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wintersending9B

Page history last edited by Fausta88 14 years, 9 months ago

La fin de l'hiver (Winter's ending)

 

De Missy Good

 

Traduction : Fryda

 

 

*********

Partie 9B

*********

 

 

 

Xena hésita un moment, une main sur la poignée de la porte, alors qu’elle rassemblait son courage avant de l’ouvrir. A l’intérieur, elle entendait la voix patiente de Kaleipus, et les réponses haut perchées de Solan, et elle sourit à la requête du petit garçon.

 

OK… allons-y. Elle souleva la poignée et ouvrit la porte, passant de la lumière du matin froid à la clarté légère et chaleureuse de l’écurie, ses sens captant l’odeur familière de la paille et des chevaux, et l’odeur semblable bien que différente du centaure. « Bonjour », dit-elle nonchalamment, en lançant un faible sourire au centaure.

 

« Ah… bonjour, Xena », dit Kaleipus en soupirant. « J’expliquais justement à Solan pourquoi on ne peut pas grimper dans le fenil. »

 

Solan la regarda, les yeux brillants. « Hé… c’est ton écurie… Je peux ??? »

 

Xena se mit sur un genou et le regarda solennellement. « C’est l’écurie de ma mère, et non, tu dois écouter ton père. C’est la règle. »

 

Le jeune garçon fronça les sourcils. « Les filles grimpent là-haut », protesta-t-il, en lançant un regard sévère à Xena. « C’est pas juste. »

 

Xena et Kaleipus échangèrent un regard amusé. « La vie n’est pas juste », l’informa-t-elle joyeusement. « En plus, ça n’est jamais qu’un fenil. »

 

Un autre froncement du garçonnet. « Ouais, mais les filles disent qu’il y a quelque chose de vraiment cool là-haut, et je veux le voir. »

 

Xena plissa le front. « Crois-moi, Solan… Je suis allée là-haut… il n’y a rien à voir que du foin et… » Elle s’arrêta brusquement, et laissa passer un rire agacé. « Oh… Je pense que je sais de quoi elles parlent. » Dieux… dieux… dieux… Comment est-ce qu’elles sont grimpées là-haut ? Et encore mieux, comment est-ce qu’on a pu être assez gamines pour… Oh par Hadès. « Hé Solan… Je ne pense pas que tu trouveras ça vraiment cool », informa-t-elle le garçon. « C’est juste un truc sculpté dans le bois. »

 

« Ah ouais ? » Demanda Solan, en l’étudiant avec une intensité qui lui était étrangement familière.

 

« Ouais », répondit-elle, en lui lançant le même regard.

 

« C’est toi qui l’as sculpté ? » Répliqua-t-il en s’approchant pour tirer un morceau de paille de la balle la plus proche et le mâchouiller.

 

« Oui », répondit Xena de nouveau.

 

Solan sourit. « Alors je veux vraiment le voir. »

 

Dieux. Je viens de trouver plus malin que moi en la personne d’un garçon de douze ans. Je pense qu’il est temps que je prenne ma retraite. Xena soupira intérieurement en levant les yeux rapidement vers Kaleipus qui souriait. Je sais par quoi ma mère a dû passer… Ma seule consolation c’est que l’enfant sans doute aucun est mon fils. Peut-être qu’il fera un meilleur usage de sa cervelle que moi. « Qu’en penses-tu, Kaleipus ? »

 

Le centaure haussa les épaules. « C’est ton écurie », dit-il et elle entendit ce qui n’était pas dit. Et c’est ton fils.

 

« Viens par ici. » Xena se releva et alla vers le fenil en secouant la tête.

 

Solan la suivit en souriant de triomphe. « Il y a une échelle par-là…. Whoa !!!! »

 

Xena s’était retournée et l’avait attrapé par la taille pour le soulever par-dessus sa tête et le jeter dans le foin doux avec un rire. « Une échelle ? C’est comme ça que font les filles ? » Elle sauta et attrapa l’étançon, se soulevant à son tour près de lui avant de s’appuyer contre le support de toit avec un sourire. « Quand est-ce qu’on s’amuse sinon ? » Elle baissa les yeux vers Kaleipus qui lui fit un petit signe de tête.

 

« Je vais courir un peu… Je reviens dans un moment », dit le centaure, en trottant vers la porte avant de se glisser dehors. Arès se glissa dans l’écurie au même moment et la repéra.

 

« Roo !!! » Le loup se renfrogna puis soupira et se blottit dans le foin près de la stalle d’Argo. La jument posa la tête sur la paroi et s’ébroua.

 

« Si tout le monde critique maintenant », marmonna Xena, puis elle tourna son attention vers Solan, qui rampait dans le loft et traçait du doigt les ciselures grossières, certaines anciennes, d’autres pas si anciennes que ça.

 

« Wow… c’est toi ? » Il trouva son nom.

 

« Ouaip », admit Xena, en croisant les jambes, les mains posées sur ses genoux.

 

« C’est qui ça ? » Ses doigts d’enfants traçaient un nom disparu depuis longtemps.

 

« Mon frère Lycéus », répondit calmement Xena. « Il est mort. »

 

Solan lui jeta un coup d’œil, un peu surpris. « Oh. » Son front s’agrandit. « Je suis désolé. »

 

Xena hocha lentement la tête. « Moi aussi. »

 

Son regard alla vers la gauche et il se mit alors à sourire en faisant rouler ses yeux bleus. « C’est du truc sentimental… ça doit être ce qu’elles voulaient dire. »

 

Xena sourit. « Je te l’avais dit. »

 

Solan rampa et vint s’asseoir près d’elle, s’appuyant contre son épaule. « Elles sont tellement bizarres quand elles parlent de toi. »

 

Cela lui valut un sourire. « Oui, je sais », soupira la guerrière. « Mais elles vont grandir et oublier. » Elle le regarda. « C’est un truc de fille. »

 

« Je me disais », ricana Solan. « C’est dégoûtant. » Il soupira. « Mais ça a quand même été marrant de jouer avec elles. » Il leva les yeux. « J’ai joué avec Xenon l’autre semaine. Est-ce que son nom vient de toi ? »

 

Xena l’étudia. « Le fils d’Ephiny ? Oui, c’est ça. » Elle s’éclaircit la voix. « De nous deux en fait. Son nom, c’est Xenon Gabris. »

 

« Et pourquoi ? » La question était logique. « Il est vraiment sympa… Ils ont dit qu’il allait habiter avec nous un moment. Pourquoi ? »

 

« Et bien… » Xena bougea un peu et réfléchit aux questions. « Il porte mon nom parce que je l’ai aidé à venir au monde. » Elle hésita. « Et pour Gabrielle, c’est parce qu’elles sont de très bonnes amies. »

 

Solan écarquilla les yeux. « Wow… Vraiment ? »

 

« Mmhmm. » La guerrière confirma. « Et… je présume qu’il va habiter un peu avec vous parce que… sa mère pense que c’est le mieux pour lui. Comme ça il apprend à connaître les autres centaures, et aussi ce côté de sa famille. »

 

« Oh. » Solan réfléchit à ces mots. « Mais… sa mère ne veut pas de lui ? »

 

Xena sentit sa respiration s’arrêter, devinant le sens caché dans la question. « Bien sûr que si », l’assura–t-elle tranquillement. « Ephiny l’aime beaucoup… mais elle sait… que s’il grandissait sans connaître cette partie de son héritage, il serait vraiment blessé. » Son regard le caressait doucement. « C’est vraiment très difficile pour elle… Solan… et je sais qu’elle doit avoir débattu avec elle-même de longs moments avant de prendre sa décision. »

 

« Tu crois ? » Demanda doucement le garçon.

