| 
  • If you are citizen of an European Union member nation, you may not use this service unless you are at least 16 years old.

  • You already know Dokkio is an AI-powered assistant to organize & manage your digital files & messages. Very soon, Dokkio will support Outlook as well as One Drive. Check it out today!

View
 

wintersending6B

Page history last edited by Fausta88 14 years, 9 months ago

 

La fin de l'hiver (Winter's ending)

 

De Missy Good

 

Traduction : Fryda

 

 

 

**********

Partie 6B

**********

 

 

 

"C’est un vrai bazar", marmonna Xena à voix basse dans l’oreille toute proche d’Iolaus. Ils étaient arrivées aux abords du château quelques heures avant l’aube, et étaient perchés dans un escarpement qui donnait sur un village désolé, niché sous la structure en pierre.

"Et bien, on ne peut pas dire que c’est un village de vacances sur la mer Egée, sûr", marmonna Iolaus à son tour, ajustant sa ceinture pour la sixième ou septième fois. Ils avaient laissé toutes leurs armes ainsi que l’armure de Xena au milieu des arbres, et ils y avaient également attachés les chevaux en attendant leur retour. Il jeta un coup d’œil alentours et soupira, alors que le vent reprenait et soufflait sa froide humidité sur son visage. "Génial. Il pleut. Encore."

Xena soupira et s’installa contre le rocher, et croisa les bras sur sa tunique en laine qui couvrait sa poitrine. En regardant le village en bas, elle avait commencé à ressentir un vague serrement dans l’estomac, et elle le testa, essayant de deviner de quoi il s’agissait. Ça avait l’air d’un village ordinaire, bien qu’un peu délabré… peut-être que c’était le spectre de quelque chose qui affectait Hercule ?

Le tiraillement s’amplifia pendant qu’elle réfléchissait et elle prit une profonde inspiration pour se ressaisir. Qu’est-ce qui se passe, Xena ? Tu ne penses pas pouvoir t’occuper de ça ou quoi ? Bon sang… je ne me suis pas sentie comme ça depuis… Ses pensées vagabondèrent. Depuis que Gabrielle était avec les Amazones.

Puis la sensation revint avec une force brutale et lui donna la nausée, alors qu’elle se concentrait dessus. Son cœur commença à battre fort, et le vent froid sortit de sa conscience, alors qu’elle tournait son attention sur la part d’elle-même qu’elle savait aussi être la part de Gabrielle.

Il lui fallut chaque once de maîtrise qu’elle possédait pour ne pas simplement se lever et partir, sur-le-champ. Au lieu de ça, elle se concentra sur la vague appréhension, et la sentit diminuer, et se calmer… et parvenir à un léger inconfort. Bon… se dit-elle. Quelque chose n’allait pas. Ephiny ? Peut-être ?… Probablement. Gabrielle était proche d’elle. L’état de l’Amazone s’était peut-être aggravé… avec ce genre de maladie, c’était toujours possible, et la raison pour laquelle Xena avait envoyé Toris. Bon sang…

On est à plus de deux jours de là… elle ne serait jamais à temps pour faire quoi que ce soit si c’était le cas. Et leur guérisseur, bien que pas très imaginatif, était plus que compétent. Calmement, elle maudit leur connexion, qui lui donnait cette raison de s’inquiéter sans explication. Elle étudia la sensation avec intensité, ignorant le regard curieux de Iolaus. Non… la peur acérée n’était pas là… alors Gabrielle pourrait s’occuper de quoi que ce soit qui arrivait… elle était juste très inquiète.

Bon, alors… Décida Xena. Elle allait terminer ici et retournerait. Le barde ne voudrait pas qu’elle arrête une mission aussi critique… ça, elle en était sûre. Pas si ça n’était pas une urgence absolue, et elle n’en avait pas l’impression. Pas encore en tout cas.

"Xena ?" Iolaus lui toucha le bras. "Quelque chose ne va pas ?"

Elle leva les yeux vers lui. "Non. Je réfléchissais, c’est tout." Elle prit une profonde inspiration. "Descendons un peu là… ce sera moins venteux pour attendre."

Xena passa par-dessus le rebord du rocher et commença à descendre, sentant une légèreté soudaine sans son armure. Je pense que je m’y suis réhabituée … songea-t-elle avec un sourire désabusé. Mais je n’ai aucune chance qu’ils m’acceptent avec ça sur le dos… même le cuir est un peu petit. Peut-être qu’ils n’y regarderont pas de trop près. Elle réinstalla sa bourse à la ceinture avant de faire un pas de plus, sentant les bords arrondis des trois derniers paquets qu’elle avait exhumés patiemment de ses sacoches, ignorant le regard curieux de Iolaus. Tiens bon, mon amour… ça ne prendra pas longtemps. Pas si j’ai mon mot à dire…

Ils arrivèrent au bas de la colline, et se glissèrent près du village en ruines, où ils trouvèrent un endroit protégé à l’extérieur d’une étable en mauvais état pour s’installer et attendre l’aube.

Xena resserra son manteau un peu plus autour de sa gorge et soupira, fixant les nuages qui filaient au-dessus de leurs têtes. Elle appuya ses épaules contre le bois rugueux de l’étable et mâchouilla une barre de voyage d’un air absent, plus parce qu’elle savait qu’il le fallait que poussée par la faim, cette vague anxiété dans ses tripes en avait ruiné toute chance. Un regard vers un Iolaus blotti lui dit qu’il s’était facilement endormi, et elle souhaita en faire autant… mais son esprit était occupé à faire des tours et des détours d’inquiétude au sujet d’Hercule, de Gabrielle…

C’est ce qui arrive quand on se laisse aller à s’inquiéter des autres, tu te souviens ? se dit-elle avec une pensée ironique. Ça t’amène PLEIN d’ennuis. Elle se sourit d’un air désabusé, reposant sa tête contre le mur de la grange et laissant ses pensées vagabonder un peu.

Elle n’avait jamais pensé retomber amoureuse. Non… pas après cette dernière fois, après Marcus, dont la mort l’avait laissée dévastée. Elle était restée prudemment à l’écart, et ça signifiait qu’elle était souvent seule, bon, c’était le marché. C’était mieux que d’avoir mal.

Puis elle avait trouvé Hercule, et il… y avait eu une faiblesse dans cette armure. Pas une grosse, parce que leur relation avait été surtout superficielle… plus une attraction physique qu’autre chose. Mais cette faiblesse avait été agrandie par son propre état mental après que son armée l’avait rejetée.

Puis elle avait rencontré Gabrielle. Oh… dieux. Si seulement elle avait su les ennuis que cela allait causer… elle rit avec impuissance. Sans savoir, involontairement, cette gamine avait trouvé chaque fissure et chaque faiblesse dans ces défenses et tout simplement…

Ça avait été comme de l’eau qui coule sur le calcaire. Jusqu’à ce qu’un jour, assise en face de la jeune fille, de l’autre côté du feu de camp, elle avait levé les yeux… et leurs regards s’étaient croisés… et elle avait ressenti… que quelque chose cédait. Quelque chose se brisait dans les profondeurs de son cœur et ça lui avait donné un petit coup.

Et ça n’avait pas été comme les autres fois, elle s’en était rendue compte depuis longtemps depuis. Chaque autre fois, elle avait le contrôle. Elle s’était donné le luxe. Elle avait un plan pour ça… une raison… pas cette fois. Cette fois, ça l’avait atteinte dans un endroit si profond qu’il était bien loin derrière ces défenses.

Alors elle avait tenté de lutter, furieusement effrayée par la pensée d’en perdre le contrôle, parce que c’était insensé de ressentir ces choses-là pour une gamine comme celle-là. Elle avait levé un peu plus le voile sur qui elle était en réalité… pour l’effrayer… la repousser.

Au lieu de ça, cela les avait liées. Cette nuit après avoir rencontré Callisto… elle avait admis avoir mis le feu à un village entier… et Gabrielle avait simplement… accepté ça. L’avait réconfortée… dieux, elle pouvait encore sentir la chaleur du menton du barde sur son épaule alors qu’elles fixaient le feu toutes les deux. Elle en avait dit plus à Gabrielle qu’elle ne l’avait prévu ce soir-là… "Si quelque chose devait arriver à Hercule… ou à ma mère… ou à toi." Elle se demanda si Gabrielle avait deviné… alors… combien elle lui importait.

Puis il y eut la nuit où elle pensait l’avoir perdue pour de bon. Après cette longue chevauchée solitaire loin de Potadeia, la laissant dans les bras aimants de Perdicas. La laisser partir faisait si mal, c’était comme d’être embrochée par une épée… mais elle l’avait fait… sachant au fond de son cœur que le barde était mieux là-bas… qu’elle serait en sécurité, et aimée, et… Xena avait dégluti et essayé de penser à autre chose.

Elle avait fait un petit campement, juste un piquet pour Argo et un minuscule feu ; elle n’avait pas déballé ses affaires, n’avait pas mangé… s’était simplement assise, et avait amené ses genoux à sa poitrine et s’était blottie. Et elle avait laissé sortir l’émotion qu’elle avait contenue toute la journée.

Elle avait maudit son cœur cette nuit-là. Maudit sa faiblesse et la façon dont elle avait laissé le barde y entrer. Elle avait pleuré la perte de cette profonde amitié plus que n’importe quoi… parce que malgré ses protestations, elle savait qu’elle ne reviendrait jamais… qu’elle ne lui rendrait jamais visite… qu’elle disparaîtrait de la vie de Gabrielle comme le brouillard du matin au soleil.

Dieux… elle avait oublié combien elle s’était sentie seule… comme le vide était grand sans Gabrielle près d’elle. Sachant qu’elle ne lèverait jamais plus les yeux par-dessus un feu de camp pour voir les yeux verts scintillants la regarder. Ou entendre la voix du barde s’entraîner sur une histoire… ou poser une question… ou sentir simplement sa présence familière.

Elle avait passé cette nuit à se souvenir de tous les moments passés ensemble, les bons et les moins bons. Et le matin, elle avait décidé de chevaucher de nouveau vers Potadeia, pour dire tranquillement au revoir au barde, parce qu’elle le lui devait bien. Elle méritait de ne pas attendre une visite d’une amie qui ne viendrait jamais.

Et parce qu’elle voulait se plonger dans ces yeux une dernière fois, maintenant que c’était sans danger, et dire les mots que son cœur lui dictait depuis longtemps déjà.

Aurait-elle pu empêcher Callisto ? La question avait résonné dans son esprit depuis ce jour-là. Elle n’avait jamais pris la décision consciente de ne pas… ça, elle le savait. Mais ses talents étaient en partie aiguisés, en partie de l’instinct, autant de l’entraînement que de l’habileté naturelle. Ses réactions étaient alimentées en partie par son subconscient… et ce subconscient avait subi beaucoup de tumulte ce jour-là. .

Non. Elle s’était rendue folle à penser ainsi. Elle avait mal calculé les plans de Callisto, c’était le problème… et celle-ci avait vu l’occasion de les détruire toutes les deux de l’intérieur. Ce qui avait été bien plus satisfaisant pour elle.

Mais elles avaient survécu, d’une certaine façon. Ça avait pris du temps, mais il y avait quelque chose entre elles, même alors, qui résista férocement à leur séparation, et ce quelque chose les reliait assez pour que leurs esprits commencent le voyage que leurs cœurs avaient commencé bien avant.

Certaines choses étaient faites pour arriver. Cela avait été un tournant dans leurs vies, dont elles ressentaient encore les répercussions, mais elle ne pouvait honnêtement pas regarder en arrière, et souhaiter que ce soit arrivé autrement. Pas à ce moment-là, et surtout pas maintenant.

Une chouette hulula, l’arrachant brusquement à ses pensées, et elle jeta un coup d’œil avec attention alentours, levant la tête pour sentir le vent, détectant l’odeur distincte de la basse-cour, la pluie dans le vent, et la senteur riche de la terre sur laquelle elle était assise. Presque l’aube… et une fois qu’ils seraient dans le campement des mineurs… mettre le bazar ne serait pas un problème.

Et ensuite ? Se demanda-t-elle. OK… on se fait amener dans la petite salle de jeu d’Hercule. S’il n’a pas reconnu Iolaus, il ne la reconnaîtra pas non plus. Je présume que j’improvise. Elle soupira silencieusement. J’espère seulement pouvoir faire quelque chose.

Les nuages découvrirent la pleine lune pendant un court instant, envoyant une cascade de lumière sur son visage, et elle retint un sourire, sortant un des derniers paquets de sa bourse. Espèce de Fleur bleue . Elle le déballa et leva le morceau de pierre jusqu’à ses lèvres, puis elle sourit quand le grès relâcha une douce odeur de cuir et d’encre. Gabrielle a dû les garder dans son sac de parchemins , songea-t-elle, alors que ses yeux suivaient les lettres sur le papier.

Ce n’est pas un poème… c’est juste une note… parce que tu dois maintenant en avoir probablement assez des poèmes, et tu espères que je vais t’envoyer quelque chose d’utile. Comme des conseils pratiques sur le temps, ou comment enlever des taches sur le cuir, ou la meilleure manière de cuire la truite. Mai non… au lieu de ça, tu reçois des poèmes à l’eau de rose. Estime-toi heureuse que je n’y ai pas mis ceux sur tes yeux, OK ? Oh… je te vois d’ici les lever au ciel. Rien que pour ça, si tu tournes la page, tu auras quand même un poème.

Je t’aime.

G

Xena sourit et relut paresseusement la note plusieurs fois, entendant sans effort la voix du barde la réciter, puis elle retourna doucement le papier entre ses doigts et le pencha vers la lune.

Si je pouvais tout demander,

Et que mon vœu soit exaucé

Je demanderais que mon vœu soit donné à quelqu’un d’autre.

Parce qu’il n’y a rien que je puisse vouloir,

Que je ne possède déjà.

 

Mais qu’est-ce qu’elle voit en moi, bon sang ? Xena secoua la tête d’étonnement. Dieux… l’amour doit être aveugle… comment j’ai fait pour avoir autant de chance ? Elle réajusta ses épaules avec un soupir, et laissa ses doigts jouer paresseusement avec le pendant qu’elle portait au cou, et attendit que l’aube arrive.

 

Toris bâilla tout en menant son cheval à la robe noisette, obligeant, le long de la route, ressentant les prémisses de l’arrivée à la maison. "On n’est plus très loin", dit-il à une Granella particulièrement silencieuse qui marchait à côté de lui. Le reste des Amazones était réparti le long du chemin, surveillant les environs. Le temps avait tenu, fort heureusement, et ils avaient réussi à faire un bon bout de chemin vers la maison, mais la marche avait été longue et il était content d’en voir la fin.

