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LE MALE FAIT MAL4

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Le mâle fait mal

 

De Tara

 

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Partie 4

 

 

 

 

Ca faisait maintenant deux mois que Raphaëlle passait chaque jour dans les endroits où elle allait avec Astrid. Pas une ombre de son âme sœur, pas un parfum dans la rue ne pouvant lui rappeler le sien, pas un ton de voix aussi doux que celui d’Astrid….rien…

 

 

 

La rédactrice aurait souhaité pouvoir se confier, mais elle avait perdu la seule personne en qui elle avait confiance. Laura lui avait révélé ses sentiments, et depuis ce jour, elle avait posé sa démission, sûre d’être la cause de la rupture entre sa rédactrice et la jeune femme aux cheveux courts.

 

 

 

Raphaëlle se retrouvait sans amour, sans amitié, seule dans ce monde de brutes. Certes, elle avait toujours son bel appartement, mais côté sentiment, elle avait l’impression d’être dans son 9M² par jour de pluie. Tristesse, déception, incompréhension étaient à l’ordre du jour…des jours….des semaines, et même des mois !

 

 

 

Son visage s’était fermé, pas l’ombre d’un rire, pas même d’un sourire, ses beaux yeux étaient passés d’un bleu turquoise à un bleu océan. Ses collègues ne la reconnaissaient plus. Bien sûr, elle donnait encore tout ce qu’elle avait pour son travail, faisait tout ce qu’elle pouvait pour que personne ne voit son mal être. Mais ses moments d’absence la trahissaient. Son regard était étranger, plein de pensées qui l’interrompaient dans ses dossiers. Elle n’allait plus boire de café avec ses camarades, ne dînait plus en dehors de chez elle, oubliait même de dîner chez elle, et passait ses soirées en larmes, recroquevillée dans son coin, seule, avec son téléphone collé au canapé.

 

 

 

Puis un soir…le téléphone sonna…

 

 

 

-« Allo ? » répondit la rédactrice d’une voix épuisée et triste…

 

 

 

-« Bonsoir, puis je parler à mademoiselle Cox je vous prie ? »

 

 

 

-« Oui, c’est moi. Vous êtes ? »

 

 

 

-« Pardonnez moi je ne me suis pas présenté. Je m’appelle Erwan Darcy. Cela fait longtemps que je suis à votre recherche. »

 

 

 

-« Pardon ? À ma recherche ? Je ne vous connais même pas ! »

 

 

 

-« Oui effectivement, mais pour ma part je vous connais ! »

 

 

 

-« Ecoutez, si c’est pour vous amuser, allez jouer ailleurs, je n’ai pas de temps à perdre pour des plaisanteries ! » lança Raphaëlle qui s’impatientait.

 

 

 

-« Non, mademoiselle, je vous en prie, attendez, ne raccrochez pas, je vous appelle par rapport à Astrid ! »

 

 

 

-« Quoi ? Astrid ? Mais qui êtes vous ? » Demanda la jeune femme perturbée d’entendre le prénom de sa bien aimée.

 

 

 

-« Et bien, je suis son meilleur ami. Je…j’ai mis beaucoup de temps à vous trouver. Je connaissais votre prénom, je savais qui vous travailliez dans un journal mais c’était les seules informations que j‘avais. Elle ne voulait pas que je vous contacte mais il fallait que je le fasse ! Elle est malheureuse, elle a même voulu attenter à sa vie ! Je l’en ai dissuadé, mais il faut faire quelque chose ! Elle ne vit plus ! Elle dit vous avoir vu dans les bras d ‘une autre, mais je suis persuadée qu’elle a porté ses conclusions hâtivement ! Comme à son habitude ! » S’expliqua le jeune homme.

 

 

 

-« Effectivement j’étais dans les bras d’une femme, cependant c’était ma meilleure amie, et elle était en larmes, je ne pensais pas qu’Astrid réagirait ainsi. Je n’ai jamais été dans les bras d’une autre, ça fait deux mois que je la cherche désespérément ! Je vous en prie, aidez moi, je dois la voir ! Il faut que je lui explique. »

 

 

 

-« Et bien, je peux toujours essayer…mais pas tout de suite… »

 

 

 

-« Pourquoi ? »

 

 

 

-« Laissez moi terminer…son projet a pris de l’ampleur…elle est partie aux Etats unis pour tenter de le commercialiser…elle doit rentrer en fin de semaine…donc pour ce week-end, ça devrait être possible de la faire sortir dans un coin calme, de façon à ce que vous puissiez discuter… »

 

 

 

Raphaëlle retrouvait le sourire au téléphone, bien timide, laissant apparaître la peur de la confrontation…les deux jeunes gens discutèrent pendant deux heures le temps de monter leur rendez vous, et s’assurer qu’Astrid acceptera de discuter avec Raphaëlle et surtout de s’expliquer…sur le quiproquo.

