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wintersending3C

Page history last edited by Fausta88 14 years, 9 months ago

 

La fin de l'hiver (Winter's ending)

 

De Missy Good

 

Traduction: Katell

 

 

********

Partie 3C

*********

 

 

Elles sortirent dans une zone ouverte et la lune froide montra alors la plaine inondée, qui s'étirait vers le large ruban de la rivière qui les séparaient de la route à peine visible. Le froid avait augmenté de manière régulière, et elles projetaient toutes de la vapeur dans l'air, alors elles se couvrirent la bouche et le nez d'une main. Il était bien plus de minuit, et même Xena commençait à se sentir un peu fatiguée. Par Hadès… toute cette inactivité hivernale n'aide pas à maintenir mon endurance, songea-t-elle un peu dégoûtée à son égard, puis elle pencha la tête légèrement. " Restez ici ", dit-elle aux gamines et elle quitta la piste, en se dirigeant vers une haute saillie.

 

A trois pas de là, elle s'accroupit puis bondit, s'accrocha au bord de la saillie, et elle se souleva pour se mettre debout et regarder la plaine inondée, visiblement à la recherche de quelque chose.

 

" Oh je crois bien que je suis amoureuse ", dit Sharra en se pâmant, et en roulant les yeux. " Elle est pas géniale ? "

 

Mégane soupira. " Alors là, je te suis ", dit-elle en soupirant dramatiquement. " Elle serait morte pour elle… c'est pas le truc le plus romantique que tu aies jamais entendu ? "

 

Eléanas se pencha. " Et tu voulais savoir pourquoi la Reine Gabrielle a préféré vivre avec elle ? Quelle question stupide ! " Elle gloussa. " Qu'est-ce que tu donnerais pour changer de place avec elle une journée ? "

 

Lista ricana. " Une journée ? Je serais contente avec juste quelques heures. "

 

Elles se mirent toutes à glousser, et regardèrent Xena qui hochait la tête pour elle-même puis se retournait vers elle. " Oh… r'gardez ça ", murmura Mégane. " Je parie qu'elle va sauter de cette corniche comme si c'était une marche de porche. "

 

Elles retinrent leur respiration alors que la guerrière faisait nonchalamment un pas en avant dans le vide, se poussant de la roche pour laisser son corps finir dans un bond paresseux et finir proprement sur ses pieds.

 

" Oh par les dieux… c'était trop cool ", murmura Sharra. " Comment elle fait ça ? "

 

La guerrière avança d'une démarche féline et leur fit signe de continuer à avancer. " On dirait qu'on va avoir de la compagnie ", les informa-t-elle avec un petit sourire. Elle leur fit contourner l'escarpement rocheux et leur montra l'autre côté de la plaine, là où on voyait à peine des petites tâches à l'horizon éclairé par la lune.

 

" C'est la Reine Gabrielle ? " demanda Sharra en sautillant un peu.

 

Sans y réfléchir, Xena acquiesça de la tête. " Ouaip. " Elle commençait à descendre le chemin quand elle se rendit compte qu'elles la fixaient toutes.

 

Mégane se rapprocha en douce. " Comment tu le sais ? " Elle jeta un coup d'œil par-dessus la haute épaule de Xena vers le lointain brumeux.

 

Xena sourit pour elle-même. " J'ai de nombreux talents ", prononça-t-elle avec satisfaction. " Je te demande juste de me croire. "

 

***************************************************

 

" Doucement mon beau. " Gabrielle tapota l'encolure agitée du cheval avec précaution. " Gentil cheval. " Elle sentit le cheval bouger sous elle avec inquiétude et elle soupira. " Allons-y avant qu'il ne lui prenne d'autres idées, OK ? " dit-elle à Toris, qui installait son paquetage et arrangeait les rênes sur les deux petits chevaux supplémentaires. " Toris ? "

 

" Hmm ? Oh… ah oui. OK. " Il acquiesça en poussant son propre cheval vers l'avant. " Allons-y. "

 

Le barde serra un peu plus son manteau autour d'elle, essayant de bloquer l'air froid et humide. Tu sais, Gabrielle, maman avait raison. Tu aurais pu envoyer quelqu'un d'autre là-dehors avec quelques chevaux. Tu n'avais pas à le faire toi-même. Tu pourrais être confortablement au chaud, blottie dans l'auberge, à avaler de la soupe chaude, et à garder un œil sur Ephiny.

 

Elle leva les yeux vers la route brumeuse, et rit pour elle-même. Mais bien sûr que non. C'est de Xena qu'on parle, alors il faut que tu sortes dans cette nuit humide et horrible juste pour t'assurer qu'elle arrive à retrouver son chemin. N'est-ce pas ? Est-ce que ça n'aurait pas quelque chose à voir avec le fait que cette femme est partie depuis moins d'une journée, et qu'elle te manque tellement que tu ne peux rien faire d'autre que d'y penser, non ? Nan.

 

Elle laissa son corps se détendre au mouvement du cheval autant que possible et secoua la tête. Oh… Gabrielle. Que tu mens mal… mais je pense que je peux prendre l'excuse que je ne risque pas de la rater sur la route. Quelqu'un d'autre pourrait… mais on pourrait se trouver l'une l'autre dans le noir, au milieu du Tartare sans aucun problème ces jours-ci. Ouais, ça c'est une bonne excuse… voilà ce que je vais lui dire. " Xena " , je vais lui dire, " Je voulais être sûre que tu reviennes le plus vite possible pour aider la pauvre Ephiny, et je savais que je serais capable de te trouver. " Non ?

 

" Gabrielle ? " La voix amusée de Toris revint en flottant vers elle.