Granella avait renvoyé une Amazone vers le village, alors il savait qu’à cette heure-ci, elles auraient des nouvelles et seraient soulagées au sujet de leur reine et des gamines. Il en était content… il savait à voir l’expression de leurs visages que lorsqu’elles l’avaient rencontré, elles étaient très inquiètes… une chose qu’il pouvait comprendre.

Le croisement vers la maison arriva sous ses pas, et il laissa passer un soupir de soulagement, et sourit à sa compagne silencieuse. "Je parie que tu seras contente de te retrouver sous un toit."

Granella lui lança un regard et sourit. "Oui… et je serai contente de voir Ephiny… elle nous a vraiment inquiétées pendant un moment." Elle regarda devant elle. "Ce sont vos champs ?"

"Amphipolis, oui", répondit Toris, en entendant les premiers signaux du poste de garde, et il se redressa. "Attends…" Il entendit les notes d’avertissement. Il renvoya une question avec les lèvres pincées et une silhouette apparut en trottinant, et se dirigea dans sa direction. "Oh oh."

Granella le regarda. "Quoi ?" Elle ressentit un frisson la traverser, et sentit les autres Amazones bouger pour se placer de chaque côté d’elle.

"Qu’est-ce qui se passe ?", murmura Lida en regardant s’approcher le villageois.

"Je ne sais pas", répondit doucement Granella.

"Ebris… qu’est-ce qui ne va pas ?" questionna Toris, qui s’avança et mit la main sur son bras. "C’est notre invitée ?"

Ebris secoua la tête à bout de souffle. "Non… c’est… Gabrielle."

Toris devint si vite pâle que Granella lui agrippa le bras. "Qu’est-ce qui s’est passé ?" demanda sèchement l’Amazone.

Le villageois soupira. "On ne sait pas, elle a emmené ce groupe de gamines avant le coucher du soleil à la rivière… et n’est pas revenue… on a envoyé des gens les chercher."

"Où est ma sœur ?" demanda Toris calmement, le fixant avec attention. "Pourquoi n’est-elle pas là ?" Dieux… non… ne me dites pas qu’elle était si malade après tout, et n’a jamais…

Ebris prit une inspiration. "Elle a reçu une information disant qu’un de ses amis avait besoin d’aide au nord… partie depuis deux jours… partie le lendemain de ton départ." Il hésita. "Un cavalier est arrivé cette nuit- là… un petit gars, un ami d’Hercule, on dit."

Toris ferma ses yeux bleus. Hercule… bien sûr. S’il avait des ennuis, Xena serait partie sans hésitation… mais que… "Très bien… alors on ne peut trouver aucune trace de Gabrielle ou des filles ? Elles ne doivent pas être si difficiles à trouver… elles n’avaient aucune raison de couvrir leurs traces."

"Bon sang… Bon sang… Bon sang…" jura Granella. "Juste quand je pensais que les choses s’arrangeaient… bon, on ferait mieux d’aider les recherches."

Toris secoua la tête. "Allons d’abord à l’auberge. On aura les dernières nouvelles, après on peut se déployer."

Ils se retournèrent tous brusquement quand des bruits de sabots résonnèrent sur la route derrière eux. L’obscurité se brisa lorsque la lune passa brièvement au travers et se refléta sur le nouveau voyageur, une silhouette peu commune. Le corps d’un homme et le dos d’un cheval, qui trottait brusquement dans leur direction.

"Un centaure", dit Lida dans un souffle. "Qu’est-ce qui se passe maintenant ?"

"Ho…" Granella se mit au milieu de la route et leva la main. "Arrête, voyageur."

Le centaure s’arrêta et pencha la tête pour mieux la voir dans la pâle lumière argentée. "Ah… je crois que je te connais. Tu es l’éclaireuse, Granella ?"

Elle se rapprocha. "Oui. Tu étais au village l’autre jour." Elle pencha la tête en réfléchissant. "Kaleipus, c’est ça ?"

Le centaure hocha la tête. "Oui…" Puis son regard croisa celui de Toris et il le fixa. "Excuse-moi… mais… qui es-tu ?" Cela dit avec le ton rude typique des centaures, alors qu’il arquait son dos et faisait quelques pas de côté pour se rapprocher du frère de Xena.

"Je m’appelle Toris", répondit celui-ci lentement. "Et si tu es Kaleipus… je pense que tu connais ma sœur Xena."

"Ta sœur." Kaleipus secoua lentement sa belle tête. "Dieux." Il soupira. "Je suis sur la bonne voie, alors … parce que c’est bien Xena que je cherche."

Toris l’étudia tranquillement. "Sur la bonne voie pour aller à la maison, oui. Mais elle est partie en ce moment, apparemment. Est-ce qu’il y a quelque chose…" Il s’arrêta et se montra. "Qu’est-ce qu’on peut faire pour toi ?"

Kaleipus soupira. "C’est mon fils, Solan. Il a disparu… et je pensais qu’il pourrait venir de ce côté… il voulait lui rendre visite."

Ils se regardèrent tous avec consternation. "Est-ce que ça pourrait se compliquer encore un peu plus ?" se plaignit Granella. "On va tous là-bas, et on se renseigne sur ce qui se passe, ensuite on pourra décider quoi faire." Et je pourrai parler à Ephiny et essayer de comprendre un peu ce qui se passe. Dieux. . . Gabrielle partie, et Xena aussi… Ephiny doit être folle.

Toris commença à marcher et se retrouva près du centaure, qui trottait près de lui, en lui lançant des regards en coin. Il n’avait jamais vu de centaure auparavant… et il aurait été intrigué s’il ne s’inquiétait pas tant pour Gabrielle… Elle n’a pas juste pu s’en aller… non. Il était sûr que le barde était juste en retard… ils allaient la trouver. Ils le devaient.

"Alors…" murmura Kaleipus. "Tu es le frère de Xena, hein ? Je ne savais pas qu’elle avait de la famille."

Toris soupira distraitement. "Ouais, elle ne parle jamais aux gens de maman… et de moi… surtout pour qu’on ne devienne pas la cible de vieux ennemis. Dont il semble y avoir légions."

Le centaure masqua un sourire amusé, ayant fait partie de ces légions. "Et bien, ça lui ressemble bien." Il s’interrompit. "Tu lui ressembles." Et je parie que c’est ce à quoi mon Solan va ressembler dans vingt ans ou presque… je pense.

"Merci", reçut-il en réponse absente. "Pourquoi est-ce que ton fils venait ici ?"

Question difficile, à moins qu’il ne donne une très simple réponse, et il ne savait pas quel degré d’honnêteté Xena avait eu avec sa famille. "Il aime vraiment beaucoup ta sœur, et Gabrielle", répondit-il avec prudence. "Il a entendu dire qu’elles passaient l’hiver ici… et il me tannait pour qu’on leur rende visite." Il fit une pause. "Je ne sais pas si Xena t’en a déjà parlé… elle l’a sauvé d’un mauvais pas, un jour." Et il ne l’a jamais oublié… ni elle. Tellement que je me suis demandé… s’il soupçonne la vérité. Il n’est pas bête.

Toris sourit. "Elle en a fait une habitude ces temps-ci… mais non, je n’ai pas entendu cette histoire-là." Il jeta un coup d’œil devant et vit les lumières de l’auberge, bien plus brillante qu’elles n’auraient dû l’être à cette heure de la nuit et il fit une grimace. "On dirait que tout le monde est debout."

Ils se dirigèrent vers la cour, attirant l’attention d’un petit groupe assemblé sous le porche. Toris reconnut Cyrène parmi eux, sa voix forte portant par-dessus le sol assombri. Elle était accompagnée de Johan, et d’un groupe des élèves les plus doués de Gabrielle, vêtus pour le voyage.

"Toris !" cria Cyrène, en le voyant. "Viens par ici, nous avons…" Elle se tut en voyant le groupe qui l’entourait. "Mais que…" Elle s’avança à grands pas.

"Maman", dit Toris, puis il prit une inspiration. "On sait ce qui s’est passé… voici Granella, qui était partie à la recherche d’Ephiny… je l’ai trouvée à mi-chemin du village. Et voici… Kaleipus, un centaure qui cherche Xena."

Cyrène les regarda tout à tour. "Bonjour." Elle fixa Granella. "Ta reine, malgré mes protestations, est assise près du feu à l’intérieur." Elle fit un geste de la tête à l’Amazone. "Je présume que vous voulez la saluer." Elle regarda les Amazones passer l’une après l’autre près d’elle pour monter les marches, puis elle tourna son attention vers le centaure. "Qu’est-ce que tu veux à ma fille ?"

Kaleipus sourit le plus doucement possible, et se mordit une lèvre poilue. "En fait, j’espérais trouver mon fils ici… il est aussi parti et il tenait vraiment à venir la voir, ainsi que Gabrielle. Mais je vois bien qu’il n’est pas là… je vais devoir chercher ailleurs."

Cyrène soupira. "On a un groupe qui fait des recherches sur toute la zone de la rivière. S’il est là, ils le trouveront aussi." Elle s’interrompit. "Est-ce que tu voudrais…" Pas très sûre de savoir si elle devait offrir du foin ou de la bière, "quelque chose ?"

Kaleipus bougea son corps et laissa passer un soupir. "Je boirais bien quelque chose… merci… et j’attendrai que vos chasseurs reviennent… comme ça, je n’aurais pas besoin de chercher aux mêmes endroits." Il s’interrompit. "Est-ce que j’ai bien compris… la Reine amazone Ephiny est ici aussi ?"

"C’est une longue histoire", dirent Cyrène et Toris en chœur. Ils se regardèrent. "Mais oui", ajouta Cyrène avec un petit sourire. "Pourquoi ne viendrais-tu pas… à l’intérieur ?"

Kaleipus regarda la porte pensivement. "Je pense que ça passera." Il leur fit un sourire fatigué. Je sais que vous devez être inquiets pour vos amis disparus."

Cyrène lui jeta un coup d’œil. "Gabrielle est une seconde fille pour moi… tu peux parier sur ta queue de centaure que je suis inquiète." Elle regarda au loin dans l’obscurité. "J’aimerais que Xena soit là."

Ils montèrent les marches du porche et entrèrent dans l’auberge.

 

Le soleil matinal éveilla Gabrielle, et elle ouvrit les yeux à contrecœur, espérant que ce dont elle se souvenait n’était qu’un mauvais rêve. Mais les barreaux à quelques centimètres de son visage balayèrent cet espoir, et elle grogna doucement. Sa tête battait sourdement, et son estomac était encore retourné, mais elle savait qu’il fallait qu’elle continue, et qu’elle montre le bon exemple aux jeunes filles. Qui étaient probablement mortes de peur, n’ayant jamais été prisonnières auparavant. Alors qu’elle, si. Plus de fois qu’elle n’aurait voulu y penser… mais cette fois-ci, elle savait qu’elle devait se débrouiller toute seule. Il n’y aurait pas de miraculeux sauvetage de dernière minute par sa compagne.

Elle prit une profonde inspiration et se souleva, tressaillant au battement brutal dans son crâne, puis elle appuya la tête contre les barreaux, et regarda dehors vers le campement.