 

 

 

La fin de semaine paraissait longue pour la rédactrice. Elle avait tout de même retrouvé son rythme de travail, qui avait toujours été intense, mais moins enthousiaste. Elle ressentait en elle la même excitation que le jour ou elle devait rencontrer Astrid pour la première fois. Mais une grande différence la rendait inquiète. Elle savait bien qu’elle n’avait pas trompé sa bien aimée mais…comment lui annoncer que Laura l’aimait ? Bien sûr, ça serait moins dur que si la secrétaire était encore présente dans les locaux, mais bon…un conflit s’installerait sûrement !

 

 

 

 

 

 

 

-« Raphaëlle ! Un appel pour vous sur la 3 ! »

 

 

 

La jeune femme s’inquiéta et se dit que l’histoire recommençait comme il y a quelques mois, elle n’espérait qu’une chose, que ça ne soit pas à nouveau Marc qui venait la relancer…

 

 

 

-« Est-ce un homme ? » demanda t elle pour filtrer l’appel si c’était le cas…

 

 

 

-« Non, une femme qui ne souhaite pas me donner son identité » expliqua le nouveau secrétaire de la rédactrice.

 

 

 

Oui, elle avait demandé à ce que ce soit un homme pour moins d’ambiguïté. Elle avait gagné au change, il était aussi gentil que Laura, aussi sérieux, tout autant de qualités, et une de plus, il était lui aussi du même bord que la jeune femme, ce qui éviterait les confusions…

 

 

 

-« Ok, je prends, envoie ! »Répondit elle, légèrement stressée par peur que ça ne soit Laura.

 

 

 

-« Raphaëlle Cox, bonjour… »

 

 

 

Un instant sourd s’installa au téléphone…

 

 

 

-« Allo ? »

 

 

 

« Allo ?»

 

 

 

-« Bonjour… »

 

 

 

Et là…le visage de la rédactrice changea littéralement…

 

 

 

-« Astrid ? C’est toi mon cœur ? Enfin je t’entends, tu me manques, il ne s’est rien passé avec Laura je t’assure elle pleurait, j’ai juste voulu l’aider, rien de plus et… »

 

 

 

-« Ecoute Raphaëlle, j’ai peu de temps, je suis à Los Angeles et…je voulais juste m’assurer que Marc ne t’avais pas posé d’autre problème. Apparemment, c’est bon… »

 

 

 

-« Oui, mais…Astrid, je t’aime, je veux passer ma vie à tes côtés, je t’en prie, laisse moi une chance de te prouver qu’il ne s’est rien passé ! Laura a démissionné tellement elle était désolée que tu crois qu’il y ait eu quelque chose entre elle et moi… »

 

 

 

-« Tu n’as pas l’air étonné que je sois aux Etats-Unis… »

 

 

 

-« Oh si mon cœur, mais, je suis tellement heureuse de t’entendre, tu me manques tellement… »

 

 

 

-« Bon écoute, ce n’est pas que je m’ennuie, mais j’ai beaucoup de choses à faire…bonne continuation à toi et…je…au revoir… »

 

 

 

Raphaëlle n’eut pas le temps de répondre que la jeune femme avait déjà raccroché.

 

La jeune rédactrice ne savait plus quoi penser. Astrid avait paru tellement froide, et puis son hésitation avant de dire au revoir, était ce pour un je t’aime ? Un je ne veux plus te voir ? Un je ne sais plus ou j’en suis ? Un je ne reviens plus ?

 

 

 

Le soir du rendez-vous arrangé entre les deux jeunes femmes, grâce à Erwan, arriva…Raphaëlle était dans un état de stress incomparable…aucun précédent n’y ressemblait…Les mains tremblantes, le cœur palpitant, elle se battait pour tenter de surmonter ses états de nerfs…

 

 

 

La jeune rédactrice se rendit au restaurant ou Astrid l‘avait emmené à leur premier rendez vous.