 

" Hein ? " Elle leva les yeux pour le voir à demi tourné sur son cheval, avec un regard étrange.

 

" Pourquoi tu marmonnes en hochant la tête ? "

 

" Euh… je travaille sur une histoire… tu sais comment c'est… nous les bardes on s'entraîne encore et encore ", répondit Gabrielle, heureuse que l'obscurité masque son rougissement.

 

" Oh. " Toris lui fit un rapide hochement de tête et se retourna. " Je n'avais pas pensé à ça. "

 

Gabrielle réfréna un rire. Ouais et alors elle répondra, " Gabrielle, tu n'aurais pas dû venir ici dans ce froid. " Parce qu'elle s'inquiète toujours beaucoup… et je dirai, " écoutez donc qui parle, toi qui as oublié de prendre ton gros manteau ce matin. " Elle lissa le tissu posé sur les flancs de son cheval, et qui réchauffait ses cuisses de son poids. Et elle me lancera ce regard, et puis elle tendra simplement la main pour me toucher la joue, ou l'épaule, et je ficherai en l'air toutes les excuses, et j'admettrai que je voulais juste être près d'elle. Que j'ai ce petit creux en moi quand nous sommes séparées qui fait… qu'elle me manque. Que je veux la voir, entendre sa voix, et sentir son toucher. C'est effrayant parfois d'avoir autant besoin de quelqu'un.

 

La chevauchée se déroula sans encombres, le long de la route qui quittait le village, le long des champs ; des heures de cheval dans un silence relatif sous la pleine lune, qui envoyait des ombres inquiétantes sur le chaume sans couleur des champs, et dessinait les arbres épars de l'hiver dans un vide absolu. Il fit de plus en plus froid au fur et à mesure de leur avancée, et Gabrielle se cacha les mains avec les rênes dans son manteau, essayant de les garder au chaud. Elle poussa sa monture d'un genou et amena le cheval à la hauteur de celui de Toris, alors que tous les deux avançaient à un petit galop ondulant. " C'est si calme ", fit-elle remarquer, le son des sabots faisant écho dans le paysage.

 

Toris acquiesça silencieusement et fit un mouvement de la tête pour montrer quelque chose. " Nous allons traverser la rivière par-là. " Il leva les yeux. " L'aube ne va plus tarder maintenant. "

 

" Tant mieux ", dit le barde en claquant des dents. " Un peu de soleil fera du bien. "

 

Ils firent un détour pour traverser un pont, ne voulant pas couper par la rivière par ce froid, et ils commencèrent à avancer dans la long plaine ondulante qui menait au chemin des hauteurs et vers les montagnes. A mi-parcours, Gabrielle sentit un sourire s'installer sur son visage et elle se pencha en avant, le regard fouillant l'horizon.

 

" Quoi ? " Dit Toris en la voyant bouger. Il regarda vers l'avant mais ne vit rien, et il la regarda à nouveau. " Tu vois quelque chose ? "

 

" Non. " Gabrielle se mit à rire, toujours en scrutant. Quelques minutes encore de chevauchée et elle se mit debout avec difficulté dans ses étriers, et elle remarqua un faible mouvement au loin. " Là. " Elle décida de ne pas lâcher la selle pour montrer du doigt mais elle fit un mouvement de la tête.

 

Toris se leva également et regarda. " Où ? Je ne vois rien. " Il continua à regarder. " Oh… attends. Oui je vois. " Il se retourna et sourit. " Tu as de sacrés yeux Gabrielle. "

 

" Ouais ", répondit doucement le barde. Elle poussa le cheval en avant et entendit Toris claquer de la langue pour que sa monture la rejoigne, les chevaux de bât suivant avec obéissance.

 

Les taches s'agrandirent, et Gabrielle put alors discerner la tête sombre de sa compagne, et les quatre silhouettes plus petites qui l'entouraient comme des poussins. Elles continuèrent à s'approcher et elle aperçut un demi-sourire sur le visage de Xena, et les yeux bleus qui cherchèrent et capturèrent les siens pendant un merveilleux et long moment.

 

" Salut ", héla la guerrière, en ralentissant avant de s'arrêter, et de mettre les mains sur les hanches. " Marrant de vous rencontrer tous les deux ici. "

 

Gabrielle pressa sa monture pour la faire avancer jusqu'à ce qu'elle soit tout près de sa compagne, puis elle passa une jambe par-dessus le flanc du cheval.

 

Xena s'avança et la rattrapa tandis qu'elle se glissait à terre, adoucissant sa chute avant de la poser doucement. " Qu'est-ce que vous faites ici par ce temps ? "

 

Le barde prit le manteau sur le cou du cheval. " On vous cherchait. " Elle secoua le manteau avant de l'étaler et de le poser sur les épaules de Xena. " Tu as oublié ça. " Elle serra la boucle au cou et ses doigts effleurèrent la clavicule de Xena, pour s'immobiliser au contact du cuir froid qui sortait de sa tunique. " Xena. " Sa voix se durcit lorsqu'elle sentit la chair frissonnante dessous. " Ne me dis pas que tu as porté ça toute la nuit après avoir sauté dans cette rivière gelée. "

 

Xena sentit un demi-sourire s'installer sur son visage et elle lança un regard vers les gamines qui regardaient avidement et se mirent à rire. " Je vous l'avais dit ", dit-elle à leur intention, puis elle fit face au visage tendu du barde. " Je n'étais pas sûre de ce qu'on risquait de trouver par ici… je ne voulais pas porter que le tissu. C'était au cas où. "

 

Gabrielle laissa passer un souffle et regarda les jeunes Amazones. " Salut vous. Vous êtes qui ? "

 

Sharra fit un pas en avant timidement. " Je suis Sharra, et voici Mégane, et Lista, et Elianas. "

 

" Je vois que vous connaissez déjà Gabrielle ", dit Xena avec un sourire. " Et lui ", elle tira un Toris récalcitrant vers l'avant, " c'est mon frère Toris. "

 

" Salut ", dit Toris, puis il mit la main sur le bras de Xena. " Tu vas bien ? " Ses yeux la scrutaient avec attention.