 

Un hochement de tête de la part de la guerrière. « J’en suis sûre. » Elle sourit tristement. « C’est ce qu’il y a de mieux pour Xenon. »

 

Il garda le silence un long moment, puis leva son regard et croisa le sien, et il hocha un peu la tête. « OK. » Puis il leva les yeux et changea de sujet. « Gabrielle est vraiment cool. »

 

Xena dressa les sourcils au changement. « Je le pense aussi. »

 

Il sourit. « Elle t’aime vraiment beaucoup. » Il rit un peu.

 

« Oui, je sais. » La guerrière sourit. « Ça tombe bien… Je l’aime beaucoup aussi. »

 

Le regard de Solan alla aux ciselures puis revint sur elle. « Elle a dit qu’elle savait à quoi je ressemblerais quand je serai grand. Tu penses que c’est vrai ? »

 

Et soudain, Xena sut que s’il ne connaissait pas la vérité, il la soupçonnait au moins, et cela rendit les choses… infiniment plus faciles. Elle le fixa calmement. « Oh… je dirais qu’elle en a probablement une plutôt bonne idée. »

 

« Ah ouais ? » Ils écarquilla un peu les yeux et gigota dans le foin pour avoir une meilleure vue de son visage. Le soleil entrait par la fenêtre teintée et les éclairait tous les deux d’une brume chaleureuse, attrapant paresseusement particules de poussière qui flottaient par-dessus le foin doux et odorant.

 

« Ouais. » Elle répondit tranquillement en tournant la tête et laissa un sourire orner ses lèvres.

 

Solan la fixait intensément, et elle vit sa main serrer soudainement la paille, et sa poitrine se mettre à bouger lourdement alors qu’il prenait une profonde inspiration. « Tu penses que je ressemblerai à… » Le courage lui manqua, et il la pria des yeux.

 

Xena leva la main et lissa ses cheveux épais vers l’arrière. « Je pense que tu me ressembleras beaucoup, oui. »

 

Un moment de silence de cristal et d’or, et Xena sentit elle-même que le temps s’était arrêté, alors qu’elle attendait à peine sa réponse. Le regard de Solan ne quitta jamais le sien et sa bouche articula deux petites syllabes sans qu’aucun son ne jaillisse.

 

Elle l’entendit quand même, et hocha la tête avec minutie, offrant son cœur ouvert avec tous les risques. Exactement comme Gabrielle lui avait appris.

 

« Maman ? » Il murmurait maintenant, le choc et l’émerveillement colorant son expression.

 

« Oui », répondit-elle doucement.

 

Elle ne sut jamais vraiment plus tard comment il avait atterri dans ses bras, juste qu’il était là, ses petites mains la serrant avec vivacité et son visage enfoui dans sa tunique. C’était comme si un long morceau perdu de sa vie revenait enfin à la maison et elle passa un long moment à simplement le tenir, savourant la sensation de son corps contre le sien.

 

Il finit par lever les yeux et renifla un peu. « Pourquoi… Pourquoi… »

 

Xena l’étreignit. « Je ne te l’ai jamais dit ? »

 

Il hocha la tête, une expression blessée dans les yeux.

 

Et maintenant, le plus dur, soupira Xena intérieurement. « Solan… quand tu es né, Je… n’étais pas une bonne personne. Je faisais des choses vraiment très mauvaises à un tas de gens. »

 

Il cligna des yeux et déglutit. « Je sais ça. »

 

Elle hocha la tête. « Très bien… alors j’ai décidé… que ce ne serait pas une très bonne… du moins une idée très prudente pour toi d’être avec moi. » Elle s’interrompit. « Et ce fut une décision difficile pour moi. »

 

« Je me suis dit ça », dit Solan calmement, ses doigts jouant avec le collier autour du cou de Xena. « Mais ce n’est plus comme ça maintenant. » Son regard cherchait son visage.

 

Elle soupira. « Et bien, non… ça ne l’est plus. » Sa voix baissa d’un ton. « Mais… ce que je fais maintenant ne change pas vraiment ce que j’ai fait à l’époque… et il y a un tas de gens qui s’en souviennent, Solan… Ils se souviennent de ça et ils veulent… et bien, ils aimeraient me faire du mal pour ça. » Elle s’interrompit. « Ou faire du mal aux gens que j’aime. »

 

Il posa la tête sur son épaule. « Comme Toris ? »

 

« Comme Toris, et ma mère, aussi », répondit-elle, puis elle hésita. « Et Gabrielle… et toi, s’ils apprennent ton existence. » Elle soupira. « C’est pour ça que nous ne restons pas ici tout le temps. »

 

Solan se blottit un peu plus. « Ce n’est pas juste. » Il soupira. « Je veux dire… Je commençais à deviner… après cette dernière fois. A cause de trucs que Kaleipus disait… et je me suis dit que je pourrais espérer… que c’était vrai. » Il tourna la tête et la fixa. « Je sais… ce que je pensais avant… mais je t’ai rencontrée, et tout a été différent. » Il cligna des yeux. « C’était comme si ma tête voulait te haïr… mais que dedans ça ne voulait pas… et j’ai beaucoup pensé à ça quand tu es partie. »

 

Xena le regarda tristement. « Je voulais te le dire à ce moment-là. » Elle lui caressa les cheveux. « Je n’ai pas pu. » Elle sentit ses mains se serrer sur sa chemise. « Je suis désolée, Solan. »

 

« Quand on a entendu dire que tu vivais ici… j’ai fait dire à Papa où ça se trouvait. » Il renifla doucement. « Je voulais te voir. » Il s’enfonça un peu plus dans son étreinte. « Je pensais que, peut-être, si je venais te rendre visite, tu me laisserais rester. »

 

La guerrière sentit son cœur se serrer. « Je… ne peux pas… te laisser faire ça », réussit-elle à dire. « C’est trop dangereux.

 

« Mais… » Protesta-t-il.

 

Xena mit un doigt sur ses lèvres. « Solan… » Sa voix se brisa. « Si quelque chose t’arrivait à cause de moi, je n’y survivrais pas. »

 

« Mais… » Protesta-t-il à nouveau. « Tu peux battre tout le monde !! »

 

Cela lui valut un sourire nostalgique de la part de Xena. « Pas tout le monde… pas tout le temps… ce n’est pas vrai, Solan. »

 

« Je le crois pas», répondit-il résolument. « Tout le monde sait que tu es la meilleure combattante du monde. »

 

« « Tout le monde, hein ? » La guerrière rit doucement. « Et bien, ce n’est… » Pas vrai ? Qui sait ? « Pas quelque chose à quoi je pense. » Elle caressa sa joue douce. « Mais je ne peux pas te mettre dans ce genre de danger. »

 

Il fronça les sourcils et réfléchit. « Mais tu as laissé Gabrielle rester. »

 

Xena soupira. C’est bien ma veine qu’il soit si malin et si insistant. Puis elle rit ironiquement à son égard. C’est ma veine, en fait, justement. « Solan… c’est différent. » Elle fixa la vitre et cligna des yeux. « Gabrielle est… adulte. Et tu sais qu’elle peut combattre, et se défendre toute seule. »

 

Il se renfrogna. « Oui… » Il accepta le fait et une larme roula sur le côté de son visage. « Je sais… je ne pensais pas vraiment que tu allais me laisser rester. »

 

Xena le vit et cela lui fit mal. « Ecoute… Solan… Gabrielle et moi avons parlé de ça… Nous allons voir comment ça se passe ici, pour nous. Si tout va bien… si ça a l’air de rester en sécurité… mais nous ne le saurons pas avant un moment. »

 

Il garda le silence pendant un moment. « Je pourrais venir vous voir de temps en temps ? » Finit-il par demander, sa voix se brisant légèrement sur les mots, mais avec un espoir subtil grandissant dans les yeux. Il n’allait pas lâcher prise, Xena reconnut l’expression avec une connaissance personnelle ironique.