 

 

 

Elle s’installa à une table en fond de salle, cachée par des plantes ; Table qui se situait près de celle ou Erwan devait faire dîner la jeune femme au projet.

 

 

 

Raphaëlle ne voyait plus l’endroit de la même façon, elle s’y sentait bien, ressentant les bons moments passés aux cotés de sa douce, les milliers de questions qu’elle se posait et dont elle avait les réponses maintenant.

 

 

 

Soudain, son visage légèrement souriant laissa place à la crispation. Le jeune homme entrait, accompagné de sa meilleure amie. Ils s’installèrent comme prévu à la table, avec Astrid tournant le dos à Raphaëlle.

 

 

 

Ils discutèrent tous les deux, durant une dizaine de minutes du voyage de la jeune femme, puis, la serveuse se présenta à eux pour prendre note de la commande.

 

 

 

Erwan qui fit mine de mourir de faim commanda le premier. Lorsque Astrid entrouvrit les lèvres, une douce mélodie qu’elle aimait tant intervint :

 

 

 

-« Pour cette jeune femme que j’aime, ce sera un menu pacifique, mais sans huître car elle y est allergique, accompagné d’un alcool peu fort et hors du commun, comme du vin blanc, qui se marie aussi bien aux fruits de mer, que je me pacserai avec elle… »

 

 

 

Astrid se retourna, étonnée, et heureuse en même temps. Elle en voulait toujours à Raphaëlle, mais son coeur la poussait à lui laisser une chance de s’expliquer.

 

Erwan prétexta une rencontre inopinée pour laisser les deux jeunes femmes ensemble.

 

 

 

Il n’alla pas bien loin, il s’installa simplement au bar pour rejoindre non pas une rencontre, mais sa copine qu’il avait mise dans la confidence et qui venait d’entrer dans le restaurant grâce au regard de son petit ami. Regard qui était le signal pour l’arrivée de la jeune femme.

 

 

 

Raphaëlle prit donc la place du meilleur ami d’Astrid pour regarder sa bien aimée dans les yeux et lui expliquer ce qui s’était passé, ce qu’elle ressentait, ce qu’elle désirait, tout ce qu’elle n’avait pas pu lui confier lors de leur séparation…

 

 

 

-« Astrid, ta demande par écrit….je….je souhaite y répondre positivement…je t’aime et je suis désolée que tu aies pu penser un seul instant que je réussirai à te tromper. A mes yeux, nous sommes comme le soleil et le ciel bleu, comme les fleurs et le pollen, comme le sable et la plage, le tonnerre et les éclairs….sans toi, je ne suis rien !

 

 

 

A l’entente de ces mots, la jeune femme ne savait pas quoi dire. Elle était évidemment touchée, mais….était ce réellement sincère ? Astrid ne savait pas vraiment quoi dire, quoi faire…

 

 

 

Le cocktail maison arrivé sur la table , elle attrapa son verre et en but quelques gorgées, tout en se demandant si ce matin elle s’était bien réveillée…si elle n’était pas encore dans son lit…elle se décida enfin à reposer son verre tout en regardant son interlocutrice. Au même instant, la rédactrice lui prit la main, se mit à genoux devant sa belle, et lui récita par cœur le poème qu’elle avait eu avec le croissant. Aucun faux pas, mot par mot, syllabe par syllabe, elle fit sa demande d’union devant tout le restaurant.

 

 

 

Afin d’officialiser les choses, et prouver sa sincérité, la jeune femme continua :

 

 

 

-« Moi, Raphaëlle Cox, je promets en ce jour, et par la présence de la clientèle de ce restaurant, d’aimer et de chérir la femme de ma vie…TOI….Astrid Costa, et ce, pour l’éternité. »

 

 

 

Elle se releva, prit la main de la jeune femme, lui caressa le visage, et posa ses lèvres contre celles de la chef de projet.