 

" Très bien ", dit la guerrière. " Allons-y. " Elle prit soin de ne pas parler d'Ephiny jusqu'à ce que les gamines soient sur les chevaux supplémentaires, et qu'elle et Gabrielle soient près de la monture de cette dernière. " Comment va Eph ? " Demanda-t-elle à voix basse, en laissant ses mains se poser sur la taille de Gabrielle.

 

" Pas très bien ", répondit doucement le barde, puis elle leva la main et passa le dos sur le front de Xena. " Et pourquoi est-ce que j'ai le sentiment que je vais devoir m'inquiéter pour vous deux ? " Bon sang, Xena… c'était vraiment idiot. Je sais que tu voulais t'assurer que tu étais protégée, mais… Elle laissa sa main retomber et reposer sur la poitrine de la guerrière, puis elle tira sur le lourd manteau pour la rapprocher et joua de nouveau avec la boucle de cou.

 

La guerrière soupira. " Ouais, je sais. Mais je vais m'en débarrasser. Eph était en train d'attraper quelque chose quand elle est tombée, et elle a avalé beaucoup d'eau, j'ai dû pomper. " Elle essaya d'ignorer le frisson qui la traversait, heureuse d'être chaudement couverte. " Merci d'avoir apporté ça. " Elle tapota le manteau.

 

" Par les dieux, Xena ", murmura Gabrielle. " Tu lui as sauvé la vie. Merci à toi. " Hors de vue derrière le marronnier, elle s'avança et s'appuya doucement sur Xena pendant un long moment. " Et je le pense vraiment. "

 

Cela lui valut un doux sourire. " Heureuse d'avoir été là. " Elle leva les yeux, notant que Toris avait installé les Amazones et qu'ils étaient prêts à partir. " Viens… on a encore un long chemin à faire. " Elle rassembla une énergie amenuisée et se hissa dans la selle du haut cheval bai, puis elle tendit le bras pour le barde.

 

" Merci ", dit Gabrielle en se laissant soulever avant de se blottir contre sa compagne, et de l'entourer de ses bras pour la serrer. " Viens, mon héroïne. Rentrons à la maison. "

 

" Chut ", plaisanta Xena en dirigeant le cheval soudain totalement coopératif vers l'avant. " N'ébruite pas ça, OK ? J'ai eu assez de problème avec la troupe, là. "

 

" Vraiment ? "L'intérêt du barde était maintenant attisé. " Comme quoi ? "

 

" Pas grave ", marmonna Xena en poussant l'animal à une allure plus vive.

 

" Oh… non non non… " La réponse lui parvint tintée de rire. " Ne me sers pas cette routine stoïque… crache. "

 

" Gabrielle. " Sur un long soupir. " Plus tard, OK ? "

 

Le barde regarda le dos couvert de tissu sous sa joue et renonça. " Très bien. " Elle se rapprocha et entoura le corps de la guerrière des bords de son manteau. " Plus tard. " Elles chevauchèrent en silence.

 

************************************************

 

Le soleil était bien haut lorsqu'ils entrèrent dans la cour, et s'arrêtèrent devant l'auberge où Cyrène et Johan se tenaient à attendre. Xena arrêta le cheval bai et passa la jambe par-dessus le cou du cheval, avant de se laisser glisser et de se tourner pour que son manteau s'enroule proprement autour d'elle.

 

Gabrielle regarda vers le bas, clignant des yeux pour en faire partir le sommeil puis vers sa compagne avec un sourire chaleureux. " Tu sais quoi ? "

 

" Hmm ? " répondit Xena en posant la main sur sa cuisse.

 

" Tu es la seule personne que je connaisse qui peut descendre de cheval en manteau et le faire avec grâce ", fit observer le barde. " Tous les autres ont l'air d'essayer de danser dans un sac à patates. "

 

Cela lui valut un rire las de la part de sa compagne. " Si tu le dis. " Xena se tourna pour accueillir Cyrène qui s'approchait. " Salut. Comment va la patiente ? "

 

Cyrène lui fit un signe de tête. " Elle dort pour l'instant, mais sa toux empire. Je suis contente que tu sois là. "

 

Gabrielle et Xena échangèrent des regards inquiets. " Bon sang. " La guerrière soupira en rattrapant le barde qui se laissait glisser de la selle. " Très bien. Allons voir ce qu'on peut faire. "

 

" Attends ", dit Gabrielle d'une voix ferme. " Maman a dit qu'elle dormait. Tu as le temps de te changer. "

 

" Gabrielle… " Xena hésita en voyant les signaux d'avertissement clignoter sur le visage fatigué du barde. " OK. " Elle se rendit tranquillement. Elle a raison… pas la peine de discuter pour une cause perdue. " Viens. "

 

Elles marchèrent en silence vers le chalet et ne parlèrent pas jusqu'à ce que la porte se referme derrière elles. " Xena ", dit le barde en se tournant vers elle, une main posée sur son bras. Ecoute… je sais bien que je t'ai bousculée… mais quelqu'un doit prendre soin de toi parfois… puisque tu sembles oublier le faire toi-même.