 

Elle l’étreignit. « Bien sûr. » Puis elle se recula et lui lança un regard. « Mais plus d’escapades. »

 

Il rougit. « Aww… »

 

Xena lui ébouriffa les cheveux. « Tu as faim ? »

 

Il hocha la tête. « Je peux appeler Gabrielle ‘Ma tante’ ? »

 

Xena se laissa tomber du fenil et brossa le foin de sa tunique. « Et bien, tu peux lui demander, mais je pense qu’elle va aimer ça. » Elle tendit les bras. « Saute. »

 

Et sans question ni hésitation, il sauta vers elle avec une confiance totale. Elle l’attrapa et le jeta en l’air un peu, avant de l’attraper à nouveau. « Wow. » Il rit et leva les yeux brillants vers elle. « C’était marrant. » Il semblait réconcilié avec l’idée de partir, du moins pour l’instant, mais Xena savait que si ça avait été elle, un nouveau plan d’action aurait déjà été mis en route. Et elle n’en attendait pas moins de son fils. C’était à la fois agaçant et rassurant.

 

Elle le reposa et il trottina immédiatement pour aller secouer un Arès endormi, qui leva sa tête sombre pour regarder le garçonnet avec des yeux prudents. « Hé, le loupiot. » Il se laissa tomber dans la paille près du loup et tendit la main. Arès la renifla, puis secoua la queue et le lécha. Solan regarda par-dessus son épaule vers sa mère, qui était appuyée sur la paroi entre les stalles. « Papa ne veut pas que j’aie un chien. » Il soupira.

 

Un sourire lent et espiègle passa sur le visage de Xena, et elle dut faire vite et fort pour repousser l’idée qui flottait à la surface. « Et bien, je suis sûre qu’il a de bonnes raisons », dit-elle en regardant Solan jouer avec les grandes pattes avant du loup. « Tu aimes les chiens ? » Elle le regarda se retourner et hocher la tête vigoureusement. Bien sûr qu’il les aime. « Et les chevaux ? » Un autre signe de tête, complété d’un sourire. Bien. Pauvre Kaleipus.

 

Il sauta sur ses pieds et alla vers elle, pour enrouler une main dans le tissu de sa tunique, levant les yeux avec agitation. « Ça te va si je t’appelle maman ? »

 

Xena se laissa tomber sur un genou et l’étudia avec précautions. « Bien sûr, mon chéri. » Elle mit la main sur son épaule. « Mais pour l’instant… seulement quand nous sommes ici, OK ? » Elle regarda autour d’elle. « Cet endroit est sûr… J’ai confiance dans les gens qui vivent ici. »

 

Solan réfléchit à ces mots. « C’est bon si je le dis aux filles ? » Ses yeux brillaient d’anticipation.

 

Xena soupira. Pas question de dire non. Cette rumeur allait faire le tour de la Nation Amazone en quelques jours quoi qu’il en soit. « Oui, mais je pense que Cait le sait déjà. »

 

Son visage devint sérieux. « Je le pense aussi. Elle n’allait pas laisser Gabrielle rester seule… » Son regard alla au visage de Xena. « Et puis elles ont eu une dispute, et après ça, elle est restée avec moi tout le temps. » Il cligna des yeux. « Pourquoi elle a fait ça ? »

 

La guerrière sentit son visage se figer, alors qu’une vague d’horreur la submergeait. Elle prit une profonde inspiration avant de répondre. « Parce que… elle voulait s’assurer que tu étais en sécurité, mon fils. » Le mot avait un goût d’étrange et de merveilleux. « Et elle ne pensait pas être capable de le faire seule. »

 

Solan se mordit la lèvre d’un air malheureux. « Ils allaient vraiment la tuer ? » Son regard bleu croisa le sien et il hoqueta légèrement. « Maman ? »

 

Xena se rendit compte que son visage devait montrer ses sentiments, et elle secoua un peu la tête, brisant le contact oculaire, et restaurant un peu de son sang-froid. « Hum… oui, Solan. Ils allaient vraiment le faire. »

 

Il garda le silence un moment, la regardant. « Je suis content que tu soies arrivée à temps. »

 

La guerrière l’attira dans ses bras et fixa sans voir par-dessus son épaule alors vers le mur tacheté de soleil. « Moi aussi », murmura-t-elle enfin, soupirant avant de le relâcher. Il recula un peu, mais garda ses mains sur elle et lui poussa doucement le bras.

 

« Hé… tu es toute solide. » Son regard passait sur elle avec curiosité. « Comme un centaure. »

 

Cela lui valut un sourire. « Ah ouais ? » Et bien, c’est la première fois qu’on me compare à un centaure ; la vie est pleine de nouvelles expériences aujourd’hui, hein ? « Allez… laisse-moi te présenter ta grand-mère… dans les règles. » Elle se leva et mit le bras autour de ses épaules, le guidant vers la porte.

 

********************

 

Gabrielle poussa la porte de la chambre d’Ephiny avec son coude et jeta un coup d’œil à l’intérieur, pour voir que l’Amazone était toujours dans un sommeil agité. Elle sourit et entra dans la pièce, posa le petit plateau et traversa pour aller au côté du lit de la jeune femme blonde. Elle était presque arrivée tout au bord, lorsque l’instinct acéré d’Ephiny l’alerta de la présence nouvelle et elle remua, tourna la tête et se força à ouvrir un œil.

 

Elle cligna des yeux et se concentra sur sa visiteuse, puis les ouvrit plus grands alors qu’un sourire tremblant se formait sur ses lèvres. « Hé… » Dit-elle d’une voix rauque. « Tu ne devrais pas être au lit ? »

 

Gabrielle s’installa sur le petit tabouret près du lit et lui fit un sourire. « Probablement », admit-elle. « Mais je voulais te voir. » Elle prit une inspiration prudente. « Et Xena a bien emballé tout ça… Je me sens mieux. » Les coups acérés de la douleur avaient diminué jusqu’à quelque chose de sourd et persistant, et Xena lui avait dit que cela voulait dire que les os se ressoudaient… et ne frottaient plus les uns contre les autres. Elle s’était crispée en imaginant ça. « Comment vas-tu ? »

 

Ephiny hocha un peu la tête et se releva pour mieux voir Gabrielle. « Pas mal… J’ai l’impression qu’un centaure est assis sur ma poitrine, et je suis faible comme un chaton nouveau-né, mais tu sais bien… Pourquoi je me plaindrais ? »

 

Le visage du barde s’ouvrit dans un large sourire. « Tu recommences à être toi-même », dit-elle, puis elle jeta un coup d’œil vers le plateau. « Je t’ai apporté de la soupe. »

 

Les sourcils clairs d’Ephiny se dressèrent. « Tous ces gens, et il faut que ce soit toi à qui on demande de faire ça ? » Elle étouffa une quinte de toux et réussit à avoir une expression outragée.

