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wintersending5C

Page history last edited by Fausta88 14 years, 9 months ago

 

La fin de l'hiver (Winter's ending)

 

De Missy Good

 

Traduction : Fryda

 

 

 

*********

Partie 5C

*********

 

Gabrielle était appuyée contre le mur de la chambre d’Ephiny, essayant d’effacer les voix perçantes et haut perchée de son esprit. Elle avait essayé de ne pas écouter, mais l’auberge était bien trop calme, et son audition s’était bien améliorée ces derniers temps, peut-être juste à cause de l’entraînement. Sa réaction passa rapidement de l’embarras à une colère sourde alors qu’elle réfléchissait à leurs paroles.

 

Et bien… c’était vrai, non. Gabrielle s’assit lentement dans le fauteuil, et regarda le visage tiré d’Ephiny, pâle et toujours dans un sommeil laborieux. Elle n’était pas vraiment une Amazone… pas comme Ephiny… Solari ou Eponine ou Granella… elle n’était pas une guerrière. Elle regarda ses mains pendant un long moment. L’était-elle ?

 

Ces mains étaient calleuses… sur les doigts là où elle tenait ses plumes d’écriture, c’est vrai… mais surtout sur les paumes et les côtés à cause du travail avec le bâton. Les poignets étaient plus épais qu’elle ne s’en souvenait, lorsqu’elle bougea les doigts, les tendons remuèrent sous la peau presque comme Xena le faisait, et elle savait que quand elle se regardait dans le miroir aujourd’hui, le corps qu’elle y voyait n’était pas doux, presque juvénile. Loin de là. Habillez-là du cuir des Amazones et on ne pourrait pas dire la différence, plus maintenant, sauf qu’elle était un tantinet petite. Mettez-lui un bâton dans les mains, et même sa taille serait vite oubliée, à la voir attaquer des hommes de deux fois sa carrure.

 

Alors… que suis-je ? Je ne suis plus juste un barde, n’est-ce pas ?

 

Xena dit… que porter des armes c’est porter une responsabilité. Quand on apprend à en utiliser une, on prend la responsabilité de comprendre ce qu’on est capable de faire avec. Elle prend ça très au sérieux… elle est vraiment consciente du danger qu’elle représente.

 

Est-ce que je suis dangereuse ? Elle y avait beaucoup réfléchi ces derniers temps… Alors qu’elle devenait plus forte, et sentait ses talents augmenter. La semaine dernière encore, elle et Xena s’entraînaient, et elle avait perdu son équilibre lors d’un balayage à pleine force. Xena avait réussi un petit miracle en empêchant son propre bâton de venir frapper le corps de Gabrielle, mais en faisant cela, elle n’avait pas pu empêcher le coup du barde de la frapper. Elle avait été touchée au crâne juste au-dessus de l’oreille, et était tombée à genoux. Xena s’était relevée pratiquement immédiatement, et s’était juste passé la main sur la blessure, mais Gabrielle avait vu le regard embrumé dans ces yeux bleus, et cela l’avait effrayée au-delà de ce tout ce qu’elle avait pu faire jusque là, parce qu’elle savait fichtrement bien combien Xena était forte, et comme il était difficile de la blesser.

 

Elle s’était arrêtée, d’un coup, avait posé leurs deux bâtons, et aidé Xena à marcher jusqu’au chalet, consciente que son corps tremblait de réaction. Il lui avait fallu deux jours pour retrouver la force de s’entraîner à nouveau avec la guerrière, et même là elle ne se laissa pas aller à fond jusqu’à ce que Xena la pousse délibérément.

 

Cela l’avait déstabilisée autant que le jour où elle s’était rendu compte que Xena ne l’attaquait plus à demi-vitesse, la première fois qu’elle avait regardé par-dessus leurs bâtons croisés et vu le feu de la compétition puissant dans ces yeux, cela l’avait pétrifiée, puis fait reculer, comprenant soudain ce qu’on ressentait de s’attaquer vraiment à sa partenaire. Elle sut parfaitement, avec une réelle certitude, qu’elle ne voulait pas répéter cette expérience pour de bon, jamais.

 

Alors ils pensaient qu’elle était sans défenses sans une certainement intimidante Xena, n’est-ce pas ? Qu’elle se baladait, cherchant les ennuis, et dépendant de Xena pour la sortir de là ? Elle s’assit dans le fauteuil et fixa la fenêtre. Ça avait été vrai… autrefois. Elle l’admit, et encore récemment. Mais plus maintenant. Elle hocha un peu la tête au soleil qui entrait, laissant ses mains se promener dans la chaude fourrure d’Arès. Très bien…. Je vais leur montrer.

 

« Hé. » La voix endormie d’Ephiny interrompit ses pensées. « Un dinar pour tes pensées… tu as un air sinistre. »

 

Gabrielle laissa sortir une longue expiration. « Non… je réfléchissais… à des trucs. Tu sais… comment te sens-tu ? »

 

L’Amazone cligna des yeux avec lassitude. « Nulle », admit-elle. « Je ne tousse plus autant, mais c’est comme si un chariot m’était passé dessus. » Elle s’interrompit. « Tiré par des centaures. »

 

Le barde rapprocha sa chaise. « Ça se voit », dit-elle à la jeune femme blonde, sans merci. « Je pense qu’il faut que je te fasse avaler quelque chose de solide. » Elle sourit en voyant Ephiny tressaillir. « Ou au moins un peu plus de soupe. »

 

L’Amazone hocha un peu la tête. « Comment vont les filles ? » Ses yeux battirent vers Gabrielle, notant l’ombre fugitive qui traversa le visage habituellement ouvert et amical du barde. « Gab ? »

 

« Bien… » répondit Gabrielle, en remuant un petit pot sur le feu. « Elles sèment la pagaille… elles ont attaché des oreilles de lièvre sur la chèvre de l’auberge… et l’une d’elle est tombée dans le poulailler et a écrasé un paquet d’œufs. »

 

Ephiny rougit d’embarras. « Dieux. Désolée. »

 

Le barde leva les yeux et sourit. « Ce n’est pas de ta faute, mais je vais les sortir pour un peu d’entraînement au bâton ce matin, et ensuite je pense que nous allons faire une longue balade le long de la rivière cet après-midi. Peut-être que ça va les fatiguer. »

 

La jeune femme blonde soupira. « Merci… je ne voulais pas te coller ces petits monstres. » Elle lança un regard amusé à Gabrielle. « Essaie de ne pas en casser une, ok ? Tu as un méchant balayage de bâton. »

 

Le barde lui apporta de la soupe, et se réinstalla sur son fauteuil. « J’essaierai. » Elle plissa le front. « Est-ce qu’on a été aussi jeune ? »

 

Les deux sourcils d’Ephiny bondirent. « Nous ??? Parle pour toi petite pousse. » Elle se mit à rire, évitant à peine une nouvelle quinte de toux. « Ecoute toi… tu étais sûrement aussi jeune que ça, et il n’y a pas si fichtrement longtemps, en plus. »

 

Gabrielle ricana doucement. « Je pense… mais je ne me suis jamais conduite comme ça… je pense que j’avais juste d’autres choses à faire… par ailleurs… » Elle haussa les épaules. « Il n’y avait pas tellement de filles de mon âge à Potadeia. » Elle baissa le regard et posa les coudes sur ses genoux. « Il y avait un tas de gens avec qui jouer, et faire des trucs… danser, ce genre de choses. » Ses yeux verts se relevèrent et elle croisa le regard d’Ephiny. « Mais il a fallu que je sorte et que je me fasse presque capturer par des esclavagistes pour trouver ma meilleure amie. » Elle sourit et eut un petit mouvement de la tête. « C’est marrant la vie. »