 

Une main se posa sur sa joue de manière inattendue. " Merci d'avoir pris soin de moi " dit la guerrière doucement. " Ton mot m'a fait très plaisir. "

 

" Oh. " Le barde rougit. " J'avais oublié que je… heu… merci. " Son esprit vagabonda loin du sujet et elle secoua un peu la tête. " Sors de ces vêtements, s'il te plaît. "

 

" Oui, maman ", dit Xena en riant, et elle passa la tunique au-dessus de sa tête avant de l'accrocher près de la porte, et de commencer à délacer le vêtement en cuir, pour le retirer avec un sentiment de soulagement. Il était toujours moite même après des heures, et le froid glacé l'avait vraiment gênée.

 

Gabrielle s'approcha, et enroula une grande couverture douce autour d'elle, avant de la tirer par le bras. " Près du feu une minute. " Et la guerrière se laissa conduire sans résistance, et s'installa près du foyer, que Gabrielle remua d'une main experte. " Bouge pas. Je vais chercher tes vêtements. "

 

" Gabrielle, tu n'as pas à… ", commença à dire Xena, en se préparant à se relever.

 

Une main se posa sur sa bouche. " Tais-toi. " Puis le barde s'interrompit. " Par les dieux, je n'ai jamais pensé te dire ça un jour. " Elle sourit. " Laisse-moi m'agiter, OK ? Fais-moi plaisir. " Elle s'interrompit et laissa le bout de ses doigts tracer la mâchoire de Xena. " S'il te plaît. "

 

" OK. " Xena se détendit, absorbant la chaleur bienvenue tout en regardant Gabrielle s'affairer dans la pièce. Elle laissa sa tête reposer sur l'âtre, et son esprit vaguer paresseusement, en pensant à ce qu'il leur fallait pour Ephiny, et combien d'herbes elles avaient en réserve.

 

Gabrielle alla vers la commode et en retira des vêtements propres pour elles deux, puis elle laissa son regard tomber sur sa compagne. Par les dieux… elle est à moitié endormie. Elle rit intérieurement, et posa doucement les vêtements, avant de poser le chaudron d'eau au-dessus du feu, en observant les yeux bleus qui suivaient paresseusement chacun de ses gestes.

 

Je pourrais m'asseoir et me blottir contre elle… mais on serait toutes les deux hors jeu en un clin d'œil. L'idée s'étendit cependant avec séduction autour de ses défenses, et elle se rendit compte qu'elle s'approchait de sa compagne pratiquement sans en être consciente. Elle s'arrêta et soupira, tout en attrapant deux tasses et en y versant une poignée d'herbes, avant de s'installer sur la peau d'ours pour attendre que l'eau bout.

 

" Hé ", dit Xena en prenant une inspiration avant de la relâcher. " Comment s'est passé le conseil ? " Elle regarda d'un air rêveur la lumière du feu peindre une lueur chaleureuse sur le visage de Gabrielle, donnant une teinte profonde couleur miel à ses yeux, et saisissant les reflets flamboyants de ses cheveux. La chaleur toute proche du foyer s'écoulait lentement en elle, relâchant ses muscles tendus d'une trop longue exposition au froid, et elle ressentit l'envie de rester là assise pour toujours, à savourer la compagnie simple de son amie.

 

" Quoi ? Oh… " Le barde se mit à rire. " J'avais oublié… ça s'est bien passé. " Elle hésita un peu, en regardant la tasse dans ses mains. " Et tu avais raison pour Rurik. "

 

" Pourquoi ? " Soudain, toute trace de sommeil avait disparu de sa voix et Gabrielle leva les yeux vers ceux acérés et très attentifs de Xena. " Qu'est-ce qu'il a fait ? "

 

" Chut… " Le barde la calma. " Ça va bien, je m'en suis occupée. Je lui… ai dit de me ficher la paix, c'est tout. " Elle versa l'eau chaude sur le thé, et attendit qu'il infuse, en mélangeant nonchalamment une cuillerée de miel dans chaque tasse. " Il était juste stupide. "

 

" Stupide ? " demanda Xena, juste un peu apaisée. Elle se redressa et tira la couverture autour d'elle, en se penchant en avant pour étudier le visage de Gabrielle. Puis elle se rendit compte de l'impression qu'elle devait donner. " J'espère que tu lui en as mis une. "

 

Les mains de Gabrielle se figèrent, et elle leva les yeux, avec une expression de plaisir étonné. " Et bien… je n'ai pas eu à le faire, mais je l'ai menacé… " Elle s'interrompit un long moment, plusieurs émotions en lutte sur son visage. " Xena, merci ", finit-elle par dire en soupirant.

 

" Pour quoi ? " Lui parvint la réponse douce et connaisseuse.

 

" Pour avoir décidé que je pourrais régler mes propres problèmes. " Le barde sourit et lui tendit une tasse. " Tiens. "

 

" Merci. " Xena lui prit la tasse et l'étudia par-dessus le filet de vapeur. " Et bien sûr, s'il n'a pas compris le message, la prochaine fois qu'il te cherche des noises, je vais le fourrer dans la fosse à purin et l'épandre comme engrais. "

 

" Oooh… je l'aime bien celle-là. " Le barde se mit à rire. " Je pourrai te citer ? "

 

" OK ", répondit Xena, en sirotant le breuvage chaud d'un air appréciateur. " Joli boulot. " Elle montra le thé. " Ça fait du bien par où ça passe. " C'était un fait, et Gabrielle s'en rendit compte.

 

" Tu as mal à la gorge ? " demanda-t-elle calmement, en mettant doucement la main sur le genou proche de Xena.

