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wintersending7B

Page history last edited by Fausta88 14 years, 9 months ago

 

La fin de l'hiver (Winter's ending)

 

De Missy Good

 

Traduction : Fryda

 

 

 

*****

Partie 7B

********

 

 

 

L’affairement matinal du campement éveilla Gabrielle d’un sommeil anxieux et agité, et elle déglutit plusieurs fois, faisant rouler sa tête douloureuse contre les supports en bois pour effacer la tension dans son cou. Elle finit par ouvrir les yeux à contrecœur.

 

Dieux. Elle n’était certainement pas en bonne forme. En plus du mal de tête, elle sentait un battement dans son côté à l’endroit où la masse l’avait frappée, et ses jambes et ses bras étaient douloureux du traitement qu’elle avait subi la veille.

 

Ecoutez… je suis une grande fille. Je peux m’occuper de moi, se dit-elle avec fermeté, puis elle soupira. Mais par les dieux, ce que j’aimerais que Xena soit là, maintenant pour le faire à ma place. Elle baissa les yeux vers les enfants qui dormaient, et eut un doux sourire pour Solan, blotti en boule contre son côté, et Cait qui le protégeait de l’autre.

 

A sa grande surprise, Solan leva la tête et cligna des yeux endormis. « Comment tu te sens ? » Demanda-t-il avec un zèle solennel.

 

« Je vais bien », murmura-t-elle doucement. « Rendors-toi, Solan. »

 

Son front s’agrandit alors qu’il la regardait. « T’as pas l’air d’aller bien », accusa-t-il en se redressant, et il passa une petite main à travers ses boucles qui fonçaient déjà. « J’peux t’apporter de l’eau ? » Son regard bleu se leva et croisa le sien.

 

« OK. » Elle sourit, le regardant se lever avec précaution, pour ne pas réveiller les filles, et prendre une outre d’eau, revenir vers elle et se réinstaller à côté d’elle. Elle prit l’outre, ouvrit le bouchon et but une longue gorgée. L’eau était froide, et se brûla un passage jusqu’à son estomac avec un froid glacé presque douloureux, mais elle continua à boire, entendant le conseil constant de Xena dans ses oreilles. Tu peux te passer de nourriture, Gabrielle… tant que ton corps a des réserves. Mais l’eau… bois autant que tu peux, quand tu peux, parce que tu n’en as pas d’avance.

 

Oui… je me souviens de ça, Xena. Elle sourit un peu en regardant dans l’obscurité. Tes leçons commencent à porter leurs fruits, tu sais.

 

Solan soupira. « A quoi tu penses ? » Il gardait la voix très basse.

 

« Oh… à rien vraiment. » Gabrielle réussit à lui sourire. « Juste quelque chose que Xena dit toujours… au sujet de boire beaucoup d’eau. »

 

Il digéra les paroles pendant un moment. « Je parie que tu aimerais qu’elle soit là. » Son regard clair alla vers le sien. « Tu disais son nom en dormant. »

 

Oh. Gabrielle laissa sa tête reposer contre les barreaux et cligna des yeux. « Oui, j’aimerais beaucoup qu’elle soit là », admit le barde. « Désolée de t’avoir réveillé… je ne parle pas dans mon sommeil en général. » Du moins pas que je sache. Peut-être que je ferais mieux de demander…

 

Solan regarda avec précaution autour de lui et baissa la voix. « Elles pensent que tu es vraiment géniale. »

 

La bouche de Gabrielle se tordit en un sourire fatigué. « Ah oui ? »

 

« Oui », confirma-t-il, puis il lui fit un sourire timide. « Je le pense aussi. »

 

Le barde rit doucement et se mordit la lèvre inférieure. « Merci… ça veut dire beaucoup pour moi. » Elle tendit la main naturellement et lui écarta doucement les cheveux des yeux. « On va sortir d’ici, Solan. Ne t’inquiète pas. » Elle regarda autour d’elle. « Il faut juste qu’on sorte de leurs griffes un petit moment. »

 

Solan baissa la tête plus près d’elle. « Est-ce que Xena va venir ? Tu as vraiment envoyé le chien la chercher ? »

 

« C’est un loup », le corrigea doucement Gabrielle. « Pas vraiment… je l’ai renvoyé pour qu’il soit à l’abri… ce n’est pas un loup sauvage… on l’a depuis qu’il est bébé. » Elle réfléchit à son autre question pendant un moment en silence. « Tôt ou tard, oui, elle viendra … mais pas assez vite pour empêcher ce marchand de nous emmener… et je ne veux pas partir avec lui. »

 

Solan fronça les sourcils et il hocha la tête. « Oui… » Il laissa son regard clair vagabonder dans la cage. « Elle pourrait nous sortir de là juste comme ça ? »

 

Gabrielle se repoussa contre les barreaux et sourit. « Oh oui », murmura-t-elle en retour. « Je sais exactement ce qu’elle ferait… » Elle ferma les yeux. « Elle attraperait les barreaux du haut là… juste au-dessus de nos têtes… puis elle se soulèverait et ficherait un coup de pied à la porte qui la sortirait de ses gonds. »

 

Ses yeux s’agrandirent. « Vraiment ? » Sa voix se brisa et il rougit, et encore plus pendant un moment. « Je déteste quand je fais ça… » grommela-t-il.

 

« Vraiment », le rassura Gabrielle, puis elle lui tapota le genou. « Ne t’inquiète pas pour ta voix… ça veut juste dire que tu grandis, tu le sais ça, hein ? »

 

Il s’affala contre les barreaux et s’appuya contre son épaule. « Oui, je sais. » Il soupira mélodramatiquement. « Papa n’arrête pas de se plaindre que je grandis trop vite pour mes vêtements. » Il leva les bras et montra les manches de sa tunique, qui se trouvaient à moitié entre ses poignets et ses coudes. Puis ses épaules s’affaissèrent. « La plupart de mes amis au moins savent à quoi ils vont ressembler quand ils seront grands. » Il fit la grimace. « Je ne ressemblerai pas à Papa, ça c’est sûr. »

 

Gabrielle lui sourit. « OK… voyons voir. Je suis assez bonne à deviner ce genre de choses… » C’est dangereux, Gabrielle… sois prudente. Elle tendit une main et lui leva le menton, pour étudier son visage. « Je dirais… que tu vas être grand… » Ses mains tombaient maintenant sur ses épaules, et tâtaient les os doucement. « Et tu auras de belles épaules larges… » Puis elle lui pinça le nez. « Et tu seras très beau. »

 

Il rougit et lui lança un regard très intimidé. « Tu le penses vraiment ? »

 

« Je le pense vraiment », l’assura le barde. Elle baissa la voix jusqu’à presque murmurer, et il se rapprocha pour l’entendre. « Sois prudent… toutes les filles vont te courir après. »

 

Ses yeux s’agrandirent et il lança un regard alarmé aux Amazones endormies. « Beurk ! »

 

Cela amena un rire doux de la part de Gabrielle, et elle leva les yeux vers les nuages agités avec une secousse de sa tête blond doré. Elle vit les premiers signes de gris à l’est et soupira, souhaitant que l’aube ne vienne pas. Je sais ce que ça signifie. Il me ramène là-bas, à cet arbre… et dieux… est-ce que ça n’est pas assez dur d’être prisonnière ? Elle tendit les doigts et toucha le collier, qu’elle n’avait pas eu l’énergie d’enlever la veille au soir. Bon sang… j’ai mal.. Elle plia les jambes, et tressaillit. « Je ferais mieux de me lever et d’enlever quelques-unes de ces courbatures avant qu’ils ne reviennent me chercher », murmura-t-elle à Solan, puis elle se mit debout avec un léger grognement.

 

La cage ne lui donnait pas beaucoup d’espace pour bouger, mais elle alla à l’arrière, loin des filles endormies, et étira lentement ses muscles endoloris, tressaillant à la douleur, mais elle la dépassa comme elle avait appris à le faire.