 

Gabrielle rit doucement. « Non… non… Je me suis portée volontaire. » Elle baissa les yeux vers le parquet, puis les releva alors que la main d’Ephiny attrapait les siennes, et que leurs regards se croisaient.

 

« Je ne peux pas te dire combien je suis contente de te voir », dit Ephiny calmement. « J’étais folle d’inquiétude, Gabrielle. »

 

« Je sais », répondit le barde d’une voix très calme. « Je me sens tellement bête. » Elle fit une grimace. « Tu avais raison, Ephiny. Je n’avais aucune raison d’emmener ces gamines là-bas. »

 

Le front de l’Amazone s’agrandit. « Gabrielle… ne sois pas idiote. » Elle pressa la main sous la sienne. « Ce qui s’est passé là-bas n’est pas de ta faute… pour l’amour des dieux… Tu t’es comportée aussi bien ou peut-être mieux que n’importe laquelle d’entre nous l’aurait fait. »

 

Gabrielle se pencha en avant et la cloua d’un regard intense. « Ephiny, j’ai totalement ignoré le fait qu’il y avait des brigands dans la nature, et j’ai délibérément mis cinq des tiennes en danger. » Elle hésita, puis continua. « Parce que je pensais que je pourrais m’en sortir… que j’étais autant une Amazone que n’importe laquelle d’entre vous. »

 

Ephiny lui agrippa la main avec une force surprenante. « Ecoute… » Dit-elle, en lui rendant son regard. « Tu es autant une Amazone que n’importe laquelle d’entre nous, et ce ne sont pas les miennes. » Elle prit une inspiration prudente, s’arrêtant pour étouffer une quinte de toux. « J’aimerais penser que n’importe laquelle de mes sœurs Amazones aurait eu le niveau de courage et la force, et l’intelligence de s’en sortir avec une situation aussi mauvaise que celle que tu as vécue, mais tu sais quoi ? Je parie qu’elles n’auraient pas su. Ces gamines ont vraiment eu de la chance de t’avoir avec elles. Tu me comprends ?? »

 

« Ephiny, elles n’auraient pas été dans cette situation sans moi », dit le barde tranquillement et tristement.

 

« Et comment tu sais ça ? » Rétorqua l’Amazone. « Elles couraient dans tous ces fichus coins, Gabrielle… Elles auraient pu partir seules d’ici, comme Solan, et ensuite ? Elles seraient les dieux seuls savent où maintenant. » Elle s’interrompit et regarda le barde assimiler l’information. « Gabrielle, as-tu dit à Xena ce que tu ressens ? »

 

Une secousse de la tête légère et à contrecœur.

 

« Pourquoi ? » Demanda Ephiny. Et elle attendit. « Je vais te dire pourquoi », continua-t-elle, alors que le barde ne répondait pas. « Parce qu’elle t’aurait dit d’arrêter d’être idiote, pas vrai ? »

 

Un regard vert brume amer.

 

« Et bien, désolée, mais je suis d’accord avec le vieux cheval de guerre sur celle-là. Alors, Gabrielle, arrête d’être idiote », termina Ephiny mais sa voix était douce. « Ecoute… Les choses arrivent, mon amie. » Elle lança un regard mélancolique au barde. « Regarde ce qui m’est arrivé, hein ? » Elle se regarda de haut en bas avec une expression ironique. « Moi, Amazone depuis ma naissance, pas vrai ? Je me dis, pas de problème, je peux emmener ces gamines et leur donner quelques bonnes leçons, pas vrai ? » Elle leva les mains et les laissa retomber. « Et qu’est-ce que je fais ? Je tombe dans une rivière et il faut que je sois sauvée par Xena, et ensuite je finis sur le dos pour des jours et des jours. » Elle soupira. « Est-ce que c’est un bon exemple pour de jeunes Amazones ? Je te le demande. »

 

Gabrielle soupira. « Tout le monde pense que je suis une sorte d’héroïne, Ephiny. » Elle leva les yeux, surprise en entendant le rire soudain. « Ce n’est pas drôle. »

 

« Alors… elle t’a appris à faire ça aussi. » Ephiny sourit. « Tu maîtrises vraiment bien le truc. »

 

« Quel truc ? » Dit le barde en fronçant les sourcils.

 

Ephiny se pencha en arrière et commença à se détendre un peu. « Ce truc du ‘mince alors, ça n’était rien, rien du tout’ ? »

 

« Ephiny ! » Protesta Gabrielle.

 

L’Amazone se radoucit. « Oh, pour l’amour d’Hadès, Gabrielle », dit-elle en riant doucement. « Allez… » Son expression devint plus neutre. « Ecoute, je sais que ça a été une chose vraiment effrayante… mais tu t’en es sortie avec honneur, et courage, et tu étais prête à risquer ta vie pour sauver ces gamins… et il faut vraiment que je te le dise, Gabrielle. C’est ce que fait une héroïne. »

 

Elle étudia le visage du barde, envahi par le soleil qui passait par la fenêtre et formait des effets ardents dans ses cheveux. Non… soupira Ephiny intérieurement. Ça n’est certainement plus une enfant. Les lignes légères de l’expérience avaient commencé à jeter une ombre sur elle, et les yeux verts contenaient une profondeur de connaissance qui allaient bien au-delà des années. Je pense que je vois, enfin, ce que Xena a toujours vu en elle… dieux, nous pensions toutes qu’elle était folle, de traîner cette pauvre gamine dans la moitié de la Grèce. C’est nous qui étions idiotes. « Tu te sens mieux maintenant ? » Demanda-t-elle tranquillement, en voyant le barde se détendre.

 

Gabrielle l’étudia un instant. « Oui », finit-elle par dire avec un sourire à contrecœur. « Regarde ça… Je viens ici pour voir comment tu vas, et je finis par me disputer avec toi. »

 

Ephiny remua la main dans sa direction. « Te disputer ? Arrête un peu, Gabrielle. » Elle lança un regard amusé au barde. « Si tu appelles ça une dispute, tu ne dois pas en avoir souvent avec le vieux cheval de guerre. »

 

« Ephiny ? » Dit Gabrielle, en se levant avec précaution tout en prenant la soupe pour la poser et la lui donner.

 

« Oui ? » Répondit l’Amazone, en sirotant lentement.

 

« Ne l’appelle pas comme ça », demanda le barde tranquillement.

 

Ephiny s’immobilisa et la fixa. « Dieux… Je ne pensais pas que ça lui importait. »

 

Le regard vert captura le sien. « A elle probablement pas, à moi oui. »

 

L’Amazone l’étudia pendant un long moment, puis laissa tomber son regard ; « Très bien, Gabrielle. » Bon sang… Je ne m’attendais pas à ça. « Je suis désolée… Je ne voulais pas lui manquer de respect. »

 

Le barde souriait maintenant. « Je sais, et merci… de notre part à toutes les deux. »

 

Ephiny but un peu de sa soupe pensivement, en regardant Gabrielle du coin de l’œil. « Hé… Je peux te demander quelque chose ? » Dit-elle l’air de rien, l’œil fixé sur le collier que portait le barde.