 

« Ouais », approuva doucement l’Amazone. « Tiens… voyons ce que je peux faire avec ça. » Elle se redressa un peu et prit le petit bol de soupe des mains de Gabrielle. Dieux… et moi qui pense toujours que c’est Xena qui a des squelettes dans son placard mental. J’oublie toujours ce par quoi Gabrielle est passé déjà… on dirait qu’elle a quelques endroits douloureux elle aussi. « Bien, si tu veux bien me laisser te dire un truc, si tu as dû attendre jusque là, ça en a au moins valu la peine. »

 

Cela lui valut un sourire éclatant du barde. « C’est vrai, n’est-ce pas. » Elle rit. « Si vrai. »

 

Ephiny sirota sa soupe et regarda son amie du coin de l’œil. « Est-ce que vous vous êtes bien entendues dès le début ou… ? » Une question longuement mûrie posée sur une des lointaines étagères de sa curiosité.

 

Gabrielle ricana et leva les yeux au ciel, puis devint pensive. « En général je dis non, parce qu’il a fallu que je la traque… que je discute des heures avec elle…. Les dieux savent ce que j’ai fait pour qu’elle me garde avec elle mais… » Elle s’interrompit et secoua sa tête aux cheveux fauves. « Eph, il y avait quelque chose là dès la première fois ou nos regards se sont croisés… on l’a senti toutes les deux. »

 

L’Amazone sourit et suça l’arrière de sa cuillère, en ayant terminé avec sa soupe. « Hé… c’est merveilleux à entendre. » Elle regarda le barde lui prendre le bol et le poser sur la table. « Où est-ce que tu as dit que tu les emmenais tout à l’heure ? »

 

Gabrielle haussa les épaules. « Oh… le long de la rivière sûrement, on reviendra probablement à la tombée de la nuit. Ça devrait bien suffire. »

 

Un nuage passa dans les yeux de l’Amazone. « Tu es sûre que tu… » Elle hésita, sentant le barde se hérisser. « Je veux dire, avec ces brigands là-dehors… je ne… »

 

« Ecoute. » Gabrielle lui lança un regard dur. « Ephiny, je sais prendre soin de moi. »

 

La jeune femme blonde leva la main. « Je ne dis pas le contraire… mais à quoi ça sert de prendre des risques inutiles ? Si quelque chose arrive… »

 

« Si quelque chose arrive, je m’en occuperai », répondit le barde. « Ou es-tu en train de dire que tu penses que j’en suis incapable ? »

 

« Ouah !!! » Dit Ephiny d’une voix rauque. « Doucement. Ce n’est pas du tout ce que je dis. » Qu’est-ce qui a provoqué ça ?? « Seulement… sois prudente, d’accord ? » Elle prit une inspiration. « Aies pitié de la pauvre vieille Ephiny… d’accord ? Parce que c’est moi qui devrais affronter Xena si quelque chose t’arrive. » Elle attendit un court instant, observant la colère reculer du visage de Gabrielle. « Et je ne veux surtout jamais avoir à le faire. »

 

« Je sais », dit le barde très calmement. « On va juste faire une balade… et oui, je serai prudente. »

 

« Tu vas bien ? » Demanda Ephiny, tout aussi calmement. « Tu as vraiment l’air d’être sur les nerfs. »

 

« Oui, je vais bien », dit Gabrielle en soupirant, puis elle lui tapota le bras. « Désolée… je suis juste un peu sensible avec ce sujet… j’ai horreur d’être traitée comme une gamine… comme tu le sais. »

 

Ephiny lui lança un regard. « Je sais. » Elle tendit la main et lui donna un petit coup. « Mais tu as le fichu truc pour t’attirer les ennuis. »

 

Gabrielle leva les yeux au ciel. « Ne t’aventures pas par-là », l’avertit-elle en se levant. « Je vais me changer… je reviendrai après le dîner, alors tu te reposes, OK ? » Elle sourit un peu. « Je t’ai déjà raconté l’histoire de Cecrops ? »

 

Ephiny se redressa. « Le Marin Perdu ? Non… »

 

« Plus tard », promit le barde en se glissant dehors.

 

 

 

*******************

 

Xena ouvrit un œil et regarda vers l’ouverture de la grotte, contente de voir qu’il faisait encore nuit dehors. Bien… ça marche toujours, pensa-t-elle en se mettant sur le dos pour s’étirer avec précautions. Hmm. Une expression modérément satisfaite passa sur son visage. Ça n’est pas aussi mauvais que je m’y attendais. Elle jeta un coup d’œil par-dessus le feu contenu au visage de Iolaus paisiblement endormi, et un sourire narquois passa sur le sien, se souvenant de leur conversation de la veille. Tu as une dette envers moi pour ça, barde.

 

Silencieusement, elle mit sa couverture de côté et s’assit, jambes croisées pour la plier avec soin puis elle se leva et traversa la grotte pour aller à l’ouverture.

 

L’air sec lui atteint le nez et elle sourit. Le ciel d’avant aube commençait à peine à s’éclairer, mai elle pouvait une nuée d’étoiles, et elle savait que le temps, au moins temporairement, s’était éclairci. C’est bon signe. Elle hocha tranquillement la tête pour elle-même, sortit et sentit la brise brutale du matin se lever, soulevant ses cheveux de ses épaules et lui envoyant un frisson plaisant le long de son dos couvert de cuir. Avec un hochement de satisfaction, elle se retourna et revint dans la grotte, s’arrêta pour prendre un petit pot de son kit, et le remplit d’eau avec son outre. Elle s’agenouilla et remua le feu, appréciant la chaleur plaisante sur son visage, puis elle posa le pot pour le réchauffer et retourna à l’extérieur en direction de la rivière.

 

A mi-chemin, elle décida que de courir pour relâcher ses muscles serait une bonne idée, alors un moment après elle bondissait par-dessus le sol couvert de pommes de pin, laissant le vent repousser ses cheveux en arrière, alors qu’elle sentait son cœur battre dans le rythme bas et fort qui envoyait des vagues de sang partout sur sa peau.

 

Dieux… que c’est bon. Elle sentit le sol commencer à descendre vers l’eau et elle augmenta son rythme, sentant un rire bas monter alors qu’elle sautait par-dessus un petit ravin empli d’eau sans faillir à son rythme, et elle sentit le vent commencer à se charger de l’humidité de la rivière.

 

Elle prit le dernier tournant sur l’herbe, et faillit s’arrêter brutalement en voyant ce qui se trouvait devant elle.

 

Des chevaux. Des chevaux sauvages qui buvaient sur les rives de la rivière, bougeant tels des ombres fantomatiques dans le gris de l’aube. Trop tard, ils l’avaient repérée et partirent au galop, se dirigeant vers un angle vers elle, s’éloignant de la rivière.

 

Une lueur sauvage brilla dans ses yeux, et elle se lança derrière eux, prenant de la vitesse dans ses premières foulées en leur coupant la route, les obligeant à se disperser et à ralentir, et lui permettant de venir au niveau d’un étalon qui s’ébrouait, un animal gris et plus grand qu’Argo, avec une crinière et une queue couleur charbon.