Un camp de chasseurs, se dit-elle, et plus rude qu’elle ne l’avait cru la veille au soir. Des minuscules huttes en argile couverte de chaume comme abri, et cinq ou six de ces cages faites grossièrement éparpillées sur le côté le plus éloigné. Au centre, le feu qui donnait une lueur terne, et les silhouettes allongées en masse des habitants endormis et agglutinés autour du feu. La puanteur était… elle plissa le nez. Impressionnante. Elle roula sur le côté et s’assit bien droite, se passa les doigts dans les cheveux pour les arranger un peu, et regarda les gamines endormies. Elles étaient blotties dans un coin, lui laissant de l’espace de l’autre côté. Elle ne put s’empêcher de sourire un peu à cela, mais elle continua à balayer du regard et elle repéra la petite silhouette aux jambes arquées qui allait de cage en cage avec quelque chose dans un pot à l’allure sale. "Oh… génial", marmonna-t-elle, puis elle appela doucement ses compagnes. "Hé…"Cait fut la première à lever la tête, ses yeux gris clairs clignant avant de s’ouvrir et de faire le tour de toute la cage ; puis son regard s’arrêta sur elle avec une luminosité déconcertante. "Bon sang." Elle soupira et secoua ses compagnes. "Allez…" Un coup d’œil vers Gabrielle. "Tu as l’air d’aller mieux." "Je me sens comme du crottin de centaure", confessa Gabrielle. "Mais on nous apporte ce qui a l’air d’être le petit déjeuner, et je pense qu’on ferait mieux d’en prendre si on peut." Elle tourna la tête et regarda le petit homme aller à la cage près de la leur, et taper sur les barreaux en bois. Des formes sombres remuèrent, et se jetèrent en avant, se tenant devant les barreaux avec des petits bols tendus. Gabrielle sentit ses cheveux se dresser sur sa nuque à cette vue, et elle était sur le point de tourner la tête quand l’une des petites silhouettes attira son attention. Elle l’étudia, puis cligna des yeux, puis elle attrapa les barreaux près d’elle et se mit debout, ignorant la nausée et l’étourdissement pour marcher jusqu’au bord le plus éloigné de sa prison et regarder dehors. Non. Ça n’est pas possible. Il se retourna et la vit, et sa bouche s’ouvrit d’un coup. "Gabrielle !" cria-t-il, un sourire sur son visage sale. "Bon sang, je suis content de te voir !" "Ah… tu le connais alors ?" La voix de Rurik flotta jusqu’à elle, alors que l’homme s’approchait de leur cage. "Un petit morveux bruyant… qui cause plein d’ennuis." Il se leva et regarda le garçon qui lui jetait un sale regard. "J’allais le faire tuer ce matin… tu penses que tu peux le faire se tenir tranquille ? Je préfèrerais récupérer mon gain sur lui." Il la regarda. "Hé, petite reine… tu m’as entendu ?" "Je le ferai se tenir tranquille", dit Gabrielle d’une voix sans ton, et sans le regarder. "Amène-le ici." "Ça c’est une bonne gamine, va", dit Rurik en riant et il lui tapota la tête à travers les barreaux. "Hé… Kefric ! Amène ce morveux ici et mets-le avec elles." Il lança un regard d’approbation à Gabrielle. "Voilà, je savais que tu serais coopérative. Tu es si raisonnable."Elles regardèrent Kefric tirer le garçon qui se débattait de sa prison et le traîner jusqu’à l’endroit où se tenait Rurik. Le grand marchand attrapa la mâchoire du garçon et le força à lever les yeux. "Bon, écoute-moi petit bâtard… tu as une seconde chance, tu vois ? Tu es gentille avec la jolie fille là, et peut-être que je te laisserai jouer avec mes bottes plus tard, compris ?"Le garçon lui lança un regard noir, sans se repentir, ses yeux clairs traversant le marchand. Rurik se mit à rire et ouvrit la porte de la cage avant de le pousser dedans, et de refermer brutalement derrière lui. "Voilà… et vous êtes toutes de jolies petites jeunes filles… il devrait me remercier, je trouve."Gabrielle attrapa le garçon alors qu’il était projeté à l’intérieur et l’attira contre elle. Il abandonna son attitude de dur, l’entoura de ses bras. "Solan, par Hadès, qu’est-ce que tu fais là ?" murmura-t-elle brusquement dans son oreille. Embarrassé, il la relâcha et recula un peu, clignant des yeux, et lança un regard timide aux Amazones qui s’agglutinaient maintenant autour d’eux. Gabrielle saisit cette chance pour étudier le garçon, ne l’ayant pas vu depuis une année. Eph avait raison… il grandit, songea-t-elle, en voyant les centimètres en plus. Ses cheveux devenaient plus sombres bien qu’elle doutât qu’ils soient jamais aussi noirs que ceux de Xena, et son visage s’allongeait, et acquérait ces pommettes hautes qui, avec ses yeux bleu clair lui rappelèrent fortement sa compagne. Elle comprenait maintenant les commentaires voilés d’Ephiny ; Solan devenait le fils de sa mère, et dans très peu de temps, il suffirait qu’il se regarde dans un miroir pour comprendre quel était son héritage parental. Elle ne put s’empêcher de lui sourire. "Je venais… vous rendre visite", répondit-il doucement, en lançant un regard aux jeunes Amazones. "Et je pense que je me suis perdu… je pensais connaître le chemin mais… j’ai fini dans cette forêt et puis ces gars m’ont trouvé."Gabrielle soupira de contrariété. "Kaleipus t’a laissé venir tout seul ?"Une longue pause, puis il haussa un peu les épaules et lui lança un regard penaud très, très familier. "Je ne lui ai pas demandé." Il étendit les mains. "Il ne me laisse jamais rien faire… et quand on a découvert où vous étiez…" Là, il rougit. "Tu sais… alors j’ai pensé que ce serait génial si je pouvais… venir vous dire bonjour." "Excusez-moi." La douce voix de Cait les interrompit. Elle tendit la main. "Salut, je suis Cait."Gabrielle leur lança un regard à toutes. "J’allais vous présenter", dit-elle d’un ton de réprimande. "Voici Solan… son père est Kaleipus, des Centaures." Elle montra les jeunes filles d’une main. "Voici Cait, qui s’est déjà présentée." La jeune fille rougit. "Et Sharra, Mégane, Lista et Elianas. Ce sont des Amazones." "Enfin, presque." Sharra sourit et tendit la main également. "Mais les amis de notre reine sont nos amis." Elle s’interrompit et jeta un coup d’œil autour d’elle. "Pas vrai ?" "Vrai." répondirent les autres. "Reine ?" Solan se retourna et lança un regard à Gabrielle. "Tu en es une ? Personne ne me dit jamais rien." Il fit la moue. "J’ai l’impression de vivre dans une écurie au milieu de nulle part des fois."Gabrielle rit d’un air las. "Ne t’inquiète pas, Solan… on a tous cette impression parfois." Elle jeta un coup d’œil vers l’endroit où l’homme aux jambes arquées se tenait, en les regardant et en se léchant les lèvres. Elle sentit à nouveau ses cheveux se dresser, un sentiment curieux qu’elle pensait avoir hérité de Xena. "Bon, on prend le petit déjeuner, d’accord ?"Elle alla jusqu’au bord de la cage et regarda l’homme dehors, le clouant d’un regard glacial. "Tu vas nous donner à manger ou juste rester planté là ?" demanda-t-elle tranquillement. "Oh… tu es du genre mauvaise, hein ?" gloussa l’homme, en secouant sa louche vers elle. "Attention, mam’zelle… ou tu finiras par rien avoir de moi."Gabrielle maintint son regard, jusqu’à ce qu’il regarde ailleurs, et remue nerveusement. "Très bien… amène-les là."La barde appela les jeunes filles et leur passa des bols remplis, les regardant reculer avant d’en prendre un elle-même. "Merci", dit-elle poliment, en croisant son regard. Il la regarda longuement, puis il décampa. Ils s’assirent en cercle, et mangèrent en silence les céréales sans saveur. Gabrielle joua surtout avec les siennes, ne prenant une bouchée que lorsqu’elle ne put plus l’éviter. Solan s’approcha d’elle et lui murmura à l’oreille. "Où est Xena ?" Il regarda autour de lui. "Et… qu’est-ce tu fais ici, toi ?"Gabrielle soupira. "Elle est partie au nord… pour aider un de nos vieux amis. On faisait une ballade quand ces gars nous sont tombés dessus." "Alors… elle ne sait pas ?" demanda Solan, plongeant au cœur du problème. "Non", répondit doucement Gabrielle. Enfin… il se peut qu’elle sache quelque chose maintenant… mais même si elle le ressent… ça lui prendra trop de temps pour arriver ici. "On est livrés à nous-mêmes, malheureusement." "On va se sauver ?" demanda le garçon, en lançant des regards brillants vers le cercle des jeunes filles qui écoutaient. "On va essayer", répondit Gabrielle. Puis elle abandonna ses céréales et les tendit à Cait. "Tiens… tu divises ça." Puis elle se leva et alla vers les barreaux, posa la main dessus et regarda dehors. Oh Xena… qu’est-ce qu’on fait maintenant ? Ton fils est ici, mon amour. Maintenant l’enjeu est encore plus grand… parce que je dois le sortir d’ici avec nous. Je ne sais pas faire ça, Xena… Je commence à peine à savoir… D’habitude je compte sur ton brillant esprit tactique pour ce genre de choses. Dieux… que j’aimerais que tu soies là. Le vent qui se levait n’apporta pas de réponse, juste un froid lourd et humide qui la rongea jusqu’au plus profond d’elle-même.

 