 

« Bien sûr », répondit Gabrielle, en rapprochant le tabouret, et en tressaillant parce qu’elle avait remué ses côtes. « Ouille. »

 

« Hé… Fais attention », l’avisa l’Amazone, en lui lançant un regard inquiet. « Pourquoi tu ne t’assieds pas dans l’autre fauteuil, hein ? »

 

Le barde prit une inspiration tremblante et posa ses coudes contre ses côtes. « Non… ça va. Qu’est-ce que tu voulais demander ? »

 

Ephiny tendit la main et toucha le collier ; « Qu’est-ce que c’est ? J’ai vu… hum… hier… que Xena en portait un pareil. Je n’en ai jamais vu auparavant. » Elle retourna doucement le cristal et l’étudia. « On dirait la moitié de quelque chose. »

 

« Ça l’est », répondit doucement Gabrielle. « La moitié d’un tout. » Tout comme moi.

 

« Oh », répondit la jeune femme blonde. « Wow. » Puis elle prit une autre gorgée. « Je parie qu’il y a une histoire derrière ça. » Ses yeux brillaient et elle vit une étincelle en réponse dans le regard de Gabrielle. « C’est bien ce que je pensais. » Elle avala. « Tu m’as promis de me mettre au courant de ce qui vous est arrivé. »

 

********************

 

Xena poussa la porte de l’auberge, jeta un coup d’œil à l’intérieur puis sourit. « Oh… regardez ce que je vois », dit-elle d’une voix traînante, ouvrant la porte pour permettre à Arès et à Solan de passer devant elle. Assis à la table la plus éloignée, se trouvait son frère, la tête entre ses mains, en train de fixer une tasse de quelque chose devant lui. Une lueur diabolique apparut dans les yeux de sa sœur alors qu’elle s’avançait à grands pas, accompagnée du garçon et du loup.

 

« Hé, Toris », dit la guerrière, en tirant sur une chaise pour s’installer, avant de tapoter le siège à côté d’elle pour Solan.

 

« Chut », grogna-t-il, en la fixant avec des yeux injectés de sang. « Tu es aussi bruyante d’habitude ? Je pensais que tu te faisais une fierté d’être si furtive. »

 

Solan gloussa. Toris tourna son regard trouble vers le garçon et soupira. « Bonjour. »

 

« Solan, malheureusement, je te présente ton oncle Toris », dit Xena, en regardant son frère sursauter de surprise. « Il n’est habituellement pas si… » Elle pinça les lèvres. « Grincheux le matin. »

 

« Je ne suis pas grincheux », rétorqua Toris. « Je suis à l’agonie et tu es vraiment très cruelle. » Il la regarda poser ses coudes sur la table et tressaillit. « Ne fais pas de bruit, OK ? »

 

Solan frappa immédiatement ses deux mains sur la table, faisant vibrer le dessus rapidement. « Comme ça ? »

 

Toris fit la grimace et fit grincer ses dents, tournant un œil accusateur vers sa sœur. « Oh… c’est vraiment bien ton fils », gronda-t-il à l’attention de sa sœur. « Si j’avais le moindre doute, ça vient juste de le prouver. »

 

Xena rit doucement et lui tapota l’épaule. « Tiens bon. » Elle secoua la tête et alla vers l’aire de service, prit une tasse et mélangea des choses. « Toris… Toris… Je ne peux pas blâmer les Amazones, mais dieux, toi, tu sais bien comment c’est. » Elle soupira et revint à la table puis posa la tasse devant lui. « Bois ça. »

 

Toris renifla. « Oh… dieux de l’Olympe, Xena… Il faut vraiment ? »

 

« Non », répliqua sa sœur. « Tu peux choisir de te sentir comme maintenant toute la journée si tu veux. » Elle fit une pause. « Vois-le de cette façon, Toris… une fois que tu te sentiras mieux, tu pourras t’amuser à faire ça à tous les autres. »

 

Il réfléchit à ces paroles un instant, puis lui fit un léger sourire, et, se pinçant le nez, il but le mélange d’une traite. « Beuh », gémit-il. « Rends-moi un service ? »

 

« Bien sûr », répondit Xena.

 

« Ne me dis pas ce qu’il y avait là-dedans. » Son regard bleu croisa celui de sa sœur en supplication.

 

Xena sourit. « OK. » Elle se leva et tendit la main à Solan. « Viens. » Ils se dirigèrent vers la cuisine.

 

********************

 

« Je meurs », déclara Granella, le nez sur le lit.

 

« Déjà vu, déjà fait », répliqua Lida. « Tu veux entendre quelque chose d’effrayant ? »

 

« Non », répondit l’Amazone brune. « Je suis déjà en train de faire une expérience effrayante. »

 

« Il faut qu’on ramène les filles aujourd’hui », gémit Lida.

 

« Oh dieux », dit Granella en soupirant. « Qu’est-ce qui m’a cogné la tête ? Est-ce que j’ai fait quelque chose d’aussi stupide que de défier Xena à un combat de boxe ? »

 

« Ouille », répondit Lida en roulant lentement sur le dos. « Nan… Elle n’était même pas à la fête. » Elle ouvrit les yeux, puis les referma immédiatement. « Aïe ! »

 

« La dernière chose dont je me souvienne, c’est… » Granella plissa le front contre le tissu doux. « Parier avec quelqu’un au sujet d’une grenouille. »

 

« Beuh », dit Lida soudainement.

 

« Quoi ? » Marmonna Granella.

 

« Comment est-ce que ce gâteau est arrivé dans ma combinaison en cuir ? » Reçut-elle en réponse.

 

********************

 

Xena ouvrit la porte de la cuisine et repéra Cyrène qui remuait une grande marmite sur le feu à l’arrière. Elle s’agenouilla et murmura à l’oreille de Solan, et il gloussa doucement, puis hocha la tête, et avança en douce vers l’aubergiste affairée.

 

La guerrière s’installa contre le montant de la porte pour regarder, souriant tranquillement pour elle-même alors que Solan atteignait sa cible, et tirait sur les cordons de son tablier.

 

« Bonjour grand-mère. » Sa voix claire traversa la cuisine.

 

Cyrène sursauta et laissa tomber la cuillère qu’elle utilisait, tout en baissant les yeux de surprise. Puis son visage s’ouvrit en un énorme sourire et elle ouvrit les yeux pour l’attraper et le soulever dans une grande embrassade, se tournant à demi pour regarder la grande femme aux cheveux noirs qui lui souriait de l’autre côté de la cuisine. « Hé bonjour mon chéri », dit-elle à Solan en lui caressant ses cheveux ondulés. « Bienvenue dans la famille. » Mais son regard croisa celui de Xena par-dessus sa tête et elle rendit son sourire à la guerrière. « Viens par ici t’asseoir… Laisse-moi te regarder. »

 

Xena les regarda s’asseoir, le jeune garçon prêt à répondre à toutes ses questions, sa voix claire illuminant la cuisine comme elle ne l’avait pas été depuis des années. Elle posa le menton sur sa main et sentit une paix hésitante s’installer dans son âme, contente qu’au moins, dans ce petit, tout petit moment dans le temps, tout allait… bien.

 

Ça ne pouvait pas durer comme ça, elle le savait ; Elle avait fait tant, à tellement de gens, et le futur était brouillé au mieux, mais pour l’instant, elle était heureuse d’être assise tranquillement et d’écouter la voix ravie de sa mère, et de savourer un sentiment déconcertant de stabilité.