 

Elle s’approcha ensuite de l’oreille de sa douce et murmura délicatement :

 

 

 

-« Sans toi, je ne serais pas là aujourd’hui….de ma vie, tu es ce qui m’est arrivé de plus beau. Oui, j’ai eu des galères, mais si je devais repasser par là pour me frayer un chemin jusqu’à toi, alors, sans hésitation, je repars directement dans le passé…Je ne conçois pas mon avenir sans toi ! Tu es ma raison d’être ! Je crois réellement que ma naissance a débuté le jour ou je t’ai rencontré. Avant je ne vivais pas…j’étais encore dans mon cocon, et par ta beauté et ton charisme, ce cocon s’est ouvert, comme une rose s’éveille à la lueur du jour et à la fraîcheur de la rosée…Depuis je ressens réellement ce qu’est l’oxygène, et le mien….c’est TOI ! »

 

 

 

Astrid avait les yeux illuminés de joie, toujours aussi muette mais à travers son regard on pouvait lire de la joie…mais…également de la colère….Ca se voyait, elle était dans un état de charme complet, elle avait envie de s’abandonner dans les bras de la belle, mais…c’était une décision importante à prendre…et Raphaëlle était consciente de cela, c’est pourquoi elle s’apprêtait à repartir seule du restaurant. Il ne s’agissait pas seulement de reprendre une relation, mais de la concrétiser par une union , ce n’était plus réellement « chacun chez soi et on se voit quand on veut »…

 

La chef de projet se disait qu’avant tout, Raphaëlle était une hétéro, qu’elle avait succombé dans ses bras mais que ça ne voulait rien dire…parfois, certaines hétéro tombent amoureuse d’une seule femme et retournent avec un homme après ça…quelle assurance avait elle que la rédactrice soit sincère ? … Puis…elle se remémora les minutes passées à l’écouter…c’était digne d’un discours d’une personne voulant vivre chaque instant avec une autre…

 

 

 

Elle baissa les yeux quelques secondes, le cœur de Raphaëlle se serra, pensant connaître la malheureuse fin de leur histoire…puis…

 

 

 

Astrid se leva précipitée et envoya la serviette de table dans la figure de celle qu’elle aimait en hurlant :

 

 

 

-« Mais tu ne crois pas que tout cela tu aurais pu me le dire avant ? Tant de temps pour qu’enfin j’entende des mots prouvant tes sentiments ! Si tu m’avais dit ceci plus tôt, crois tu réellement que je me serais inquiété en te voyant dans les bras de Laura ? Tu te fous vraiment de moi, mais c’est pas possible hein….y’en a que pour toi, alors tant qu’on te dit ce que tu veux entendre, tout va bien mais après quand c’est à toi de parler de tes sentiments, de les illustrer par autre chose que des gestes, y’a plus personne ! »

 

 

 

Ses mots de colère à peine alignés les uns aux autres, la jeune femme sauta sur la rédactrice et l’embrassa langoureusement, amoureusement, tendrement…quoi que…la tendresse n’était pas si présente que cela…un baiser digne de ceux du cinéma, dans lequel se mélangent l’envie, le désir, la chaleur…un baiser que jamais Raphaëlle n’avait reçu…ni même Astrid !

 

 

 

CLAP CLAP CLAP

 

 

 

Les deux jeunes femmes arrêtèrent de s’embrasser lorsqu’elles entendirent ce vacarme venu de nulle part… La clientèle du restaurant applaudissait le courage de Raphaëlle, sa demande d’union, sa déclaration, puis le calme, le sérieux et la réponse positive d’Astrid…ensuite, bien évidemment, le baiser final. Tout le monde se demandait s’il n’y avait pas une caméra cachée pour piéger un client…mais non, tout ceci était bel et bien réel…

 

 

 

 

Astrid remercia par un clin d’œil et un signe de la main son meilleur ami, puis paya l’addition, pour le peu qu’elles aient mangé….à part l’apéritif…il y avait un ou deux morceaux de pain, rien de plus. Elle prit ensuite la main de son amie et se précipita à son véhicule pour l’emmener chez elle.

 

 

 

La soirée se termina sur une couverture, dans le jardin, sous un ciel étoilé avec une lune resplendissante. La fraîcheur de la nuit n’étant pas installée, elles se déshabillèrent, se regardèrent, se touchèrent, se caressèrent, jusqu’à ce que…Raphaëlle prenne le dessus et s’allonge au dessus du corps ensorcelé d’Astrid. Elle lui attrapa les poignets et passa les bras de la chef de projet au dessus de sa tête, de façon à faire ce qu’elle voulait avec ses lèvres…Elle l’embrassait tendrement, puis fougueusement, elle lui caressait le cou doucement avec sa langue, elle continuait son chemin en aval, pour chuter jusqu’aux deux montagnes où le cours d’eau passait, puis elle séjourna un instant, afin d’escalader les deux points culminants et en faire un mets des dieux.