"Iolaus", appela doucement Xena, alors que les premiers rayons du soleil inondaient le village à l’air triste. Il aurait meilleure allure dans la tempête, songea Xena, en regardant les nuages au-dessus d’elle. Oups… je n’aurais pas dû dire ça. Un jour Xena, il faudra que tu apprennes à ne pas tout le temps tenter les Parques. Iolaus cligna des yeux avant de les ouvrir, et bâilla. "Bonjour." Il soupira et regarda autour de lui. "Joli coin… je pense que je le préférais dans le noir."Cela lui valut un ricanement de la part de la guerrière qui se leva et lui tendit la main. "Ouais… c’est aussi ce que je pensais." Elle sourit intérieurement alors que Iolaus attrapait sa main sans hésitation et elle le tira pour le mettre debout. "Mais le soleil ne va pas durer longtemps." "Hé…" Iolaus essuya un peu sa tunique et lui sourit. "Tu as la même façon de tirer que Herc… c’est quoi, on vous apprend à faire comme ça, vous les héros ?"Xena s’avança, se dirigeant vers la partie centrale du village, où des gens étaient rassemblés. "Oh… oui… en même temps qu’on nous donne nos manuels de maintien."Iolaus lui lança un regard, et leva un sourcil. "J’ai jeté le mien", dit Xena pince-sans-rire, en lui rendant son sourcil levé. Elle étudia le petit groupe qui se formait, apparemment des habitants qui se rouspétaient. Elle fit un signe de tête au plus proche, sans rater le coup d’œil scrutateur peu subtil de la part des autres. Ok… peut-être que ça ne vient pas du cuir. Elle soupira pour elle-même. "Qu’est-ce qui se passe ici ?"Le villageois le plus âgé cracha sur le sol. "T’es nouvelle ?"Elle hocha la tête, et Iolaus la suivit. "Mais on fait que passer, en fait", dit Iolaus, avec un sourire amical. "On pensait pouvoir récupérer quelques provisions."L’homme ricana. "On n’a rien de trop, mon gars. Et si vous z’avez pas l’intention de rester un moment, feriez mieux de reprendre la route." Il lança un long regard à Xena. "Ils ne vont pas laisser filer des gens avec votre allure." "Ils ?" demanda tranquillement Xena, en sentant une trépidation démarrer dans ses tripes. Les miennes ? Ou les siennes ? "Laisser filer pour quoi ?" Le tonnerre de sabots approchant interrompit leur discussion, et ils se retournèrent pour voir un groupe de cavaliers entrer sur la place, et se déployer pour entourer les villageois rassemblés. Les cavaliers étaient vêtus de cuir, et de demi-cuirasse en bronze, et ils portaient des piques, des massues et des petites épées. "Très bien… très bien… on en a perdu trois hier soir, alors on a besoin de remplaçants", cria l’homme à l’avant, déroulant un long fouet et le faisant passer tel un serpent autour des jambes agitées de son cheval. "C’est pas qu’on ait beaucoup le ch…" Son regard tomba sur les nouveaux arrivés, et un sourire édenté apparut. "Ho ho ho… qu’est-ce qu’on a là ? Des visiteurs, on dirait…"Il fit avancer sa monture et jeta un coup d’œil vers Xena, qui croisa son regard avec une expression aussi assurée qu’elle le pouvait dans ces circonstances. Iolaus la poussa dans les côtes, alors elle supposa que ça n’était pas assez efficace. Elle soupira et baissa les yeux. "Bon bon… on va prendre ces deux-là et ce vieux-là… il te reste un peu de vie encore, hein ?" "Pourquoi vous nous emmenez ?" interrompit Iolaus. "On est juste de passage… pour qui vous vous prenez ???"Une botte l’atteignit à la tête et Xena le rattrapa avec un petit soupir. Elle leva les yeux vers le cavalier, qui lui souriait de sa hauteur. "C’est quoi le travail ?" demanda-t-elle d’un ton poli. "La mine." L’homme lui tapota la tête avec son fouet. "Et t’es une petite chose raisonnable, hein ?? Plus que ton petit copain là." Il ne sut jamais à combien il était proche de la mort à cet instant précis alors que tous les instincts de Xena lui hurlaient de le tirer à bas de ce cheval et de lui briser son corps horrible et puant en deux. "On est nourris ?" continua Xena, en passant le bras de Iolaus autour de ses épaules pour le soutenir, et repoussant son désir intense de faire d’énormes dommages. Oh… Hercule… pour ça, tu vas avoir une ENORME dette envers moi mon ami… ça fait deux fois que je sors tes fesses des flammes, et la première fois, tout ce que j’ai eu à faire, ça a été de jouer un bon tour à Arès. L’homme rit. "Et du genre pratique… je t’adore !!!!" Il fit claquer son fouet et fit signe à ses soldats. "Tu auras quelque chose… bien que ça n’aura rien à voir avec ce que fait ta maman." Il retourna le fouet entre ses mains et mit le bout sous le menton de Xena, la forçant à lever la tête. "Mais tu ne vas pas te plaindre maintenant, hein ma jolie ?"Xena sentit tous ses muscles sursauter rudement, alors que son corps luttait contre le contrôle de son esprit. "Me plaindre ?" Elle rit doucement. "Nan." Elle commença à se réciter les différentes façons de tuer cet animal, principalement pour se distraire. "Et qu’est-ce qu’on cherche dans cette mine ?" "Oohh…" L’homme se rapprocha d’elle étudiant attentivement son visage. "Des pierres précieuses… bien que je n’en ai vu aucune rivaliser avec ces yeux… peut-être que je vais demander à Croton si je peux t’emprunter après le boulot, eh ??"Oh ouais. Xena le tira et l’écartela joyeusement dans son imagination, tout en lui lançant un regard affectueux en s’imaginant lui arracher le bras encore vivant. "On dirait bien que je vais me plaire ici." Elle se demanda brièvement si elle pouvait le faire hurler en lui brisant chaque os avant. Le capitaine rit de ravissement, et fit signe à ses troupes de bouger. "Allez on y va… Croton va me donner une prime pour t’amener, sûr… et peut-être une autre petite pour ton petit copain-là."Les cavaliers s’assemblèrent autour d’eux et les menèrent vers l’extrémité nord de la place de la ville, leur donnant à l’occasion un petit coup avec une pique. Xena marchait tranquillement, essayant de se souvenir s’il était plus approprié de tuer quelqu’un d’abord, et ensuite de lui arracher la colonne vertébrale par la gorge, ou le contraire. "Xena ?" La voix murmurée de Iolaus l’atteignit. "Oui ?" dit-elle, en lui lançant un regard distrait. "Je peux marcher maintenant. Merci", répliqua le jeune homme blond alors qu’elle relâchait son bras, et il utilisa cette main pour se masser la tête. "Je ne vais pas te demander ce qui te passe par la tête en ce moment." "Tant mieux", marmonna Xena, en se concentrant pour ne pas réagir quand la pique atteignit son épaule. Dieux… c’était plus difficile qu’elle ne l’avait pensé… elle se sentait constamment en lutte avec elle-même… à garder le frein sur des réflexes auxquels elle n’avait même pas à penser habituellement. Et par-dessus tout, l’inconfort dans son ventre augmentait et prenait une tournure sombre. Gabrielle… son esprit se tourmenta, lui faisant presque perdre le contrôle de son corps extrêmement tendu. Il faut que je finisse ça au plus vite, décida-t-elle, puis elle regarda devant eux et vit l’entrée de ce qui devait être les tunnels de la mine. Oh oh. Maintenant son estomac se serrait pour une raison totalement différente. "Xena ?" Iolaus lui toucha le bras et la fit sursauter. "Pardon." "Quoi ?" dit-elle en sifflant, et en lui lançant un regard. "Tu vas bien ? Tu viens juste de devenir blanche comme un linge." La voix de Iolaus était basse mais il y avait une réelle note d’inquiétude. "Ça va, merci", répliqua la guerrière, les dents serrées. "J’essaie juste de contrôler ma colère." "Oh." Iolaus fit la grimace. "Bien… désolé."Ils arrivèrent à la minuscule entrée, et le capitaine descendit de cheval, puis alla vers un petit abri près de l’entrée, d’où il revint avec trois colliers. Oh… dieux. Je vais craquer. Xena essaya de retenir ses réactions, et la nervosité qui se déployait, à l’idée de l’entrée du tunnel qui arrivait. Très bien… respire. Calme-toi. Le capitaine au torse cylindrique attacha les colliers, tout d’abord sur le villageois, ensuite sur un Iolaus pas très à l’aise. "Il faut garder ces trucs, gamin… si on t’trouve sans là en bas on t’découpe comme des agneaux à l’abattoir… alors tu vas être gentil, hein ?" Il s’arrêta devant Xena et sourit en levant les mains pour attacher la lanière en cuir autour de son cou. "Ah… et c’est quoi ça ? Un petit quelque chose dont je peux te soulager…"Il n’alla pas plus loin. Une main lui enserra le poignet et serra comme un anneau d’acier, lui engourdissant les doigts et stoppant son toucher inquisiteur. Il leva les yeux, en fronçant les sourcils, et se vit cloué sur place par un regard bleu glacé très féroce. "Oh-oh." marmonna Iolaus entre ses dents. Mais Xena reprit contrôle d’elle-même avec un effort visible. "Ça ne fait pas partie du marché", dit-elle doucement, sans le relâcher. "Ça compte beaucoup pour moi et je ne m’en sépare pas." Elle se pencha en avant et laissa le loup faire surface, juste un peu. "Compris ?" Ce dernier mot fut à peine murmuré. Iolaus s’aperçut qu’il retenait sa respiration, en regardant Xena devenir soudainement le chef de guerre dont il se souvenait, avec visiblement peu d’effort. Le danger dont elle les entourait tous comme un voile sombre, un chatouillis au bord de ses sens comme une atmosphère chargée juste avant la tempête qui nettoie tout. "D’accord… d’accord." Le capitaine ouvrit la main, et essaya de reculer. " Bijou de famille… je comprends…" Il essaya de rire. "Tu ferais mieux de garder ça bien caché quand même." Sa voix portait une sonorité nerveuse. Xena le relâcha et recula, finissant d’attacher le collier elle-même. Puis elle fit face à l’entrée, et carra ses épaules, attendant que le capitaine prenne la tête. Elle lança un rapide coup d’œil à Iolaus, ayant capté son regard inquiet, et elle lui lança un simple clin d’œil. Cela lui valut un sourire en retour et il se tourna pour suivre le capitaine dans les profondeurs de la montagne. Respire. Xena s’obligea à se calmer, faisant appel à des années de discipline fastidieuse. Respire… c’est juste une grotte… tu l’as déjà fait. Elle mit une main sur le bord de l’entrée et se baissa pour entrer, laissant la première vague de terreur la submerger et la dépasser. Respire. Tu peux le faire. Elle pensa à l’étendue du ciel, et aux champs de blé qui bougeaient doucement hors d’Amphipolis. Et aux profondeurs infinies des yeux remarquables de Gabrielle. Respire. Et c’est ce qu’elle fit, calmement, des inspirations contrôlées qui la firent surmonter la panique et s’enfoncer dans la montagne, se forçant le regard dans l’obscurité et sentant l’odeur revenue de la poussière de roche entrer à nouveau dans ses poumons. "Je déteste les grottes", marmonna Iolaus, à quelques pas devant elle. "Je déteste les endroits sombres, étroits, et puants." Il soupira profondément. "Herc va vraiment me le redevoir." Il sentit une main lui tapoter le dos et y rester, et étrangement, cela le soulagea beaucoup. Au moins, je ne suis pas tout seul… même si c’est Xena, qui peut être la maniaque homicide la plus amicale que je connaisse. "Tu m’as inquiété un instant tout à l’heure", murmura-t-il, en lançant un regard par-dessus son épaule alors qu’ils se frayaient un chemin le long du tunnel qui se déroulait, l’obscurité parfois brisée par une étendue de lumière de torche. "J’aurais dû le laisser s’inquiéter, lui", répliqua Xena avec un ton grimaçant. "Désolée… Je ne m’attendais pas à ce qu’il m’attrape comme ça." Elle toucha les murs, sentant les faibles vibrations des pioches qui frappaient, ce qu’elle entendait comme un cognement haut et rythmé. "Tu es vraiment effrayante parfois, tu sais ça ?" commenta le jeune homme blond, en passant la main paresseusement sur le mur rugueux. "Oui", reçut-il en réponse, platement. "Je m’entraîne beaucoup pour ça." "Oh", répondit Iolaus, puis il décida de se taire un moment. Ils entrèrent dans le passage et arrivèrent dans une zone ouverte large à l’intérieur de la montagne. Les pioches résonnaient plus fort à cet endroit, et la puanteur s’exhalait des corps non lavés, de la poussière de roche, et de quelque part vers le haut, de l’eau stagnante. L’estomac de Xena se crispa et elle soupira, ajoutant cela au sentiment déjà ancré d’inconfort créé par sa présence à l’intérieur de la montagne et l’inquiétude de sa compagne. Ça n’allait pas être drôle. Elle regarda autour d’elle, et vit les villageois les plus proches qui balançaient des pioches vers les pierres qui tenaient bon, faisant jaillir des morceaux avant de les soulever et de les jeter dans des carrioles de fortune. Ceux-ci étaient ensuite avançés péniblement jusqu’à une longue table, où d’autres villageois étaient penchés sur les roches et les séparaient en morceaux encore plus petits, exposant leurs trésors cachés. Une escouade de gardes surveillait la table et s’assurait qu’aucun gemme ne finissait dans la poche de quelqu’un, et occasionnellement, les plus proches déroulaient leurs longs fouets, que tous portaient, et les faisaient passer autour des hommes et des femmes au travail, frappant une joue ou le haut d’un bras d’un léger coup de fouet. Pendant un long moment, elle oublia totalement Hercule, et réfléchit à des moyens de libérer les villageois de leur esclavage. Et cela amena un minuscule sourire sur ses lèvres, et une secousse de sa tête sombre. Bon sang, si ça n’est pas devenu un réflexe… tout comme de respirer… Douce Aphrodite… quelque chose a vraiment changé. Puis elle soupira et se concentra sur le problème en cours. D’abord, trouver Hercule. Ensuite, LUI, pourrait libérer les villageois. Le capitaine leur faisait signe et Iolaus et elle s’approchèrent. "Voilà… c’est assez simple." Il montra la caisse de pioches. "Vous prenez ces trucs, vous frappez ça." Il montra le mur. "Compris ?"Xena ricana d’un air pensif et prit une hache, la soulevant avec expérience. Je pourrais tuer n’importe qui dans cette caverne avec ça, songea-t-elle. Mais bon. "Je pense pouvoir faire ça", marmonna-t-elle, et elle s’avança vers une section du mur, suivie par un Iolaus ronchon. "Reste à l’abri, OK ?" conseilla-t-elle au jeune homme blond. "J’ai de l’énergie à revendre."Xena étudia le mur, puis bougea la laine sur ses épaules. Il faisait chaud, et elle savait qu’elle allait transpirer dans quelques instants si elle gardait sa tunique supplémentaire. "Oh bon… ce n’est pas comme s’ils allaient me jeter dehors maintenant." Elle se retourna vers un Iolaus à l’air nerveux. "Tiens… prends ça un instant." Elle lui tendit la pioche, puis détacha sa ceinture et fit passer sa tunique par-dessus la tête, ne gardant que les vêtements en cuir, ce qui lui valut des sifflets admiratifs des gardes qui regardaient. Elle leva les yeux au ciel, et reprit la hache, regarda le mur puis balança l’outil avec une force stupéfiante contre la roche. Des morceaux de rochers partirent dans tous les coins, envoyant une explosion de bouts jusqu’au milieu de l’alcôve dans laquelle Iolaus et elle se tenaient, le faisant plonger pour se protéger avec un cri. Xena sourit, et balança à nouveau, extirpant des morceaux du mur avec une efficacité brutale, ignorant les piqûres des morceaux qui frappaient son corps. Elle continua jusqu’à ce qu’elle ait enlevé la pression tendue et serrée, et que son corps soit à nouveau sous son contrôle. C’était le moment pour la seconde phase… songea-t-elle, en s’arrêtant pour s’appuyer sur sa pioche, en regardant Iolaus travailler à côté sur sa section de mur. Et alors qu’elle se tenait là, le sentiment inconfortable qu’elle portait en elle rejaillit, et son cœur commença à battre fort. Il n’y avait plus de doute maintenant…. Gabrielle avait besoin d’elle. La question était… devait-elle en finir ici… ou simplement partir ? Pouvait-elle partir… laisser Iolaus et Hercule se dépêtrer seuls de ce bazar… quand elle ressentait déjà le danger… le malin rôder par ici ? Le pouvait-elle ? Son cœur lui parla clairement… Oui elle le pouvait. Gabrielle était… tout pour elle. Mais Gabrielle voudrait-elle qu’elle le fasse ? Son barde… sa meilleure moitié… qui se jetait sur des reines amazones inconnues pour les protéger… et se dressait pour des petits centaures face à une arbalète ?Non. Elle ne le voudrait pas. Très bien alors. Xena soupira profondément. Pas de temps à perdre. Elle allait chercher Hercule, trouver ce qui pouvait bien se passer, par le tartare, faire ce qu’il fallait pour arranger tout ça, ensuite rentrer à la maison, et voir combien de temps elle pouvait gagner ici. Elle laissa tomber sa pioche, alla jusqu’à la citerne d’eau et prit une louche, sirotant l’eau au goût métallique avec une grimace. Un garde s’avança doucement vers elle et resta à l’observer avec un intérêt non masqué, et elle laissa une lueur se former dans ses yeux. Ah… voilà une cible à propos. "Tu veux quelque chose", grogna-t-elle vers le garde, en lui lançant un regard revêche. Il laissa ses petits yeux voyager le long de son corps couvert de poussière de roche et de sueur. "Peut-être…" Il se rapprocha et tapota le haut de son bras avec le bout de son fouet. "Tu ferais bien de montrer du respect, femme."Xena reposa doucement la louche, et sourit. "Respecte ça", dit-elle doucement et elle l’attaqua avec un court coup sauvage directement depuis l’épaule. Oh dieux… que ça m’a fait du bien. Elle frappa le garde suivant avec un coup circulaire droit, et l’envoya voler contre le mur de roche, puis frappa le troisième avec sa botte et l’envoya contre la table de travail. Du coin de l’œil, elle repéra Iolaus qui faisait tomber un de ses agresseurs et elle sourit. Plusieurs gardes se jetèrent sur elle, et elle soupira un peu à devoir faire cesser l’amusement. Elle les laissa s’empiler sur elle et sentit un coup lourd sur sa tête qui l’assomma, et la laissa immobile entre leurs mains. Je déteste ça… je déteste ça… Oh, Hercule, je vais m’occuper de toi après ça. Elle garda résolument les yeux fermés alors qu’ils la transportaient le long d’un passage en pente descendante, empli de la mauvaise odeur de l’air et de l’eau stagnante. Il fit à nouveau plus froid, et l’air devint plus humide, alors qu’ils passaient près de ce qu’elle savait être un ruisseau souterrain. Encore et encore, à travers des couloirs sombres, éclairés juste maigrement parfois de torches qui vacillaient faiblement, jusqu’à ce qu’elle sente qu’ils s’arrêtent, et entende le raclement d’une clé dans un verrou. Le bruit de gonds au martyre suivit et elle sentit une bouffée d’air plus chaud venir à travers l’entrée. A l’intérieur, elle put sentir la paille, et la poussière, et le sang, et l’odeur piquante distincte de l’acier rouillé. Une autre protestation des gonds, et elle fut jetée sur un lit de paille sale, et entendit un bruit sourd quand Iolaus fut déposé près d’elle. "Tenez… espèce de pourritures", cracha une voix forte. "Que l’redresseur s’occupe de vous." La porte en acier se ferma dans un bruit sourd et leurs bruits de pas diminuèrent dans le couloir, après le bruit sourd de la porte en bois qui se refermait derrière eux. Xena attendit pour être sûre qu’ils étaient bien partis, et elle roula pour se mettre debout. Elle brossa la paille sale avec une expression de dégoût, puis jeta un coup d’œil alentours. Ils étaient dans une grande… cellule carrée, c’était le seul mot pour ça. Dans les coins se trouvaient des bancs occupés par des silhouettes sombres qui ne croisèrent pas son regard. L’odeur de sang et de nausée était forte ici, et lui fit froncer le nez, puis elle tourna son regard vers l’extérieur de la cage, qui bordait un couloir. De l’autre côté du couloir, se trouvait une grande chambre, éclairée de torches rougeâtres, et dans laquelle on voyait un assortiment inconfortable d’instruments de torture. Elle en reconnut la plupart, mais certains… échappaient même à son expérience. Une cage rouillée pendait du plafond… non… elle se rendit compte que ce n’était pas la rouille qui tachait l’acier. "Il reste en principe de ce côté." La voix calme de Iolaus lui parvint juste à côté. Elle se tourna et le regarda, alors qu’il se tenait aux barreaux, les mains enroulées autour, les phalanges blanchies. "Il entre et sort un peu… surtout pour aller chercher de la nourriture ou d’autres trucs."Xena hocha lentement la tête, laissant l’horreur de l’endroit filtrer à travers ses sens de chef de guerre, qui firent taire le choc. "Très bien… je présume qu’on attend, alors."