 

Il bondit et galopa en direction des arbres, et Xena le suivit, forçant ses limites pour rester au niveau de la bête forcenée, et réalisant qu’elle perdait du temps, et de la place alors que les arbres se rapprochaient.

 

Une foulée puissante en avant et elle fut près de lui, tendit la main et attrapa sa crinière. Un autre saut arrondi et elle fut sur son dos, glissant ses jambes autour de poitrail puissant, et s’accrochant pour ne pas tomber.

 

Il hurla, et se cabra, montrant les dents et fit des sauts de côté, les quatre pieds quittaient le sol en même temps, mais les jambes serrées autour de lui étaient inflexibles dans leur puissance, et il repartit en courant, essayant de perdre cette chose agaçante qui s’accrochait à son dos.

 

Xena laissa sortir un cri sauvage, et se colla à lui, alors que le vent amenait des larmes à ses yeux par son froid piquant, et lui brûlait les poumons. L’étalon se précipita vers la grotte, secouant la tête, incapable de déloger sa cavalière, alors que le reste de la horde paniquée les suivait. Il fit un cercle pour repartir vers la rivière, et cette fois, il plongea avec l’intention folle de noyer quoi que ce soit qui était sur son dos.

 

Xena se coucha très bas sur son dos, et apprécia la chevauchée, faisant coïncider son saut avec une précision inflexible alors que l’animal filait tel le tonnerre en direction de la rive et dans la rivière, la laissant haut et sèche riant de ravissement, alors qu’elle retombait dans les hautes herbes de la rivière, tournant le visage vers le soleil levant, sentant sa chaleur sur ses paupières closes. Oh… wow… ça a été génial. Son esprit soupira d’aise. Une superbe façon de commencer la journée.

 

L’étalon hennit et sortit de l’eau, fit un large cercle autour d’elle en roulant les yeux dans sa direction. Il emmena la horde le long de la rivière, tournant parfois la tête pour garder un œil sur la silhouette allongée.

 

La guerrière rit doucement, et se mit debout, se dirigeant d’un pas calme vers l’eau, et y plongea la tête et le haut de son corps, se frottant vigoureusement. Le liquide glacé lui envoyait des frissons, mais c’était bon après la suée de sa chevauchée, et elle tortilla ses cheveux pour enlever l’excès d’eau, puis secoua la tête pour envoyer l’eau en trop sur toute la zone où elle se trouvait. Oh oui. Elle sentit qu’elle souriait. Pas de fièvre du confinement, hein ? Espèce de tricheuse, songea-t-elle ironiquement à son égard. Ça aurait été parfait si Gabrielle était là… mais bon. Une pensée sombre amusée. Elle m’aurait tuée pour avoir sauté sur ce cheval… et c’était probablement une chose idiote à faire.

 

Elle partit dans un petit trot vers la grotte, réjouie dans le soleil matinal, et le vent froid, et d’être vivante tout simplement, ouvrant ses sens à ce qui l’entourait et se délectant de tout ce qu’il avait à u lui offrir. Je me demande s’il y a d’autres petites notes comme ça…songea-t-elle, en se dirigeant vers la pente qui menait à l’entrée de la grotte, où elle vit Iolaus qui se tenait à l’ouverture, les mains sur les hanches. La regardant tout simplement.

 

Non, non… Xena, tu ne vas pas dévaster tous tes sacs jusqu’à ce que tu les trouves. Non. Absolument pas. On a des choses à faire, et des endroits où aller. Hercule, tu te souviens ? « Bonjour Iolaus », dit-elle d’une voix traînante en ralentissant pour s’arrêter près de l’entrée.

 

Iolaus s’était réveillé lorsque les premiers rayons du soleil avaient pénétré la grotte, et il avait regardé autour de lui, surpris de vois l’autre couchage vide. Il avait toujours pensé que Xena se levait à l’aube, comme le reste de la civilisation occidentale. Je suis bête…gloussa-t-il. Je présume que c’est une autre hypothèse que je peux jeter avec l’eau du bain, hein ?

 

Xena et Gabrielle. Il rit pour lui-même. Qui l’aurait cru ? Et… bon sang… oh bon sang… oh bon sang… qu’est-ce qu’il avait pu s’amuser avec Hercule là-dessus. Présumer que Xena pourrait sortir le grand gars de là, la question. Iolaus interrompit cette pensée pour l’examiner. Et bien si quelqu’un peut le faire, ce sera elle, d’accord ? Il se leva et étira sa petite silhouette, balançant la tête d’un côté à l’autre en écoutant le craquement douloureux avec un tressaillement. Oh… Héra… j’avais oublié combien je déteste dormir sur le sol. Chaque os de son corps était douloureux, et il sentit une brève nostalgie pour ce lit douillet dans l’auberge de la maman de Xena. Avec un soupir, il alla vers le feu, ravi de voir que Xena avait mis de l’eau avant de partir faire…

 

Faire quoi ? Se demanda-t-il et il alla à l’entrée de la grotte, regardant la journée magnifique. Ah… c’est mieux comme ça. Un sourire satisfait passa sur son visage et il s’apprêtait à se retourner pour rentrer quand un mouvement en dessous de lui attira son attention. Il fit quelques pas devant l’entrée de la grotte, et regarda en bas, repérant ce qui avait attiré son attention. Xena. Qui courait. Apparemment sans autre raison que celle de pouvoir le faire. Son corps accrochait le soleil levant et envoyait des éclairs de l’eau qui gouttait encore sur sa nuque et sur sa poitrine, et faisait danser l’éclat de ses yeux.

 

Ces yeux qui croisèrent les siens, alors qu’elle terminait sa course à côté de lui. « Bonjour Xena », dit-il d’un ton naturel. « Tu fais toujours… euh… une course dans le noir avant le lever du soleil ? »

 

La guerrière ricana. « Ça dépend. » Puis elle s’autorisa un léger sourire. « Pas ces derniers temps. »

 

« Ah… trop froid, hein ? » Dit Iolaus avec sympathie, en se frottant les bras.

 

« Nan… j’ai mieux à faire », dit Xena d’une voix traînante, observant la rougeur grimper le long de sa nuque quand il comprit le message. Elle effaça un sourire espiègle sur son visage et donna un signe de la tête vers le bas de la pente. « La rivière est par là. Je vais infuser du thé, ensuite on peut emballer et partir. Si on continue jusqu’à la lune de ce soir, on devrait presque y être. »

 

Il hocha la tête. « Ça me va bien. »

 

Xena le regarda descendre le chemin et secoua un peu la tête, avant de rentrer dans la grotte et d’aller à ses sacoches de selle, de s’agenouiller devant eux et d’en sortir une tunique chaude et un caleçon à porter sous son cuir pour le voyage. Sa main s’arrêta au-dessus des objets bien emballés, puis retomba doucement et les testa d’un doigt curieux. Non… tu ne vas pas partie à la chasse dans ce sac, espèce de sentimentale. Elle s’interrompit un instant. Mais je pourrais chercher cette broche supplémentaire que je suis sûre d’avoir mise ici…

 

Euh… bien. Elle rit impuissante contre elle-même, alors que ses doigts cherchaient adroitement, et elle tomba sur un autre paquet bien emballé. Dieux… je suis désespérante. Avec un rire satisfait, elle le sortit et le fit sauter en l’air une fois avant de le rattraper et de le ranger dans son petit sac à la ceinture avec un air de martyre. Plus tard… plus tard… allez maintenant… on y va. Elle se persuada de se lever et d’enfiler ses vêtements, puis elle rangea son couchage et le porta ainsi que ses sacs à l’endroit où Argo attentait patiemment. « Salut ma grande… »Xena donna une tape sur la croupe de la jument. « Comment tu te sens, hein ? »

 

Un simple reniflement de la part de la jument.

