ami. Elle se serait couchée en repensant à ce que Julianne avait dit. Elle aurait inventé et réinventé une tonne de scénarii à base de ‘et si’ qui termineraient par un baiser. Mais ça lui aurait suffi, parce que ce n’était pas réel. Les fantaisies futiles sont sans conséquence.

 

Mais au lieu de ça, elle avait dépassé ses pensées. Elle s’était approchée de la falaise des possibilités et avait sauté, le tête la première et sans arrière pensée. Elle s’était abandonnée au moment, à la tension, à la joie et à l’excitation, repoussant le doute, la confusion et la peur. Et maintenant? Mais que tout était dit, maintenant qu’elle connaissait exactement la sensation des lèvres de Julianne contre les siennes, qu’allait-elle faire?

 

Tout avait changé. Elle l’avait senti à l’instant même ou elle avait repris conscience. Elle l’avait senti pendant la seconde avant leur baiser, un changement subtil mais indéniable. Toute l’ossature de leur amitié avait changé par une simple déclaration d’amour. Elles ne pouvaient plus revenir en arrière maintenant; impossible de retrouver l’incertitude.

 

Kris ferma les yeux au souvenir des baisers de Julianne. À cet instant, elle avait perdu toute inhibition, oublié ses soucis, ses doutes. Elle avait voulu s’offrir complètement à Julianne, déchirer sa précédente existence inutile, et verser son contenu dans le monde de Julianne. Elle avait voulu que Julianne voit et ressente l’ampleur de ses sentiments. Elle avait eu l’impression de mourir et de renaître, son corps tout entier vibrant des pulsions de plaisirs qui la traversaient. Elle avait été submergée par ce moment parfait et terrifiant; et elle en avait voulu plus.

 

Puis tout avait changé.

 

Elles s’étaient arrêtées une demi-seconde, une minuscule fraction de seconde, mais assez longtemps pour que la réalité leur revienne en mémoire.

 

Que s’était-il passé? Qu’avaient-elles fait?

 

Kris roula sur le lit et s’essuya les yeux, complètement dépassée. C’était une chose d’admettre qu’elle avait des sentiments pour Julianne, c’en était une autre d’agir selon ces sentiments. Et maintenant qu’elle savait que Julianne ressentait la même chose, qu’est-ce que cela signifiait? Qu’allaient-elles faire?

 

La sonnerie de la porte d’entrée interrompit les pensées de Kris, son attention se concentrant sur les voix indéchiffrables. Elle pouvait presque distinguer celle de Julianne, mais elle n’entendait pas ce qu’il se disait.

 

Kris se demanda qui venait d’arriver. Elle était presque sûre d’avoir entendu une voix masculine. Et peut-être une autre voix féminine, mais elle n’en était pas certaine. Elle se demanda également combien de temps elle pourrait rester cachée dans la chambre de Julianne avant qu’il devienne évident qu’elle se cachait.

 

Après plusieurs minutes de réflexion, elle décida finalement qu’elle devait se lever. Elle maudit sa vessie, et le fait qu’elle ne pourrait pas éviter Julianne indéfiniment.

 

Mais elle attendrait peut-être quelques minutes de plus.

 

 

 

« Je t’ai amené une copie de Red Like Me, » annonça Adrian, une cassette à la main. « Tu peux l’ajouter à ta collection des films que tu détestes. »

 

« C’est vraiment intéressant, » commenta Karen. « Rachel a adoré. »

 

Julianne regarda par-dessus l’épaule d’Adrian vers les escaliers. Elle avait à la fois hâte et peur du moment où Kris se réveillerait. Elle savait qu’elles devaient parler, mais cela devrait attendre qu’elle revienne de l’avant-première, cette nuit. Et elle n’avait aucune idée de ce qu’elle pourrait dire lorsqu’elle verrait Kris.

 

Adrian se tourna pour savoir ce que regardait Julianne. Ne voyant rien, il tourna à nouveau. « Euh, Julianne. Je suis là. » Il agita la main.

 

Se souvenant soudain qu’elle avait de la compagnie, Julianne se concentra sur ses invités. « Excuse-moi? »

 

« Red Like Me, » répéta Adrian en lui tendant le film. « Il est à toi. »

 

Julianne observa la cassette dans sa main, puis Adrian. « Merci. Mais c’est quoi au juste Red Like Me ? »

 

« Mon film, » lui rappela-t-il. « Les pommes? Les gens? »

 

Elle le regarda sans comprendre.