 

" Un peu ", admit la guerrière avec un soupir. " J'ai été idiote, je sais bien. Vas-y, tu peux me crier dessus. "

 

Gabrielle secoua la tête et soupira. " Qu'est-ce que je vais faire de toi ? "

 

" Quoi que ce soit, il faudra que ça attende. " La guerrière prit une autre gorgée et cligna des yeux. " Je ferais mieux d'aller voir Ephiny. " Elle se leva et alla vers l'endroit où Gabrielle avait posé les vêtements ; elle passa une épaisse chemise en laine et des collants, serra la ceinture sur la chemise et s'assit pour enfiler une paire de bottes de rechange.

 

Gabrielle la regarda, puis soupira et se leva, avant de s'avancer pour remettre la main sur la tête de Xena. " Tu as de la fièvre, mon amour. "

 

" Ouais, je sais ", répondit-elle d'une voix basse. " Je vais m'en débarrasser. " Elle vida la tasse et se leva en tapant des pieds pour ajuster les bottes. " Tu viens aussi ? "

 

" Question idiote ", dit Gabrielle d'un ton moqueur en vidant sa tasse avant d'enfiler une chemise propre.

 

***************************************************

 

Cyrène sortait justement de la chambre d'Ephiny quand elles entrèrent, et elle leur agita une cuillère devant le nez. " N'oubliez pas de manger quelque chose. "

 

Gabrielle leva les yeux au ciel à l'attention de l'aubergiste et montra Xena d'un geste de la tête. " Je vais voir ce que je peux faire. "

 

Elles entrèrent dans la pièce et Xena alla vers la longue couche, avant de se mettre sur un genou, et d'examiner doucement l'Amazone à la peau claire allongée là. Ephiny avait un grand hématome sur la tempe à cause de la glace, et Xena put sentir la chaleur émaner de son corps alors qu'elle lui tournait la tête pour regarder. " Gabrielle, viens ici. "

 

" Hmm ? " dit le barde tout près de son épaule.

 

" Qu'est-ce que tu sens au toucher ? " demanda Xena à voix basse.

 

Gabrielle lui lança un regard puis tendit la main et la posa sur le front de l'Amazone. " Plutôt chaud. " Elle toucha le bras d'Ephiny. " De la chair de poule. " Elles pouvaient entendre la respiration de la jeune femme blonde, un gargouillement rude qui mit les nerfs de Gabrielle à vif et fit vibrer une corde du souvenir déplaisante. " C'est pas bon signe. "

 

Xena acquiesça de la tête. " Très bien… il me faut de l'eau chaude… on va essayer de lui faire avaler quelque chose pour l'aider. " La guerrière se leva et alla vers son paquetage, déjà posé sur la petite table de la pièce, et elle en sortit plusieurs objets et les posa bien sur la surface.

 

Gabrielle mit de l'eau sur le petit feu de la pièce et puis revint s'agenouiller près de la forme immobile d'Ephiny. " Eph ? " Demanda-t-elle doucement, en lissant les cheveux hors du front de l'Amazone. " Allez… Ephiny ? "

 

Très lentement, un léger mouvement des paupières lui dit que l'Amazone l'entendait. " Eph ? C'est Gabrielle. Tu peux ouvrir les yeux ? "

 

Un autre battement, puis les yeux clairs clignèrent dans un brouillard et s'ouvrirent, et ils l'étudièrent sans vraiment la reconnaître. " Qu… " Un autre clignement et puis le front de l'Amazone s'agrandit légèrement, et la compréhension colora son regard. " Où… "

 

" Chut. " Gabrielle lui tapota le bras. " Tu es à Amphipolis. "

 

La panique passa sur le visage de l'Amazone. " Les gamines… " dit-elle dans un hoquet, puis elle commença à tousser. Gabrielle l'attrapa par les épaules et la maintint, échangeant un regard inquiet avec sa compagne.

 

" Doucement ", murmura le barde. " Les filles vont bien. Xena les a ramenées. "

 

Ephiny se laissa retomber sur le lit, la respiration forte. " Dieux ", murmura-t-elle.

 

" Je sais ", répondit Gabrielle sans joie. " Détends-toi. Ça va aller. " Elle leva les yeux. " Xena va te donner quelque chose de vraiment horrible à boire. Ça va t'aider. "

 

Ceci lui valut un rire faible de la part de l'Amazone. " Ça m'a l'air bien. " Elle toussa faiblement.

 

" Tu peux la faire s'asseoir, Gabrielle ? " Xena s'agenouilla près du lit, une tasse épaisse et lourde dans la main.

 

Le regard d'Ephiny cherchèrent dans le brouillard. " Salut… Xena… "

 

" Salut. " La guerrière lui fit un bref sourire. " Gabrielle a raison. Le goût est horrible mais tu te sentiras mieux. Je te le promets. "

 

L'Amazone hocha la tête d'un air assommé. " Je pense… que je te dois… merci… "

 

" Plus tard. " Xena lui fit un geste. " On doit aussi discuter de cette histoire de vieux cheval de guerre. "

 

" Eeeh ", couina Ephiny, une légère tentative de sourire sur les lèvres.

 

" Ouais, eeeh à toi aussi. " Xena sourit et aida Gabrielle à soulever Ephiny, alors que le barde passait un bras autour des épaules de l'Amazone. " Avale ça, d'accord ? "

 

Xena tint la tasse et attendit patiemment que l'Amazone réussisse à avaler la plus grande partie en s'étouffant presque. " Bon travail ", dit-elle en se levant pour aller vers la table.