 

Tu peux surmonter la douleur… lui avait dit Xena, plus de fois qu’elle ne pouvait s’en souvenir. Ce n’est pas bon de l’ignorer, parce qu’elle te dit quand quelque chose ne va pas, mais parfois… il faut juste la mettre de côté un moment.

 

Ouais, pensa Gabrielle en soupirant. Un conseil d’experte, hein ? Elle tendit les mains au-dessus de sa tête et attrapa les barreaux, laissant son poids redescendre lentement jusqu’à ce qu’elle soit suspendue par les bras, et entende les craquement lorsque les articulations glissèrent à leur place. Aïe. Je déteste ce bruit.

 

Mais elle se sentait mieux, et elle croisa les jambes aux chevilles et les leva jusqu’à ce qu’elles soient parallèles au sol ; elle sentit le bas de son dos s’étirer et se détendre. Puis elle redescendit les pieds et se mit debout, faisant rouler ses épaules pour les relâcher. Des petits trucs qu’elle avait pris à Xena aussi, en regardant la guerrière s’échauffer avant ses inévitables entraînements du crépuscule. Et elle se laissa perdre dans un de ses souvenirs préférés d’une telle nuit.

 

« Tu ne te relâches donc jamais ? » Avait demandé Gabrielle, une chaude nuit après qu’elles eurent installé le campement et fini leur dîner de ragoût.

 

« Quoi ? » Avait demandé Xena, en s’interrompant alors qu’elle prenait son épée.

 

« Tu m’as bien entendue. » Le barde avait posé les mains sur ses hanches et étudié sa compagne. « Tu sais au moins ce que le mot ‘détente’ veut dire ? » Elle avait fait des gestes pour montrer les environs du campement. « C’est une belle nuit, on a eu une journée plutôt paisible… » Juste trois combats et des petits. « Tu ne peux pas rester simplement assise et te laisser aller pour une fois, au lieu de passer des heures à t’entraîner à ce que nous faisons toute la journée de toutes façons ? »

 

Xena était venue vers elle et avait posé sa botte sur un rocher, le bras sur son genou, à la fixer. « Tu travailles sur tes parchemins toute la journée. C’est pareil. »

 

« Non, ça n’est pas vrai… » avait contesté Gabrielle. « Par ailleurs, je ne me force pas quand je… » Elle s’était arrêtée, se rendant compte qu’elle était près de croiser cette ligne indéfinissable entre elles, de percer ces murs froids que Xena maintenait si bien. C’était un gros risque.

 

« Tu penses que je me force ? » Avait demandé la guerrière en lui lançant un regard neutre, avec un sourcil dressé en prime. « Gabrielle, je fais ça tout le temps… c’est important, tu te souviens ? »

 

Chaque parcelle de son instinct lui disait de renoncer, de mettre une croix dessus, d’approuver… elle les avait ignorés et pris le risque en tout connaissance de cause, et elle avait franchi la ligne. « Ecoute. » Elle s’était rapprochée de la silhouette sombre et intimidante, et avait mis la main sur l’épaule de Xena, la regardant droit dans ses yeux bleus. « Je suis un peu inquiète pour toi… tu as vraiment l’air fatiguée, et je souhaiterais juste que tu te détendes un petit peu. »

 

Pendant un long moment leurs regards s’étaient opposés, puis Xena avait baissé le sien et un faible sourire était venu sur ses lèvres. Elle avait relevé les yeux avec une expression à mi-chemin entre un air résigné et un air penaud. « Ok. Tu m’as eue. » Elle avait posé le menton sur son avant-bras avec un soupir, et laissé tomber l’autre main pour jouer paresseusement avec la poignée de son épée. « Je suis plutôt lessivée. » Elle avait eu un faible haussement de ses larges épaules. « Je pense que tout ça me rattrape… je… mm… ne savais pas que ça se voyait. »

 

Gabrielle avait relâché son souffle retenu et envoyé un remerciement silencieux à qui que ce soit qui écoutait. « Probablement pas pour tout le monde, mais pour moi, si. » Cela lui avait envoyé un petit frisson le long de la colonne vertébrale. « Viens… il y a beaucoup d’étoiles ce soir… tu veux m’aider à les compter ? »

 

Elles n’avaient pas compté, mais elle avaient trouvé des dessins dans les lumières scintillantes, et Gabrielle avait raconté quelques petites histoires vraiment drôles, et avait eu la satisfaction de recevoir plus d’un rire franc de la part de la guerrière, étalée à son aise sur le couchage près de l’endroit où le barde était allongée.

 

Puis ce fut le tour de Gabrielle de rire quand Xena avait fait une expédition rare dans l’art de raconter des histoires, et en avait rapporté une hilarante sur ce qui s’était passé une fois sur un bateau avec un chargement de cochons vivants. Leurs voix mêlées, la sienne claire et vive, celle de Xena basse et ronronnante, s’étaient fait écho dans la petite clairière sur la brise légère qui leur apportait la senteur des fleurs de printemps et l’odeur de noisette du chêne qu’elles brûlaient dans leur feu de camp.

 

Puis Gabrielle avait levé les yeux et hoqueté, alors qu’ils semblaient que les étoiles descendaient de la voûte sombre. Des lucioles étaient venues écouter, et tournoyaient autour d’elles en laissant des petites traînées de lumière dans l’obscurité teintée de rouge. « Wow… c’est joli… » avait-elle murmuré, en lançant un regard en coin à sa compagne souriante.

 

La main de Xena avait bougé dans un brouillard de lumière, et elle l’avait ouverte ensuite devant le nez de Gabrielle, et avait souri par réflexe alors que le barde fixait, fascinée par la luciole qui rampait délicatement sur les doigts bronzés. Elle avait tendu un doigt craintif et l’insecte avait rampé sur sa main, les antennes remuant en un salut curieux vers elle.

 

« Salut… » avait-elle murmuré avec un sourire ravi, puis elle avait regardé Xena d’un air penaud, sa respiration s’arrêtant dans sa poitrine à l’expression sur le visage de sa compagne. Calme, et nostalgique, et teinté de tristesse, cela l’avait touchée profondément de façon inattendue. « Hé… » avait-elle murmuré doucement, son regard cherchant celui de Xena avec inquiétude.

 

Xena avait cligné des yeux et baissé le regard, puis elle lui avait fait un bref sourire. « Désolée… je réfléchissais juste un instant. »

 

Et bien Gabrielle, s’était-elle raisonnée, tu n’auras peut-être pas d’autre occasion avant longtemps… elle n’est pratiquement jamais comme ça. « A quoi ? »

 

Pendant un long moment, elle avait pensé que Xena allait simplement refuser de répondre, ce qui n’était pas inhabituel pour la guerrière. Puis ses lèvres s’étaient écartées et tordues. « C’est drôle… les choses qu’on oublie… » Elle s’était interrompue, et Gabrielle était restée immobile, sans un mot. « J’avais l’habitude de faire ça quand j’étais enfant… à la maison. »

 

Un long silence s’était installé doucement sur elles, alors que le visage de Xena se détendait dans un sourire tranquille, et que Gabrielle avait tendu la main avec précaution, pour entrelacer ses doigts avec ceux de la guerrière, laissant la luciole flâner sur la main de sa compagne.

 

« Merci d’avoir fait ce que je t’ai demandé. » Le barde avait souri doucement alors qu’elles regardaient la luciole battre des ailes et partir en bourdonnant, les laissant dans la lueur chaude et pâle du feu.

 

« Merci Gabrielle », avait répliqué doucement Xena, sans relâcher sa main.

 

« Pour quoi ? » Le barde avait ri légèrement, croisant le regard à peine éclairé en face d’elle.