 

Adrian soupira. « Le film des tomates. »

 

Julianne se souvint enfin. Elle essaya de ne pas lever les yeux au ciel. Elle savait à quel point Adrian tenait à sa folie. « J’ai hâte de le voir. » Elle se tourna vers Karen. « Alors qu’est-ce que j’ai à faire aujourd’hui? »

 

« Tu dois manger avec Derek et son père, Steven, à midi. Ensuite tu as une interview à deux heures, ce qui ne devrait pas être trop long. Il y a un dîner avec l’équipe de la série à six heures. Et le film commence à huit heures. Et enfin il y a une fête dans la maison du directeur. »

 

Julianne soupira. Elle ne rentrerait jamais. « Okay. »

 

« Tu es contente d’être rentrée à Los Angeles, hein? » la taquina Adrian. « Et Derek. C’est le type avec lequel tu me trompes ce soir? »

 

« Il doit avoir huit ans, » l’informa Julianne.

 

« C’est mauvais, Jules. Tu étais déjà lesbienne, et maintenant tu es pédophile en plus? »

 

« Pas drôle, » répondit Julianne.

 

Adrian haussa les épaules. « Je ne peux pas toutes les réussir. Alors tu emmènes un enfant de huit ans voir le film? Il n’y a pas une scène de nu dedans? »

 

Julianne secoua la tête. « Non. Enfin, on l’a filmé. Vous vous souvenez de cette catastrophe. Mais les producteurs ont décidé que ce serait bien si le film ne s’écartait pas trop de la série. Alors ils ont enlevé la scène. »

 

« Ça craint, » dit Adrian. « Le DVD contiendra les scènes coupées? Il  y aura une version non censurée? »

 

Julianne ignora la question, et jeta un nouveau coup d’œil vers les escaliers.

 

Adrian arqua un sourcil lorsqu’il la surprit en train de regarder par-dessus son épaule. « Julianne, que se passe-t-il? » Puis il comprit. « Oooh, c’est vrai. J’avais oublié que Kris était venue avec toi. »

 

« Ooooh, où est-elle? » demanda Karen en regardant les alentours.

 

Julianne eut soudain une envie de meurtre. « Vous pourriez vous taire et essayer d’agir en adultes matures ? »

 

Ils se regardèrent. « On est des adultes matures? » demanda Adrian.

 

« Non, je ne pense pas qu’on le soit, » répondit Karen. « Alors c’est pour ça que tu n’arrêtes pas de regarder les escaliers? »

 

Adrian la regarda, surpris. « Elle est dans ta chambre? »

 

« On change de sujet, s’il vous plait. »

 

« Donc il y a un sujet à éviter? » demanda Adrian.

 

Julianne commença à marcher vers la cuisine, et s’arrêta net lorsqu’elle vit Kris entrer dans le salon. Prise par surprise, Julianne mit un moment à réagir. « Bonjour, » dit-elle en essayant de ne pas paraître aussi nerveuse qu’elle l’était. « Kris, voici mon assistante, Karen, et mon meilleur ami dans ses moments, Adrian. »

 

« Heureuse de vous rencontrer, » dit Kris. « J’ai beaucoup entendu parler de vous. » Elle parlait aux deux, mais Julianne remarqua que son regard était fixé sur Adrian.

 

Julianne regarda Adrian, dont le regard était complètement collé à Kris, et une vague de jalousie la traversa. Elle la repoussa immédiatement. « Quelqu’un a faim? »

 

« Je  meurs de faim, » répondit Kris, son regard revenant à Julianne. « Mais je vais prendre une douche. »

 

« Je te prépare quelque chose pendant ta douche, » lui annonça Julianne.

 

L’artiste s’excusa auprès de ses nouvelles connaissances, son regard traînant bien plus longtemps que nécessaire sur Adrian, et disparut dans le couloir vers la chambre d’ami.

 

Julianne jeta un regard à Adrian qui pourrait faire fondre le métal.

 

« Whoa! » s’exclama Adrian en levant les mains, sur la défensive. « Je me disais juste qu’elle a un air familier. »

 

« Tu as vu sa photo, » lui rappela Julianne, incertaine de la raison de son emportement.

 

Karen s’écarta du champ de tir et s’assit sur le canapé.

 

Adrian s’approcha de Julianne. « J’aurais juré l’avoir déjà rencontrée. »

 

« Je vais faire le petit-déjeuner, » annonça Julianne, ne sachant pas quoi répondre, pas sûre de ses émotions. « Vous en voulez? »

 

« Non merci, » répondit Adrian, inquiet.

 

« Karen, petit-déjeuner? » proposa l’actrice.

 

« Nan, » répliqua Karen. « Mais ça t’embête si je bave devant ta télé? »

 

« Pas du tout, » répondit Julianne. Elle commença à s’éloigner, mais Adrian l’arrêta.

 

Il fronçait les sourcils. « Que se passe-t-il? »

 

Julianne secoua la tête. « Je n’en ai aucune idée, » admit-elle sincèrement. « Je suis juste vraiment confuse. Et je crois que ça me rend un peu… folle. »

 

« C’est nouveau? » la taquina Adrian en essayant d’alléger la conversation.