 

Elle pouvait presque, presque… imaginer ce que sa vie aurait pu être sans Cortese. Et elle ressentit un sentiment tranquille et doux de perte pour toutes ces années. Pour n’avoir pas connu son fils. Pour la noirceur et la colère, et le carnage.

 

Mais ces années existaient, admit-elle avec lassitude. Et changer ça, changerait… trop de choses maintenant, bien trop de bonnes choses. Elle jeta un coup d’œil à son fils. Alors peut-être que je pourrais juste rassembler les bons moments comme celui-ci… et un jour… ils submergeraient les mauvais souvenirs. Peut-être.

 

********************

 

« Par les dieux, Gabrielle », dit Ephiny à voix basse, alors que le barde finissait ce qu’elle appelait la version courte de leurs aventures récentes. « Je suis désolée que tu aies dû passer par-là… et la pauvre Xena. » Elle frissonna, s’imaginant être piégée sous la roche solide.

 

Le barde soupira. « Tu sais, elle va bien… tu la connais. » Le regard vert se réchauffa. « Mais j’ai vraiment eu peur pendant un moment… et tout ceci est plus ou moins la raison pour laquelle nous sommes ici… je veux dire… » Elle joua avec le bouton de la tunique qu’elle portait. « Quand on vous a laissées la dernière fois… on est venues ici pour une semaine ou deux juste pour… s’habituer aux choses… et faire une pause. » Son regard croisa celui d’Ephiny. « J’en avais besoin. »

 

L’Amazone hocha lentement la tête. « Ouais… J’ai bien eu cette impression. » Elle donna une petite tape sur le genou de Gabrielle. « Tu avais l’air plutôt lessivée. »

 

« Oui… et bien, nous l’avons fait… et c’était génial. » Le barde se mit à rire. « Deux semaines, pas de combats, pas de pression, pas besoin d’errer dans la campagne… juste se détendre, et prendre du bon temps. » Elle soupira. « Toris et Cyrène étaient fantastiques… » Elle leva les yeux au ciel. « Ils m’ont même concocté une fête d’anniversaire. »

 

Ephiny dressa les sourcils. « Oh… alors tu leurs dis à eux quand tombe ton anniversaire, mais pas à moi ? » Elle lança un regard espiègle à Gabrielle. « Quelle amie tu fais. »

 

« Ephiny. » Gabrielle rit doucement et lui tapota le bras. « Je ne leur ai jamais dit. Xena l’a découvert je ne sais pas comment… et c’était une surprise… Elle m’a même surprise en me faisant un cadeau … Je ne m’attendais à rien de tout ça. »

 

« Mmmhmm. » L’Amazone ne relâcha pas. « A d’autres », dit-elle en réfléchissant. « Mais attends… Je peux placer ça autour de deux semaines, parce que je sais quand vous nous avez quittées. » Elle rit. « Ah… mais tu sais quand est celui de Xena ? »

 

Un sourire espiègle de la part du barde. « Ouais. »

 

Un sourire plaisant de la part de l’Amazone. « Crache. »

 

« Mais Eph… elle va me tuer », protesta Gabrielle, mais son regard souriait.

 

« Ah ah ah… » La jeune femme blonde remua le doigt vers elle. « Elle ne touchera pas un seul cheveu de ta tête et tu le sais. Crache, je te dis. »

 

« Au Solstice. » Le barde rit. « Je pense qu’elle a choisi cette date pour la cérémonie pour qu’on fasse quand même la fête et elle pense que j’ai oublié. »

 

« Mais… tu n’as pas oublié, n’est-ce pas ? » Ephiny s’amusait toute seule, imaginant un tas de cadeaux torturés qu’elle pourrait offrir à la grande guerrière. Les Amazones pouvaient être… inventives… quand elles s’y mettaient… et après tout, elle devait une faveur ou deux à Xena.

 

« Oh… non nononon… » L’assura Gabrielle. « Alors… ces deux semaines ont été géniales… Je n’avais pas réalisé combien j’étais épuisée jusqu’à ce que j’aie l’occasion de passer quelques jours à sommeiller… on était juste trop affairées, tu vois ? »

 

« Oui…. Toutes les deux vous faites du chemin », reconnut Ephiny.

 

« Alors… après qu’on soit passées par Potadeia, et que tout ce truc avec l’éboulement est arrivé, nous avons simplement décidé que nous aimerions goûter à… et bien, la maison », finit le barde. « Ça a été merveilleux, Eph. J’aime ce que ça nous fait à toutes les deux. »

 

« Mmm… » Approuva Ephiny. « Elle semble plus en paix… J’ai remarqué ça même quand vous étiez chez nous ces quelques jours. » L’image de la salle de banquet dans la lumière vacillante de la torche et Gabrielle nichée endormie dans les bras protecteurs de la guerrière se forma dans son esprit. Deux moitiés d’un tout, hein ? Quelles moitiés différentes pourtant… mais… des choses plus étranges sont arrivées, n’est-ce pas Phantès, mon amour ? Elle leva les yeux vers Gabrielle. « Et toi, mon amie, même avec ces bleus, tu as l’air bien mieux. » Elle tira sur la tunique du barde. « Tu commençais à m’inquiéter avant de partir. »

 

Le barde soupira. « Je sais. » Elle jeta un coup d’œil désabusé vers le sol. « Mon esprit… quand je suis triste, je n’ai simplement pas envie de manger… et je fais ces cauchemars », admit-elle tranquillement. « Je ne me suis jamais sentie vraiment en sécurité là-bas… Je sentais que les gens dépendaient de moi à chaque instant… Que je devais tenir ma garde haute. »

 

Ephiny réfléchit à ces mots. « Je présume que j’ai vécu dans ce village si longtemps… que ça ne me touche plus », dit-elle d’un ton songeur. « Malgré les disputes, c’est chez moi. » Elle leva les yeux. « Comme ici, c’est chez toi, je pense. »

 

Le regard de Gabrielle s’adoucit. « Non... chez moi, c’est là où se trouve Xena. » Elle sourit. « Mais j’adore être ici. »

 

L’Amazone hocha lentement la tête. « Je suis contente que tu aies trouvé tout ça, Gabrielle…. Ça me fait du bien de te voir si heureuse. »

 

Le barde lui prit la main. « Merci, Ephiny… Maintenant il faut que tu me fasses me sentir bien en trouvant la même chose, OK ? »

 

Le regard d’Ephiny s’embruma. « Oh… mon amie… j’ai eu ma chance. » Son visage se serra au souvenir douloureux. « Et je pense que tu n’as ce genre de chance qu’une seule fois. »

 

Gabrielle l’étudia pensivement. « Parfois tu as une seconde chance, Eph. Et si tu l’as, prends-la. »

 

L’Amazone entendit les niveaux de signification dans le commentaire et elle les classa tranquillement. « Je le ferai », promit-elle solennellement.

 

Gabrielle hocha la tête. « Ecoute… je vais aller chercher des herbes… ta toux commence à empirer. Je vais revenir vite. » Elle se leva lentement et alla vers la porte.

 

********************

 

Toris entendit le bruit des pas et jeta un coup d’œil pour voir les filles déferler dans l’auberge. Elles le repérèrent et se dirigèrent vers lui, et il envoya un merci silencieux vers qui que ce soit qui était assez merveilleux pour s’être assuré que sa sœur s’était arrêtée sur son chemin vers la cuisine. « Bonjour », dit-il, un peu joyeusement.