 

« De t’occuper de moi », avait répondu la guerrière d’un ton ferme. « Tu viens juste de me rendre quelque chose que je pensais avoir perdu pour toujours. »

 

Cela n’avait été rien de ce que les parchemins racontaient, avait-elle réalisé plus tard. Ce moment où elle avait glissé d’une amourette enfantine dans un amour si profond que c’était comme de se noyer. Elle l’avait senti arriver, la perte de cette partie d’elle, qui s’en allait, sans même en demander la permission.

 

Elle n’aurait pas pu l’empêcher, et ne l’aurait pas voulu, et elle avait souvent pensé que peut-être, Xena s’était rendue compte que quelque chose avait changé, parce qu’alors qu’elle avait fermé ses yeux bleus dans un repos si nécessaire, elle n’avait fait aucun effort pour démêler leurs mains.

 

Et si Gabrielle fermait les yeux, juste là, elle pourrait savourer à nouveau cette douleur obsédante, et sentir la chaleur des doigts puissants de Xena enroulés autour des siens.

 

Une main posée sur son bras la sortit brusquement de sa concentration, et elle se tourna pour voir le regard inquiet de Cait sur elle. « Mince alors… tu vas bien ? » Les premiers rayons de l’aube peignaient l’intérieur de la cage, et tachetaient de barres roses et dorées les jeunes filles groggy qui commençaient à remuer.

 

« Oui », dit Gabrielle en soupirant. « J’avais juste des pensées positives. » Elle regarda par-dessus la tête de Cait, vers l’endroit où le geôlier aux jambes arquées s’approchait avec son seau crasseux. « Ça me donne un écran contre des minables comme celui-là. »

 

Elle vit Rurik s’approcher avec sa laisse, et elle s’avança vers le bord de la cage, enroulant ses mains autour des barreaux en le regardant venir d’un air nonchalant. « Bonjour », dit-elle à voix haute, le surprenant. Tu ne peux pas me battre, Rurik. J’ai quelque chose en moi que tu n’auras jamais, et que tu ne m’enlèveras jamais. Son regard croisa celui de l’homme avec un intérêt froid et poli.

 

« Et, alors… » Rurik hésita, peu sûr de ce qu’il devait penser d’elle. « Tu as hâte, hein ? » Il l’étudia pensivement. « Et bien, je suis navré de te décevoir, petite jeune fille, mais j’ai besoin que tu nettoies ta petite litière là… notre ami arrive un peu plus tôt, et je veux que tu lui fasses bonne impression.

 

Il tendit la main dans la cage et lui chatouilla le menton sans recevoir de réaction. « Les hommes vont vous emmener au bord du lac, et écoute-moi bien, garce aux yeux verts… si l’un de vous fait un geste pour filer, j’ai un arbalétrier tout prêt à saigner tes petites filles ici comme des agneaux, tu m’as compris ? »

 

Rappelle-toi de sourire… le conseil vint comme un écho dans un rire fantôme. Elle lui sourit doucement. « Je comprends. » Et elle eut la satisfaction de le voir rejeter sa main en arrière comme s’il avait été piqué.

 

« Oh… il va bien t’aimer, pas d’erreur », dit Rurik dans un sifflement. « Il aime les petites avec un peu de cervelle… c’est tellement plus agréable pour lui quand il les brise… tu vois ? » Il plissa le regard. » Je vais m’amuser à le regarder te briser ce soir, et te voir ramper pour lui. » Son regard alla vers le groupe des enfants resserrés derrière elle. « C’est aussi le genre… qui aime partager avec ses amis. » Rurik rit. « Et il adore les petits garçons. » Son regard revint pour guetter la réaction de Gabrielle, et il fit involontairement un pas en arrière.

 

Comment un visage aussi doux pouvait devenir aussi glacé ? Des yeux aussi durs que l’acier d’une lame plongeaient dans les siens reflétant la furie retenue. « Ne les touche pas », avertit-elle. « Les pauvres loques que tu appelles tes hommes peuvent faire ce qu’ils veulent de moi, mais touche ces enfants, et je te jure que tu vas le regretter. »

 

« Tu te crois en position me menacer ?? » Rurik rejeta la tête en arrière et éclata de rire. Puis il plongea en avant et tendit la main à travers les barreaux vers elle, attrapant sa tunique pour la tirer contre le bois.

 

Gabrielle sentit quelque chose claquer en elle, elle se contenta de réagir, se reculant contre sa prise, tout en passant le pied entre les barreaux pour le frapper fort de sa botte dans les parties. Il la relâcha et tomba sur le sol, en hennissant comme un cheval.

 

« Wow », murmura Cait, en regardant par-dessus l’épaule de Gabrielle. « Tu es vraiment géniale. »

 

Le barde se tint aux barreaux de la cage, et laissa le tremblement s’arrêter lentement, tout en sentant une nausée maladive dans son estomac alors que la colère la quittait. « Recule, Cait. Il ne va pas aimer ça… » Elle se retourna et attira l’attention de la jeune fille blonde. « Et quoi qu’il arrive, ne fais rien… OK ? C’est un ordre. »

 

Rurik se redressa lentement et tourna son regard empli de haine vers elle, arrachant presque la porte pour l’ouvrir et la tira dehors par le bras. Il claqua la porte pour la refermer, et glissa la lanière en cuir par-dessus sa tête, serrant comme un nœud coulant. « Garce… tu vas avoir très mal pour ça. » Il serra encore plus le nœud, lui coupant la respiration.

 

Elle ferma les yeux et envoya une pensée brève et douce vers le sud. Et elle attendit.

 

Mais il relâcha la prise, et la tira simplement derrière lui, vers sa hutte.

 

Cait les regarda partir, puis commença immédiatement un furieux examen des gonds de la porte, utilisant une pierre pour couper le chanvre serré et rétréci qui les retenait. « Mince, je suis vraiment désolée… Gabrielle… mais là… » Elle murmura à sa propre intention en travaillant. « Une Princesse Guerrière l’emporte sur une reine Amazone. »

 

********************

 

« Doucement ma fille. » Xena se tenait à la tête d’Argo, lui grattant doucement les oreilles. La jument s’ébroua, les naseaux écartés alors qu’elle inspirait l’air froid dans ses poumons. Xena tressaillit en prenant un chiffon humide pour essuyer l’écume du cou du cheval, passant le tissu sur ses jambes tremblantes tout en posant brièvement la tête contre l’épaule de la jument. « Je sais … je sais… repose-toi maintenant. »

 

Argo marcha doucement vers le ruisseau et but, balançant sa queue contre son arrière-train tout en reniflant un peu dans l’eau froide. « pas trop vite », lui rappela Xena, en s’agenouillant sur la rive près d’elle ; elle mit ses mains en coupe dans le ruisseau et le leva pour arroser son visage dans une inspiration brusque sous le choc. Arès leva les yeux de son lapement patient et grogna, puis il retourna son attention vers le ruisseau. « Oui… oui… je sais. » Xena soupira, se retourna et s’assit par terre, le dos contre un arbre proche, regardant Argo faire quelques pas pour aller mâchouiller l’herbe presque entièrement brunie.

 

Elle pencha la tête en arrière et regarda le soleil couvert de nuages juste à l’ouest au-dessus de sa tête. J’avance bien … mais… Sa gorge se serra, alors que la sensation anxieuse empirait, et elle n’avait maintenant aucune idée de la part qui revenait à Gabrielle et celle de sa propre imagination frénétique et galopante. Elle maudit silencieusement les longs kilomètres entre elle et la maison, et lança un regard anxieux à Argo, qui avait été à pleine puissance depuis l’aube. La respiration de la jument était revenue à la normale et elle arrachait avec satisfaction des bouchées de l’herbe de la rivière, mais ses flancs étaient toujours couverts de sueur noire et Xena savait qu’elle ne pouvait pas continuer à la pousser comme elle l’avait fait.