 

Julianne se mordit la lèvre, et regarda vers le couloir qu’avait pris Kris. « On s’est embrassé cette nuit. »

 

Adrian écarquilla les yeux. « Quoi? »

 

« Elle m’a dit qu’elle m’aimait. »

 

Adrian la regarda, incrédule. « Depuis quand? »

 

« Je ne sais pas, » répondit Julianne. « On s’est embrassées et c’était juste… parfait. Sauf que ça a fini par être bizarre. Je lui ai demandé si elle voulait passer la nuit avec moi, et elle est restée. Mais on a juste dormi, ou on a fait semblant de dormir, et j’ai… Je ne sais pas ce que tout ça veut dire. Je ne sais pas ce qu’elle veut, ou si je peux lui donner ce qu’elle veut. Et maintenant je dois traverser la journée, et je ne sais pas comment je vais y arriver sans devenir folle. »

 

« Ouais, on dirait que vous avez vraiment à parler, » acquiesça Adrian. « Je ne te serais pas d’une grande aide sur ce coup-là. Mais le coup du baiser m’étonne. Je devrais vraiment installer des caméras dans cette maison. »

 

Julianne le regarda. « Tu sais, des fois je me demande pourquoi je m’obstine à te parler. »

 

« Respecte le pouvoir du string, » lui assura Adrian. « Aucune femme n’y résiste. »

 

Cela fit presque sourire Julianne, mais elle se rappela de sa situation critique. « Je ne sais pas quoi faire. »

 

« Ce n’est pas toujours le même problème? » lui demanda Adrian. « Et qu’est-ce que je dis toujours? »

 

« Quelque chose à propos de Playboy ? » essaya Julianne.

 

« Ha, » dit Adrian d’un ton sec. « Non, fais ce qui te semble bien. »

 

Julianne soupira. « C’est bien le problème. Rien ne me semble vraiment bien. »

 

 

 

« Un… deux… trois… quatre, » compta Karen. Elle posa son pion avec hésitation. « Bon sang. »

 

« Ha! » s’écria Adrian. « Deux cents dollars, s’il te plaît. »

 

Kris regarda Karen et sourit. « Il ne fallait pas lui donner Park Place. »

 

« Ça me paraissait bien à ce moment-là, » marmonna Karen en comptant son argent de Monopoly. Elle hypothéqua quelques propriétés, vendit trois maisons, et après quelques marmonnements sous cape, tendit ses deux cents dollars à Adrian. « C’est bon. Je récupèrerai mes hôtels, et il s’en mordra les doigts. »

 

Kris rit et lança le dé. Elle atterrit en sécurité sur une de ses propriétés. « Ouf, » dit-elle, rassurée. Elle regarda Adrian tandis qu’il jouait son tour. Elle avait passé la journée à essayer de se souvenir de l’endroit où elle l’avait déjà vu, mais sans résultat. Peut-être que c’était aux côtés de Julianne à la télévision. « Alors qui est ce type qui accompagne Julianne à l’avant-première? »

 

Karen et Adrian échangèrent un regard.

 

« C’est, euh, Derek, » répondit Adrian.

 

Derek. Kris essaya de se rappeler si Julianne avait déjà mentionné un Derek, mais rien ne lui vint en mémoire. « C’est un vieil ami? »

 

Ils commencèrent à rire, et Kris les regarda, confuse.

 

« C’est un vieil ami de huit ans, » lui annonça Karen.

 

Kris était un peu perdue. « Elle le connaît depuis huit ans? »

 

Adrian sourit. « Non, il a huit ans. »

 

« Huit? »

 

« Huit, » confirma Karen avec un sourire. « La sœur de Derek a écrit une lettre à Julianne en lui disant que son petit frère était malade. Je ne suis pas sûre de la maladie. Un cancer, peut-être. Et Julianne a répondu aux parents, leur proposant de l’aide pour payer les traitements nécessaires, s’ils en avaient besoin. Et qu’elle voulait qu’il soit son cavalier à l’avant-première de son film, que Derek soit malade ou pas à ce moment-là. Elle leur a envoyé quatre billets d’avion avec la lettre, pour que toute la famille puisse venir. »

 

Kris sourit, tombant une deuxième fois amoureuse de Julianne. « C’est vraiment gentil de sa part. Julianne fait souvent ce genre de choses? »

 

Adrian grogna.

 

Karen haussa les épaules et regarda le plateau de jeu pour jouer son tour. « Julianne n’avait même jamais lu son courrier avant. »

 

« Et elle n’a commencé que parce que j’ai fait un pari avec elle, » rajouta Adrian.

 

« Quel genre de pari? » demanda Kris, curieuse.