 

" Ouf ", dit Ephiny dans un souffle, en clignant des yeux. Une autre quinte de toux la submergea et Gabrielle l'aida à se rallonger après qu'elle ne termine. " Aïe. "

 

Le barde acquiesça de la tête. " Ouais, je sais. " Elle soupira par solidarité. " J'ai vécu ça. " Elle tira les couvertures autour des épaules de la jeune femme blonde, et la borda. " Essaie de te détendre, d'accord ? "

 

Ephiny hocha la tête. " D'accord. " Elle ferma les yeux puis les rouvrit. " Besoin… " Une toux l'interrompit.

 

" On fera passer le mot au village. " Gabrielle interpréta correctement son inquiétude. " J'irai s'il le faut. "

 

Un autre mouvement de tête et cette fois l'Amazone se détendit sur l'oreiller, en réfrénant plusieurs toux profondes avant de finir par sombrer.

 

Le barde secoua lentement la tête et se leva, en pliant les muscles tendus d'être restée à genoux sur le sol dur. " Pauvre Eph. " Elle fit quelques pas et regarda par-dessus l'épaule de Xena. " C'est quoi ça ? "

 

" De la pommade ", répondit Xena, préoccupée. " Pour la toux… on masse la poitrine avec. " Elle lança un regard au barde. " J'ai trouvé la méthode après que tu as été malade la fois dernière, au cas où. "

 

Gabrielle posa sa tête sur l'épaule de la guerrière. " Mon héroïne. " Elle soupira puis plongea un doigt dans la pommade crémeuse, et l'amena à son nez. " Oh… je crois bien que j'aime ça.

 

" Eucalyptus ", murmura Xena, en remuant le tout avec une petite spatule.

 

" Alors… tu masses simplement la peau avec ça ? " Demanda Gabrielle l'air de rien.

 

" Ouais ", répondit Xena, sans vraiment écouter. " Ça se laisse absorber… et la vapeur entre dans tes poumons. "

 

" Oui oui. " Le barde attendit que Xena finisse de remuer, puis elle trempa tous ses doigts et prit une bonne ration, et elle tendit ensuite la main et tira le col de la tunique de Xena. " Bien. " Et elle commença à masser doucement le mélange sur la peau exposée ainsi.

 

" Gab… " Xena commença à protester puis se laissa faire avec un rictus. " Je pense que j'aurais dû le voir arriver. " Elle resta patiemment debout jusqu'à ce que le barde ait fini, puis elle attendit que Gabrielle relace sa tunique et serre le tissu sur sa gorge. " Merci. "

 

" De rien. " Elle prit la tasse et la tendit à sa compagne. " Et pourquoi tu ne finirais pas ça tant que tu y es ? " Elle cloua Xena d'un regard sévère jusqu'à ce que la guerrière soupire et vide le contenu. " Merci. " Gabrielle lui prit le coude et l'emmena hors de la pièce. " Maintenant, tu vas manger quelque chose, d'accord ? "

 

Xena lui lança un regard. " Je n'ai pas vraiment faim. "

 

" Raison de plus ", l'informa Gabrielle allégrement. " Je vais mettre ce truc sur Ephiny et je te rejoins, OK ? "

 

" D'accord ", dit Xena dans un soupir, et elle partit à grandes enjambées vers une table près du grand feu, avec Arès trottant dans son ombre.

 

" Espèce d'entêtée ", gloussa Gabrielle intérieurement, et elle repartit dans la pièce puis elle se ravisa et se glissa plutôt dans la cuisine. " Salut maman. " Elle alla vers l'endroit où Cyrène mélangeait un grand fait-tout de soupe.

 

" Bonjour ma jolie ", lui dit Cyrène en souriant. " Comment va notre amie ? "

 

" Elle se sent pas trop bien, je pense ", dit Gabrielle en soupirant. " Mais ce n'est pas pour ça que je suis ici. Ta fille a passé la nuit dans des vêtements humides, et maintenant elle a la fièvre, et elle essaie de prétendre le contraire. "

 

Cyrène jura de manière colorée. " Parfois, je le jure, elle a vraiment la cervelle d'un phacochère. "

 

Gabrielle se mit à rire. " En fait, elle avait une raison plutôt valable. Ça ne me plaît pas, mais je ne peux pas vraiment la blâmer. Tu as de la soupe ou un truc comme ça à lui donner ? Je ne pense pas qu'elle soit d'humeur à avaler quelque chose de solide. "

 

" Je vais m'en occuper ", dit Cyrène en souriant. " Va finir ce que tu faisais. "

 

" Merci maman. " Le barde sourit et l'étreignit. Elle repartit dans la chambre d'Ephiny et prit le bol de pommade, reprenant sa position à genoux près du lit. Ephiny dut ressentir sa présence car elle battit des paupières et regarda le barde d'un air endormi. " Salut. "

 

" Détends-toi ", lui dit Gabrielle d'un ton assuré. " J'ai un truc ici qui sent étonnamment bon, et que je vais étaler sur toi. "

 

" Génial. " Ephiny se força à faire entre de l'air dans ses poumons. Elle ferma les yeux au doux contact des doigts de Gabrielle, et les garda ainsi pendant que le barde couvrait sa poitrine et sa gorge de pommade, ne les ouvrant que lorsqu'elle remonta la couverture pour couvrir le cou de l'Amazone. " Ça sent bon ", réussit-elle à dire d'une voix rauque, en trouvant un petit sourire à l'attention du barde.