 

Gabrielle reposa la tête contre le bois frais et humide, espérant faire passer un peu de la douleur battante qui la tannait encore. En plus de la nausée, bien sûr… ce qui se combinait pour la rendre malheureuse et espérer être n’importe où ailleurs. Elle regarda calmement les brigands vaquer à leurs tâches, qui semblaient consister à se pousser et se tirer les uns les autres, et à boire ; Ça, elle était plutôt pour … le plus ils s’amusaient entre eux, le moins ils porteraient d’attention à leurs prisonniers. Elle avait déjà noté que la garde des cages n’était pas particulièrement rigoureuse, surtout parce que les brigands pensaient que leurs prisonniers étaient soit trop faibles, soit trop stupides pour essayer de s’échapper. Et bien, je ne suis ni faible, ni stupide, se dit Gabrielle. Et ces gamines avec moi sont des Amazones, et ce gamin… si ce gamin a une once de l’attitude impétueuse de sa mère, on n’a pas de soucis à se faire. Sa mère. Cette pensée amena un pincement nostalgique à son cœur, et pas seulement parce qu’elle était dans un endroit étroit. Une partie d’elle manquait de la présence de sa compagne, une douleur légère au plus profond d’elle-même qui lui fit fermer les yeux et se laisser aller à un long moment de souhait. Pas le temps pour ça. Elle se redressa et jeta un coup d’œil aux alentours du campement. Pas de signe de Rurik jusqu’ici… et elle était contente. Elle détestait son attitude condescendante… et était furieuse contre elle-même de ne pas avoir su voir en lui au début et de ne pas avoir deviné sa nature dangereuse. J’aurais dû savoir quand il m’a fait perdre contenance, à l’auberge… jura-t-elle pour elle-même. Bon sang, Gabrielle… commence par t’écouter, d’accord ?D’un autre côté, Xena ne l’avait pas identifié comme une fripouille non plus, alors elle ne se sentait pas si mal. Pas autant que Rurik se sentirait quand, pas si, ils sortaient d’ici et rentreraient à la maison et qu’elle parlerait à Xena de son petit camp secret. Pendant un instant, elle se sentit mal de penser ça, puis elle regarda autour d’elle, et vit les gamines à l’allure effrayée qui tremblaient dans la cage d’à côté, et elle décida qu’il aurait ce qu’il méritait. Après tout, elle aurait facilement pu être à leur place, deux ans et demi plus tôt. Comment ça aurait été ? se demanda-t-elle en laissant son regard voyager sur ses compagnes de route, légèrement blotties autour d’elle. Que serait ma vie aujourd’hui si Xena ne s’était pas promenée et n’avait décidé, qui sait pour quelle raison, d’interférer dans les plans de Draco ? Est-ce que je serais la même personne, mais dans des circonstances pires, ou une personne totalement différente ? … Enfin. Pas la peine d’y penser, se dit Gabrielle. Mais… maintenant je peux faire pour ces gamins, ce que Xena a fait pour moi. Et que je sois damnée si je n’essaye pas. "Bien, bien. Bonjour, petite jeune fille." La voix de Rurik la gratta. "Tu as bien dormi ? Non ? C’est dommage ?" Il rit. "Mais j’ai une petite surprise pour toi… mes hommes m’ont entendu dire que tu étais une Amazone redoutable et tout ça… et ils veulent une petite démonstration. Alors… tu vas être gentille et te lever, d’accord ?"Gabrielle l’étudia un long moment, sans bouger. "Quel genre de démonstration ?"Il rit à nouveau. "Oh non, ma jeune dame, on ne va pas te mettre une lame dans les mains. Juste avec ton petit bâton là." Il ouvrit la cage et tendit la main, l’attrapa par les cheveux et tira. "Allez viens maintenant."Gabrielle grimaça, et commença à se mettre debout, puis fut surprise par une petite forme qui passa à toute vitesse près d’elle et se jeta sur la poitrine de Rurik, lui faisant perdre l’équilibre et perdre sa prise sur elle. "Laisse-la tranquille, espèce de merde de centaure", cria Solan, avant que le poing de Rurik ne le frappe sur le côté de la tête et l’envoie voler dans les bras de Cait. La jeune fille s’était levée elle aussi, et s’avançait vers le marchand. "Bâtard", cracha Rurik, puis il regarda Gabrielle. "Tu trouves ça drôle ?"C’était le cas, mais pas pour la raison à laquelle il pensait. "Facile de jouer les durs face à des petits gamins", observa Gabrielle. "Cait, tu gardes un œil ici, OK ?" Elle passa près de Rurik et attendit qu’il verrouille la porte à nouveau. "Je pourrais te raconter quelques histoires sur ce qui arrive aux gros durs dans ton genre."Le marchand tourna autour d’elle, et tendit la main pour lui lever le menton. "Oh… vraiment ? Pourquoi est-ce qu’on ne va pas dans ma hutte, et tu pourras me les raconter en privé, hein jeune fille ?"Gabrielle sentit son cœur faire un bond. De l’humour… peut-être que ça… le distrairait. "J’adorerais ça Rurik, mais tu n’es vraiment pas mon genre." Oh bon, ce que ça pouvait être vrai. Cela lui valut une envolée de rires étouffés des jeunes filles. "Oh ?" Rurik lança un regard confus aux jeunes filles, puis se concentra sur elle à nouveau. "Et quel serait ce genre alors ?" Il leva la main. "Je vois que tu as enlevé ton bel anneau… est-ce que ton promis n’était pas ton genre… non plus ?" "Zut alors…" murmura Cait à Sharra. "Elle est tellement courageuse… et qu’est-ce qu’elle a fait de cet anneau ?" "Shh." L’autre fillette la fit taire. "Elle l’a attaché au cou de ce chien avant de le renvoyer." "C’est un loup", la corrigea Cait. "Et je parie que je sais où elle l’a envoyé."Gabrielle le laissa attendre un peu avant de répondre. "Non… c’est bien ta chance, Rurik… je l’ai enlevé avant qu’on aille dans les bois." Elle s’interrompit et prit une inspiration. "Et au sujet de cette… démonstration ?" J’ai l’impression que la mort est passée tout près… mais pas de raison de le lui dire… peut-être que je peux me sortir de ça sans être trop sonnée. "Tu es impatiente." L’homme rit, sa bonne humeur restaurée. "Très bien, viens." Il attrapa l’arrière de sa tunique et la poussa vers le foyer, où un groupe d’hommes rigolards se tenait. Gabrielle les étudia en se rapprochant, et soupira intérieurement. Ça aurait été trop simple de s’en tirer facilement. Rurik lui jeta son bâton, qu’elle attrapa automatiquement, et fit signe à l’un des plus grands des hommes. "Alors vas-y, elle est là."L’homme l’étudia, puis rit, et prit un long bâton posé près du foyer. "Comme ça… t’es une Amazone, hein ? T’es pas bien grande…"Gabrielle fit rouler sa tête d’avant en arrière, essayant d’apaiser la raideur dans sa nuque, et repoussa l’inconfort de son crâne qui battait toujours à rompre. Souviens-toi de ce que fait Xena… d’accord ? Elle peut combattre avec… oh… probablement la moitié des os brisés. Et un ongle cassé. La pensée de l’expression familière et déterminée de sa compagne lui fit du bien, et elle fit quelques passes pour s’échauffer avec son bâton pour se détendre. "Il n’y a pas que la taille qui compte", répliqua-t-elle au brigand. L’homme ne répondit pas, au lieu de ça, il se jeta sur elle, faisant tournoyer son bâton avec un niveau de compétence tolérable. Elle bloqua son arme avec la sienne, et dévia la force du coup vers le haut et à l’extérieur, le déséquilibrant, et lui donnant l’occasion de renverser son propre mouvement, pour le frapper adroitement avec l’autre bout de son bâton. Hé hé. Elle s’applaudit intérieurement avec calme. Abruti. Cela le rendit furieux, cependant, et il chargea à nouveau, frappant ses défenses avec son poids et sa taille supérieurs. Mais Gabrielle y était habituée, et elle laissa ses jambes absorber la force de sa poussée, puis elle s’accroupit légèrement, et poussa à son tour, contente de toutes ces heures passées à s’entraîner avec Xena, qui faisait à peu près la taille de ce type. Puis elle continua à attaquer, envoyant de rapides coups vers sa tête et sa nuque, qu’il arriva tout juste à dévier, puis elle se laissa soudain tomber sur un genou pour faire un balayage arrière avec son bâton qui lui accrocha les jambes et le fit tomber sur les fesses avec un bruit sourd. Quand il revint à la charge, il y eut l’éclair d’une lame dans une main, et elle eut à peine le temps de saisir ce fait avant que ses instincts nouvellement acquis ne prennent le dessus, et la dernière chose dont elle se souvint, c’est qu’il était allongé sur le côté en se tenant la tête, et le couteau était au milieu du campement, touché par une extrémité de son bâton pendant que l’autre tournoyait et le frappait sur le côté de la tête. Son regard voyagea sur le cercle des hommes : aucun d’eux ne riait plus. Je pense que j’en ai trop fait, se dit-elle. Xena dit toujours… ne laisse jamais les gens savoir combien tu es bonne… garde une petite surprise pour quand tu en auras besoin. C’est une pensée effrayante quand on pense à elle, vous savez ? Elle recula et laissa tomber un côté de son bâton, s’appuya dessus et attendit. "Par le Tartare si tu n’es pas une Amazone", ricana un des hommes. "Très bien, Rurik… voilà tes trois dinars." Les hommes se rassemblèrent autour de Rurik et payèrent en râlant, amenant un sourire narquois aux lèvres du marchand. Il marcha à grands pas vers l’endroit où Gabrielle attendait toujours tranquillement. "Ah… ça c’était joli, petite jeune fille." Il enroula une boucle de cheveux autour de son doigt. "Maintenant… je ne sais pas… c’est dommage que tu ne restes pas longtemps avec nous… tu pourrais me rapporter une petite fortune, sûr. Un air si gentil et si doux." Il rit. "Et dessous, quelle tigresse !"Les yeux verts le clouèrent. "Rurik, tu ne vas pas t’en sortir comme ça. Tu devrais tous nous laisser partir avant qu’il ne soit trop tard."Il s’avança vers elle, la poussant vers l’arbre sous lequel ils se trouvaient. "Des menaces ? Non non… petite jeune fille… tu n’as pas bien l’air de comprendre là… qui va m’arrêter, ton amie guerrière ?" Il rit. "C’est rien que des histoires qu’on raconte, et rien d’autre… on le sait tous les deux… hein ?" Il traça son menton légèrement de son doigt. "En plus, elle ne serait pas allée se mettre au vert là-bas, dans ce trou."Les sourcils de Gabrielle s’élevèrent de surprise, une réaction qu’elle ne s’inquiéta pas de cacher. "Tu es dingue", dit le barde brutalement. "Elle vit là-bas parce qu’elle y est née. Et ces histoires sont vraies."Rurik se mit à rire. "Si ça te fait du bien de le croire, petite, continue. Si tu penses qu’un grand secours est en marche, alors tu sauras te tenir, d’accord ? Parce que tu sais, si je pense un seul instant que tu vas me priver de ma fortune, je prendrai une lance et je ferai un shish kebab de tes petits amis là-bas."Gabrielle soupira. OK, au moins, j’ai essayé. Elle mit la main sur l’épaule de Rurik. "Ecoute, je ne dis ça que pour ton bien, d’accord ? Xena va nous trouver. Et quand ce sera le cas, elle ne sera pas contente. Rurik, tu ne veux pas la voir quand elle n’est pas contente, tu comprends ? Tu as la moindre idée de qui elle est ?"L’homme haussa les épaules. "Nan, jeune fille… je ne suis pas d’ici, tu le sais bien. Les légendes locales, ça ne m’impressionne pas. J’ai vu ta cousine partir à cheval vers le nord il y a deux jours, et tu seras partie avant qu’elle ne revienne…. C’est aussi simple que ça. Elle ne te trouvera jamais elle ne saura jamais où tu es allée… peut-être qu’elle pourra consoler ton promis pour toi." Il avait l’air de trouver ça amusant. Vous savez quoi ? songea Gabrielle. Je vais commencer à penser que les gars n’ont pas de cervelle. D’abord Arès, ensuite Iolaus, maintenant lui. Même Callisto avait compris dès le début. "Rurik, je n’ai pas de promis. Cet anneau est celui de Xena." Elle soupira. "Et l’endroit où tu nous envoies n’a pas d’importance. Elle nous suivra."Rurik la regarda en silence. Puis il éclata de rire. "Oh… ça c’est bon. Tu dirais n’importe quoi pour me repousser, hein ?" Il lui tira les cheveux. "Alors… qu’est-ce qu’elle a que je n’ai pas ? Hmm ?"Des manières, de la classe, de l’allure, mon cœur et mon âme. "Ça ne te regarde pas", répondit le barde. "Mais si tu ignores cet avertissement, tu es plus idiot que je ne le pensais."Il tournoya, elle bougea. La main de Rurik frappa l’arbre avec une force étonnante, faisant sauter un gros morceau d’écorce, qui éclaboussa Gabrielle de copeaux fibreux. Ses mains bougèrent dans un geste de défense automatique et elle frappa le bâton contre la poitrine de son assaillant, le faisant reculer. "Garce", feula-t-il, et il se jeta sur elle. Ce qui prouva qu’elle avait raison, alors qu’elle s’écartait de son chemin et passait près de lui, le laissant se cogner la tête en plein dans l’arbre. Il s’affala sur le sol sans un bruit, et après un moment de silence étonné, les hommes rassemblés tout près se mirent à rire. Des fumerolles du campement passèrent entre eux, apportant l’odeur de nourriture qui cuisait depuis longtemps et celle des pierres chaudes qui l’entouraient. Trois d’entre eux prirent le corps de Rurik pour le porter dans une hutte proche, deux autres sortirent des épées et la regardèrent avec prudence. "Pose le bâton maintenant, OK ?" L’un d’eux la poussa avec l’arme et si la situation n’avait pas été aussi grave, le barde se serait effondrée dans une crise de fou-rires. Par expérience elle lui lança un regard. Il recula. "Pose-le maintenant ou on s’occupe des gamines", l’avertit-il en avançant vers la cage. "Très bien", admit Gabrielle sobrement, en posant le bâton sur le sol avant de marcher tranquillement vers la cage, et d’attendre qu’il la laisse entrer. Il le fit nerveusement, se tenant à bonne distance d’elle lorsqu’elle entra dans l’enclos, puis il claqua la porte derrière elle. Solan courut vers elle et l’étreignit, et les jeunes filles se rassemblèrent autour d’elle avec des sourires sur le visage. "C’était tout simplement génial", dit Cait avec enthousiasme, en lui tapotant le bras. Gabrielle se passa les doigts dans ses cheveux clairs, et soupira, puis elle alla vers les barreaux et se laissa glisser tout le long. Maintenant que l’excitation était passée, elle se sentait nauséeuse, le battement dans sa tête avait empiré, et son estomac était complètement noué. Elle sentit une main sur son bras et leva la tête vers plusieurs paires d’yeux inquiets. "Tu vas bien ?" demanda doucement Sharra. Que ferait Xena ? OK… allons-y pour un numéro de dure à cuire. "Oui, je vais bien." Le barde trouva un sourire à leur faire. "Ma tête me fait juste un peu mal." Elle jeta un coup d’œil à la cage. "OK… bon…. Je pense que c’est l’heure de raconter une petite histoire, non ?" Elle prit une profonde inspiration et essaya d’arranger ses pensées. "Bien… est-ce que je vous ai raconté celle où Xena bat Poséidon… deux fois ?"