 

« Oh, je devais appeler une fille, » répondit Adrian. Il parut réfléchir à quelque chose et s’arrêta. « Euh, bref, je lui ai dit que je le ferais si elle lisait trois lettres d’admirateur par semaine. »

 

Kris fronça les sourcils. « Pourquoi ne les lisait-elle pas avant? »

 

« Certains théoristes pensent que c’est parce qu’elle n’avait pas le temps pour s’en préoccuper, » répondit Adrian. Il regarda sèchement Karen. « Mais je pense qu’il était juste plus simple pour elle de faire semblant de ne pas s’en préoccuper. Elle a toujours eu un problème avec les gens qui ne voient pas qui elle est réellement, et je crois que lire les courriers de ses fans, c’était comme faire face à une armée de petits miroirs. Elle aurait du affronter directement l’image qu’ont les gens d’elle. »

 

Kris réfléchit un moment, pas sûre de bien tout comprendre. « Elle les lit maintenant? »

 

« Je ne sais pas, j’ai deux cartons à lui ramener à New York, si elle veut, » dit Karen avec un sourire. « La plupart des lettres passent par son fan club officiel, et leur réponse consiste en une photo avec un autographe tamponné. Oh, et c’est ton tour. »

 

« Désolée, » s’excusa Kris en lançant le dé. Elle déposa sa petite voiture métallique sur Boardwalk, et grogna. « J’ai officiellement perdu. »

 

« J’ai gagné, » annonça Adrian en montrant sa fortune. « Ouais! Où je peux échanger tout ça contre des vrais billets maintenant? » Il s’illumina. « Vous savez, quand on joue avec Julianne, il faudrait qu’on lui demande de nous donner de vrais billets si elle perd. »

 

Kris rit, et commença à ranger les pièces du plateau de jeu sur la table basse.

 

« On ferait mieux d’y aller, » annonça Karen. « Je dois retourner auprès de Rachel. »

 

Kris regarda Karen. « Qui est Rachel? »

 

« Ma petite amie, » répondit Karen. « Elle déprime parce que je pars pour New York. Je n’arrête pas de lui répéter que ce n’est que pour un mois, le temps que Julianne termine son film, mais elle continue de broyer du noir. »

 

« Tu vas aller à New York? » demanda Kris, incapable de déterminer quelle révélation la surprenait le plus.

 

Karen hocha la tête. « Ouais, c’est dur d’être une assistante à distance. Mais je finissais mes cours d’écriture de scénarios, et Julianne a été assez gentille pour ne pas se plaindre de mon absence prolongée. »

 

Kris se demanda où logerait Karen, mais ne dit rien. Elle ne comprenait pas non plus pourquoi Julianne avait besoin d’une assistante. Mais Kris n’en parla pas non plus. « Je vois, » dit-elle enfin.

 

Adrian profita de la pause dans la conversation pour se lever. « Eh bien c’était sympa de te rencontrer, Kris, » annonça-t-il.

 

Kris se leva à son tour. « Merci d’être resté pour m’occuper. »

 

« Le plaisir est pour nous, » répondit Adrian. Il la regarda un moment. « Euh, écoute, au risque que ma phrase passe pour une technique d’approche, on ne s’est pas déjà rencontrés? »

 

Kris sourit. « Je me suis posé la même question, à vrai dire. J’ai l’impression de t’avoir déjà vu. »

 

« Hm, ça va me revenir, » dit Adrian, pensif.

 

 

 

Julianne attacha le microphone à sa chemise et attendit le signal. Dès qu’on le lui donna, elle adopta son visage d’interview et dirigea toute son attention vers la personne face à elle.

 

« Et bon retour à notre édition spéciale sur L’Ange Gardien: Une Deuxième Chance. Je suis ici avec la star du film, Julianne Franqui. Comment allez-vous, Julianne? »

 

« Je vais bien, merci, » répondit-elle. « Comment allez-vous, Phil? »

 

« Fabuleusement bien, » répondit-il.

 

Julianne se demanda si quiconque utilisant le terme ‘fabuleux’ pour décrire son état allait vraiment ‘fabuleusement bien’. Elle attendit qu’il reprenne.

 

« Alors, avez-vous déjà vu le film? » demanda Phil.

 

« Non, à vrai dire je ne l’ai pas vu, j’irai à l’avant-première ce soir. Je suis très excitée à l’idée de voir le produit fini. »

 

« Vous ne tournez actuellement pas de nouveaux épisodes de la série télévisée. Comment vous êtes vous occupée durant cette coupure? »

 

« Je joue dans un film appelé La Fin de l’été, qui je crois sortira à la fin de l’année prochaine. »

 

« Le projet vous plait? »

 

« Je l’adore. Ce sera un film formidable. »

 

« Eh bien je suis sûr que vos fans attendent impatiemment sa sortie, » répondit Phil. « J’ai ici quelques questions envoyées par vos téléspectateurs via internet. »

 

« Ok, » répondit Julianne.