 

« Oh, allez… c’est bon pour toi. » La guerrière rit, alla vers le feu et jeta une poignée d’herbes dans l’eau fumante ; puis elle s’assit près de la chaleur pour attendre que les herbes infusent. Presque sans son consentement, sa main alla à son petit sac et en sortit le paquet, qu’elle étudia avec précaution, puis elle défit délicatement l’emballage, et déroula le parchemin à plat sur son genou. Elle garda la pierre, jouant avec inconsciemment tout en lisant.

 

Je me tiens à l’aube du monde,

 

Alors que la création tout entière attend dans un silence infini,

 

Que les premiers rayons percent l’obscurité,

 

Que les premiers sons brisent le silence,

 

Je me tiens là sachant que la seule chose qui a toujours existé

 

Et qui existera toujours est mon amour pour toi.

 

Xena laissa échapper un petit soupir, et toucha doucement la surface du parchemin du bout de son doigt, traçant les lettres écrites de cette main ferme et distincte. C’est si beau… je ne pouvais pas croire que quelqu’un pourrait écrire ceci… pour moi. Je ne le mérite pas. Oh dieux… je ne la mérite pas…Je ne… Je sais que je vais faire quelque chose qui va tout ficher en l’air.

 

Elle ferma les yeux et laissa simplement l’émotion l’écraser un moment. Puis elle prit une profonde inspiration et se redressa. Non. C’était prévu… quoi que j’aie pu faire auparavant, ou ce que je ferai plus tard, ceci… fait partie de ma destinée. Je ne peux pas l’éviter, je ne peux pas ne pas en tenir compte. Nous faisons partie l’une de l’autre.

 

Son pouls se calma, et elle relut le morceau de parchemin, en laissant un sourire se former cette fois, puis elle plia le papier, et le rangea avec précautions, lorsqu’elle entendit Iolaus qui remontait le chemin. Elle versa du thé dans deux tasses de voyage, et en tendit une au jeune homme blond alors qu’il entrait en frissonnant. « Dieux ! » Il hoqueta, prenant la tasse avec reconnaissance. « Cette eau est fichtrement froide, Xena ! »

 

Ce qui lui valut un ricanement de dérision de la part de la guerrière. « N’en fais pas un plat, Iolaus. Par Hadès, les hommes sont de vraies mauviettes. »

 

« Quoi ? » Protesta-t-il, en se réchauffant les mains sur la tasse avant de prendre une gorgée profonde. « C’est pas vrai. » Il lui lança un regard. « Nous sommes bien plus coriaces que les femmes. »

 

Les sourcils de Xena firent une courbe, et une lueur de compétition se forma dans ses yeux bleu glacier. « Ah ouais ? »

 

« Et bien… oui ! » Répondit Iolaus, en réalisant trop tard ce qu’il «était en train de dire. Oh… merde. « Je veux dire que… et bien, tu sais… ce que je veux dire, Xena… je veux dire que… le type moyen est peut-être une mauviette… mais nous, les mecs héros pas ordinaires… c’est une autre histoire… et bien sûr, je ne parlais pas de TOI quand j’ai dit que les gars étaient plus coriaces… euh… non… tout le monde sait que c’est toi la personne la plus coriace, hein ? Hommes, femmes, chiens… arbres… tu les bats tous. » Il s’interrompit, à bout de souffle. « Pas vrai ? »

 

Un reflet diabolique apparut dans ces yeux bleu clair que même lui put reconnaître. « Tu ne me frappes pas ? », couina-t-il en fermant très fort les yeux. « S’il te plait ? »

 

Il sentit une main sur son épaule. « Détends-toi… je blaguais », le rassura Xena avec un sourire. « Je suis sûre que tu es très coriace, Iolaus. Après tout, tu as survécu à tes voyages avec Hercule, pas vrai ? »

 

Il osa ouvrir un œil et la regarda pensivement. « Alors… qu’est-ce que ça veut dire pour Gabrielle ? »

 

Xena leva les yeux au ciel. « Viens, on repart. »

 

*******************

 

Gabrielle posa son bâton dans son coin habituel, et se frotta les mains en entrant dans le chalet, un sourire satisfait sur le visage. « Ça fait du bien, hein Arès ? » Elle tira doucement sur les oreilles du loup et prit une profonde inspiration. « Cinq jeunes Amazones pleines d’énergie et je les ai mises par terre. »

 

Elle passa les doigts dans ses cheveux humides et sourit, un peu suffisante, se sentant plaisamment fatiguée mais pas trop. « C’est l’heure de manger, après on descend le long de la rivière », informa-t-elle le loup tout en s’extirpant de sa tunique d’entraînement, avant d’aller au bassin d’eau, de mouiller un morceau de lin et de se le passer sur le corps pour rincer la sueur et la poussière de la cour d’entraînement.

 

Tout en terminant, elle accrocha un aperçu de son profil dans le miroir, et le fixa un moment, la main posée juste sous sa cage thoracique, faisant bouger ses doigts sur son ventre. Elle rit très vite, puis secoua la tête. « Non… je ne pense pas qu’on me prendrait pour la laitière du village, Arès. » Elle bougea et regarda les muscle remuer sous sa peau avec une fascination désœuvrée. « Pas étonnant que Lila ait piqué une crise. » Elle sentit un sourire d’émerveillement passer sur son visage.

 

Ça lui semblait étrange de voir ça en elle, bien qu’elle était plus qu’habituée à voir ce jeu de mouvements sous la peau plus sombre de Xena. « C’est plutôt sympa », conclut-elle en finissant de se laver avant de passer une tunique neuve, puis de se laisser tomber sur le lit pour se reposer un instant, à plat sur le dos, les bras largement écartés.

 

Ça avait vraiment été une bonne sensation… de voir le respect monter lentement dans ces jeunes yeux qui lui faisaient face, alors qu’elle leur faisait faire tous les exercices qu’elle utilisait avec les villageois. Elle avait dû… un sourire ouvrit son visage… elle avait dû se retenir avec elles, parce que ses coups portés à pleine force leur auraient ôté les bâtons des mains, mais ça avait été amusant. Elle bougea les épaules, sentant la raideur et la douleur plaisante dans ses muscles et elle eut un souhait nostalgique pour sa compagne, dont les mains talentueuses auraient été particulièrement appréciées à ce moment.

 

« Je me demande si elle a trouvé un des poèmes, Arès ? Tu crois ? » Marmonna-t-elle au loup, qui venait de sauter près d’elle sur le lit et s’était blotti contre elle avec aise. « Nan… je suis sûre qu’elle est bien trop occupée pour ça… elle n’a pas vraiment de temps pour ce genre de truc, hein ? » Elle soupira désabusée. « C’est moi la rêveuse au regard romantique de ce couple. » Ce qui… était compréhensible… et elle avait fini par l’accepter et apprécier l’esprit froid et logique de sa compagne, ainsi que sa sensibilité pragmatique.

 

Elle se mit sur le ventre et tira sa boîte de parchemins de la petite table près du lit, l’ouvrit et prit son journal et une plume. Alors qu’elle sortait le journal, un petit objet tomba sur le lit et elle le regarda.