 

Xena tourna le dos aux barreaux et fit le tour de la cellule, observant ses habitants blottis loin d’elle. Elle s’arrêta lorsque l’un d’eux essaya de bouger de son chemin mais n’y parvint pas, et elle s’agenouilla. "Qu’est-ce qui ne va pas ?" demanda-t-elle avec une brutalité polie. En guise de réponse, la silhouette leva un bras, qu’elle tenait avec l’autre. Xena leva la manche avec douceur, et regarda dessous. Elle ferma brièvement les yeux. Fracturé, juste au-dessus du coude. "Comment est-ce que c’est arrivé ?" demanda-t-elle calmement, en prenant l’autre bras, et en tendant la main vers le cou de la personne. "Reste tranquille…" Deux coups rapides et le bras s’ankylosa, et elle put le redresser. "Iolaus, attrape-moi deux morceaux de bois de cette planche là-bas." Elle attendit que Iolaus apporte le bois, puis installa les morceaux doucement contre le bras. "Je vais attacher ça… puis je vais relâcher les points de pression. Ça va faire mal… mais tu pourras le bouger, OK ?" Elle fit comme dit. "Qu’est-ce qui s’est passé ?" demanda-t-elle enfin, quand elle eut fini d’attacher le bras. "L’redresseur… a décidé que je me relâchais", répondit la voix étouffée, et Xena réalisa que c’était une femme. "C’est lui qui t’a fait ça ?" La voix de Xena prit un ton dangereux. "Sans raison ?" "Oui", reçut-elle en réponse. Ça n’est pas possible. Son esprit refusait de croire qu’Hercule était capable de ça. Par Hadès, même dans ses pires jours de chef de guerre… ceci… aurait été… loin d’elle. Tuer quelqu’un… oui. Elle en était capable ; blesser quelqu’un qui lui avait fait du mal… oui. Mais mutiler malicieusement une innocente sans défense ? Non. Et si moi, la Destructrice des Nations, je ne le pouvais pas… Elle leva les yeux au ciel mentalement, comme à chaque fois qu’elle pensait à ce petit titre particulier, alors ce doux géant, cet homme qui avait pris un risque et lui avait donné sa chance… ne pouvait assurément pas avoir fait ça. Elle se retourna et croisa le regard blafard de Iolaus. "Tu es sûr que…"Le jeune home blond ferma les yeux et Xena put voir la douleur sur son visage. Elle soupira et se releva. "Très bien… quelqu’un d’autre a besoin de soins ? Allez… je n’ai rien avec moi mais je ferai de mon mieux."Une ironie suprême, pensa-t-elle plus tard, après avoir travaillé quelques heures à remettre des fractures et à apaiser la douleur quand elle le pouvait. Leurs visages quand Iolaus avait relevé son regard de ce qu’il faisait pour remettre une jambe cassée à un homme et qu’il l’avait appelée par son nom. Le silence était tombé, et tous les regards s’étaient concentrés sur elle avec surprise. "La Princesse Guerrière ?" monta une voix choquée et calme depuis un coin sombre. "Certains m’appellent comme ça", avait répondu Xena, sans lever les yeux du doigt démis qu’elle remettait en place. "Mais ses amis l’appellent juste Xena", avait pépié Iolaus depuis son coin, ce qui lui valut un regard ironique de la part des yeux bleus brillants. Il lui sourit avec impénitence, plus tout autant intimidé. "Si j’avais pensé que je vivrais assez longtemps pour voir ça", dit doucement la vieille femme de laquelle elle s’occupait. "Que mon corps soit estropié par un homme dont j’ai toujours entendu dire que c’était un héros, et être soignée par quelqu’un que les histoires nomment…" Elle hésita. Xena lui tapota la main. "Une guerrière impitoyable et une tueuse." Elle soupira. "C’est bon, va. Les histoires sont vraies." Elle s’interrompit. "Pour les deux." Elle se leva et se frotta les mains, puis alla au bord de la cage, pour regarder dans le couloir, perdue un moment dans ses pensées. Elle finit par se retourner et leur faire face, les mains sur les hanches en hochant un peu la tête. "Il ne vous fera plus de mal." Une longue pause pendant qu’elle les étudiait et vice-versa. "D’une manière ou d’une autre."Iolaus captura l’image devant ses yeux, de ce donjon sombre, humide et puant, avec ses torches qui crachaient de l’huile en soulignant la silhouette haute et musclée de Xena de lumières rouges et d’ombres couleur d’encre, la menace qu’elle exhalait avec une nonchalance aisée ; dans un équilibre incroyable si l’on se disait qu’elle prenait la grande part de la lumière dans tout ça. Xena soupira, et s’assit avec le dos contre les barreaux, essayant d’ignorer la puanteur et les courants d’air de l’endroit. Elle testa légèrement l’anxiété qui lui venait de Gabrielle, légèrement soulagée que ça n’ait pas empiré. Inquiète, oui. Effrayée… le barde l’était aussi. Tiens bon… elle ferma les yeux et pensa fort dans la direction de sa compagne. Des bruits de pas se firent entendre dans le long couloir, des bottes lourdes qui résonnaient sur le sol de pierre avec une puissance lente. Xena se retourna lentement et s’appuya sur les barreaux avec une seule épaule, croisant les jambes aux chevilles et concentrant son regard sur la porte. Elle sentit sa respiration accélérer, et ses nerfs de guerrière frissonner d’éveil, lui faisant dresser les poils et déployer de la tension dans tout son corps. La porte s’ouvrit négligemment, et un homme grand, musclé et aux épaules larges entra d’un air désinvolte, le corps couvert de cuir noir et de fourrures, ses cheveux relâchés, et une barbe de trois jours sur le visage. Il jeta un coup d’œil dans le donjon qui retenait les cellules avec un regard désintéressé, puis s’arrêta et fixa la femme vêtue de cuir qui le regardait avec circonspection. Pendant un moment, il plissa le front, comme s’il réfléchissait, puis son expression s’éclaircit et il se toucha le menton et laissa un sourire narquois s’installer sur ses lèvres. "Par Hadès, où est-ce qu’ils ont déniché quelqu’un comme toi ?"

 

 

Le monde était fait de blanc, de noir et de nuances claires de gris, mais Arès ne faisait pas vraiment attention à ce qu’il voyait de toutes façons. Sa réalité était entourée d’un tourbillon de sons, et d’une explosion d’odeurs qui lui disaient plus que ses yeux pouvaient espérer. Il avait coupé à travers la forêt, appréciant les couches riches et nombreuses de senteur des feuilles, et des arbres, et des animaux, puis, sachant qu’il passait dans un endroit cultivé, où l’odeur sèche et vaporeuse du foin et du chaume, et de l’herbe sèche se mêlaient avec l’évidence écrasante de la présence d’humains. Il contourna leur repaire, accrochant l’odeur récente des Chefs, croisant cela avec celle des autres humains qui vivaient là. Plusieurs l’appelèrent, mais il les ignora, cherchant un fil particulier. Ah… il l’avait. Il trotta derrière l’auberge et leva la tête, retrouvant la senteur, viciée, mais cette fois dans le vent. Il baissa la tête avec un soupir déterminé, et commença à descendre la route rocailleuse, secouant un peu la tête pour écouter le tintement bizarre et étrange, sentant la pression inhabituelle de la fine chaîne autour de son cou. Le vent froid qui se levait ébouriffa sa fourrure, et apporta l’odeur de l’eau, faisant perler de l’humidité froide sur son museau. L’air humide apporta aussi celle du Chef, et il partit dans un trot rapide qui avala les kilomètres. Trouve. Son esprit décrivit le visage qui allait avec le Nom qu’on lui avait dit, qui était attaché à l’odeur qu’il suivait. Trouve.

 

"Rien." Lida se laissa tomber dans le fauteuil près de l’endroit où Ephiny se blottissait. "Pas un seul maudit signe, rien." Elle leva les yeux vers la Reine, qui avait l’air de plus en plus pitoyable à chaque instant. "Ecoute… Ephiny… pourquoi est-ce que tu ne t’allonges pas ?" "Non", dit-elle en soupirant de sa voix rauque. "Je serais là à bêtement regarder le plafond… au moins ici j’ai quelque chose à quoi penser." Elle leva les yeux alors que le reste des Amazones, et quelques villageois, entraient en traînaillant, s’avançant pour se réchauffer auprès du feu. On était au milieu de la matinée, et des groupes de recherches avaient fouillé toute la nuit sans résultat. Pas une brindille, pas une branche qui n’était pas à sa place. Ephiny cherchait en vain. Qu’est-ce que Gabrielle avait en tête ? Elle était une voyageuse prudente, c’est sûr… mais rendre sa trace invisible pour les autres Amazones ? Non… elle n’avait pas ce genre de capacité, peu importe le temps qu’elle avait passé à voyager avec Xena, qui pouvait, et parfois avait réussi à recouvrir ses traces à leur vue. Cela lui amena un sourire blafard… se souvenant de la moitié de la Nation qui parcourait la forêt à la recherche de la guerrière insaisissable, à qui l’une des instructrices avait demandé de fournir un défi pour un groupe d’étudiantes. Un défi… oh oui. Tellement réussi que la moitié des guerrières du village s’y étaient mises, leur fierté piquée par la facilité avec laquelle Xena avait disparu de leur vue. Gabrielle s’était mise à l’aise et assise hors des quartiers d’Ephiny et avait regardé cette activité avec un sourire à peine caché. C’était le dernier jour de leur visite passée avant le banquet prévu, et le barde était de très bonne humeur, malgré les problèmes de la veille. Ephiny l’avait interpellée. "Tu te moques de nous ?" avait-elle demandé à la jeune femme, qui avait levé les yeux de l’innocence dans ses yeux couleur de brume. "Bien sûr que non, Eph", avait dit Gabrielle dans un rire. "Je sais que je n’ai aucune chance de la trouver, alors…" Elle sourit. "Au moins, je me sens un peu mieux à voir ça."Ephiny s’était assise près d’elle avec une expression grognonne. "Je vais en entendre parler pendant les six prochaines lunes, je parie." Elle posa le menton sur sa main ; "Tu sais qu’elle ne va pas nous laisser oublier ça."Gabrielle lui avait lancé un long regard. "Allons, Eph… elle n’est pas vraiment comme ça." Elle sourit. "En plus, tu lui as demandé de le faire, souviens-toi ?"La jeune femme blonde se couvrit le visage de ses mains. "Ouais… ne me le rappelle pas. J’ai dû avoir un moment de folie." Quelqu’un tendit une tasse de thé fumante par-dessus son épaule et elle la prit d’un air absent. "Merci." "De rien." La voix basse et amusée de Xena flotta par-dessus son épaule. "Yahhh !!!" hurla Ephiny, en la reconnaissant et en faisant un bond. "Comment as-tu…" Elle jeta un regard noir à la guerrière, qui s’appuyait nonchalamment sur le dossier de la chaise de Gabrielle, avec cet insupportable sourire paresseux sur le visage. Gabrielle se mordait la lèvre, essayant de ne pas rire, et elle donna une petite tape à Xena. "Ce n’était pas gentil."La guerrière lui lança un regard blessé. "Quoi ? J’ai même apporté du thé. Ce n’est pas ma faute si la moitié du village est devenue sourde." Elle s’interrompit. "Et aveugle." "Xena…" la réprimanda Gabrielle. "Ne sois pas méchante." Elle s’adossa dans sa chaise et leva les yeux vers la guerrière. "En plus, je savais que tu étais là, alors tu n’es pas si sournoise."Cela lui valut un sourire tranquille de la part de Xena. "C’est vrai ?" Puis elle rit. "Oui, c’est vrai… n’est-ce pas ? Je t’ai vue regarder de mon côté." "Ça c’est sûr…" Ephiny leur lança à toutes les deux un regard d’affront. "Ça me fait me sentir, MOI, super bien, n’est-ce pas ???" Elle s’enfonça dans son fauteuil et sirota son thé, les regardant alors que Gabrielle riait doucement, et que Xena lui produisait une de ses sourcils dressés. Comme d’habitude. Mais le barde ne put s’empêcher de laisser passer son regard rêveusement vers le visage de la grande guerrière, et la main de Xena s’enroula inconsciemment dans les cheveux clairs de Gabrielle, ce qui amena un sourire à Ephiny. Dieux… regardez-les. "Comment va ton dos ?"Xena plissa le front un moment, puis elle rit. "Oh ça… ça va bien, merci."Gabrielle se souleva dans sa chaise et regarda l’épaule exposée de la guerrière. "C’est dégoûtant", claqua-t-elle et elle se laissa retomber. "Et bien, je vais aller voir qui d’autre je peux surprendre», dit finalement Xena, en se redressant et en se glissant des poutres qui supportaient la hutte d’Ephiny. "A plus tard."Ephiny ricana. "Dieux… elle est de bonne humeur." Un regard rapide au visage du barde, qui portait une lueur tranquille alors que son regard suivait les mouvements de Xena. "Toi aussi, je vois." Elle la taquina gentiment, et regarda le doux rougissement ramper le long du cou de Gabrielle en souriant. Elles regardèrent Xena s’immobiliser près d’un grand arbre, ayant repéré l’approche d’Eponine. "Oh… elle ne réussira pas à avoir Eponine", dit Ephiny en riant. "Cinq dinars", répliqua immédiatement Gabrielle. "D’accord", répliqua Ephiny à son tour. Cela semblait impossible. Xena ne se cachait pas, elle n’essayait même pas de se masquer. Elle devint juste une partie de l’environnement, seuls les yeux bleus brillants remuèrent au passage d’Eponine à moins d’un mètre d’elle, inconsciente de sa présence. Xena tendit le bras lorsqu’elle passa tout près et retira une plume de ses cheveux, puis elle croisa délibérément le regard d’Ephiny et passa le bout de la langue. "Paye." Gabrielle sourit. "Allez, je sais que tu t’es fait de l’argent hier." "Je n’y crois pas", avait murmuré Ephiny, en sortant difficilement une pièce de cinq dinars de sa bourse pour la taper dans la main du barde. "Et Eponine n’y croira pas non plus."Et Ephiny s’en souvint, le dire à Eponine fut une erreur idiote de sa part, qui fit se hérisser la guerrière fière, et défier Xena à une bagarre, ce que Gabrielle, dans sa royale sagesse avait simplement interdit, indiquant la blessure au couteau de Xena comme excuse. Pas que chacun se faisait des illusions sur la manière dont ça pourrait exactement ralentir la guerrière, mais à la surprise de tous, Xena se soumit docilement à l’ordre, tendant avec grâce sa plume à Eponine sans plus qu’une lueur espiègle dans les yeux. Parce que, Ephiny s’en rendit compte, elle n’avait rien à prouver. A personne. Elle pouvait refuser un défi pour rire parce qu’elle en avait combattu de vrais, pour des enjeux réels, et elle pouvait se soumettre à la douce injonction de Gabrielle parce que la moitié du monde se prosternait devant elle. Xena était une femme étrange, et compliquée. Alors que le soleil atteignait le milieu de la journée, et qu’un autre groupe de recherche épuisé entrait, Ephiny roula la tête d’un côté et regarda Lida et Granella, qui venaient juste d’arriver. "Il faut qu’on les trouve." Elle leva les yeux alors que Cyrène entrait à petits pas, se laissant tomber dans un siège tout en lui tendant une tasse de bouillon. "Cyrène… tu devrais te reposer. Tu n’as pas l’air bien." "Ça te va bien de me dire ça", lança l’autre femme, en lui faisant le coup du sourcil dressé familier. "Comment est-ce que je peux me reposer alors que ces enfants sont dans la nature?" "Gabrielle n’est pas une enfant, tu sais", dit Granella doucement. "Je suis sûre qu’elles vont bien." Elle posa ses coudes sur ses genoux et sa tête dans ses mains. "Je n’arrive simplement pas à comprendre pourquoi on n’a trouvé aucun signe d’elle nulle part."La porte s’ouvrit et Toris entra en trombe. "Je viens de vois Arès." Il se frotta le visage d’une main et elle purent entendre le frottement de sa main sur sa barbe noire naissante. Ephiny sentit son cœur défaillir. "Quoi ? Qu’est-ce qu’il faisait là, celui-là ?" Son esprit commença à tournoyer, ajoutant les interférences de l’Olympe dans ses calculs. "Non non non non." Toris remua la main. "Notre Arès… le loup." Il montra vers le nord. "Il est parti dans cette direction."Tout le monde le regarda. "Dans la direction de Xena ?" demanda Cyrène, le visage soudain immobile. "Il était avec Gabrielle quand elle est partie avec les filles. Je l’ai vu partir." "Dieux", dit la voix calme de Lida. "Elle l’a envoyé, j’en mettrais ma main au feu." "Chercher de l’aide ?" se demanda Ephiny. Ça ressemblerait bien à Gabrielle… si elle avait des ennuis, la première personne à qui elle penserait serait Xena. "Bon… il faut la trouver. Ça va prendre des jours à Xena de revenir ici, même si Arès peut la trouver." Elle prit une inspiration et cela amena une quinte de toux. Des mains l’attrapèrent, et lui massèrent le dos doucement et elle fit un sourire reconnaissant à Lida et Granella. "Merci." Elle prit une gorgée de son bouillon, et accueillit la chaleur le long de sa gorge irritée. "Si jamais il me venait à l’idée de sortir à nouveau par ce temps, je veux être attachée et bâillonnée." Elle les regarda avec sévérité. "Compris ?"Granella sourit et lui massa légèrement le bras. "Compris."Ephiny soupira. "Très bien… tout le monde devrait se reposer un peu, ensuite on commencera à étendre notre zone de recherche." Elle prit une autre gorgée, puis regarda Cyrène. "C’est génial… merci."La femme aux cheveux noirs sourit d’un air las. "On ferait mieux de se reposer rapidement, le temps va tourner au Tartare à nouveau."