 

Phil leva une carte et lut, « Jane Harvey, du Minnesota, aimerait savoir si vous ‘sortez toujours avec ce beau gosse Adrian Cruz’? »

 

Julianne se força à rire, mais en vérité la question l’irritait. Pourquoi les gens s’intéressaient à sa vie amoureuse? Elle ne savait pas quoi répondre non plus. C’était une chose d’éclater la bulle d’illusions que portaient sa mère et sa sœur, mais c’en était une autre de rendre l’information publique.

 

Et Kris? Elles s’étaient embrassées moins de vingt-quatre heures plus tôt, et les choses étaient déjà compliquées. Il serait bien plus simple de cacher sa relation avec Kris si les gens pensaient qu’elle était toujours avec Adrian. Mais étaient-elles vraiment ensemble? Elle pouvait sentir une migraine pointer. « Non, nous ne sommes plus ensemble, » répondit-elle enfin, décidant que même si la vérité était compliquée, ce serait toujours mieux qu’un mensonge.

 

« Eh bien, Jane, si vous regardez cette émission, le beau gosse est maintenant libre, » plaisanta Phil.

 

Cette fois, Julianne rit de bon cœur.

 

 

 

Kris traversa la maison de Julianne, observant chaque meuble, chaque objet. Elle aimait savoir que tout ce qui se trouvait là reflétait l’actrice. Était-ce vraiment le cas? Avait-elle engagé un décorateur? Peut-être que Julianne lui avait dit, mais elle ne s’en souvenait pas. Et au final, ça n’importait pas.

 

Elle se sentait triste, debout là, incertaine de sa relation avec Julianne, où tout simplement si elles avaient une relation. L’amour était sensé tout engloutir, mais était-ce vraiment le cas? Elle n’en avait jamais eu la preuve. Tout ce qu’elle avait vu étaient des preuves du contraire. Alors quel était l’intérêt d’avouer à Julianne ce qu’elle ressentait? Quel était l’intérêt d’être excitée par le fait que Julianne ressentait la même chose?

 

Dans un mois ou deux, l’actrice retournerait en Californie. Elle recommencerait à tourner ses épisodes et films, et Kris recommencerait à vendre des peintures dans la rue; à passer tout son temps et mettre toute son énergie à étudier pour devenir quelque chose qu’elle était déjà.

 

Ces sentiments qu’elle ressentait étaient stupides. C’était fou et stupide de penser que quelque chose aboutirait de toute cette histoire. Elles ne pourraient jamais tout faire marcher.

 

Et pourtant, toutes ces pensées logiques et ces raisons ne parvenaient pas à effacer l’émotion qu’elle avait ressentie lorsqu’elle avait entendu Julianne dire ‘Je t’aime’. Elles ne parvenaient pas à changer l’émotion qu’elle ressentait toujours à la moindre pensée de Julianne, même innocente. Elle en voulait plus. Elle voulait tout. Elle voulait parcourir cette même maison et ne pas se sentir gênée ou en pleine intrusion. Elle voulait poser à Julianne toutes les questions qu’elle avait un jour voulu lui poser mais avait été trop timide pour le faire. Elle voulait toucher Julianne sans avoir peur que ce geste ne soit pas apprécié. Elle voulait que toutes ces douloureuses incertitudes cessent.

 

Kris s’assit au pied du long escalier et se demanda si Julianne avait changé d’avis; redoutant que tout ce qu’elle avait toujours voulu ne soit apparu que pour s’évanouir, tout en essayant désespérément de se convaincre qu’elle s’en fichait.

 

 

 

Après le dîner avec l’équipe de tournage, Julianne alla chercher son cavalier à son hôtel, comme convenu. Elle adorait déjà le petit garçon, et elle n’avait parlé avec lui qu’une heure. Le déjeuner avec Derek et son père avait été agréable, bien qu’un peu étrange. On l’avait abondamment remerciée pour son aide au traitement de Derek, et elle avait remercié la divinité en charge du destin selon lequel, sur toutes les lettres que Karen aurait pu choisir au hasard, la lettre de Jennifer ait atterrit parmi le lot de trois lettres.

 

Elle devait également remercier Adrian et sa dispute stupide. Mais plus que tout, Kris… Kris était à l’origine de toute cette bonté.

 

Lorsqu’elle était arrivée au restaurant pour le repas, l’actrice avait estimé que Kris aurait dû être là. Elle avait été tellement occupée à essayer d’éviter sa nervosité qu’elle en avait oublié ce qui était important. Comment avait-elle pu avouer à Kris qu’elle l’aimait, et l’abandonner le lendemain matin?