 

Un petit ours en bois la regardait à son tour, assis, ses petites jambes étirées, et ses pattes avant serrées devant lui. Coincé dans ses pattes se trouvait un minuscule tas de bourgeons séchés, qui lui envoya une vague odeur d’été.

 

« Oh. » Elle inspira doucement, prit l’objet avec prudence entre ses doigts et l’étudia. « C’est si adorable. » Elle sourit et coinça sa langue entre ses dents. « Juste au moment où je me disais qu’elle… » Elle leva l’ours à ses lèvres et déposé un baiser, puis elle le posa sur la surface inégale du lit, et ouvrit le journal, savourant la chaleureuse joie qui s’installait sur elle.

 

Elle écrivit régulièrement pendant quelques minutes, souriant un peu à ses mots et volant un regard occasionnel à son silencieux compagnon oursin. Arès leva la tête avec curiosité et renifla l'ours et lui donna un seul coup de langue, avant de repartir se coucher avec un petit soupir.

 

Très bien… ça fait quoi, une journée entière maintenant ? Elle me manque déjà tellement que j’en ai mal aux dents. Est-ce que ce n’est pas particulièrement idiot, ou quoi ? Je me demande toujours ce qu’elle fait… si elle a déjà cogné Iolaus… est-ce qu’ils ont trouvé un refuge hier soir… je l’espère. Je déteste penser qu’elle dort dehors par ce temps, bien qu’on l’a fait toutes les deux auparavant.

 

C’est idiot. Nous sommes deux adultes. On devrait être capable de passer quelques jours loin l’une de l’autre sans se conduire comme deux gamins transis d’amour. Non ? Bien sûr. Et voilà pourquoi j’ai mis des petites notes pour elle, et pourquoi je reçois des surprises comme mon mignon petit copain là. Je suis une femme ou juste une peluche romantique ? Couic. Couic. Couic. Je pense que ça répond à la question.

 

Je l’aime. Je pense que je peux l’écrire des milliers de fois dans ce journal, et je ne serai jamais fatiguée de le lire… ou de former les mots. Elle m’aime. Et de le savoir signifie plus pour moi que n’importe quoi d’autre qui est arrivé. Ou arrivera.

 

Il est temps pour moi de changer de registre, et de passer de la guerrière au barde, de passer d’enseigner l’art des armes à enseigner l’histoire à travers mes histoires. Le défi, c’est d’avoir autant d’impact avec les mots qu’avec le bois. Je pense que j’apprécie le défi.

 

Après un moment, elle se rassit et relut ce qu’elle avait écrit, puis elle souffla doucement sur l’encre et la laissa sécher. « Très bien. Arès… allons manger quelque chose, ok ? » Elle ébouriffa la fourrure du loup et il leva le museau et la poussa. « Après tu peux venir avec nous à la rivière. Tu aimes bien ça, hein ? »

 

« Roo », approuva Arès solennellement tout en se levant et en s’étirant, avant de sauter du lit et de la rejoindre à la porte.

 

*******************

 

Elle entra dans l’auberge, clignant un peu des yeux à la fraîche obscurité, et aperçut Cyrène qui lui faisait signe d’approcher. « Salut. » Gabrielle sourit et s’installa dans la chaise en face de l’aubergiste. « C’est vraiment une jolie chemise. » Et une nouvelle, je pense… hmm…

 

« Merci, ma jolie », dit Cyrène en riant. « C’est une nouvelle… Johan a eu pitié de moi. »

 

Le sens de l’intrigue de Gabrielle s’aiguisa, et elle étudia le visage de la femme plus âgée. « C’est vraiment gentil de sa part », dit-elle en traînant la voix. « Pour quelle occasion ? » Ses yeux firent des étincelles.

 

Ce qui lui valut un froncement de sourcils de Cyrène. « Aucune, pour ce que j’en sais… » marmonna-t-elle. « Juste pour être gentil, je pense. »

 

« Oh. » Le barde sourit d’un air connaisseur. « Je vois. » Elle sortit son ours de sa bourse à la ceinture et le posa sur la table. « Regarde ce que j’ai trouvé mystérieusement rangé avec mes parchemins ? » Voyons si je peux amener ça par un autre chemin.

 

Cyrène tendit la main et leva l’ours, le faisant tourner dans ses doigts avec un profond soupir. « C’est elle qui a fait ça ? »

 

Le barde acquiesça de la tête. « Ouais… je ne savais même pas qu’elle savait sculpter jusqu’à ce qu’on soit à la maison la dernière fois. »

 

L’aubergiste bougea la tête un peu désabusée. « Elle commençait juste à… le faire quand Cortese est arrivé. » Elle étudia l’ours en bois. « On dirait qu’elle a gardé la main. » Son regard alla vers Gabrielle avec curiosité. « C’est à quelle occasion ? »

 

Gabrielle mit son menton dans ses mains et sourit. « Aucune, pour ce que j’en sais… juste pour être gentille, je pense. » Son regard vert brilla lorsque Cyrène comprit la mimique délibérée et rougit. En plein dans le mille… Ohh… Gabrielle, quand tu es bonne, tu es vraiment méchante. Méchant barde.

 

« Gabrielle, tu t’enlèves ces pensées de ta jolie petite tête immédiatement », la réprimanda Cyrène, en secouant un doigt vers le barde.

 

« Quelles pensées, maman ? » Répondit-elle innocemment. « Je ne vois pas de quoi tu parles. » Elle se leva et recaptura l’ours. « Je vais chercher du pain pour le déjeuner… »

 

Et elle fit deux pas avant que Cyrène ne la tire par l’arrière. « Quoi ? Je t’ai vue là-dehors toute la matinée, coquine. Assieds-toi. »

 

Complaisamment, elle s’assit et se laissa aller au fond de sa chaise, écoutant paresseusement le murmure de voix basses autour d’elle. La porte s’ouvrit et Cait entra à l’intérieur, la repéra et traversa le sol en bois en glissant jusqu’à sa table. « Hé Cait… » le barde lui fit le geste de s’asseoir.

 

 

 

 

« Salut », dit Cait avec son sourire tranquille, et elle s’installa. « Ça a été un moment génial. Merci. »

 

Gabrielle lui sourit à son tour. « A ton service Cait… c’était aussi un bon entraînement pour moi. » Elle leva les yeux lorsqu’une des serveuses de l’auberge arriva avec une grande marmite de quelque chose, et quelques assiettes. « Ouah… c’est quoi tout ça ? »

 

La jeune fille, Sophia, sourit. « On m’a demandé d’apporter ça… je pense que c’est ton déjeuner. » Elle posa la marmite couverte et souleva le couvercle, en remua le contenu qui laissa une fumée délicieuse planer au-dessus de la table. « Ragoût d’agneau. » Elle posa une miche de pain. « Vas-y », ajouta-t-elle joyeusement et elle partit à grands pas.

 

Gabrielle jeta un coup d’œil dans la marmite et secoua la tête avec un rire. « Elle surestime ma capacité, ça c’est sûr. Allez Cait, aide-moi avec ce truc. » Elle en versa une bonne louche dans un bol et le tendit à la jeune fille blonde, puis se servit une portion égale. Elles prirent un morceau de pain et commencèrent à manger.

 

« Mince, c’est bon », dit Cait en soupirant. « J’aime bien vivre avec les Amazones, mais leur nourriture est toujours si fade. » Elle leva les yeux vers Gabrielle qui avala une bouchée et sourit.