 

Xena examina chaque centimètre du visage de l’homme avant de répondre. Son cœur sombra lorsqu’à l’évidence ses yeux et ses oreilles la convainquirent du fait que cette personne, même si c’était invraisemblable, était bien Hercule. "Au bon endroit, au bon moment", répondit-elle finalement d’une voix calme. "Oh génial. Encore une petite maligne." Hercule leva les yeux au ciel. "Alors qu’est-ce que t’as fait ?" "J’ai cogné un garde", répondit-elle de manière laconique. "Pourquoi ?" demanda Hercule, en croisant ses bras énormes sur sa poitrine. "Il m’a regardée de travers", répondit Xena, en laissant un sourire de défi passer sur son visage. Je n’arrive pas à croire que c’est la même personne… qu’est-ce qui a pu se passer ? Une blessure à la tête ? Le poison ?Les yeux clairs d’Hercule se plissèrent. "Oh… je vais m’amuser à te mettre en pièces, espèce de petite vaurienne de grande gueule." Il déverrouilla la porte. "Viens par là."Xena se repoussa des barreaux et s’avança à grands pas, lançant un regard à Iolaus en passant près de lui ainsi qu’un petit sourire ironique. "Souhaite-moi bonne chance", murmura-t-elle et il la vit faire la grimace. "Tu es revenu, espèce de petit morveux puant ?" Hercule remarqua Iolaus appuyé contre le mur. "Très bien… après, c’est ton tour."Il attendit que Xena s’écarte de la porte puis il la referma brusquement derrière elle, prenant un moment pour marcher derrière elle tout le temps, puis il accrocha un doigt dans le collier qu’elle portait toujours autour du cou et la tira derrière lui dans son repaire. Elle laissa la colère monter, cherchant profondément au fond d’elle-même cette partie qui appartenait à Arès, et elle la remua. "Tu as l’air de sortir du tartare, Hercule", dit-elle, lorsqu’il lâcha le collier et se retourna. "Je ne te connais pas", dit-il avec un ricanement. "Ne prétends pas le contraire. Tout le monde semble faire ça." Il mit une main sur la poitrine de Xena et la repoussa, puis resta immobile comme elle ne bougeait pas sous sa main. Lentement il recula d’un pas, et s’appuya contre son râtelier de torture favori. "Tu as tort", dit doucement la guerrière. "Tu me connais bien. Et je te connais… je ne sais pas pourquoi ni comment tu as oublié… mais c’est vrai." Doucement, doucement maintenant… peut-être que je peux essayer de discuter un peu… ça ne fait pas de mal, hein ?"Ah oui ?" Il déroula un fouet de sa table, et le retourna soudain, le faisant craquer vers elle avec une vitesse effrayante. Elle en attrapa le bout et le tira fortement, le surprenant, et arrachant le fouet en cuir de ses mains. Ça ne sera peut-être pas possible, après tout. "Hercule, ne fais pas ça." Xena pouvait sentir le loup commencer à se déployer en elle, et elle le repoussa temporairement. "Je ne veux pas me battre avec toi."Soudain, son regard accrocha un pendentif étrange qu’il portait en collier. C’était… elle se concentra. Un rubis serti dans l’or, mais elle aurait pu jurer que plus de lumière ne venait de la pierre que le seul reflet ne pouvait le justifier. Q’est-ce que c’est que ce truc par le Tartare ?"Tu n’as pas le choix." Il se jeta sur elle et elle se baissa, glissant autour lui pour aller dans un endroit libre au centre de l’espace. "Garce…" grogna-t-il, et il se jeta à nouveau sur elle, réussissant à l’attraper, et lui frappant violemment une épaule. Elle se laissa aller avec le coup et roula, se mettant debout devant la plate-forme couverte de fourrure qu’elle le supposait utiliser comme lit. Ça puait. "On a tous un choix… pourquoi fais-tu cela ?"Il cogna son poing sur sa tête et essaya de lui attraper le bras, mais elle lui échappa à nouveau, et fit un pas hors de sa prise. Et bien, il est plus fort que moi… mais je suis plus rapide… il sait combattre… mais il ne sait pas qui je suis. "Hercule, est-ce qu’on peut s’arrêter juste un instant ?" "Pas quand je m’amuse autant", dit-il en riant. "Ils ne m’ont pas envoyé quelqu’un de près ou de loin intéressant depuis des semaines." Un coup de poing. Elle le bloqua, puis glissa sous son bras et lui donna un coup dans les côtes avec le coude. "Hercule… je suis sûre que tu ne veux pas faire ça." Il eut l’air étonné par le coup, et fit un mouvement sur son côté, qu’elle attrapa et retourna avec un coup de pied circulaire qui l’envoya s’écraser contre le râtelier de torture. "Tu t’amuses toujours ? Tu veux qu’on continue ?" "Oh, oui, sûr." Il s’appuya, prit une masse couverte de piquants, et la balança, la frappant sur le haut du bras alors qu’elle roulait hors du chemin. Il balança la masse à nouveau, la frappant sur son dos, et ceci… déclencha quelque chose. Xena sentit que ça partait. Très bien. Fini de jouer… Gabrielle, j’ai essayé de parler. Tu aurais été fière de moi. Elle fonça avec la force du coup et plongea sur le sol, tombant dans une roulade avant et revint se mettre debout. Lorsqu’elle se retourna et le regarda, il aurait dû voir la différence dans la lueur maintenant glaciale dans ses yeux, et le sourire soudain sombre et félin. "Je vais t’écraser comme un insecte, misérable petite…" Hercule bondit vers elle, en balançant sa masse vers sa tête. Il reçut un rire bas pour réponse, et cette fois Xena ne s’écarta pas du chemin. Elle attendit que ses mains soient sur elle, puis attrapa son harnais de cuir, et se laissa tomber sur le dos, posant ses pieds sur sa cage thoracique, avant de pousser fort et de l’envoyer voler par-dessus sa tête contre le râtelier de torture. "On ne m’écrase pas facilement", avertit-elle, en se mettant facilement debout. Elle avait mal au côté à l’endroit où il l’avait frappée, mais elle l’ignora. Il se releva, et la masse siffla vers elle. Elle l’évita, puis fit un pas en avant et frappa sa poitrine avec ses deux coudes, le faisant tomber en arrière. L’équilibre, songea-t-elle en riant. Plus ils sont grands… bon, vous connaissez la suite. Le grincement de l’acier contre le cuir, et puis toute la scène changea, alors qu’il lui faisait face avec de l’acier nu. "Oh… tu m’as rendu furieux, madame… je vais te remettre à ta place… peut-être que si je te coupe la langue, tu seras gentille et tranquille comme doit être une femme." "C’est quoi le problème, tu n’arrives pas à supporter les fortes femmes ??" Le taquina Xena, en bondissant hors de sa portée avec un saut bas, puis elle tourna autour de lui et le frappa fort du pied dans son pantalon, l’envoyant trébucher vers l’avant. "Tu te trouves coriace ?" Dit-il d’une voix rauque, maintenant vraiment furieux, lorsqu’il se retourna et lui lança un regard noir. "Je vais briser chaque os de ton corps."Xena s’arrêta et le regarda. "On verra bien, hein ?" Quoi que ce soit, ça a fait ressortir le pire en lui… "Comme tu respires très fort, j’espère que tu ne vas pas t’évanouir avant."Il rit. "Oh, pour voir, tu vas voir, pas de doute." Il balança son épée vers le haut et fonça sur elle. "Amateur", cracha Xena, puis elle bougea et cette fois, ce fut avec toute la puissance et toute la colère qu’elle avait retenue. Elle s’avança et bloqua son bras d’épée avec le sien, faisant dévier l’arme d’elle. "Laisse-moi te montrer comment on fait." Elle tordit violemment l’épée pour lui arracher des mains, et la fit tournoyer dans une des siennes, laissant passer un rire bas. Puis elle vit une ouverture et se précipita en avant, fouettant de son poing avec toute la force qu’elle avait, sentant le coup brutal lors du contact avec sa mâchoire. S’attendant à … peut-être le ralentir un peu. Ne s’attendant pas à ce qu’il s’affaisse tout droit comme un mouton abattu, sa tête produisant un bruit mou lorsqu’il toucha le sol. Elle resta là choquée pendant un moment, sentant un sourire coupable se former sur ses lèvres. Comme ça, tout simplement ??? Elle fléchit sa main et l’examina. Pas possible. Ce qui ne va pas chez lui affecte sa force. D’accord. Elle s’agenouilla et regarda le collier, voyant maintenant clairement la lueur interne à la pierre. C’est la chose la plus étrange que j’aie vu depuis longtemps… Elle tendit une main pour la toucher. L’obscurité. Une rage déferlante qui surgit en elle si fort, que cela balaya tout de sa conscience. Avec un sursaut, elle retira brusquement sa main, s’assit brutalement sur le sol et se prit la tête dans les mains. Dieux… qu’est-ce que c’est que ce truc ?"Xena !!" La voix de Iolaus résonnait de loin, et elle prit plusieurs inspirations profondes avant de lever les yeux. Il se tenait debout, avec le reste des occupants de la cellule, aux barreaux, à la fixer avec anxiété. Elle leva une main tremblante. "Je pense que j’ai trouvé le problème." Lentement, elle se mit debout et alla jusqu’à la porte de la cellule, la déverrouilla et l’ouvrit. "Dépêchez-vous." Elle montra le couloir. "Dehors… tous."Ils clopinèrent en passant près d’elle, la plupart tournant la tête pour croiser son regard… quelques-uns plus courageux tendant la main pour lui toucher le bras ou la main au passage. Quand le dernier fut parti, elle se tourna et croisa le regard de Iolaus. "Toi aussi."Il sursauta de surprise. "Quoi ? Pas question… Xena, je ne pars pas… ma place est ici." Il n’avait aucune idée de pourquoi cette déclaration déclencha un doux sourire nostalgique de la part de la guerrière, mais il continua. "Qu’est-ce que tu as trouvé… et à propos, tu as un sacré coup de poing." "Iolaus…" Xena le fit avancer et s’agenouilla à nouveau près d’Hercule au sol. "Ce collier… c’est le mal. Je peux le sentir qui s’étend. Quand je le touche." Elle leva les yeux vers lui. "Je vais essayer de l’enlever… mais quand je…" Elle hésita puis continua. "Ecoute… je ne sais pas ce que ça va me faire… si je vais être…" Elle hésita à nouveau. "Je ne veux pas avoir à m’inquiéter de te blesser… si ça tourne mal, d’accord ?" "Mais…" Iolaus commença à discuter. "Ça lui a fait ça, et c’est une personne bonne, Iolaus…" La voix de Xena prit un ton rude. "Tu sais… qu’il y a un côté obscur en moi… maintenant… dépêche-toi. Passe cette porte et verrouille-la."Le jeune homme blond s’agenouilla à côté d’elle. "Je ne peux pas te laisser faire ça", dit-il tranquillement. "Laisse-moi l’enlever." "Tu ne peux pas m’empêcher de le faire", répliqua la guerrière. "Dehors, Iolaus… dépêche-toi… il va revenir à lui d’ici quelques instants." Elle lui lança un regard et montra. "Ça ne passera pas par-dessus sa tête, Iolaus… je vais devoir briser cette chaîne. Tu penses pouvoir le faire ?" "Xena…" dit-il borné. "Dehors, ou je t’attrape et je te jette dehors", claqua Xena. Il se leva en jurant et passa la porte en trombe, la refermant brusquement derrière lui. Xena resta assise tranquillement pendant un moment, à regarder le collier. Puis elle ferma les yeux et regarda à l’intérieur. Gabrielle… j’espère que tu ne ressens pas ceci… je sais que tu es quelque part et que ça ne va pas… et je viens, mon amour, aussi vite que je le peux… mais je dois d’abord faire ça… et je ne sais pas ce que ça va me faire. Inconsciemment, elle tendit la main et la referma autour du pendentif de Gabrielle. Je pense que… si je peux m’accrocher à ce qui existe entre nous, je peux battre ceci. Si je ne n’y arrive pas… et qu’ils doivent m’abattre comme un animal… ne me hais pas pour ça, s’il te plaît ? Je ne peux pas le laisser comme ça… sans lui, je ne t’aurais jamais rencontrée… j’espère que tu comprends… et je me souviens de ma promesse… quand… le moment sera venu pour toi, je serai là à t’attendre. Je le jure. Puis elle prit une profonde inspiration et ouvrit les yeux, tendit une main ferme et attrapa le collier. Elle sentit un besoin obscur se tendre vers elle, cherchant et trouvant une familiarité en elle qui avait vécu pour combattre et tuer. Elle se sentit y répondre et lutta farouchement. Je ne suis plus cette personne. Elle resserra sa prise sur le collier et tira, sentant les liens sous ses mains commencer à lâcher. Mais la faim chaude et succulente était si… séduisante. Il serait si bon de s’y laisser baigner… de se laisser aller à la merveilleuse sensation de verser le sang. Sa main libre chercha son épée, sentant l’acier sous ses doigts. A quoi bon résister ? C’était sa vraie nature… elle le savait… et tout le monde le savait aussi. La sensation de sa lame glissant à travers l’os et la chair…Elle tira plus fort, essayant de faire en sorte que le désir séduisant ne l’avale… ne résistant qu’à demi maintenant que le besoin de sang coulait en elle, familier à un certain niveau, bienvenu. Non… son esprit refusa désespérément… mais sa résolution vacillait… elle le sentait alors qu’un rugissement sourd commençait à poindre dans son crâne, et elle sentit son cœur accélérer, hors de son contrôle. Je ne suis plus cette personne… mais maintenant elle avait du mal à croire même ça… si elle l’avait jamais cru. Non… elle ne l’avait jamais vraiment cru… elle n’avait jamais vraiment changé… ceci était sa vraie nature. Ce serait si… facile de le laisser prendre le dessus. Un coup, et elle pourrait couper la tête d’Hercule et s’attribuer son collier… Une bonne personne, elle ? Quelle bonne blague. Arrête de te moquer de toi, Xena… et… laisse-toi simplement aller à ça… tu aimais ça, tu t’en délectais… tu sais bien que c’est la vérité. Tu n’as jamais cru une seconde que tu deviendrais une bonne personne. La seule qui l’ait jamais cru, c’est Gabrielle. Qui a vu… quelque chose en toi que tu… ne penses pas être vraiment là… c’est juste qu’elle veut tellement que ça y soit que parfois… tu finis par devenir… ce qu’elle voit. Une image se forma dans son esprit. Gabrielle. Qui est, vraiment elle, une bonne personne. Qui mérite mieux, mais qui t’aime malgré tout. Avec tout son cœur. Et Gabrielle était en danger quelque part, et avait besoin d’elle. Besoin… d’elle. Qu’est-ce qui pouvait être plus important que ça ? Xena sentit l’équilibre tremblant qui la ballottait, entre l’obscurité qu’elle connaissait, et la lumière qui l’effrayait, et elle ferma les yeux, s’inclinant devant son cœur avec un calme certain. Rien n’était plus important que ça. Rien. Elle tourna le dos et sortit de cet endroit sombre et ferma la porte derrière elle, et elle choisit de croire, non pas en elle-même, mais dans la foi que Gabrielle lui portait. Elle se blinda et enroula la chaîne autour de sa main et tira. Un élan soudain et la chaîne se brisa dans sa main ; elle lança le collier à travers la pièce, et l’entendit se fracasser sur le mur du fond. Un éclair noir… et une odeur de nourriture pourrie suivit alors qu’elle s’effondrait sur le sol près d’un Hercule qui remuait faiblement. La pierre froide était merveilleuse contre sa tête douloureuse, et elle pressa son corps sur la surface, alors que son cœur revenait lentement à son rythme normal. Avec précautions, elle ressentit cette partie de son esprit qu’elle s’était habituée à associer à la connexion entre elle et Gabrielle, et elle sentit presque les larmes couler lorsqu’elle sentit la chaleur toujours présente. Tu m’as sauvée de nouveau, hein ? Elle se laissa juste ressentir ceci un long moment, accrochée à ce bout de bois comme quelqu’un qui se noie. C’était trop près… bien trop près… sans Gabrielle… je ne veux pas penser à ce qui se serait passé. Qu’est-ce que je ferais sans elle ? Dieux… j’espère n’avoir jamais à le découvrir. Elle s’assit lentement, se redressant contre les pierres avec des bras encore tremblants. Hercule était toujours évanoui, plus de s’être cogné la tête en tombant que de son coup à elle, décida-t-elle, alors elle s’assit tranquillement un moment, essayant de réfléchir à quoi faire. Elle passa un long et douloureux moment à simplement souhaiter la présence de Gabrielle… avec le besoin du doux toucher du barde pour chasser les horreurs qui s’accrochaient encore aux franges de ses pensées. C’était idiot, elle le savait, mais là maintenant, ce qui lui manquait le plus c’était de sentir les bras du barde autour d’elle, et d’entendre sa voix douce. Hésitante, elle tendit la main vers la petite bourse à sa ceinture, et sentit la douceur de l’un des paquets restants qu’elle avait sortis, et elle le prit, sentant le parchemin se réchauffer sous ses doigts. Presque sous hypnose, elle le déballa, et sentit un petit sourire se former à la vue de la pierre bleue tachetée qu’il contenait. Elle savait d’où cela venait… leur endroit préféré pour aller nager. Elle prit la pierre dans sa main, et étudia le petit morceau de papier. Dans la vie rien ne reste constant. Tout est toujours mouvant… toujours changeant,Alors que nous marchons sur la route de l’expérience. Mais sur ma route, il y a quelque chose de constant,Qui borde le chemin de tous mes jours,Et de toutes mes nuits douces et étoilées. Parce que je sais, qu’aussi longue soit ma route,Je partagerai toujours mon voyage avec toi. Les mots se brouillèrent soudain, et Xena dut cligner plusieurs fois des yeux pour s’éclaircir la vision. Elle prit une inspiration, puis retourna la feuille et sourit. Salut. J’espère que tu n’as pas encore tué Iolaus. C’est vraiment un gentil gars, Xena, et tu devrais vraiment faire un effort pour mieux le connaître. Je sais que vous n’avez pas bien démarré, mais bon…Je parie que juste là… tu me manques. C’est sans doute pour ça que j’écris des poèmes idiots… et que je me rends malade à penser à ça. J’espère que tu aimes celui-là, parce que je l’ai écrit quand nous étions à Potadeia… quand tu étais vraiment là pour moi. Je ne suis pas sûre d’avoir dit combien ça importait… j’ai vraiment pu compter sur toi. Comme toujours, pas vrai ? Mais ça, c’était spécial… parce que ce n’était pas juste un type quelconque qui avait besoin d’une raclée. J’ai essayé de penser à quelque chose que je pourrais te donner… je n’y ai pas encore vraiment pensé. Mais ne t’inquiète pas. Ton anniversaire arrive. Tu pensais que j’avais oublié, hein ? Jamais. Bonne chance, et j’espère que les choses se passent bien. Essaie de ne pas rester sous la pluie trop longtemps, OK ? Garde ça pour moi quand tu reviendras. Je t’aime. GXena plia doucement le parchemin, et le ferma dans sa main, puis elle mit ses coudes sur ses genoux et posa la tête sur ses poings fermés pendant un moment, sentant son équilibre revenir. Qu’est-ce que tu peux bien me donner, Gabrielle ? Dieux… elle secoua la tête. Elle leva la tête en entendant la faible entaille du verrou bouger, et elle fixa le portail qui s’ouvrit de quelques centimètres, révélant deux yeux clairs inquiets. "Tout va bien", dit-elle. "Entre."Iolaus poussa la porte avec précautions et entra, s’avançant avec hésitation vers elle. "Tu es…" Son regard la scrutait avec anxiété. "Tout va bien ?"Xena prit une profonde inspiration et hocha la tête. "Oui." Elle montra le mur du menton. "Je me suis… débarrassée de cette chose." Elle baissa les yeux vers le cou d’Hercule, qui portait une marque d’anneau rouge et irritée à l’endroit où s’était trouvé le collier, presque une brûlure. Elle le toucha du bout du doigt, et tressaillit. "Il faut qu’on le sorte d’ici." Son regard fit le tour de la pièce. "Il n’y aurait pas une issue de secours par hasard… je ne veux vraiment pas avoir à me battre contre tous ces imbéciles pour sortir."Iolaus lui fit un sourire timide. "Maintenant que tu le dis… il se trouve que j’ai trouvé un tunnel qui mène vers le bas quand je traînais là-dehors dans le couloir." Il toucha le visage d’Hercule, à l’endroit où un énorme bleu se formait. "Hé… ne me laisse jamais te mettre en pétard, d’accord ?"Xena le regarda calmement, sentant encore les effets de son combat avec l’obscurité. "Je pensais t’avoir dit de sortir d’ici." Elle sourit. "Gabrielle et toi devez être parents."Le jeune homme blond sourit. "Je prends ça comme un compliment." Puis son expression devint sérieuse. "Tu penses que… il va… hum… se remettre ?"La guerrière haussa les épaules. "Je ne sais pas… je n’ai jamais rien vu de tel auparavant…" Elle s’arrêta brusquement de parler et jeta un regard rapide autour d’elle. "Très bien… sors d’ici." Sa voix était rude et impatiente. Un éclair de lumière bleue et un rire tranquille suivirent. "Tiens… tiens… tiens… si ce n’est pas une de mes préférées… en train d’aider deux de mes moins adorés." Arès s’agenouilla et regarda son demi-frère avec un sourire. Puis il tendit la main et tapota la joue de Xena. "Brave fille."Xena lui lança un regard, mit sa botte contre son genou et poussa. Arès perdit l’équilibre et tomba en arrière sur les fesses avec un grognement. "Mauvaise humeur… encore et toujours…" Mais ça ne diminua pas sa bonne humeur et il s’installa les jambes croisées près d’elle. "Ecoute… tu viens juste de me rendre deux grands, très grands services, alors je vais t’en rendre un à mon tour." "Arès, je ne veux vraiment…" commença Xena, puis elle soupira. "Est-ce que le collier fait partie de tes petits tours ?"Le Dieu de la Guerre secoua sa tête sombre. "Nan… c’est un des grands services. C’est sorti dans le coin il n’y a pas si longtemps… c’est… quelque chose au-delà de notre expérience." "C’est une première", marmonna Iolaus. "La ferme, court sur pattes", lança Arès. "Sois juste content d’être avec elle, OK ?" Il tourna son regard clair vers Xena. "Quoi qu’il en soit, c’est assez fort pour nous affecter… comme tu l’as vu." Il hocha la tête en direction de la silhouette d’Hercule. "Bon, ce n’est qu’un demi… mais on ne va pas prendre de risques, tu vois ?" "Ouais", répliqua Xena sarcastique. "Où veux-tu en venir, Arès ?" "Oooohhh…. Tu es d’une humeur." Arès lui tapota le genou. "Alors merci… de nous en avoir débarrassé." Il gloussa. "C’est pas que ça n’a pas été amusant de voir le vieux M. Lumière et Soleil ici casser des bras, mais je suppose que je survivrai." Il s’interrompit. "Tu t’en es bien sortie… mais tu as une forte volonté, n’est-ce pas." Il gloussa et tapota à nouveau sa joue. "Plus forte que la sienne." "Tu es malade", ricana Xena, en secouant la tête. "Ecoute… j’adorerais rester assise dans ce cachot puant à bavarder avec toi, mais il faut qu’on sorte d’ici." Elle se releva et essuya un peu sa tenue. Arès leva les yeux vers elle, puis courba un sourcil. Xena soupira et lui tendit la main, qu’il prit joyeusement pour se relever. "Merci." Il jeta un coup d’œil autour de lui. "Oui, c’est un trou à rats, hein ? Je pensais qu’il aurait plus de classe… oh bon." Il soupira. "Comme l’a dit Court sur pattes, il y a une porte dehors qui mène à une caverne en descendant et qui s’ouvre sur une forêt. J’ai…" Il sourit. "Pris la liberté de transporter ton joli cheval et ton équipement là-bas." Il se polit les ongles. "Et j’ai viré les gardes de cet endroit de la forteresse."Cela lui valut un sourire grognon de la part de Xena. "Merci." Puis elle le fixa. "Tu as dit que je t’avais rendu deux services ?"Le Dieu de la Guerre eut un rire de gorge profond, et se pencha vers elle, sa barbe lui effleurant l’oreille. "Je viens juste de gagner un pari avec le papa de Monsieur MuscléduCerveau-là sur votre petit combat… bon travail." Il lui mordit le lobe et la fit sursauter. "Mais je n’avais aucun doute." Il lui tapota le côté, et cligna de l’œil. Elle le frappa sur la poitrine. "Arès, ce n’était pas pour ton profit." Puis elle s’arrêta et le fixa. "Tu ne voulais pas que je laisse cette chose gagner, n’est-ce pas ?" Son regard se rétrécit. "Est-ce que ce que je serais devenue signifiait beaucoup pour toi ?"Arès recula et tira sur sa barbe, laissant son regard la détailler plusieurs fois. "Tu as l’air d’aller bien, Xena. Je pense que la retraite te va bien." Puis il rit et partit. Xena secoua la tête et soupira. "Je déteste quand il fait ça." Elle étudia la forme affalée avec une grimace. "Bon, on y va." A eux deux, ils soulevèrent Hercule pour le mettre debout, et passèrent un bras énorme autour de leur épaule, avant de manœuvrer vers la porte. A suivre – 7ème partie