 

À partir de cette nuit, quelque chose devait changer. Ça avait déjà commencé, cette métamorphose inconsciente qui avait débuté dès l’instant qu’elle avait reçu le premier email de Kris. Julianne avait changé, elle pouvait le sentir; mais elle restait toujours la même. Et cela l’inquiétait.

 

Dans le hall de l’hôtel, elle regarda les portes de l’ascenseur s’ouvrir, et Derek et son père en émerger. Elle leur sourit. « N’hésitez pas à nous accompagner, » proposa-t-elle à l’homme. « Si laisser Derek sous ma responsabilité vous inquiète. »

 

Steven sourit. « Derek ne me laisserait pas faire, » dit-il en riant. « Amusez-vous bien. Ramenez-le avant minuit. »

 

« Ce sera plus proche de dix heures ou dix heures et demi, » promit-elle. Elle avait déjà décidé de sauter la fête chez le directeur. Elle ne désirait qu’une chose: rester assise pendant ces deux heures d’agonies à regarder sa performance, puis rentrer chez elle, et retrouver Kris.

 

Julianne sourit à Derek et lui tendit la main. « Prêt? »

 

Le petit garçon sourit et prit sa main.

 

L’actrice sourit intérieurement, contente et étourdie, bien que toujours pétrifiée à l’idée de ce qui l’attendait chez elle. Elle regarda le garçon qu’elle avait aidé à sauver, et crut, plus que tout au monde, que le destin existait vraiment.

 

 

 

Kris jouait avec le sable, le laissant glisser entre ses doigts. Ça la calmait, même si elle devenait de plus en plus impatiente à chaque minute qui passait. Elle avait pu contempler sa palette d’émotions presque toute la journée, et tout ce qu’elle avait réussi à conclure était le fait qu’elle aimait Julianne.

 

Et ce n’était pas vraiment une nouvelle.

 

« Quel hasard de se rencontrer ici. »

 

Le cœur de Kris manqua un battement, et elle tourna la tête pour voir Julianne marcher vers elle. « Salut, » dit-elle, soudain timide. Dans sa tête, elle savait exactement ce qu’elle voulait dire à l’actrice lorsqu’elle rentrerait. Mais elle ne se souvenait plus d’un traître mot du monologue rébarbatif qu’elle avait imaginé.

 

Julianne s’assit, et Kris remarqua pour la première fois qu’elle avait un bol entre les mains. « Salut, » répondit Julianne.

 

« Qu’est-ce que tu manges? »

 

« Une expérience, » déclara l’actrice en s’emparant de la cuillère. Elle désigna les aliments dans le bol. « C’est du Cap’n Crunch Berries, Honey Nut Cheerios et Kashi Go Lean. » (ndlt: ce sont les céréales que Julianne en Kris ont acheté, il y a quelques chapitres, au beau milieu de la nuit.)

 

Kris se frotta le visage de dégoût. « Tu es folle? »

 

« Tu veux la première bouchée? » proposa Julianne.

 

Kris secoua la tête, même si sa curiosité était maintenant piquée à vif. « Tu vas vraiment manger ça? »

 

« Pourquoi pas? » demanda Julianne. « Je me suis dit, s’il sont bons séparément, ils doivent être bons une fois mélangés. »

 

Kris sourit. « Je suis désolée de dire ça, mais ta logique est un peu bancale. Qu’est-ce que tu penses d’une pizza à la glace? »

 

Julianne parut réfléchir. « Tu sais, ça n’a pas l’air mauvais. »

 

« Tu es enceinte? » questionna Kris.

 

« Je ne sais pas, tout dépend de la qualité de tes baisers, » répliqua Julianne avec un clin d’œil.

 

Kris voulait sourire, mais le commentaire lui rappela tout ce dont-elles devaient parler. « Comment s’est passée ta journée? »

 

L’actrice regarda son bol de céréales. « Plutôt bien, » dit-elle en jouant avec les céréales et le lait. Elle leva une cuillerée. « Tu penses que c’est bon? »

 

« Aucune chance, » répondit Kris, sans pouvoir s’empêcher de sourire.

 

Julianne plongea les céréales dans sa bouche et mâcha pensivement. « Mmm, » dit-elle après avoir avalé. « Pas mal. »

 

Kris était sceptique. « C’est impossible que ça soit bon. »

 

« Délicieux, » ajouta Julianne entre deux bouchées. « Je devrais mélanger les aliments plus souvent. »

 

« Qu’est-ce qui t’a amené à cette découverte culinaire? » demanda Kris.