 

« Je sais », murmura-t-elle. « Shh. »

 

« Ecoute, je suis vraiment désolée pour la chèvre », dit Cait avec une expression grave. « Et elles ne voulaient pas vraiment enlever toutes les plumes de la queue de ce coq. »

 

Gabrielle sourit. « Juste quelques-unes, hein ? ? Ne t’inquiète pas, des choses bien pires sont arrivées à des coqs en ces lieux », dit-elle ironique. « Il y a une histoire particulière que tu aimerais entendre aujourd’hui ? » Elle se pencha en avant et sourit. « Oh… et j’ai entendu dire que tu racontes une histoire méchante toi aussi, à propos. »

 

Cait lui sourit. « C’était un beau sujet. » Elle prit plusieurs morceaux avec sa cuillère. « J’aime bien toutes les histoires… bien que j’aime en entendre sur les batailles. » Son regard clair croisa celui de Gabrielle timidement. « Tout le monde est terriblement jaloux de toi, j’en ai bien peur. »

 

« De moi ? » Interrogea le barde, en la fixant. « Pourquoi ? »

 

Cait gloussa. « Pourquoi ? Oh… et bien… voyons voir. Tu es une Reine Amazone, tu es terriblement séduisante, tu es tout simplement la meilleure avec ce bâton, et tu vis avec Xena. » Elle renifla dans un rire à l’expression de Gabrielle. « Est-ce que j’ai oublié quelque chose ? » Elle s’interrompit. « Tu rougis, non ? »

 

Le barde prit une inspiration et croisa les bras sur sa poitrine, attendant que la chaleur sur son visage diminue un peu. « Merci, Cait », marmonna-t-elle. « Mais… être reine n’est pas toujours amusant, je ne pense pas être particulièrement jolie, j’ai beaucoup à apprendre avec le bâton, et… » Là elle fit une pause. « Et bien, je n’échangerais Xena pour personne d’autre au monde. » Elle rougit à nouveau.

 

Cait garda le silence un instant, puis s’éclaircit la voix. « Quelqu’un m’a dit une fois que… la vie est une chose très dure… et qu’il faut traverser les mauvais passages pour apprécier encore plus les bons. » Elle s’interrompit pensivement. « Quelqu’un a dit que… le meilleur de tout, c’est d’avoir quelqu’un à aimer, qui vous aime, et que cela vous aide à endurer toute la noirceur du monde. »

 

Gabrielle sourit pour elle-même et fit un petit signe de tête à Cait. « C’était une personne très sage, Cait. »

 

La jeune fille la regarda droit dans les yeux et sourit. « C’était Xena. »

 

Le barde sentir son souffle coupé. « Ah oui ? » Elle respira puis rit doucement. « Allez donc penser à ça. »

 

Elles finirent leur déjeuner dans un calme relatif. « Cait, je vais juste passer la tête pour voir comment va Ephiny. Est-ce que tu peux rassembler les filles et on partira après ? Prenez du pain de voyage pour tenir jusqu’au dîner, ok ? » Le barde mit la main sur l’épaule de la jeune fille blonde. « J’ai décidé de vous emmener toutes à un de mes endroits préférés. » Le vallon calme et caché où elle pourrait les faire se concentrer sur elle.

 

« D’accord. » Cait sourit. « On se retrouve ici tout à l’heure alors. » Elle se glissa hors de la pièce et se dirigea vers l’escalier, fit une pause au palier et regarda derrière elle. « A cause de toi, elles ont toutes eu besoin d’une sieste, tu sais. » Et la jeune fille cligna un œil gris neutre vers elle.

 

Gabrielle rit toute seule. Maintenant je sais ce que ressent Xena. En partie. Elle poussa la porte de la chambre d’Ephiny et regarda à l’intérieur, pour voir le guérisseur Renas à son chevet. Le guérisseur se tourna à demi et mit un doigt sur ses lèvres, puis se leva et vint vers elle, la ramenant dans l’auberge avant de fermer la porte.

 

« Elle dort… elle va mieux on dirait », dit doucement Renas en lui faisant un sourire. « Bien que je n’y sois pas pour grand chose… c’est une femme forte, et ce mélange que vous lui avez donné n’est rien moins que brillant. »

 

Gabrielle sourit. « Dis-le à Xena quand elle reviendra. C’est son truc à elle. » Elle fit un hochement de tête sobre. « Je vais sortir les gamines pour quelques leçons… je serai de retour un peu après la tombée de la nuit… ça ira jusque là ? »

 

Renas hocha la tête. « Bien sûr… je viendrai jeter un œil à nouveau… et ne t’inquiète pas. Sors et prends l’air tant que le temps s’y prête. Les dieux seuls savent combien de temps ça va durer. »

 

Un bon moment plus tard, elle était hors de l’auberge, rassemblant son petit groupe, faisant un geste d’au revoir ironique à une Cyrène soulagée. « On sera de retour pour un dîner tardif, maman », cria-t-elle.

 

« Tu ferais bien », menaça l’aubergiste. « Je déteste que tout ce tas de gâteaux soit perdu. »

 

« Ohh… » Le barde rit. « N’en dis pas plus… on sera là. » Elle se tourna et les mena hors du village, commençant déjà à raconter une histoire tout en marchant.

 

*******************

 

« Tu sais Xena… » Dit Iolaus, en bougeant pour diminuer la contracture dans son dos due à ces très longues heures passées en selle. « Ce n’est pas que j’en aie besoin, sûr… mais oh disons… qu’un étirement pourrait être une bonne idée… tu sais au cas où nous devrions… »

 

Xena tourna la tête et le regarda, arquant un de ses sourcils. « Iolaus, pas de problème de me demander d’arrêter. Je pousse parce qu’on essaie d’arriver jusqu’à Hercule… je ne suis pas en train d’essayer de nous tuer, toi ou moi. » Une pause. « OK ? » Elle tira sur les rênes d’Argo et sortit les pieds de ses étriers, passa une jambe par-dessus la nuque baissée du cheval et glissa sur le sol avec un reniflement, pliant les genoux pour atténuer l’impact de son corps sur le sol. « Allez Argo… j’entends un cours d’eau par-là. »

 

Elle emmena la jument vers le cours d’eau qui coulait de la montagne et laissa tomber les rênes, puis elle s’assit contre un arbre proche, et soupira. Il faisait déjà noir, mais ils avaient bien avancé, et serait en vue du château à l’aube s’ils continuaient à avancer. Son regard étudia un Iolaus qui marchait un peu raide, et brilla momentanément d’humour. Je pense que j’ai perdu moins d’entraînement que je ne le pensais…songea-t-elle paresseusement. Je me sens plutôt bien… je pense que toutes ces courses pour chasser ont fini par payer après tout. Elle enleva le bouchon de son outre et prit une longue gorgée, sentant le liquide froid descendre le long de sa gorge jusqu’à son estomac, qui, soudain, lui rappela qu’il était vide. « Hé Iolaus… » Appela-t-elle en se mettant debout pour aller jusqu’aux sacoches de selle d’Argo.

 

« Ah… oui ? » Le jeune homme blond s’approcha à grands pas, les mains derrière la tête en balançant vers l’arrière. « Ouille », siffla-t-il.