 

« Salut ! » Dit Cait, en s’asseyant. « C’est une matinée merveilleuse, n’est-ce pas ? » Elle sourit. « Génial pour voyager. »

 

Les filles s’installèrent en rayonnant vers lui. « Merci beaucoup de nous avoir gardées ici », dit Sarah avec un sourire timide. « Tu as été vraiment gentil. »

 

Toris leur sourit. « Désolée que vous ayez dû vivre des aventures aussi terribles. » Il sirota son thé brûlant.

 

« Oh non. » Elianas se mit à rire. « On aura des super histoires à raconter quand on sera à la maison. » Elle poussa Sharra. « Pas vrai ? »

 

Elles se mirent toutes à glousser. « On est toutes prêtes », confia Sharra. « On n’a plus qu’à attendre que les éclaireuses se réveillent. »

 

« Hmm… » Toris sourit tranquillement. « Ça pourrait prendre un moment. »

 

Cait se pencha en avant. « C’est vrai qu’elles dansaient nues ici hier soir ? »

 

Toris, pris au milieu d’une gorgée, éclaboussa la table avec. « Quoi ??? » J’ai raté ça ? « Non… Bien sûr que non… où tu es allée chercher ça ? »

 

Une autre tournée de rires.

 

Une porte s’ouvrit et il se tourna à demi pour voir Gabrielle émerger de la chambre de l’Amazone malade, tenant un petit plateau dans une main, et bougeant bien plus lentement que la normale. Son visage tressaillit de compassion. Puis la porte de la cuisine s’ouvrit et sa sœur en sortit, repéra le barde et alla vers elle.

 

Il vit que Gabrielle avait entendu les bruits de pas, et il leva les yeux et regarda un sourire éblouissant apparaître sur son visage, presque comme si le soleil l’avait sortie de l’ombre.

 

Les filles soupirèrent en chœur. « Ben mince… c’est merveilleux », commenta Cait, en posant le menton sur sa main.

 

Xena alla vers elle, et lui prit le plateau, puis leva la main pour pencher le menton du barde et étudier son visage. Elles étaient bien trop loin pour qu’il entende, mais la guerrière dit quelque chose et cela fit sourire encore plus le barde.

 

Puis elles se tournèrent et marchèrent vers la table, Xena ralentissant son pas pour sa compagne, entourant ses épaules d’un bras protecteur. « Hé… », les salua la guerrière. « Vous êtes toutes prêtes à voyager ? »

 

Cait hocha la tête. « On est prêtes. » Elle jeta un coup d’œil alentour. « On aimerait dire au revoir à Ephiny pour le moment … on peut ? »

 

Xena jeta un coup d’œil à Gabrielle qui hocha la tête, s’appuyant sur Xena, son bras gauche autour de la taille de la guerrière. « Elle est réveillée… allez-y », dit le barde. « Mais soyez gentilles avec elle, ok les filles ? »

 

Elles passèrent près d’elle avec fracas et disparurent de vue, les laissant tous les trois à s’observer. Gabrielle tourna la tête et leva les yeux. « Où est Solan ? »

 

Xena fit un geste de la main. « Il passe quelques instants avec maman… On a pris le petit déjeuner ensemble. Kaleipus est prêt à partir, mais… »

 

Ils se retournèrent lorsqu’ils entendirent des pas dans l’escalier, et Xena réfréna un sourire alors que les Amazones descendaient douloureusement, en leur jetant des regards noirs.

 

« Salut », dit Gabrielle gentiment. « Bonjour », ajouta-t-elle, en se nichant plus contre Xena en guise de protection alors que le groupe avançait en titubant vers elles.

 

Granella avait l’air de vouloir discuter sur ce mot, mais un coup d’œil au regard bleu assombri par-dessus la tête de la reine l’arrêta. Au lieu de ça, elle chancela jusqu’à l’endroit où Toris était assis, et avant qu’il puisse ne serait-ce que pousser un cri, elle leva la main et lui jeta un gâteau très imbibé et plutôt rance dans le visage.

 

Puis elle se retourna et tituba jusqu’à la table suivante et se laissa tomber dessus.

 

********************

 

Il fallut un certain temps pour mettre les Amazones en état de chevaucher, et Xena laissa ce soin à Cyrène et Gabrielle, pendant qu’elle emmenait Solan pour une longue chevauchée sur Argo puisque Kaleipus avait dit qu’il attendrait et voyagerait avec elles.

 

Finalement, elle tourna la tête de la jument vers la maison et trotta à travers des champs familiers, lui montrant les contours du village, et les divers repères. « Juste au cas où il t’arriverait d’être dans le coin de nouveau », dit-elle en lui lançant un regard.

 

Il lui rendit directement. « Cool. » Il sourit, et s’appuya à nouveau contre elle, s’accrochant à la crinière d’Argo, le visage levé vers le soleil. « Argo est un cheval sympa », dit-il d’un ton approbateur, en donnant une tape à la jument.

 

Xena rit. « Oui, je le pense aussi… Elle va avoir un bébé, tu sais. »

 

Il se retourna et la regarda. « Vraiment ? » Son regard s’éclaira. « Je pourrais venir le voir ? » Il s’interrompit. « Et je peux venir pour le Solstice, hein ? »

 

Sa mère soupira. « Tout le monde va venir ici… bien sûr que tu peux… si Kaleipus est d’accord. » Elle le regarda avec une expression sérieuse. « Solan, rappelle-toi que Kaleipus est ton père, d’accord ? Et tu dois l’écouter. Ce que tu sais maintenant… ça ne change rien à ça. »

 

Il leva les yeux vers elle. « Je sais. » Il se mordit la lèvre. « Mais je ne peux pas m’en empêcher. Tu es bien plus marrante. »

 

Cela lui valut un sourcil dressé. « Marrante ? » Répéta Xena, un ton plus bas.

 

Solan sourit. « Ouais. » Il soupira. « Comme dans l’écurie, quand tu m’as dit comment sauter du fenil. Kaleipus aurait une attaque si je faisais ça. » Il haussa les épaules. « Mais pas toi… Et comme quand on jouait des petits tours à grand-mère et à oncle Toris. » Il leva les yeux. « Tu es drôle. »

 

Xena fronça les sourcils. « La vie n’est pas toujours drôle, Solan. »

 

Il lui lança un regard. « Je sais ça… mais… comme quand les Amazones sont descendues… je pensais à tous les trucs que je pourrais leur faire… et je t’ai regardée et j’ai bien vu que tu pensais la même chose. » Son regard croisa le sien. « Si c’est vrai ! »

 

Xena commença à rire. Il m’a eue. Il m’a vraiment bien eue. Dieux… ce que ce serait dangereux de l’avoir ici. Que dit ce vieux dicton ? J’espère que tu as des enfants qui te ressemblent ? Oh bon sang…

 

« Je le savais ! » Cria-t-il de triomphe.

 

Soudain, elle mit la main sur son épaule, et son corps se raidit. « Chut », avertit-elle, en tirant sur les rênes d’Argo, et en écoutant.

 

Il devint immobile, blotti devant elle, à regarder son visage. « Reste tranquille », murmura-t-elle. « Peut-être que je peux discuter pour nous sortir de là. » Il hocha la tête en silence ; il entendait maintenant le bruit de sabots qui avait alerté sa mère.

 

Xena poussa Argo en pleine vue, et attendit, les mains posées légèrement sur les rênes, et ses sens en alerte. Six cavaliers. Elle se détendit un peu alors qu’ils sortaient de la couverture des arbres et lui faisaient face.