 

Arès finit de boire et trotta vers elle, se blottissant contre sa cuisse en posant la tête par-dessus. Elle posa sa main et caressa nonchalamment sa fourrure soyeuse, sentant sa queue battre son bras en réflexe. « Où est-elle Arès ? » Murmura Xena, et le loup dressa une oreille vers l’arrière, en entendant sa voix. « Hmm ? » Inconsciemment, son autre main joua avec le second collier qu’elle portait maintenant, laissant le pendentif et l’anneau glisser sous ses doigts. « Est-ce qu’elle va bien ? »

 

Elle ferait mieux, se répondit-elle intérieurement, Gabrielle… par Hadès, dans quoi t’es-tu embarquée cette fois-ci ? Tu attires les ennuis, mon barde… et je n’arrive pas à croire que je n’étais pas là… Elle roula la tête vers l’arrière, prit et relâcha une profonde inspiration, essayant de soulager une partie de l’intolérable tension. Je ne peux plus le supporter … Elle se leva, surprenant Arès, et fit le tour, trop tendue pour rester tranquille, malgré la fatigue qui s’installait.

 

Tout son être la poussait à se précipiter… à se mettre en route… elle devait y mettre un frein ferme pour s’empêcher de se mettre à courir. Arès faisait les cent pas autour d’elle, sentant sa nervosité et piaulant, tout en poussant son genou de sa tête. « Oui… oui… » Xena croisa les bras fermement autour de sa poitrine et ferma les yeux. « Je le sens, Arès, je le sens. »

 

Le son de sabots lui fit lever brusquement la tête, et elle se tourna à demi pour voir son ami, l’étalon sauvage qui se tenait dans la clairière, la fixant avec les naseaux écartés, et un œil prudent. Mais Xena pouvait voir que son intérêt résidait dans Argo qui mâchait placidement, et qui envoyait un regard qui n’engage à rien dans sa direction.

 

Un léger sourit passa sur le visage de Xena. « Tu cherches à accroître ton troupeau, hein mon gars ? » L’étalon s’approcha d’Argo, étendant le cou pour la renifler. Elle n’était pas en chaleur, ça Xena le savait, alors probablement que… son œil expert étudia le corps de la jument. Est-ce qu’il n’y avait pas un faible soupçon de gonflement dans ses flancs ? Bon sang, oui, c’était bien ça. « Et bien, Argo… on dirait bien que tu vas être maman. »

 

L’étalon recula à demi et se rapprocha, ne recevant qu’une expression amusée de la part d’Argo, qui continua à tirer des bouchées entières de l’herbe de rivière.

 

Xena sentit une idée commencer à se former et avant qu’elle ne puisse laisser son esprit logique l’en empêcher, elle bondissait vers l’avant, surprenant l’étalon et atteignant son flanc avant qu’il ne puisse bouger. Une main sur sa crinière, l’autre sur son dos, et un saut puissant, elle fut à cheval.

 

Il hurla, ruant sauvagement, se souvenant d’elle. Mais elle avait tenu bon avec de plus sauvages que lui, et elle resta assise, le faisant tourner dans un cercle étroit, jusqu’à ce qu’il s’immobilise, le regard sauvage, et la respiration explosive. « Voilà… » le flatta-t-elle, en caressant son cou d’une main alors qu’elle enroulait l’autre dans sa crinière épaisse.

 

Un sifflement amena Argo à son côté, son nez doré reniflant l’étalon avec un intérêt mitigé. Xena dégrafa ses sacoches de la jument et les passa sur son épaule. Je n’arrive pas à croire que je suis en train de faire ça. Je dois être folle. Mais il était trop tard pour se poser des questions, ou s’inquiéter, ou s’arrêter. « Argo… tu nous suis quand tu peux, d’accord ma fille ? » Elle caressa le nez soyeux de la jument et lui donna un baiser.

 

Puis elle tourna son attention vers l’étalon agité, qui caracolait et bougeait sous elle comme une masse de glace incontrôlée le long de la rivière. « Très bien… tu veux courir ? » Elle installa ses genoux dans le creux de ses épaules, sentant sa respiration anxieuse. « Vas-y, alors. COURS !! »

 

Et c’est ce qu’il fit et sa tête bougea de gauche à droite, jusqu’à ce qu’il se rende compte qu’il n’allait pas se débarrasser de sa cavalière têtue. Puis il mit les oreilles en arrière et baissa la tête avant de partir en flèche. Xena se retenait toujours à ses épaules, bougeant avec lui en plissant les yeux contre la bouffée de vent froid.

 

********************

 

La hutte puait, comme le jour précédent, et Gabrielle se tint tranquillement là, essayant de ne pas respirer trop fort. Rurik avait attaché la lanière en cuir à un des supports du toit, et après lui avoir à nouveau lié les mains derrière le dos, il s’affairait à quelque chose sur une petite table de l’autre côté de la pièce.

 

Le barde déglutit nerveusement, et souhaita brièvement ne pas l’avoir frappé. Elle était sûre que quoi qu’il ait prévu, ça n’allait pas être plaisant pour elle. Et assurément, lorsqu’il se retourna il y avait une expression satisfaite sur son visage qui lui fit battre le cœur.

 

Il tenait une tasse et en faisait tourner le contenu en revenant vers elle. « Bon alors… j’ai promis à mon acheteur qu’il aurait une marchandise en bon état… » Les dents de Rurik brillèrent. « Mais je n’ai jamais dit qu’elle serait pure, si ? » Dans un mouvement soudain, il lui cogna le dos contre le mur et attrapant sa mâchoire, il la força à l’ouvrir et versa le contenu de la tasse dans sa bouche.

 

Elle avala par pur réflexe, et faillit s’étouffer au goût prononcé de ce qu’il lui donnait. Il posa la main sur sa bouche et rit. « Oh non… tu ne vas pas rendre tout ça, jeune fille. » Il sourit à sa grimace. « Allez allez… ça demande quelques minutes pour faire effet… eh ? » Un rire bas. « Après ce sera beaucoup plus facile de s’occuper de toi… et peut-être même que tu vas aimer ce que je vais te faire. » Il traça sa mâchoire avec son doigt sale. « Voilà… comment ça va ? » Il vit son regard commencer à vaciller.

 

Le breuvage la frappa fort parce qu’elle n’avait rien avalé depuis des jours, et elle sentit un vague étourdissement l’envahir, en même temps qu’une chaleur soudaine, qui fit battre son cœur de manière erratique. Puis une douleur acérée lui transperça les tripes et elle hoqueta, se courbant en deux en sentant la morsure du cuir autour de son cou.

 

« Hé jeune fille… » dit Rurik en riant. « Je sais que ça te fait du bien mais… »

 

Un second spasme lui fit se dérober ses jambes sous elle, et elle s’effondra, le cuir l’empêchant maintenant de respirer. Avec un juron qu’elle entendit à peine, Rurik plongea en avant et coupa le cuir, la libérant et elle s’écrasa sur le sol, son corps convulsant sans défense. Elle sentit son cœur battre sauvagement, et elle semblait ne plus pouvoir reprendre son souffle…

 

Des éclairs noirs, vaguement familiers, transpercèrent sa vision, et elle était consciente, au loin, de la voix de Rurik qui criait sur elle, faisant écho dans ses oreilles. Son corps eut un spasme et elle se sentit vomir, mais n’eut aucune idée de pourquoi ni de l’endroit où elle se trouvait. Seulement que ses intestins étaient en feu et qu’elle ne semblait pas pouvoir contrôler ce qu’elle faisait du tout.

 

Puis une obscurité bénie arriva et emporta le tout.

 

Rurik jura lorsque son corps s’affaissa, et il la bascula frénétiquement pour sentir son pouls. Puis ses yeux se fermèrent de soulagement et il recula, secoué. Ça n’était jamais arrivé auparavant… et il avait donné ces herbes à plus de filles qu’il ne pourrait dénombrer.