 

« On s’arrête pour manger », dit la guerrière, en retirant quelques barres de voyage de son sac pour en envoyer une à Iolaus. Elle étudia son visage, puis mâchouilla sa lèvre pensivement. « Ecoute… on fait du feu et on se repose un peu… j’aimerais continuer ce soir, pour arriver à l’aube. Tu penses pouvoir tenir ? »

 

Son regard clair se releva brusquement et croisa le sien. « Hum… bien sûr. » Il fourra la barre dans sa bouche et regarda autour de lui. « Je vais chercher du bois. » Il collecta des brindilles sèches, pendant qu’elle découpait avec précautions un cercle dans l’herbe éparse, tassant le sol avant de lui tendre la pierre à feu et le fer. « Tiens… démarre ça. » Elle s’interrompit. « Tu aimes le poisson ? »

 

« Du poisson ? » Iolaus leva les yeux, une expression de surprise sur le visage. « Et bien… bien sûr… j’aime ça mais on n’a pas vraiment le temps de… Xena ? Quoi… où es-tu… »

 

La guerrière partit tout simplement, se dirigeant vers le cours d’eau ; elle s’installa sur un rocher pour enlever ses bottes et fit une tresse de ses cheveux noirs. « Je reviens tout de suite. » Elle lui lança un regard amusé et avança dans le ruisseau.

 

Qu’est-ce qu’elle peut bien être en train de faire, bon sang ? Se demanda Iolaus. Peut-être qu’elle nage. Elle a tout de la personne qui aime nager, n’est-ce pas ? Il la regarda s’immobiliser, et la tête sombre pencha d’un côté, à peine visible dans la lumière de la lune. De doux rayons clairs accrochèrent la peau de ses bras, puis frissonnèrent en reflets brusques alors qu’elle bougeait, et il entendit une éclaboussure, et puis un rire.

 

Et elle revenait dans l’eau en levant une main, emmêlée dans les branchies d’une grande truite qui se tortillait sans espoir dans sa poigne. « Ça ressemble au dîner pour moi. » Elle marcha à pieds nus jusqu’à lui et tua adroitement le poisson avant de le nettoyer, puis elle perça la chair de deux bâtons pointus et le posa sure le feu qui commençait à danser pour le cuire.

 

« Wow », dit Iolaus en riant, s’asseyant durement sur le sol pour la regarder. « Tu es une sacrée chasseuse, hein ? »

 

Un sourcil se dressa. « Tu oublies… que je dois nourrir Gabrielle. Ça garde mes talents à leur plus haut niveau. » Elle se leva et enterra avec précautions les restes du poisson, puis revint et remit ses bottes, réinstallant la lourde armure avec un bruit sourd et rapide. « Si tu veux mettre de l’eau, il me reste du thé. »

 

Le jeune homme blond se souleva pour se mettre debout et prit le petit pot à eau du paquet d’Argo, le remplit dans le ruisseau et revint pour l’installer près de la chaleur, avant de reprendre sa posture détendue sur le sol. Et bien… se dit-il. Ce n’est pas si mal… je ne peux pas croire que j’étais aussi intimidé par elle… ça doit être des vieux et mauvais souvenirs. Elle est plutôt bien en fait. « Hé Xena ? »

 

« Mmm ? » La guerrière s’avança, après avoir lavé son couteau et ses mains dans le ruisseau, et elle s’installa près de lui, tendit la main et tourna légèrement le poisson. « Quoi ? » Elle posa ses coudes sur ses genoux croisés, et tourna son regard vers lui, observant la lumière du feu scintiller sur son visage.

 

« Hum… écoute, je sais que nous avons… eu quelques différends autrefois… mais je veux que tu saches combien j’apprécie que tu viennes comme ça. » Il étudia ses mains, incapable de croiser ce regard bleu perçant qu’il savait regarder vers lui ; « Ça signifie beaucoup pour moi, savoir que j’avais quelque part où me tourner. » Il finit par lever les yeux et fut capturé par son sourire.

 

« Iolaus… je suis contente que tu aies pensé à moi quand tu as eu besoin d’un a… d’aide je veux dire. » Elle changea au milieu de la phrase, sachant qu’il y avait bien trop entre eux pour parler d’amitié. « J’espère que je pourrai arranger ça… pour toi comme pour lui. » Elle sortit le poisson du feu et lui tendit sa moitié, lui donnant un morceau d’écorce pour le tenir. « Tiens… il a tendance à partir en morceaux. »

 

Iolaus prit le bâton et l’écorce, et commença à mâcher son poisson pensivement. « Xena ? » Il s’arrêta après quelques bouchées, la regardant prendre des morceaux de sa propre portion pour les mettre dans sa bouche, une expression distraite sur le visage.

 

« Oui ? » Les yeux bleus revinrent brusquement dans la réalité et se posèrent sur lui. « Désolée… je réfléchissais. » Elle secoua légèrement la tête et cligna des yeux, laissant un minuscule sourire désabusé passer sur son visage. « Qu’est-ce que tu veux ? »

 

Iolaus hésita. Je veux savoir à quoi tu pensais juste là… mais je présume que tu ne me le diras pas… alors… « Le château est soutenu par une colonie minière. C’est comme ça qu’ils gagnent leur vie, les mineurs sont enrôlés dans les villages voisins et emmenés aux puits… s’ils se conduisent mal, alors on les emmènent aux donjons. » Il s’interrompit, jouant avec son bâton maintenant vide. « C’est là que se trouve Herc », finit-il tranquillement.

 

Xena réfléchit à ces mots. « Alors… le moyen le plus rapide d’arriver à lui serait d’être enrôlé, puis de cogner quelqu’un. » Elle ramena sa théorie à l’essentiel.

 

« Et bien… » Iolaus rit de surprise. « Ouais… je pense qu’on peut le voir comme ça. » Il haussa les épaules. « Ça m’a pris une éternité d’entrer dans le château… j’ai dû attendre un convoi de marchands et me glisser avec eux. Alors… ça t’ennuie ? »

 

« D’être capturée ? Ou de cogner quelqu’un ? » Xena lui fit un petit sourire. « Je pense que je peux survivre à être attachée à un groupe… quant au fait de cogner quelqu’un, je pense que j’ai du répondant. » Elle s’appuya sur ses mains et soupira. « Ce n’est pas un plan génial, mais c’est un plan, et il est rapide… j’espère simplement qu’on saura quoi faire de lui un fois qu’on sera là-bas. Et si… » Elle s’interrompit pensivement. « Iolaus, est-ce que tu lui as trouvé quelque chose de différent ? Autre que ce qui était évident, bien sûr. »

 

Le front du jeune homme blond se plissa. « Différent… hm… il avait changé de vêtements… il portait des trucs en cuir souple, très sombre », dit-il lentement. « Autrement… non… et bien, des bijoux… c’était étrange, tu sais que ça n’est pas son truc d’habitude. »

 

Xena absorba les mots en silence. « Intéressant », finit-elle par dire. « Et tu as dit qu’il t’avait affirmé avoir trouvé la place où il devait être ? »

 

Iolaus hocha la tête en silence, regardant les pensées tournoyer visiblement derrière ces yeux intenses. « Que… tu sais ce que… » Il s’interrompit en la voyant secouer la tête.