 

 

. Arès leva les yeux vers elle, puis courba un sourcil. Xena soupira et lui tendit la main, qu’il prit joyeusement pour se relever. "Merci." Il jeta un coup d’œil autour de lui. "Oui, c’est un trou à rats, hein ? Je pensais qu’il aurait plus de classe… oh bon." Il soupira. "Comme l’a dit Court sur pattes, il y a une porte dehors qui mène à une caverne en descendant et qui s’ouvre sur une forêt. J’ai…" Il sourit. "Pris la liberté de transporter ton joli cheval et ton équipement là-bas." Il se polit les ongles. "Et j’ai viré les gardes de cet endroit de la forteresse."Cela lui valut un sourire grognon de la part de Xena. "Merci." Puis elle le fixa. "Tu as dit que je t’avais rendu deux services ?"Le Dieu de la Guerre eut un rire de gorge profond, et se pencha vers elle, sa barbe lui effleurant l’oreille. "Je viens juste de gagner un pari avec le papa de Monsieur MuscléduCerveau-là sur votre petit combat… bon travail." Il lui mordit le lobe et la fit sursauter. "Mais je n’avais aucun doute." Il lui tapota le côté, et cligna de l’œil. Elle le frappa sur la poitrine. "Arès, ce n’était pas pour ton profit." Puis elle s’arrêta et le fixa. "Tu ne voulais pas que je laisse cette chose gagner, n’est-ce pas ?" Son regard se rétrécit. "Est-ce que ce que je serais devenue signifiait beaucoup pour toi ?"Arès recula et tira sur sa barbe, laissant son regard la détailler plusieurs fois. "Tu as l’air d’aller bien, Xena. Je pense que la retraite te va bien." Puis il rit et partit. Xena secoua la tête et soupira. "Je déteste quand il fait ça." Elle étudia la forme affalée avec une grimace. "Bon, on y va." A eux deux, ils soulevèrent Hercule pour le mettre debout, et passèrent un bras énorme autour de leur épaule, avant de manœuvrer vers la porte.

 

A suivre – 7ème partie

 

 

*****************

 

 

Comments (0)

You don't have permission to comment on this page.