 

Il fit une petite pause, puis ricana de dégoût, avant de se pencher pour la soulever et jeter son corps encore tremblant sur son épaule.

 

« Shh », avertit Cait, en se glissant de la porte et en laissant tomber la pierre discrètement sur le sol. « Ils reviennent. »

 

Sharra hoqueta. « Artémis ! Qu’est-ce qu’il lui a fait ? » Elle enroula ses mains autour des barreaux et regarda dehors.

 

Rurik poussa la porte et jeta la forme affaissée à l’intérieur, refermant la cage brutalement, en poussant Sharra à travers les barreaux. « Nettoyez-vous, espèces de sales petites cochonnes. »

 

Cait se laissa immédiatement tomber au côté de Gabrielle, retournant doucement le barde inconscient, avant de toucher son pouls. « Les dieux soient loués », murmura-t-elle. « Mais son pouls bat si vite… je peux à peine compter. »

 

Ils redressèrent prudemment les membres tordus du barde, et l’installèrent aussi confortablement que possible. Puis ils ne purent que s’asseoir et attendre.

 

Gabrielle prit d’abord conscience d’un faible bourdonnement, dans l’obscurité où elle se trouvait. Lentement, la sensation revint, et elle souhaita immédiatement que cela ne soit pas le cas. Ses intestins étaient toujours en feu et ses muscles étaient assaillis de crampes douloureuses. Sa gorge lui faisait mal d’avoir vomi les herbes, et sa tête battait si fort qu’elle voyait des étoiles sous ses paupières.

 

Dieux… ayez pitié de moi, pensa-t-elle, Qu’est-ce que c’était que ça ? Elle grogna et se força à ouvrir les yeux, puis les referma quand la lumière lancinante du jour explosa dans sa tête. Elle sentit une petite main s’enrouler dans une des siennes et entendit la douce voix de Cait. « Gabrielle ? »

 

Elle se força à ouvrir un peu les yeux, et essaya de se concentrer sur la jeune fille blonde et mince, mais en vain. « Cait . » Sa voix était rauque à cause de l’effort. « Tout le monde va bien ? »

 

« Oui. » La voix de Cait était nerveuse et bouleversée. « Qu’est-ce qu’il t’a fait ? »

 

Gabrielle secoua très légèrement la tête. « Sais… pas… une herbe… » Elle fit une grimace. « M’a rendue malade. »

 

« Très bien… » dit doucement Cait. « reste allongée… tu veux bien ? Je vais t’essuyer le visage avec un morceau de tissu… tu es toute couverte de sang. »

 

Oh. Ça explique pourquoi je n’y vois rien, se rendit-elle compte. « Du sang ? »

 

La voix essoufflée de Sharra l’interrompit. « De ton nez… enfin, je crois. »

 

« Ouille. » Gabrielle déglutit avec douleur. « Je suis tombée. » Elle ressentit une sensation de froid quand Cait lui essuya le visage, puis elle cligna des yeux et fut soulagée lorsque l’intérieur déprimant de la cage revint lentement dans son champ de vision.

 

Blotti d’un côté, et serrant sa main, se trouvait un Solan à l’air furieux, et les filles qui faisaient un cercle autour d’elle, avec des expressions bouleversées et furieuses. « Quel animal », dit Sharra, se mordant la lèvre de détresse.

 

Le barde leva les yeux vers les barreaux et laissa passer un long soupir. C’était le moment de voir le bon côté des choses… elle se sentait comme une grenouille écrasée sous un lourd rocher, mais dans sa tête, c’était toujours mieux que l’alternative. Elle était irrationnellement contente d’avoir dénié son plaisir à Rurik, même involontairement. Elle tourna lentement la tête et étudia leurs visages. Ils sont ma responsabilité.

 

Ils la regardèrent à leur tour, une foi profonde dans leurs regards, foi qu’elle allait trouver un moyen de sortir de cet endroit et les emmener tous à la maison en sécurité.

 

Alors voilà ce que ça doit être pour Xena, songea-t-elle, en fermant les yeux avec lassitude. Combien de fois a-t-elle levé les yeux pour voir cette expression sur mon visage ? Sur les visages des gens que nous rencontrons ? Qu’est-ce qu’on fait maintenant, Xena ? Et elle a toujours une réponse, n’est-ce pas ? Maintenant je sais ce que tu ressens, et tu sais quoi ? Je ne suis pas sûre d’aimer ça.

 

« Très bien. » Elle rouvrit les yeux et leva la tête, grimaçant en roulant sur un coude, et en se forçant à ne pas s’effondrer. Fais ce que fait Xena… tu dois le faire, voilà tout. « Il veut qu’on se nettoie… est-ce qu’ils ont apporté de l’eau ? »

 

Sharra hocha la tête, les yeux écarquillés d’émerveillement en la regardant. « Une bassine, par ici. »

 

Gabrielle hocha la tête. « Lavez-vous. Soyons aussi coopératifs que possible… peut-être qu’ils ne nous regarderons pas de trop près quand ils nous emmèneront. »

 

Les filles hochèrent la tête. « Bon plan », dit Cait, puis elle tendit le morceau de tissu plié au barde. « Tu ferais mieux de garder ça contre ton nez, je pense. »

 

Le barde prit le tissu, et fit un sourire à Cait. « Merci, Cait. »

 

Les filles s’agglutinèrent autour de la bassine, alors qu’elle se mettait assise, puis elle se pencha contre les barreaux et mit la tête sur une main, son coude autour de son genou relevé.

 

Xena, dit-elle doucement à l’intention de son âme-sœur. Je perds beaucoup de force… je n’ai pas le genre de réserves que tu as… et je suis en train de souhaiter que tu soies là, parce que je ne suis pas sûre de pouvoir gagner.

 

Xena, si je n’y arrive pas… Sa poitrine lui faisait mal. Je ne peux pas laisser faire du mal à ces enfants… même si ça veut dire que je dois… me mettre en avant pour eux. J’espère… que si quelque chose arrive… tu comprendras. Je pense que oui. Elle ferma les yeux. Je ne veux pas te quitter… cette idée-là m’effraie tellement que je peux à peine y penser… Je peux à peine respirer, mais tu m’as appris qu’on a le devoir de faire ce qui est juste… même si ça n’est pas le mieux pour la personne qui le fait.

 

Je présume que je tombe dans cette catégorie. Je dois sauver ces enfants. Ils sont ma responsabilité, mon amour, et l’un d’eux est ton fils. Mon beau-fils, et tu ne peux pas imaginer comme c’est étrange de penser ça.

 

C’est un bon garçon, Xena. Il va devenir un homme gentil et merveilleux. Il ressemble tellement à sa mère… Je peux à peine le regarder, parce que ça me fait penser que tu me manques tellement… et que je hais tellement cet endroit.

 

Ecoute. Je sais que nous avons conclu un marché, OK ? Alors si quelque chose arrive… Je n’ai pas oublié ça… et je veux que tu saches que je tiendrai ma parole. Quand… ce sera le moment pour toi, je t’attendrai là-bas, Xena. Je serai assise là-bas à t’attendre, je te le promets.

 

La voix de Solan brisa ses pensées. « Gabrielle ? »

 

Elle prit une inspiration et le regarda. « Oui, mon chéri, qu’est-ce qu’il y a ? »

 

Son regard bleu l’étudia. « Est-ce que tu penses à Xena ? »

 

« Oui oui… comment le sais-tu ? » Répondit Gabrielle en le fixant avec lassitude.

 

« Tu pleures », répondit doucement le garçon.

 

Le front du barde s’agrandit. « Je sais. » Elle prit une inspiration. « Mais ça va aller, Solan. Je te le promets. »

 

Il se rapprocha, et déglutit. « Qu’est-ce que tu vas faire ? »

 

Son regard vert fixa quelque chose par-dessus sa tête au loin. « Tout ce qu’il faudra. »

 

********************

 

Cyrène regardait le soleil qui se couchait, et les rayons affaiblis qui peignaient la cour nue et austère dans un écheveau de doré et de rouge. Elle jeta brièvement un coup d’œil de côté quand Toris la rejoignit à la fenêtre, puis elle retourna son regard vers l’extérieur.