 

" Essaie de dormir un peu, d'accord ? " Dit doucement le barde. " Ça va empirer avant de s'améliorer, mais ne t'inquiète pas, Ephiny… on va s'occuper de toi. "

 

L'Amazone hocha un peu la tête et ferma les yeux. Gabrielle attendit que sa respiration se stabilise, puis elle se leva en laissant passer une longue expiration. Et elle sentit la responsabilité du serment qu'elle avait fait s'installer proprement sur ses épaules une fois de plus. Il lui avait fallu plusieurs semaines pour se remettre de sa toux maladive avant de pouvoir voyager à nouveau, sans que Xena n'ait une peur bleue qu'elle ne s'évanouisse. Puisque Ephiny était là , quelqu'un devait diriger les Amazones. Et elle était ce quelqu'un.

 

Bon… très bien, se dit-elle, en s'essuyant les mains sur un morceau de lin. Deux semaines avec les Amazones, ce ne serait pas si mal, et cette fois-ci… elle sourit tranquillement. Je peux demander à Xena de m'accompagner et apprécier d'être un peu là-bas pour changer. Une pensée lui traversa l'esprit. Peut-être même qu'on pourrait faire venir Kaleipus… hmmm… ça pourrait être intéressant. Elle sourit pour elle-même et alla tranquillement vers la fenêtre, s'assurant qu'elle était bien fermée et qu'aucun courant d'air n'entrait. Puis elle regarda le pâle visage d'Ephiny pendant encore un instant avant d'aller à la porte, la refermant en partie avant d'aller dans la salle de l'auberge.

 

Xena était affalée dans un grand fauteuil près du foyer, une tasse dans la main, et elle leva les yeux à l'approche du barde, en levant la tasse vers elle en guise de salut. " Fallait qu'tu caftes à ma mère, la rouquine ? "

 

" Je te passe ça parce que tu ne te sens visiblement pas bien ", ricana Gabrielle avant de s'arrêter devant le fauteuil, les mains sur ses hanches. Puis elle laissa tomber l'attitude assurée et s'avança un peu plus, une main sur le front de sa compagne. " C'est pareil, je pense ", dit-elle en s'éclairant un peu. " C'est bon signe, non ? "

 

Xena dressa un sourcil. " J'aurais plus de chances de me débarrasser de ça si tu arrêtais de me dorloter ", râla-t-elle, mais elle posa la tête sur le côté du barde et la poussa un peu, et elle sentit les doigts de cette dernière passer dans ses cheveux. Menteuse. T'adores ça.

 

" Est-ce qu'elle va s'en sortir, Xena ? " La voix de Gabrielle était très calme.

 

La guerrière l'étudia un long moment. " Elle est dure à cuire ", dit-elle finalement. " Elle est en bonne forme et on a les bonnes herbes et tout le truc… ouais. Je pense qu'elle va s'en sortir. "

 

Xena ne mentait jamais sur ces choses-là, Gabrielle le savait. C'était trop vital et elle était trop bassement réaliste. Elle sentit un peu du poids quitter ses épaules. " Et toi ? " demanda-t-elle doucement, en lissant les boucles noires emmêlées hors du visage chaud de Xena.

 

Xena écarquilla les yeux. " Gabrielle, je vais bien, d'accord ? Il me faut plus qu'un plongeon dans la rivière et une nuit de chevauchée pour me causer des dommages sérieux. Mon corps peut gérer ça. " Ah oui ? Alors pourquoi tu râles autant alors ? N'essaie surtout pas de lui faire assumer ça.

 

" Très bien… très bien ", dit le barde en riant doucement, et en grattant la nuque de sa compagne avec affection. " J'ai compris le message. J'arrête de t'embêter. " Mais ça lui fit un peu mal et elle savait que ça se voyait dans son regard, à la vue du soudain regret dans celui de Xena.

 

" Non ", corrigea doucement cette dernière. " Arrête simplement de t'inquiéter. Tu peux m'embêter autant que tu veux. " Elle la poussa à nouveau, et lança un regard d'excuse au barde. Désolée… mon amour.

 

" D'accord. Arrêter de m'inquiéter. Pourquoi tu ne me demandes pas quelque chose de facile ? Comme d'arrêter de respirer ", ricana le barde, et elle s'installa dans le fauteuil près d'elle, les coudes sur les genoux, fixant le sol. " Désolée. " Elle prit une longue inspiration. " Je sais que tu n'aimes pas qu'on s'agite autour de toi. "

 

" Hé ", dit Xena doucement, en tendant la main pour attraper le bras du fauteuil de Gabrielle. Pas de réponse du barde. Xena étudia le fauteuil puis renifla pensivement, et tendit son bras une seconde puis elle posa un pied au sol, et elle tira fortement, attirant le fauteuil avec son occupante surprise jusqu'à ce que les deux se touchent.

 

Gabrielle leva les yeux et sursauta de sa mauvaise humeur à cause du mouvement soudain. " Hé ! " Elle essaya mais ne réussit pas à effacer un sourire surpris de son visage.

 

Xena s'appuya sur le bras du fauteuil de telle sorte qu'elles soient toutes proches, et elle l'étudia attentivement. " Ecoute. " Elle mit le doigt sur le nez du barde. " Tu peux me taquiner. Tu peux t'agiter autour de moi, tu peux me donner des ordres, tu peux me faire toutes les fichues choses que tu veux, d'accord ? " Elle fit une pause et tira sur la manche du barde. " Tu es la seule. Toujours. Compris ? "

 

Gabrielle laissa tomber son regard, rougissant légèrement en comprenant le message. " J'ai compris ", dit-elle doucement avec un sourire. Puis elle leva les yeux timidement, et réfléchit la lueur dans les yeux de Xena avec une étincelle dans les siens. " Tu pouvais juste me demander de me rapprocher, tu sais. " Excuses offertes et acceptées, comme à chaque fois.