 

« Non… j’essaie juste de penser à ce qui peut causer ce genre de changement de personnalité par Hadès », répliqua la guerrière avec un soupir. « Je ne connais aucune herbe… ou drogue. »

 

« Le poison du dragon… » Tenta Iolaus, en la voyant froncer les sourcils à ces mots. « Non ? »

 

« Vous deux et vos monstres », dit Xena en soupirant. « Ce n’est pas que je n’en aie pas entendu parler… en général il tue. »

 

Iolaus réfléchit un instant. « Et bien, il est demi-dieu… »

 

La guerrière soupira. « Peut-être… je ne sais pas. Mais on ferait mieux de reprendre la route… » Elle leva les yeux vers les étoiles qui s’amoncelaient. « Contente que le temps ait tenu. »

 

Iolaus hocha la tête, puis commença à se lever et siffla de douleur. « Oh… par les Gorgones. » IL lança un regard d’excuse à Xena. « Je ne suis pas vraiment habitué à chevaucher… »

 

Xena le regarda et laissa un demi-sourire se dessiner sur sa bouche. « Iolaus, tu me fais confiance ? »

 

Cela lui valut un long, très long regard en retour de ses yeux prudents. « Euh… et bien… oui », finit-il par répondre, doutant un peu.

 

« Retourne-toi. » Cette voix basse lui envoya des frissons le long du dos, mais il fit ce qu’elle demandait, se mit face au chemin et dos au feu. Et à elle. Un léger bruit de mouvement, puis soudain des mains chaudes étreignaient ses épaules et massaient avec une force redoutable. « Yahh.. que… oh. » Il garda le silence alors que la pression descendait le long de sa colonne vertébrale, envoyant des petits frissons dans tout son corps, suivis par une détente de la douleur tendue après la longue journée de chevauchée. Je n’en reviens pas que je la laisse me faire ça… mais c’est trop bon pour arrêter. Il sentit Xena terminer sa tâche, puis reposer brièvement les mains sur ses épaules.

 

« C’est mieux ? » D’un ton calme, factuel.

 

« Bien mieux », répondit-il honnêtement, en tournant la tête pour la regarder. « Merci. »

 

« Pas de problème. » Xena lui donna une tape sur le dos et se leva. « On y va. »

 

Ils arrosèrent le feu et éloignèrent prudemment les branches, puis rangèrent l’équipement et montèrent en selle, dirigeant leurs chevaux vers le chemin sombre qui montait encore.

 

*******************

 

« Celle-là était jolie… on peut encore en avoir une ? Pria Sharra, alors que Gabrielle vérifiait l’arrivée de la lune. « Je sais qu’il est tard mais… » Elle se blottit dans son manteau fin et sourit, alors que le barde baissait la tête pour accepter. Et bien… j’ai dit que nous serions de retour après la tombée du jour. Il n’est pas encore si tard...

 

« Très bien, une de plus et après il faut qu’on parte. Il est tard, et on va commencer à s’inquiéter pour nous », gronda Gabrielle, mais elle se réinstalla et étira ses jambes devant elle. « Vous avez déjà entendu parler de celle sur… » Sa voix, légèrement rauque d’avoir parlé, s’élança par-dessus le vallon sombre et frais. Elle appréciait l’attention ravie de son petit public, et l’occasion de raconter quelques-unes des plus héroïques histoires de sa compagne sans avoir à subir les levers au ciel douloureux des yeux du sujet.

 

Et les filles dévoraient chaque mot… elle sentait un vernis distinct de culte du héros flotter autour de la clairière, et avec un plaisir légèrement coupable, se permit de laisser aussi passer le sien qu’elle cachait habituellement. Ce n’est pas qu’elle, mieux que d’autres, ne connaisse et comprenne les fautes de sa compagne, mais… elle haussa les épaules et continua son histoire.

 

Elles avaient fait un feu et étaient assises en cercle autour, écoutant avidement les histoires qu’elle tissait et savourant les environs solennellement calmes. Le vallon était un endroit intéressant… un cercle d’arbres entourait une dépression dans le sol, formant une sorte de bol. Il y avait des rochers pour s’asseoir, et une petite mare sur un côté dont l’eau qui s’écoulait avait creusé dans le calcaire et faisait de drôles de formes sur ses rives.

 

Gabrielle adorait cet endroit, c’était une retraite habituelle l’après-midi pour Xena et elle, un endroit où elles restaient assises en privé, à simplement écouter la forêt autour d’elles et à regarder la lumière changer. Juste à ce moment, il n’y avait aucune feuille, l’hiver faisant se racler les branches sèches l’une contre l’autre, mais cela ne diminuait pas l’atmosphère merveilleuse de paix. Elle savait que Xena y venait parfois tard le soir, après ses exercices, et s’asseyait simplement pour regarder les étoiles, et elle avait trouvé des poignées de petits copeaux de bois, probablement venant des sculptures de la guerrière.

 

Elle finit par amener la fin de l’histoire, et étouffa un bâillement. « C’est fini… ma voix me lâche. » Elle leur sourit. « On ferait mieux de rentrer. »

 

Elles éteignirent le feu, et arrangèrent la zone, bavardant doucement entre elle en ramassant leurs affaires, puis elle la rejoignirent sur le petit chemin qui sortait du bol. « C’est un endroit génial », dit Elianas avec un sourire. « Tu viens tout le temps ici ? »

 

Le bard lui fit signe de prendre le chemin devant elle et se leva facilement, son poids reposant à demi sur son bâton. « Quand il fait beau, oui. Je le fais… hum. » Elle s’interrompit, puis rougit un peu. « On… le fait tout le temps. »

 

Cela lui valut cinq sourires en retour et elle leur fit juste signe de continuer. « Allez… on y va. » Ah les gamines, pensa-t-elle en soupirant. Une seule idée en tête. Puis elle rit pour elle-même. Ouais…bien sûr… et à quoi tu pensais exactement à ce même moment ? Hmm ? Les chauds souvenirs s’enroulèrent autour d’elle, et elle s’y abandonna pendant un court instant, se souvenant de la pression des bras autour d’elle, et de la présence réconfortante de son âme-sœur absente.

 

Puis elle soupira profondément, sentant la douleur subtile de leur séparation, et elle suivit les fillettes hors du vallon et sur le chemin étroit et ombragé qui menait au village. Cait marchait près d’elle, jetant des coups d’œil de côté avec une vigilance aisée qui amena un sourire sur le visage du barde. Arès trotta dans un buisson, reniflant quelque chose puis disparut de leur vue.

 

Le seul avertissement qu’elles eurent fut un bruissement de feuilles mortes, et puis un cauchemar de visages déterminés qui les entouraient, avec des bras tendus et des armes brandies. Gabrielle recula et releva son bâton, frappant le premier solidement à la tête, puis tournoyant pour s’occuper du second, mais elle sentit la brûlure soudaine de cordes alors qu’un filet tombait sur elle. Hadès… Son esprit paniqua, et elle lutta âprement contre le filet, plongeant en avant et frappant son bâton contre l’homme qui tenait un des bouts, l’entendant haleter et jurer lorsqu’il tomba à genoux.

 

Cait avait tourné sur elle-même et essayait de se libérer de deux silhouettes qui l’avaient attrapée, se tortillant et se contorsionnant, donnant plusieurs coups de pied bien placés pour la bonne mesure. Mais l’homme à sa gauche leva un bras et la frappa sur la tête, et elle s’écroula.

 

Gabrielle vit cela et redoubla d’efforts, mais la tension de la corde et les mains qui se multipliaient autour d’elle commençaient à prendre leur dû, et elle fit un dernier mouvement roulant désespéré, en voyant la masse venir sur elle quelques secondes trop tard pour l’éviter. « Non… » Sa voix se perdit quand le bois entra en contact avec son crâne.

 

L’impact la secoua au plus profond d’elle-même et envoya une vague de douleur noire sur ses sens.

 

A suivre dans la 6ème partie.

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