 

Toris était sale d’avoir tant chevauché, et il venait juste de rentrer d’une autre recherche. Les mains vides, et en voyant le regard triste de sa mère, le sien s’était baissé vers le sol avec impuissance.

 

« Ça va la tuer », finit par dire Cyrène, doucement. Elle serra les lèvres et secoua la tête lentement. « Il faut qu’on les retrouve, Toris. »

 

Toris déglutit. « Je sais. » Il repensa brusquement aux quelques minutes avant de partir pour le territoire des Amazones, quand il parlait à sa sœur et sa compagne dormait avec contentement dans ses bras. « Ce n’est pas juste… Elles sont juste… » Il s’arrêta de parler, et serra la mâchoire. La vie n’était pas juste. Il le savait.

 

Cyrène se tourna avec lassitude et laissa son regard vagabonder sur les occupants calmes de la pièce, qui étaient pour la plupart affalés dans des fauteuils, à fixer le sol. Les Amazones étaient rassemblées en un petit groupe, ayant réussi à convaincre Ephiny de retourner se coucher, et elle alla vers elles, et posa une main sur l’épaule voûtée de Granella. « Ecoute… j’ai un peu de soupe à la cuisine… je vais en apporter. »

 

L’Amazone aux cheveux noirs se mit debout avec un soupir. « Je vais aller en chercher. » Elle fit un pas puis fut arrêtée par Lida.

 

« Pourquoi tu ne vas pas voir Ephiny ? Je vais aller chercher la soupe », dit tranquillement l’archère. « Je vais aussi lui en apporter. »

 

Granella était trop fatiguée pour discuter. « D’accord », dit-elle simplement, et elle alla lentement vers la petite pièce du fond, frappa légèrement, puis ouvrit la porte et jeta un œil. « Eph ? »

 

L’Amazone blonde était assise dans le grand fauteuil, serrant un châle soyeux autour d’elle, et fixant le feu sans le voir. Elle tourna la tête lorsque Granella entra et fit un signe. « Salut. » Elle se sentait totalement vidée, et savait que ça se voyait, entre la maladie et l’inquiétude, elle se sentait au bout du rouleau, mais elle réussit à sourire à l’éclaireuse, et essaya de faire appel à une énergie qui n’existait pas.

 

« Tu devrais être allongée », dit Granella en soupirant, et en se laissant tomber à genoux près de la chaise ; puis elle posa la main sur le bras d’Ephiny. « Tu es brûlante. »

 

La régente laissa reposer sa tête sur le dossier, et la secoua. « Je sais… mais je ne peux pas rester allongée ici… ça me donne mal à la poitrine, et je ne peux pas… » Elle se frotta les yeux d’une main. « M’empêcher de m’inquiéter. » Elle laissa retomber sa main. « Je ne comprends pas, Gran… où sont-elles ? » Elle s’arrêta lorsqu’une quinte de toux la saisit, et fut consciente des mains de la petite Amazone autour de ses épaules. « Bon sang. » Elle soupira lorsque ce fut fini, la laissant épuisée. « C’est de ma faute… tout ça. »

 

« Ne sois pas bête, Ephiny », dit calmement Granella. « Ce n’est la faute de personne. »

 

Ephiny secoua sa tête blonde. « J’aurais dû vous écouter », dit-elle d’une voix rauque. « Je n’aurais jamais dû sortir… je suis trop têtue. »

 

« Shh », dit Granella pour l’apaiser. « C’est idiot, Eph… ça aurait pu arriver à n’importe laquelle d’entre nous… et ça aurait pu être n’importe qui qui t’entende crier, ou même personne. Les Parques ont décrété que ce serait probablement la seule personne qui pouvait faire ce qu’elle a fait. » Elle s’interrompit. « Et tu n’as pas demandé à Gabrielle d’emmener ces gamines… »

 

« J’aurais dû l’en empêcher », murmura Ephiny. « J’avais ce sentiment… »

 

L’Amazone aux cheveux noirs ricana doucement. « Arrêter Gabrielle ? Allons, Eph… Je l’ai vue en action. Elle est comme un chariot tiré par six chevaux lancés à pleine vitesse quand elle le veut… Comment allais-tu l’arrêter ? Elle est plus têtue que toi. »

 

Cela lui valut un soupçon de sourire de la régente. « Elle l’est… ça demanderait beaucoup de la battre. » Les yeux d’Ephiny brillèrent. « Surtout maintenant. »

 

Granella sourit. « Est-ce qu’elle est heureuse ici ? » Elle se releva et s’assit sur le sol, entourant son genou relevé d’un bras. « C’est ce qu’on aurait dit la dernière fois que je suis passée. » Elle leva les yeux vers Ephiny. « Ça a sacrément changé depuis qu’elle était chez nous. »

 

Ephiny hocha la tête. « Oui… je pense qu’elle est très heureuse… et le vieux cheval de guerre aussi, pour le coup. » Une petite secousse de la tête suivit ces paroles. « Ça m’a surprise. » Sa bouche se tordit. « Tu aurais dû les voir, à se blottir comme deux gamines. »

 

Elles gardèrent le silence un moment. « Il faut qu’on les retrouve, Gran », finit par murmurer Ephiny.

 

Granella referma tranquillement la porte derrière elle, après avoir finalement remis la régente au lit et lui avoir donné une dose de médicament que Xena avait laissé. Elle regarda la pièce en entrant, soupirant intérieurement à l’atmosphère assombrie.

 

Kaleipus se tenait dans un coin, la tête penchée, les bras croisés sur sa poitrine, son visage reflétant une étude sérieuse et déterminée. Il venait juste de rentrer avec Toris et le groupe de recherche du nord, et lui avait emprunté une tunique de laine pour se protéger du froid.

 

Toris se retourna et s’appuya le dos contre la vitre, essayant de penser à ce qu’il allait faire ensuite. Ils avaient cherché dans un grand cercle autour d’Amphipolis, mais le temps avait conspiré pour masquer toutes les traces des filles disparues, de Gabrielle, ou du garçon perdu du centaure. Avec un soupir, il alla vers l’endroit où les Amazones étaient assemblées, et leur fit des gestes calmes de la tête. « Je n’arrive pas à croire qu’on n’ait pas vu le moindre signe d’elles. » Il secoua lentement sa tête sombre. « Il devrait au moins y avoir… »

 

« Quelque chose », murmura Granella, en s’asseyant pour jouer sans énergie avec sa cuillère. « Je ne comprends pas… Même s’ils… Je veux dire, la rivière… » Elle s’interrompit. « Il devrait y avoir des traces. Où va-t-on regarder maintenant ? »

 

On entendit faiblement un appel perçant, et ils regardèrent Toris pour une traduction. Il pencha la tête. « Quelqu’un est entré, sur la route du nord », répondit-il sans énergie, puis tout son corps sursauta, lorsque le second signal se répéta, un cri de chasse de faucon. « Oh dieux… »

 

Granella fut debout et s’accrocha à son bras en un instant. « Quoi ? »

 

Toris se passa les mains dans les cheveux et lança un regard à sa mère. « C’est ma sœur. »

 

« Par Artémis », dit Granella dans un souffle. « Je vais le dire à Ephiny. »

 

Cyrène s’avança. « Attends. Laisse-moi lui parler. » Tout le monde la regarda. « C’est ma fille. »

 

Ils attendirent tous en silence jusqu’à ce qu’on entende le grondement des sabots rapides, qui ralentirent à l’extérieur devant les portes de l’auberge. L’impact solide de bottes frappant le sol, puis le son creux des pas qui atteignaient le porche et faisaient un écho dans la pièce maintenant silencieuse.