 

" Où est le plaisir là-dedans ? " demanda Xena en se penchant vers l'arrière avant de prendre une gorgée de soupe.

 

Le barde rit un peu. " Alors… c'est quoi le plan pour Ephiny ? Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? "

 

Xena écarquilla à nouveau les yeux, et elle jeta un coup d'œil par la fenêtre. " Cet après-midi, il faudra lui redonner une dose de ce truc, et remettre un peu de pommade. Ensuite… on attend et on voit comment elle réagit. " Les effets de la nuit et de la matinée, et le combat de son corps contre la fièvre commençaient à prendre le dessus, et elle sentit un profond épuisement commencer à la submerger.

 

Gabrielle acquiesça de la tête. " Ça me paraît bien. " Elle étudia le visage de sa compagne. " Comment tu te sens ? "

 

Ça lui valut un long regard pensif en retour. Je ne peux plus rien lui cacher, hein ? Un nouveau sourcil dressé. " J'aurais bien besoin d'une sieste. Ça te dit de venir ? "

 

" Je ne pensais plus que tu me poserais la question ", répliqua le barde avec un doux sourire. " Maman a mis les filles là-haut dans deux des chambres, elles sont tombées de sommeil. Tu les as lessivées, mon amour. "

 

Xena se leva et bâilla. " Je me suis lessivée aussi ", admit-elle en tendant une main pour que aider le barde à se lever. " Toute cette paresse commence à réclamer son dû. " Mais elle sourit en soulevant Gabrielle. " Je pense que je peux attendre de m'en inquiéter au printemps ", dit-elle en les emmenant vers la porte.

 

Gabrielle réfléchit à ces mots alors qu'elles allaient vers leur chalet, se rendant compte que cela marquait un changement dans l'attitude de Xena qu'elle avait espéré, mais qu'elle ne s'était jamais attendue à voir. Elle se sourit tranquillement à elle-même, et ressentit du soulagement, comme si elle avait retenu sa respiration, attendant que la bulle ne sorte, et que maintenant… elle se rendait compte que ça n'était pas du tout une bulle, mais une sphère de cristal, qui avait une chance de durer longtemps.

 

" Hé, Xena ? " appela-t-elle en regardant sa compagne s'installer sur le lit, et tapoter près d'elle. Un endroit où elle s'empressa de ramper, son corps avide du contact.

 

" Hein ? " marmonna la guerrière, en entourant le barde de ses bras.

 

" Je pense qu'il va falloir que j'aille au village des Amazones quelques jours ", dit Gabrielle en posant la tête sur l'épaule de Xena, et ressentant la chaleur familière qui se faufila en elle en une vague séductrice.

 

" Ouais, c'est ce que je me suis dit ", lui fut-il répondu, d'un ton légèrement éloigné. " Ramener les gamines, calmer Eponine… donner du fil à retordre à Solari… "

 

Gabrielle se mit à rire. " Oh quelle chance. Ça veut dire que tu m'accompagnes alors ? "

 

" Je ne manquerais ça pour rien au monde ", répondit Xena sans hésitation. " En plus, je veux te voir mettre Eponine sur le cul. "

 

" Ah oui, hein ? " Le barde sourit et se mordit la lèvre. " Je pense qu'on ferait mieux de s'entraîner demain alors. "

 

" Nan ", marmonna Xena, déjà à moitié endormie. " Tu es la meilleure élève que j'ai eue. Elle n'a pas une chance. "

 

Gabrielle sentit sa respiration s'arrêter net, pendant un long moment, puis reprendre avec un doux soupir. Elle étudia le visage au-dessus d'elle, mémorisant les lignes et les contours distincts, et les courbes finement dessinées. Les sons joyeux et les odeurs de la pièce, et la sensation tactile de l'épais couvre-lit en lin, et la laine de la chemise de Xena, tout cela se combina pour former une boule de sentiment chaud et profond en elle à l'écoute de cette simple phrase.

 

Xena dut le ressentir. Elle ouvrit les yeux et pencha un peu la tête en questionnement.

 

Gabrielle lui sourit d'un air émerveillé. " Je n'ai jamais été la meilleure à rien avant ça. "

 

Elle reçut un doux rire en retour. " Et bien… voyons ça. " Xena réfléchit un instant. " Tu es le meilleur barde que j'ai jamais vu. "

 

" Xena. " Elle rougissait maintenant. Ouais bon.

 

" Et la meilleure négociatrice avec laquelle j'ai jamais travaillé. "

 

" Oh allez. " Elle donna un petit coup à Xena. Allez… arrête de me faire plaisir.

 

" Et la meilleure amie que j'ai jamais pu espérer avoir. " Et là la voix était douce et sincère.

 

Elle prit une inspiration pour parler, puis la laissa passer comme ça, et se retrouva perdue dans les yeux de Xena. Oh… ça elle le pense vraiment…

 

" Et la meilleure chose qui me soit arrivée dans toute ma vie. " Dit sur un ton final, alors qu'une main douce entourait sa joue, et que des lèvres effleuraient les siennes avec la légèreté d'une plume.

 

Ce n'était que des mots, mais Gabrielle eut le sentiment qu'ils étaient une solide chaîne en or, glissant dans ses oreilles, et s'entourant autour de son cœur.

 

Il ne restait plus beaucoup de mots pour exprimer ce qu'elle ressentait… et elle se rendit compte qu'elle devrait en créer de nouveaux, pour décrire ceci. Alors elle enfouit sa tête dans la douce chemise en laine de Xena, et serra cette dernière contre elle aussi fort qu'elle put. Ne sentant même pas le sommeil l'emporter dans une chaleur dorée familière.

 

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