 

L’actrice sourit. « Eh bien, j’ai réalisé que je n’avais pas de céréales ce matin. Alors je suis allée en acheter sur le chemin du retour. Et je n’ai pas pu décider entre tes préférées, et les miennes. Alors j’ai pris un de chaque. Ensuite je n’ai pas pu décider lesquelles manger. Alors je me suis dit que j’allais toutes les manger en même temps. » Elle sourit. « C’est bizarre? »

 

« Très, » confirma Kris. Mais c’était mignon, aussi. Elle détourna les yeux, sachant qu’elles devaient parler de ce qu’il s’était passé. « Qu’est-ce qu’on est en train de faire? » demanda-t-elle.

 

Julianne la regarda. « On est assises à la plage. »

 

L’artiste ne sourit pas, elle ne regarda pas Julianne non plus.

 

L’actrice comprit qu’il était temps d’être sérieuse. « Je pense qu’on agit comme deux idiotes. Mais moi plus que toi, parce que je devrais faire mieux que paniquer. »

 

« Tu paniques? » demanda Kris.

 

Julianne posa le bol de céréales et se tourna pour faire face à Kris. « Est-ce que tu sais depuis combien de temps je suis amoureuse de toi? »

 

L’artiste se figea en entendant ces mots.

 

« Depuis toujours, » continua l’actrice. « Je t’aimais avant notre rencontre à New York. Avant d’acheter la deuxième peinture. Tout ce temps j’étais tellement convaincue que rien n’arriverait jamais entre nous que je ne me suis jamais demandé ce qu’il adviendrait si quelque chose se passait. Et la nuit dernière, quelque chose s’est passé. Et j’ai paniqué parce que je ne savais pas ce que ça signifiait pour moi d’être amoureuse de toi. »

 

Kris réfléchit un instant à ce que Julianne venait de dire. Il y avait trop de choses à dire, et elle ne parvenait pas à décider sur laquelle se concentrer. Mais elle décida de poser la question qui importait vraiment. Elle pourrait réfléchir à tout le reste plus tard, seule. « Alors, tu sais maintenant ce que ça signifie d’être amoureuse de moi? » Les mots lui paraissaient irréels. Elle ne comprenait toujours pas comment elles en étaient arrivées au point où elle pouvait dire ce genre de choses, surtout à Julianne Franqui.

 

« Je sais ce que je ressens, » dit Julianne. « Mais je ne sais pas ce que tu ressens, ou ce que tu veux. »

 

Kris l’observa. « Qu’est-ce que tu veux? »

 

« Toi, » répondit Julianne.

 

Kris voulait pleurer, de joie et de peur, mais parvint à se retenir. Il restait trop à dire. « Je n’ai pas encore bien cerné ce que je veux. Enfin, je sais ce que je ressens pour toi. Mais qu’est-ce que ça signifie pour nous deux? Tu es toujours Julianne Franqui. Tu es toujours célèbre et sous l’œil du public. On devra tout cacher. Je ne sais même pas quoi dire à mes parents. Et ta carrière… que se passerait-il si les gens le découvraient? Ce serait à la une des journaux. Tout le monde le saurait. Tu veux prendre ce risque? »

 

« Et toi, tu le veux? » demanda doucement Julianne.

 

« Je n’ai pas autant à perdre que toi, Julianne, » annonça Kris. Elle soupira. « Mais penser à la réaction de mes parents lorsqu’ils le découvriront. Connaissant leur réaction avec William… »

 

Julianne hocha la tête, mais garda le silence.

 

« Je ne veux pas faire d’erreur, » continua Kris, sentant son cœur se briser. Où voulait-elle en venir? Voulait-elle vraiment rompre avec Julianne avant qu’il y ait quoi que ce soit à rompre?

 

L’actrice ne répondit pas immédiatement. Elle demanda enfin, « Tu regrettes ce qu’il s’est passé la nuit dernière? »

 

« Non, » répondit rapidement Kris. « Et toi? »

 

« Je ne regretterai jamais rien avec toi, » admit Julianne.

 

Kris ne savait pas comment prendre ce commentaire. « Qu’est-ce que tu veux faire? »

 

« Je veux être avec toi, » répondit sincèrement Julianne. « Mais pas au risque de compliquer ta vie. »

 

« Et ta vie à toi? »

 

Julianne sourit. « La vie est déjà compliquée. Tu es plus importante que mes petites peurs. »

 

Kris était attristée. Si Julianne n’était pas célèbre, tout cela ne serait sûrement pas aussi compliqué. « C’est ta vie, Julianne. C’est ta vie qui sera constamment sous un microscope. »

 

« Ils t’emmèneront dans ma chute. »

 

« Je n’ai nulle part d’où tomber, » dit Kris.