 

Cyrène prit une profonde inspiration et s’avança, arrivant pratiquement à la porte quand elle s’ouvrit et que Xena entra, son corps à moitié couvert de tâches de sang rouille, et généreusement couverte de boue. Cette vue imposa le silence à Cyrène, et elle se contenta de fixer sa fille, voyant au-delà de la saleté et du sang, le visage pâle et tendu, et les lignes d’épuisement qui y apparaissaient.

 

Le regard bleu clair passa sur les Amazones, Toris, Cyrène, et restèrent un long moment immobiles sur Kaleipus, puis revinrent sur Cyrène. « Qu’est-ce qui s’est passé ? »

 

Brusque, sûre d’elle, prête. Cyrène sentit son corps se détendre un peu. Ainsi, Xena savait déjà que quelque chose n’allait pas. Ça aidait un peu. « Gabrielle a emmené les filles faire une courte ballade. Mais elles ne sont pas revenues », informa-t-elle sa fille carrément. « On a cherché depuis que c’est arrivé… mais… »

 

Xena hocha un peu la tête. Son regard croisa celui de Granella, qui se tenait à demi debout. « Comment va Eph ? »

 

La fine Amazone aux cheveux noirs haussa les épaules et hocha la tête. « Mieux… elle est inquiète comme c’est pas possible. »

 

Un autre regard rapide. « Kaleipus… qu’est-ce qui t’amène ici ? »

 

Le centaure s’avança jusqu’à être très près et mit la main sur l’épaule de Xena. « Solan a disparu. »

 

« En venant ici ? » demanda calmement la guerrière, son visage tel un masque calme et immobile.

 

Le centaure hocha la tête. « Peut-être qu’il est avec… Gabrielle… et les autres. »

 

Un autre mouvement de tête de Xena. Elle se tourna vers Toris. « Où avez-vous regardé ? »

 

Toris lui expliqua. Cyrène regarda sa fille, notant le contrôle total qu’elle gardait, et remarquant les cernes noires sous ses yeux clairs, et la tension sur son visage. Et elle se demanda ce qu’il en coûtait à Xena de mettre en œuvre ce niveau à peine contenu d’énergie. Il bouillonnait généreusement de tout son être, un feu énervé qui faisait se dresser les poils et rendait ses mouvement acérés et agités.

 

« Qu’est-ce qui s’est passé ? » Demanda Toris calmement, lorsqu’il eut fini, en touchant les tâches de sang sur sa chemise. « Tu vas bien ? » D’une voix plus basse cette fois.

 

« Des voleurs sur la route », répondit Xena brièvement. « Ce n’est pas le mien. » Elle l’étudia un moment, puis lui fit un petit sourire. « Merci de t’inquiéter . »

 

Toris hésita puis s’avança plus près et l’entoura de ses bras, lui offrant une douce étreinte. « Petite sœur… Je suis désolé. J’ai essayé de… »

 

« Shh. » La guerrière l’étreignit à son tour. « Je sais que tu as fait de ton mieux. Ce n’est pas de ta faute. »

 

« Très bien », dit Xena après qu’il se soit reculé. Elle laissa son regard passer sur chacun d’eux. « Merci. » Puis elle se retourna et se dirigea vers la porte.

 

Cyrène l’intercepta. « Qu’est-ce que tu vas faire ? » Elle mit la main sur le bras de sa fille. « Où vas-tu ? »

 

Xena s’arrêta et prit une inspiration. « Je vais les retrouver », répondit-elle calmement. « Je vais prendre quelque chose dans le chalet pour le faire sentir à Arès, et je pars. »

 

On entendit des sons confus dans toute la pièce. « Pas sans nous », déclara Granella, en bouclant son épée. Le niveau d’énergie de la pièce avait remarquablement augmenté.

 

« Ni moi », dit Toris, en croisant les bras sur sa poitrine tout en lançant un regard entêté à sa sœur. « Donne-nous juste quelques minutes pour nous préparer. »

 

« Pas le temps », dit Xena platement, mais en penchant la tête comme pour s’excuser.

 

« Xena, je peux te parler un instant ? » Demanda Cyrène doucement, en lui faisant un signe de la main d’aller vers la cuisine.

 

« Maman, je n’ai vraiment pas le temps », dit Xena, d’une voix néanmoins douce.

 

« S’il te plaît ? » Demanda Cyrène, en lui lançant un regard profond. « Laissons-les ramasser leur équipement. »

 

Un long silence, puis la guerrière fit un petit signe de la tête et la suivit dans la cuisine, ignorant les soupirs de soulagement qui les suivirent.

 

Cyrène attendit que la porte se ferme, puis elle se retourna et prit sa fille par les épaules, et la poussa doucement dans un fauteuil. « Tu vas bien ? » Demanda-t-elle, en lissant les cheveux noirs hors des yeux bleus épuisés. « On dirait que tu n’as pas dormi depuis des jours. »

 

Un silence de la part de Xena. « Je n’ai pas dormi. » Une pause. « Et non, je ne vais pas bien. » La guerrière se massa les tempes. « Mais j’ai des choses à faire, alors… il faut que j’aille les faire. »

 

« Oh Xena », murmura Cyrène, en lui massant le dos. « Tout ira bien… tu vas les trouver. » Elle s’éloigna et mit de la soupe dans une tasse, puis revint et la pressa dans les mains de Xena. « Tiens… bois ça. »

 

« Je n’ai pas le temps pour ça, maman… merci… mais… » protesta la guerrière, mais c’était sans enthousiasme, et toutes les deux le savaient.

 

« Xena. » Cyrène mit la main sur sa joue. « Tu as quelques minutes avant qu’ils soient prêts… s’il te plaît… ne fais pas ça seule. Ils sont fous d’inquiétude, tous… tu n’as aucune idée de ce que ça a été ici. »

 

Xena ne répondit pas à ça, mais elle soupira et prit une gorgée de la tasse, fixant l’espace avec une expression anxieuse.

 

« Est-ce qu’Arès t’a trouvée ? » Demanda doucement sa mère, en s’asseyant près d’elle, un bras autour de ses épaules tendues. Elle sentit le corps de Xena bouger, puis se détendre un tout petit peu sous la pression, et elle tressaillit en pensant à la tension que sa fille devait subir à ce moment précis.

 

« Oui », répondit Xena, en tendant la main pour toucher quelque chose autour de son cou.

 

Cyrène regarda plus près et se mordit la lèvre en reconnaissant ce qui pendait là. « Il avait ça ? Oh… » dit-elle avec une sympathie tranquille, puis elle vit l’expression sur le visage de Xena et changea de sujet. « Comment ça s’est passé avec Hercule ? »

 

Xena prit une longue gorgée de la soupe et la sentit la réchauffer alors qu’elle atteignait son estomac, contente d’avoir quelque chose pour la distraire de la peur qui la rongeait. Elle savait ce que Cyrène faisait… savait que sa mère était inquiète, pour elle, pour Gabrielle… mais elle savait aussi que si elle baissait sa garde, elle allait sombrer et que ça ne serait bon pour personne. « Ça s’est bien passé », répondit-elle en lançant un regard bref à sa mère. « Tu vas avoir l’occasion de les rencontrer. » Voilà… ça, ça devrait la distraire, elle.

 

Cyrène dressa les sourcils. « Vraiment ? » Un petit sourire pinça sa bouche. « Et bien, pour une surprise… » Elle regarda Xena finir sa soupe et étudier la tasse vide avec des yeux pensifs. « Tu en veux d’autre, ma chérie ? »

 

« Oui. » Xena réussit à produire un petit sourire. « Mais je ne peux pas… maman, je dois y aller. » Sa voix se brisa sur le dernier mot et elle toussota. « Dieux. » Elle dit ceci dans un murmure.