 

La rédactrice continua sa randonnée pour faire une escale au centre du monde. Cette tout petite chose dont pourtant certaines personnes pensent être l’intérêt du monde…

 

La jeune femme arrivant trop bas pour tenir les bras de la chef de projet, elle décida donc de la lâcher afin de se consacrer pleinement à son activité favorite lors de ses ébats amoureux…mais…elle pensait avoir assez envoûté sa compagne pour que cette dernière se laisse faire…malgré tout, Astrid se redressa, ce qui obligea Raphaëlle à se redresser également.

 

Le regard de la jeune rédactrice se transforma, ses yeux s’ouvrirent comme ceux des personnages de manga pour laisser place à un léger cri… Astrid avait prit possession de son corps tel un pianiste jouant de son instrument…à la fois passionnée et à l’écoute de sa compagne, par peur de faire un geste trop brusque…

 

 

 

Après plusieurs dizaines de minutes, les jeunes femmes s’endormirent nues, enveloppées par la couverture, dans le jardin de la maison appartenant à la chef de projet.

 

 

 

Au petit matin, Raphaëlle réveilla Astrid, la fraîcheur commençait à la frigorifier. Elles décidèrent donc de rentrer au chaud et de faire un bon feu de cheminée pour finir leur nuit à terre, toujours dans la couverture, mais avec le doux craquement des branches se mêlant au feu.

 

 

 

Le soleil parcourant au fur à mesure le salon, Raphaëlle se réveilla, s’habilla vite fait, le Tshirt à moitié enfilé dans le pantalon, et se précipita dehors pour profiter du soleil et aller en vitesse à cette boulangerie qu’elle avait vu hier soir en allant chez sa bien aimée.

 

Elle demanda un croissant pour Astrid qu’elle avait décidé de lui donner dans un sachet avec un petit papier sur lequel était inscrit :

 

 

 

« L’eau est indispensable à la rose pour sa survie…acceptes tu d’être mon eau ? Si tu ne le souhaites pas, alors laisse moi te demander d’être ma rose de façon à te prouver que tu as besoin de moi autant que j’ai besoin de toi.»

 

 

 

La jeune rédactrice s’installa au pied de la couverture pour regarder sa bien aimée dormir à poings fermés, regardant son visage reposé, comme si tout ce qui avait pu se passer auparavant n’avait jamais eu lieu. Les minutes défilaient sans même que Raphaëlle ne s’en rende compte. Elle appréciait chaque seconde passée aux côtés de la femme qu’elle aimait…puis…son portable sonna :

 

 

 

-« Raphy ? C’est Lucie…tu vas bien ? »

 

 

 

-« Lucie ? Euh…je…Lucie ? »

 

 

 

-« Et bien, tu ne reconnais pas la voix de ta cousine ? Je vais finir par me demander si mon homosexualité ne place pas une barre entre nous ! »

 

 

 

-« Oh Lucie…non, je …euh…j’ai eu beaucoup de travail ces temps ci et… »

 

 

 

-« Ne trouves pas d’excuse…je te taquine…dis moi ? Seriez vous dispo toi et Marc pour que je vous présente…ma…femme ? »

 

 

 

-« Ta quoi ? Ah…euh…et bien je euh…je ne suis plus avec Marc…beaucoup de choses ont changé depuis ces quelques années et… »

 

 

 

-« Et bien j’avoue que j’ai eu beaucoup de mal à te retrouver. Je pensais que mon homosexualité en était la cause…puis j’ai vu ton nom dans le journal et…Une charmante jeune femme…Laura je crois, m’a donné ton portable lorsque j’ai essayé de te joindre. Et il m’a fallu ensuite le courage de te contacter, j’avais peur de ta réaction, je ne savais pas si Marc acceptait ma différence…mais apparemment….son avis ne pose plus de problème… »

 

 

 

-« Et bien…je…j’ai quelqu’un d’autre…et »

 

 

 

-« Et cette personne est homophobe ? Je pensais venir te voir sur la capitale mais…ce sera peut être pour un jour, si ton nouvel homme vient à accepter ma différence… »

 

 

 

Un instant s’écoula sans qu’aucune parole ne soit échangée, Raphaëlle ayant peur d’annoncer ses préférences à sa cousine et…cette dernière ayant peur que son homosexualité soit l’obstacle à leur rencontre sur la capitale…Puis, la rédactrice se lança :

 

 

 