 

Julianne soupira. « Alors, qu’est-ce que tu en dis ? »

 

L’artiste hésita, pas sûre de la marche à suivre. « Je pense que malgré le fait que je suis complètement terrorisée par ce que ça signifie pour nos avenirs, ça ne change rien au fait que je suis dingue de toi. »

 

Julianne la regarda. « J’ai dit à ma mère que je t’aimais, hier soir. »

 

« Quoi? » demanda Kris, choquée. « Quand? »

 

« Quand tu attendait dehors, » répondit Julianne. « J’ai même utilisé le mot ‘gouine’ devant ma mère. »

 

Kris rit, toujours choquée de l’annonce de l’actrice. « Qu’a-t-elle répondu? »

 

« Jusqu’ici rien, » répondit Julianne. « J’ai juste lâché la bombe avant de partir. Je n’ai pas eu de nouvelles, alors elle est peut-être toujours là-bas, la bouche ouverte. »

 

« Wow, » dit Kris. Elle ne pouvait pas imaginer faire son coming-out à sa mère. Mais penser à ce qu’aimer Julianne signifiait vis-à-vis de sa sexualité était totalement différent. Et elle n’était pas prête à y penser. Bizarrement, l’amour était tellement plus simple lorsqu’on ne pensait pas aux petits détails qui l’accompagnaient.

 

« J’en ai assez de vivre un mensonge, » expliqua Julianne. « J’en ai assez de faire semblant chaque jour de ma vie. Je veux simplement être moi. »

 

Kris sourit. « Ça a l’air bien en théorie. »

 

« Je sais, » admit Julianne. « Mais j’ai envie d’essayer. »

 

Kris hocha la tête, en se demandant combien d’essai seraient nécessaires pour que ça marche. « Tu penses que l’amour est suffisant pour que ça marche? »

 

« Tu veux le découvrir? »

 

On y était, la question qu’elle s’était posée toute la journée. Voulait-elle le découvrir? Oui. Mais elle avait peur. Alors la situation se résumait à choisir ce qui était plus important: la peur ou l’amour? Elle regarda Julianne, qui l’observait pendant son attente, avec peut-être de l’espoir. « Oui, » dit-elle.

 

Julianne sourit. « Tu penses qu’on est folles? »

 

« Sans aucun doute, » confirma Kris avec un sourire, de nouveau excitée. Elle allait sortir avec Julianne Franqui. Quels problèmes s’attirait-elle? Et pourquoi ne s’en souciait-elle pas le moins du monde?

 

Julianne observa l’océan un instant. « Alors, tu veux regarder un film ou quelque chose? »

 

Kris se prit à rire. « Alors c’est tout? »

 

« Tu t’attendais à un feu d’artifice? » demanda Julianne avec un sourire. « Je peux passer une nouvelle heure à te chanter mon amour éternel pour toi, si tu veux. »

 

Kris réfléchit. « Je n’ai pas le droit à un prix pour être celle qui remporte enfin ton cœur? »

 

« Euh, » l’actrice fit semblant de réfléchir. « Je peux partager ma création avec toi. » Elle lui tendit le bol de céréales détrempées.

 

Kris le prit, et regarda le mélange gluant. « Dégoûtant. »

 

Julianne sourit. « Tu es belle même quand tu es dégoûtée. »

 

Le cœur de Kris rata  un battement.  Elle n’était pas encore habituée à entendre Julianne dire ce genre de choses. « Ça va prendre du temps pour s’habituer hein? »

 

« Tu n’es pas obligée de manger si tu ne veux pas, » la taquina Julianne. « Ça a l’air un peu détrempé. »

 

« Je parlais de nous, » dit Kris avec un sourire.

 

« Probablement, » répondit Julianne.

 

Kris capta le regard de Julianne, et décida qu’elle voulait autre chose que les céréales. « Je peux t’échanger ça contre quelque chose d’autre? » demanda-t-elle en leva le bol de céréales.

 

« Je ne sais pas, » répondit Julianne. « Ça m’a coûté beaucoup de te le donner. » Elle se frotta le menton pensivement. « Ok, mais juste pour cette fois. » Elle reprit le bol et le tint contre elle. « Qu’est-ce que tu veux à la place? »

 

« Je ne sais pas, quelque chose d’autre, » dit Kris en se rapprochant.

 

Julianne regarda les alentours. « Du sable? »

 

« Euh, non, » annonça Kris, son visage à quelques centimètres de celui de Julianne.

 

L’actrice regarda ses lèvres, puis son visage. « C’est difficile de se concentrer quand tu fais ça. »

 

« Tant mieux, » dit Kris avec un sourire.

 

« Je te donnerai de l’eau de mer, » murmura Julianne. « Mais c’est ma dernière offre. »

 

« J’imagine que je devrai me servir moi-même alors, » répondit Kris en frôlant les lèvres de l’actrice avec les siennes. « Sauf si tu veux changer ta dernière offre? »

 

« Vous êtes dure en affaire, Miss Milano. »

 

« Tu ferais mieux de t’y habituer. »

 

Puis toute conversation cessa.

 

 

 

FIN !!

 

 

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