 

« Bon… pas d’ennuis, là… » Dit le chef. « On veut juste le gamin, OK ? Long hiver… tu peux les épargner. » Il avança son étalon alezan plus près d’elle. « Tu le poses simplement et tu files. »

 

Xena se pencha en arrière et l’étudia. « C’est marrant… Tu n’as pas l’air si stupide », dit-elle d’une voix traînante. « Pourquoi est-ce que ce ne serait pas vous qui fileriez, et je ferais comme si je ne vous avais pas vus. Ton acheteur n’est plus dans le paysage de toutes façons. »

 

Solan resta immobile, sentant le mouvement électrique des os et des muscles derrière lui, et sachant qu’il était autant en sécurité que possible dans ces circonstances.

 

« Ah ouais ? Qu’est-ce que tu en sais ? » Demanda le chef en se rapprochant.

 

Xena laissa tomber les rênes, et couvrit doucement les oreilles de Solan de ses mains. « On lui a coupé la tête avec une longue épée il y a deux jours. » Elle sourit. « Je préfère que le gamin n’entende pas ça. » Puis elle laissa tomber ses mains sur les épaules de Solan et attendit.

 

L’homme amena son cheval contre Argo, et l’étudia. « Comment tu sais ça ? Personne nous a rien dit.»

 

Xena sourit. « C’était mon épée. »

 

Il tendit la main pour Solan. « Menteuse. »

 

Xena le poussa de sa botte contre sa poitrine et le fit tomber proprement de son cheval. « Idiot. » L’étalon alezan s’ébroua, et recula, alors qu’Argo le mordillait.

 

L’homme était au sol, toussant et se tenant la poitrine ; il finit par reprendre son souffle et leva les yeux vers eux avec une expression meurtrière.

 

Solan le fixa impassiblement, puis secoua un petit doigt. « Personne n’embête ma maman. »

 

Xena dut se mordre la langue pour s’empêcher de rire. « Il a raison », avertit-elle le reste des hommes. « Alors filez… et restez loin d’Amphipolis. »

 

« Amphipolis ? » Demanda l’un d’eux, en bougeant un peu, mal à l’aise. « Oh… par Hadès… on est allés trop loin. » Leurs regards se figèrent sur Xena et elle les vit pâlir soudainement, alors que son identité probable les rattrapait. Ils firent faire demi-tour à leurs chevaux et s’éparpillèrent, le brigand à terre boitant derrière eux, en traînant son cheval derrière lui.

 

Xena se mit à rire et tourna la tête d’Argo, poussant la jument à nouveau en direction de la maison. Ils avaient fait quelques longueurs lorsqu’elle sentit une petite main toucher sa cuisse et elle baissa les yeux.

 

Solan tâta doucement les muscles de sa jambe et leva la tête vers elle, émerveillé. « Est-ce que je serai aussi fort quand je serai grand ? »

 

Sa mère lui ébouriffa les cheveux. « Je ne sais pas, Solan… ça demande beaucoup d’effort d’être comme ça. » Elle le fixa. « Il faut que tu y travailles vraiment. »

 

« Ah oui ? » Répliqua-t-il, en l’étudiant attentivement. « Tout le temps ? »

 

« Chaque jour », confirma Xena, avec une pensée coupable parce que ça n’avait pas été le cas ces derniers temps.

 

Il réfléchit à ces mots un moment. « Je présume que tous les bons trucs demandent du travail, hein ? »

 

« Pas mal, oui », approuva Xena.

 

« Est-ce que ça en vaut la peine ? » Demanda le garçon, en enroulant ses mains autour des siennes pour en étudier les paumes attentivement.

 

Un montage de souvenirs intenses la frappa, là où cette force particulière avait fait la différence. Entre le bon et le mauvais, entre la vie et la mort. Et le dernier de tous était celui du pouvoir soudain qui l’avait submergée, sans s’arrêter, à travers les rapides et le long d’une falaise à pic. « Oui, ça le vaut », répondit-elle tranquillement.

 

Il leva les yeux. « Alors… quand est-ce qu’on commence ? »

 

********************

 

« Est-ce que vous êtes sûres de tout avoir ? » Demanda Gabrielle pour la dixième fois, alors que les Amazones se rassemblaient autour du petit groupe de chevaux qu’elles avaient empruntés pour le chemin du retour. Elles avaient fait leurs adieux temporaires à Ephiny, qui se reposerait confortablement jusqu’à ce qu’elle puisse voyager en sécurité. Xena avait estimé que ça prendrait encore dix à quatorze jours.

 

« Oui, on est prêtes », l’assura Granella, en se frottant le visage d’un air fatigué, et en repoussant les cheveux de ses yeux. Toris avait convaincu Xena de préparer son mélange d’herbes pour elles et elles étaient, sinon heureuses, du moins en état de fonctionner. « On renverra une escorte quand on arrivera à la maison… Je sais que vous pouvez vous attendre à voir débarquer soit Solari, soit Eponine… Elles doivent faire tourner tout le monde en bourrique. »

 

Gabrielle rit doucement. « Je peux l’imaginer. » Elle leva les yeux en entendant le bruit de sabots qui s’approchaient, sans avoir besoin de voir la silhouette familière d’Argo pour identifier la cavalière. « Ok… »

 

Xena fit arrêter Argo près de Kaleipus, et souleva Solan du dos de la jument, pour le balancer sur celui du centaure. Elle lui ébouriffa les cheveux. « Tiens-toi bien. »

 

Il lui sourit. « Toi aussi. » Ce qui lui valut un sourcil arqué en réaction, qui le fit glousser. Ils s’étaient fait leurs adieux avant que le dernier tournant leur enlève leur intimité, et maintenant, ils se contentaient de se lancer des clins d’œil alors que Xena faisait reculer Argo, et observait le petit groupe.

 

Les cavalières montèrent lentement et bougèrent en remuant la main pour saluer alors qu’elles vidaient la cour, et démarraient leur longue route vers la maison.

 

Xena descendit de cheval, et conduisit Argo vers l’endroit où Toris et Gabrielle se tenaient, et elle glissa un bras autour des épaules du barde. Celle-ci leva les yeux. « Ça va ? »

 

La guerrière hocha la tête. « Oui… » Un regard. « Et toi ? » Elle étudia le visage de sa compagne.

 

Gabrielle soupira. « J’aurais bien besoin d’une sieste », avoua-t-elle, puis elle glissa un doigt léger le long du côté de Xena. « Ça te dit de te joindre à moi ? »

 

« Oui. » Elle sourit en dirigeant le barde vers le chalet, et en laissant un Toris ricanant qui levait les yeux au ciel. « Hé… J’y peux rien si tu es jaloux », cria-t-elle par-dessus son épaule. « Viens, Arès. » Le loup éternua, puis trotta derrière elles.

 

Gabrielle se mit à rire. « Bon sang… Ce que j’aurais aimé le voir danser sur la table. »

 

Xena se rapprocha, et lui mordilla une mèche de cheveux. « Oh ? Si ça te dit que je l’entraîne dans un concours de soûlerie ? »

 

Gabrielle la regarda avec un air amusé. « Tu es sûre de gagner ? »

 

La guerrière eut un rire de gorge profond. « Fais-moi confiance. »

 

Elles entrèrent dans le chalet et refermèrent la porte derrière elles.

 

 

Fin

 

(Traduction terminée en décembre 2003) 

 

 

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