-« Ecoute, pas mal de choses ont changé dans ma vie. Très bonnes dans l’ensemble, cependant, je pense que tu ne vas pas croire à ce que je te dirai…on pourrait se voir pour les fêtes de fin d’année si tu veux ?! Je souhaiterais te présenter quelqu’un qui compte énormément à mes yeux. »

 

 

 

-« Et bien…aurais tu de quoi héberger…trois personnes… ? »

 

 

 

-« Trois ? Mais tu… »

 

 

 

-« Non, rien de sexuel là dedans, sois tranquille…mais…il se pourrait que tu sois obligée de préparer une petite purée de légumes, accompagnant une tranche de jambon… »

 

 

 

La jeune femme comprit donc qu’il était question d’un bébé et félicita ses heureux parents, qu’ils soient tous deux du même sexe ne changerait rien à l’éducation qu’il recevrait. Elle était certaine que ce petit bout ne manquerait ni d’amour, ni de tendresse, ni de présence, ni de cadeau et qu’il aurait tout ce qu’il lui faut pour payer ses études et réussir dans la vie…

 

 

 

Durant la conversation téléphonique, Astrid s’était réveillée et se demandait avec qui sa femme pouvait être en train de parler.

 

 

 

-« Bébé ? Qui est-ce ? » Demanda Astrid

 

 

 

-« Chuttt, c’est ma cousine, Lucy et euh…attends je… »

 

 

 

-« Hey…je ne rêve pas c’est bien la voix d’une femme que j’ai entendu dire bébé ? » lança la cousine provinciale étonnée.

 

 

 

-« Euh…oui…enfin…nan…euh….si c’est vrai mais euh… »

 

 

 

-« Ma cousine aurait basculé du côté obscur ? »

 

 

 

Raphaëlle ne savait plus quoi dire. Ce qui venait d’être constaté n’était que pure vérité, cependant…c’était trop nouveau pour que la jeune rédactrice arrive à se statuer comme homosexuelle.

 

 

 

Astrid, ayant compris qu’elle avait fait une erreur, se confondit en excuses devant sa bien aimée à voix basse. Elle ignorait l’existence de cette cousine lesbienne et pensait qu’après la nuit passée, Raphaëlle acceptait totalement son changement de vie.

 

 

 

De toute évidence, elle s’était trompée, c’est pourquoi elle laissa la rédactrice s’expliquer avec sa cousine, lui apprendre sa nouvelle façon de vivre et tous les changements que ça engendrait. Pendant ce temps, pour se faire pardonner, la chef de projet pris une feuille, la brûla sur certains endroits de façon à ce que ça donne un aspect parchemin, elle prit un stylo à plume et écrivit :

 

« Ma Dame, ma Muse…

 

L’amour n’a de sens que lorsqu’on rencontre cet être que l’on nomme âme sœur. Il me plait de croire en ce rêve infini. Lorsque la lune se présente au rebord du lac, je vois se dessiner votre doux visage à l’aide des étoiles naissants les unes après les autres dans cet encre noire qu’est le ciel. L’âme sœur peut-elle être du même sexe que nous ? A mon grand bonheur, ce que conçoit le peuple m’indiffère, j’aime penser à vos tendres baisers, me noyant dans vos beaux yeux, respirant ce parfum de cannelle mélangé à la noix de coco. Je suis l’esclave de vos paroles, de vos gestes et de vos sentiments. Quand bien même vous me diriez que vous désirez m’abandonner, je me ferai absente, je partirai à des milles de la côte pour me noyer en plein océan, avec l’impression d’être encore à vos côtés et finalement, de me noyer dans vos yeux. Vous me demanderiez la lune, que je vous la dessinerai, vous la chanterai, vous l’esquisserai, vous l’écrirai, vous la décrirai. Certes je suis rêveuse, mais l’offrir à vos pieds n’est pas chose aisée même assurément inconcevable. Je souhaiterais vous offrir tout ce que vous souhaitez, mais étant dans l’incapacité humaine de le faire, je me permets, Ma Dame, de vous inviter à boire le breuvage de l’amour, et vous offrir quelques mets quels qu’ils soient…même si j’aime rêver au fait que seul l’amour arrive à me nourrir…

 

Accepteriez vous…ma mie…de m’accompagner en ce lieu publique ou les êtres comme nous, possédés mentalement et physiquement par les êtres de même sexe se retrouvent dans cet antre aux couleurs de cet astre multicolore…qu’est l’arc en ciel ? »

 

 

« Votre esclave éternelle… »

 

 

Le temps que passa la chef de projet à écrire ces quelques lignes, Raphaëlle le passa à chercher des excuses pour ne pas se retrouver nez à nez avec sa cousine sur la capitale…bien qu’elle ait proposé l’hébergement…

 

La voir pourquoi pas, mais l’inviter à passer plusieurs jours sous le même toit, bien qu’elles ne s’étaient pas revues depuis une dizaine d’années…ça l’inquiétait énormément.