 

Le bras qui entourait ses épaules serra plus fort. « Je sais… et maintenant que tu es là, il faut que je te dise, Xena… je me sens beaucoup mieux… on a cherché depuis que c’est arrivé, mais… je sais que tu vas les retrouver… et je sais qu’ils vont bien. »

 

Xena posa ses coudes sur la table et emmêla ses doigts dans ses cheveux longs, la tête posée dans ses mains. « Maman, j’espère que tu as raison. » Elle déglutit et ferma les yeux, sentant le doux toucher sur sa joue, et son contrôle rigide se laissa un peu aller. Non… tu n’as pas le temps pour ça. Elle prit une profonde inspiration et la laissa ressortir, forçant ses émotions au plus profond d’elle-même. « Elles sont juste parties pour une ballade ? »

 

Cyrène lui massa doucement le dos. « Oui, c’est ce qu’elle a dit. Juste pour se promener … pour raconter quelques histoires… mais tu connais Gabrielle… peut-être qu’elle est tombée sur quelqu’un qui avait besoin d’aide… »

 

Xena secoua la tête et toucha le collier. « Elle n’aurait pas envoyé ça. » Son regard bougea et croisa celui de Cyrène. « Quelqu’un la retient. »

 

« Et bien… » dit sa mère dans un soupir. « Ce quelqu’un ne sait pas ce qui l’attend, alors. »

 

Cela lui valut un rire bref et sec de la part de sa fille. « Je vais au chalet, ensuite je reviens. » Elle se leva, ignorant la raideur de ses membres, et posa la tasse dans l’évier, puis sortit par la porte de derrière, et se dirigea vers sa maison.

 

Tout était calme à l’intérieur, se rendit-elle compte, alors qu’elle ouvrait la porte pour se glisser à l’intérieur. Le silence, et tant de choses à voir, et de senteurs, qui amenèrent vivement sa compagne à son esprit, et menacèrent à nouveau fortement son sang-froid.

 

Bon sang… ok, prends juste ce que tu es venue chercher et repars, se dit-elle en se concentrant, puis elle réfléchit pensivement. Je ferais aussi bien de changer cette chemise tâchée de sang tant que j’y suis… Avec lassitude, elle s’extirpa de sa tunique et enleva sa cuirasse se glissant hors de la combinaison en cuir dessous.

 

Avec un soupir, elle alla vers la petite bassine, et s’éclaboussa le visage d’eau froide, puis elle rinça un morceau de lin et nettoya le pire des tâches de sang qui avaient traversé le cuir. Elle se donna un regard critique dans le miroir, et secoua la tête de dégoût, puis elle tressaillit en voyant l’entaille sur son biceps droit. Je n’ai même pas senti ça. Elle l’examina avec un froncement de sourcil et décida que ce n’était pas sérieux, mais elle alla jusqu’au petit kit de soins qu’elles gardaient dans le chalet, et mit quand même un morceau de bandage en lin autour.

 

Puis elle changea sa sous-tunique, et enfila son vêtement de cuir de rechange, le bleu nuit et ajusta l’armure dessus avec un claquement brusque en bouclant les attaches. Voilà… ça devrait leur avoir donné assez de temps pour se préparer. Sinon je pars de toutes façons.

 

Elle enfila une tunique épaisse en coton et la serra à la ceinture, puis posa ses vêtements sales en une pile ordonnée. Un grattement à la porte amena un sourire sur son visage et elle ouvrit, laissant entrer un Arès haletant. Il avait eu du mal à la suivre, elle sur son étalon sauvage, mais il avait courageusement essayé, poussant son corps à demi grandi jusqu’à ses limites.

 

« Roo !!! » Protesta-t-il, en sautant sur elle. « Grr. » Il attrapa doucement son poignet entre ses dents et secoua un peu la tête.

 

« Hé mon garçon. » Xena lui ébouriffa la fourrure. « Viens ici maintenant… tu vas m’aider à la trouver, OK ? » Et mon fils. Dieux… comment est-ce que c’est arrivé ? Et si… Elle repoussa fermement cette pensée. Chaque chose en son temps. Je trouve Gabrielle, et avec le hasard habituel des dieux, et son talent pour se mettre dans des situations compliquées, elle sera avec lui.

 

Et après ? Tu le ramènes ici ? Maman lui jette un seul coup d’œil, et tout est dit, soupira la guerrière. On verra ça plus tard. Maintenant… elle jeta un coup d’œil dans le chalet et trouva ce qu’elle cherchait… La tunique d’entraînement de Gabrielle, abandonnée, bien posée sur le dossier d’une chaise. Elle s’avança et la leva, et l’odeur familière faillit la faire défaillir, alors qu’elle tenait le tissu contre elle pendant un long moment.

 

Puis son regard tomba sur le journal du barde, encore posé proprement sur le lit, comme un testament de ce que Gabrielle faisait juste avant de partir. Xena s’arrêta, et laissa sa main tomber sur la couverture reliée, réfléchissant.

 

Je ne fouille jamais là-dedans… ce sont ses pensées personnelles… bien qu’elle me laisse en lire des bouts parfois. Mais ça… il faut que je sache si elle… Ses mains trouvèrent la dernière page et ouvrirent le journal, et elle pencha la tête, amenant plus près la chandelle qu’elle avait allumée.

 

L’inscription était courte, et la première partie la fit sourire avec nostalgie. Je t’ai manquée, hein ? Oui, toi aussi tu m’as manquée. Petit cri…petit cri… je pense que je suis aussi une sentimentale. Son regard étudia pensivement le dernier paragraphe. Elle était passée en mode bardique et allait raconter des histoires aux jeunes filles…

 

Xena s’assit. Gabrielle adorait créer une atmosphère, et elle était pressée d’impressionner ces jeunes Amazones.. Un sourire grimaçant traversa le visage de la guerrière. « Allez, Arès… je sais où elle est allée. » L’énergie bondit en elle, alors qu’elle se relevait, et elle attrapa la tunique, en donnant une tape sur le côté à Arès avant de se diriger vers la porte.

 

A suivre : 8ème partie

 

 

justify">Et après ? Tu le ramènes ici ? Maman lui jette un seul coup d’œil, et tout est dit, soupira la guerrière. On verra ça plus tard. Maintenant… elle jeta un coup d’œil dans le chalet et trouva ce qu’elle cherchait… La tunique d’entraînement de Gabrielle, abandonnée, bien posée sur le dossier d’une chaise. Elle s’avança et la leva, et l’odeur familière faillit la faire défaillir, alors qu’elle tenait le tissu contre elle pendant un long moment.

 

Puis son regard tomba sur le journal du barde, encore posé proprement sur le lit, comme un testament de ce que Gabrielle faisait juste avant de partir. Xena s’arrêta, et laissa sa main tomber sur la couverture reliée, réfléchissant.

 

Je ne fouille jamais là-dedans… ce sont ses pensées personnelles… bien qu’elle me laisse en lire des bouts parfois. Mais ça… il faut que je sache si elle… Ses mains trouvèrent la dernière page et ouvrirent le journal, et elle pencha la tête, amenant plus près la chandelle qu’elle avait allumée.

 

L’inscription était courte, et la première partie la fit sourire avec nostalgie. Je t’ai manquée, hein ? Oui, toi aussi tu m’as manquée. Petit cri…petit cri… je pense que je suis aussi une sentimentale. Son regard étudia pensivement le dernier paragraphe. Elle était passée en mode bardique et allait raconter des histoires aux jeunes filles…

 

Xena s’assit. Gabrielle adorait créer une atmosphère, et elle était pressée d’impressionner ces jeunes Amazones.. Un sourire grimaçant traversa le visage de la guerrière. « Allez, Arès… je sais où elle est allée. » L’énergie bondit en elle, alors qu’elle se relevait, et elle attrapa la tunique, en donnant une tape sur le côté à Arès avant de se diriger vers la porte.

 

A suivre : 8ème partie

 

 

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