 

 

Les excuses ne suffirent pas, Lucie était fermement décidée à visiter la ville la plus romantique du pays et à y revoir une personne qui comptait énormément pour elle, une personne à qui elle se confiait durant leur adolescence…Ayant perdu ses parents, la seule famille qui lui restait lui était chère. Raphaëlle était la personne qu’elle contactait le plus souvent, depuis ça avait beaucoup changé, tout simplement parce qu’elles s’étaient perdues de vue. La jeune rédactrice avait peur de revoir sa cousine car elle avait peur de reparler de son passé et voulait rester encore un peu mystérieuse sur son enfance par rapport à Astrid.

 

Leur rencontre serait certainement un moment à ne pas rater, cependant, s’entendraient elles aussi bien qu’avant ? S’entendraient elles avec leurs nouvelles compagnes ? Comment réagira la rédactrice devant une situation 100% homosexuelle ? Pour la première fois, elle se retrouvera confrontée à une autre femme susceptible de lui plaire. Elle aimait Astrid sincèrement, profondément, intensément, mais à cause de Marc, la jeune femme avait toujours peur de perdre la maîtrise de ses sens, d’être comme saoule de sentiments…Et sa cousine ? Ne tomberait elle pas sous le charme de sa bien aimée ?

 

 

La rédactrice aimait tant Astrid qu’elle n’avait pas confiance en elle-même. Se trouvant moche, stupide, compliquée, stressée, et sa cousine…avait elle le même physique qu’auparavant ? De grande taille, cheveux foncés, yeux bleus, superbement belle, de quoi faire retourner chaque homme et chaque femme dans la rue !

 

 

Les deux jeunes femmes allèrent tout de même dîner, après la demande si romanesque d’Astrid. Toute la discussion de la soirée tourna autour de l’arrivée de Lucie et sa compagne dans l’appartement de Raphaëlle.

 

 

Une idée vint à l’esprit de la chef de projet…

 

 

-« Pourquoi ne viendrais tu pas vivre ces quelques jours chez moi ? Attends !!! Je connais ta réponse, je sais que tu souhaites garder ta liberté, mais, sachant qu’on va bientôt se pacser, ne devrait on pas voir ce que ça donne ?pendant ce temps là, ta cousine et sa compagne vivraient quelques jours chez toi et elles auraient…comme nous…une intimité conservée… »

 

 

-« Et bien, tu sais…je….enfin oui mais…chez moi j’ai tout mon petit coin perso et… »

 

 

-« Et ton petit coin se résume à ton ordinateur portable, tes bouquins, tes pièces de théâtre et tes poèmes…prends tout cela à la maison, ça ne me dérange pas, je t’assure…je t’en prie, laisse moi profiter de ton regard, de ton sourire et de ton petit côté angélique lorsque tu dors… »

 

 

Les deux jeunes femmes se mirent d’accord, elles vivront ensemble durant ces quelques jours, ça leur ferait une petite expérience, ça leur permettrai d’avoir une intimité complète et Lucie avec sa compagne auraient la possibilité de se déplacer comme bon leur semble avec les transports en communs en bas de la rue.

 

 

Différentes choses inquiétaient tout de même Raphaëlle…La cohabitation se passerait elle bien ? Malgré leur intimité conservée, est ce que les retrouvailles avec sa cousine se passeraient également bien ? La fidélité de chacune envers sa bien aimée resterait elle intacte ? Et si l’entente en vie commune durant ces quelques jours se passait mal ? Le pacs serait il remis en cause ? Qu’allait il advenir de leur couple ? Ces prochains jours seraient-ils une épreuve importante pour leur future union ? Où serait ce la preuve qu’elles ne sont pas faites pour être ensemble ?

 

 

 

 

La jeune rédactrice n’était pas prête à trouver le sommeil, même si sa bien aimée, elle, se trouvait déjà dans les bras de Morphée…

 

 

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